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Le changement climatique dans les petits États insulaires en développement d’Afrique: de la vulnérabilité à la résilience – le paradoxe des petits

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de la vulnérabilité à la résilience –

le paradoxe des petits

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de la vulnérabilité à la résilience –

le paradoxe des petits

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Résumé v

I. Introduction 1

II. Caractéristiques des PEID d’Afrique 3

A. Localisation et population 3

B. Développement humain 3

III. Vulnérabilité des PEID d’Afrique aux changements climatiques 6

A. Ecosystèmes 6

B. Agriculture 7

C. Tourisme 7

D. Pêche 7

E. Pertes et dommages 8

IV. Le paradoxe des PEID d’Afrique 10 V. Exprimer les besoins des PEID sur la scène internationale 12 VI. Libérer le potentiel de développement des PIED d’Afrique 14

A. Écologisation de l’économie 14

B. La coopération régionale 17

C. Institutions, gouvernance et capacités 18

D. Le transfert de technologies – Favoriser l’innovation 18

VII. Perspectives 19

A. Maximiser les avantages mutuels 19

B. Favoriser l’innovation 19

C. Investir dans le capital social 19

D. Cibler les interventions en faveur des pauvres 19

E. Améliorer la sécurité alimentaire 20

F. Des institutions fortes 20

G. Coopération régionale 20

VIII. Conclusion 21

Références 22

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LISTE DES ACRONYMES

AIMS Atlantique, Indien, Méditerranée et mer de Chine méridionale AOSIS Alliance des petits États insulaires

CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques CNUED Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture LDCF Fonds pour les pays les moins avancés

MSI Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement

NAMA Mesures d’atténuation appropriées au niveau national PAB Programme d’action de la Barbade

PANA Programmes d’action nationaux d’adaptation PEID Petits États insulaires en développement PIB Produit intérieur brut

PMA Pays les moins avancés RNB Revenu National Brut

SPREP Secrétariat pour le Programme régional du Pacifique

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RÉSUMÉ

Les petits États insulaires en développement (PEID) en Afrique sont composés du Cabo Verde, des Comores, de la Guinée-Bissau, de Maurice, de Sao Tomé-et- Principe et des Seychelles. Le rapport du GIEC souligne avec certitude que parmi les facteurs de risques actuels et futurs liés au climat pour les petits États insulaires au XXIe siècle, se trouvent l’élévation du niveau de la mer, les cyclones tropicaux et extratropicaux, la hausse des températures de l’air et de la surface des mers, mais aussi la variation des régimes pluviométriques, avec la montée du niveau de la mer en tant que menace la plus largement reconnue tout au long des basses zones côtières des îles et des atolls. De nombreux PEID sont doublement exposés par rapport à la fois aux dommages irréversibles et périlleux des impacts biophysiques du changement climatique et à la raréfaction des ressources et des opportunités de revenus en raison de la forte exposition des ressources de bases du fait de leurs emplacements. Cependant, leur vulnérabilité différentielle s’est noyée dans des développements qui se concentrent plus sur les impacts biophysiques avec seulement des références superficielles à la vulnérabilité sociale. Les communautés locales dans les PEID sont en première ligne des

impacts du changement climatique et réagissent déjà à l’adaptation quant à la variabilité et au changement climatique. Toutefois, une adaptation efficace ne se fera pas dans le vide - elle devra être facilitée, structurée et organisée dans un cadre institutionnel.

Du fait de contraintes de taille et d’isolement, explorer des systèmes intégrés et interdépendants pour le pilotage du développement économique tout en préservant l’intégrité des petits États insulaires reste un casse-tête. Avec l’éloignement et la petite taille

des PEID en Afrique, l’exploitation des économies d’échelle ainsi que des avantages des filières

globalement intégrées, reste limitée. Par conséquent, la compréhension, l’anticipation et l’adaptation aux débats relatifs à l’économie, au social, à l’environnement et au climat restent essentielles pour la sécurité et la stabilité des économies de ces pays.

Le rôle des marchés et des mécanismes de régulation pour accroître et renforcer l’efficacité des options d’adaptation a tendance à être du ressort de l’État.

Ainsi, bien que la plupart de ces choix et décisions exigent des rentrées de fonds significatives, il reste néanmoins des décisions qui font partie des responsabilités collectives des gouvernements. Par conséquent, la mobilisation des ressources pour de tels investissements majeurs en vue de lutter contre le changement climatique nécessitera une stratégie organisationnelle à l’échelle nationale, régionale et internationale afin de mobiliser un appui en faveur des PEID individuellement. Cependant, la plupart des processus internationaux de sensibilisation peuvent renforcer le soutien à l’interne et permettre aux PEID en Afrique de conclure des partenariats de collaboration susceptibles de faire en sorte que bon nombre de leurs institutions soient aptes à répondre aux risques climatiques et à capitaliser sur les opportunités émergentes.

En définitive, l’objectif de ce document est de mettre en évidence les principaux défis liés au climat et au développement et l’unicité de ces défis quant aux PEID d’Afrique, mais également élucider les opportunités dans ces immenses frontières du développement en Afrique.

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I. INTRODUCTION

Les petits États insulaires en développement (PEID) sont de petites îles ou pays côtiers à basse altitude situés dans les régions tropicales et subtropicales et qui sont soit entourés par l’océan, soit qui disposent d’une large bande côtière et sont donc vulnérables aux impacts du changement climatique, tels que l’élévation du niveau de la mer, l’amplification de l’intensité et de la fréquence des événements extrêmes, l’augmentation des températures de surface de la mer et l’acidification des océans (Nurse et al. 2014; Boto and Biasca, 2012;

Kelman and West, 2009). Globalement, il existe environ 52 PEID dont 23 PEID dans les Caraïbes, 20 dans le Pacifique et 9 dans les océans Atlantique, Indien, la Méditerranée et la mer de Chine méridionale (AIMS).

Les PEID d’Afrique se composent de six îles, à savoir le Cabo Verde, les Comores, la Guinée-Bissau, Maurice, Sao Tomé-et-Principe et les Seychelles.

Pour les PEID, les océans constituent à la fois un actif et un passif, d’où le paradoxe. Alors que leurs larges bandes côtières les exposent à une gamme d’impacts du changement climatique, les économies des PEID dépendent fortement de ressources naturelles (Wong, 2011). L’élévation du niveau de la mer se présente comme la plus grande menace pour de nombreux PEID dans le long terme - en particulier pour les États composés d’atolls - l’acidification des océans a déjà un impact significatif sur les récifs coralliens, affectant le tourisme et touchant les moyens de subsistance qui dépendent des espèces marines (Nurse et al., 2014).

Au fur et à mesure que les températures de surface de la mer augmentent, il semble également que les ondes de tempête deviennent plus intenses et plus fréquentes (IPCC, 2012). Beaucoup de PEID sont situés dans la «ceinture de cyclones tropicaux» située entre 5 et 20 degrés de latitude nord et au sud de l’Équateur (Meheux et al., 2007). Une intensification de l’activité cyclonique dégradera les récifs coralliens, endommagera les infrastructures et autres actifs physiques, entraînant une perte à la fois de vies et de moyens de subsistance.

Elle se traduit aussi par un impact sur les industries clés comme le tourisme et dans certains cas peut provoquer une relocalisation permanente de certaines communautés (ibid). Dans ces PEID (en particulier en Afrique de l’Ouest) qui font face à la pénurie d’eau, l’on s’attend également à ce que le changement climatique renforce la sévérité et la fréquence des sécheresses (Pelling and Uitto, 2001). Compte tenu de l’ensemble des impacts du changement climatique auxquels les PEID sont exposés, les perturbations des conditions météorologiques ainsi que les événements extrêmes du changement climatique auront des répercussions importantes sur leurs économies avec des coûts en termes de pertes et de dommages prévus pour être

«immenses» par rapport à la taille de leurs économies et une moindre capacité à inverser ces chocs et créer un tampon potentiel (Wong et al. 2014).

Il existe de nombreux facteurs sous-jacents qui contribuent à la vulnérabilité accrue des PEID aux risques environnementaux, dont notamment leur petite taille, l’isolement, la base étroite de ressources, un faible population, une forte densité démographique et des ressources limitées en eau douce (Briguglio, 2003; Guillaumont, 2007; Wong, 2011; Boto et Biasca, 2012). Une autre contradiction réside dans le fait que les PEID produisent moins d’un pour cent de gaz à effet de serre (GES) sur le plan mondial, mais ils sont touchés de manière disproportionnée par les menaces du changement climatique (CCNUCC, 2005).

Les économies de nombreux PEID sont hautement dépendantes de ressources naturelles à travers

l’agriculture, la pêche et le tourisme. En l’occurrence le changement climatique, non seulement entraînera des pertes directes, mais également l’érosion progressive de la base économique (Pelling et Uitto, 2001). Les dangers environnementaux peuvent aussi compromettre le développement social et économique si les ressources publiques, tout comme les recettes fiscales, sont détournées au profit des préparatifs et des secours en cas de désastres (White et al., 2004). Les PEID qui sont aussi des pays les moins avancés (PMA) connaissent

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des zones supplémentaires de vulnérabilité surtout que leurs économies ont tendance à être plus dépendantes des secteurs tels que l’agriculture, le tourisme et la pêche, autant de secteurs plutôt sensibles aux facteurs de stress climatiques (Bruckner, 2012). Par exemple, en 2012, la contribution totale au PIB de la part de l’industrie du tourisme et des voyages à Aruba était de 83,8% (OHRLLS 2013). Les PMA sont également moins résistants à des événements extérieurs négatifs et font montre d’une capacité d’adaptation moindre en raison de leur faible niveau de développement (Bruckner, 2012).

Alors que les PEID ont en commun de nombreuses caractéristiques, ils paraissent politiquement, socialement et culturellement diversifiés et se distinguent par leur niveau de développement économique (Wong et al., 2014). En tant que tels, les PEID se caractérisent par des niveaux variés de vulnérabilité au changement climatique mais également par différentes capacités d’adaptation (ibid). Les PEID en Afrique sont diversement vulnérables et donc sont exposés à de multiples défaillances, y compris le changement climatique. Ils se particularisent par différents niveaux de capacité d’adaptation. Bien que

tous les PEID d’Afrique sont confrontés à des défis de développement, trois sont des PMA (Comores, Guinée-Bissau et Sao Tomé-et-Príncipe), et sont donc particulièrement vulnérables aux impacts du changement climatique. Cela dit, il existe de nombreuses façons par lesquelles les PEID d’Afrique facilitent de façon proactive le développement durable tout en répondant au risque posé par les impacts du changement climatique. Ce document attirera l’attention quant à la vulnérabilité particulière des PEID d’Afrique en rapport avec le changement climatique et mettra en exergue quelques-uns des efforts de renforcement de la résilience en cours pour lutter contre le changement climatique dans les secteurs économiques clés du tourisme, de l’agriculture, de la pêche et de l’énergie renouvelable des PEID en Afrique mais aussi les opportunités de renforcer lesdits efforts.

La littérature sur les PEID demeure très prolifique.

Cependant, les vulnérabilités spécifiques des PEID en Afrique sont souvent renfermées dans des grands récits des PEID qui, souvent, ne donnent pas toute l’histoire des possibilités qui peuvent être exploitées dans le cadre des PEID d’Afrique en rapport avec le changement climatique comme sous-jacentes.

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II. CARACTÉRISTIQUES DES PEID D’AFRIQUE

A. LOCALISATION ET POPULATION

Les six PEID d’Afrique sont situés dans l’océan Atlantique au large de la côte Ouest du continent (Cabo Verde et Sao Tomé-et-Principe), pays côtier sur le continent (Guinée-Bissau) et l’océan Indien occidental au large de la côte Est du continent (Comores, Maurice et Seychelles) (Carte 1). La Guinée-Bissau est le PEI africains le plus peuplé, suivi par Maurice, les Comores, le Cabo Verde, Sao Tomé-et-Principe et les Seychelles (tableau 1). La superficie, le pourcentage de terres arables, le pourcentage de la population vivant sur 10 km2 et d’autres variables sont exposés dans le même tableau.

Carte 1: Localisation des PEID d’Afrique

Tableau 1: Superficie, population et autres variables dans les PEID africains

Variables Cabo

Verde Comores Guinée-

Bissau Maurice Sao Tomé-

et-Principe Seychelles

Population1 494 401 717 503 1 663 558 1 291 456 188 098 88 307

Superficie (km2)2 4 030 1 861 28 120 2 030 960 460

Terres arables (pourcentage par

rapport à la superficie totale)3 11,7 41,7 10,7 38,4 9,1 2,2

Pourcentage de la population

vivant à 10 km du littoral4 96 100 41 72 97 100

Pourcentage de la population urbaine dans les zones côtières de basse altitude5

38 40 82 75 100 100

Pourcentage de la population

vivant en zone urbaine 63,4 28 45 42 63 54

1. Données de la Banque mondiale (2012) voir: http://data.worldbank.org/indicator/SP.POP.TOTL.

2. Données de la Banque mondiale (2012) voir: http://data.worldbank.org/indicator/AG.LND.TOTL.K2.

3. Données de la Banque mondiale (2012) voir: http://data.worldbank.org/indicator/AG.LND. ARBL.ZS 4. Voir: http://sedac.ciesin.columbia.edu/data/set/nagdc-population-landscape-climate-estimates-v3 5. Voir: http://sedac.ciesin.columbia.edu/data/set/lecz-urban-rural-population-estimates-v1

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B. DÉVELOPPEMENT HUMAIN

Parmi les PEID d’Afrique, les Seychelles disposent des plus hauts niveaux de développement humain selon le Rapport sur le développement humain du PNUD avec moins de un pour cent de la population seychelloise vivant en dessous du seuil de pauvreté (PNUD, 2013). Le revenu national brut par habitant (RNB par habitant) des Seychelles a augmenté de 10 912 dollars ÉU en 1980 à 22 615 dollars ÉU en 2012 (PNUD, 2013). Maurice a également atteint un niveau élevé de développement. Entre 1980 et 2012, le RNB a augmenté de 275% (ibid). Le pays dispose d’un système de protection sociale de longue date qui fournit gratuitement des soins de santé et l’éducation à ses citoyens mais également un plan de transformation

économique et social pour faciliter le développement continu (République de Maurice, 2013). Bien qu’il n’ait pas atteint le même niveau de développement que Maurice et les Seychelles, avec un RNB par habitant de 3 630 dollars ÉU, le Cabo Verde a connu des progrès de développement importants depuis l’indépendance en 1975 (République de Cabo Verde, 2013) et le Gouvernement élabore un plan de transformation économique visant à faciliter le développement continu (République de Cabo Verde, 2012). Cela dit, une analyse quinquennale de la Stratégie de Maurice a conclu que les PEID ont réalisé des progrès économiques moindres par rapport à d’autres groupes de pays vulnérables, en particulier en ce qui concerne la réduction de la pauvreté et la viabilité de la dette (République de Cabo Verde, 2013).

Tableau 2: Indicateurs de développement humain en 2012

Cabo

Verde Comores Guinée-

Bissau Maurice Sao Tomé-

et-Principe Seychelles Afrique sub-

saharienne Monde Espérance de vie

à la naissance (années)

74,3 61,5 48,6 73,5 64,9 73,8 54,9 70,1

Durée moyenne de scolarisation (années) a

3,5c 2,8f 2,3e 7,2 4,7g 9,4d 4,7 7,5

Durée de scola- risation prévue (années) b

12,7 10,2 9,5 13,6 10,8 14,3 9,3 11,6

Taux d’alpha- bétisation des adultes

84,3h 74,8h 53,2h 88,5h 89,2h 91,8 63,0 81,3

Revenu National Brut (dollars PPA 2005)

3.557 986 1.042 13.300 1.864 22.615 2.010 10.184

IDH (valeur) 0,581 0,429 0,364 0,737 0,525 0,781 0,475 0,694

Note: a= données de 2010 ou de l’année la plus récente disponible; b= données de 2010 ou de l’année la plus récente disponible; c=sur la base de régression de pays en coupe transversale; d= sur la base des estimations du niveau de scolarité de l’Institut de Statistiques de l’UNESCO (2012); e= Sur la base des données de l’enquête par grappes à Indicateurs multiples de l’UNICEF pour 2002-2012; f= Sur la base des données sur la durée de scolarisation des adultes à partir des enquêtes auprès des ménages dans la Base de données internationale de la Banque mondiale sur la répartition du revenu; g= sur la base des données de ICF Macro (2012).

Source: PNUD, 2013.

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Tableau 3: Indicateurs de pauvreté et d’inégalité

Cabo Verde Comores Guinée-

Bissau Maurice Sao Tomé-

et-Principe Seychelles Afrique subsaha- rienne

Monde

Pourcentage des populations vi- vant en dessous de 1,25 dollar par jour (en PPA)

21,0 46,1 48,9 - - 0,3

Coefficient de

Gini du revenu 50,5 64,3 35,5 - 50,8 65,8 - -

Pourcentage de sièges occupés par des femmes au parlement national

20,8 3,0 10,0 18,8 18,2 43,8 20,9 20,3

Taux de par- ticipation au marché du travail (rap- port femmes/

hommes) 2011

0,610 0,437 0,870 0,584 0,570 - 0,85 0,66

Pourcentage de la population vivant en milieu urbain

63,4 28,1 44,6 41,8 63,4 54,0

Source: (PNUD, 2013)

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III. VULNÉRABILITÉ DES PEID D’AFRIQUE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

C’est une ironie du sort que, bien que la petitesse et l’éloignement des PEID en Afrique puissent travailler contre eux, à certains égards, comme le commerce, ces mêmes attributs jouent un rôle important en attirant les touristes et en améliorant leurs profils en tant que destinations touristiques exotiques (Scheyvens et Mommsen, 2008). La petite taille peut rendre plus facile aux PEID de coordonner leur industrie touristique plus efficacement et s’adapter mais aussi innover quant à l'évolution des exigences du marché en capitalisant sur de nouvelles opportunités (Stevens et Mommsen, 2008). Alors que les PEID en Afrique se distinguent en termes de taille, de géographie et de l’emplacement, ils partagent une fragilité écologique similaire de

même qu’une dépendance identique sur les ressources naturelles (tableau 4).

L’agriculture, la pêche et le tourisme sont quelques-uns des principaux secteurs économiques (voir tableau 5) dans les PEID en Afrique, qui sont tous susceptibles d’être impactés par le changement climatique aussi bien que les écosystèmes desquels ces secteurs dépendent. La durabilité de ces secteurs repose sur l’intégrité des écosystèmes. La section suivante se veut décrire quelques-unes des façons dont le changement climatique affecte déjà ces secteurs et quels types d’impacts pourraient être attendus dans le futur.

A. ECOSYSTÈMES

La biodiversité des PEID en Afrique fait partie des plus menacées dans le monde. Certains des écosystèmes manquent de corridors écologiques et de voies de repli comme mécanismes d'adaptation des espèces en Tableau 4: Ressources naturelles et menaces environnementales

Pays Ressources naturelles Effets des menaces environne-

mentales Épuise-

ment des ressources

naturelles

Zone forestière Rareté de l’eau

douce Impacts des désastres naturels

% de GNI

(2010 – 2012) % du total des terres arables

(2011)

% du chan- gement (1990/2011)

% du total des ressources en eau

renouvelables (2007-2011)

Nombre de décès (2005 – 2012)

Populations affectées (2005 – 2012)

Comores 1,1 1,4 -78,3 0.8 5 106.714

Cabo Verde 0,1 21,0 46,7 6.8 2 41.479

Guinée-Bissau 0,5 71,6 -9,2 0.6 41 20.739

Maurice 0,0 17,3 -9,7 26.4 1 689

Seychelles 0,0 88,5 0,0 - 0 38.151

Sao Tomé-et-

Principe 0,7 28,1 0,0 0.3 - -

PEID 4,9 63,0 -3,6 - 479 33.638

Monde 5,3 31,0 -3,5 7.6 12 24.203

Source: PNUD 2013 – Rapport sur le développement humain

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raison du confinement dans des espaces restreints. Les récifs coralliens sont extrêmement importants pour la biodiversité, offrant un habitat à plus de 25% de la faune marine. Ils sont aussi vitaux pour divers services de l’écosystème. Ils fournissent des pépinières pour de nombreuses espèces de poissons commercialement importants, la protection des zones côtières contre les ondes de tempête, et constituent une attraction importante pour l’industrie du tourisme. L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre se traduit par la hausse de la température des océans, ce qui peut induire le blanchissement des coraux. L’un des impacts les plus visuellement spectaculaires du changement climatique sur les coraux a été le blanchissement.

Quand l’océan se réchauffe, la teneur en oxygène diminue, et les coraux deviennent «blanchis» en tant que résultat des dommages à l’endroit des algues qui vivent en symbiose avec les coraux.

B. AGRICULTURE

Le changement climatique représente un défi pour les efforts visant à augmenter la quantité d’aliments produits intérieurement dans les PEID africains.

La diminution attendue de la pluviométrie et

l’augmentation de la température à Maurice devraient réduire les rendements de légumes et d’autres cultures (République de Maurice, 2013). Ce phénomène est déjà en cours aux Comores, ce qui rétrécit les rendements de base comme le maïs et les bananes et menace la sécurité alimentaire (Union des Comores, 2006).

L’on s’attend également à ce que le changement des précipitations et l’augmentation des températures impactent la production agricole au Cabo Verde, où plus de 90% de l’agriculture est pluviale (République de Cabo Verde, 2007). Les inondations affectent déjà la productivité agricole dans les Seychelles (République des Seychelles, 2013). Il se peut que les plus grands impacts du changement climatique sur l’agriculture se fassent sentir en Guinée-Bissau, où 80% de la population dépendent de l’agriculture pour ses moyens de subsistance et où les changements

du régime pluviométrique pourraient se traduire par des importantes répercussions sur les rendements et exacerber la pauvreté (République de Guinée-Bissau, 2006).

C. TOURISME

Le tourisme est une source importante de revenus et détient un énorme potentiel de croissance et de développement dans les PIED d’Afrique. L’industrie du tourisme contribue à 64% du PIB aux Seychelles (République des Seychelles, 2013). Le niveau des mers devrait connaître une augmentation entre 0,45m à 0,82m, ce qui menacerait les infrastructures côtières, aggraverait l’érosion côtière et inonderait les plages impactant ainsi le tourisme (Nicholls, 2014). L’acidification des océans détériorera les récifs coralliens et aura des conséquences sur la vie marine.

La hausse des températures se répercutera sur la biodiversité et réduira la disponibilité de l’eau (Nicholls, 2014). Au fur et à mesure que la détérioration des récifs coralliens et des écosystèmes lagunaires continue, le tourisme et les activités récréatives comme la plongée, le snorkeling et la pêche sportive seront affectés.

D. PÊCHE

L’industrie de la pêche dans les PEID d’Afrique reste également très vulnérable au changement. Dans un scénario de réchauffement de 2°C d’ici à 2050, il est prévu que des changements climatiques conduisent à des pertes de la pêche mondiale d’environ entre 17 et 41 millions de dollars ÉU (Holmyard, 2014). Des preuves anecdotiques en Guinée-Bissau ont démontré que la baisse des précipitations et la hausse des températures ont contribué à la chute de certaines espèces lacustres (République de Guinée-Bissau, 2006).

Aux Comores, l’acidification des océans a entraîné le blanchissement des coraux et la réduction subséquente des stocks de certaines espèces de poissons, réduisant les revenus des pêcheurs et conduisant à un déficit de poissons sur les marchés locaux (Union des Comores,

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2006). Ces impacts pourront à leur tour influencer les cycles de frai des poissons de récif et d’autres espèces marines dépendant des récifs coralliens. L’intensité et la fréquence des événements météorologiques extrêmes peuvent diminuer la sécurité en mer pour les pêcheurs (Daw et al., 2009). Cela a constitué un problème particulier pour Sao Tomé-et-Principe (République de Sao Tomé-et-Príncipe, 2006). Le changement climatique représente donc une menace importante par rapport à la fois aux moyens de subsistance et au bien-être des populations côtières aussi bien qu’aux économies nationales des PEID en Afrique.

E. PERTES ET DOMMAGES

Les différents niveaux de développement ainsi que la géographie et la topographie variables rendent les PEID en Afrique diversement vulnérables aux impacts du changement climatique. Cela dit, l’élévation du niveau marin reste une préoccupation pour tous les PEID d’Afrique. Bien que la quantité et la qualité des données hydrologiques varient, l’on a enregistré l’élévation du niveau de la mer à 3,8 mm / an à l’île Maurice (République de Maurice, 2013). L’acidification des océans affecte certains PEID plus que d’autres, cependant, les Seychelles subsistent comme les plus touchées par le blanchissement (Nurse et al., 2014), lequel, comme élucidée ci-dessus, se traduit par des conséquences importantes sur les

industries du tourisme et de la pêche. De nombreux PEID d’Afrique connaissent une incidence accrue des inondations. De fortes pluies ont provoqué des inondations dans les Seychelles, causant des dommages aux habitations, aux routes et aux infrastructures côtières (République de Seychelles, 2013). Des pluies torrentielles sont devenues plus fréquentes au Cabo Verde et à Sao Tomé-et-Principe endommageant les infrastructures et détériorant la fertilité des terres arables du fait de l’érosion des sols (République de Cabo Verde, 2007;

République de Sao Tomé-et-Príncipe, 2006). Une inondation éclair à Maurice en 2013 a coûté la vie à 10 personnes. De nombreux PEID d’Afrique connaissent aussi des hausses de températures et la baisse de la pluviométrie, ce qui entraîne un risque élevé de sécheresse. Au Cabo Verde, la hausse de températures est très susceptible de conduire à une augmentation de l’aridité, ce qui ne fera qu’aggraver la pénurie en eau (République de Cabo Verde, 2007). La hausse de températures a également été accompagnée par une chute des précipitations aux Comores, mettant de nombreuses rivières à sec et retardant la maturation des fruits tout en réduisant la productivité des principales cultures telles que le maïs et les bananes. La sécurité alimentaire a été menacée (Union des Comores, 2006).

Beaucoup de PEID d’Afrique ont également connu une exacerbation de la fréquence des cyclones et des tempêtes (Union des Comores, 2006; République de Sao Tableau 5: Contribution des secteurs au PIB (en pourcentage)

Pays Cabo Verde Comores Guinée-Bissau Maurice Sao Tomé-

et-Principe Seychelles

Année 2006 2011 2006 2011 2006 2011 2006 2011 2006 2011 2006 2011

Agriculture, foresterie, pêche et chasse

9,4 8,2 41 43,9 43,6 40,3 5,2 3,5 17,7 19,3 3,4 2,7

Tourisme 8,8 6,8 40,40 43,40 Pas de don- nées

Pas de don- nées

31,10 28,10 9,80 9,30 57,90 63,70

Source: (Banque africaine de développement, Organisation de coopération et de développement économiques, Programme des Nations Unies pour le développement, Commission économique pour l’Afrique, 2012 et Centre africain pour la statistique (CAS)).

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Tomé-et-Príncipe, 2006). A Sao Tomé-et-Principe, cela a conduit aux pertes et aux dommages à l’infrastructure et au capital productif côtiers, tels que des bateaux et du matériel de pêche ainsi que la perte de vies et des moyens de subsistance (République de Sao Tomé-et- Príncipe, 2006) (tableau 6 et la figure 1).

Comme nous l’avons vu dans le tableau 1, pour la Guinée-Bissau, Maurice, Sao Tomé-et-Principe et les Seychelles, le pourcentage de la population vivant dans les villes côtières est extrêmement élevé. L’augmentation du risque d’élévation du niveau de la mer, les inondations et les phénomènes météorologiques extrêmes

affecteront donc de larges segments de la population.

Certains PEID d’Afrique connaissent également les effets en cascade des impacts du changement climatique sur le continent africain. Par exemple, les tempêtes de poussière sont beaucoup plus répandues au Cabo Verde pendant les périodes de sécheresse dans le Sahel (Wong et al., 2014). Il existe également un certain nombre de répercussions sur la santé consécutives au changement climatique. La dengue est répandue en tant que

préoccupation sanitaire au Cabo Verde, aux Comores et à Maurice, dont le risque, comme beaucoup d’autres effets sur la santé, devrait augmenter avec le changement climatique (Niang et al., 2014).

Figure 1: Nombre de désastres, de personnes affectées et pertes économiques

Comores Guinée-Bissau Maurice Sao Tomé-

et-Principe

Seychelles Cabo Verde

60 50 40 30 20 10 0

Nombre de désastres entre Nombre de personnes affectées Total de pertes économiques (en dizaines

Tableau 6: Désastres et pertes entre 1980 et 2014

Pays Longueur côtière

(km) Nombre de désastres

entre 1980 et 2014 Nombre de per-

sonnes affectées Total en pertes écono- miques (dollars ÉU)

1 Cabo Verde 724 12 86.669 3.000.000

2 Comores 340 19 481.539 4.7804.000

3 Guinée-Bissau 1227 20 302.847 Pas de données

4 Maurice 839 16 51.951 421.373.000

5 Sao Tomé-et-Prin-

cipe 170 3 94.063 Pas de données

6 Seychelles 151 6 25.763 41.000.000

Total 3.451 76 1.042.832 513.177.000

Source: http://www.emdat.be

(15)

IV. LE PARADOXE DES PEID D’AFRIQUE

Alors que les PEID d’Afrique se différencient en termes de taille, de géographie et d’emplacement, ils partagent une fragilité écologique et une dépendance sur les ressources naturelles. L’agriculture, la pêche et le tourisme constituent quelques-uns des secteurs clés de l’économie dans les PEID africains, qui sont tous susceptibles d’être affectés par les impacts du changement climatiques. La section suivante décrit quelques-unes des façons dont le changement climatique affecte déjà ces secteurs mais aussi les types d’impacts auxquels l’on pourrait s’attendre pour l’avenir. Le paradoxe est que les PEID d’Afrique peuvent exploiter des dotations clés en ressources naturelles et les transformer en actifs qui vont métamorphoser leurs économies ainsi que les vies et les moyens d’existence des populations, dont beaucoup dépendent de

ressources. Cependant, la réalité est que ces secteurs de production sont fortement exposés aux effets des changements climatiques. Par conséquent, les PEID d’Afrique passent la plupart du temps en train d’essayer de renverser les tendances plutôt que de profiter pleinement des avantages maximaux qui viendront avec un secteur touristique en plein essor, un secteur agricole petit mais potentiellement fort et compétitif, et une industrie de la pêche qui aspire à nourrir sa population et à maximiser son capital riche. Les PEID en Afrique ont tendance à s’appuyer fortement sur leurs océans en tant que pourvoyeurs d’emplois et pilier de leurs petites économies fragiles. Les PEID sont souvent perçus comme un «refuge choisi» pour les touristes de partout dans le monde avec de belles plages et des récifs coralliens qui constituent la pierre angulaire de leurs économies.

Pourtant, même avec de tels actifs, les PEID d’Afrique restent encore plus insulaires et à distance dans leur lutte contre le processus biophysique que revendiquent leurs ressources, ce qui affecte leur capacité à

construire un avenir durable pour leurs citoyens en

réduisant considérablement leur marge de manœuvre en termes d’exploitation de leur secteurs agricole, de la pêche et du tourisme. La résilience des PEID sur le plan de leur capacité à rebondir contre les chocs et les extrêmes climatiques est constamment compromise par un ensemble de processus biophysiques complexes qui concourent à réduire davantage la capacité

d’adaptation des agriculteurs et des pêcheurs dans les PEID d’Afrique et les exposent à de nouveaux menaces et risques qui se trouvent souvent au-delà de leurs seuils d’adaptation. Les menaces que les changements climatiques imposent aux PEID d’Afrique constituent également un autre défi qui désactivera et fera dérailler vraisemblablement les processus déjà entrepris par de nombreux PEID qui cherchent à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Beaucoup de PEID en Afrique disposent d’atouts clés qui peuvent être transformés en une mine d’or pour sortir leurs populations de la pauvreté. Cependant, il existe un certain nombre de défis qui doivent être respectés, ne fut-ce que le fait de transformer structurellement des économie relativement fragiles;

un secteur agricole qui n’est pas parvenu à procéder à un redressement complet et reste principalement engorgé sur de petites exploitations et l’agriculture de subsistance; et une industrie du tourisme dont les gouvernements n’ont pas réussi à «déplacer» le changement climatique grâce à une infrastructure robuste et une base technologique comme leviers clés d’une gestion de variations et des déterminants climatiques.

La transformation économique et sociale a été inaccessible pour certains PEID d’Afrique, si ce n’est pas tous, et cette transformation est rendue difficile en raison d’un certain nombre de faiblesses qui sont fonctions de petits États, à savoir une faible main-d’œuvre qualifiée, des infrastructures de base pauvres, et des investissements limités en termes d’investissements technologiques avec un secteur agricole en retard. Pourtant, des pays comme Maurice,

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les Seychelles et le Cabo Vede ont, à des degrés divers, dépassé ces contraintes pour revigorer leurs économies en tant que pourvoyeurs de services, et ont maintenu la croissance économique à un niveau raisonnable.

Cependant, les contraintes réelles n’ont pas disparu, même avec une croissance économique «en déclin»

dans les PEID, de nombreux PEID d’Afrique n’ont pas été en mesure de jeter les bases d’une politique industrielle et des infrastructures commensurables qui feront transformer leur «richesse océanique» en gros dividendes, et ainsi aider à mettre en place des mesure qui permettront de prévenir les effets néfastes du changement climatique. Le paradoxe des petits réside dans le fait que les filets de sécurité, souvent associés au capital naturel ne sont pas suffisamment «larges»

pour couvrir et isoler les PEID africains des risques et des menaces majeurs, lesquels sont également fonction de leur petitesse et de leur insularité. Le défi, ou les dilemmes, réside dans le fait que les éléments clés de leurs économies productives qui constituent

des précieuses lignes de vie sont aussi leur principal talon d’Achille, étant donné que ces secteurs, tout en constituant le noyau des économies des PEID, demeurent les plus vulnérables aux impacts du changement climatique à savoir l’agriculture, la pêche, la sylviculture. La trajectoire vers une économie bleue et verte viable dans les PEID en Afrique est fortement fondée sur la manière dont ces ressources sont gérées, et sur l’appui institutionnel et les infrastructures créées pour exploiter ces nouveaux domaines de croissance.

Le potentiel pour développer le secteur de la pêche et l’exploiter à travers la chaîne de valeur est largement sous-exploité. Le changement climatique soit multipliera ces menaces, soit offrira de nouvelles possibilités aux gouvernements pour repenser des stratégies d’adaptation novatrices qui permettront d’améliorer la résilience des systèmes agricoles et de la pêche actuels et faciliteront la création d’emplois dans ces secteurs sensibles au climat.

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V. EXPRIMER LES BESOINS DES PEID SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

En reconnaissant leur vulnérabilité particulière au changement climatique et les défis posés au développement durable par certaines de leurs

caractéristiques communes, les PEID ont crée l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) en 1990 dans le but d’exprimer leurs besoins et défis collectifs dans les arènes internationales, y compris les négociations sur les changements climatiques en vertu de la Convention- cadre des Nations Unies sur les changements

climatiques (CCNUCC). La communauté internationale a également reconnu la vulnérabilité particulière des PEID aux risques environnementaux lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement à Rio de Janeiro en 1992 (CCNUCC, 2005). En 1994, lors d’une conférence mondiale sur le développement durable, le Programme d’action de la Barbade (PAB) a été lancé, lequel a mis en évidence la vulnérabilité des PEID, les domaines prioritaires définis pour le développement durable, et a souligné la nécessité d’une coopération régionale et le rôle de la communauté internationale pour l’appui des PEID quant au développement durable (UN, 1994). Le

document a défini un certain nombre de mesures qui pourraient être prises aux niveaux national et régional pour faire face aux impacts du changement climatique (voir encadré 1). En 2005, le PAB fut revu et la Stratégie de Maurice pour la poursuite de l’application du

Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement (MSI) fut mise sur pied (Assemblée générale des Nations Unies, 2005).

La MSI a réaffirmé la menace posée par le changement climatique aux objectifs de développement durable - et dans certains cas, à l’existence même des PEID et a affirmé que l’adaptation reste une priorité pour ces pays (Assemblée générale des Nations Unies, 2005).

Le document a renforcé davantage les dimensions sociales et économiques pour le PAB en plaçant un accent plus ciblé sur certaines questions, telles que la culture, la santé et la gestion des connaissances, l’éducation pour le développement durable, la consommation et la production (ibid). La MSI a

encouragé la communauté internationale à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique, y compris le développement, le transfert et la diffusion de technologies et la provision d’un appui financier pour aider les PEID à faire face aux impacts du changement climatique (ibid).

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Encadré 1. Actions pour lutter contre le changement climatique aux niveaux national, régional et international du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement (Assemblée générale des Nations Unies, 1994)

Action, politiques et mesures sur le plan national

1. Assurer la ratification rapide ou l’adhésion à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements clima- tiques.

2. Contrôler, enquêter et recueillir des données sur le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer.

3. Formuler des politiques globales en matière d’ajustement et d’atténuation de l’élévation du niveau de la mer dans le contexte de la gestion intégrée des zones côtières.

4. Évaluer les effets et les implications socio-économiques de l’impact du changement climatique, de la variabilité du climat et de l’élévation du niveau de la mer.

5. Entreprendre une cartographie de la vulnérabilité en vue d’éclairer des stratégies d’adaptation.

6. Renforcer la compréhension des impacts potentiels du changement climatique.

7. Rassembler des informations sur l’ensemble des questions pertinentes à la planification de l’adaptation.

8. Promouvoir l’efficacité énergétique dans le contexte du développement durable et minimiser les effets du change- ment climatique sur le développement durable.

9. Participer à des programmes bilatéraux, régionaux et mondiaux pour cartographier et évaluer les impacts du changement climatique.

Action sur le plan régional

1. Créer et/ou renforcer les programmes visant à améliorer la capacité d’évaluer les impacts du changement climatique.

2. Développer et/ou renforcer les méca- nismes pour faciliter l'échange d'informa- tions et d'expériences et promouvoir le transfert de technologie.

3. Appuyer les Parties pour ratifier et assumer les responsabilités en vertu de la Conven- tion-cadre des Nations Unies sur les chan- gements climatiques.

4. Appuyer les efforts nationaux visant à développer des stratégies et des mesures d’adaptation aux changements climatiques ainsi que l’élaboration de directives et de méthodologies techniques pour faciliter l’adaptation appropriée aux changements climatiques.

Action sur le plan international

1. Mise en œuvre immédiate de la Convention-cadre sur les changements climatiques.

2. Appuyer les PEID dans le développement de plans de gestion intégrée des zones côtières.

3. Améliorer l’accès aux ressources pour appuyer le suivi et l’éva- luation des impacts du changement climatique et l’élabora- tion et la mise en œuvre des stratégies d’adaptation.

4. Améliorer l’accès à l’information et faciliter le partage de l’information.

5. Assurer l’accès aux technologies énergétiquement efficaces et respectueux de l’environnement pour aider les PEID dans la conservation de l’énergie.

6. Soutenir les activités des organisations intergouvernemen- tales, régionales et sous-régionales dans leur travail pour aider les PEID à évaluer et atténuer les impacts du changement climatique.

7. Fournir un meilleur accès aux ressources financières et techniques pour aider les PEID, qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique, à assumer les coûts associés à l’élaboration des stratégies, des mesures et des méthodes nationales et régionales pour facili- ter une adaptation appropriée aux changements climatiques .

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VI. LIBÉRER LE POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT DES PIED D’AFRIQUE

Les PEID d’Afrique ont tous déployés des efforts considérables pour faire face aux effets du changement climatique sur leur développement national aussi bien que le respect des processus mondiaux en réponse au changement climatique en tant que signataires de la CCNUCC. Des stratégies nationales de changement climatique existent au Cabo Verde, à Maurice et aux Seychelles. Les Comores, la Guinée-Bissau et Sao Tomé- et-Principe sont à des stades variables d’élaboration de stratégies de changement climatique, mais ils sont également concentrés sur la mise en œuvre de leur NAPA et l’élaboration de plans nationaux d’adaptation (NAP). Il existe encore des réformes stratégiques que les PEID d’Afrique doivent mettre en place en vue de l’alignement de leurs économies sur des voies à faible émission de carbone, résilientes au changement climatique, et à établir des alliances et des partenariats stratégiques dans la promotion de leurs intérêts pour le développement dans des cadres collaboratifs. Les domaines clés d’intervention de ces changements de paradigme sont décrits ci-dessous.

A. ÉCOLOGISATION DE L’ÉCONOMIE

Exploiter les potentialités intrinsèques des PEID d’Afrique en dépit du paradoxe des petits et de l’éloignement entraînera un changement transformationnel vers une économie verte. Cela est essentiel pour la sauvegarde des ressources naturelles base de l’économie et la fourniture d’opportunités en termes de moyens de subsistance telles que la richesse et l’emploi, et le déplacement de la sécurité énergétique sur des sources renouvelables. Les mesures pour la réalisation de ceci nécessitent d’être intégrées dans les politiques sectorielles et nationales et dans les réponses opérationnelles. Certaines des réformes nationales en

cours ainsi que des suggestions d'amélioration sont passées en revue dans le cadre des secteurs clés.

1. L’AGRICULTURE – AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Une quantité importante d’aliments consommés dans les PEID d’Afrique est importée. Le Cabo Verde (80%), Maurice (75%) et les Seychelles (70%) sont les plus grands importateurs parmi les PEID ce qui les rend très vulnérables aux effets externes tels que les fluctuations de prix, les choix dans les matières premières et les normes de qualité alimentaire.

Promouvoir la consommation d’aliments localement produits et augmenter la production alimentaire nationale sont là deux des principales stratégies mises en œuvre par Maurice pour arriver à une appropriation absolue de la gestion de leur sécurité alimentaire. La quantité de terres arables dans les PEID d’Afrique est limitée (tableau 1). Cependant, il existe des possibilités d’accroître la productivité agricole. L’amélioration de la production agricole suppose une amélioration des techniques agricoles en particulier sous une offre limitée d’eau. Le Cabo Verde, avec la mise en œuvre de la technologie d’irrigation au goutte à goutte, a été en mesure d'atteindre l’augmentation de 20% du potentiel des terres irriguées dans le pays.

2. LA PÊCHE

L’industrie de la pêche est culturellement et nutritionnellement importante, et constitue une source importante de protéines alimentaires ainsi qu’une source de revenus pour beaucoup de gens dans les PEID en Afrique. La République de Maurice, par exemple, a créé six réserves de pêche et deux parcs marins sur l’île principale de Maurice et quatre réserves marines, des zones de réservés pour un parc marin et trois pêcheries sur l’île de Rodrigues (République de Maurice, 2013). Dans le processus d’élaboration d’un plan pour transformer l’économie maritime, le Cabo Verde a identifié un certain nombre de défis, notamment un environnement institutionnel

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faible et fragmenté, que le gouvernement prévoit de traiter à travers le développement de capacité institutionnelle, l’investissement dans des infrastructures et d’équipements modernes, et le développement du capital humain (République de Cabo Verde, 2009).

Ainsi, en intégrant le changement climatique dans ces processus de développement, l’on renforcerait la résilience de la biodiversité côtière et marine laquelle, à son tour, réduirait la vulnérabilité des populations dont la subsistance dépend d’elle (République de Cabo Verde, 2009). Les politiques de gestion côtières et de la pêche seront grandement améliorées si elles sont appliquées en collaboration avec les pêcheurs locaux. (Hauzer et al., 2013). Fournir aux petits pêcheurs et travailleurs de la pêche l’accès au financement, à l’assurance et au marché tout en investissant dans les infrastructures et en améliorant les organisations de producteurs et de négociants les aidera à tirer plus d’avantages de l’industrie de la pêche. La recherche-développement (R-D) sera essentielle pour les PEID d’Afrique dans la production et la transformation des produits de la pêche locale en vue de générer des rendements économiques élevés et accroître les possibilités d’emploi.

3. LE TOURISME

Le tourisme est une importante industrie avec une contribution significative aux économies nationales des PEID d’Afrique (voir tableau 5). En 2010, le Cabo Verde, par exemple, a mis en œuvre le Plan stratégique pour le tourisme, qui a désigné des zones spécifiques pour la conservation en raison de leur importance en tant que ressources naturelles et paysages pour le tourisme (République de Cabo Verde, 2013). Le plan directeur du tourisme durable 2012-2020 aux Seychelles vise à renforcer sa position sur le marché international, et à accroître la propriété et la participation des Seychellois dans l’industrie (DAES, 2010). À Maurice, le plan stratégique du secteur du tourisme (2009-2015) décrit une stratégie pour le développement durable de l’industrie touristique ainsi que pour développer un produit touristique de haut niveau en vue d’augmenter

les recettes industrielles (République de Maurice, 2012).

La stratégie énergétique à long terme (2009-2025) passe en revue les mesures pour améliorer l’efficacité énergétique dans le secteur du tourisme, y compris au moyen de systèmes d’eau à énergie solaire, des technologies énergétiquement efficaces et en donnant des possibilités aux touristes de compenser leurs vols en faisant don à des projets énergétiques durables dans le pays (République de Maurice, 2009).

Sur la base de l’importance de l’industrie du tourisme à l’économie dans certains PEID d’Afrique, de grandes possibilités subsistent pour élargir les potentiels de croissance similaires à d’autres PEID d’Afrique.

Les processus d’infrastructure et de transaction qui caractérisent le secteur peuvent être encore améliorés afin de renforcer leur efficacité et leur efficience grâce à des mesures de transformation vertes dans l’amélioration des marges bénéficiaires actuelles.

Pour augmenter les bénéfices du tourisme au profit de l’économie locale, le transfert d’investissement étranger et de la technologie sont nécessaires afin de moderniser et développer les infrastructures touristiques (Assemblée générale des Nations Unies, 2005). En plus, la participation sociale plus large dans la planification et le développement est indispensable pour s’assurer que les avantages sont largement diffusés (ibid). Les liens avec d’autres secteurs de l’économie permettront de s’assurer que plus de profits de tourisme resteront dans les économies locales et nationales (ibid). Par exemple, aux Seychelles, l’on a toujours noté des tensions entre les industries touristiques et celles agricoles, qui auraient pu être adoucies si, celles-ci profitaient plutôt aux uns et aux autres grâce à la fourniture d’aliments locaux aux hôtels, ce qui pourrait à son tour améliorer les économies locales. Il est nécessaire que les processus de planification répondent mieux aux questions telles que la capacité de charge, l’offre et la demande touristique, l’utilisation des ressources et l’impact économique, socioculturel et environnemental et

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intègrent les points de vue et les besoins d’un éventail de parties prenantes plus large afin de s’assurer que les objectifs de réduction de la pauvreté et de développement sont maximisés.

Il existe beaucoup de potentiel pour l’élaboration davantage de cadres pour la gestion intégrée des zones côtières, cadres qui peuvent jouer un rôle dans la planification de l’adaptation et faciliter la mise en place de stratégies de développement durable qui tiennent compte de la disponibilité de ressources environnementales, socioculturelles et institutionnelles (Cambers, 2001). Ces processus doivent intégrer les besoins d’un éventail de parties prenantes concernées (Ibid). Le développement du tourisme et de la gestion de l’environnement devraient se soutenir mutuellement en identifiant et en développant des moyens pour répondre à des marchés de niche spécifiques, en particulier dans le tourisme en nature et culturel, et l’implication des populations locales dans l’identification et la gestion des zones naturelles protégées mises de côté pour l’éco-tourisme (Bureau du Représentant spécial pour les États sans littoral, 2011). Des mesures devraient être prises pour aider le secteur du tourisme à s’adapter à un climat en mutation et à protéger et créer des opportunités de subsistance pour les communautés. Ainsi, il est important que les pauvres en particulier participent aux processus de planification, de développement et de mis en œuvre, et reçoivent une formation qui leur permet de bénéficier d’activités (Neto, 2003).

La forte dépendance au secteur du tourisme

pourrait avoir un inconvénient, à savoir augmenter la vulnérabilité des PEID d’Afrique par rapport aux chocs exogènes (Neto, 2003). Les ressources naturelles sont souvent la raison principale des touristes à visiter ces PEID dans des endroits éloignés et lointains. Les plans de la diversification et de la gestion des capacités de charge des îles doivent être établis pour préserver les ressources pour les générations futures.

4. L’ÉNERGIE RENOUVELABLE

Les ressources énergétiques renouvelables comme l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire, la géothermie, la biomasse et l’énergie des vagues peuvent potentiellement réduire la forte dépendance aux importations de pétrole ainsi que de créer des emplois et des opportunités d’affaires pour les PEID d’Afrique.

Un mélange de quatre réformes clés (priorisation politique pour attirer les investissements; cadre de marché de l’investissement, planification technique pour l’investissement et le renforcement de capacités pour mettre en œuvre l’investissement), les petits États insulaires peuvent attirer des investissements pour des ressources énergétiques renouvelables rentables.

Actuellement, le Cabo Verde a développé une stratégie visant à générer 50% de son énergie à partir des sources renouvelables d’ici 2050 (République de Cabo Verde, 2013) tandis que Maurice a élaboré à la fois le plan d’action stratégique de l’énergie (2011-2015) et la stratégie énergétique à long terme (2009-2025) dans le but d’accroître l’utilisation des énergies renouvelables à 35% d’ici 2025 en recourant aux incitations financières et aux réductions d'impôts, entre autres politiques (République de Maurice, 2013). Les Seychelles ont approuvé la Loi sur l’énergie qui permet aux producteurs d’électricité indépendants de vendre de l’énergie renouvelable au réseau national, et également se sont engagées à diversifier leur approvisionnement énergétique dans le but de tirer 15% de

l’approvisionnement total en énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030 (AOSIS, 2012). Les Comores, la Guinée-Bissau et Sao Tomé-et-Principe sont encore en train d’élaborer des politiques d'énergies renouvelables.

Toutefois, le Gouvernement de Guinée-Bissau reconnaît le fort potentiel pour l'énergie éolienne, solaire et même l'énergie marémotrice qui existe en Guinée-Bissau et a été en grande partie inexploré (République de Guinée-Bissau, 2006). Le financement international et les supports technologiques seront cruciaux pour la réalisation de tels potentiels existants.

En ce qui concerne le secteur privé, d’importantes possibilités d’investissement existent dans les énergies

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renouvelables au sein des PEID d’Afrique en s’appuyant sur les potentiels existants et les réformes politiques nationales qui ont créé l'environnement propice aux affaires en transformant le paradoxe des petits et de l’éloignement.

Piloter de nouvelles technologies pour les énergies renouvelables dans les PEID d’Afrique présente une opportunité de trouver des combinaisons énergétiques plus efficaces dans les pays où les technologies

conventionnelles sont chères (Chen et al., 2007). Par exemple, de bonnes conditions de vent au Cabo Verde ont incité l’installation de plusieurs parcs éoliens (Pelc et Fujita, 2002).

L’élaboration des énergies renouvelables est à forte intensité de capital, ce qui nécessite beaucoup plus d’investissements en début de période plutôt que de la technologie énergétique conventionnelle (Sovacool, 2013). L’on devra donc mobiliser des ressources externes et mettre au point des incitations et des cadres réglementaires pour faciliter le processus de transformation. Pour aider les PEID d’Afrique à transformer leurs secteurs énergétique d’une manière qui facilite le développement pro-pauvres, des engagements à long terme seront nécessaires par les partenaires de développement pour fournir et faciliter l’investissement, attirer des capitaux privés et transférer des connaissances (Malyshev, 2009).

B. LA COOPÉRATION RÉGIONALE

Bien que géographiquement disparates et dispersés dans des endroits éloignés, les PEID d’Afrique pourraient bénéficier grandement de l’établissement de partenariats de collaboration pour défendre leurs intérêts communs dans des fora régionaux et internationaux, et mettre en commun leurs ressources pour le plaidoyer et la mise en œuvre d’actions

communes. La mise en place d’une institution régionale similaire au secrétariat du Programme régional du Pacifique (SPREP), qui fournit une plate-forme pour le

partage de l’expertise et de la surveillance, serait un modèle crucial pour les PEID d’Afrique.

Les PEID d’Afrique se sont engagés dans les efforts mondiaux pour réduire le risque d’événements extrêmes à travers le Cadre d’action de Hyogo de la Stratégie internationale des Nations Unies sur la prévention des catastrophes. Bien que la réduction des risques de catastrophe continue de constituer une priorité en matière de politique dans les PEID, les contraintes de capacités et les ressources financières limitées ont entravé la mise en œuvre, l’évaluation et la présentation des programmes et des politiques dans le cadre du HFA (DAES, 2010).

Les PEID comptent généralement beaucoup sur le commerce pour stimuler la croissance économique. Les flux commerciaux sont beaucoup plus élevés dans les PEID que dans tous les autres pays en développement (PED) et les pays les moins avancés (PMA). Leur ouverture commerciale couplée à de longues distances pour l’exportation induit de coûts unitaires élevés des produits de base et des services et un avantage non-concurrentiel des biens échangeables produits localement (Boot et Biasca, 2012). Les économies d’échelle par le biais de transactions volumétriques accrues peuvent être considérablement renforcées par un cadre et une coopération régionales qui n’existent pas pour les PEID d’Afrique.

Malgré que leur petitesse et éloignement peuvent travailler contre eux, à certains égards, ces mêmes caractéristiques peuvent jouer un rôle important en attirant les touristes et en accroissant leur profil en tant que destinations touristiques exotiques (Stevens et Mommsen, 2008). En plus, leurs petites tailles peuvent rendre plus facile aux PEID de coordonner l’industrie du tourisme et s’adapter mais aussi innover quant aux changements des exigences du marché et capitaliser sur de nouvelles opportunités (ibid). Ceci rend donc primordial l’établissement d’une coopération régionale et d’une stratégie touristique régionale pour le partage

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de l’information et l’élargissement de leur base de capacité d’accueil touristique.

La coopération régionale pourrait jouer un rôle dans la conduite du développement des énergies renouvelables dans les PEID d’Afrique. Ces efforts devraient être soutenus par la recherche pour renforcer la compréhension de la façon dont les défis économiques, sociaux, géographiques et climatiques uniques dans les PEID peuvent être surmontés afin de faciliter l’élaboration des énergies renouvelables (Ibid).

Les partenariats public-privé (PPP) peuvent faciliter le partage à la fois des risques et des avantages de la technologie des énergies renouvelables (Savacool, 2013).

C. INSTITUTIONS, GOUVERNANCE ET CAPACITÉS

Créer la résilience au changement climatique dans les PEID exige le renforcement de la capacité d’adaptation, la réduction des risques aux aléas climatiques et la lutte contre les inégalités (Perche, 2010b). Les gouvernements peuvent et ont effectivement abordé à la fois le changement climatique et le développement à travers des politiques nationales qui favorisent la cohérence avec les politiques sous-nationales qui simplifient et regroupent des programmes (Perche, 2010a). L’intégration des politiques est susceptible de promouvoir la coordination entre les ministères de tutelle qui peuvent connaître des priorités et des mandats contradictoires. Aucun secteur seul ne peut lutter contre le changement climatique à lui tout seul.

Par conséquent, la collaboration intersectorielle et le partage des expériences et des meilleures pratiques sont incontournables (Perche, 2010a). Perche et Roy (2011) ont analysé 32 programmes d’action nationaux d’adaptation (PANA) et ont constaté que seulement deux d’entre eux mentionnaient des activités à être entreprises par d’autres ministères. Cela dit, les PANA de la Guinée-Bissau et de Sao Tomé-et-Principe ont

incorporé des cadres multidimensionnels qui se sont intéressés aux liens entre le changement climatique, la pauvreté, le genre et d’autres préoccupations environnementales (Perche, 2010b).

Dans les PEID d’Afrique, il existe un potentiel

significatif pour capter «le carbone bleu» sous forme de protection et de réhabilitation des marais et des mangroves dans les PEID d’Afrique (République des Seychelles, 2013) qui pourraient également se traduire par des avantages en termes d’adaptation et de développement. De tels projets pourraient s’aligner avec le Mécanisme pour un développement propre (MDP) et pourraient également être financés grâce à un fonds de carbone bleu proposé pour soutenir la protection et la réhabilitation des écosystèmes côtiers et marins.

D. LE TRANSFERT DE

TECHNOLOGIES – FAVORISER L’INNOVATION

Un potentiel important pour développer et mettre en œuvre des technologies d’énergies renouvelables est réel dans les PEID d’Afrique. Une gamme d’outils est disponible pour améliorer l’accès aux marchés, y compris les partenariats public-privé. Cela exige la mise en place de politiques appropriées en vue d’encourager l’investissement étant donné que les énergies renouvelables sont à forte intensité de capital et nécessitent un investissement colossal.

Des investissements substantiels seront indispensables pour créer les technologies et les compétences requises aux fins de soutenir le développement à faible émission de carbone dans les PEID d’Afrique, mais l’expansion des marchés et le renforcement de l’accès aux énergies renouvelables disposent de beaucoup de potentiel en tant que stratégie pour atteindre les objectifs de développement tout en faisant face au changement climatique.

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VII. PERSPECTIVES

Ce rapport a montré que les PEID d’Afrique sont hautement vulnérables aux changements climatiques tout comme le sont la plupart des secteurs dont leurs économies dépendent. Alors, quelles sont les possibilités à l’endroit des PEID pour transformer leurs vulnérabilités et mieux se préparer à l’impact du changement climatique afin d’assurer leur durabilité?

A. MAXIMISER LES AVANTAGES MUTUELS

Les PEID d’Afrique sont déjà aux prises avec une série de défis de développement. Le changement climatique ajoute une couche de complexité au paysage politique.

Un cadre solide de politiques de développement en faveur des pauvres permettra d’améliorer la résilience au changement climatique et réduire les pertes et les dommages de ses impacts. Bien que la contribution des PEID aux émissions globales soit minime, l’on peut noter beaucoup d’avantages qui peuvent être atteints en combinant des stratégies de développement, d’adaptation et d’atténuation. Des activités telles que la fourniture d’énergie propre pour l’usage domestique peut améliorer la santé et le bien-être, en particulier celui des femmes. Des stratégies pour la capture du

«carbone bleu» comme la protection et la réhabilitation des mangroves côtières peuvent assurer une protection contre les ondes de tempête, mais sont encore au stade d’élaboration.

Afin de maximiser les avantages de secteurs dépendant du climat, tels que la pêche et le tourisme, par rapport à l'économie nationale, il est important que les profits de ces industries demeurent dans le pays dans la mesure du possible. Pour le tourisme, il faudra réduire cette fuite en augmentant les moyens par lesquels les activités touristiques sont la propriété nationale. Les liens avec les industries locales telles que l’agriculture veilleront également à ce que le tourisme favorise le développement au niveau local. Dans le cas de la pêche

au niveau national, les PEID d’Afrique sont en train de capitaliser sur les ressources marines en concluant des accords commerciaux qui les aident à trouver des débouchés aux exportations de poissons. Malgré tout, il faudra mettre en place des politiques pour aider les petits pêcheurs à tirer profit de la pêche.

Afin de s’assurer de la durabilité de la pêche, les PEID d’Afrique devront mettre en œuvre des politiques de protection et de conservation à l’image de ce que Maurice a réalisé.

B. FAVORISER L’INNOVATION

L’on note un potentiel important pour développer et mettre en œuvre des technologies d’énergies renouvelables dans les PEID d’Afrique. Une gamme d’outils susceptible d’augmenter l’accès aux marchés reste disponible, y compris les partenariats public-privé.

Cela exige la mise en place de politiques appropriées afin d’encourager l’investissement étant donné que les énergies renouvelables sont à forte intensité de capital et nécessite un investissement important. Il faut assurer des subventions pour les énergies renouvelables, et arrêter progressivement celles de l’énergie

conventionnelle. En outre, l’on se doit de concevoir des politiques pour inciter davantage l’efficacité énergétique, bien que de nombreux PEID d’Afrique réalisent des progrès considérables dans ce domaine.

C. INVESTIR DANS LE CAPITAL SOCIAL

Dans la relance et le respect des stratégies des communautés vulnérables, le fait d’investir dans le capital social améliore les chances de pouvoir rebondir après des catastrophes.

D. CIBLER LES INTERVENTIONS EN FAVEUR DES PAUVRES

Alors que le tourisme, l’agriculture, la pêche et les énergies renouvelables peuvent apporter des avantages

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importants pour les économies nationales, les bénéfices de la croissance économique ne finissent pas toujours par profiter à ceux qui en ont le plus besoin. Ainsi, il est important que les politiques soient pro-pauvres et que l’on recoure aux stratégies de gestion des risques comme l’assurance et les filets de sécurité sociale lorsque les pertes et les dommages causés par les impacts du changement climatique ne peuvent pas être évités.

E. AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Les PEID d’Afrique consomment une quantité importante d’aliments domestiques importées, ce qui les rend vulnérables aux fluctuations des prix. Orienter la consommation vers les produits alimentaires locaux et accroître la production alimentaire intérieure constituent deux des stratégies mises en œuvre par Maurice pour renforcer la sécurité alimentaire.

L’amélioration de la production agricole supposera des méthodes agricoles perfectionnées, en particulier dans les PEID caractérisés par un approvisionnement limité en eau. Le Cabo Verde a connu du succès avec l’exploitation de la technologie d’irrigation à goutte à goutte.

F. DES INSTITUTIONS FORTES

Renforcer la résilience au changement climatique requerra des institutions fortes aptes à intégrer les besoins d’un éventail de parties prenantes et jeter les bases de la formulation de politiques et de cadres

réglementaires afin de faire progresser les initiatives d’une économie verte et bleue dans les PEID.

G. COOPÉRATION RÉGIONALE

Les PEID d’Afrique ont besoin de renforcer la maîtrise des impacts des changements climatiques et des stratégies potentielles pour y remédier, y compris la combinaison d’approches de gestion des risques plus adaptées à une variété de contextes. Étant donné que toutes les décisions ont des compromis et des coûts d’opportunité, il sera également important de fournir aux décideurs des informations sur les coûts de mise en œuvre des options de politiques ainsi que les éventuelles pertes et dommages sous-jacents.

Bien que géographiquement disparates, les PEID d’Afrique pourraient bénéficier de la mise en place d’une institution régionale - comme le secrétariat du Programme régional du Pacifique - pour servir de plate-forme pour le partage de l’expertise et de la surveillance.

À cette fin, Clim-Dev Afrique, à travers son secrétariat, le Centre africain pour la politique en matière de climat (CAPC), à la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a lancé des évaluations par pays dans tous les PEID d’Afrique afin d’identifier leurs besoins prioritaires en matière de climat et développement. Selon les résultats de l’évaluation, une gamme d’interventions sera préparée et mise en œuvre pour transformer le paradoxe des risques en opportunités au sein des PEID d’Afrique.

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