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Offre de sport et théorie du capital humain. Une application aux pays de l'Europe de l'Est

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Offre de sport et théorie du capital humain. Une application aux pays de l'Europe de l'Est

FLÜCKIGER, Yves, MORISSET, Jacques Pierre

Abstract

Cet article analyse l'incidence de la transition des pays de l'Europe de l'Est d'un système d'économie planifiée vers une économie de marché sur leurs performances sportives. Dans la première partie, un modèle, basé sur la théorie du capital humain, est développé afin d'expliquer les choix des individus en matière de pratiques sportives. Cette approche théorique est ensuite testée pour les pays à économie de marché dans le cadre de trois sports particuliers : le tennis, le football et les disciplines olympiques. Finalement, en utilisant les paramètres obtenus dans ces estimations, des prévisions sont émises concernant les performances sportives que les pays de l'Europe de l'Est obtiendront s'ils adoptent un système d'économie de marché. Cette analyse permet également de prévoir les performances sportives que l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest réaliseront après leur réunification.

FLÜCKIGER, Yves, MORISSET, Jacques Pierre. Offre de sport et théorie du capital humain.

Une application aux pays de l'Europe de l'Est. Revue des Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives , 1993, no. 30, p. 31-42

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:103132

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1 / 1

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Revue des Sciences et T echniques des Activités Physiques et Sportives

30 février 1993

(3)

STAPS 1 30 I FÉVRIER 93

Offre de sport et théorie du capital humain

une application aux pays de l'Europe de l'Est

1

Y.

FLUCKIGER

*

et

J.

MoRISSET

*

RÉSUMÉ

Cet article analyse l'incidence de la transition des pays de l'Europe de l'Est d'un système d'économie planifiée vers une économie de marché sur leurs performances sportives. Dans la première partie, un modèle, basé sur la théorie du capital humain, est développé afin d'expliquer les choix des individus en matière de pratiques spor- tives. Cette approche théorique est ensuite testée pour les pays

à

économie de marché dans le cadre de trois sports particuliers : le tennis, le football et les disciplines olym- piques. Finalement, en utilisant les paramètres obtenus dans ces estimations, des pré- visions sont émises concernant les performances sportives que les pays de l'Europe de l'Est obtiendront s'ils adoptent un système d'économie de marché. Cette analyse per- met également de prévoir les performances sportives que l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest réaliseront après leur réunification.

Mots clés : théorie du capital humain, performance sportive, Jeux olympiques, pays de l'Est, économie de marché.

*Département d'économie politique, Université de Genève, 102 boulevard Carl-Vogt, CH-1211Genève4 (Suisse) 1. Nous tenons à remercier très chaleureusement les professeurs W. Andreff, G. Brosio, H. Loubergé, J. de Melo, W. Pommerehne et J. Silber pour leurs commentaires et les suggestions qu'ils nous ont faites sur une première version de cet article.

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Y. FLUCKIGER, J. MORISSET

The aùn of this paper is to analyse the effects of Eastern Europe 's transition to a free- market system on the pe1formances of Eastern European sportsmen. First, a mode!

based on human capital the01y is developed in 01<ler to explain sporting achieve- ments in a free-market economy. This theoretical approach is then tested for tennis, soccer and Olympie Games sports using a representative sample of industrialized countries. The parameters obtained are used in the last part of the paper to forecast pe1formances by sportsmen from Eastern European countries in case these countries turn to a free-market system. With this approach, we are also able to predict sporting achievements by East and West Germany after reunification.

INTRODUCTION

Lors des dernier Jeux Olympiques, les per- formances réalisées par les athlètes de l'Eu- rope de l'Est ont suscité l'étonnement des observateurs sportifs. En revanche, dans les sports où les athlètes parviennent à retirer une rémunération substantielle (tennis, golf ou football), ces pays ont obtenu en général des résultats nettement moins probants que / les pays à économie de marché. L'illustra- tion la plus significative de ce paradoxe est sans aucun doute représentée par l'ex-RDA qui a réalisé de remarquables performances aux Jeux Olympiques (392 médailles au cours des 6 dernières olympiades d'été et d'hiver), mais qui n'est pas parvenue à clas- ser un seul de ses joueurs ou joueuses de tennis parmi les 150 meilleurs mondiaux ou rarement à se qualifier pour les phases finales des différentes Coupes d'Europe et de la Coupe du monde de football.

Ce paradoxe résulte à notre avis des dif- férences existant entre le système d'alloca- tion des ressources qui régit les économies planifiées et les économies de marché.

Dans une économie planifiée, le sport ou, plus précisément, la performance sportive est perçue avant tout, comme un bien public dégageant des externalités positives sous la forme de prestige national pour l'ensemble de la collectivité. Dès lors, l'Etat cherche à diriger ses athlètes vers des disci- plines sportives où la concurrence est moindre afin d'obtenir les résultats les plus brillants. Au contraire, dans une économie

de marché, l'allocation des ressources dépend essentiellement des choix indivi- duels. Dans ces conditions, les sports les plus pratiqués sont ceux qui offrent les rémunérations les plus élevées par rapport à leurs coûts de formation.

A partir de ce contrat, on peut s'attendre à ce que la transition d'une économie plani- fiée à une économie de marché modifie l'al- location des ressurces dans le domaine du sport. L'objectif de cet article est donc d'analyser les répercussions des événements qui ont ébranlé les pays de l'Est au cours de ces derniers mois sur leurs performances sportives. Dans cette perspective, il nous faudra spécifier au préalable les méca- nismes qui régissent l'allocation des res- sources dans les économies de marché.

Nous développerons un modèle théorique de l'offre de sport qui nous permettra de mettre en évidence l'influence prépondéran- te exercée par le revenu des autres activités (sportives et non-sp01tives) sur la décision de pratiquer un sport donné. Plus précisé- ment, nous démontrerons que l'effet d'une hausse du revenu de ces activités alterna- tives sur l'offre de sport est ambigu et qu'il est influencé par le taux de rendement inter- ne du sport envisagé.

La deuxième section sera consacrée à la présentation d'un modèle théorique de l'offre de sport, inspiré de l'analyse des investissements en capital humain

(cf

Min- cer [1974]). Dans la troisième section, nous vérifierons empiriquement si ce modèle permet d'expliquer les performances spor- tives réalisées par les pays à économie de marché dans trois disciplines particulières

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OFFRE DE SPORT ET THÉORIE DU CAPITAL HUMAIN

(tennis, football et sports olympiques).

Finalement, dans la quatrième section, nous appliquerons les résultats de nos estimations aux pays de l'Europe de l'Est afin de simuler les performances sportives qu'ils devraient réaliser en adoptant le système d'allocation des ressources en vigueur dans les écono- mies de marché.

L'OFFRE DE SPORTS

DANS LES ÉCONOMIES DE MARCHÉ : UNE APPLICATION DE LA THÉORIE DU CAPITAL HUMAIN

Dans une économie de marché, les indivi- dus décident d'exercer une activité profes- sionnelle ou de pratiquer une discipline sportive (par extension) si la valeur actuali- sée des bénéfices privés qu'ils retirent de ce choix. individuel est supérieure (ou égale à la limite) à la valeur présente des coûts liés à cette décision. Si l'on admet que les indi- vidus adoptent un comportement rationnel, ils choisiront de pratiquer le métier ou le sport (en tant que professionnel) qui leur permet de maximiser les bénéfices nets obtenus sur l'ensemble de leur vie. En l'oc- cun-ence, les coûts se composent de deux éléments distincts; d'une part, les dépenses monétaires liées à la formation ou à l'entraî- nement en vue d'exercer le sport choisi et, d'autre part, le coût d'opportunité qui pro- vient du fait que le choix effectué contraint l'individu à renoncer à un revenu alternatif.

Les bénéfices espérés d'un tel investisse- ment se maté1ialisent par les revenus qu'un individu escompte recevoir en exerçant la profession ou le sport qu'il aura choisi. A ces gains purement monétaires, on peut a.ssocier également l'utilité qu'une personne (un sportif en particulier) peut retirer de ses résultats lesquels lui procurent un certain prestige.

Si les mécanismes allocatifs sont laissés aux seuls lois du marché, les sports qui seront pratiqués le plus intensément seront ceux qui dégagent les taux de rendement internes les plus élevés ou, en d'autres termes, ceux qui offrent les rémunérations

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les plus élevées, toutes choses restant égales par ailleurs. En revanche, si le reve- nu alternatif d'une pratique sportive (qu'on poun-ait mesurer par le revenu moyen des personnes actives sur le marché du travail) augmente, on peut s'attendre à ce que cette hausse réduise le nombre de personnes dis- posées à exercer ce sport de compétition puisque le coût d'opportunité de ce choix s'accroît.

En partant de cette analyse très simple, nous pouvons donc écrire la fonction d'offre de sport (définie comme le nombre de personnes qui décident de pratiquer pro- fessionnellement une discipline sportive donnée) de la manière suivante 2 :

avec (1)

0:1 > 0 et ai < 0 où:

X; nombre de personnes pratiquant le sport i ;

Y; : revenu qu'un individu qui pratique le sport i peut espérer obtenir ;

1j : revenu alternatif qu'un individu pour- rait espérer obtenir en pratiquant d'autres activités}= 1, 2 ... , n.

Il est clair qu'une telle formulation de l'offre de sport repose sur un certain nombre de postulats : on suppose notam- ment que le seul bénéfice lié au choix d'une activité sportive provient du revenu espéré dans cette discipline et que l'unique coût . supporté résulte de la renonciation à un revenu alternatif. D'autre part, la dimension intertemporelle de l'analyse disparaît puisque le choix est opéré sur la base des revenus actuels. Or, ces gains potentiels sont susceptibles de vaiier dans le temps ce qui explique qu'une décision rentable à un moment donné peut s'avérer infondée selon l'évolution future des revenus 3.

2. Cette expression de la fonction d'offre a été testée empiriquement par R. Freeman [1975] pour expliquer l'évolution du nombre d'étudiants qui décident de com- mencer une formation juridique à l'Université. Cet auteur a démontré que ce choix est influencé positive- ment par le revenu que les étudiants en droit peuvent espérer obtenir à la fin de leurs études et négativement par le revenu moyen que ceux-ci pourraient escompter recevoir en choisissant d'autres filières.

3. Voir note page suivante.

(6)

Y. FLUCKIGER, J. MORISSET

De surcroît, il est évident que d'autres fac- teurs, comme la présence d'un champion célèbre ou l'intervention de l'Etat, sont sus- ceptibles d'influencer la fonction d'offre. En effet, dans une économie de marché, l'Etat peut intervenir pour cmriger l'allocation des ressources issue des seuls mécanismes mar - chands. Cette intervention publique, sous forme de subventions aux fédérations ou d'aides directes aux sportifs de pointe, a·

pour objectif d'internaliser les bénéfices externes liés à ce1taines pratiques sportives en augmentant le revenu perçu par les ath- lètes qui pratiqueraient ces disciplines.

Néanmoins, la p1ise en compte de ces fac- teurs nous obligerait à les identifier et, en admettant que cela soit possible, s'oppose- rait au caractère volontairement global de notre démarche.

Au-delà de ces hypothèses, il faut souli- gner qu'il n'existe pas, dans la fonction d'offre déc1ite ci-dessus, de relation entre le revenu du sport et le revenu des autres occupations. Cette lacune est importante car elle est susceptible de remettre en cause le lien négatif entre le revenu des activités alternatives et l'offre d'un sport donné tel qu'il est suggéré dans l'équation (1) (a'2

< 0). A l'aide de la thémie du capital humain, notre propos est de démontrer que l'existence d'une relation positive entre le revenu des différentes activités peut expli- quer pourquoi une hausse du revenu d'une autre occupation (lj) est susceptible d'ac- croître le nombre de pratiquants d'une disci- pline sportive donnée (X;).

Par analogie, nous nous proposons d'adapter les arguments développées par Mincer [1974] et Behrman [1983] dans leurs études sur la formation scolaire en supposant que les individus ont le choix entre deux activités, l'une sportive etJ'autre non-sportive. Nous admettons, en outre, que la pratique d'un sport implique une for-

3. Si le revenu actuellement espéré pour une personne qui pratique un sport donné est très élevé, de nom- breux individus vont choisir de s'entraîner dans cette discipline ce qui provoquera ultérieurement l'appari- tion d'une pléthore d'athlètes. Par conséquent, le reve- nu obtenu par ces nouveaux pratiquants à la fin de leur période de formation risque d'être plus faible que celui escompté au moment où leur décision a été prise.

mation initiale pendant laquelle les indivi- dus ne touchent aucun revenu (durant

S

années), qu'ils gagnent ensuite un revenu Y;

pendant leur vie sportive (durant Tannées) et, finalement, qu'ils touchent un revenu Y0 de leur retraite sportive à la fin de leur vie active (N-T-S années). Par contre, l'exercice d'une profession non-sportive leur rapporte- ra un revenu Y0 pendant leurs N années actives sur le marché du travail. Par souci c de simplification, nous supposons que les revenus touchés restent constants tout au long des différentes périodes considérées et que les individus sont neutres face aux risques.

Sur la base de ces données, chaque indi- vidu établit une comparaison entre les gains nets qu'il peut espérer obtenir durant sa vie active afin de déterminer quelle activité il va exercer. L'équilibre est atteint lorsque les revenus actualisés des activités sportive et non-sportive sont égalisés, en l'occmrence lorsque:

Y; fsS+T e-rt dt+ Yo

f;

+T e-rt dt

=

1 (2)

V; représente le revenu actualisé de l'ac- tivité sportive et V0 le revenu actualisé de l'activité non-spmtive. Le paramètre r sym- bolise le taux de rendement d'un investisse- ment dans une activité sportive qui est égal, à l'équilibre au taux de rendement interne.

Nous pouvons réécrire l'équation (2) de manière à exprimer le revenu de l'activité sportive (Y;) par rapport aux autres variables:

Y;

= [1 _ e-r (S+T) ]Yo / [e-rS (1 e-rT)] (3)

L'équation (3) met en évidence que le revenu du sport dépend des variables Y0 , r, T et S. Il est intéressant d'examiner les

(7)

OFFRE DE SPORT ET THÉORIE DU CAPITAL HUMAIN

signes des dérivées partielles de l'équa- tion (3) :

Yo (1 - e-rT) re-rS

>0 OS [e-rS - e-r(S+T)]2

Yo (e-rS _ 1) re-r(S + T)

<0

oT

[e-rS _ e-r(S+T))2 8Yj 1-e-r(S+T)

>0

oY

0

=

e-rs (1 - e-rT)

avec 0 <S < T

(4a)

(4b)

(4c)

Le signe de l'expression (4a) indique qu'une augmentation de la durée de la for- mation sportive (S) exerce un impact positif sur le revenu de cette activité. Toute chose restant égale par ailleurs, cela signifie qu'une hausse du coût de formation doit être compensée par une augmentation des gains du sport considéré pour que les individus restent incités à pratiquer cette discipline.

De la même manière, la dérivée partielle (4b) montre qu'un accroissement de la durée de l'activité sportive se traduit, à l'équilibre, par une diminution du revenu du sport car le sportif se contentera d'une rémunération moins élevée s'il peut prolonger sa canière durant quelques années.

Finalement, la dérivée partielle ( 4c) met en évidence l'existence d'une conélation positive entre le revenu de l'occupation non- sportive et le revenu de l'activité sportive qui s'explique de la manière suivante. Une hausse du revenu Y0 affecte négativement le nombre d'individus désirant exercer l'activi- té sportive en raison de l'augmentation du coût d'opportunité (cf équation 1). Si nous supposons que le niveau de la demande de sport reste inchangé 4, la hausse du coût d'opportunité doit être compensée par un accroissement des gains des sportifs profes- sionnels pour que ce sport continue à être pratiqué. Ce mécanisme semble cones- pondre en partie à ce que nous pouvons observer dans la réalité. Par exemple, le

revenu Y; peut être également influencé par la émanant des sponsors et du public mais, dans de cette étude, nous portons notre attention

urn:qm~ment sur l'offre.

coût d'opportunité de la pratique du football est plus élevé en Suisse qu'au Portugal ce qui explique pourquoi les salaires moyens des footballeurs helvétiques sont considéra- blement plus élevés que ceux de leurs homologues portugais. De plus, il est important de souligner que la relation posi- tive entre Y0 et Yi s'accroît au fur et à mesu- re que la rentabilité de l'investissement sportif augmente puisque la dérivée partiel- le de l'expression ( 4c) par rapport à r est positive.

Dès lors, si l'on subtitue l'équation (3) dans l'équation (1), on obtient une nouvelle expression de la fonction d'offre pour une activité sportive donnée 5 :

avec

Po= ao

et P1 = {-a1 [l - e-r(S+T)] /

[e-rS (1 - e-rT)] + <X:1} > OU < 0 Dans l'équation (5), l'offre de sport ne dépend pas du revenu de l'activité non-spor- tive, mais l'impact d'une modification de cette vaiiable sur l'offre de sport ne peut plus être déterminé a priori puisque le para- mètre

P

1 est composé d'un élément positif et d'un élément négatif. En l'occUlTence, le deuxième terme capture l'effet négatif qu'une hausse du coût d'opportunité exerce sur l'offre de sport alors que le premier indique qu'une augmentation du coût d'opportunité entraîne également un ac- croissement du revenu de l'activité sportive ce qui aura un effet positif sur l'offre. Notre analyse théorique démontre cependant que l'effet positif aura plus de chances de prédo- miner lorsque le taux de rendement interne de l'activité sportive est élevé. Ainsi, la pra- tique du tennis, qui est un sport cai·actérisé par un taux de rendement interne élevé (étant donné les gains espérés des joueurs), devrait être conélée de manière positive avec le revenu des activités alternatives.

Nos résultats empmques confirmeront effectivement que ce sport est plus intensé-

5. Nous admettons que le revenu Yo est un indicateur du revenu moyen qu'on peut obtenir en choisissant des activités alternatives j.

(8)

Y. FLUCKIGER, J. MORISSET

ment pratiqué dans les pays avec un revenu par habitant élevé lequel sera considéré comme un indicateur du revenu moyen qu'un individu peut espérer obtenir sur le marché du travail.

UNE ESTIMATION

DE L'OFFRE DE SPORTS DANS LES PAYS À ÉCONOMIE DE MARCHÉ : RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION

Notre propos est d'examiner si l'approche développée à la section précédente permet de spécifier c01Tectement l'offre de sport dans les pays à économie de marché. Plus précisément, l'estimation de l'équation (5) nous aidera à déterminer si l'offre d'un sport donné est influencée positivement ou néga- tivement par une augmentation du revenu des autres activités.

Le nombre de pratiquants professionnels d'une activité sportive donnée n'est que rarement observable ce qui rend l'estima- tion de l'équation (5) difficile 6. Cependant, ce problème d'information est susceptible d'être résolu en supposant que le nombre de sportifs professionnels est fortement corrélé avec la perfomiance. Cette simplification ne nous semble pas abusive dans la mesure où il y a statistiquement plus de chances, en particulier sur une longue péliade, qu'un pays soit plus pe1formant dans un sport où le nombre de pratiquants est élevé.

L'équation (5) a été testée pour trois domaines sportifs différents, à savoir le ten- nis, le football et les sports olympiques. Ce choix se justifie par le fait que ce sont les seuls sports, à notre connaissance, où un indice de pe1formance homogène est dispo- nible. Dans le cas du tennis (TEN), nous avons utilisé les classements ATP (hommes) et Virginia-Slims (femmes) en calculant la moyenne des points accumulés

6. Il n'est guère aisé de définir le nombre de sportifs professionnels car dans de nombreux sports le degré de professionnalisme varie d'un individu à l'autre et le nombre de licenciés ne c01Tespond pas à celui des sportifs professionnels.

par les joueurs et joueuses de chaque pays à la fin des mois de novembre 1985, 1987 et 1989. Afin de limiter notre échantillon, nous avons retenu les 75 premiers de ces classements et uniquement les ressortissants des pays industrialisés à économie de mar- ché (19 pays). Pour les Jeux Olympiques (JO), nous avons calculé le total des médailles (or, argent et bronze 7) gagnées par chaque pays développé et à économie de marché (21 pays) entre les Jeux (d'hiver et d'été) de 1968 (Grenoble/Mexico) et ceux de 1988 (Calgary/Séoul). Nous avons élimi- né de notre échantillon les Jeux Olym- piques de Moscou et de Los Angeles qui ont été boycottés par un certain nombre de pays. Finalement, dans le cas du football, deux critères de performance ont été distin- gués. D'une part, nous avons repris les coef- ficients calculés par l'Union Européenne de Football (UEFA) pour la période de 1985 à 1989 8 et, d'autre part, nous avons calculé le total des points obtenus par les pays ayant participé à une Coupe du Monde de football (CM) entre 1954 et 1986. Si le premier cri- tère (UEFA) se limite aux pays européens à économie de marché (16 pays), le deuxième (CM) présente l'avantage d'inclure un nombre plus élevé de pays (35 pays). Il convient également de remarquer que nous avons utilisé des périodes d'observation relativement longues pour le football et les Jeux Olympiques de manière à éliminer l'influence de phénomènes ponctuels sur les pe1formances sportives des pays étudiés.

Par contre, la création récente des classe- ments ATP et Virginia-Slims nous a empê- ché d'employer un procédé analogue pour le tennis.

Nous avons défini le revenu des activités non-sportives (Y0 ) à l'aide du revenu par habitant (REV /HAB) qui est un indicateur du revenu moyen qu'un individu peut espé- rer obtenir sur le marché du travail dans chacun des pays étudiés. En outre, nous

7. La même pondération a été attribuée à ces trois types de médailles.

8. Nous avons éliminé de cet échantillon l'Angleterre, l'Albanie, Chypre, Malte et le Luxembourg. L'élimina- tion de l'Angleterre se justifie par la suspension des clubs anglais des compétitions européennes pendant notre période d'observation, alors que celle des autres pays s'explique par le fait que leur total de points UEFA est quasiment nul.

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(9)

OFFRE DE SPORT ET THÉORIE DU CAPITAL HUMAIN

avons introduit une deuxième variable explicative dans notre fonction d'offre (5), à savoir la population totale de ces pays (POP). Cette nouvelle variable permet de prendre en compte un effet de taille car il est raisonnable de penser que les pays avec une population élevée obtiennent de meilleures performances sportives que les pays à faible population. Les données concernant le revenu par habitant et la population ont été fournies par la Banque Mondiale, alors que nous avons eu recours à différentes revues sportives pour calculer nos indicateurs de performances.

[1975] 9. Néanmoins, il est important de rappeler que la spécification de nos fonc- tions d'offre de sport aurait pu être amélio- rée si nous avions cherché à inclure des caractéristiques autres que le revenu et la taille de la population dans nos estimations.

Par exemple, dans le cas du tennis, les per- formances de la Suède apparaissent large- ment sous-évaluées car nous n'avons pas pris en considération l'impact que la pré- sence d'un champion célèbre tel que Bjom Borg a sans aucun doute exercé. De sur- croît, nous aurions pu intégrer dans nos esti- mations des variables susceptibles de tenir

TABLEAU I. - Estimation de l'offre de sport dans les pays à économie de marché (t-statistiques entre parenthèses)

(A) Tennis (TEN)

ln(TEN) = -6.710 + 0.961ln(REV/HAB)+0.776 ln(POP) - 3.141 DUMa> R2 = 0.601

(-2.70) (3.49) (3.69) (-2.83)

(B) JEUX OLYMPIQUES (JO)

JO= 0.00211 REV/HAB + l.379POP R2= 0.805

(2.38) (7.79)

(C) FOOTBALL (UEFA et CM)

ln (UEFA) = 0.1511ln(REV/HAB)+0.534ln(POP) R2 = 0.517

(3.97) (4.14)

CM =-50.965 + 4.950ln(REV/HAB) + 10.774ln(POP) R2 = 0.412

(-2.45) (2.34) (4.63)

a) DUM représente une variable muette (cf. texte).

Les moindres canés ordinaires (MCO) ont été utilisés pour estimer nos équations d'offre de tennis, de football et de l'en- semble des disciplines olympiques. Plu- sieurs formes fonctionnelles ont été testées, mais, par souci de simplification, le tableau I ne présente que les meilleures esti- mations obtenues.

Dans l'ensemble, les résultats que nous avons obtenus sont satisfaisants. Les pou- voirs explicatifs de nos régressions (R2) laissent supposer une bonne spécification de nos fonctions d'offre, surtout si on les compare avec ceux obtenus par Freeman

37

compte des conditions climatiques ou géo- graphiques plus ou moins favorables à la pratique de certains sports (pays alpins pour le ski par exemple). Dans le même ordre d'idée, nous aurions pu introduire dans nos

9. Il faut également souligner le fait que nos résultats semblent relativement robustes puisque la valeur des coefficients attachés aux différentes variables intégrées dans notre analyse sont très peu sensibles (cf. égale- ment Giirtner [1988]) au fait que l'on ajoute ou que l'on soustraie une olympiade de notre échantillon ou que l'on considère les 100 ou les 150 meilleurs joueurs mondiaux de tennis plutôt que les 75 premiers comme nous l'avons fait.

(10)

Y. FLUCKIGER, J. MORISSET

estimations des variables censées capter les différences de goût des populations consi- dérées (pour les italiens par exemple qui ont toujours manifesté une préférence très marquée pour le football). Cependant, il faut souligner que nous avons intégré une variable muette (DUM) dans notre fonction d'offre de tennis afin de tenir compte du fait que le Japon est le seul pays de notre échantillon dont la population n'est pas d'origine européenne, ce qui pourrait expli- quer un relatif désintérêt des japonais pour ce sport. Le signe négatif du paramètre associé à cette variable muette confirme d'ailleurs l'idée que le tennis est moins pra- tiqué au Japon que dans les autres pays.

De ce point de vue, il n'est pas surpre- nant de constater que le R2 de notre régres- sion sur les Jeux Olympiques soit le plus élevé. En effet, ceux-ci incluent un nombre très important de disciplines sportives (soit 27 pour les Jeux d'été et 10 pour les Jeux d'hiver) ce qui a pour conséquence de neu- traliser les caractéristiques propres à chacu- ne d'entre elles (préférences et/ou condi- tions climatiques favorables à certains pays pour la pratique d'un sport) et d'éliminer les effets liés à la présence d'un champion qui truste toutes les médailles dans une discipli- ne particulière.

L'aspect le plus intéressant de nos esti- mations concerne le revenu par habitant (REV/HAB) dont l'impact apparaît positif et significatif dans toutes nos régressions.

Nous pouvons donc en conclure que plus le revenu par habitant d'un pays est élevé, plus ce pays est susceptible d'nbtenir de bonnes performances en tennis, en football et aux

\

Jeux Olympiques. En termes d'élasticité 10,

on observe que les perfmmances réalisées en tennis (0.961) sont plus sensibles à une variation du revenu par habitant que celles obtenues aux Jeux Olympiques (0.367) et /en football (respectivement 0.151 pour iUEFA et 0.333 pour CM). Dans une pers- / pective dynamique, une hausse du revenu

!

par habitant devrait donc entraîner une réal-

\

; location des ressources humaines en direc- . tion du tennis plutôt que vers le football ou

10. Nous avons utilisé les moyennes de nos échan- tillons pour calculer les valeurs de ces élasticités.

les sports olympiques 11. Si nous nous réfé- /\ rons à notre approche théorique, ces résul-

\ tats indiquent que le tennis est un sport plus '\rentable que le football et que l'ensemble : des sports pratiqués aux Jeux Olympiques

\!confirmant ainsi les différences de gains 1obtenus aujourd'hui par les sportifs profes- c

i'sionnels qui pratiquent ces sports.

Finalement, l'effet de.taille lié,à la popu- lation semble exercèr-ûiîe mflÙenée positive et significative sur les performances spor- tives. Ce résultat correspond à celui que nous pouvions prévoir intuitivement. En effet, il est raisonnable de penser qu'un pays avec une population élevée a, toute chose restant égale par ailleurs, plus de chances de réussir de bonnes performances sportives qu'un pays faiblement peuplé puisque son réservoir d'athlètes est plus important.

L'IMPACT D'UN PASSAGE DES PAYS DE L'EUROPE DE L'EST À DES ÉCONOMIES DE MARCHÉ SUR LEURS PERFORMANCES

SPORTIVES :

UN

TEST DE PRÉVISION

De nombreux observateurs cherchent actuellement à évaluer les conséquences que l'adoption d'un système d'économie de marché pourrait avoir sur les pays de l'Euro- pe de l'Est. Cet intérêt s'est également porté sur les incidences qu'une telle transfo1ma- tion économique pourrait exercer sur les performances sportives de ces pays. Dans la mesure où les estimations de la section pré- cédente mettent en évidence que les résul-

1

11. Ce résultat peut également s'expliquer par le fait qu'une hausse du revenu par habitant devrait provo- quer une augmentation de la demande pour les spec- tacles offerts par les tennismen professionnels. En revanche, un accroissement du revenu par habitant risque de se traduire par une diminution de la demande 1

pour le football (cf Flückiger et Manzini [1990] qui semblent suggérer que le football est un bien inférieur

j

aux yeux des consommateurs suisses); dès lors une hausse du revenu par habitant devrait entraîner une . augmentation du revenu des tennismen par rapport à celui des footballeurs ce qui expliquerait cette réallo- cation des ressources humaines au profit du tennis.

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OFFRE DE SPORT ET THÉORIE DU CAPITAL HUMAIN

tats sportifs des pays à économie de marché sont corrélés significativement avec le reve- nu par habitant et la taille de la population, il est possible de simuler les performances que les pays d'Europe de l'Est devraient obtenir s'ils adoptaient le même système d'allocation des ressources. Nous avons donc appliqué cette approche à ces pays afin de prévoir leurs résultats dans les domaine du tennis, du football et des sports olympiques. Les résultats de nos simula- tions (obtenus en utilisant le niveau de reve- nu par habitant et la population de ces pays en 1987) 12 sont présentés dans les tableaux II, III, IV et V. Il est important de préciser que ces simulations ne prennent pas en considération les modifications qu'un passage des pays de l'Est vers des écono- mies de marché devraient entrafuer sur leur niveau de revenu 13. De même, il faut souli- gner que, pour des raisons évidentes, nous avons établi nos prévisions sur la base des entités politiques qui existaient avant les bouleversements qui ont marqué certains pays de l'Europe de l'Est (et notamment l'URSS) au cours de ces douze derniers mois.

En comparant les tableaux II et III, nous constatons que les~ays d'Europe . de l'Est devrni~gLde~~nir

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·-fâbleàuxon]Jeut d'ailleurs mettre en éviden- ce l'existence d'une corrélation négative (-0.47) entre les performances simulées dans ces deux sports. Cette conclusion n'est pas surprenante dans la mesure où l'alloca- tion des.,,.ressources sportives serait guidée par un critère de rentabilité (basé sur le revenu) plutôt que par l'objectif de maximi- sation du prestige national (cf Gartner [1989]). Or, le tennis est apparu, dans nos précédentes estimations, comme un sport plus rentable que les disciplines pratiquées aux Jeux Olympiques. Ce résultat traduit quantitativement la tendance qui semble aujoui:_çl'hui se dessiner dans les pays de

12. Nous avons utilisé les données de la Banque Mon- diale et des Nations Unies.

13. On peut s'attendre à ce que la transition vers une éconorrùe de marché contribue à accroître, à plus ou moins long terme, le revenu par habitant des pays de l'Europe de l'Est ce qui ne ferait qu'accentuer encore les tendances révélées par notre analyse.

39

TABLEAU II. - Tennis :

Comparaison des performances sportives réelles et simulées des pays d'Europe de l'Est (nombre de points ATP et Virginia-Slims)

1 Pays Performances sportives réelles simulées

Pologne 8.92 29.12

Hongrie 21.33 12.63

Yougoslavie 72.59 25.73

Roumanie 6.62 32.19

URSS 83.08 257.91

RDA 0 58.59

Bulgarie 114.38 16.22

Tchécoslovaquie 753.58 44.28

TABLEAU III. - Jeux Olympiques : Comparaison des performances sportives réelles et simulées des pays d'Europe de l'Est

(total de médailles récoltées pendant les dix derniers Jeux Olympiques) Pays Performances sportives

réelles simulées

Pologne 81 56.06

Hongrie 114 19.35

Yougoslavie 34 37.50

Roumanie 83 38.30

URSS 730 394.12

RDA 392 39.13

Bulgarie 90 19.38

Tchécoslovaquie 52 34.21

l'Est. Il est évident cependant que cette réal- location des ressources prendra un certain temps et qu'il faut s'attendre à un certain délai d'adaptation avant que les prévisions que nous émettons ne soient réalisées.

Cette modification des performances sportives en faveur du tennis apparaît plus évidente dans des pays tels que la RDA et l'URSS qui ont particulièrement favorisé les sports olympiques au cours de ces dernières décennies. Ainsi, -~~· -~ t!tre de comparaison, le ~-~ ·-~----~~-~~---,

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Y. FLUCKIGER, J. MORISSET

trouveraient fortement dévalorisées puisque le nombre _de médailles de l'URSS .serait

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En examinant le tableau II, on constate que les performances actuelles en tennis de la Tchécoslovaquie et de la Bulgarie apparais- sent très élevées en raison de la présence de plusieurs de leurs sportifs au sommet de la hiérarchie mondiale (Lendl, Navratilova, les sœurs Maleeva) 14. En effet, notre indi- cateur de performance pour le tennis accor- de beaucoup d'importance aux joueurs les mieux classés puisque, par exemple, le total de points accumulés par Lendl est supérieur à celui de la France et de l'Espagne réunies.

Il est également guère surprenant de consta- ter que la Yougoslavie soit le seul pays de notre échantillon dont les pe1formances olympiques réelles et simulées apparaissent presque équivalentes dans la mesure où le système d'allocation des ressurces en vigueur dans ce pays est celui qui se rap- proche le plus de celui des économies de marché.

Les résultats des tableaux IV et V peu- vent aussi être brièvement commentés.

Ainsi, nous pouvons constater que cinq des huit pays d'Europe de l'Est devraient obte- nir des meilleurs résultats en Coupe du Monde de football. En particulier, l'URSS accumulerait un total de points supérieur à celui de l'Italie ou de l'Angleterre. De même, la Roumanie, la RDA et la Tchéco- slovaquie parviendraient à un total de points équivalent à celui de la Suède ou de la Hollande. En ce qui concerne les résul- tats du classement UEFA (tableau IV), il convient de noter que la performance simu- lée de l'URSS est surestimée à cause de la population de ce pays qui est largement supérieure à celle des autres pays de notre

14. D'une manière générale, le critère retenu pour déterminer la nationalité d'un joueur a été le pays dans lequel le joueur a été formé. En effet, notre analyse théorique est basée sur le choix de l'activité sportive ou professionnelle effectuée par un individu à l'aube de sa carrière. Ainsi, Navratilova a été considérée comme une joueuse tchèque, malgré le fait qu'elle pos- sède aujourd'hui la nationalité américaine.

échantillon 15. A l'exception de la Pologne, nous pouvons constater que les pe1for- mances simulées correspondent approxima- tivement à celles qui existent aujourd'hui.

TABLEAU IV. - Football (UEFA) : Comparaison des perf01mances sportives réelles

et simulées de spays d'Europe de l'Est (coefficients UEFA)

Pays Performances sportives réelles simulées

Pologne 10.25 23.25

Hongrie Il.OO 11.83

Yougoslavie 17.20 18.61

Roumanie 21.55 19.11

URSS 21.26 78.03

RDA 16.00 18.28

Bulgarie 9.42 11.44

Tchécoslovaquie , 12.75 16.98

TABLEAU V. -Football (coupe du Monde):

Comparaison des performances sportives réelles et simulées des pays d'Europe de l'Est

(nombre de points accumulés pendant les 9 dernières coupe du monde) Pays Performances sportives

réelles simulées

Pologne 29 22.76

Hongrie 25 9.86

Yougoslavie 20 18.84

Roumanie 2 19.77

URSS 32 47.37

RDA 6 20.37

Bulgarie 6 9.87

Tchécoslovaquie 10 18.54

Finalement, les résultats de nos simula- tions apportent des éléments de réponse quant aux conséquences à long teime de la réunification de l'Allemagne sur ses peifor- mances sportives. La majorité des analyses faites à ce jour suggère qu'un tel processus

15. Notre échantillon pour le football (UEFA) étant uniquement composé de pays européens, la valeur du paramètre associé à la population ne devrait pas êtr.e appliquée à l'URSS dont la population est largement supérieure à celle des autres nations. Dans les autres régressions, ce problème ne se pose pas car des pays comme les Etats-Unis et le Japon sont inclus dans nos échantillons.

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OFFRE DE SPORT ET THÉORIE DU CAPITAL HUMAIN

devrait engendrer la naissance d'une nation sportive comparable aux Etats-Unis. En fait, cette conclusion hâtive est obtenue par l'ad- dition des performances actuelles de la RFA et de la RDA et, selon ce critère, l'Alle- magne réunifiée obtiendrait un total de médailles olympiques (573) largement supérieur à celui des USA (442). Cepen- dant, ce simple calcul ne prend pas en compte les effets, sur les performances sportives, de l'adoption par la RDA d'un système d'économie de marché. Dans ces conditions, les résultats de nos simulations montrent que le total de médailles récoltées par l'Allemagne réunifiée ne devrait s'éle- ver, à plus ou moins long terme, qu'à 220.

CONCLUSION

Dans cet article, nous avons cherché à éla- borer un cadre d'analyse cohérent afin d'étu- dier l'offre de sport dans les économies de marché. Au niveau théorique, nous avons appliqué l'approche du capital humain pour déterminer les vaiiables susceptibles d'in- fluencer l'allocation des ressources humai- nes entre les activités sportives et non-spor- tives. En particulier, nous avons mis en évidence une relation ambiguë entre l'offre d'un sport donné et le revenu des autres activités. Cette ambiguïté provient de l'exis- tence de deux effets contradictoires : un impact négatif lié au coût d'opportunité et un impact positif lié à la relation existant entre le revenu de ce sport et le revenu des activités alternatives. En outre, nous avons démontré que plus le sport considéré est caractérisé par un taux de rendement interne élevé, plus cet effet positif aura tendance à prédominer.

. Au niveau empirique, nous avons obtenu des estimations qui confirment nos argu- ments théoriques dans le domaine du tennis, du football et des sports olympiques. Toutes nos régressions ont mis en exergue que les performances sportives sont influencées positivement et de manière significative par le revenu par habitant et par la taille de la population. De surcroît, nos résultats renfor- cent l'idée que le tennis est un sport plus

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rentable que les disciplines olympiques ou le football.

Finalement, nous avons cherché à simu- ler les résultats que les pays de l'Europe de l'Est obtiendraient s'ils adoptaient un systè- me d'économie de marché. Cet exercice de simulation semble prouver qu'une telle tran- sition modifierait significativement les per- formances sportives des économies plani- fiées. Ainsi, des pays comme l'URSS et la RDA devraient enregistrer une amélioration de leurs performances en tennis au détri- ment de leurs résultats dans les sports olym- piques. En revanche, dans le domaine du football, les modifications devraient être mai·ginales. Notre approche peut être égale- ment appliquée pour tenter de prévoir les conséquences de la réunification de l'Alle- magne sur ses résultats sportifs. En l'occur- rence, nous avons mis en exergue que la plupart des prévisions qui ont été faites 1 en cette matière sont biaisées car elles ne pren- nent pas en considération les effets de l'adoption d'un système de marché sur les performances sportives de la RDA.

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