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Dérèglement climatique et gestion des risques en Polynésie française : conception d un Observatoire de la résilience

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Academic year: 2022

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280 | Juillet-Décembre

Risques et ressources dans les Suds

Dérèglement climatique et gestion des risques en Polynésie française : conception d’un Observatoire de la résilience

Charlotte Heinzlef et Damien Serre

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/com/10666 DOI : 10.4000/com.10666

ISSN : 1961-8603 Éditeur

Presses universitaires de Bordeaux Édition imprimée

Date de publication : 1 juillet 2019 Pagination : 531-563

ISBN : 979-10-300-0578-3 ISSN : 0373-5834 Référence électronique

Charlotte Heinzlef et Damien Serre, « Dérèglement climatique et gestion des risques en Polynésie française : conception d’un Observatoire de la résilience », Les Cahiers d’Outre-Mer [En ligne], 280 | Juillet-Décembre, mis en ligne le 01 janvier 2022, consulté le 06 janvier 2022. URL : http://

journals.openedition.org/com/10666 ; DOI : https://doi.org/10.4000/com.10666

© Tous droits réservés

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Dérèglement climatique et gestion des risques en Polynésie française :

conception d’un Observatoire de la résilience

Charlotte Heinzlef1 et Damien Serre2

Résumé

Dans un contexte de dérèglement climatique, les catastrophes sont plus dommageables et plus fréquentes. Cette augmentation dans la récurrence et l’intensité des catastrophes a accentué la vulnérabilité de certains espaces, notamment des espaces insulaires comme ceux du Pacifique. Face à cette tendance, et au vu du manque d’outils de gestion et d’atténuation des risques et de la vulnérabilité, le concept de résilience permet d’enrichir le panel de stratégies pour atténuer les impacts négatifs de la récurrence et de l’intensité des catastrophes. Bien que novateur dans son approche, le concept de résilience est cependant très peu opérationnalisé. L’objectif de cette approche est d’approfondir et adapter des outils d’aide à la décision construits pour opérationnaliser la résilience. L’idée est de poursuivre ces approches afin de construire un Observatoire de résilience. L’objectif de cet observatoire est de développer des méthodologies d’évaluation et de suivi de la résilience afin de faciliter et favoriser la mise en action de la résilience face au dérèglement climatique pour les îles de Polynésie Française.

Mots-clés : risques, résilience, ressources, changement climatique, observatoire.

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Abstract

In a context of climate change, disasters are the most damaging and are occurring more frequently. This increase in the occurrence and intensity of disasters has aggravated the vulnerability of some areas, particularly island areas such as those in the Pacific.

In response to this trend, and in view of the lack of tools for risk and vulnerability management and mitigation, the concept of resilience makes it possible to enrich the range of strategies necessary to mitigate the negative impacts of recurrence and intensity of disasters. Although innovative in its approach, the concept of resilience is not yet operative. The objective of this approach is to deepen and adapt decision support tools designed to ready resilience. The idea is to continue these approaches in order to build a Resilience-based Observatory. The objective of this observatory is to develop methodologies for assessing and monitoring resilience in order to facilitate and promote the implementation of resilience in the face of climate change for the French Polynesian islands.

Keywords : risks, tesilience, resources, climate change, observatory

Introduction

Dans un contexte de dérèglement climatique, les territoires insulaires sont de plus en plus vulnérables à l’augmentation en récurrence et en intensité des risques (David, 2011). Sur le territoire français, la Polynésie Française représente à elle seule 40 % de la ZEE et est donc source de richesse et de ressources non négligeables. Or, l’occupation spatiale, l’économie et les ressources sont fortement vulnérables à l’augmentation des catastrophes sur ces territoires et aux incertitudes qui y sont liées. Cette vulnérabilité croissante pose la question de l’équité spatiale et temporelle (Bertrand et Richard, 2011) des territoires insulaires et interroge sur les mesures d’atténuation et de gestion des risques. La démultiplication des risques et leur récurrence remet en question la pérennité des ressources premières et économiques de ces territoires, notamment avec l’acidification des océans, l’augmentation du niveau de la mer et les risques de submersion associés, l’érosion mais aussi l’augmentation d’événements plus ponctuels tels que les inondations ou les tempêtes. Cette succession de risques affectent non seulement les éléments environnementaux mais aussi le quotidien des populations, leurs lieux et leur qualité de vie à plus ou moins long terme (Berthe et Ferrari, 2015).

Face à ce contexte, les stratégies de gestion des risques doivent évoluer pour faire face aux risques et incertitudes croissants. À la suite d’une gestion des risques anciennement tournée autour d’une gestion aléa-centrée, de nouveaux concepts sont apparus dans les années  2000 tels que celui de la

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résilience. Ce concept développe les capacités des territoires et populations à se préparer, vivre et survivre à une perturbation en limitant les impacts négatifs et redéveloppant une activité par la suite (Heinzlef et al., 2019). Si ce concept permet d’analyser les territoires de manière systémique et d’appréhender les enjeux de diffusion des risques, la résilience est encore très peu opérationnalisée et appropriée par les acteurs et gestionnaires locaux en vue de son intégration dans les stratégies de gestion des risques. Les approches préexistantes se concentrent sur les enjeux technico-fonctionnels de la résilience sans intégrer les composantes sociales des territoires.

Face au double constat de l’augmentation des risques et de la vulnérabilité des territoires insulaires et du manque d’appropriation et d’opérationnalisation du concept de résilience, cette approche cherche à développer une méthodologie visant à favoriser l’intégration de la résilience dans les stratégies de gestion des risques sur les îles du Pacifique. Les enjeux et incertitudes liés au dérèglement climatique conduisent les stratégies de gestion des risques à évoluer, afin de préparer les territoires et les populations du pacifique à s’adapter aux risques croissants (Leal Filho, 2017). La résilience est aujourd’hui un concept essentiel pour faire face et se préparer à l’augmentation croissante des risques.

Pourtant, ce concept est aussi confronté à des limites opérationnelles, ce qui restreint son intégration dans les stratégies de gestion des acteurs locaux. La méthodologie proposée a pour objectif de répondre aux verrous théoriques et pratiques du concept, en travaillant conjointement avec les aménageurs et acteurs locaux pour intégrer la résilience dans les stratégies de gestion des risques.

Nous analyserons dans une première partie les enjeux des ressources en Polynésie Française et leur vulnérabilité croissante, puis dans une seconde partie le concept de résilience et sa difficile opérationnalisation. Nous développerons par la suite une méthodologie afin d’appréhender la résilience dans sa globalité. Nous conclurons sur l’intérêt de travailler sur la conception d’un Observatoire de résilience territoriale en Polynésie Française.

I- Les îles du Pacifique, quelles menaces sur les ressources dans un contexte de risques ?

1- Les ressources de la Polynésie Française

La Polynésie Française compte 118 îles d’une superficie émergée globale d’environ 3 600 km2 et est divisée en cinq archipels (Figure 1) : l’archipel de la Société (les îles du vent : Tahiti, Moorea, Tetiaora, Maiao et Mahetia, et les

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îles sous-le-vent : Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora Bora et Maupiti), l’archipel des Tuamotu (80 atolls coralliens dont Rangiroa et Fakarava), l’archipel des Gambier (5 îles hautes), l’archipel des Marquises (14 îles dont 6 habitées) et l’archipel des Australes (5 îles hautes principales).

Figure 1 – Les archipels de la Polynésie Française https://www.polynesie-francaise.com/carte-de-polynesie.htm

La position de ces îles en zone intertropicale les expose au passage fréquent des dépressions atmosphériques et des cyclones, conduisant à des vents violents, des pluies diluviennes, des crues torrentielles, des inondations, des mouvements de terrain, des marées de tempêtes, etc. (Ministère en charge de l’Aménagement, 2006). Or, dans le contexte de dérèglement climatique, d’augmentation des catastrophes et d’élévation du niveau des océans, la Polynésie est de plus en plus vulnérable  (Duvat, 2015). Les ressources polynésiennes sont fragilisées et remises en question.

La Polynésie Française dispose de nombreuses ressources sur son territoire. Nous nous concentrerons sur les ressources liées à la perliculture (deuxième ressource de la Polynésie soit 54  % des recettes d’exportation de biens en 2015), la pêche (plus de 5 millions de km2 de ZEE), les récifs coralliens et l’agriculture.

Depuis les années 1820-1830, les Polynésiens récoltent la nacre des huîtres dans les îles de l’archipel des Tuamotu (Tisdell et Poirine, 1998). Pourtant ce n’est pas avant les années  1970 que la perle noire de Tahiti apparaît sur le

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marché international. Si les débuts sont timides (2 kg en 1972) pour arriver à 5 tonnes en 1996 (Tisdell et Poirine, 1998), la culture de la perle représente aujourd’hui 26 % du marché mondial, soit 8,6 milliards de Francs Pacifiques (environ 67  millions d’euros) d’exportation en  2014 (Poirine, 2018). Outre son impact économique direct, la perliculture a permis de repeupler et redynamiser des archipels éloignés tels que les Tuamotu et les Gambier avec une augmentation des emplois dans le secteur primaire de + 79 % de 1988 à 1996 (Poirine, 2018).

Aujourd’hui, pourtant, la culture de la perle est fragilisée (Enright et al., 2014). Plusieurs facteurs sont identifiés pour caractériser la croissance et la qualité des perles : la température de l’eau (plus l’eau est chaude moins la croissance est rapide) (Latchere et  al., 2018  ; Le Moullac et  al., 2018), le renouvellement plus ou moins rapide de l’eau océanique à l’intérieur du lagon, la densité des nacres en élevage, etc. (Poirine, 2018). En outre, les stress quotidiens tels que la pollution peuvent favoriser l’expansion de maladies qui peuvent disséminer des fermes perlières entières (Cartier, 2014). De manière générale, les changements climatiques fragilisent grandement la perliculture.

L’élévation des températures de la surface de la mer ou encore la réduction de l’oxygène dissous dans les eaux océaniques diminuent la production. Les eaux plus chaudes jouent notamment sur l’éclat de la perle et donc sur sa valeur.

De plus, l’eau de mer plus chaude peut contenir moins d’oxygène dissous, ce qui oblige les organismes de la lagune à se faire concurrence pour respirer.

Les parasites qui peuvent se développer favorablement dans l’eau chaude utilisent une quantité importante d’oxygène ; leur croissance peut empêcher la formation de perles de haute qualité, car les huîtres doivent lutter pour rester en vie (Enright et al., 2014).

Une autre ressource majeure pour l’archipel est la pêche. La ZEE de la Polynésie Française s’étend sur 5  millions de km2 et est extrêmement diversifiée. Divisé en trois espaces distincts, l’océan, l’écosystème récifal et le lagon, l’écosystème marin offre des ressources essentielles pour le développement des îles.

L’océan abrite des espèces telles que les requins, les thons, les espadons, les marlins, les dorades, etc. Ce milieu est complexe à appréhender du fait des risques qui y sont associés. La mer peut se révéler extrêmement forte dans ces espaces ce qui complexifie l’exploitation des ressources. En outre, les espèces varient en fonction des saisons, variations liées aux migrations. En outre, le milieu marin est extrêmement sensible aux variations. La présence, la qualité, l’abondance, le déplacement, la reproduction d’une espèce dépend à la fois des courants océaniques mais aussi de la température, « de la salinité et de l’oxygène de l’eau, et sont évidemment associés à la présence et au

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comportement de leurs proies favorites » (Roger de Villiers et Petit, 2015).

La moindre variation peut donc avoir pour conséquence un effet en cascade, impactant durablement des espèces entières et compromettre l’exploitation de la ressource.

Le deuxième écosystème marin est le système récifal. Ce milieu est composé d’espèces telles que des mollusques, des concombres de mer, des crustacés, mais également des récifs coralliens. Ce corail entraîne la présence de nombreuses espèces, des prédateurs et une biodiversité très riche.

Enfin le lagon, qui peut atteindre 80  m de profondeur (Duvat et Magnan, 2012), représente un apport en ressources très important. Grâce aux passes, ces milieux sont connectés à l’océan ce qui permet une diversité d’espèces – coquillages, poissons, huîtres perlières – grâce au renouvellement de l’eau, à la diversité des courants, à la mobilité de la faune et de la flore, etc.

La dernière ressource halieutique est le corail. La majorité des 34  îles hautes et volcaniques de Polynésie Française sont composées d’un récif, un lagon plus ou moins profond et une barrière récifale (Salvat et  al., 2008).

La qualité et la solidité de cette barrière récifale dépend majoritairement des coraux, puisque le récif corallien résulte de la construction d’un substrat minéral durable secrété par des êtres vivants et donc des coraux. Outre leur participation dans la formation de la barrière récifale, les récifs coralliens sont des niches écologiques dont sont dépendantes de nombreuses espèces faunistiques. Les récifs tropicaux abriteraient environ 95 % de la biodiversité littorale française et 25  % de la biodiversité marine mondiale (Spalding et Grenfell, 1997). La Polynésie abrite à elle seule 20  % des atolls coralliens mondiaux qui seraient l’ensemble d’atolls le plus riche du monde (Institut d’Émission d’Outre-Mer, 2017). Le Global Coral Reef Monitoring Network (GCRMN) estimait en 2008 que les récifs coralliens apportaient un bénéfice net de 30 milliards de dollars. En Polynésie Française, on estime à 1 159 espèces de mollusques, 346 espèces d’algues, 170 de coraux, 800 de poissons dans les récifs coralliens (Salvat et Aubanel, 2002).

De nombreuses perturbations naturelles fragilisent les coraux. Les tsunamis par exemple, bien que peu fréquents en Polynésie, entraînent des bouleversements sous-marins qui peuvent conduire à des glissements sédimentaires et coralliens. Ces effondrements peuvent conduire à des ondes marines extrêmement violentes pouvant déferler sur les atolls. Les cyclones, 47  dépressions cycloniques au cours du xx  siècle en Polynésie (Salvat et Aubanel, 2002), entraînent des houles cycloniques violentes qui impactent les pentes externes des atolls conduisant à une mortalité corallienne. Enfin le stress, pouvant être lié à des perturbations des températures, conduit au

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blanchiment progressif des coraux. Ce blanchiment est dû à la rupture du corail et des algues symbiotiques zoocanthelles présentent dans leurs tissus.

La disparition de ces algues laisse voir le squelette blanc des coraux. Ce processus peut être réversible en cas de faible perturbation mais si le stress perdure dans le temps, les coraux peuvent mourir.

Enfin, l’archipel a aussi des ressources terrestres, comme l’agriculture.

La production agricole en Polynésie Française se partage entre produits végétaux (2/3 de la production) et produits animaux (1/3 de la production).

L’agriculture est encore largement dominée par des petites exploitations artisanales et/ou familiales et représente 10 % de la population active totale.

La surface agricole utilisée s’étend sur 39 159 hectares et est composée à 74 % de cocoteraies (Institut d’Émission d’Outre-Mer, 2017). La principale région agricole est l’archipel de la Société (la moitié des exploitations). On retrouve la coprahculture (culture du coprah, l’alumen séché de la noix de coco) dans les Tuamotu, les cultures maraîchères dans les Australes et la production d’agrumes associée à un élevage intensif dans les Marquises. La culture du coprah est la première production agricole en Polynésie Française et a rapporté 1,5  milliard de Francs Pacifiques (environ 8 millions d’euros) en  2017. Le coprah transformé sert notamment dans la composition de l’huile de monoï (Institut d’Émission d’Outre-Mer, 2017). Les légumes, essentiellement tomate, concombre, salades, représentent quant à eux 18 % de la production agricole totale et ont généré 1,2 milliard de Francs Pacifiques en 2016. Enfin la production de fruits, composée majoritairement d’ananas, de pastèques et de melon, représente 14 % de la production agricole et a rapporté 0,9 milliard (environ 7 millions d’euros) en 2016. Concernant la production animale, c’est essentiellement la production de viande (majoritairement porcine) et la filière avicole qui comptabilisent 2,2 milliards en 2016.

2- Des ressources fragilisées par le changement climatique et les risques associés

Le contexte de dérèglement climatique fragilise ces nombreuses ressources et remet en question la capacité d’adaptation des îles polynésiennes. Selon le GIEC, les températures à la surface du globe entre 2006 et 2015 ont été supérieures de 0,87 °C à la température moyenne pour la période 1850-1900.

Il est probable que le réchauffement planétaire atteindra 1,5  °C entre  2030 et  2052 (GIEC, 2019). Cette augmentation de température atmosphérique entraîne une augmentation de la température moyenne des océans qui engendre elle-même une élévation du niveau moyen des océans (Hay et al., 2013). Cette élévation est distribuée de façon inégale sur la surface du globe et dépend de la densité et de la salinité de la masse océanique, mais également des reliefs sous-

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marins liés à la tectonique des plaques. Au niveau du Pacifique, l’élévation serait d’ordre de 3 à 5 mm/an.

Les conséquences de ces évolutions peuvent s’envisager à plusieurs échelles. Les impacts peuvent notamment s’observer au niveau de la réduction de la surface des îles (Duvat et Magnan, 2011). Entre l’élévation du niveau des mers et l’érosion des côtes, certaines îles pourraient voir leur superficie diminuer fortement. En outre, l’augmentation de la température des océans, conduira à la mortalité de certains récifs coralliens, ce qui aura pour effet une érosion accélérée des îles qui « dépendent de la production actuelle de matériel détritique pour se maintenir  »  (Duvat et Magnan, 2011). Cette disparition ou cet appauvrissement des récifs, 60 % devraient être sévèrement menacés d’ici 2030, conduira probablement à une diminution de l’amortissement des vagues qui frapperont de manière plus violente les littoraux (Godard, 2002).

C’est le bilan sédimentaire, et donc la superficie totale des îles, qui est remis en question avec la disparition des récifs coralliens.

Cette diminution de la superficie terrestre questionne également l’état des ressources. Les ressources terrestres devraient diminuer sous l’effet des conséquences du dérèglement climatique. En effet, l’augmentation des températures atmosphériques mondiales devrait accentuer l’évapotranspiration et conduirait à un asséchement des sols, et à l’appauvrissement des ressources liées à l’agriculture. L’appauvrissement de l’agriculture est notamment lié à la diminution de la ressource en eau potable. Cette diminution de l’eau potable est fortement conditionnée par l’élévation du niveau de la mer, car l’élévation du niveau océanique a pour effet la réduction du volume d’eau de la lentille égale à 40  fois le niveau de l’élévation (Paskoff, 2001  ; Duvat et Magnan, 2011). Cette élévation du niveau de la mer conduit également à une infiltration de sel dans les sous-sols. Or, à par le cocotier à un certain degré, les espèces végétales ne supportent pas le sel. Parallèlement à cette infiltration d’eau de mer, on observe également une réduction de l’eau de pluie. D’après certaines études, une baisse de 25 % de l’eau pluviale engendrerait une diminution de 50 % de la lentille d’eau potable (Duvat et Magnan, 2012). La salinisation et la sécheresse potentielle conduiront à une raréfaction des ressources. Les territoires insulaires doivent donc se préparer à une réduction de la production agricole et de la qualité et quantité des ressources terrestres.

Concernant les ressources halieutiques, l’augmentation de la température des océans entraînera la mortalité des coraux (Hoegh-Guldberg, 1999  ; Pandolfi, 2003 ; van Hooidonk et al., 2013). Cette mortalité conduira à une destruction progressive des écosystèmes marins, noyaux de la biodiversité marine. La pression démographique risque également d’accélérer cette destruction des coraux. Les stocks des ressources halieutiques risquent donc

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de fortement diminuer entre la disparition de leur milieu de reproduction et de leurs « garde-manger », de la surpêche, mais aussi des potentielles variations des courants océaniques et du réchauffement de certaines zones marines.

Concernant les coraux, les prévisions d’augmentation des températures mondiales et océaniques interrogent la viabilité des récifs coralliens. Selon les modèles de prévision du GIEC  sur l’évolution des températures, les événements de blanchissement des coraux devraient se démultiplier au cours des prochaines années. En  2008, on estimait à 54  % des récifs mondiaux menacés par l’augmentation des températures (15  % devraient disparaître dans les  10 à 20  prochaines années et 20  % dans les  20 à 40  prochaines années). Ce blanchiment et cette mortalité entraîne une sur-vulnérabilité des îles polynésiennes. Ainsi, suite à un épisode important de blanchissement entre 2015 et 2017, la puissance des vagues atteignant les côtes a doublé et conduit à une forte érosion du littoral (Kuffner, 2018). La montée du niveau des océans oblige les coraux à grandir en hauteur plus rapidement. Pourtant, malgré une observation de la tendance de ce phénomène, les prédictions démontrent que les évolutions des récifs ne seront pas aussi rapides que la montée des océans (Kuffner, 2018 ; Perry et al., 2018). Enfin, l’augmentation des températures mondiales conduisant à l’augmentation des taux de CO2 absorbés par les océans, entraîne l’acidification progressive des coraux. Or, cette acidification devrait participer à affaiblir les squelettes des coraux et donc accroître leur vulnérabilité (Hughes, 2003).

Ces effets des changements climatiques associés à l’augmentation des catastrophes questionnent dès lors le développement économique de la Polynésie Française. En effet, les catastrophes ralentissent considérablement la dynamique économique d’un territoire, l’économie de celui-ci étant alors consacrée à la reconstruction. Or, ces territoires dépendent fortement des flux économiques mondiaux, notamment de l’importation de produits manufacturés. En cas de catastrophe paralysant durablement ces territoires, quelle peut être leur résilience potentielle ?

II- Le concept de résilience, entre innovation théorique et limites opérationnelles

1- Une ou des résilience(s) ?

Depuis une vingtaine d’années, la résilience est devenue un concept clef dans la gestion des risques. Cependant, son usage multidisciplinaire en fait un concept polysémique (Ionescu, 2012) et abstrait, le transformant en buzzword (Djament-Tran et al., 2011). Le premier sens, donné par la langue

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anglaise, du mot résilience signifie donc «  rebondir  », «  se redresser  ». La racine latine – resilire – indique assez clairement l’interprétation du terme : la capacité à délier/atténuer les impacts d’un traumatisme (Tisseron, 2015).

Cependant, au vu des nombreuses définitions et champs d’utilisation, il serait plus juste dans un premier temps de parler des résiliences (Figure 2) que de la résilience (Tisseron, 2015).

Figure 2 – Résilience et notions associées dans différentes disciplines – Arc-en-ciel ou nuage de sens (Lhomme et al., 2010)

Appartenant aux disciplines de la physique  (Ionescu, 2012), de la psychologie  (Cyrulnik, 2004), de l’écologie  (Holling, 1973), la résilience s’est insérée dans celle de la gestion des risques à partir des années 2000.

La résilience se définit alors comme « la capacité d’un système, d’une communauté ou d’une société exposés à des risques à résister aux effets négatifs, de s’y adapter et de s’en remettre rapidement et efficacement […].

La résilience d’une collectivité face à des aléas potentiels est définie par les ressources dont elle dispose et met en place pour s’adapter et s’organiser avant, pendant et après les chocs » (UNISDR-United Nations International Strategy for Disaster Reduction, 2009). Le système altéré doit se montrer capable d’évoluer, de s’adapter et de rétablir ou maintenir un équilibre de fonctionnement (Barroca et al., 2012). La résilience a une multitude de sens et fait référence tout autant à une capacité de résistance, qu’à une capacité d’absorption et de récupération (Serre, 2016), à une capacité d’apprentissage (Vale et Campanella, 2005 ; Zevenbergen, 2016), ou encore à une capacité d’adaptation (Barroca et al., 2013). Contrairement à la connotation négative de la vulnérabilité, la résilience incarne une dimension positive et novatrice.

Quelle que soit la définition que l’on place derrière ce terme, celle-ci renvoie toujours à un retour à un équilibre acceptable, qu’il soit antérieur au choc ou un nouveau fonctionnement (Dauphiné et Provitolo, 2004). C’est donc une notion qui renvoie à une innovation technique, urbaine, sociale, architecturale,

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économique et politique et qui enjoint une remise en question de nos systèmes de gestion du risque. Cette injonction à l’innovation s’adapte parfaitement à la complexité urbaine, économique, politique, sociale, écologique du monde contemporain. De ce fait le concept de résilience s’intègre aux enjeux territoriaux et aux risques associés.

2- Les outils d’opérationnalisation du concept de résilience Quelques méthodologies et outils existent à l’heure actuelle afin d’intégrer ce concept à des stratégies de gestion des risques. Ces outils cherchent à concevoir des indicateurs de mesure et d’évaluation de la résilience afin de conduire à une cartographie spatiale du concept.

Depuis une dizaine d’années, l’utilisation des indicateurs s’est propagée dans le domaine des risques, et plus précisément dans la mesure de la vulnérabilité et de la résilience des territoires et des populations face aux risques (Cutter et al., 2008). Si l’utilisation d’indicateurs s’est de plus en plus développée dans la gestion des risques, c’est notamment grâce à leur capacité à mesurer ou/et opérationnaliser une variable pour décrire un phénomène extraordinaire (Øien, 2001). Les indicateurs sont appréciés en raison de leur capacité à intégrer de grandes quantités d’informations sous une forme facilement compréhensible, ce qui en fait des outils d’analyse, de communication et des instruments d’action précieux  (Freudenberg, 2003). C’est pourquoi les indicateurs sont régulièrement utilisés pour caractériser, analyser et opérationnaliser des concepts tels que celui de la vulnérabilité et de la résilience.

Le premier outil d’opérationnalisation du concept de résilience est le BRIC (Baseline Resilience Indicators for Communities ; Cutter et al., 2008).

Après avoir développé le SoVI, l’équipe de Cutter s’est tournée vers le concept de résilience afin de construire une base de données d’indicateurs de résilience, le BRIC (Cutter et al., 2008). Celui-ci a permis de construire 6 indicateurs de mesure de la résilience : social, économique, communautaire, institutionnel, infrastructurel et environnemental. Chaque indicateur est divisé en sous variables telles que l’éducation, l’âge, la maîtrise de la langue, le taux d’emplois, le taux d’immigration, l’accès à la nourriture, l’entraînement aux catastrophes, la stabilité sociale, l’accès à la santé ou encore l’accès aux énergies. Chaque variable a un effet positif ou négatif sur la résilience communautaire. Une fois l’acquisition des données effectuée, auprès des services de statistiques nationaux, un travail de traitement, de « nettoyage » des données a été nécessaire. La méthode choisie de traitement s’est portée sur le Min-Max. La normalisation Min-Max attribue une valeur de 0 à la valeur minimale et de 1 à la valeur maximale. Si cette méthode facilite grandement le travail de comparaison entre un large nombre de variables, l’inconvénient

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reste que le score final n’est pas une mesure absolue de la résilience de la communauté pour un seul endroit, mais plutôt une valeur relative dans laquelle plusieurs sites peuvent être comparés. C’est pourquoi le travail proposé s’effectue à l’échelle des États-Unis (Figure 3) et non à une échelle plus fine ou encore pour une seule année, n’étant pas un travail diachronique.

Figure 3 – Quotient de résilience à l’échelle des États-Unis pour chaque catégorie. A =social, B = économique, C = communautaire, D = institutionnel,

E = infrastructures, F = Environnemental (Cutter et al., 2014)

La méthodologie du BRIC est pertinente car elle propose un éventail d’indicateurs afin de fournir une cartographie de la résilience supposée à l’échelle des États-Unis. L’article de Cutter et al. (2008) permet d’établir des indicateurs suffisamment complets pour analyser les nombreux éléments qui

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composent le système territorial : le social, l’économique, le communautaire, l’institutionnel, l’infrastructurel et l’environnemental. Le principal biais de cette approche reste l’échelle d’analyse qui n’est pas suffisamment fine pour entraîner une prise de décision et un changement dans les tendances d’aménagement et de gestion des risques.

Le second outil utilisé est le DS3 Model  (Serre, 2018). Il s’agit d’un outil de modélisation de la résilience technico-fonctionnelle. Cette approche a permis de définir trois capacités pour évaluer la résilience des réseaux urbains face à un risque inondation. La résilience est définie ici comme la capacité d’un système à absorber une perturbation et à récupérer ses fonctions par la suite. Trois capacités sont supposées déterminer du degré de résilience de ces réseaux (Figure 4) :

- La capacité de résistance  : elle consiste à déterminer les dommages matériels suite à un risque. Le modèle part du postulat que plus un réseau est endommagé, plus il y aura une probabilité de dysfonctionnement et plus la remise en service sera lente et complexe ;

- La capacité d’absorption  : elle illustre les fragilités et forces du réseau permettant de construire des alternatives à celui-ci à la suite d’une défaillance de composants ;

- La capacité de récupération : elle représente le temps nécessaire à la remise en service du réseau et de ses composants.

Figure 4 – Le DS3 Model (Serre, 2016)

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Cette approche a permis de favoriser la compréhension de l’interdépendance des réseaux techniques et critiques d’une ville en développant des capacités clefs de résilience pour les réseaux. Testée à l’échelle locale, cette méthodologie a permis de faire le diagnostic d’un quartier et de ses infrastructures critiques.

L’avancée de ce travail a permis l’identification de critères de résilience pour les infrastructures critiques et réseaux urbains. Cependant cette approche ne permet pas d’avoir une approche globale de la résilience et du territoire à risque. Il est donc nécessaire d’élargir l’approche du concept et son analyse afin de favoriser la compréhension et l’adoption du concept.

3- Limites conceptuelles et théoriques du concept de résilience Le concept de résilience reste néanmoins, aujourd’hui encore, peu opérationnel. La majorité des études existantes sont tournées autour d’une approche dite technico-fonctionnelle (Lhomme et al., 2010 ; Balsells et al., 2013 ; Toubin et al., 2015 ; Johansson et al., 2016 ; Serre, 2018). L’approche est tournée autour de la résilience des réseaux (Wang et  al., 2019), des infrastructures critiques (Bach et al., 2013), du bâti (Nguyen et James, 2013) mais très peu abordent de façon plus globale le concept de résilience.

Lorsque certaines le font (100 Resilient Cities, n.d. ; Opach et Rød, 2013 ; Cutter et al., 2010, 2014 ; Suárez et al., 2016), l’échelle d’action n’est pas toujours adéquate. Prenons par exemple un des travaux de Cutter (Cutter et al., 2010). Son travail pour cartographier la résilience et la vulnérabilité à l’échelle des États-Unis à l’aide de plusieurs indicateurs de mesure a fourni une avancée notable dans l’étude et l’opérationnalisation de ces concepts. Cependant, si l’échelle nationale des États-Unis souligne certes des aires géographiques plus ou moins résilientes en fonction d’indicateurs précis, les gestionnaires des villes, maires, urbanistes, architectes ou simples citoyens ne peuvent que très difficilement prendre des décisions pour améliorer la résilience locale. Or, les prises de décision se font bien souvent à l’échelle de la municipalité et/ou encore plus finement à l’échelle du quartier. Ce travail tend plus à un partage de connaissance qu’à une aide à la décision.

En outre, ces différentes méthodologies abordent le concept de résilience uniquement a posteriori, post-catastrophe. Ces approches ne prennent donc pas en compte la composante cyclique de la construction territoriale. Les notions d’apprentissage liées à la résilience doivent s’évaluer sur le temps long afin d’analyser les fragilités préexistantes à la catastrophe. En outre, un territoire urbain évolue de 1  % par an, ce qui justifie la nécessité d’appréhender les dynamiques et interactions urbaines sur un temps plus long qu’uniquement post-catastrophe.

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L’enjeu ici est donc de concilier une approche globale de la résilience à une échelle suffisamment fine pour entraîner une appropriation des concepts par les gestionnaires, urbanistes, citoyens, appropriation qui devrait découler sur une prise de décision. De ce fait, l’opérationnalisation de la résilience devrait être plus effective et durable dans le temps et l’espace. Nous nous proposons donc dans ce travail de répondre à ce double enjeu, étudier la résilience de manière la plus holistique possible à une échelle qui permettrait l’aide à la décision.

Figure 5 – Schéma conceptuel de l’approche de la résilience sur un temps long, (Heinzlef et al., 2019)

III- Modéliser la résilience territoriale sur le long terme 1- Positionnement scientifique

Cette étude retient l’idée que la résilience territoriale incarne les aptitudes et capacités d’un territoire et de sa population à mettre en place des actions avant, pendant et après un événement perturbateur, de façon à en limiter les impacts négatifs. Ce positionnement scientifique permet donc d’analyser la résilience territoriale comme un continuum, mettant en avant des capacités proactives que le système urbain doit développer de façon à (ré)agir face à la catastrophe, développant par là même des aptitudes d’apprentissage et d’anticipation (Dauphiné et Provitolo, 2007). La résilience n’est donc plus une aptitude observable uniquement après la crise, mais un concept qui définirait plutôt un processus d’apprentissage (Davidson-Hunt et Berkes, 2002 ; Gunderson et Holling, 2002 ; Brand et Jax, 2007) via une culture du risque (Laganier, 2015) sur le temps long au cours duquel le choc ne serait plus

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qu’un élément déclencheur et révélateur des capacités intrinsèques du système (Fig. 5). De ce point de vue, la résilience et la vulnérabilité ne sont plus en opposition mais participent à la définition des caractéristiques inhérentes au système. Le choc permet alors de mettre en avant ces résiliences et/ou ces vulnérabilités.

En termes territoriaux, opérationnels et institutionnels, mais aussi biologiques et psychologiques, la résilience décrit les capacités ou capabilités.

Nous avons distingué différents types que l’on peut catégoriser en fonction des temps de réaction et d’action qui se produisent avant, pendant et après un choc. Ainsi :

Avant le choc, la résilience fait référence à (Serre, 2019) :

- La capacité d’anticiper, en particulier les scénarios imprévisibles et inconcevables ;

- La capacité de gérer ou de préserver les fonctions, structures et organisations essentielles afin de s’adapter à une situation future (adaptation anticipative) ;

- La capacité d’apprendre.

Pendant l’événement, la résilience peut correspondre à : - La capacité de résister et de faire face à un choc ;

- La capacité d’absorber un choc, ce qui implique un certain degré de flexibilité.

Après le choc, la résilience se révèle être :

- La capacité à se rétablir et à se reconstruire, ici ou ailleurs. Ces capacités mobilisent les capacités internes et/ou externes d’un système ;

- La capacité d’un système à maintenir son intégrité et à revenir (ou à rebondir) à l’état d’équilibre antérieur, ou un nouvel état ; - La capacité d’une personne ou d’une communauté à s’adapter, à

profiter d’une situation négative et à se renouveler et à transformer le système.

Ces caractéristiques de résilience ont été traduites à l’aide d’indicateurs de mesure de résilience.

2- Des indicateurs de résilience

Notre recherche montre que l’approche de la résilience doit se concentrer sur les multiples dimensions et interactions sociales et territoriales. Notre

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objectif est de comprendre et de mettre en évidence les caractéristiques qui pourraient influer la résilience urbaine. En gardant à l’esprit que la résilience est considérée comme une capacité d’une société ou d’un territoire à planifier, à s’adapter, à absorber, à récupérer, à apprendre, à évoluer, nous avons essayé de sélectionner certains traits sociaux, territoriaux techniques (Figure  6), inhérents qui permettraient de développer un territoire résilient.

Figure 6 – Indicateurs de résilience, (Serre et Heinzlef, 2018)

2.1- Résilience sociale

La résilience sociale peut être définie comme la capacité d’une population à s’adapter et à se remettre des perturbations (Hutter et Lorenz, 2018). Dans cette étude, nous comprenons la résilience sociale comme une résilience communautaire sociale (Wilson, 2013) et non comme une résilience individuelle (Hutter et Lorenz, 2018). De nombreux facteurs peuvent permettre à une entité sociale d’agir, de réagir et de développer de manière proactive des

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activités ou des interactions, comme l’âge (Cutter et al., 2010), l’investissement politique (Voss, 2008  ; The Rockefeller Foundation, 2015), le statut socio- économique (Flanagan et al., 2011), la connaissance et la perception du risque, la diversité, etc. Suivant la conception de Bourdieu, nous considérons que la résilience sociale est un concept multiple, basé sur peu de variables comme les dispositions et habitudes personnelles, les connaissances et la perception et la qualification scolaire (Bourdieu, 1984). L’idée principale est d’accorder plus d’attention aux capacités et ressources d’une population afin d’adapter de manière proactive les composants à une perturbation potentielle (Hutter et Lorenz, 2018 ; Serre et Heinzlef, 2018). N’oublions pas que la population revitalise le territoire après une crise et que la résilience sociale peut faire la différence entre vulnérabilité et résilience (Hutter et Lorenz, 2018).

2.2- Résilience technique

Nous entendons par variables techniques l’ensemble des composantes matérielles interconnectées telles que les réseaux urbains. Les réseaux de transport, de gaz, d’électricité, d’eau (leur âge, leur capacité de résistance, d’absorption, de récupération, d’après Serre, 2016) sont intégrés dans cet indicateur. En effet, des recherches récentes mettent en évidence l’impact (négatif et/ou positif) des réseaux urbains pendant et après une crise. Ils sont essentiels au bon fonctionnement d’une ville, reliant de plus en plus de personnes et de territoires et offrant ainsi une variété de ressources et d’opportunités mais ils peuvent aussi créer des situations d’interdépendance (Serre et Heinzlef, 2018). Ils peuvent, par leurs caractéristiques d’interconnexion, propager les inondations au-delà des frontières géographiques et fonctionnelles (Boin et McConnell, 2007), et par là même, l’échec (Lhomme et al., 2010). Bien qu’ils soient essentiels pour créer des dynamiques, des relations, des opportunités, ils créent aussi de la vulnérabilité sur un territoire. Une seule défaillance peut créer des effets en cascade affectant l’ensemble de la ville, en raison du système urbain réticulaire (Serre et Heinzlef, 2018). Pour cet indicateur, nous avons développé la méthodologie du Modèle DS3 (Serre, 2018), qui définit trois caractéristiques pour analyser la résilience des réseaux urbains : la résistance, les capacités d’absorption et de récupération.

2.3- Résilience urbaine

Nous considérons que l’indicateur de résilience territoriale inclut toutes les dynamiques urbaines  –  physiques telles que les bâtiments (âge des bâtiments, densité, fonctionnalité) ou les infrastructures critiques  –  ou virtuelles telles que les dynamiques économiques, évaluées par la création ou la disparition de nouvelles propriétés commerciales. Par exemple, pour les infrastructures critiques, nous mesurons leur influence sur le champ d’action.

Les infrastructures critiques peuvent être définies comme les infrastructures

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qui concentrent toutes les fonctions nécessaires au bon fonctionnement d’un territoire et de sa population (Pescaroli et Kelman, 2017). Elles sont définies comme «  critiques  » car en situation de crise, leur destruction potentielle pourrait affaiblir toute l’organisation d’un territoire (Galland, 2010). Elles peuvent être naturelles (approvisionnement en eau par exemple), matérielles (énergie, télécommunications, réseaux de transport, etc.) ou virtuelles (cyber- information par exemple), mais aucune liste exhaustive n’existe. Cependant, elles font partie du territoire et constituent donc une condition préalable à l’élaboration de méthodes d’évaluation de la résilience (Brauner et  al., 2018). Nous avons établi les variables pour comprendre le degré de résilience territoriale, en tenant compte de la zone d’influence des infrastructures critiques (incendie, police, forces de défense), de l’accès à la santé (Norris et al., 2008 ; Opach et Rød, 2013), de la densité du logement social (Johansson et  al., 2016), de la dynamique touristique (Tierney, 2009) et économique (création et maintien des anciennes entreprises).

Ce modèle de définition et de mesure de résilience a permis de clarifier le concept théorique et d’aborder la résilience sur un temps long afin de répondre aux limites, fractures et fragilités territoriales face au risque inondation. Le choix d’utiliser à 90 % des données en open data (INSEE) favorise l’adaptation de cette méthodologie sur d’autres territoires, au moins sur l’ensemble des villes françaises, qui utilisent les données de l’INSEE. En outre, le fait que cet outil soit co-construit permet d’intégrer directement les besoins et les approches des gestionnaires municipaux. Contrairement à certaines études de cas sur la mesure de la résilience (Fox-Lent et al., 2015 ; Serre et al., 2016), cette étude n’applique pas sa méthodologie a posteriori à un territoire soumis à un risque donné, mais commence par considérer l’intégration des spécificités du territoire et surtout sa gouvernance, étape nécessaire dans un outil collaboratif et participatif de prise de décision. Ainsi, des travaux comparatifs pourraient conduire à un échange de retours d’expérience entre les différents territoires, ce qui pourrait conduire à un indice de résilience français. Par ailleurs, le choix d’outils libres ou utilisés par les collectivités françaises rend l’outil plus accessible aux services urbains. Par conséquent, cette méthodologie fournit une approche holistique pour analyser le potentiel de résilience d’un système urbain. Si le concept de résilience reste imprécis et subjectif, ce travail permet de percevoir les caractéristiques de résilience qu’un territoire doit développer.

L’outil est donc plus conforme aux pratiques et stratégies des urbanistes en matière de risques.

Cette méthodologie a été conçue, validée et testée sur le territoire urbain d’Avignon (Serre et Heinzlef, 2018  ; Heinzlef et  al., 2019), territoire à la

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confluence du Rhône et de la Durance et soumis aux enjeux des inondations urbaines.

Un tel modèle, complété par des méthodes et des outils de recherche à long terme, comme un observatoire, devrait apporter des résultats utiles pour la mise en œuvre de stratégies de résilience dans les îles du Pacifique.

IV- Vers le développement d’un Observatoire de résilience en Polynésie Française

1- Apports d’un observatoire de résilience en Polynésie Française

Les systèmes d’informations (SI) sont «  un ensemble organisé de ressources (matériels, logiciels, personnel, données et procédures) qui permet de regrouper, de classifier, de traiter et de diffuser de l’information sur un environnement donné » (De Courcy, 1992). L’information transmise peut découler directement des données dites brutes ou de leur phase de traitement. Toute discipline ou thème peut être abordé et traité par les SI. Du fait de l’accumulation des nombreuses informations et de la différence de méthodologie pour structurer et stocker les données, la diffusion et l’accès aux SI est extrêmement complexe (Desconnets et al., 2003). La mondialisation et la globalisation des données grâce à internet et aux réseaux sociaux ajoutent à la difficulté d’utiliser cette quantité phénoménale de données. Plusieurs concepteurs d’outils ont donc tenté de clarifier l’afflux d’informations, de les classifier et de les rendre plus lisibles pour les utilisateurs. Les observatoires font partie de ce florès de nouveaux outils pour diffuser et partager l’information. Le terme «  observatoire  » est utilisé dans de nombreuses disciplines avec des interprétations diverses et variées (Dzeakou et Derniame, 2000). Les observatoires se construisent soit autour d’une thématique (risques, environnement, etc.), soit autour d’une échelle prédéfinie (territoire national, régions, agglomérations, collectivités ou encore échelle d’un projet précis).

Leur objectif reste cependant le même, collecter l’information via la pratique de l’observation et la restituer de manière à ce qu’elle soit traitée et utilisée par les acteurs du territoire (de Sède-Marceau et al., 2009).

En effet, avant les années 1990, les systèmes d’observation étaient déployés au niveau international, sur la base d’observatoires scientifiques de l’Univers dédiés à la surveillance des paramètres de la science de l’Univers (planètes, climat, atmosphère et risques, ces observatoires sont pilotés par des chercheurs) (Loireau et al., 2015). À partir des années 1990, des observatoires ont été progressivement mis en place pour les questions environnementales au

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sein des sciences naturelles et des sciences humaines. En France, cette période correspond au développement des observatoires du CNRS comme l’OHM (Observatoire de l’Environnement et des Sociétés) (Loireau et Miralles, 2017).

Face à la mondialisation et au changement climatique, les chercheurs utilisent les observatoires pour suivre les tendances spatiales et temporelles (de Sède- Marceau et  al., 2009  ; de Sède-Marceau et Moine, 2012) et améliorer les connaissances sur des territoires spécifiques. Avec des observations continues, il est admis que la connaissance et la compréhension sont améliorées, y compris les processus conduisant à de telles évolutions. Les territoires sont en train de devenir centraux dans les observatoires et l’interdisciplinarité est désormais la règle, avec de nouveaux partenariats rassemblant chercheurs et utilisateurs finaux. D’autres types d’observatoires sont mis en place pour s’attaquer à certaines questions techniques pour lesquelles les priorités sont l’échange d’informations en vue du développement. Dans ce cas, les chercheurs sont toujours absents de ce processus. En conséquence, certains observatoires sont parfois partiellement redondants sur un même territoire et une question de recherche se pose sur le développement de nouvelles structures d’observatoires permettant une approche mixte utile, tant pour le territoire lui-même que pour un large éventail d’acteurs. La nécessité d’acquérir des informations précises au vu d’améliorer l’aménagement découle de l’évolution des rapports de force territoriaux. Les territoires et acteurs évoluent très rapidement, du fait des changements politiques, environnementaux, démographiques, spatiaux, organisationnels, etc. Ces changements rapides entraînent un besoin d’information et d’observation grandissant pour comprendre ces systèmes complexes que sont les territoires. Les observatoires se présentent alors comme des outils bénéfiques à la compréhension, des outils d’aide à la décision pour les aménageurs et élus. Ces outils, qui se situent à « l’interface entre la réalité complexe et la connaissance  » (de Sède-Marceau et Moine, 2012) doivent retranscrire avec précision les évolutions territoriales et sociales observées.

Ces observatoires sont composés d’informations «  réelles  » découlant de l’observation humaine et de traitement de ces données. Ce traitement permet de mesurer, de coder, de calculer et d’exploiter les données « observées » en vue de modéliser les évolutions du territoire et d’améliorer leur compréhension.

L’utilisateur peut davantage analyser les changements et les interrelations grâce à un modèle de traitement qui décortique chaque échelle et liens entre données (Figure  7). En partant d’une observation réelle, l’observatoire en vient à produire une information et de ce fait, une connaissance. Ces outils polymorphes et polysémiques sont un support utile pour créer un outil d’aide à la décision, apportant des connaissances nouvelles à différentes échelles. La multitude de formes de diffusion et d’interactions (simulation, cartographie, indicateur, alertes, commentaires, échanges, etc.), fait de cet outil dynamique un choix de maître pour l’aide à la décision territoriale.

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Figure 7 – Un outil en interrelation entre le monde scientifique et son opérationnalisation pratique. (Loireau, 2017)

Ces principes de l’observatoire sont fondés sur des systèmes d’information (spatiaux), dont l’un des objectifs est de soutenir les décisions spatiales (Gayte et al., 1997). Quelle que soit la question soulevée, ces observatoires peuvent inclure des connaissances scientifiques et un suivi, ainsi qu’un moyen de rendre opérationnels les processus de décision avec les acteurs concernés.

2- Objectifs de l’observatoire

Face à ce constat, un projet de recherche porté par l’IRD et le CNRS a été monté afin de répondre aux enjeux de l’opérationnalisation de la résilience en Polynésie Française. Ce projet Pacific Island Long Term reSilience (ILOTS) a pour objectif d’amorcer la réflexion sur un Observatoire de résilience afin de travailler sur les limites et les biais du concept et de son opérationnalisation (Serre, 2019). Construire un prototype d’Observatoire de résilience sur les îles du Pacifique prend tout son sens face aux risques auxquels elles sont soumises.

Les îles françaises d’outre-mer cumulent de forts aléas hydrométéorologiques avec des méthodes, outils et stratégies de gestion des risques bien souvent inadéquats. Cette déclaration provient d’un rapport du gouvernement français de 2014 expliquant que les îles françaises d’outre-mer sont des zones à haut risque, sans systèmes de gestion des risques performants et avec un manque de moyens consacrés à cette question. Les inondations (fluviales, pluviales, tsunamis et submersions) sont parmi les problèmes les plus critiques pour la plupart des îles. L’amélioration de la résilience aux risques d’inondation dans

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une telle zone est donc un enjeu essentiel. Pour atteindre cet objectif (Fig. 8), nous proposons une approche en deux étapes :

- Modéliser le niveau de résilience aux inondations et aux effets en cascade de deux îles de Polynésie Française (Tahiti et Moorea) en concentrant les enjeux importants pour les Polynésiens. Pour ce faire, nous visons à tester et à améliorer, si nécessaire, les modèles de résilience développés dans d’autres contextes tels que le modèle construit et testé à Avignon ;

- Concevoir des moyens à long terme à travers un observatoire du risque et de la résilience pour accumuler et partager les connaissances, puis développer des fonctions permettant aux décideurs de choisir les options résilientes les plus intéressantes pour préparer et adapter ces îles aux événements extrêmes.

Figure 8 – Évolution dans l’analyse de la résilience, étapes de conception de l’observatoire

Afin d’adapter l’observatoire et s’assurer de son utilisation future, des données en libre accès seront utilisées afin de favoriser l’aspect « rentable » de l’outil et favoriser l’accessibilité aux données (Birkmann, 2006). Ce choix sera appuyé par une méthodologie collaborative afin d’associer les acteurs locaux dans le projet et conduire à une culture progressive de la résilience dans les territoires insulaires du pacifique. Nous défendons ici l’idée qu’une approche transdisciplinaire et surtout collaborative permettrait de répondre aux difficultés d’opérationnalisation du concept de résilience. Faire participer les acteurs locaux ou directement concernés par les problématiques étudiées permet de confronter les regards, connaissances, savoirs scientifiques et pratiques, perceptions et interprétations (Figure 9, page suiv.).

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Figure 9 – Démarche collaborative, d’après (Toubin, 2014)

En outre, si la population est bien souvent la première à être impactée par les risques naturels et leur gestion inadaptée, le constat reste un manque d’implication des habitants (Kuhlicke et al., 2011) mais également des services urbains (Toubin et al., 2015), pourtant éléments de premier ordre. Or, nous défendons l’idée que la création d’un savoir hybride permettant l’implication de tout acteur du territoire, de l’habitant au gestionnaire en passant par le scientifique, permettrait d’opérationnaliser la résilience grâce à une appropriation du concept et des enjeux des risques. En effet, la collaboration passe majoritairement par l’appropriation des différentes parties prenantes d’un même sujet de tension et de discussion, appropriation qui entraîne une implication réelle des acteurs dans ces sujets complexes. Or ces implications ne peuvent perdurer que si un travail de transparence, de clarté, de communication et de consensus s’établit entre les différents acteurs (Mustajoki et al., 2004).

Le résultat est une meilleure intégration et acceptation du travail des experts.

En outre, étant donné que ces sujets tels que les questions environnementales, les risques, le changement climatique, touchent et impliquent toutes les parties prenantes, les intégrer permet non seulement d’aborder de nouveaux points de vue et approches mais aussi de construire une équité de connaissances. Ainsi donc, l’intégration des différents acteurs a un impact doublement positif, et permet de répondre aux objectifs d’un projet (urbain) en améliorant ses

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propositions, mais est également un objectif en soi en répondant aux désirs de la concertation.

À la fin du projet, nous prévoyons d’avoir une première idée du niveau de résilience aux inondations de ces îles et une liste préliminaire des fonctions d’un tel observatoire. Un tel prototype d’Observatoire de résilience développé pour Moorea et Tahiti pourrait aider les décideurs à planifier de manière stratégique l’aménagement du territoire dans une perspective à long terme.

Conclusion

Face aux enjeux de dérèglement climatique auxquels est confronté le territoire de Polynésie Française, la question de l’équilibre des ressources se pose. Face à des risques de plus en plus récurrents et intenses, les ressources économiques et naturelles sont susceptibles d’être durablement impactées, fragilisant les territoires insulaires polynésiens. Face à cette vulnérabilité actuelle et future, le concept de résilience offre une diversité de réponses et de stratégies pour préparer les territoires et les populations à l’augmentation des risques. Pourtant, ce concept est encore très abstrait et peu intégré aux stratégies actuelles de gestion des risques. C’est pourquoi le projet scientifique ILOTS a défini comme objectif la conception d’un Observatoire de résilience afin de répondre à ces enjeux et limites opérationnelles et théoriques du concept, afin de répondre aux enjeux de la Polynésie Française.

Ce projet d’Observatoire de résilience répond à plusieurs enjeux et crée un lien entre des recherches antérieures et futures. Les constats établis dans les recherches précédentes sur la résilience démontrent des limites réelles à l’opérationnalisation du concept, limites liées notamment à la définition claire des objectifs de résilience. Plusieurs recherches antérieures ont tenté de pallier ces limites et biais en retravaillant sur les critères de résiliences, critères qui doivent s’adapter à l’approche systémique d’un territoire afin de prendre en compte toute la complexité de ses dynamiques spatiales et sociales. La recherche holistique a été construite et testée sur le territoire inondable d’Avignon. Les résultats de cette étude ont démontré la nécessité et la faisabilité de la construction d’une méthodologie collaborative avec les acteurs de la ville afin de définir, analyser et cartographier des degrés de résilience autour de trois thématiques, territoriale, technique et sociale. Forte de cette analyse, de ces premiers constats et des résultats bénéfiques pour la collectivité, l’objectif a dès lors été de développer et d’approfondir l’approche en construisant une stratégie plus globale sous le prisme d’un Observatoire de résilience testé sur les territoires insulaires vulnérables.

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La nécessité d’innover dans les approches de gestion des risques s’explique notamment par la prise de conscience du manque de considération de ces territoires vulnérables. En effet, en septembre  2014, un rapport interministériel français traitant des risques des inondations éclair a montré que les territoires français d’outre-mer sont très concernés par les crues subites mais que ce risque est mal traité par le gouvernement national et les autorités locales (Bourgeois et  al., 2015). En effet, l’outre-mer est fortement exposé aux ouragans, séismes et tsunamis, mais les crues éclair qui en résultent ne sont pas suffisamment prises en compte par rapport à l’hexagone français.

Pourtant, plusieurs facteurs combinés des territoires d’outre-mer, tels que la géographie, le climat, les contraintes d’aménagement du territoire et les structures sociales, augmentent la vulnérabilité aux crues soudaines et aux risques en général, à un niveau supérieur.

Le rapport met également en évidence un difficile partage des responsabilités entre les autorités nationales et locales en ce qui concerne les processus de mauvaise gestion des risques avec notamment un point crucial : l’observatoire national des risques ne couvre pas les territoires d’outre- mer. Dans le même temps, les autorités locales ne semblent pas disposées à s’engager pleinement dans la gestion des risques, à l’exception des questions liées aux ouragans en raison d’une bonne culture de la population face à ces dangers. Un problème plus critique est l’absence de contrôle des terres et du développement urbain par les autorités locales. Le rapport contient également des recommandations visant à améliorer les stratégies de gestion des risques dans les régions d’Outre-Mer telles que l’ambition de transformer l’outre- mer en territoires d’innovation pour la gestion des risques en engageant les communautés scientifiques et faire de l’urbanisme une mesure non structurelle pour réduire les risques en prenant davantage en compte les incidences du changement climatique.

Le projet d’un observatoire permettra donc de concevoir un cadre pour répondre aux besoins en termes d’avancées scientifiques, techniques, sociales et territoriales. Ainsi, le prototype d’observatoire est novateur à plusieurs échelons ; répondre à un besoin évalué (intensité et récurrence des catastrophes) par une solution qui n’existe pas encore, la réalisation de l’observatoire avec de nouveaux modèles permettant d’évaluer le niveau de résilience aux inondations dans une perspective multi-échelle (espace et temps) et utiliser autant que possible des outils, des données et des solutions open source afin de minimiser le coût de l’observatoire et de maximiser son utilisation future.

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