FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNEE 1896-1897 Mo 4
DU TRAITEMENT CHIRURGICAL
DES
Suppurations de l'Oreille Moyenne
ET DE
L'ANTRE MASTOÏDIE
THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
présentée et soutenuepubliquement le 6
Novembre
11196Albert-Antoine-Charles CHAGN OLLEAU
Né à St-Martin-de-Connée(Mayenne)le 13 Décembre1873
Elève du Service de Santé de la Marine
.1 MM. MASSE. professeur Président.
Examinateurs de la Thèse:)
îKS
CHAMBRELEN1. agrege1,ro,:esseur-
' ■ *) (
BINAUD. agrégé )Juges.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diversesparties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 9i 1896
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ ) . ,
azaM i Professeurs honoraires.
Clinique interne •
Clinique externe Pathologie interne...
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique
Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que Anatomie
Anatomie générale et histologie
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE DUPUY.
YERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
MOUSSOUS, COYNE.
BOUCHARD.
VIAULT.
Physiologie Hygiène Médecinelégale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matièremédicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Cliniquedes maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique
MM.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABI AS.
FERRÉ.
BADAL.
PIECHAUD.
BOURSIER.
AGRÉGÉS E1V EXERCICE :
section de médecine(Pathologie interne etMédecine légale.) MM. MESNARD. | MM. SABRAZÈS.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHÉ.
sectionde chirurgie etaccouchements
(MM. VILLAR. I , , . (MM. RIVIÈRE.
Pathologieexterne BINAUD. |
Accouchements...
j CHAMBRELENT[
BRAQUEHAYEj
sectiondessciences anatomiquesetphysiologiques
(MM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
■•••{
CANN1EU. Histoire naturelle BEILLE.Anatomie
section dessciences physiques
Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
Chimie et Toxicologie DENIGÈS.
j
COURS C O311* U F.11F AiTAI R15S :
Cliniqueinterne des enfants MM. MOUSSOUS.
Cliniquedesmaladiescutanées etsyphilitiques DUBREUILH.
Clinique des maladies des voies urinaires POUSSON.
Maladies dularynx, des oreilles etdunez MOURE.
Maladies mentales RÉGIS.
Pathologieexterne DENUGÉ.
Accouchements RIVIÈRE.
Chimie DENIGÈS
Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août3879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thesesqui luisont présentées doivent êtreconsidérées commepropres à leursauteurs, et qu'elle n'entendleur donner niapprobationniimprobation.
A
MES PARENTS
Faibletémoignage
de maprofonde reconnaissance.
A MES FRÈRES
A
MA TANTE CHAGNOLLEAU
MON ONCLE & A MA TANTE DEROUET
A
MON AMI LE DOCTEUR BAUDRY
MÉDECIN DE LA MARINE
A MONSIEUR LE
CHARGÉ DU COURS D'OTOLOGIE, DE
FACULTÉ
OFFICIER
DOCTEUR MOURE
RHINOLOGIE ET DE LARYNGOLOGIE A
DE MÉDECINE D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR MASSE
PROFESSEUR DE MÉDECINE OPÉRATOIRE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Depuis quelques années, les progrès de la chirurgie
auriculaire, dus à la connaissance plus approfondie de
l'anatomie de la
région, ont permis d'arriver à guérir les
suppurations de l'oreille moyenne qui autrefois restaient
trop
souvent rebelles à tous les traitements.
Les
procédés opératoires employés, venus d'Allema¬
gne,
ont été appliqués en France avec succès par un cer¬
tain nombre de
chirurgiens. Pendant
nosannées d'études
à Bordeaux, nous avons
suivi aussi assidûment que possible la Clinique otologique de M. le docteur Moure,
particulièrement intéressé par cette branche de la méde¬
cine ;
ayant
eul'occasion de voir traiter par une opération
chirurgicale plusieurs otorrhées, nous avons eu l'idée de
réunir
quelques observations et d'en faire le sujet de
notre thèse
inaugurale.
Dans ce
travail,
nousdonnerons d'abord un aperçu historique de la question, puis nous indiquerons aussi
complètement
quepossible les rapports anatomiques de
cette
région si importante de l'oreille moyenne et en
même temps
si dangereuse comme champ opératoire à
cause de son
voisinage
avecle sinus latéral, le nerf facial,
les canaux
semi-circulaires, le
cerveau.Enfin, nous
décrirons les procédés chirurgicaux em¬
ployés à la Clinique, accompagnés de l'histoire de quel¬
ques-uns
de
nosmalades.
Mais avant d'entrer en
matière, qu'il
noussoit permis
d'adresser à M. le docteur Moure tous nos remercie¬ments, non seulementpour son
amabilité à
notreégard
et lesprécieux renseignements qu'il
abien
voulu nous don¬ner,
mais
encore pourles soins particuliers qu'il
nous aprodigués depuis huit
ans.M. le docteur
Brindel, aide
declinique,
nous a fourniplusieurs observations,
ets'est chargé de suivre les opérés pendant les
vacances, nouslui
en sommes très recon¬naissant.
Enfin,
notre année d'internatàl'hôpital Saint-Jean
aété
la meilleure
passée à Bordeaux, grâce à l'extrême
bienveil¬lance de notre chef de
service,
M. le docteur DeChap-- pelle, qui
nous atoujours traité
non enmaître,
mais en camarade et en ami.M. le
professeur
Masse nous afait l'honneurd'accepter
la
présidence
de notre thèse,qu'il daigne agréer
nos remerciements.CHAPITRE PREMIER
APERÇU HISTORIQUE
Il ne faut pas remonter
bien loin dans la littérature
médicale pour trouver
les premières traces d'une interven¬
tion opératoire dans
les
casde suppurations rebelles de
l'oreille moyenne.
Si J.-L. Petit avait trépané
l'apophyse mastoïde
pour une inflammation aiguë, etMorand,plus tard,
pourunecarie,
ce n'étaient que des faits isolés
et qui
nevisaient
passpécia¬
lementle but qui nous occupe
actuellement.
Le premier
travail important
sur cesujet fut celui de
Duplay, en 1888, suivi, un anaprès, de celui de Ricard, mais
ces chirurgiens
s'attachaient surtout à l'ouverture de l'apo¬
physe
mastoïde seule,
sans pousserplus loin leurs indica¬
tions et ne
pénétraient
pasdans la caisse du tympan.
Ce fut à la séance du 5 décembre 1888, qu'à la
Société de
médecine de Berlin, Bergman,
présentant
unmalade opéré
d'un abcès du cerveau d'origine otitique, amena une
discus¬
sion sur l'opportunité
des injections dans les écoulements
de l'oreille. En présence
d'un certain nombre d'accidents qu'il avait observés, il concluait
encondamnant totalement
les injections. A
la
séancesuivante (18 décembre 1888) Hart-
man démontra que Bergman
avait été trop sévère et
queles
injectionsavaient à leur actif bon nombre de guérisons.
C'est à la suite de cette discussion queKuster
parla
pourla
première
fois d'un procédé qu'il avait employé
pourguérir
les suppurations
de l'oreille
moyenne,et qui lui avait bien
réussi dans la plupart
des
cas(1). Il montra qu'on pouvait guérir
par uneopération des individus'qui jusque-là étaient
restés rebelles à tous les traitements : tantôt il
réséquait
la partie postérieuredu conduit auditif
osseux,jusque dans
Poreile moyenne,
si la membrane et les osselets étaient
per¬dus ; tantôt
seulement cette paroi postérieure,sans pénétrer
dans lacaisse,si la membranepouvait
être
conservée.Il
intro¬duisait un drain dans la cavité et permettait ainsiau pus de
s'écouler librement. La suppuration diminuait, puis se tarissait.
Le30janvier 1889, la
question revint
surle tapis,
et Berg¬man,ayant eu l'occasion
d'expérimenter les procédés
de Kuster, décrivitses opérations ;après
incision en arrière du pavillon del'oreille, il rabattit celui-ci
enavant de façon à
mettre à nu le conduit auditif osseux, puis se
créa
une voie jusqu'à la caisse aux dépens de la paroipostéro-supérieure
duconduit. La caisse, ouverte largement, fut curettée etbour- rée de gaze, et,au moment de la communication de l'auteur,
les
opérés étaient
en bonne voie de guérison.A.cette époque, le traitement chirurgical ainsi
préconisé
ne fit pas beaucoup de bruitet ne sortit guère de la Société
demédecine,lorsque dix-huit mois plus tard,Stacke présenta
au Congrès de Berlin un travail intitulé : « Indicationscon¬
cernant l'ablation du marteau et de l'enclume ». Insistant sur la localisation de l'inflammation chronique
à
la partie supérieurede la caisse, dans cette portion logeant la tête du marteau et l'enclume et cachée aux regards par un mur osseux, décrite sous le nom d'attique, Stacke montra que l'ouverture de l'antre mastoïdien pratiquée parfois contre la suppuration de l'oreille moyenne et de ses annexes,n'était
(9 Les communications de Kusfer etde Bergman setrouvent in extenso dans untravail du docteur Moure « Sur 34 cas d'ouverture de l'antre mastoï¬
dien » communiquéà la SociétédeChirurgie, en mai 1896.
pas
suffisante, et qu'il fallait ouvrir largement l'attique et
curetter toutce qui était
malade. Il fit alors la description de
sa méthode qui permet
à la fois
nonseulement de mettre
l'attique
à découvert, mais
encorede
pousserplus loin l'opé¬
ration, d'ouvrir
l'antre, le canal tympano-mastoïdien et de
réunir le tout en une cavité unique, si
c'est nécessaire.
Voici en résumé la méthode de Stacke :
Incision dans le
sillon rétro-auriculaire jusqu'au
périoste
;décollement et
section
profonde des parties molles du conduit qui est rabattu
en avant ainsi que le
pavillon,
cequi donne plus de jour
pour
pénétrér dans la caisse. Enlever la membrane et le
marteau s'ils existent encore. Introduireun
stylet coudé
sur leplat, désigné sousle
nomde protecteur, derrière le mur
de la logettedes osselets;
faire sauter
ce murà la
gougeet
aumaillet defaçon
à mettre la paroi supérieure de la caisse
au niveau de la paroi
supérieure du conduit. Enlever
l'enclume. L'attique est
à
nudans toutes
sesparties que l'on
peut
explorer ainsi
quel'orifice de l'aditus ad antrum. Celui-
ci est-il malade, cequi arrive presque
toujours dans l'otite
moyenne
chronique, introduire le protecteur dans le canal
tympano-mastoïdien dont
onfait sauter la paroi externe jusqu'à l'antre, ainsi mis à découvert. Curettage. Badigeon-
nage au chlorure de zinc.
Remettre en place les parties
molles
enaidant à la cutani-
sation par un petit
lambeau taillé dans la paroi postérieure
du conduitmembraneux.
Ala suite de cettecommunication, l'usage de
l'intervention
chirurgicale serépandit rapidement et tous les opérateurs
cherchèrent à
perfectionner la méthode.
Quelques-uns avec
Schwartze eurent l'idée d'aller à la
recherche de l'attique en
commençant
parcelle de l'antre*
c'est-à-direen ouvrantl'apophyse
inastoïde
pourde là
passer parle canal tympano-mastoïdien, et ils avaient d'autant
mieux raison de renverser la marche de
l'opération,
que l'antre, dont les rapports avecla caisse sont intimes, est lui-
même toujours
malade.
Cettenouvelle manière d'opérer fit
— 12 —
avancer rapidement la question, car, comme nousleverrons
plus loin, elle n'est pas si difficile que l'autre, bien que présentantdes
dangers
devoisinage
aussi grands. EnAngle¬terre, en France, nombre de travaux parurent à cesujet. Un des plus importants est celui de MM. Broca et
Lubet-Barbon,
qui, ayant eu l'occasiond'opérer
un grand nombre de mala¬des, publièrent le résultat de leur
expérience
personnelle.Actuellement,
l'ouverture del'apophyse
mastoïde et de ses annexes est entrée dans la pratique courante et a procuré dans tous les pays de nombreuses guérisons à des malades qui auraient été autrefoisconsidérés comme incurables.En effet, il ne s'agit pas seulement de guérir des otorrliées pouvant avoir une influenceplus ou moins néfaste sur l'ouïe des malades, mais bien de protéger les sujets atteints d'in¬
flammation suppurative
chronique
de l'oreille contre les accidents toujours possiblesen pareil cas. Il suffit de lire les*
observations rapportées parM. Moure à la Société deChirur¬
gie ou celles qui suivent notre travail pour seconvaincre des foyers infectieux qui siégeaient dans les profondeurs des cavités annexes de l'oreille et qui, par conséquent, étaient toujours là prêts à déterminer des inflammations de voisi¬
nage dont on connaît la gravité. On sait bien
qu'un
otorrliéi-que peut durer pendant nombre d'années sans subir autre chose que de petites poussées auriculaires intermittentesse
manifestant dans quelques cas par de simples douleurs et
une suppuration un peu plus abondante, mais lorsquel'otor- rhée estaccompagnée de
fongosités,
denécrose etqu'onsoup¬çonne l'existence de lésions plus profondes au delà de la caisse du
tympan,
il est certain qu'il ne faut pas compter guérir le malade à l'aide des petits moyens habituellementemployés
en pareil cas; c'est à la chirurgie large de la cavité qu il fautavoir recours. L'oreille, quoique plus compliquéeau point de vueanatoinique que les autres régions du corps, doit cependant suivre les règles de la
chirurgie
générale, et l'on ne comprendaitplus aujourd'hui unchirurgienqui trai¬teraitun point decarie osseuse, pouvant à un momentdeve-
nir dangereux pour
le malade,
pardes lavages, des injec¬
tionsou la cautérisation des bourgeons charnus
des trajets
fistuleux. Comme en
pathologie auriculaire il est impossible
d'employerdes caustiques énergiques pouvant avoir une
action à distance, il faut donc
avoir
recoursà la
cureradi¬
calequi ne
peut être obtenue
que parl'ouverture large des
cavités, leur nettoyage
complet et l'asepsie qui est la consé¬
quence
de
cetraitement chirurgical.
CHAPITRE II
Anatomie chirurgicale de l'oreille moyenne
et
de
ses annexes.L'oreille moyenne ne se compose pas
uniquement de la
cavité de la caisse; celle-ci est en
rapport
paruncanal
avecl'antre mastoïdien et les cellules
mastoïdiennes; de plus,
elle estelle-mêmedivisée endeux
portions, l'une supérieure,
l'autre inférieure,
qui acquièrent
unevaleur pathologique
différente. C'estdans la
portion supérieure, et de là dans
l'antre,que se
concentrent souvent les foyers inflammatoires
qui
entretiennent la suppuration.
Il est donc bon, avant d'entrer
dans l'étude du traitement
chirurgical desotites et mastoïdites suppurées, de parler
toutd'abord del'anatomie de la
région
surlaquelle
on va opérer. Nousdécrirons successivement
:La caisse et surtout sa partie
supérieure
ouattique.
L'apophyse mastoïde, extérieurement et intérieurement.
A. Caisse du tympan.
Sur la caisse
proprement dite,
nouspasseronsrapidement ;
elle est bien connuemaintenant et on
la trouve dans tous
les auteurs.
La caisse est une cavité intermédiaire au conduit auditif externe et au labyrinthe renfermant la chaîne des osselets :
marteau, enclume, étrier et leurs ligaments, encommunica¬
tion avec le
pharynx
par la trompe d'Eustache et tapisséed'une muqueuse qui en recouvre toutes les parties.
Elle atteinten hauteur12 à 15
millimètres;
etenlargeur, àses deux extrémités, 4 millimètres, à son centre, 1 mil. 1/2 seulement. Elle est aplatie de dehors en dedans et obliqué
de haut en bas, d'avant en arrière et de dehors en dedans.
Elleprésente six parois :
1° Paroi externe ou tympanique;
2° Paroi interneou labyrinthique; 3° Paroi supérieure ou voûte; 4° Paroi inférieure ouplancher; 5° Paroi antérieure outubaire; 6° Paroi postérieure ou mastoïdienne.
1°Paroi externe. — Formée par la membrane du tympan
et le manche du marteau qu'elle renferme, bombée en
dedans, en haut, en dehors, en bas, enchâssée sur presque toute son étendue dans un anneau osseux qui forme avec le plancher de la caisse une petite gouttière dans laquelle peu¬
vent séjourner le pus et les corps
étrangers.
Au-dessous d'elle, la paroi externe, «haute de 5 à 6 millimètres, estosseuseet constitue la pars ossea
(Walb)
ou murde la logette des osselets dont on verra plus tard l'importance.Entre le tympan et la partie supérieure de la cavité s'ou¬
vre la scissure de Glaser qui renferme le ligament antérieur du marteau et l'artère
tympanique
antérieure.2° Paroi interne. — Au centre, le promontoire, saillie mamelonnée dont le sommet n'est
séparé
de la membrane du tympan que par un invervallede 1 mil.1/2;
il estsillonnéde gouttières logeant le nerf de Jacobson et ses ramifica¬
tions.
Au-dessus, la fenêtre ovale, comblée par la base del'étrier,
et située au fond de la fossetteovale.
— 17 —
Au-dessous et en arrière, la fenêtre ronde,
répondant à
l'extrémité inférieure de la rampe
tympanique du limaçon,
ferméepar une
membrane
outympan secondaire (Scarpa),
et située aussi au fond d'une dépression,
la fossette de la
fenêtre ronde.
Entre les deuxfenêtres, enarrière, seloge le sinus tympa-
nicus d*Huguier, petite
cavité circulaire de 4 millimètres de
diamètre sur 3 de
profondeur.
Enarrière du sinus, on voit une petite
saillie de 1 milli¬
mètre de longueur,
appelée pyramide, dont le sommet,
recourbé etdirigé enavant eten
haut, laisse
passerle tendon
du muscle del'étrier.
Au-dessous et en arrière de la fenêtre ovalepasse l'aque¬
duc de Fallope, séparé
de la caisse
parunelame
osseusetrès
mince etsouvent
perforée,
etdont il est important de
con- naître la situation. L'aqueduc deFallope, logeant le nerf
facial, commence dans la fossetteantéro-supérieure du
con¬duit auditifinterne, se dirigeen avant,
perpendiculairement
à l'axe du rocher sur une longueur de 3 à 4
millimètres,
puisse coude etlonge l'axe du rocher pendant 10 à 12 milli¬
mètres, enfin seporte
verticalement
enbas
pourfinir
autrou stylo-mastoïdien,
en serapprochant
parsuite de la partie
inférieure delà paroi postérieure
du conduit auditif externe.
Sa seconde portion longe
la partie supérieure de la paroi in¬
terne de la caisse et limite la fosse ovale ; sa troisième passe immédiatement en dedans et au-dessous de l'aditus ad antrum. Pour ne pas léser le facial quand on
établit
une largecommunication entre l'antre
etla caisse, il faudra donc
faire sauter la moitié
supérieure
seulementde la paroi
pos¬térieure du conduit auditif.
Au-dessous et un peu en
arrière
del'aqueduc
se trouveune éminence répondant au canal
semi-circulaire hori¬
zontal.
Enfin, à la partie
antéro-supérieure de la paroi interne de
lacaisse, passe,
dans
unpetit canal, le muscle du marteau.
3° Paroi
supérieure.
—Lamelle
osseusemince, souvent
Chagnolleau 2
— 18 —
perforée, quelquefois faisant défaut dans une étendue plus
ou moins grande, correspond à la fosse cérébrale moyenne qui loge à ceniveau lesinus pétreux
supérieur.
4° Paroi
inférieure.
— En rapportavec la veine jugulaire.Elle est situéeun peu plus bas quela face inférieuredu con¬
duit auditifexterne, ce qui explique la rétentiondu pus.
50 Paroi antérieure. — Présente l'orifice de
la-trompe
d'Eustaclie et le canal du muscle interne du marteau.
Aucune importanceau point de vue qui nousoccupe.
6° Paroi
postérieure.
— Formée de tissu spongieux tra¬versé enhautpar le canal
tympano-mastoïdien,
et plus bas, par la corde dutympan.
B. Attique.
Portion supérieure de la caisse, renfermantla courte bran¬
che de l'enclume, la tête et le col du marteau, la longue apophyse du marteau, et de nombreux ligaments et replis muqueux. Mesure 13 millimètres de longueur, 6 de
largeur
et 6 deprofondeur.
Elle a été bien étudiée par MM. Weisman et Malherbe qui luiont décrit:
Une paroi inférieure, virtuelle, forméepar le col du mar¬
teau, le corps de l'enclume, la courte branche de l'enclume et une cloison membraneusequi s'insère à l'angle inférieur de l'adituset au ligamentantérieur du marteau.
Uneparoi supérieure qui est celle de la caisse : le tegmen tympani.
Une paroi antérieure, virtuelle, point d'union des parois interne et externe.
Uneparoi postérieure, forméepar l'orifice de l'aditus.
Une paroi interne, portionsupérieure de la caisse, présen¬
tant d'arrière en avant la voussure du canal semi-circulaire transverse, la saillie du canal facial, la gouttière du muscle du marteau.
Une paroi externe, constituée par la membrane de
Slirap-
nell et au-dessuslapars ossea qui cache la cavité auxregards
— 19 —
comme au stylet.
Cette membrane de Shrapiiell n'est autre
quela
portion de la membrane du tympan comprise dans le
segment de
Rivinus du cercle tympanal, et limitée par les
ligaments
tympano-malléolaires et la paroi supérieure du
conduitauditif.
C
Apophyse mastoïde.
Bloc osseux, de forme
conoïde, à sommet inférieur, don¬
nant attacheau muscle
sterno-cléido-mastoïdien, à bord pos¬
térieur
obliquement dirigé
versla ligne courbe supérieure de
l'occipital
età bord antérieur épais et vertical.
La région
mastoïdienne est limitée en haut par la linea
temporalis, crête qui continue la racine supérieure de l'apo¬
physe
zygomatique. A la partie supéro-postérieure de l'ori¬
fice du conduit auditif se trouve une
petite saillie plus ou
moins
marquée suivant les
caset connue sous le nom de
spina
suprameatum.
Lalinea
temporalis et la spina
suprameatum constituent,
comme nous le verrons
plus loin, des repères importants
pour
l'ouverture de l'antre mastoïdien.
La face externe de
l'apophyse, plus
oumoins convexe, est
recouverte par
la
peau,le tissu sous-dermique et l'apo¬
névrose
épicranienne qui sont nourris par les branches de
l'auriculaire
postérieure, et innervés
parune branche du
plexus
cervical superficiel.
La face interne, concave,
est
enrapport
avecla portion
descendante dusinus
latéral, mais celle-ci n'occupe pas une
situation fixe ; elle
varie
avecla forme de l'apophyse et sa
variété, et on ne
peut rien indiquer de précis à ce sujet.
Dans l'intérieur de
l'apophyse
setrouvent plusieurs
cavités: les cellules
mastoïdiennes, l'antre, l'aditus ad
antrum, qui
acquièrent
enpathologie auriculaire une impor¬
tance considérable.
L'aclitus, ou
canal pétromastoïdien (Sappey), est situé sur
— 20 —
le
prolongement
de latrompe
d'Eustache. Il forme un con¬duit très court,
prismatique
ettriangulaire,
dont la paroi supérieure est concave et rugueuse, l'externe plane et plus régulière, l'interne convexe et lisse, correspondant au canal semi-circulaire externe(Malherbe).
Il esttapissé
d'une muqueusequi n'est que la continuation de celle de la caisse et exposé commeelle à toutes les inflammations.Ce conduit mène dans 1
""antre, désigné
par Poirier sous le nomd'antre pétreux, bien limité etlarge
chez l'enfant(il
peutcontenir une petite noisette ou unpois),
moins chez l'adulteà cause des cellules qui se formentets'ouvrent danssa cavité, et creusé entièrement aux
dépens
de la portionpétreuse
du rocher.M. Malherbelui considère :
Une paroi
supérieure,
souvent très minceet formée par la portion du rocherqui n'estque leprolongement
du tegrnentympani,
quelquefoisperforée,
d'oùextension possible d'une suppuration de l'antre auxméninges.
Une paroi
interne, inégale,
creusée de petites cellulesrépondant
à la face postérieure du rocher et à la portion descendante dusinus latéral.Uneparoi externe, épaisse et compacte chez l'adulte où elle atteint
jusqu'à
2centimètres, lamelleuse,
au contraire,et très tendre chez l'enfant.
Autour de l'antre se
disposent,
dans des systèmes assezréguliers,
les cellulesmastoïdiennes, communiquant
toutes entre elles et lui formant comme unecoque celluleuse
(Testut).
C'est du moins ce qu'on rencontrefréquemment.
Cependant,
il est des casdanslesquels
à côté d'uneapophyse
creuse ou
pneumatique
on a trouvé desapophyses
pleinesou
éburnées,
oudiploïques,
et mêmeladisposition
mixte est celle que l'on voit d'ordinaire. Lastatistique
de Zucker-kandl,
résultantde recherches sur lecada\re,
montre :38,8 0/0 d'apophysespneumatiques.
20, 0/0 — diploïques.
43,2 0/0 — mixtes, en partie pleines,
enpartie creuses.
M. le docteur Moure, dans une communication
à la Société
d'Otologie auCongrès de 1896,
arepris cette question, et,
se basant surce qu'il a vuchez trente-quatre opérés,
aindiqué
quellesdifférences considérables
onpouvait trouver dans la
constitution de l'apophyse
mastoïde.
« La constitution anatomique qui
précède, dit-il, est évi¬
demment exacte lorsqu'on
recherche la disposition de l'apo¬
physe
normale, mais dès qu'il s'agit de malades, c'est-à-dire
de la région
mastoïdienne de vieux otorrhéiques, je suis
convaincu que les
choses
sepassent autrement, et je
nedoute pas que
dans
ces casles apophyses mixtes soient les
plus rares.
On conçoit,
eneffet,
queles otorrhées ancien¬
nes n'étant plus
localisées à la caisse, mais ayant envahi le
canal
tympano-mastoïdien et l'antre, il doit
seproduire un
travail ou d'usure, ou de
réparation, qui agrandit l'antre
ou le rétrécit en produisantde l'ostéite condensante, de l'ébur-
nation del'os,c'est-à-dire la
disparition des cellules accessoi¬
res. Or, ce sont surtout les cas
où
nousintervenons,
cesont
ceux qui nous
intéressent, les apophyses normales
ne nousinvitant à les ouvrirque dans les cas
aigus, c'est-à-dire lors¬
que le pus
d'une suppuration
abrusquement infecté l'apo¬
physe. Dans ces cas,
il tend
engénéral à
sefaire jour vers
l'intérieur, àuser la paroi osseuse,et il pénètre alors jusque
dans les petites
cellules mastoïdiennes. Nous
savons quedans les formes chroniques les choses se
passent plus dou¬
cement, plus
insidieusement, et, lorsque
nous ouvrons l'antre, ily adéjà bien longtemps qu'il est malade et plus
oumoins altéré danssa constitution anatomique. Aussi,
à
mon sens, les recherches surle cadavre ont-elles
uneimportance
tout à fait secondaire. C'est le résultat de la pratiqueopéra¬
toirequ'il faut noter pouren
tirer quelques déductions
pra¬tiques. »
(Moure
:De quelques anomalies de la région mas¬
toïdienne.)
— 22 —
Sur
trente-quatre
opérés, M. Moure a trouvé:18 accidents aigus Quelques-uns chez d'an¬
ciens otorrhéiques.
16suppurations chron.
Antrenormal Antre agrandi
Antrepetit etportéen avant
14 fois.
3 »
1 »
Entout.
Apophyse éburnée, antre très réduit 7
Apophyse etantre très réduits; cotoyant la paroi postérieure du conduit osseux 3 Antre agrandi, existant seul 4 Antre agrandi, apophyse celluleu.se 1
Apophyse totalementnécrosée (enfant) 1 Apophyses pneumatiques. 4
Apophyses éburnées. 25
N'existant pas.
4
Ces résultats sont donc loin de ceux de Zuckerkandl et de Malherbe
d'après
leurs recherches surlecadavre.Il nous est
impossible
de donner unestatistique
concer¬nant les
apophyses
desenfants,
la grande majorité des opérés de M. Moure ayant été desadultes;
mais,d'après
MM. Broca et Lubet
Barbon,
li typediploïque
où les cellules mastoïdiennes sont réduites à l'antre est larègle
chez l'en¬fant qui,
d'ailleurs,
a peud'apophyse. Cependant
un certain nombred'exemples,
tirés de leur travail même, tendent à prouver que cette conclusion nepeut être acceptée dans un sens aussi absolu.Tousces faitssont très intéressants à constater et méri¬
tent d'être bien connus des praticiens pour éviter des
mécomptes
; ilsindiquent
la nécessité d'une grande pru¬dence dans la conduite de
l'opération.
Ayant maintenant des notions
anatomiques suffisantes,
nous allons entrer plus facilement dans la
description
des procédés que nous avonsvu
employer.
CHAPITRE III
PROCÉDÉS OPÉRATOIRES
Nous n'avons pas
l'intention de parler ici de tout ce dont on
fait usage pour
traiter les suppurations de l'oreille moyenne
et de l'antre mastoïdien :
injections détersives, variées par¬
les trompesvers
l'attique, instillations antiseptiques et as¬
tringentes,
pansements iodoformés, boriqués, salolés, etc.,
ablation par le
conduit des osselets, dont la carie est sou¬
vent la cause dela
production du
pus.Ces divers moyens
sont bien
connusde tous les chirur¬
giens,et
ils ont à leur actif bon nombre de guérisons dans les
cas simples
où l'inflammation est limitée à la caisse, mais
lorsque
le mal
afait des progrès, que les parois de l'attique
sont atteintes, il faut, sous
peine de s'éterniser dans des
traitements inutiles,
recourir à
un moyenplus efficace, à
une opération
chirurgicale véritable.
Avant d'entrer dansla
description de cette opération, énu-
mérons
rapidement
sesindications, sans du reste entrer
dans aucun détail,
puisqu'elles ont fait déjà l'objet d'une
thèse soutenue récemment
devant cette Faculté.
L'intervention chirurgicale
est nécessaire
:En
présence d'une otite moyenne aiguë ou chronique,
très douloureuse,
paraissant vouloir s'étendre à l'oreille
interne, au
nerf facial,
auxsinus,
aucerveau.
En présence
d'une otorrhée chronique avec douleur de la
mastoïde et
compliquée
de tuméfaction constante ourépétée
de la région
apophysaire.
En
présence,
dans la caisse, de pus fétide et dontla mau¬vaise odeur persiste
malgré
les soinsantiseptiques.
En présence de pustrouvé dans l'oreille moyenne et n'en provenant pas, et de
fongosités
ou depolypes
faisant saillieen arrière du mur de la logette.
Enfin, en présenced'une complication :
paralysie faciale,
phlébite des sinus, abcès cérébral,méningite,
etc., com¬plications toutes très
dangereuses,
souvent mortelles, etauxquelles sont exposés, parfois en peu de
temps (Obser¬
vation
XIII),
tous les malades porteurs d'un écoulement auriculaire.Tels sont les cas dans
lesquels
il est nécessaire de prati¬quer une opération pour faire
disparaître
lespoints malades et plus ou moins cariés. Celadit, nousentrons immédiate¬ment dans l'étude decequ'il y a à faire.
Etantdonnésdesrapports
anatoiniques
aussi variables queceux que nous avons
indiqué,
un procédé opératoire uniquenepeut être
employé
: deuxvoies sont à ladisposition
duchirurgien
pour pénétrer dans la région del'attique,
du canaltympano-mastoïdien
et de l'antre :L'uneest celle du conduitauditifexterne qui mènedans la loge des osselets.
L'autre,
celle que procure une perforation faite à la face externe del'apophyse
mastoïde dans unpoint
déterminé,
et destinée à mettre à découvert l'antre mastoïdien.Ces deux voies dont les points de
départ
sont opposés, mènent au même résultat et présentent chacune leurs dan¬gers de
voisinage
: blessure du facial pour lapremière,
blessuredusinus latéralpourla seconde; ellesnedoivent pas êtreemployées indistinctement,
carla dernière est incontes¬tablement la plus
facile,
mais elles s'entr'aident mutuelle¬ment, et souvent, une opération commencée par l'une ne peutêtre terminéeque par l'autre. C'est ce dont onpourra se rendrecompte par la lecture de quelques-unes des observa¬
tions qui suivent.
(Obs.
II, VI, sinussouslacorticale.)
- 25 — Elles ontun début commun.
Préparation
dumalade
:Injections dans l'oreille quelques
joursauparavant,
purgatif la veille. Raser la région, lavages
au savon, puis au sublimé
après dégraissage à l'éther. Anes-
tliésic générale.
Le champ
opératoire étant entouré de
compressesantisep¬
tiques, et la tête
du malade placée convenablement
sur un coussin, defaçon
quela région
setrouve bien
enface de
l'opérateur,
faire
lineincision d'environ 4 centimètres, dans
le sillon rétro-auriculaire, partant de
la pointe de l'apophyse
et se dirigeant vers l'insertion
supérieure du pavillon,
ou réciproquement.L'incision doit être profonde d'emblée et
comprendre lepérioste.
Habituellement, on a une petite
hémorrhagie due à la
sec¬tion de quelques
branches de l'auriculaire postérieure;
on l'arrête facilementavecquatreoucinqpinces
quel'on
pourra utiliser plustard dans
unautre but. Parfois, l'hémorrhagie
a étéassez abondante pour
retarder l'opération
par unecom¬pression
prolongée.
Avec la rugine, on décolle
la
peau ycompris le périoste,
en arrière et en avant, de façon à mettreà
nula face externe
del'apophyse; on en
fait autant des attaches du pavillon et
du conduit cartilagineux que l'on
rabat
enavant à l'aide
d'un écarteur etdespinces
précédemment placées et
quel'on
confie à un aide.
Ace moment, l'on se décide pour l'une ou l'autre
des deux
voies;commençons parcelle
del'ouverture
osseusequ'il vaut
mieux essayer tout
d'abord.
On cherchealorssur la surface mise à nu les points
de
repère: la lineatemporalis, partant de la spina
supra mea- tum; lebord postérieurdu conduit auditif.
On trace un petit
quadrilatère de substance corticale dont
le côtésupérieur,
horizontal, suit la linea temporalis immé¬
diatement au-dessous d'elle et mesure 3 à4 millimètres, et dont lecôté vertical antérieur, long de 5
millimètres (enfant)
et de 1 centimètre
(adulte)
estsitué à
5millimètres
enarrière
du conduit osseux.
— 26 —
Eclairage
électrique.
Avec la gouge et le marteau 011 creuse
chaque
côté de 2 à 3 millimètres et on fait sauter la lamelle d'arrière en avant.On continue ensuite à perforer touten allant très lentement à cause du sinus latéral que l'on est parfois exposé à décou¬
vrir immédiatement. Si on le trouve, on le reconnaîtra àson
aspect lisse, membraneux, à sa coloration gris noirâtre, et si on l'a ouvert, il faut l'obturer avec de la cire iodoformée stériliséeou unbon tamponnement à la gaze qu'on laissera
en place deux ou trois
jours;
l'hémostase se fait en généralassez facilement.
Mais supposons que tout a bien marché, et qu'on n'a pas rencontré le sinus, onfinitd'ordinaire, enavançanttoujours parallèlement au bord postérieur du conduit auditif, par arriver dans l'antreque l'on trouve rempli de pus et de fon- gosités dégageantune odeur fétide. On le curette soigneuse¬
ment danstoutes ses partieset on le badigeonne avec une solution dechlorure de zinc au
1/10.
Là, peut s'arrêterl'opé¬
ration, dans les casaigus, par exemple, comme ceux relatés dans les Observations VI, VIII, IX, X, XI, XII, où lasuppura¬
tion est surtout entretenue par l'inflammation de l'antre et ne s'est pas encore définitivement fixée ailleurs. Mais si l'on pense que le canal
tympano-mastoïdien
est malade, que les parois en sont nécrosées, de même que celles de la loge des osselets, et à ce sujet lestylet
donne de précieuses indica"tions, alors il est nécessaire d'aller plus loin et d'agir d'une manièreplus efficace.
On introduitle protecteur de Stacke dans la caisse par le conduit
tympano-mastoïdien.
Ce protecteur est un stylet aplati et coudé sur le plat qui peut servir en même temps de sonde. Grâce à cetinstrument,
onpeut faire sauterau ciseau toutes les portions d'os situées en dehors de lui, sans crain¬dre deblesser celles qui sont en dedans, à condition toute¬
fois que l'aidele tienne solidement fixé en le tirant à lui. Il est facile de comprendre en effet, qu'il sert à protéger le facial,
l'étrier,
le canal semi-circulaire horizontal qui pour-— 27 —
raientêtreécrasésau premier coup de marteau,
s'il n'y avait
pas entre eux
et la portion à enlever
unplan suffisamment
résistant. Le protecteur
mis
enplace,
onfait sauter le bloc
osseux compris entre
le conduit auditif externe, la caisse et
la trépanation, avec un
ciseau large d'un centimètre,
enn'at¬
taquant pas,
toutefois, la partie inférieure de la paroi posté¬
rieureduconduitpour
éviter le facial. On
aainsi
unegrande
cavité unique,
limitée
enavant
parla paroi antérieure du
conduit auditif etla
paroi antérieure de la caisse,
endedans
par
la paroi labyrinthique de la caisse, la paroi interne de
l'attique et
la paroi interne de l'aditus ad antrum, et
enarrière
par
la lame de substance corticale qui la sépare du sinus et de
l'encéphale.
Lacavité est curettée, débarrassée de toutes les
partiesmalades,
badigeonnée
auchlorure de zinc, et le sang
étanchéavecdelagazeiodoformée,
qu'on laisse quelques ins¬
tantsen place.
Prenons maintenant le
procédé opératoire
parle conduit
auditif, et nousverrons que nous
arriverons
aumême but si
nouspoursuivons assez
loin l'opération. Une fois le pavillon
et le conduit membraneux rabattus en avant, il faut tout
d'abord aller faire sauter le mur de la logette des
osselets
pour mettre l'attique
à découvert,
car cesont les osselets et
sesparois, plus
particulièrement l'enclume (Walb) qui sont
surtout affectés et entretiennent la suppuration. Pour se donner un peu plus
d'espace
etatteindre plus facilement
cette région, on élargit le conduit
auditif,
auxdépens de
sa paroipostéro-supérieure,
avec unciseau
assezlarge. On
enlève la membraneetle marteau, avecdespinces,
s'ils exis¬
tentencore, puis le
protecteur introduit derrière la
parsossea,lagouge etle
maillet la font sauter jusqu'à
ce quel'ex¬
trémité d'un stylet ne
donne plus de sensation de ressaut
entre la caisse et le conduit. On extrait l'enclume ou ses débris, si on ne l'a
déjà fait,
et on a sousles
yeuxla caisse
mise à nu dans ses moindres recoins, et l'orifice de l'aditus ad antrum que
l'on peut aisément sonder. Celui-ci n'est-il
pas malade, il estpossibled'arrêter là l'opération
par uncuret-
— 28 —
tage
soigneux,
maiss'il présentequelques
pointsde carie, sion sentdes
fongosités profondément,
il est nécessaire depénétrer
dans l'antremastoïdien,
en faisant sauter, à l'aide duprotecteur,
la paroi externe du canaltympano-mastoïdien
et la paroi postérieureduconduit auditif
externe,
absolumentcomme il a été dit
tout-à-l'heure,
mais en sens inverse. La cavité est curettée et passée au chloruredezinc.Nous voici donc arrivé au môme
résultat,
c'est-à-dire àl'ouverture large
de la caisse, de l'aditus et de l'antre et à la formationd'unecavitéunique sans recoinsnianfractuosités.
L'opération
se termine de la mêmemanière,
que l'on ait s.uivi l'une ou l'autre route.Après
avoir étanché le sang, saupoudréd'iodoforme
et bourré de gaze, on peut fermer complètement parquelques
pointsde suture la plaierétro-auriculaire,
mais le plus sou¬vent, on se contente de la rétrécir en haut et en bas par
quelques
points de sutureetd'y
laisser un orifice muni d'undrain,
ousimplement
de gazeiod'oformée.
Pouraider à la
cutanisation,
quelqueschirurgiens
se ser¬ventde procédés
autoplastiques,
empruntant deslambeaux
aux parties molles voisines :
Zaufal fend le conduit membraneux dans le sens de
longueur,
puis écarte les deux lambeaux pour les accolersa aux parois osseuses del'apophyse
dénudée.Stacke fend aussi le conduit danssa
longueur,
puis, auniveau du
pavillon,
il fait une seconde incision perpendicu¬laire à la première : il a ainsi un lambeau
rectangulaire
qu'il rabat en arrière sur les parties osseusespostérieures, c'est-à-dire
à la place de la paroi postérieure du conduitenlevé,
et qu'ilapplique
partamponnement.
Ces procédés ont donné de bons
résultats,
car ils ontl'avantage d'introduire
sur une surface cruentée del'épi-
derme sain.Néanmoins,
àBordeaux,
M. le docteur Mourene les emploie plus, car il a eu des cas, et nous en rapportonsune observation