ÉTUDE DE QUELQUES FACTEURS INFLUENÇANT
LES DIFFICULTÉS DE VÊLAGE
EN CROISEMENT INDUSTRIEL
M. BELIC F. MENISSIER Station centrale de
Génétique
animale,Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jotsy-en-Josas
Institut ztatioztal de la Recherche
agrollumique
SOMMAIRE
l’ne brève
analyse
del’origine
et de la nature des diflicultés devêlage,
nous a permis dedégager
les
principaux
facteursresponsables
desvêlages dystociques
dans le cas du croisement depremière génération.
Notre étude personnelle a porté sur les données de contrôle de descendance de taureaux Charo- lais et Lintousitts utilisés en race pure et en croisement de
première
génération, durant lapériode :
r96o-6! (75oo vêlages environ).A
partir
de ces données, nous avons mis en évidence l’inllucncc dupoids de
naissance du veau, de sonsexe,
du format de sa mère, des races maternelle etpaternelle,
sur tes conditions de déroule- ment duvêlage ;
par contre, l’incidence du caractère « eulard » chez lepère,
n’a pas semblé modifierl’importance
des difficultés de vêlage, lors desaccouplements
avec des femelles adultes de type« normal n.
Xous avons estimé l’héritabilité du taux de
vêlages
difticiles, a : k2= 0,05. Le coefficient de corrélationgénétique
(entre taureaux) reliant le taux devêlages
difficiles et lepoids
moyen des veauxà la naissance, est positif et très voisin de l’unité.
I
. -
OBJET
DEI,’ÉTUDE
Depuis quelques
décennies le consommateur demande deplus
enplus
une viandebovine
tendre, maigre
et à cuissonrapide.
L’orientation nouvelle du marché de la viandequi
enrésulte,
a entraîné une modification destypes
deproduction
et desobjectifs
de la sélection des bovins à viande. Les animaux sont abattus deplus
enplus jeunes
et nous sommesconduits,
de cefait,
à rechercher ceuxprésentant
une( 1
) Adresse actuelle : Institut zootechnique, Swtog Save 43, Belgrade (Yougoslavie).
vitesse de croissance élevée
pendant
lapremière
année(production
detaurillons)
voire les
premières
semaines de vie(production
deveaux).
Or l’existence de coeffi- cients d’héritabilitéplus
élevés pour lepoids
à la naissance que pour la croissance durant les deux ou troispremiers
mois d’unepart,
de corrélationsgénétiques égale-
ment élevées entre ces deux critères d’autre
part (P OUJ A RD IE U
etV ISSAC , 19 68), risque
d’entraîner indirectement uneaugmentation
de la croissance du foetus in utevo.En outre, l’amélioration
génétique
de la croissance musculaire desjeunes
bovinss’obtient essentiellement par des
techniques
de croisement à but commercial : croi- sementindustriel,
croisementd’absorption.
Ces croisementscomportent
engénéral l’accouplement
de mâles à forte croissance musculaire(Charolais
parexemple),
avecdes femelles de taille ou de
compacité plus
réduite. Ces femellesappartiennent
soità des races laitières
(nord
de la France et del’Europe)
soit à des races à fins mul-tiples qui
ne sontplus
soumises à la traite(centre
et sud de laFrance),
soit à desraces
spécialisées
pour laproduction
de viande et dontl’adiposité
esttrop
accusée(races
à viandeAnglo-saxonnes
enArgentine).
Lesaccouplements
ainsi réalisés conduisentparfois
à undéséquilibre morphologique qui
semanifeste,
au moment de laparturition,
par des difficultés devêlage.
La nature et
l’importance
de ces difficultés varient énormément. Elles sontsignalées
par de nombreux auteurs relatant les résultats d’essais de croisements avecdes taureaux Charolais entre autres
(I,or!z
SAUJ!lDrT etal., rg6 3 ; Veterinary
cli-nical observation
unit, zg6 3 ;
REYNEKE et PENZHORN,19 6 4 ; T UR T ON , 19 6 4 ;
CROw-LEY
,
19 6 5 ;
BoYazocr,z! et HARWIN,ig66 ;
ËDWARUS etal., 19 66 ;
HANSEN,rg66 ;
LINDHE
,
19 66).
L’incidence des difficultés de
vêlage
sur la rentabilité desspéculations
bovinespeut
ne pas êtrenégligeable.
Dans lesexploitations
depetite taille,
ellesexigent
uneplus grande
surveillance ducheptel pendant
lapériode
des misesbas,
ainsi que lerecours
plus
ou moinsfréquent
àl’opération
« césarienne ». Cettepratique
s’accom-pagne d’un taux de mortalité des veaux ou des mères
plus
élevé et, souvent, d’une inféconditépassagère
oupermanente
des femelles : enBelgique, l’allongement
del’intervalle entre
vêlages,
consécutif àl’opération
césariennedépasse parfois
un mois(H
AXSET
, rg66).
Dans le cas de races à viande dont lesvêlages
sont saisonniers(cha- rolaise),
lesconséquences économiques
de cette infécondité sont encoreplus
gravespuisqu’elle risque
de repousser levêlage
suivant « hors-saison ». Un cequi
concernele taux de mortalité des veaux issus de
vêlages difficiles,
les résultats de H9!·sErr( 19
66)
relatifs à descroisements Y jersey X 6’
Charolais sontparticulièrement spectaculaires :
-
vêlages
faciles - ...86, 7
p. 100(taux
de mortalité = 3,i p.100 )
-
vêlages
« forcés » _ ...6,8
p. 100(taux
de mortalité = 12,0 p.100 )
-
vêlages
avec intervention vétérinaire =6,5
p. 100(taux
de mortalité =3 q.,6 p. 100 )
Dans le cas des
troupeaux
àgrands
effectifs et élevés defaçon extensive,
oit la surveillance ducheptel
est de ce faitplus difficile,
les cas de mortalité de lamère,
du veau ou ducouple peuvent
évidemment êtrebeaucoup plus fréquents.
Sur leplan
del’élevage,
ilimporte
endéfinitive,
comme le font remarquer GRUNSELL et al.( 19 6 3
),
de chiffrer lesconséquences économiques
de ces troubles departurition
dansle cas du croisement et de les comparer à l’excédent de recettes fourni par les veaux
croisés.
Cette étude est consacrée à
l’analyse
des causes de variation des difficultés devêlage
sur lespopulations
de femelles de races variées soumises au croisement depremière génération
avec des taureaux Charolais ou Blonds du Sud-Ouest en vuede la
production
de veaux de boucherie(Centre
et Sud de laFrance).
2. - NATURE ET ORIGINE DES
DIFFICULTÉS
DFVÊLAGE Après
avoir effectué unedescription rapide
des différentesphases
duvêlage,
nous
présenterons
uneanalyse schématique
desfacteurs, d’origine génétique
ou non,susceptibles
d’entraîner des troubles departurition
dans le cas d’uneincompatibilité morphologique
foeto-maternelle.2
. 1.
Description
duvêlage
et nature desdifficultés
departurition
Le
vêlage
groupe « un ensemble de faitsphysiologiques qui
aboutissent à la nais-sance du
produit, puis
àl’expulsion
duplacenta
et desenveloppes
annexielles »(DÉRI V
AUX, 1957 ).
Ilcomprend
une série dephénomènes qui s’organisent
en troisphases
successives(D É R IV AUX,
1957 ;C!,!GG, 1959).
- Une
phase
depréparation :
elle débutequelques jours
avant lepart
propre-ment dit et se caractérise par un commencement de dilatation du
col,
ainsi que par lespremières
contractionsrythmiques
de laparoi
utérine(C!,!GG, 1959 ).
Plusieurssignes
externespermettent
de reconnaîtrel’approche
duvêlage :
mamelle conges-tionnée,
lèvres de la vulvelégèrement gonflées
ettuméfiées,
écoulement desproduits
de
lyse
du bouchon muqueux ducol,
affaissement desligaments sacro-sciatiques.
En somme, la vache
prépare
le passage du foetus enaugmentant
l’ouverture de soncanal
pelvien.
Au cours de cettephase,
se trouvent déterminées laprésentation
et laposition
du fœtus.- Une
phase d’expulsion :
ellecomprend
d’abordl’engagement
dufoetus, puis
son acheminement au travers du canal
pelvien complètement
dilaté. Diverses modi-fications,
dont la mobilité des articulationssacro-iliaques
etl’élargissement
des dia-mètres du
bassin, permettent
à la « filièrepelvienne
» d’atteindre ses dimensions maxima(DÉ R mAUx, 1957 ).
Cettephase exige,
de lapart
de lavache,
des effortsexpulsifs considérables ; quant
au veau, il subit descompressions,
essentiellementthoraciques,
lors de son passage forcé au travers du canalpelvien.
- La
phase
finale de la mise bas consiste dans le détachement etl’expulsion
des
enveloppes
foetales et intéresse la mèreseule ;
ellepeut
être influencée toutefois par les conditions de l’accouchement.Si nous
exceptons,
endéfinitive,
les cas deprésentation
ou deposition
anormaledu
foetus,
les difficultés devêlage
concernent engénéral
le franchissement du canalpelvien
par le foetus. La résistance à ce franchissement est fonction durapport
exis-tant entre le diamètre de ce canal
pelvien
dilaté et celui du foetus au niveau du thoraxou des hanches. FAGOT
( 19 6 4 )
attribue à une anomalie de cerapport
90 p. 100 desopérations
césariennes. Ildistingue
l’excès de volume absolu du veau, de l’insuffi-sance de dilatation du canal
pelvien qui
seraient à incriminer dansrespectivement
6
0 p. 100et 30 p. 100 des cas. VaVD!Pr,asscH! et al.
(ig65),
VANDENBUSSCHE et al.(1964),
FRIEDLI( 19 66)
considèrentégalement
l’excès de volume du foetus comme cause essentielle desvêlages
difficiles.L’appréciation
des difficultés devêlage,
dans le cadre desenquêtes
àgrande
échelle réalisées dans un but de
sélection,
reste engénéral
sommaire. Lesquestion-
naires établis à
l’usage
des techniciens etplus
souvent deséleveurs, distinguent,
suivant les auteurs 2, 4 ou 5
catégories
devêlages.
Cette classification est basée surl’assistance ou la non-assistance de
l’éleveur,
sur laprésence
ou l’absence du vétéri- naire. Ainsi BonT!!x’r( 19 6 4 ),
REYNEKE et P!wzHORx( 19 6 4 ),
Havs!N( 19 66)
consi-dèrent 3
catégories :
i =
vêlages
faciles sansassistance,
2 =
vêlages
avec assistance del’éleveur,
3 =
vêlages
nécessitant l’intervention du vétérinaire.Certains auteurs ont
essayé
de mieux caractériserl’importance
de l’assistance fournie par l’éleveur à lafemelle,
par l’indication du nombre maximum de personnes assurant une traction sur le veau lors de laparturition :
1, 2, 3, ouplus (C ROWL E Y , 19
65).
Parfoisaussi,
la nature des difficultés devêlage
et surtout de l’interventionpratiquée
par levétérinaire,
estprécisée (A URIOL
etal., 10 6 1 ).
Enfinplusieurs
au-teurs considèrent les
conséquences
de ces difficultésquant
à la viabilité desproduits (Dorr
A r, D
, 19 6 3 ;
VAN DWT!:!,zg63 ; C ROWM Y, 19 65 ; VANDEPLASSCHE
etal., zg65 H
AN SE N
, 19 66 ; H ANS ET, 19 66).
Toutes ces modalités varientdonc,
endéfinitive,
suivant les conditions de réalisation desenquêtes.
2
. 2. Facteurs
responsables
desdi fficultés de vêlage
liées à une
incompatibilité morPhologique fœto-maternelle
2
. 2. 1. Facteurs
régissant l’amplitude
du canalpelvien
de lafemelle.
Cette
amplitude dépend,
d’unepart,
des diamètres normaux du canalpelvien
de la
vache,
fonction de sonanatomie,
d’autrepart,
de l’intensité desphénomènes physiologiques
de dilatation dubassin,
lors de laparturition.
Les variations
morphologiques
du bassin et du canalpelvien
sont liées à desinfluences
génétiques
et nutritionnelles intervenant sur leformat,
la conformationou l’état
d’embonpoint
de la femelle(B OYD
et Ha!s,zg6 5 ). I,’âge
de cettedernière,
ainsi que le nombre de sesvêlages antérieurs,
influencentégalement
son anatomieet les dimensions de la filière
pelvienne (B EN D AVID , 19 6 4 ).
Nous savons à cesujet,
que
l’angustie pelvienne
se rencontrefréquemment
chez lesgénisses
à la suite d’unvêlage trop précoce.
Ilconvient,
eneffet,
derappeler
que lessegments
osseuxproxi-
maux des membres et le bassin
figurent parmi
lesparties
dusquelette
dont le déve-loppement
est leplus
tardif(H AMMOND , rg5 5 ).
Si la soudure des troispièces
osseuseslimitant le canal
pelvien (ilium, ischium, pubis)
se réalise vers 7-iomois,
l’ossifica- tion de certainesépiphyses
de l’ilium et de l’ischium(noyaux secondaires)
n’inter-viendrait définitivement que vers 5 ans
(B ARONE , 19 66).
Deplus,
les femellesprimi-
pares
présentent,
au niveau de lasymphyse ischio-pubienne,
une crête(tubercule pubien dorsal) qui,
non seulement réduit l’ouverture du détroitantérieur,
maisgêne l’expulsion
dufoetus, puisqu’elle peut dépasser
5 cm de hauteur(D FGHILAGE ,
igm,cité par
FAGOT, 19 6 4 ).
En cequi
concerne les variations des dimensions du bassinet du tractus
génital
des femelles de mêmeâge,
nous savonsqu’elles peuvent
êtreliées,
enpartie,
à des différencesgénétiques
entre races ouintra-races,
ainsiqu’à
desinfluences nutritionnelles sur la croissance
globale
de lagénisse (SwaNSOx
etHrrrTOw, 19
6 4
). Quant
à la conformationspécifique
du bassin d’animaux de mêmetaille,
FAGOT( 19 6 4 )
et DÉRIVAUXet !zl.( 19 6 4 )
notent, chez certaines vaches à fortdévelop- pement musculaire,
une déformation des coxaux entraînant un rétrécissement du détroit antérieur et conduisant à desvêlages
difficiles. Parailleurs,
il a été montré(V I S SA
C, 19 6 2 )
quel’hypertrophie
musculaired’origine génétique (culard)
s’accom-pagnait
d’une réductionparticulièrement
nette des dimensions du coxal. I,’étatd’embonpoint
de lafemelle,
lié à sonrégime
alimentaire en fin degestation, peut également gêner
le passage du foetus et provoquer desparturitions
difficiles(I,oP:Ez
S AUBID E
T et
al., zg6 3 ; BAIJKA, 1965).
Les variations de dilatation du canal
pelvien,
lors de lapréparation
auvêlage (première phase),
et de contraction de l’utérus sontprobablement
à relier à la sur-charge
de la matrice et, surtout, à undysfonctionnement hypophysaire
de l’individu(D!RmAUx, zg5 7 ).
Nous savons à cesujet qu’il
se manifeste des différences entre lesgénisses
et les vachesadultes,
ainsiqu’entre types génétiques
différents : le manque depréparation
des femelles culardes au moment duvêlage
a étésignalé
notammentpar RODOT
(1967).
2
. 2. 2. Facteurs intervenant sur la taille et la
conformation
dufoetus.
Ces facteurs sont, soit
d’origine génétique,
soit liés à l’influenceutérine,
fonction elle-même dugénotype
de la femelle et du milieu danslequel
elle vit. Ilspeuvent agir
les uns et les autres aussi bien sur la durée de
gestation
étroitement liée aupoids
duveau à la
naissance,
que sur la croissanceproprement
dite du foetus in utero.En ce
qui
concerne l’incidence dugénotype
du veau(paternel
etmaternel),
elle se manifeste d’abord par l’intermédiaire de son sexe ; les mâles étant
plus lourds, plus compacts
etportés plus longtemps
par la femelle. On sait par ailleurs que cegénotype
et notamment la fraction transmise par lepère,
intervient directement surla durée de
gestation
du veau(J A xAx
etal., 1950 ).
Enfin les variations depoids
à lanaissance des veaux entre races
paternelles
ou entre descendances de taureaux sont notablespuisque
le coefficient d’héritabilité de cepoids
est souventsupérieur
à celuide la croissance
post-natale (P OUJARDIEU
etV ISSAC , 19 68).
En dehors de l’effetutérin
proprement dit,
legénotype
de la femelle intervientenfin,
au même titre que celui dumâle,
sur la durée degestation,
lepoids
et la conformation à la naissance duveau.
I,’importance
de l’effet maternel utérin sur ces deux derniers critères a été montré parJouB!xT
et HAMMOND( 195 8)
à la suited’accouplement réciproques
de bovinsappartenant
à des races de tailles très différentes. L’effet maternel sur lepoids
dufoetus
peut
aussi être déterminé par l’action dumilieu,
et notamment du niveaunutritionnel,
que ce soit au cours de la croissance de lagénisse,
que ce soit en fin degestation.
Dans lepremier
cas, unrégime
restreint interviendrait en diminuant le format adulte de lafemelle,
sa durée degestation
et lepoids
de naissance de ses veaux.SrGxox!T et
al., ( 195 6)
ont ainsi trouvé que la durée degestation
des vaches nor-mandes était
plus
faible dans la zone d’extension de cette race où la taille des femelles estplus réduite, qu’en
Normandie. Les effets d’une réductionénergétique
de la rationen fin de
gestation
sur lepoids
de naissance des veaux et lafréquence
des difficultés devêlage,
ont été montrés par LOPEZ SAUBIDET et al.( 19 6 3 )
et CABRINI et CAVAN-D
oLI
(ig6.!). Enfin,
le moded’élevage
et l’exercice des femelles entraînant une dimi- nution de la durée degestation (S’rocKKr,AUSN!ER,
ig55 ;Sc HM r D T, 1953 ), peuvent expliquer
des différences depoids
à la naissance en relation notamment avec la saison.L’analyse
des difficultés devêlage
suivant lesphénomènes anatomiques
etphy- siologiques qui
lesprovoquent,
suivant les facteursgénétiques
ou nonqui
en sontresponsables,
reste en définitive trèscomplexe.
Nous avons schématisé les différentsaspects
de cetteanalyse
sur lafigure
z.3.
-MATÉRIEL
ANIMAL ETMÉTHODE D’ÉTUDE
3
. 1. Matériel animal 3
. 1. 1.
Renseignements
collectés.Cette étude porte sur les données de contrôle de la descendance des taureaux de races à viande
françaises
en race pure ou en croisement depremière génération (période
de 1960 àr 9 6 5 )
en vue dela
production
de veaux de boucherie. Lesopérations
de contrôle de descendance étaient effectuéesen
général chaque
année et pourchaque
centre d’insémination artificielle sur une série de taureauxmis simultanément en
comparaison.
Lesrenseignements
concernant les conditions devêlage
étaientfournis par les éleveurs sur une déclaration de naissance codifiée de la
façon
suivante :i =
vêlage
facile, sans assistance ;z =
vêlage
avec assistance de l’éleveur; J 3 =vêlage
difficile ;4 =
vêlage dystocique,
nécessitant une intervention du vétérinaire.La nature des difficultés rencontrées : présentations anormales, excès de volume du veau, conformations
particulières,
etc... n’était pasprécisée.
Par ailleurs, cesrenseignements
n’étaientrecueillis que pour les veaux vivants. L’étude exclut de ce fait les cas d’avortement, de mortinatalité
ou de mortalité
périnatale.
D’autre part, les indications fournies aux éleveurs par les centres d’insé- mination artificielle, en vue del’application
de la codification ci-dessus, ont pu varier sensiblement d’un centre à l’autre. Ainsi lesrenseignements
recueillis dans le Tarn etl’Aveyron
diffèrent notam-ment de ceux des autres centres.
Outre les difficultés de
vêlage,
l’éleveur fournissaitégalement
lepoids
à la naissance du veau.La croissance de ce dernier était contrôlée à
partir
de peséespériodiques
mensuelles et estimée par lepoids
à 75jours (intrapolation linéaire),
cet âgecorrespondant
àl’abattage
despremiers veaux.
L’âge de la mère n’était pas enregistré
systématiquement
et, en général, n’a pas été considéré dans cette étude. Par contre, le format de cette dernière étaitapprécié
par la mesure du tour depoitrine.
La conformation du veau était estimée
subjectivement
suivant une table depointage
définie par V)SSACet al.
( 19 6 5 ).
Enfin, les racesparentales
et l’identité dupère
ainsi que le sexe du veau étaientconnus. Nous n’avons conservé dans cette étude que les données relatives à des mères présumées
de race pure.
3
. 1. 2. É’chantillons considérés et schémas d’observation.
Étude des
différences
entre races maternelles, taureaux et sexes des <’eaux.Cette étude a porté sur les séries de taureaux soumis simultanément au contrôle de descendance et comportant un effectif suffisant d’animaux. Nous avons regroupé ces séries par centre d’insémi- nation pour tenir compte des variations
qui
interviennent dans les basesd’appréciation
des difficultés devêlage,
d’un centre à l’autre. Les inséminationscorrespondant
aux différentes séries de testage d’un même centre étaient par ailleurs réalisées dans une même zone. Ce sontces séries regrou-
pées que nous avons
réparties
sur le tableau i par centre et par race de mère(échantillon
n°i). A
titreindicatif nous avons fait
figurer
sur ce mênw tableau lepoids
moyen des femelles de ces races telqu’il
ressort des contrôles effectués aux Concours généraux agricoles de Paris( 1952 - 1954 ).
Lesrégions
intéressées et les zones d’extension des races étudiées
figurent
par ailleurs sur la carte(fig. 2 ).
Nous pouvons considérer que le sperme de
chaque
taureau a étéréparti
au hasard suivant larace et le format des femelles
puisqu’il s’agissait
de taurillons de testage dont lesperformances
étaient inconnues des éleveurs et des inséminateurs. 1)ans les
comparaisons
entre descendances de taureaux, nous n’avons en fait considéré que les séries de veaux issus de taureaux Charolais, les autresraces à viande n’étaient pas suffisamment représentées pour donner lieu à une
analyse statistique.
Étude des
différences
entre racespaternelles et
types de taureaux.La comparaison des difficultés de
vêlage
liées à la race dupère
ou à certains génotypes (caractèreculard)
n’était paspossible,
àpartir
de l’information ci-dessus. En effet, dans la mesure oùplusieurs
races ou types de taureaux peuvent être utilisés dans une même région, l’éleveur tend à orienter
l’emploi
du taureau Charolais, surtout s’il présente le caractère culard, vers les femelles adultes et degrande
taille.I,’incidence de ces facteurs a donc été étudiée séparément à l’occasion
d’expériences spéciale-
ment
planifiées
dans ce but. Un cequi
concerne l’influence de la racepaternelle,
nous avons considéréun échantillon
(échantillon
n° 2) de veaux issus de taureaux (8 pourchaque
race) des troisprincipales
races il viande
exploitées
en France : Charolaise, 1,ii>ioi<.;iue et Garonnaise. Ces taureaux ont été utilisésen croisement de
première
génération sur des femelles de races : Normande, Pie-Noire et Garonnaise.Le sperme des taureaux des trois races a viande a été
réparti
au hasard sur les femellesquels
que soient leur âgc et leur format. En fait, iln’a pas
étépossible
d’éviter un choix de la part de l’éleveurqui
s’est souvent refusé à utiliser le taureau Claavolais sur ses génisses. Pour cette raison, nous avons exclu
ces femelles primipares de notre étude. 7)ans ces conditions le nombre de vêlages enregistrés selon
les races
paternelle
et maternelle, est rapporté dans le tableau 2.Le troisième échantillon est constitué de la descendance de taureaux Charolais porteurs du caractère culard et de taureaux normaux
( 3
dechaque type).
Ces taureaux ont été utilisés dans les centres de IIaute-Loire et du Rhône. Le sperme de ces taureaux estégalement supposé
distribué auhasard suivant la race, l’âge et la
morphologie (format
etdéveloppement
musculaire) des femellesqui
appartiennent à des racesrustiques
ou laitières. Larépartition
des observations selon les centres et lesphénotypes
des taureauxfigure
sur le tableau 3.3
. 2. Méthodes
biométriques
Les
proportions
devêlages
difficiles etdystociques (types :
3 -!- ! selon la codificationci-dessus)
ou de
vêlages
nécessitant une assistancequelconque
(types : 2 + 3 -!- 4), ont été comparées respec- tivement auxproportions
devêlages
faciles(types :
1+ 2) ou de vêlages non assistés (types : i),suivant différents critères et à partir du test de X2. Les valeurs
de X Z correspondant
à un critère donné(sexe
parexemple),
pourplusieurs
sous-échantillonsindépendants
relatifs à un autre critère(race
maternelle par
exemple)
ont été regroupés suivant la méthode décrite par SIMPSON et al.(ig6o).
Nous avons par ailleurs caractérisé les différences de difficultés de vêlage entre deux groupes
(mâles
et femelles par
exemple)
appartenant àplusieurs
échantillons(région
ou race), àpartir
de la statis-tique :
considérée comme une variable centrée réduite
( 1 ) : est
la valeurde y 2
pour le ieme échantillonet n le nombre de degrés de liberté relatif au 1.’ total c’est-à-dire le nombre d’échantillons.
Ensuite nous avons effectué une recherche
systématique
des variables continues lesplus
liéesà
l’apparition
des difficultés devêlage,
suivant la méthode de sélectionprogressive
décrite par WAGNER(r 9 6 5 ).
Le critère de sélection retenu était le 4zproposé par REYMENT( 19 6 2 )
pour discri- miner deux groupes d’individus(vêlages
faciles et difîiciles dans notre cas) suivant une fonctionlinéaire de variables continues : Xi, Xj. Dans ce but nous avons associé à chaque
vêlage
difficile(j
e
groupe), unvêlage
facile (ze groupe) tiré au hasardparmi
lesvêlages
relatifs à des veaux de même sexe, nés dans la mêmerégion,
de femelles de la même race, et issus du mêmepère.
Soient X’,X’j,Xz&dquo;Xp&dquo;,
les variables indicéesi et j respectivement
pour les deux individus A! et A&dquo; d’un cou-ple
ainsi constitué.En
posant 8;
= X’i -- Xi&dquo; 8!’ = X’j -Xi&dquo;,
la
statistique
4a est définie par :( W i
j est la matrice inverse de la matrice des variances et covariances intra groupe des différences 8. et
s ; ).
- RÉSULTATS I3IOM!TRIQU!S
A
partir
de l’ensemble des donnéesreprésentées
par les trois échantillonsci-dessus,
nous avons
essayé
de caractériser les influencesrespectives
du sexe du veau, de samère et de son
père
sur les conditions de déroulement de laparturition
dans le cas decroisement industriel.
4. z.
Injl2aence
du sexe du veauNous avons étudié ce facteur à
partir
des données de l’échantillon n° i pourchaque
centre etchaque type
de croisement. Les sous groupescomportant
moins de 30vêlages
pour une race donnée et dans un centredonné,
ont été éliminés.Le
pourcentage
devêlages
difficiles etdystociques (types :
3 et4 )
estgénérale-
ment
plus important
avec les veaux mâlesqu’avec
les veaux femelles(tabl. 4 ).
( 1
) A chaque valeur de
nous
avons attribué un signe arbitraire (+ ou -) selon le sens de la diffé-rence des difficultés de vêlages entre les groupes envisagés.
Cependant,
les différences de difficultés devêlages
entre sexes sont rarementsignifi-
catives
(tabl. 5 ).
Il n’en vaplus
de mêmelorsque
nousenglobons
dans cepourcentage
lesvêlages
nécessitant uneassistance,
c’est-à-dire l’ensemble destypes :
2, 3 et 4(tabl. 4 et 6).
Cette différencepeut
en fait être liée à la faibleprobabilité
desvêlages
difficiles et
dystociques qui,
pour un même écart absolu entre lespourcentages
relatifsaux mâles et aux femelles
correspond
à un intervalle de confianceplus large.
L’accroissement
des difficultés devêlage
avec les veaux mâles est évidemment àrapprocher
de leursupériorité
depoids
à la naissance parrapport
aux femelles(tabl. 4 ).
4
. 2.
Influence
maternelleSur le même échantillon
(n O i)
nous avons testéstatistiquement
les différences de difficultés devêlages
entre les races maternellesexploitées
dans une mêmerégion,
et cela pour des veaux de même sexe et issus d’un
père
de raceidentique.
Nous avons constaté à nouveau que les différences de
fréquence
desvêlages
assistés entre races
(types
2 -f- 3 +4 )
sontstatistiquement plus
nettes que celles relatives auxvêlages
difficiles oudystociques (types 3 + 4 ).
Engénéral
les diffé-rences de difficultés de
vêlage
entre races maternelles ne sontsignificatives
que dans lesrégions
duPuy-de-Dôme
et duTarn-Aveyron,
avec des veaux croisés Cha- rolais(tabl.
7 et8). Après regroupement
de toutes les valeursde 1 . 2 indépendamment
de la
région,
l’effet de la race maternelle sur les difficultés devêlage,
estégalement significatif
dans le cas des croisementsCharolais, quelle
que soit le sexe des veaux.Les valeurs des écarts réduits :
1 izglj,,t
relatifs à l’ensemble de toutes lesrégions (tabl.
7 et8)
fontapparaître
que lesvêlages
nécessitant une assistancequelconque (types :
2 -+- 3 -+-4 )
sontplus fréquents
dans les races Brune desAl!es,
Pie-Noireet
Pie-Rouge
que dans les races Salers et Aubrac. Par contre, il semble difficile d’éta- blir une hiérarchie entre races maternelles aussi bien à l’intérieur de ces deux groupes, queparmi
les autres races(Charolaise, 7!gM<a’Mg, Per y andaise, Normande).
La signification statistique
des effets de la race maternelle ou la « distance» statistique
entre ces races
(écart-réduit)
varie peu selon le sexe des veaux considéré(tabl.
7 et8). Enfin,
les variations depoids
des veaux à lanaissance,
entre races ma-ternelles
(tabl. 4 ), peuvent
êtrerapprochées
des différences de difficultés devêlage
observées entre ces mêmes races.
Dans un second
stade,
pour une race de femelledonnée,
nous avons cherché à déterminer l’effet du format de lamère,
dupoids
et de la conformation du veau surles difficultés de
vêlage d’après
la méthode de sélectionprogressive
des variables décrite ci-dessus. Les écartsintra-couples (vêlages
faciles etdifficiles)
relatifs aupoids
de naissance des veaux, au format des mères(tour
depoitrine),
aupoids
desveaux à 75
jours
et à leurprix
de vente, ont été utilisés. Les deux derniers éléments caractérisentrespectivement
la croissancepost-natale
et la conformation du veauà la vente. Dans de nombreux cas, le tour de
poitrine
des mères n’était pascontrôlé;
cela nous a conduit à travailler successivement :
- sur les 4 variables énoncées
ci-dessus,
pour ycouples
devêlages,
- sur 3 variables
seulement,
pour 133couples
devêlages (le
tour depoitrine
des mères faisant
défaut).
Ensuite,
nous avons réalisé la sélectionprogressive
des variables dont les fonctions discriminantes des écarts étaientstatistiquement
lesplus
différentes de o(!2)
(tabl. 9 ).
Sur ce tableau ilapparaît
clairement que lepoids
du veau à la naissanceest la variable la
plus
liée aux difficultés devêlage, parmi les 4 variables
considérées.A
poids
de naissance constant, le format des mères semble avoirégalement
uneinfluence sur les difficultés de
vêlage.
Par contreaprès
élimination de cesinfluences,
il
n’y
a aucune relation entre ces difficultés et les deux autres critères considérés :poids
du veau à 75jours
etprix
de vente du veau surtoutreprésentatif
de son déve-loppement
musculaire. A titred’illustration,
nousprésentons
sur lafigure
3lespoints figuratifs
des écartsintra-couples correspondant
aupoids
de naissance des veauxet au format des mères. Nous avons tracé la droite
représentative
de la fonction discriminante linéaire entrevêlages
faciles et difficiles relative à ces deux variables :d
l
= différenceintra-couple,
enkg,
entre lespoids
de naissance des veaux ;d2 !
différenceintra-couple,
en cm, entre les tours depoitrine
des mères.I,a
projection
sur cette droite despoints représentatifs
des différences intra-couples
relatives à ces 2variables, permet
de remarquer que la valeur de cette fonc- tion estpositive
dans environ 80 p. 100 des cas. Ce chiffre situe bienl’importance
de leur liaison avec les difficultés de
vêlage
pour des veaux de même sexe et issus des mêmestypes
de croisements.4! 3.
I!J2uence paternelle
A
partir
des échantillons n° 2 et n° 3, il nous a étépermis
d’étudier l’incidence dupère
sur les difficultés devêlage,
selon troiscaractéristiques :
la race, les variationsgénétiques
demorphologie
intra-race(caractère culard)
et l’individualité dugéniteur.
4. 3.
1 . Effet
de la racepaternelle.
Notre
comparaison
des troisprincipales
races à viandefrançaise, porte
sur les difficultés devêlage qu’occasionnent
les taureauxappartenant
à ces races, en croi-sement industriel avec des femelles adultes
Normandes,
Pie-Noires et Garonnaises(échantillon
n°2 ).
Les taux devêlages
difficiles ou nécessitant une assistancequel- conque (types :
2+ 3 + 4 ) figurent
sur le tableau 10, pourchaque type
de croise-ment entre ces races. Nous avons