A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
F RANÇOIS L AUDENBACH
Un principe de prolongement mis en défaut en géométrie symplectique
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 5
esérie, tome 7, n
o2 (1985), p. 161-167
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UN PRINCIPE DE PROLONGEMENT MIS EN DEFAUT EN GEOMETRIE SYMPLECTIQUE
François Laudenbach (1)
Annales Faculté des Sciences Toulouse Vol
V I I,1985,
P 161 à 167(1)
Université Paris-Sud et UA 1169 duCNRS,
Bât.425, Mathématique’
F-91405Orsay
Cédex.Résumé. On aborde un nouvel aspect de la
rigidité
engéométrie symplectique.
Il se peut que laplace
manque pour exécuter uneisotopie
hamiltoniennebalayant
unegrande
aire.Summary.
A new feature of therigidity
insymplectic
geometry is considered. 1 t may be that there is notenough
room in order toperform
a hamiltonianisotopy sweeping
alarge
area.1. - INTRODUCTION
Soit
(M2n,w)
une variétésymplectique
de dimension 2n. Pour une sous-variétéX,
uneisotopie ft :
X ~M,
t E[0,1 ] ,
est dite hamiltoniennesi,
pour tout lacet 7 de X et tout t1,
w = 0 où
Ciy)
est lecylindre singulier engendré
par lest., (7),
0 u t. On peut ëvo-quer l’identité ci-dessus en disant que l’aire
balayée
par y estidentiquement
nulle. Pour un chemina
joignant xo
à x dansX,
on convient d’orienterCt(a)
comme le carré[0,1 ] X [0,1 ] où
lapremière
variable
paramètre
a et où la secondeparamètre l’isotopie.
On introduit alors la fonction de Hamilton à la source K : X X[0,1 ] -~ IR,
définie par :162
L’hypothèse
hamiltonienne affirme que K est une fonction bien définie à l’additionprès
d’unefonction du temps t
(si
X estconnexe).
PrenantKt(xo)
=0, Kt(x)
est la fonction vitesse d’airebalayée
par unsegment
ajoignant
lepoint-base xo
aupoint
x.Si M -~ M est une
isotopie
hamiltonienne et si~pt désigne
la dérivéepartielle
par rapport au temps, le hamiltonien associé est la fonctionHt qui
vérifiel’équation
de Hamilton :(*) dHt=-
l’égalité
étant sous-entendue aupoint
Dans ce cas,l’équation
de Hamilton à la source estM.
Chaperon
m’a transmis l’observation suivante : la fonctionKt
est le hamiltonien(usuel)
del’isotopie t~ ~p t 1.
Lorsque
l’on se donne uneisotopie
hamiltonienneft :
X -~ int M et que l’on cherche à l’étendre enisotopie
ambiante de M(laissant
fixe unvoisinage
dubord),
on voit que non seule- ment le hamiltonienHt
est donné sur mais aussi que son1-jet
est donné lelong
de cettesous-variété. Par
prolongement
des1-jets
defonctions,
on a leprincipe
deprolongement
suivant :Si X est compact
(pour garantir l’intégrabilité jusqu’au
temps1 ),
touteisotopie
hamit-tonienne de
plongements
de X dans l’intérieur de M seprolonge
enisotopie
hamiltonienne ambian- te. Cet énoncé peut être mis sous forme d’un théorème de fibration.Si maintenant ax est non vide et si ôM =
ft(aX),
on sait que lagéométrie
des
lignes caractéristiques
de aM(= lignes
tangentes au noyau de la forme induite par aj suraM)
met en défaut le
principe
d’extension. Maistoujours
dans le cas àbord,
il seprésente
naturelle-ment des
problèmes
deprolongements
dont la mise en défaut est undegré plus
subtil. En voiciun
qui
a retenu mon attention.PROBLEME 1. Soit M une variété
symplectique
ouverte ayant deux composantes de bordaoM, 81 M.
Soit X une sous-variétélagrangienne
compacte, connexe, proprementplongée :
pour i =0,1, aiX
=aiM n
X. Soit a un arcjoignant aoX
à~1X
dans X. Peut-on étendre uneisotopie
hamiltonienne de a rel. 3a en une
isotopie
hamiltonienne de X rel. aX ?(Une isotopie
rel....laisse fixe les
points
de lapartie....)
Voici un autre
problème qui apparaît
dans desproblèmes d’engouffrement
de sous-variétés
lagrangiennes.
PROBLEME 2. Soit X l’anneau
S"’
1 X[0,1 J ,
n >2,
muni d’unemétrique
riemannienneproduit.
Soit M
= { (q,p)
ET*X 1 q EX,
p GT* q X,
Il p IlR ~ ;
X est identifié à la section nulle de T*X.Soit k une fonction
numérique
donnée sur[0,1 J .
Existe-t-il uneisotopie
hamiltonienne de X dans M rel.ôX,
àpartir
de la sectionnulle,
dont la fonction de Hamilton à la sourceKt
vérifieNous démontrerons :
1 )
Si leproblème
1 avaittoujours
uneréponse positive,
il en serait de même duproblème
2.2)
Leproblème
2 a une solution si et seulementsi,
pour tout t E[0,1 ] :
(Observer
que, pour n= 1,
cetteinégalité
estévidente).
Ainsi le
principe
d’extensionposé
dans leproblème
1 est engénéral
mis en défaut.L’inégalité
obtenue au2)
ci-dessus peut sans doute se déduire des récents travaux de Gromov([G]).
Comme l’oncomprend
mieux ce dont on est soi-mêmel’auteur, je
la déduis icide mon travail avec
J.C.
Sikorav(
LS).
2. - IMPLICATION DU PROBLEME 1 SUR LE PROBLEME 2
. 2.1. - Soit A =
S1
1 X[0,1 ] un
anneausymplectique ;
àconjugaison près,
la structuresymplectique
est fixée par l’aire totale. Soit une fonction k :
[0,1 ] -~
IR.Alors,
il existe uneisotopie
hamilto-nienne
ft
de A rel. ôA dont la fonction de Hamilton à la sourceKt
vérifie :K t IS1 X {0}=0
etK t |S1
X111 =k(t).
En
effet,
dans un anneau, on peutprendre
un rayon et lui fairebalayer
une aire arbi-trairement
grande (Figure 1 ).
Figure
12.2. - Il y a
beaucoup
d’anneauxsymplectiques
dans une variétésymplectique :
toute courbefermée
simple
y est l’âme d’un anneausymplectique
A. Cela résulte du théorème de Weinstein([W] ,
lecture5)
sur lesvoisinages
tubulaires de sous-variétésisotropes :
leplongement isotrope
de y dans M s’étend en un
plongement symplectique
d’unvoisinage
de la section nulle du cotan-gent
T*y.
On obtient aisément le
complément
suivant : Soit a un arcsimple
de M et x E int a.Si on choisit le lacet y passant par x de sorte que
0,
on peutimposer
queTXA
soit
engendré
parTx03B3
etTxa. Enfin,
si1 ()
a = x, situationgénérique lorsque
n >2,
on peutimpo-
ser que a soit un rayon de l’anneau A.
2.3. - Prenons les notations du
problème 1,
avec n > 2. SoientXi
les extrémitésde a,
respec- tivement dansôoX
et dansalX.
Considérons un anneausymplectique
A comme en 2.2 et l’isoto-pie
hamiltonienneportée
par A comme en 2.1. Celle-ci fournit uneisotopie
hamiltonienne deplongements
de a rel. aa dont la fonction de Hamilton à la source vérifieKt(xo)
= 0 etKt(x 1 )
=k(t).
En admettant le
prolongement
desisotopies hamiltoniennes,
on aurait uneisotopie
hamiltonienne deplongements
de X dans M dont la fonction de Hamilton à la sourcevérifierait,
si
aoX
eta1
X sont connexes := 0 et
Kt(~1 X)
=k(t),
ce
qui
résoudraitpositivement
leproblème
2.3.
MAJORATION
DE L’AIRE BALAYEELe
problème
2 va être ici résolunégativement
en prenant pour M non pas un tube du cotangent de 1 X[0,1 ] mais
une variétébeaucoup plus
grosse(de
volumeinfini),
conduisantnéanmoins à la meilleure borne pour l’aire
balayée.
3.1. - Soit Y une variété
fermée ;
on écrit :T*(Y
X[0,1 ])
_(T*Y)
X[0,1 ]
XIR,
les deux dernières coordonnées étant notées s, o ; par
extension,
unpoint
de T*Y est noté(y,r~),
y E
Y, 17
ET00FF
Y et la formesymplectique
est - Ady
+ da Ads).
On considèreM C
T*(Y
X[0,1 ])
définiepar
|03C3|1 ;
c’est une variété ouverte à bord :aiM
est défini pars =
i,
i =0,1.
Soit X la section nulle deT*(Y
X[0,1 ])
et a un cheminjoignant aoX =
YX 0 ~ f
à1 ~ }
dans X.PROPOSITION. Au cours d’une
isotopie
hamiltonienne X ~M,
rel.ôX,
oùfo
estl’injection
X
C M,
l’airebalayée
par a est bornée en module par 1. .Remarque.
Cettemajoration
est de toute évidence la meilleurepossible. L’inégalité (**)
s’endéduit aisément.
Démonstration. Il suffit de considérer le cas où
ft
est stationnaire sur unvoisinage
de âX. Soit alorsKt
la fonction de Hamilton à la source avecKt |~oX
= 0. Posonsk(t)
= E IR. Choisissonsune fonction vérifiant :
et
po(s) =
0 pour tout s E[0,1 ] .
On peut alors construire une nouvelleisotopie
hamiltonienne de X dansT*(Y
X[O,lP
par On observe sur ces formules que sa fonction de Hamilton à la sourceKt
choisie nulle sur~0X,
vérifieKt
1a1 X,
mais que,Dans la suite, on fixe t =
to
et on pose a =k(u)du.
On note parXa l’image
duplongement
lagrangien
de X dansT*(Y
X[0,1 ])
donné par la formule :Le
~
théorème de la moyenne dit que
o
(X)
est non vide. Nous démontrerons le lemme suivant : :LEMME. .
1)
Il existe uneisotopie
hamiltonienne ambiante deT*(Y
X[0,1 ]),
â support compact, dont le temps 1conjugue
lesplongements ft
o et .0
2)
Au cours d’une telleisotopie,
l’intersection avecXa
reste non vide. Enparticulier,
ft
o(X) ~ Xa
est non vide.Le
2)
du lemme permet d’achever la démonstration de laproposition ;
sia) > 1,
ft
n’est o(X)
contient au moins unpoint
dont la coordonnée a est de modulesupérieur
à 1.Donc, fto (X)
pas inclus dans M. o
1)
On donneexplicitement
uneisotopie
X -~T*(Y
X[0,1]),
u E[o,to] .
Intro-duisons d’abord la famille de translations
Tu
deT*(Y
X[0,1 ]) :
On pose
gu
=Tu
of
Pour u =0, gu
=ft
et pour u =to , gu
Deplus,
ils’agit
d’une isoto-pie
hamiltonienne. Calculons l’airebalayée
par alorsque
u varie de 0 àuo.
Par la formule deStokes,
c’est la même que cellebalayée
par a au cours del’isotopie
u -~f
u Gsuivie de
l’isotopie
u ~ Tu fuo, u ~[O,uo] .
On trouve alors que cette aire est nulle. Donc la fonction de Hamilton à la source pourl’isotopie gu
estidentiquement
nulle au bord deX,
etmême
près
du bord. Par extension defonctions,
comme il estindiqué
dansl’introduction,
on peut construire uneisotopie
hamiltonienneambiante,
à support compact dans intT*(Y
X[0,1 ]),
induisant
l’isotopie gu.
2)
L’astuce suivante m’a été donnée parJ.C.
Sikorav pour éviter le recours à uneversion à bord de
[LS] .
En identifiant s = 0 et s =1,
on obtient uneprojection
~r :
T*(Y
X[0,1 J) -~ T*(Y
XS1 ). L’image
est legraphe
d’une forme ferméeL’image
03C0to (X) est le graphe
d’une forme fermée cohomologue
à wa
et enfin on a une isotopie
hamil-
tonienne ambiante déformant
03C0fto (X)
en03C0fto (X). Soit T la translation par - wa
dans T*(Y
X S1 ) ;
ainsi est la section nulle et r
1fft (X) s’en
déduit parisotopie
hamiltonienne.D’après [LS],
03C0fto (X) rencontre la section nulle. Donc, f to (X) n X a
est non vide. 0
3.3. - Autre
exemple
d’airebalayée
bornéeOn considère
IR2n
muni de lamétrique
euclidienne et de la formesymplectique
cano-nique.
On écritIR2n
=IRn
X(IRn)*.
On considère la boule unité B deIR2n
et les deux sous-variétés
lagrangiennes
àbord, D1
= boule unité deIRn
etD~
= boule unité de(IRn)*.
On s’inté-resse aux
isotopies
hamiltoniennesft
deDl
dansB,
rel. laissant fixe le centre et telles que, pour tout t,D~ = 0 ~ .
Alors,
on déduit facilement de laproposition
3.1 que l’aire(symplectique) balayée
par un rayon est bornée.
Je
pense que dans ce cas la borne est-, valeur évidente pour n = 1.4
Remerciements.
Je
remercieJean-Claude
Sikorav pour lasimplification importante qu’il
a appor- tée à ce travail.167
REFERENCES
[G]
M. GROMOV.«Pseudo-holomorphic
curves insymplectic
manifolds». Invent. Math.82
(1985),
307-347.[LS]
F. LAU DEN BACH etJ.C.
SI KORAV. «Persistance d’intersection avec la section nulleau cours d’une