M. CHATEL.
Mon ami,cet
habit
est celui d'évêque.UN OUVRIER.
Ah! vous êtes évêque.
Est-ce
aussi à la façon deBarbari?
M. CHATEL.
Air: Avec vous sous le même toit.
Quandlafortune autourdemoi, Va chercherjusquedans la boue Des intrigants de basaloi,
Pourlesmettreauhautde saroue;
Lorsquele FAIT a remplacé
UN OUVRIER. !
C'est différent; vous êtes bienen règle de
c'côté-là.
Mais de quiqu'
vous t'nez vot'droit
denous endoctriner?M.CHATEL.
De moi-même; ne sommes-nous pas libres?
Air: Mon père
était
pot.Le droitdivinest aux abois, Consommons. saruine;
Que delui,l'autelet lesrois Abjurent l'origine
Ma religion, Pleined'abandon, Dont j'offrela recette,
Jenlève lamainî N'arien
de
divin...Car c'est moi qui l'ai faite.
UN OUVRIER.
C'tependant
quand
on tombe comm' ça danàuneville, fautpour mériter
la confiance du public, avoirdesrépon-
dants, despapiers.
' Airv
du clair
de la lune.C'est toujours l'usage Chez les charlatans,
Pour gagner l'suffrage De leurs assistants.
C'n'est pas qu' j épilogue, Mais vous n'pouvez pas Débiter vot'drogue,
Sanscertificats.
M. CHATEL.
Mon
frère,
vous n'êtes donc pas aucourant
de cequisepasseen ville?
Nousy
avons desamis,des soutiens. C'est iciune
occasionpour
moi d'adresser mes témoignagesde reconnaissance aux per- sonnes zéléesqui
se sont donnétant
de peines
pour
nousprocurer
quelques inhumations. La manièredont
nous nous en sommesacquittés
ne laisseplusaucun
doutesur notre
savoir-faire.Il
en serade même de toutes les
autres
fontionsde notre
rôle.Air: Accompagnéde
plusieurs
autres.Nous enterrons fortproprement, Sans prières et sansargent, Ainsique faisaient lesApôtres.
Nous ne prenons rien....
(Gliksantsurlesmois suivants:) Onpaîra Un petit tribut, qui sera
UN OUVRIER.
Accompagné de plusieurs autres.
M. CHATEL.
Non, mon amÍ, nous ne voulons que lebien de nos frères. Nous avons à lafin changecebizarreusagede
parler
à Dieu dans une langue quelaplupart
desfidèles n'entendent pas. C'est ce changement qui fait toute la différence entre notre religionet
cellecatholique,sauf
encore quelques petites réformes, dont le détail serait troplongpour
le moment.Je
suis sûr,mes frères,quevous meremercierez de la liberté que jevous donnedeparler
àDieuenfrançais; car,vousqui m'écou- tez ici, vous nesavezpasun motdelatin.
UNE REVENDEUSE.
Air: Le
curé
de Pomponea
dit.Je ne sais pastant seulement Le latin de cuisine;
Maisje suissûre,enlepriant, Quel'bon Dieume devine.
Je n'irai pas me déranger De mon ancienne route, D'ailleurs ya du danger
A changer:
Nous savons c'qu'il en coûte.
M. CHATEL.
Allons, bonne femme, vous êtes dans les encroûtées; vous tenez à de vieilles habitudes.
LA REVENDEUSE.
Oui,M. l'abbéderencontre; jetiens à mon
clocher,
et vous pouvez merayer
du
nombre devos paroissiennes.M. CHATEL.
Paix,bonne femme, vous troublezla paix céans.
LA REVENDEUSE.
Paix, bonne femme
!
çaveut
dire demetaire.Ah! oui-da, si ça m'faitplaisir.
Ma langue
peut lâcher queuq'
sottises;àdeux doigts de jeu entre nous: mais
du
moins les miennes feront dubruit
etpasdescandale.
M. CHATEL.
Nous faisons hommage
au beau
sexed'une
nouvelle méthode de célébrationdu
mariage,empreinte d'une couleurre-
ligieusetout-à-fait
anacréontique: c'est un genre grectout
piir.Air:
Gai
gai., mariez-vous.Bon,ibon, mariez-vous, Filles, garçons à
la
ronde;Bon, bon, mariez-vous, Rien au monde
N'est plus doux.
Mesdames,j'ailibellé Une messe en style tendre, Jamais Tyrcis ni Sylvandre., N'ont si tendrement parlé.
Bon
, bon, mariez-vous, Filles
, garçons, à laronde; Bon, bon, mariez-vous,
Rien au monde N'est si doux.
Dn sacrementj'ai rayé L'austérité qu'on redoute;
Et c'est au point quel'on doute Quel'on soitbien marié.
Bon, bon, mariez-vous, Filles,garçons, à laronde;
Bon, bon, mariez-vous, Rien aumonde N'est si doux.
UNE COMMÈRE.
Allez
donc marier
vot'filleà c'temode,pour
quelle vous tombequeuq'
mois aprèssur
lesbrasavecun
affront!Point
d'ça,
M. l'abbé Chose. Onn'ira point
àvot' boutique,
entendredeslienriettes, et
vos âne, je ne sais comment
qu'
vous nommez ça. Ma fille semariera
à la manière d'sa mère.V'la quarante
ansqu'
j'suis en ménage; çatient ça, mor-
bleu, plus que vos noces en chansons.
M. CHATEL.
Nous ne gênons personne. Les gens
d'esprit
nouscomprendront
mieux quevous,
bonne femme.LA COMMÈRE.
Quoi
qu'i dit
donc avecsesgens'd'es-prit, c't
évêque decontrebande?
Ças'rait
une sotte chose quel'esprit,
si ça faisait croire à ses balivernes.vous avez envie d'vous
marier
aussi vous?M. CHATEL.
Et pourquoi
pas?UN OUVRIER.
Parbleu
! vous avez bien raison. Dans une Eglise oùn'y
apoint
d'sacrements, onn'a
pas grand'chose àfaire, et vaut autant
alors semarier qu'de
faire pis.UN ARTISAN.
Air : Où
s'en
vontcesgais
bergers.Ce s'rait un honneur bien grand De vous avoir pour gendre;
Mais un chétif artisan Pourrait-ily prétendre? (Faisantle gestedupouce:)
C'tependantma fille a d'ça, Elle est jeune et gentille;
(Lui présentant lamain:)
Eh ! bien,Monsieurl'prélat,touchezlà....
Vous n'aurez pas ma fille.
«
PLUSIEURS VOIX.
Ni la mienne!
UN OUVRIER.
Si c'est là la réponse de
tout
l'inonde,v'ià z'un
prêtre
qui nepourra
semettre
en ménage :c'est
du guignon,j'espère!
M. CHATEL.
Nous avons
apporté
une grande amé- liorationdans la célébrationde l'Office.Nous invitons nos frères à assister à la grande représentation qui
aura
lieu di- manche prochain.J'y remplirai
lepre-
mierrôle. Vous verrez quelque chose de très-satisfaisant.Air : Nous nous marieronsdimanche.
Car de notre rit Nous avonsproscrit L'effrayant et le sévère
Devos oraisons ;
J'aifait deschansons