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Fiche concours : Peut-on parler d’une révolution keynésienne ? (Chapitre 1-III)

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Économie, sociologie et histoire du monde contemporain, 2

e

édition

© Armand Colin, 2016.

Fiche concours : Peut-on parler d’une révolution keynésienne ? (Chapitre 1-III)

Le nom de John Maynard Keynes (1883-1946) est, depuis longtemps, omniprésent dans les débats économiques que ce soit auprès des médias et du grand public ou dans les cercles plus académiques. Dans les années 1980, il était fréquent de fustiger Keynes et ses enseignements : de « Oublions Keynes » de P. Salin aux Consequences of Mr. Keynes de J. Buchanan, les attaques contre le keynésianisme et le « magicien de Cambridge » selon l’expression de J. Rueff étaient monnaie courante. Cependant, à partir des années 1990 et surtout depuis 2007, la référence positive à Keynes s’est au contraire intensifiée : la récession mondiale de 2008-2009 a été l’occasion de mobiliser les arguments que Keynes avaient présentés au moment de la crise de 1929.

Au-delà de « l’air du temps », quel bilan peut-on faire de l’apport de Keynes à l’analyse économique ? Keynes, pour sa part, était persuadé de révolutionner la pensée économique en remettant en cause l’analyse classique et en proposant une théorie macroéconomique alternative (1). Pour autant, plusieurs arguments conduisent à ne pas interpréter le projet théorique radical de Keynes en termes de « révolution scientifique » au sens de T. Kuhn (2).

I. Keynes : un projet théorique radical

Keynes remet en cause de nombreuses idées communément admises à son époque et propose une théorie alternative qui a fortement marqué l’histoire de la pensée économique au moins sur deux points essentiels : la critique de la théorie classique d’une part ; le principe de la demande effective et de l’équilibre de sous-emploi d’autre part.

– Keynes s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle la monnaie peut-être demandée pour elle-même (critique de l’hypothèse de neutralité de la monnaie) : il rejette la loi des débouchés et montre que sauf cas particulier, les marchés ne sont pas autorégulateurs.

– Keynes propose une analyse macroéconomique dans laquelle le volume de la production découle de la dépense. Dans le cadre d’une économie monétaire de production, les anticipations des agents peuvent conduire, via le jeu de la demande effective, à un équilibre de sous-emploi.

II. Keynes : un nouveau programme de recherche scientifique ?

Si l’œuvre de Keynes a contribué à ouvrir un débat économique majeur au milieu du XXe siècle, il n’est sans doute pas possible de parler de révolution scientifique pour au moins deux raisons essentielles :

– L’œuvre de Keynes fait figure de rupture dans l’histoire de la pensée mais s’inscrit également dans la filiation de nombreuses théories antérieures : Malthus s’agissant de la critique de la loi de Say, Boisguilbert et Quesnay s’agissant de son approche en terme de circuit, les auteurs de la banking school (T. Tooke) s’agissant de la théorie endogène de la monnaie, Marx s’agissant de l’analyse des crises, etc.

– La pertinence du concept de « révolution scientifique » est contestée en science économique parce qu’il n’existe pas véritablement de période de « science normale » au sein de laquelle un paradigme dominant remet en cause les paradigmes antérieurs : le projet théorique alternatif de Keynes n’a pas conduit à la disparition de la théorie néoclassique mais à son renouvellement notamment dans le cadre du monétarisme ou de la nouvelle école classique.

Conclusion

La faible pertinence de l’usage du concept de révolution scientifique appliqué à la science économique n’enlève rien à la nouveauté et à la radicalité des analyses keynésiennes. En économie (comme dans de nombreuses autres sciences y compris dans les sciences de la nature), il existe des programmes de recherche qui peuvent coexister durablement et qui rendent possible par ailleurs une cumulativité des savoirs. Keynes s’est appuyé sur des problématiques antérieures (monnaie endogène, circuit économique, etc.) et a proposé une théorie particulièrement robuste pour rendre compte du réel. En alimentant le débat scientifique, il a incité ses détracteurs à renouveler leurs modèles (les travaux de la NEC par exemple) et a également ouvert la voie à des programmes de recherches inédits (ceux de la NEK sur les fondements microéconomiques de la macroéconomie par exemple).

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