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Les motifs de Tate et les opérateurs de périodicité de Connes

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Academic year: 2022

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(1)

BLAISE PASCAL

Abhishek Banerjee

Les motifs de Tate et les opérateurs de périodicité de Connes

Volume 21, no1 (2014), p. 1-23.

<http://ambp.cedram.org/item?id=AMBP_2014__21_1_1_0>

© Annales mathématiques Blaise Pascal, 2014, tous droits réservés.

L’accès aux articles de la revue « Annales mathématiques Blaise Pas- cal » (http://ambp.cedram.org/), implique l’accord avec les condi- tions générales d’utilisation (http://ambp.cedram.org/legal/). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.

Publication éditée par le laboratoire de mathématiques de l’université Blaise-Pascal, UMR 6620 du CNRS

Clermont-Ferrand — France

cedram

Article mis en ligne dans le cadre du

Centre de diffusion des revues académiques de mathématiques

(2)

Les motifs de Tate et les opérateurs de périodicité de Connes

Abhishek Banerjee

Résumé

Dans cet article, nous définissons une catégorie M otgC des motifs sur une catégorie monoïdale symétrique (C,⊗,1) vérifiant certaines hypothèses. Le rôle des espaces sur (C,⊗,1) est joué par les monoïdes (non necessairement commutatifs) dansC. Pour définir les morphismes dansM otgC, nous utilisons des classes dans les groupes d’homologie cyclique bivariante. Le but est de montrer que les opérateurs de périodicité de Connes induisent des morphismesMT⊗2−→M dansM otgC, Test le motif de Tate dansM otgC.

Tate motives and the periodicity operators of Connes

Abstract

In this paper, we define a categoryM otgCof motives over a symmetric monoidal category (C,⊗,1) satisfying certain conditions. The role of spaces over (C,⊗,1) is played by monoid objects (not necessarily commutative) inC. To define morphisms in the categoryM otgC, we use classes in bivariant cyclic homology groups. The aim is to show that the Connes periodicity operators induce morphismsM⊗T⊗2−→M inM otgC, whereTis the Tate motive inM otgC.

1. Introduction

Soit kun anneau commutatif. Alors, il est bien connu que la géométrie algébrique des schémas surkadmet une généralisation naturelle aux caté- gories monoïdales symétriques (voir, par exemple, Deligne [4], Hakim [5], Toën et Vaquié [11]). Étant donnée une telle catégorie (C,⊗,1) abélienne et monoïdale symétrique (sous certaines hypothèses), nous définissons la catégorie M otgC des motifs (purs) sur C. Pour chaque monoïde (pas né- cessairement commutatif) A dansC, on a un motif dans M otgC. De plus,

Mots-clés :Motifs de Tate, opérateurs de périodicité.

Classification math. :14F42.

(3)

si B est un autre monoïde dans C, une correspondance de A vers B (au sens de Section 2) induit un morphisme dansM otgC. Ceci est motivé par le domaine de la géométrie noncommutative, dans lequel le rôle des espaces est joué par les algèbres non nécessairement commutatives. Pour définir les correspondances entre les espaces non-commutatifs (C-algèbres), on peut utiliser (voir [3, § 2]) laKK-théorie de Kasparov. Dans la catégorie M otgC, les morphismes sont définis en utilisant les homologies cycliques bi- variantes. Dans le cas desC-algèbres, laKK-théorie est étroitement liée à la théorie d’homologie cyclique bivariante. Puisque l’homologie cyclique est un analogue noncommutatif de cohomologie motivique, on peut se de- mander s’il est possible de décrire l’opérateur de périodicité de Connes en termes de motifs sur (C,⊗,1). Le but de cet article est de montrer que l’opérateur de périodicité de Connes donne les morphismes naturels

M⊗T⊗2 −→MMM otgC (1.1)

où T est le motif de Tate dansM otgC.

Plus précisément, soitAlgCla catégorie des monoïdes dansC. Fixons un entier positif n≥1. PourA,BAlgC, nous introduisons la notion d’une correspondance de rangndeAversB. Notons parCorrn(A, B) l’ensemble des correspondances de rang n de A vers B. Ces correspondances sont composables ; autrement dit, étant donnés trois monoïdes A, B, C dans C, il existe des morphismes naturels

Corrm(A, B)×Corrn(B, C)−→Corrmn(A, C) ∀m, n≥1 (1.2) De plus, sieCorr1(A, A) est une correspondance telle quee◦e=e, nous disons que e est un projecteur. Posons Corr(A, B) := Sn≥1Corrn(A, B) et notons parC(A, B) le groupe abélien engendré par les correspondances deAversB. Alors, nous définissons la catégorieALGCtelle que les objets de ALGCsont les monoïdes dansCet avec

HomALGC(A, B) :=C(A, B)ZC (1.3) On peut considérer la catégorieALGCcomme un analogue de la catégorie des schemas projectifs lisses sur k enrichie par les correspondances.

Dans Section 3, nous construirons une théorie cyclique bivariante pour les monoïdes dans (C,⊗,1). Étant donnés deux monoïdes A, B dans C, notons parHCk(A, B),k∈Zles groupes d’homologie cyclique bivariante.

Alors, considérons la catégorie M otC telle que ses objets sont les couples

(4)

(A, m) oùAest un monoïde etm∈Z. De plus, posons (∀(A, m),(B, n)∈ M otC, k∈Z)

HomM otC((A, m),(B, n)) =HomM otC((A, m+k),(B, n+k))

:=HCm−n(A, B) (1.4)

Nous montrons qu’il existe un foncteur canonique

I :ALGC−→M otC I(A) := (A,0) (1.5) En particulier, si eCorr1(A, A) est un projecteur, on a un morphisme I(e)∈HomM otC((A,0),(A,0)). Pour chaquem∈Z, notons parI(e)[m] le morphismeI(e) consideré comme un élément deHomM otC((A, m),(A, m))

=HomM otC((A,0),(A,0)).

La catégorieM otgCdes motifs sur (C,⊗,1) est définie comme suit : Les objets de M otgCsont les triplets (A, e, m) tels queA est un monoïde dans C,eCorr1(A, A) est un projecteur etm∈Z. De plus, posons

Hom

M otgC((A, e, m),(B, f, n))

:=I(f)[n]HomM otC((A, m),(B, n))◦I(e)[m]⊆HCm−n(A, B) (1.6) Dans la catégorieM otgC, nous considérons le motif de TateT:= (1, id,−1) et le motif de LefschetzL:= (1, id,−1). Nous montrons que les opérateurs de périodicité de Connes, considérés comme cycles dans HC−2(A, A), in- duisent les morphismes naturels (voir (3.50))

Sm−2(A)

−−−−−−→ (A, e, m)T⊗2

Sm(A)

−−−−→ (A, e, m) −−−−−−→Sm+2(A) (A, e, m)L⊗2 (1.7) Enfin, nous utilisons le système inductif (1.7) pour définir une catégorie des motifs périodiques sur (C,⊗,1) (voir (3.54)).

Remerciements : J’adresse mes plus sincères remerciements au Pro- fesseur Alain Connes, qui a suggéré cette direction de recherche.

2. Correspondances entre les catégories des modules

Soit k un corps algébriquement clos. Notons parAlgk la catégorie des k-algèbres unitaires. Dans tout l’article, les algèbres considérées appar- tiennent à Algk. Tous les homomorphismes sont supposés unitaires.

Pour chaquek-algèbreA, la catégorie desA-modules à gauche est notée parAM od. Notons queAM od est une catégorie abélienne. Alors, les

(5)

produits directs finis dans AM od coïncident avec les sommes directes finies. Pour chaque objetM deAM od, notons parMnla somme directe (ou le produit direct) de ncopies deM.

Étant donné un morphismef :A−→B dansAlgk, il existe un foncteur f :AM od−→BM od défini comme suit :

f :AM od−→BM od f(M) :=BAM (2.1) Il est bien connu que le foncteur de restrictionf :BM od−→AM od est un adjoint à droite de f.

Notre but est d’agrandir la catégorie Algk en ajoutant les correspon- dances finies et étales. La notion de correspondance finie entre les schémas est bien connue (voir [10]). Mais, dans la définition suivante, nous nous limitons à des correspondances finies et étales.

Définition 2.1. Soient X et Y deux schémas lisses et separés sur k.

Supposons queX est connexe. Une correspondance élémentaire deXvers Y est un sous-ensemble ZX×Y fermé et irréductible tel que Z est fini, étale et surjectif sur X.

Si X n’est pas nécessairement connexe, une correspondance élémen- taire de X vers Y est une correspondance élémentaire d’une composante connexe de X vers Y.

Notons par Cor(X, Y) le groupe abélien libre engendré par les corres- pondances élémentaires de X versY.

De plus, si f : X −→ Y est un morphisme fini et étale de schémas sur k, on sait que (voir [8, § 5.6]) pour chaque sous-ensemble ouvert V = Spec(A)Y, on a U = f−1(V) = Spec(B), où B est une A- algèbre séparable et projective de type fini. Ainsi, on sait que B est un A-module projectif de rang fini. Alors, il existe unA-module libreAn et un monomorphismeB −→AndesA-modules. Si le morphisme d’ anneaux commutatifs induit par f|U :U −→V est noté par g:A−→ B, il existe des morphismes naturels de A-modules :

gg(M) =BAM −→AnAM 'MnMAM od (2.2) Définition 2.2. SoientA,B deux algèbres appartenant àAlgk. Soitnun entiern≥1. Une correspondance deAversBde rangnest un quadruplet (C, fA, fB, iB) tel que :

(6)

(a) C est une k-algèbre et fA : A −→ C, fB : B −→ C sont des homomorphismes d’anneaux.

(b) iB :fB∗fB −→Idn est une transformation des foncteurs, où Idn : BM od −→ BM od est défini comme Idn(M) = Mn pour chaque MBM od.

Soient A, B deux algèbres appartenant à Algk et soit (C, fA, fB, iB) une correspondance de A vers B de rang n. Alors, on peut définir deux foncteurs :

P :AM od−→BM od P :=fB∗fA

Q:BM od−→AM od Q:=fA∗fB (2.3) Choisissons M, M00BM od et M0AM od. Considérons le dia- gramme commutatif suivant :

Hom(fBM, fAM0)Hom(fAM0, fBM00) −−−−→ Hom(fBM, fBM00)

=

y

=

y

Hom(M, fB∗fAM0)Hom(M0, fA∗fBM00) −−−−→ Hom(M, fB∗fBM00)

=

y Hom(M,iB(M

00))

y Hom(M, P(M0))Hom(M0, Q(M00)) −−−−→ Hom(M, M00)n

(2.4)

où le morphisme

Hom(fB(M), fA(M0))⊗Hom(fA(M0), fB(M00)−→Hom(fB(M), fB(M00)) dans le diagramme (2.4) est donné par composition. Notons que la ca- tégorie CM od n’apparaît pas explicitement dans la flèche du bas du diagramme (2.4) Pour nos fins, nous avons besoin d’introduire la notion de correspondance entre catégories abéliennes. Cela est motivé par (2.4).

Définition 2.3. Soient A etB deux catégories abéliennes et soit n≥1.

Une correspondance de rang nde A vers B est un triplet (P, Q, fP Q) tel que :

(a) P :A −→ B,Q:B −→ Asont des foncteurs.

(b) fP Q = {fP Q(M0)}M0∈A est une famille des transformations des foncteurs telle que, pour chaque M0 ∈ A fixé, il existe des morphismes naturels (∀M,M00∈ B)

Hom(M, P(M0))Hom(M0, Q(M00)) fP Q(M, M

0, M00)

−−−−−−−−−−−→ Hom(M, M00)n (2.5)

(7)

Notons par Corrn(A,B) le sous-ensemble des correspondances deA vers B de rangn. Posons Corr(A,B) := S

n≥1

Corrn(A,B).

Nous remarquons que, ∀ M, M00 ∈ B, l’ensemble Hom(M, M00) est un groupe abélien. Ainsi, la somme directe de ncopies de Hom(M, M00) coïncide avec le produit direct de n copies deHom(M, M00).

Proposition 2.4. Soient A et B deux catégories abéliennes. Soit (P, Q) un couple des foncteurs adjoints P :A −→B, Q:B −→A. Alors, (P, Q) définit une correspondance de Avers B de rang 1.

Démonstration. Fixons un objet M0 ∈ A et choisissons deux objets M, M00∈ B. Alors, il existe un morphisme naturel

fP Q(M, M0, M00) :=

Hom(M, P(M0))⊗Hom(M0, Q(M00))

=

y

Hom(M, P(M0))⊗Hom(P(M0), M00)

y Hom(M, M00)

(2.6)

où le morphismeHom(M, P(M0))⊗Hom(P(M0), M00)−→Hom(M, M00) est défini par composition des morphismes. Alors, (P, Q, fP Q) est une cor-

respondance de Avers B de rang 1.

SoientA,B,Ctrois catégories. Soit (P, Q),P :A −→ B,Q:B −→ Aun couple des foncteurs adjoints. Soit (P0, Q0),P0 :B −→ C,Q0:C −→ B un autre couple des foncteurs adjoints. Alors, il est bien connu que (P0P, QQ0), P0P :A −→ C,QQ0 :C −→ A est un couple des foncteurs adjoints. Dans la proposition suivante, on voit que la composition des correspondances est effectuée d’une manière très similaire.

Proposition 2.5. Soient A, B, C trois catégories abéliennes. Fixons m, n≥1. Alors, il existe une composition des correspondances

Corrm(A,B)⊗Corrn(B,C)−→Corrmn(A,C) (2.7)

(8)

Démonstration. Soit (P, Q, fP Q) ∈ Corrm(A,B) une correspondance de rang m et soit (P0, Q0, fP0Q0) ∈Corrn(B,C) une correspondance de rang n. Choisissons M, M00 ∈ C et M0 ∈ A. Puisque (P, Q, fP Q) est une cor- respondance, il existe un morphisme

Hom(P M0, P M0)⊗Hom(M0, QQ0(M00))

fP Q(P M0,M0,Q0M00)

y

Hom(P M0, Q0M00)m

(2.8)

En particulier, considérons le morphisme identité idHom(P M0, P M0).

Alors, on a un morphisme

fP Q(P M0, M0, Q0M00)(id⊗_) :Hom(M0, QQ0M00)→Hom(P M0, Q0M00)m Puisque (P0, Q0, fP0Q0) est une correspondance, il existe un morphisme

Hom(M, P0P M0)⊗Hom(P M0, Q0M00)

fP0Q0(M,P M0,M00)

y Hom(M, M00)n

(2.9)

En utilisant (2.8) et (2.9), nous posons :

fP0P,QQ0(M, M0, M00) :=

Hom(M, P0P M0)Hom(M0, QQ0M00)

y1⊗fP Q(P M

0,M0,Q0M00)(id⊗__)

Hom(M, P0P M0)Hom(P M0, Q0M00)m

y

n

i=1

fP0Q0(M,P M0,M00)

Hom(M, M00)nm

(2.10)

Donc, le triplet (P0P, QQ0, fP0P,QQ0) est une correspondance de A vers C de rang mn.

Plus généralement, considérons une petite catégorie monoïdale symé- trique (C,⊗,1). Supposons queCest abélienne et tous les produits directs finis sont inclus dans C. Pour en savoir plus sur les catégories monoïdales symétriques, voir, par exemple, [7]. Dans toute la suite, notons par AlgC

la catégorie des monoïdes commutatifs et unitaires dansC.

(9)

Définition 2.6. Soit (C,⊗,1) une catégorie monoïdale symétrique comme plus haut. Soient A, B deux monoïdes appartenant à AlgC. Alors, une correspondance de rang nde A versB est une famille

(P,Q,fP Q) ={(PT, QT, fP QT )T∈AlgC} (2.11) vérifiant les conditions suivantes :

(a) Pour chaque monoïde TAlgC, (PT, QT, fP QT ) est une correspon- dance de (A⊗T)−M od vers (B ⊗T)M od de rang n (au sens de la Définition 2.3).

(b) Soit g : T −→ T0 un morphisme dans AlgC. Pour M, M00 ∈ (B⊗T)−M od,M0 ∈(A⊗T)−M od, posons N := (B⊗T0)⊗B⊗T M, N0 := (A⊗T0)⊗A⊗T M0,N00 := (B⊗T0)⊗B⊗T M00. Alors, les foncteurs {PT, QT}T∈AlgC sont compatibles avec le changement de base :

PT0(N0) =PT0((A⊗T0)⊗A⊗T M0) = (B⊗T0)⊗B⊗T PT(M0) QT0(N00) =QT0((B⊗T0)⊗B⊗T M00) = (A⊗T0)⊗A⊗T QT(M00)

(2.12) De plus, le diagramme suivant est commutatif :

HomB⊗T(M, PTM0)HomA⊗T(M0, QTM00)f

T

P Q(M,M0,M00)

−−−−−−−−−−→HomB⊗T(M, M00)n

y

y (2.13) HomB⊗T0(N, PT0N0)HomA⊗T0(N0, QT0N00)f

T0

P Q(N,N0,N00)

−−−−−−−−−→HomB⊗T0(N, N00)n où les morphismes verticaux sont induits par changement de base. Notons par Corrn(A, B) le sous-ensemble des correspondances de A vers B de rang n. PosonsCorr(A, B) := S

n≥1

Corrn(A, B).

Proposition 2.7. Soit (C,⊗,1) une catégorie monoïdale symétrique comme plus haut. Soient A, B, T trois monoïdes appartenant à AlgC. Alors, il existe des applications naturelles :

Corrn(A, B)−→Corrn(A⊗T, BT) ∀n≥1 (2.14) Démonstration. Soit (P,Q,fP Q) = {(PT0, QT0, fP QT0 )T0∈AlgC} une corres- pondance deA vers B de rangn. Nous posons (∀T0AlgC)

P[T]T0 :=PT⊗T0 Q[T]T0 :=QT⊗T0 fP Q[T]T0 :=fP QT⊗T0 (2.15)

(10)

Alors, on voit aisement que la famille

(P[T],Q[T],fP Q[T]) :={(P[T]T0, Q[T]T0, fP Q[T]T0)T0∈AlgC} (2.16) satisfait toutes les conditions dans la définition 2.6.

Proposition 2.8. Soit (C,⊗,1) une catégorie monoïdale symétrique comme plus haut. Soient A1, A2, A3 trois monoïdes appartenant à AlgC. Fixons m, n≥1. Alors, il existe une composition des correspondances

Corrm(A1, A2)⊗Corrn(A2, A3)−→Corrmn(A1, A3) (2.17) Démonstration. Soit{(PT, QT, fP QT )T∈AlgC)} ∈Corrm(A1, A2) une corres- pondance deA1versA2et soit{(P0T, Q0T, fPT0Q0)T∈AlgC)} ∈Corrn(A2, A3) une correspondance de A2 versA3. Il résulte de Proposition 2.5 que, pour chaqueTAlgC, on peut composer les correspondances (PT, QT, fP QT )∈ Corrm(A1TM od, A2TM od) et (P0T, Q0T, fPT0Q0)∈Corrn(A2TM od, A3TM od). Posons

(P0T, Q0T, fPT0Q0)◦(PT, QT, fP QT )

= (P0TPT, QTQ0T, fPT0P,QQ0)∈Corrmn(A1TM od, A3TM od)fPT0P,QQ0 est défini comme dans (2.10). Soitg:T −→T0 un morphisme dansAlgC. Alors, les foncteursP0TPT,QTQ0T,TAlgCsont compatibles avec le changement de base :

Pour chaque MA3TM od,NA1TM od, on a

P0T0PT0((A1T0)⊗A1⊗T N) =P0T0((A2T0)⊗A2⊗T PT(N))

= (A3T0)⊗A3⊗T P0TPT(N) QT0Q0T0((A3T0)⊗A3⊗T M) =QT0((A2T0)⊗A2⊗T Q0T(M))

= (A1T0)⊗A1⊗T QTQ0T(M) Enfin, on voit que les morphismes fPT0P,QQ0,TAlgCdéfinis comme dans (2.10) sont naturels au sens de (2.13).

Enfin, nous définissons la catégorie ALGC des monoïdes et corres- pondances. Les objets de ALGC sont les monoïdes dans C. Soient A,

(11)

BALGC. Notons parC(A, B) le groupe abélien libre engendré par les éléments de Corr(A, B). Posons

HomALGC(A, B) :=C(A, B)ZC (2.18) Il résulte de (2.18) que la catégorie ALGC estC-linéaire. Dans la section suivante, nous allons définir la catégorieM otgCdes motifs sur (C,⊗,1). La catégorieM otgCdes motifs sur (C,⊗,1) est munie d’un foncteur canonique F :ALGC−→M otgC.

3. La catégorie des motifs sur (C,⊗,1)

Soit (C,⊗,1) une catégorie monoïdale symétrique et abélienne comme dans la section 2. Nous avons supposé que la catégorie C est petite. Soit A un monoïde dans C. Alors, le nerf cyclique de la catégorie AM od est un ensemble cyclique au sens de Connes (voir [1], [2]). Notons par CN(A−M od) le nerf cyclique de AM od, CNn(A) l’ensemble de ses simplexes de dimension n(∀n≥0). Alors, on a

CNn(A) := a

M0,...,Mn

∈A−M od

HomA(M1, M0)×HomA(M2, M1)×...×HomA(M0, Mn)

On a les morphismes suivants :

δni(A) :CNn(A)−→CNn−1(A)

δni(A)(f0, ..., fn) := (f0, ..., fifi+1, ..., fn) ∀0≤in−1 δnn(A)(f0, ..., fn) := (fnf0, f1, ..., fn−1)

(3.1) entre les ensembles CNn(A),n≥0. De plus, on a un opérateur cyclique

δin(A) :CNn(A)−→CNn−1(A)

τn(A)(f0, f1, , ..., fn) := (−1)n(fn, f0, ..., fn−1) ∀(f0, ..., fn)∈CNn(A) Posons

CNn(A)C:=Z[CNn(A)]⊗ZC ∀n≥0 (3.2) où Z[CNn(A)] est le groupe abélien libré engendré par les éléments de CNn(A). Alors, on a les morphismes induits (∀ n≥0)

δni,

C:CNn(A)C−→CNn−1(A)C 0≤in

τn,C:CNn(A)C−→CNn(A)C (3.3)

(12)

Il résulte de (3.2) que CN(A)C := {CNn(A)C}n≥0 est un module cy- clique au sens de Connes (voir [2], [1]). Considérons le bi-complexeCC(A) correspondant à ce module cyclique (comme expliqué dans [9,§ 2]) et no- tons par T ot(CC(A)) le complexe total deCC(A). Alors, on a

T otk(CC(A)) :=CNk(A)CCNk−1(A)C...CN0(A)Ck≥0 (3.4) Les opérateurs de périodicité sont induits par les projections

T otk(CC(A)) =CNk(A)CCNk−1(A)C...CN0(A)C

Sk(A)

y

T otk−2(CC(A)) =CNk−2(A)CCNk−3(A)C...CN0(A)C

(3.5)

L’opérateur différentiel du complexeT ot(CC(A)) est donné par (∀k∈Z) : dk(A) :T otk(CC(A))−→T otk−1(CC(A)) dk(A) :=

k

X

p=0

dk−pk (A) (3.6) où les morphismes dk−pk (A) sont définis comme :

dk−pk (A) :=

Pk i=0

(−1)iδki,

C(A) sip= 0

k−p−1

P

i=0

(−1)i+1δi,k−p

C (A) + (1−τk−p,C(A)) sip≥1 est impair

k−p

P

i=0

(−1)iδi,Ck−p(A) +

k−p

P

i=0

k−p,C(A))i sip≥2 est pair Soient A,B deux monoïdes dansC. Rappelons queAlgC est la catégorie des monoïdes dans C. SiT −→T0 est un morphisme dansAlgC, il existe des morphismes naturels (∀ n≥0)

(A⊗T0)⊗(A⊗T)__ :CNn(A⊗T)C−→CNn(A⊗T0)C (3.7) induits par les foncteurs (A⊗T0)⊗(A⊗T)__ : (A⊗T)−M od−→(A⊗T0)−

M od de changement de base. En combinant avec (3.4), on peut définir les morphismes (∀ k≥0)

(A⊗T0)⊗(A⊗T)__ :T otk(A⊗T)−→T otk(A⊗T0) (3.8) Nous adaptons la théorie cyclique bivariante au cas des nerfs cycliques.

Pour en savoir plus sur cette théorie, voir [6], [9]. Nous considérons un complexe

(HomS(T ot(CC(A)), T ot(CC(B))), ∂) (3.9)

(13)

tel qu’un élément FHomSn(T ot(CC(A)), T ot(CC(B))) est une famille de morphismes linéaires :

F ={FkT :T otk(CC(A⊗T))−→T otk+n(CC(BT))|kZ, T AlgC} (3.10) vérifiant les propriétés suivantes :

(a) Pour chaque morphisme T −→T0 dansAlgC, on a (∀ k∈Z) (B⊗T0)⊗(B⊗T)__◦FkT =FkT0 ◦((A⊗T0)⊗(A⊗T)__) (3.11) (b) Pour chaque TAlgC, les morphismes FkT commutent avec les morphismes de périodicité :

Sk+n(B⊗T)◦FkT =Fk−2TSk(A⊗T) (3.12) Pour chaque élément FHomSn(T ot(CC(A)), T ot(CC(B))), l’opérateur différentiel du complexe HomS(T ot(CC(A)), T ot(CC(B))) est donné par (∀ TAlgC,k∈Z) :

n(F)Tk =dk+n(B⊗T)◦FkT −(−1)nFk−1Tdk(A⊗T) (3.13) Nous posons

HCp(A, B) :=Hp(HomS(T ot(CC(A)), T ot(CC(B)))) ∀p∈Z (3.14) De plus, si B0 est un autre monoïde dans C, on a un produit

HCp(A, B)⊗HCq(B, B0)−→HCp+q(A, B0) ∀ p, q∈Z (3.15) donné par la composition des morphismes. Nous sommes prêts à définir une catégorie préliminaire des motifs sur (C,⊗,1).

Définition 3.1. Soit (C,⊗,1) une catégorie monoïdale symétrique comme plus haut. Les objets de la catégorie M otC sont les couples (A, m), oùA est un monoïde dansCetm∈Z. Étant donnés deux objets (A, m), (B, n) de M otC, nous posons

HomM otC((A, m),(B, n)) :=HCm−n(A, B) (3.16)

(14)

Si (B0, p) est un autre objet de M otC, il résulte de (3.15) qu’il existe une composition

HomM otC((A, m),(B, n))⊗HomM otC((B, n),(B0, p))

=

y

HCm−n(A, B)⊗HCn−p(B, B0)

y

HCm−p(A, B0) =HomM otC((A, m),(B0, p))

(3.17)

En appliquant (3.16), nous voyons aussi que (∀ k≥0)

HomM otC((A, m+k),(B, n+k)) =HomM otC((A, m),(B, n)) (3.18) De plus, étant donné un morphismeFHomM otC((A, m),(B, n)), notons parF[k] le morphismeFconsidéré comme un élément deHomM otC((A, m+

k),(B, n+k)).

Proposition 3.2. Soient A, B, T trois monoïdes dans (C,⊗,1). Pour tous les entiers m, n, p∈Z, il existe des morphismes naturels

HomM otC((A, m),(B, n))−→HomM otC((A⊗T, m+p),(B⊗T, n+p)) Démonstration. En combinant (3.14) et (3.16), on a

HomM otC((A, m),(B, n)) =Hm−n((HomS(T ot(CC(A)), T ot(CC(B))))) Considérons un élémentFHomSm−n(T ot(CC(A)), T ot(CC(B))) qui in- duit une classe dans le groupe d’homologie

Hm−n((HomS(T ot(CC(A)), T ot(CC(B))))) =HCm−n(A, B) (3.19) Alors, F est une famille de morphismes

{FkT0 :T otk(CC(AT0)−→T otk+m−n(CC(BT0))|kZ, T0 AlgC} (3.20) comme dans (3.10). En particulier, la sous-famille

F[T] :={F[T]Tk00|kZ, T00AlgC}

F[T]Tk00:=FkT⊗T00:T otk(CC(ATT00))−→T otk+m−n(CC(BTT00)) est un élément de HomSm−n(T ot(CC(A⊗T)), T ot(CC(B⊗T))). Puisque F induit un élément dans le groupe d’homologie, on a (∀ T0AlgC, k∈Z)

m−n(F)Tk0 =dk+m−n(B⊗T0)◦FkT0−(−1)m−nFk−1T0 ◦dk(A⊗T0) = 0 (3.21)

(15)

En particulier, on a (∀T00AlgC,k∈Z)

m−n(F[T])Tk00=

dk+m−n(B⊗TT00)◦FkT⊗T00−(−1)m−nFk−1T⊗T00dk(A⊗TT00) = 0 Alors, il existe dans Hm−n((HomS(T ot(CC(A⊗T)), T ot(CC(B⊗T))))) une classe induite par F[T]. Ainsi, nous avons un morphisme

HomM otC((A, m),(B, n))−→HomM otC((A⊗T, m),(B⊗T, n))

=HomM otC((A⊗T, m+p),(B⊗T, n+p)) Proposition 3.3. Soient A, B, T trois monoïdes dans (C,⊗,1). Alors, il existe un foncteur naturel I :ALGC−→M otC défini comme

I :ALGC−→M otC I(A) := (A,0) ∀ AALGC (3.22) De plus, le diagramme suivant est commutatif :

C(A, B) −−−−→ C(AT, BT)

y

y

HomM otC((A,0),(B,0)) −−−−→ HomM otC((A⊗T,0),(B⊗T,0)) (3.23) Démonstration. Choisissons une correspondance{(PT0, QT0, fP QT0 )T0∈AlgC} deAversB. Pour chaqueT0AlgC, le foncteurPT0 : (A⊗T0)−M od−→

(B⊗T0)−M odinduit un morphisme entre les nerfs cycliquesCN(A⊗T0M od) etCN(B⊗T0M od). Donc, le foncteurPT0 induit un morphisme entre les modules cycliquesCN(A⊗T0)CetCN(B⊗T0)C. Alors, on obtient les morphismes (∀k∈Z)

CN(P)Tk0 :T otk(CC(A⊗T0))−→T otk(CC(B⊗T0)) (3.24) Alors, on a une famille de morphismes :

CN(P) :={CN(P)Tk0|k∈Z, T0AlgC} (3.25) Puisque les morphismes CN(P)Tk0 sont induits par les foncteurs PT0 : (A⊗T0)−M od−→(B⊗T0)−M od, il résulte de la définition 2.6 que les morphismes {CN(P)Tk0|k ∈ Z, T0AlgC} satisfont les propriétés (3.11) et (3.12). De plus, les morphismes induits CN(P)Tk0 commutent avec les

(16)

différentielles sur les complexes totaux T ot(CC(AT0)) etT ot(CC(BT0)). Alors, on a

0(CN(P))Tk0 =dk(B⊗T0)◦CN(P)Tk0−CN(P)Tk−10 ◦dk(A⊗T0) = 0 (3.26) Donc, CN(P) est une classe dans le groupe d’homologie

H0(HomS(T ot(CC(A)), T ot(CC(B)))) =HomM otC((A,0),(B,0)) Alors, on a un foncteur

I :ALGC−→M otC I(A) := (A,0) ∀AALGC De plus, on sait que les morphismes

Corrn(A, B)−→Corrn(A⊗T, BT) ∀ n≥1 (3.27) dans (2.14) sont définis comme sous-familles de{PT0 : (A⊗T0)−M od−→

(B⊗T0)−M od|T0AlgC}. Dans la démonstration de la proposition 3.2, on voit que les morphismes

HomM otC((A,0),(B,0))−→HomM otC((A⊗T,0),(B⊗T,0)) (3.28) sont définis d’une manière similaire. Ainsi, le diagramme (3.23) est com- mutatif.

Définition 3.4. Soit A un monoïde dans (C,⊗,1). Alors, une corres- pondance (P,Q,fP Q) = {(PT, QT, fP QT )T∈AlgC} de rang 1 est dite un projecteur si elle satisfait :

(P,Q,fP Q)(P,Q,fP Q) = (P,Q,fP Q) (3.29)

Nous sommes prêts à définir la catégorie des motifs sur (C,⊗,1).

Définition 3.5. Soit (C,⊗,1) une catégorie monoïdale symétrique comme plus haut. Les objets de la catégorie M otgC des motifs sur (C,⊗,1) sont les triplets (A, e, m) tels que :

(a) A est un monoïde dans (C,⊗,1) etm∈Z. (b) eCorr1(A, A) est un projecteur.

Soient (A, e, m), (B, f, n) deux objets de M otgC. Il résulte de (3.18) que HomM otC((A, m),(A, m)) =HomM otC((A,0),(A,0)) =HC0(A, A)

HomM otC((B, n),(B, n)) =HomM otC((B,0),(B,0)) =HC0(B, B)

(17)

Les morphismes dans M otgC sont définis comme suit : Hom

M otgC((A, e, m),(B, f, n))

:=I(f)[n]◦HomM otC((A, m),(B, n))◦I(e)[m] (3.30) oùI(e)[m] (resp.I(f)[n]) est l’élément deHomM otC((A, m),(A, m)) (resp.

HomM otC((B, n),(B, n))) correspondant àI(e)HomM otC((A,0),(A,0)) (resp. I(f)∈HomM otC((B,0),(B,0))).

Pour chaque monoïdeAdansC, le motif deA est défini comme l’objet (A, id,0) de M otgC.

Considérons deux objets (A, e, m), (B, f, n) deM otgC. PuisqueI(e)[m]∈ HC0(A, A) et I(f)[m]∈HC0(B, B) sont des idempotents, on a

Hom

M otgC((A, e, m),(B, f, n))

=I(f)[n]◦HomM otC((A, m),(B, n))◦I(e)[m]HCm−n(A, B) (3.31) Dans la catégorieM otgC, nous définissons les trois motifs suivants : (1) Le motif trivial : 1:= (1, id,0).

(2) Le motif de Lefschetz : L:= (1, id,1).

(3) Le motif de Tate :T:= (1, id,−1).

Proposition 3.6. Soit T un monoïde dans C. Pour chaque k∈Z, on a un foncteur

_⊗(T, id, k) :M otgC−→M otgC (A, e, m)7→(A⊗T, e[T], m+k) (3.32) e[T]∈ Corr1(A⊗T, AT) est l’élément associé à eCorr1(A, A) par le morphisme

Corr1(A, A)−→Corr1(A⊗T, AT) (3.33) défini comme dans 2.14.

Démonstration. Soient (A, e, m), (B, f, n) deux objets de M otgC. Il suffit de montrer qu’on a un morphisme naturel :

Hom

M otgC((A, e, m),(B, f, n))

y Hom

M otgC((A⊗T, e[T], m+k),(B⊗T, f[T], n+k))

(3.34)

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