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L’alcool ne serait plus rock and roll ?

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966 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 2 mai 2012

actualité, info

L’Organisation mondiale de la santé estime que, dans le monde, 50%

des patients ne prennent pas les traitements chroniques de façon adéquate. La prise inadéquate de contraceptifs oraux aboutit à un mil­

lion de grossesses non désirées.

L’utilisation de SMS dans l’interac­

tion médecin­patients a déjà fait l’objet de plusieurs études (modifi­

cations du comportement, résul­

tats de laboratoire, rappel pour la prise de médicaments…). Pour la première fois, une étude de gran de

taille (968 patients, quartier de Brooklyn) évalue l’impact de mes­

sage de rappel par SMS sur la prise de contraceptifs oraux à six mois chez des femmes de moins de 25 ans. Les SMS quotidiens contenaient des informations sur les risques, les bénéfices, les effets secondaires, l’utilisation et les méca nismes d’action. Autant d’in­

formations «négatives» que «posi­

tives» ont été données. A six mois, environ 90% des femmes étaient satisfaites des SMS, 49% auraient

voulu poursuivre et la proportion de patientes ayant fait savoir qu’elles ne voulaient plus recevoir ces messages est relativement faible (17%). Le nom bre de com­

primés manqués par mois était significativement moins important dans le groupe SMS. Il a fallu que dix femmes reçoivent ce service pour qu’une en bénéficie. Après les six mois d’intervention, l’effet disparaissait progressivement en huit mois. L’évaluation de l’obser­

vance thérapeutique s’est faite par des questionnaires.

Commentaire : D’autres métho des d’évaluation de l’observance théra­

peutique donneraient probablement des résultats différents et l’impact clinique (risque réel de grossesse) reste à préciser. Les autres métho­

Effet contraceptif des SMS, ou comment remplacer le nœud au mouchoir

des ayant montré une amélioration de l’observance sont toutes beau­

coup plus chères. Il serait donc intéressant d’évaluer l’effet pour d’autres types de traitements, notamment les traitements de ma­

ladies chroniques. A quand des outils de communication par SMS pour les médecins en Suisse ?

Dr Vincent Amstutz Policlinique médicale universitaire

Lausanne

Castaño PM, Bynum JY, Andrés R, Lara M, Westhoff C. Effect of daily text messa­

ges on oral contraceptive continuation : A randomized controlled trial. Obstet Gynecol 2012;119:14­20. Available at : w w w.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/

22143257. Accès le 10 février 2012.

L’alcool ne serait plus rock and roll ?

Alexandre Lacroix est un écrivain jeune et français, à la fois curieux et prolifique, par ailleurs directeur de la rédaction de Philoso­

phie Magazine. En septembre 2001, il avait commis un petit essai (fort mal titré) consa- cré à un bien beau sujet : les rapports pou- vant exister entre l’acte d’écrire et l’impré- gnation alcoolique. Peu de temps après la sortie de cet ouvrage, il avait été invité par un médecin suisse dirigeant le service d’al- coologie d’un hôpital de Lausanne. Il s’agis- sait alors de participer à un séminaire que ce médecin organisait et auquel devaient assister des collègues et personnels soignants ayant à prendre en charge des alcooliques en cure.

M. Lacroix rapporte cette anecdote dans la préface à la nouvelle édition «revue et aug- mentée»1 de son ouvrage de 2011.

«De toutes les spécialités la cure de désin- toxication pour alcooliques est sans doute l’une des plus moroses et humbles qui soient – les résultats sont très faibles, la rechute étant la règle davantage que l’exception, écrit-il. De plus, les alcooliques tendent à éprouver du mépris ou de la haine, tantôt obliques et tantôt bien directs, envers les re- présentants de l’ordre qui veulent les sevrer ; il est difficile d’établir un rapport franc et libé ré du poids du mensonge.» Sans doute M. Lacroix évoque-t-il ici ce que les méde- cins nomment pathologie du déni. Où l’on voit incidemment que le directeur de la ré- daction d’un magazine cherchant à vulgari- ser la philosophie peut ne pas échapper aux

clichés qui collent à la peau des «alcooliques»

comme à la peau de ceux qui (mais pour- quoi donc ?) ont, dans le meilleur des cas, choisi moins de les aider que de tenter de les soigner.

Etait-ce pour lutter préventivement contre cette humble morosité ? S’agissait-il plutôt

de la traditionnelle hospitalité helvétique ? Toujours est-il que l’on invita M. Lacroix à dîner dans un bon restaurant sur les hau- teurs de la ville suisse. «C’était une soirée de printemps mordorée et rosâtre, écrit-il en- core. Nous avons commandé une bonne bou- teille de vin – un Médoc, je crois – et puis,

naturellement, la conversation a roulé sur notre sujet favori, la boisson. Attention, pas l’œnologie distinguée, mais l’ivrognerie la plus crasse, un genre bien plus répandu et pas moins complexe.» Sur les hauteurs de Lausanne, ce soir-là, on parla des éléphants qui, ignorant sans doute qu’ils peuvent de- venir roses, ne crachent, dit-on, ni sur les jarres d’alcool de sorgho ni sur les bananes plus que mûres, victimes de ce miracle qui assure naturellement la transformation du sucre en sang.

Y eut-il alors, sous les cieux de Lausanne, une autre bouteille de bon vin du Médoc ?

«Mon hôte m’a enseigné également que les enfants d’alcooliques – dont je suis, comme pas mal – présentent certaines particularités sur le plan du métabolisme et de l’équilibre psychique, poursuit le directeur de la rédac- tion de Psychologie Magazine. D’abord, ils sont plus endurants à la bouteille et peuvent pi- coler davantage que la progéniture des bu- veurs d’eau avant de s’effondrer. Ensuite, ils ont un seuil de plaisir plus élevé. En d’autres termes, il leur faut des satisfactions plus grandes qu’aux autres, une fois parvenus à l’âge adulte, pour se sentir heureux de leur existence.»

On s’arrêterait volontiers à ce stade du re- pas-confidence. Qu’est-ce qu’un enfant d’al­

coolique(s) ? Faut-il que le père et la mère aient été malades de l’alcool ? L’un ou l’autre suffit-il ? Le rôle pathogène de la mère est-il supérieur à celui du géniteur ? L’imprégna- tion toxique doit-elle avoir commencé avant la fécondation ou est-ce le spectacle auquel elle donne lieu qui enclenche le processus ici dé- crit ? Bref, faut-il et comment trancher entre ce qui est de nature biologique et ce qui ne l’est pas ? On pourrait aussi se pencher sur en marge

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 2 mai 2012 967

1 Lacroix A. Se noyer dans l’alcool ? Paris : Editions J’ai Lu, 2012.

2 A son propos, on peut se précipiter sur un chef­d’œuvre : Cassuto R. La Folie Baudelaire. Paris : Gallimard, 2011.

Nous avions dit il y a peu dans ces colonnes que nous revien drons sur cet ouvrage. Ne nous reste plus qu’à tenir parole.

Hôpitaux neuchâtelois : décret approuvé

Par la grâce d’un compromis adopté par 95 députés contre 2, mardi soir, le Grand Conseil neuchâtelois a ex­

tirpé le programme hospitalier can­

tonal de la pétaudière dans laquelle il était englué depuis plusieurs mois.

Livide et nerveuse, la ministre de la Santé, Gisèle Ory, accusée de ne pas avoir su gérer le dossier, a es­

quissé un petit sourire au moment du vote. Son projet tablant sur la ré­

partition des missions et l’équilibre entre les hôpitaux de Pourtalès à Neuchâtel et de La Chaux­de­Fonds a été adopté, assorti de conditions.

Le plan est flanqué d’un décret qui repousse les vraies décisions. (…) Premier ajout au plan : il cite les ar­

ticles de la LAMal qui exigent que soient prises en compte toutes les infrastructures hospitalières existan­

tes. C’est un désaveu pour Gisèle Ory qui voulait exclure la clinique privée de la Providence. Ensuite, le parle­

ment a compris qu’il devait faire montre de compréhension pour les Chaux­de­Fonniers. Il débloque sans délai les investissements pour réno­

ver un hôpital en décrépitude, les blocs opératoires et l’accueil, quelle que soit l’affectation à long terme de l’établissement.

Ce qui fâche dans le plan Ory, c’est la concentration de la chirurgie sta­

tionnaire à La Chaux­de­Fonds. Le Grand Conseil estime ne pas être en mesure de valider cette option, faute de chiffres. Il réclame une étude ex­

terne avec comparatif des coûts et de l’efficience. Elle devra être dispo­

nible dans les six mois. (…)

Les députés trancheront en 2013, après les élections cantonales d’avril, sur le modèle hospitalier à long terme qu’ils souhaitent. Ils en esquissent les contours dans un des points du décret. Ils sont a priori favorables à un site unique – mais sans le locali­

ser – puisqu’ils réclament que les trois hôpitaux actuels, à La Chaux­

de­Fonds, à Neuchâtel et à Val­de­

Travers, offrent un centre de diag­

nostic et de traitement ouvert 24 heu res sur 24, devenant des «portes d’entrée» de l’hôpital cantonal.

Parce que ce compromis permet de sortir de l’impasse, sans pourtant fixer clairement la voie, les partisans du référendum – des libéraux­radi­

caux du bas du canton – renoncent à consulter le peuple. (…)

Longtemps opposée aux études ré­

clamées, Gisèle Ory fait contre mau­

vaise fortune bon cœur et applaudit à la solution négociée par le Grand Conseil. Elle voulait obtenir un aval politique, elle y est ainsi parvenue, même si son plan est amendé. Elle pourra peut­être se tirer d’affaire po­

litiquement, car la décision de con­

centrer ou non la chirurgie station­

naire à La Chaux­de­Fonds sera prise par le Grand Conseil, et plus par elle et le Conseil d’Etat.

Le débat hospitalier neuchâtelois est loin d’être clos. Les vraies décisions devront être prises dans les douze à quinze mois. D’abord concernant la localisation de la chirurgie, puis à propos du site unique. (…)

Serge Jubin Le Temps du 25 avril 2012

Médicaments par correspondance : mécontentement des pharmaciens

Recevoir son médicament chez soi, deux jours après la visite chez le mé­

decin. Un service en passe de sé­

duire médecins et patients genevois ? Les pharmaciens le redoutent. (…) Rupture de la chaîne du froid, man­

que de conseils sur la posologie, ab­

sence de contrôle des interactions médicamenteuses, couverture d’as­

surance insuffisante en cas de perte du colis… Selon pharmaGenève, les risques liés à la livraison d’un médi­

cament par la poste ne manquent pas.

Selon le médecin cantonal Jacques­

André Romand, il vaut en effet mieux

bénéficier du conseil d’un pharma­

cien lorsqu’on commence un traite­

ment. Par ailleurs, le conditionne­

ment de certains médicaments doit être respecté sous peine de leur faire perdre leur efficacité. Pourtant, pour un médicament bien connu que l’on prend depuis des années, «il peut être intéressant pour le patient de le recevoir à domicile».

A Genève, seule une petite frange de médecins rédigerait ses ordonnan­

ces sous forme électronique auprès d’une société de vente par corres­

pondance. Ceux­ci toucheraient pour cela une rétribution (40 francs pour tout nouveau patient, 1 franc par ligne d’ordonnance, plus un forfait de 12 francs par an et par patient). (…)

«Cette rétribution n’est pas incitative, estime Pierre­Alain Schneider, pré­

sident de l’Association des méde­

cins de Genève. Nous sommes très attachés à la tradition genevoise de la pharmacie de proximité. Beaucoup de patients ont un contact étroit avec leur pharmacien qui leur prodigue des conseils personnalisés.» Toutefois, le médecin observe que la vente par correspondance correspond à une évolution de société, à laquelle «il n’y a pas de raison formelle de s’oppo­

ser». (…)

Sophie Davaris Tribune de Genève des 21­22 avril 2012

les mots utilisés. Pourquoi endurant à la bou­

teille et pourquoi picoler ? D’où nous vient ivrognerie la plus crasse et pourquoi imaginer que ceux qui ne s’effondrent pas sont, à coup sûr, des buveurs d’eau ? L’alcool réactive-t-il

immanquablement les figures religieuses plus que philosophiques du bien (ressenti) et du mal (provoqué) ?

Mais M. Lacroix veut aller plus loin. S’il est à Lausanne, c’est que son hôte souhaite l’interroger sur ce qui fait toute l’originalité de son essai : les relations biologiques et/ou fantasmatiques entre la créativité artistique et le calvaire pavé de bonnes intentions que sont les imprégnations alcooliques chroni- ques. La création (et tout particulièrement la création littéraire) est-elle ou non le fruit di- rect de la consommation d’alcool par voie digestive ? L’ivresse a-t-elle pris la place de la muse ? L’alcool doit-il être matin et soir dans l’alcôve ?

On n’épuisera pas ici ce vaste sujet, très joliment nourri par l’auteur (Duras, Stein-

beck, Bukowski, Kerouac, Ellroy et Antoine Blondin), ce phare qui s’éteint au moment où l’homme décide qu’il n’a plus sa place dans les phares. Se noyer dans l’alcool ? n’est rien d’autre qu’une flasque d’encre sur pa-

pier ; à conseiller à ceux qui sont tentés par l’écriture ou tentés par la lecture ; à con- seiller aussi à ceux qui bas- culent ou basculeront vers les ivresses récurrentes comme à ceux qui ont fait le tour et du fauteuil et du propriétaire.

La nouvelle édition de cet essai aborde un aspect d’actualité tout particulièrement in- téressant. L’auteur y soutient que c’en est fini de la légende dorée de l’alcool guidant la plume du poète-prince-des-nuées. Cet El- dorado a certes existé, quelque part entre le milieu du XIXe siècle (Charles Baudelaire 2) et la fin des années 1960 ; «cent dix ans à peu près, durant lesquels l’alcool a effectivement été le moteur d’un intense renouvellement des formes et des thèmes». Mais la porte de l’âge d’or de l’éthylisme inspiré s’est bruta- lement refermée et il ne faut pas voir plus loin que le fond de son verre pour savoir que le gin et le fizz, le muscadet-crème de cassis et le Picon-bière ne stimulent plus guère

les neuromédiateurs de la création contem- poraine. «C’est un peu comme si vous vou- liez gagner votre vie en publiant des vers en alexandrins. Vous êtes à côté de la plaque.»

Ce point de vue est-il ou non partagé par tous ceux, généralistes ou spécialistes mo­

roses, qui prennent humblement en charge ces êtres décidément bien retors que sont les alcooliques ? Et cette hypothèse peut-elle avoir aujourd’hui une vertu préventive ? Pro- voquera-t-elle au contraire la fuite du créa- teur vers d’autres absinthes, temporisant cer- tes son spleen mais le guidant vers d’autres mortels éthers ? Alexandre Lacroix ne nous le dit pas.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

… c’en est fini de la légende dorée de l’alcool guidant la plume du poète-prince-des-nuées …

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