A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
A NDRÉ L ICHNEROWICZ
Champ de Dirac, champ du neutrino et transformations C, P, T sur un espace-temps courbe
Annales de l’I. H. P., section A, tome 1, n
o3 (1964), p. 233-290
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p. 233
Champ de Dirac, champ du neutrino
et
transformations C, P, T
sur un
espace-temps courbe
André LICHNEROWICZ
(Collège
deFrance)
Poincaré,VoL I, n° 3, 1964,
Physique théorique.
INTRODUCTION
Dans deux travaux récents
(Lichnerowicz [1] [3]), j’ai exposé
en détailles
principaux
éléments d’une théoriequantique
deschamps
sur un espace-temps
courbeV4.
Laconstruction,
dans le cadre de la relativitégénérale,
des commutateurs et anticommutateurs des différents
champs physiques
suppose l’introduction de «
propagateurs
» tensoriels ouspinoriels
relatifsà des
opérateurs
différentielshyperboliques
surV4.
Dans mon
premier
travail[1], j’ai développé
la théoriemathématique
de ces
propagateurs
dans le cas tensoriel etj’ai appliqué
cette théorie àl’étude du méson vectoriel ou du
champ électromagnétique (spin 1)
ainsiqu’à
celle duchamp gravitationnel
varié(spin 2)
sur la variété espace-temps V4.
Le mémoire[3]
a été consacré aux propagateursspinoriels
et apermis
la construction d’anticommutateursrigoureux
par lechamp
de Dirac(spin 1/2)
et pour lechamp
deRarita-Schwinger (spin 3/2),
ainsi que l’exten-sion à la relativité
générale
de laclassique
théorie de Pétiau-Duffin-Kemmer(spin
maximum1)
et du commutateurcorrespondant
d’Umezawa-Visconti.*
**
Le
présent
travail a deux buts : ilconvenait,
d’une part, dedévelopper
unethéorie des neutrinos sur un
espace-temps
courbe. Il convenaitaussi,
à lalumière des études des différents
champs physiques, d’élaborer,
dans leANN. INST. POINCARÉ, A-I-3 16
cadre ainsi
créé,
une théorie des transformationsC,
P et T. La théorie des neutrinosproposée
ici ne se réduit pas, même dans le casplan
à laclassique
théorie de
Yang
etLee;
elleprévoit
l’existence de deux neutrinos v et v’et de deux antineutrinos v et
v’,
correctement liés parconjugaison
decharge.
L’essentiel de cette théorie a été
publié,
en collaboration avec Mme Moret-Bailly,
dans une note auxComptes
rendus.En ce
qui
concerne les transformationsC, P, T,
il nous a fallu modifierassez sensiblement le
point
de vueclassique
pour le rendre formulablesur un
espace-temps
courbe. Nous avons ainsi été conduits à donner une définition nouvelle de lasymétrie d’espace
P et de lasymétrie
detemps
T faisant intervenir directement deux de ces «objets géométriques »
que l’onnomme des orientations. L’orientation
temporelle
p deV4
et son orientationspatiale
a(ou
son orientation totale e =pa) jouent
ici un rôle essentiel.Une invariance CTP
apparaît
pour dessystèmes physiques
invariants d’unepart
parconjugaison
hermitienne(transformation H),
d’autrepart
parsymétrie
totale(transformation K).
*
* *
Ce travail est divisé en
quatre parties :
lapartie
1 est consacrée auxspi-
neurs sur un
espace-temps
courbe muni de deux orientations. La notiond’espace
fibré desrepères spinoriels
yjoue
le rôleprincipal
et lesspineurs envisagés
sonttoujours
des «spineurs
à 4composantes
». On notera que, dans un but desimplicité,
nous avonssystématiquement adopté
des matrices de Diracréelles,
cequi
conduit pour laconjugaison
decharge
à lareprésen-
tation la
plus simple.
Une seconde
partie
porte sur la théoriegénérale
duchamp
de Diracet montre comment la théorie
classique
du casplat
s’étend sans difficultés à unespace-temps
courbequelconque.
Il est alors aisé dedévelopper
lathéorie du
champ neutrinique
considéré comme unchamp
de Dirac sansterme de masse.
Après décomposition
duspineur ~ correspondant
enspineurs positif
etnégatif, y+
et~_,
il estpossible
de déduire de la théorie les anticommutateursrigoureux
deschamps y+
ety-
et d’étudier lespropriétés
des
principaux
observables.La
partie
IV est consacrée à l’étude desC,
P ou T-invariances des diffé- rentes théories deschamps physiques
dans le cadreadopté.
Ce cadre etle formalisme
correspondant
rendent presque triviale l’étude des invariances.Je tiens à remercier ici Mme
Moret-Bailly
pour sa collaboration et M. Louis Michel pourquelques
entretiens extrêmement fructueux.DIRAC,
I. - LES SPINEURS
SUR UN ESPACE-TEMPS COURBE
1. Orientations sur un
espace-temps. - a)
SoitV4
une variété diffé- rentiable de dimension4,
de classe Nous supposonsl’espace-temps
Vmuni d’une structure riemanienne dont la
métrique
ds2 est detype hyper- bolique
normal. Nous avons en coordonnées locales(ce,
tout indicegrec =
0, 1, 2, 3)
deV4 :
Nous
désignons
par g le tenseurmétrique
deV4.
SiTx
estl’espace
vectorieltangent en x
àV4,
lamétrique (1-1)
définit dansTx,
enchaque point x
deV4,
un cône convexe du second
ordre,
le cône élémentaireCx
lieu des directionsspatio-temporelles
telles que ds2 = 0.Nous
rapportons systématiquement l’espace-temps V4
à desrepères orthonormés,
éléments d’un espacefibré principal E(V4)
sur la baseV4,
de groupe structural le groupe de Lorentzhomogène L(4).
Relativement à cesrepères y == {
eo,(A
=i, 2, 3)
lamétrique peut
être écrite locale-ment sur un
voisinage
ouvert deV4 :
où les 6cx sont des formes de Pfaff et où g03B103B2 = avec = 0
pour 03B1 ~ 03B2,
~00 ==
l,
1.b)
Le groupe de Lorentzcomplet L(4) comprend quatre composantes
connexes dont la
composante
de l’identité sera notéeLo(4)
et dite le groupe de Lorentz connexe. La «symétrie
dansl’espace » (eo
- eo, eA - -e )
relativement à un
repère
orthonormée fournit un élément d’une secondecomposante Li(4) qui
définit avecLo(4)
le groupe de Lorentz orthochrone.De même la «
symétrie
dans letemps
»(eo
- - eo, eA -eA)
définit une troi-sième
composante L2(4) qui
constitue avecLo(4)
le groupe de Lorentzorthospatial.
Enfin lasymétrie
totale(eo
- - eo, eA - -eA)
fournit unélément de la
quatrième composante L3(4) qui
définit avecLo(4)
le groupe de Lorentz unimodulaire.Si A =
~Aâ~~
EL(4)
nous pouvons définir sonappartenance
à l’une desquatre composantes
deL(4)
de la manière suivante : nousappelons signature totale S:A
de la matrice A un nombreégal à ~
1 selon lesigne
de dét. A.La
signature temporelle
pA de la matrice A estégale
1 selon lesigne
deA:’;
enfin la
signature spatiale
~,, de Apeut
être définie par leproduit
.Il en résulte que les
quatre composantes
deL(4) peuvent
être caractérisées par lessignatures
suivantes :c~
Nousappelons
orientation totale ~ deV4
unpseudoscalaire
de carré 1.Un tel
objet géométrique,
s’ilexiste,
est défini relativement auxrepères y
de
E(V4)
par unecomposante
~y = + 1 telle que si y =y’A (A
EL(4))
Si s et e’ sont deux orientations totales de
V4,
se’ est un scalaire deV4
de carré 1. Parsuite,
on a surV4
soit es’ ==1,
soit ee’ = - 1. AinsiV4
admetau
plus
deux orientations totales e et - e.Supposons
queV4
admette une orientation totale e et considérons un recouvrement arbitraire de V4 par desvoisinages
ouverts munis derepères
orthonormés. Si
{ 6~ }
sont les formes de Pfaffcorrespondant
à un ouvertquelconque
du recouvrement, lesdéfinissent sur
V4
une 4-formeglobale
~,la , f ’orme
élément de volume définie par lamétrique
et l’orientation. La donnée de laforme 7)
estéquivalente
à celle de l’orientation.
d)
Une orientationtemporelle
p est définie surV4,
relativement auxrepères
y E
E(V4)
par unecomposante
py == di 1 telle quesi y
=y’A,
on aitOn voit de même que
V4
admet auplus
deux orientationstemporelles
pet - p.
Nous supposons dans toute la suite que
V4
admet une orientation totale ~et une orientation
temporelle
p que nous choisissons.On notera
qu’une
variétéhyperbolique V4
peut admettre une orientation totale et n’admettre aucune orientationtemporelle
ou inversement.Un vecteur eo avec
(e~
=1)
en x est orienté rers lefutur (resp.
lepassé)
si la
composante
de p relativement auxrepères
orthonormés(eo, eA)
estégale
à 1(resp. - 1 ).
L’orientationtemporelle
p permet ainsi dedistinguer,
de
façon
cohérente sur toute lavariété,
les demi-cônes deCx,
demi-cônefutur C/ et
demi-cônepassé CX .
DIRAC,
La donnée de e et p définit sur
V4
une orientationspatiale
a = e p de compo- sante ay = = + 1 telle quesi y = y’A :
Ces différentes orientations
jouent
un rôle fondamental pour la définition des transformations P et T.2. Variétés
globalement hyperboliques. - a)
Sur la variété espace-temps V4
munie de l’orientationtemporelle
p, un chemintemporel
est unchemin dont la
tangente
en toutpoint
x est dans ou surCx.
Si K est un ensemble deV4
lefutur E+(K)
de K est l’ensemble des cheminstemporels
issus des
points x
de K dans le futurde x ;
lepassé E-(K)
est l’ensemble des cheminstemporels
aboutissant auxpoints x
de K dans lepassé
de x.Ces définitions
s’appliquent
enparticulier
au cas où K== {je’ }.
L’émis-sion
E(x’)
d’unpoint
x’ est la réunion de son futurE+(x’)
et de sonpassé E-(x’).
La frontièreE(x’)
de cette émission estcaractéristique
relativementau
champ
des cônesélémentaires,
c’est-à-dire esttangente
en chacun deses
points x
au côneCx . AE(x’)
=rx’,
on donne le nom de conoïde carac-téristique
de sommet x’. Ce conoïde est un lieu debicaractéristiques
ougéo- désiques isotropes
issues de x’.A l’aide de coordonnées normales
géodésiques
de centrex’,
on voitqu’au voisinage
de son sommet, le conoïde estdifféomorphe
à unvoisinage
du sommet d’un
cône,
lesbicaractéristiques correspondant
auxgénératrices
du cône. Il n’en est
plus
de même loin dusommet x’,
même sous leshypo-
thèses
globales
que nous allonsindiquer;
enparticulier
lesgéodésiques isotropes
issues de x’peuvent
se recouper.b)
Dans la théoriegénérale
dessystèmes
linéaireshyperboliques, Leray
a introduit des
hypothèses globales qui
assurent l’existence de solutionsélémentaires,
même enprésence
desingularités
du conoïdecaractéristique.
Nous aurons besoin dans la suite de ces
hypothèses.
L’espace-temps V4 envisagé
seratoujours supposé globalement hyperbolique
dans le sens suivant : l’ensemble des chemins
temporels joignant
deuxpoints
est
toujours
soitvide,
soit compact : de tout ensemble infini de cheminstemporels joignant
ces deuxpoints,
onpeut
alors extraire une suite conver-geant vers un chemin
temporel.
Si cette condition estsatisfaite,
aucuneligne
de
temps
nepeut
être fermée.c) Exemple
de variétéglobalement hyperbolique :
Considérons une variétédifféomorphe
àR4,
munie d’unemétrique
telle que sur R4rapporté
à sescoordonnées
canoniques (~),
tous les cônesCx
définis par lesg4(x’)
etramenés par translation au sommet 0 soient intérieurs à un même cône fixe.
Les
pentes
des cheminstemporels
sont alors uniformémentbornées,
cequi implique l’hyperbolicité globale.
d)
Sur une variétéglobalement hyperbolique,
un ensemble K est dit compact vers lepassé (resp.
lefutur)
si l’intersection de K avecE-(x) (resp.
E+(x))
estcompacte
ou vide pour tout x ;E+(K)
et tout sous-ensemble fermé deE+(K)
sont alors aussicompacts
vers lepassé.
D’un lemme fondamental de
Leray,
il résulte que si K est compact vers lepassé
et K’ compact, l’intersectionE+(K)
nE-(K’)
est compacte.Tout
point
d’une variété localementhyperbolique
admet unvoisinage
Qhoméomorphe
à une boule ouverte etglobalement hyperbolique,
de tellesorte que les résultats
précédents
sont valables sur Q.3. Le
groupe Spin (4). - a )
Considérons unespace-temps
de Min- kowskirapporté
à unrepère
orthonormé etdésignons
par g03B103B2 les compo- santes du tenseurmétrique.
Introduisons unsystème {
dequatre
matrices 4 X 4 de Dirac à élémentscomplexes
Les indices grecs Ct,
P,
... sont dits indicestensoriels,
les indiceslatins a, b,
...(= 1, 2, 3, 4)
indicesspinoriels.
Dire que les yoe sont unsystème
de matrices de
Dirac,
c’est dire que l’on a l’identitéquels
que soient les VCXappartenant
au corps C descomplexes ;
e est la matriceunité. Cette identité se traduit par les conditions fondamentales :
Ta et Y(3 anticommutent pour et
y;
= - goeoee. Lessystèmes
de matricesde
Dirac jouissent
despropriétés
suivantes :1~ Toute matrice 4 X 4 sur les
complexes qui
commute avec lesYa est
de la forme ae, où a E C.2° est un second
système
de matrices de Dirac vérifiant(3-2),
il existe une matrice
régulière A
sur C telle que :3° On a dét =
1,
Tr =0,
Tr(yay3)
= 0pour ~ ~ fi,
Tr
(yayayy)
= 0 pour ce5~ P =~=
y, etc.DIRAC,
Considérons ainsi les matrices
On démontre à l’aide de la
propriété
de trace du 3° que les 16 matrices(3-3)
sont
indépendantes
sur le corpscomplexe
etengendrent l’espace
vectorielsur C des matrices 4 X 4.
b)
Considérons maintenantl’espace
vectorielsur
le corps R des réelsayant
pour base l’ensemble des 16 matricesenvisagées.
On déduit de(3-2)
que les
produits
de matrices y sont éléments de cet espace. Par leproduit
ordinaire des
matrices,
cet espace est par suite doué d’une structure rd’algèbre, l’algèbre
de Clifford réelleengendrée
par les Les élémentsréguliers
de r forment un groupemultiplicatif
r*qui
est, d’une manièrenaturelle,
un groupe de Lie(~).
Considérons le sous-espace M de r
engendré
par les Ya. et étudions le sous-groupe G de r*
défini
par les matrices A telles que :1° C
2° dét
(A) =
1c’est-à-dire telles que :
où A =
(Aâ~~
est une matrice 4 X 4 à éléments réels.On déduit aisément de
(3-2)
que A est un élément de groupe de LorentzL(4).
La formule(3-4)
fournit uneapplication p
A E G - A EL(4) qui
estmanifestement, d’après
sa définitionmême,
unhomomorphisme
de Gdans
L(4).
c)
Soit Gl’algèbre
de Lie deG, L(4)
celle deL(4).
Laprojection p
définitune
projection p’ :
X E(7 -~ ~
EL(4).
Si nousreprésentons
{JL par le tenseurantisymétrique
contravariant ou déduit par dérivation de(3-4)
où l’on a
posé yx
= Inversementsi y E L(4),
toute solution del’équa-
tion
précédente peut
s’écrire À= -l 03B103B203B303B103B303B2
+ ae et n’est de trace nulleque pour a = 0.
Ainsi, quel
quesoit ~.,
lesystème (3-5)
admet la solutionuniq ue
en À :(1)
Sur la théorie du groupespinoriel,
voir R. Brauer et HermannWeyl,
Lichne-rowicz [2] et géométrie
spinorielle (sous presse).
Il en résulte aisément que
p’
est unisomorphisme
de G surL(4).
d)
SoitGo
la composante de l’unité de G. Del’isomorphisme
entrealgèbres
de
Lie,
il résulte dimp(Go)
= dimLo(4)
et par suite :D’autre part, la matrice Y o de déterminant 1 vérifie :
où
Se
ELi(4)
est la matricereprésentant
lasymétrie
dansl’espace;
la compo- santéLi(4)
est donccomprise
dansp(G).
Enfin la matrice Y11213 de déterminant 1 vérifie :
où est la matrice
représentant
lasymétrie
dans letemps ;
est donc
comprise
dansp(G)
et il en est de même parproduit
pourL3(4).
On en déduit : .
Ainsi p
est unhomomorphisme
de G surL(4)
dont il est aisé d’obtenirle noyau : celui-ci est à l’intersection de G et du centre Re de
r ;
pourqu’une
matrice ae
(a
ER) appartienne
àG,
il faut et il suffitd’après
la condition de déterminant que a == m 1. Le noyau est donc constitué par les deux élé- ments + e etL(4)
estisomorphe
au groupequotient
de G par ce noyau.On démontre aisément que ce noyau
appartient
àG o
et queG o
estsimplement
connexe.
Le groupe G est
appelé
ici le groupespinoriel Spin (4).
Nousénonçons :
THÉORÈME. Le groupe
Spin (4) (resp. Spino (4))
est le revêtement d’ordre 2 du groupe de LorentzL(4) (resp. L o(4)). Spino (4)
estsimplement
connexe.La
projection
p deSpin (4)
surL(4)
est telle que sion ait :
p induit un
isomorphisme p’ d’algèbres
de Liedéfini
par(3-5)
et(3-6).
4.
L’espace
fibré desrepères spinoriels. 2014 ~
Nous supposons désormais que la variétéV4
est telle que du fibréprincipal E(V4)
desrepères
orthonormés
(§ 1),
onpuisse
déduire par extension un fibréprincipal
DIRAC,
de groupe structural
Spin (4). Lorsqu’il
en est ainsi nous disons queV,
admet une structurespinorielle;
unpoint
z deS(V4)
estappelé
unrepère spinoriel
etS(V4) l’espace fibré
desrepères spinoriels.
L’existence de est liée à la nullité de la seconde classe deStiefel-Whitney
de la variétéV4.
Nous notons 7c la
projection canonique
deS(V4)
surV4
et p laprojection
deS(V4)
surE(V4).
Un tenseur deV4,
ou uneorientation,
est ditrapporté
à unrepère spinoriel
s’il estrapporté
aurepère orthonormé y
= pzcorrespondant
à z.
Soit M un espace vectoriel de matrices 1 x 4 à éléments
complexes
surlequel opère
le groupeSpin (4).
Un1-spineur contravariant
aupoint
xde
V~
est uneapplication
z -~(z)
de dans M telle que :Si
03C8(z)
=(03C8a),
lesÇa
sont lescomposantes de 03C8
parrapport
aurepère spinoriel
z. Si =(~’),
lesc~~~
sont lescomposantes de ~
parrapport
à et(4-1) peut
s’écrire :Un
l-spineur
covariant cp en x est uneapplication
z -dans
l’espace
dual M’ de M telle que :Si
cp(z)
== les pa sont lescomposantes
de p parrapport
à z et(4-2)
s’écrit :
Les
1-spineurs
contravariants forment un espace vectorielSx
sur lescomplexes,
les1-spineurs
covariantsl’espace
vectoriel dualS:,
la formebilinéaire fondamentale étant
b)
Parproduits
tensoriels deSx
etSx,
nous obtenonsl’espace
vectorieldes
spineurs
detype (p, q),
contravariant d’ordre p, covariant d’ordre q. Sinous introduisons en outre dans les
produits
tensorielsl’espace Txc,
com-plexifié
del’espace
tangent en x, nous obtenons la notion detenseur-spineur.
Un
champ
de1-spineurs
contravariants deV4
est uneapplication
z ~Ç(z)
de
S(V4)
dans M satisfaisant(4-1).
Des définitions semblables sont valables pour leschamps
despineurs
de type(p, q)
et pour leschamps
de tenseurs-spineurs.
A l’aide de ces
notions,
nous pouvons donner uneinterprétation
de larelation
(3-7).
Elle peut s’écrire :soit
On voit sur
(4-4)
que les sont lescomposantes
parrapport
à unrepère spinoriel
d’un vecteurspineur
y detype (1 , 1 ) ;
y est dit levecteur-spinew
fondamental deVg.
5.
Conjugaison
decharge
etadjonction
de Dirac. - Nous notons A* lacomplexe conjuguée
d’une matrice arbitraireA,
par AT latransposée
de
A, par A ===
sonadjointe.
Par raison desimplicité
des calculs et desinterprétations,
nous supposons dans la suite que l’on a choisi poursystème
de matrices de Dirac ya un
système
de matrices réelles.Il est aisé de vérifier que les matrices suivantes vérifient la condition fon- damentale
(3-2)
Nous
appellerons
cesystème
de matrices lesystème
des matrices stan.dard. On notera que :
b)
Si Aappartient
àSpin (4),
on a :Par passage aux
complexes conjugués,
il vient :Par suite : soit :
La matrice commute avec les ya; il en résulte
qu’il
existe un scalairecomplexe
a~dépendant
continûment de A tel que :En
égalant
les déterminants des deux membres de(5-3),
on a(aA)4
=1,
c’est-à-dire ~A == d: 1 ouaA = £ 1;
aAdépendant
continûment de A et nepouvant prendre
que des valeursdiscrètes,
conserve la même valeur surchaque composante
connexe deSpin (4).
Les matrices A = e, A = Yo,!1 = Y1Y2Y3 étant
réelles,
on a aA = 1 pour toutes lescomposantes
deL(4).
Ainsi :
et par ce choix des matrices de
Dirac, Spin (4)
a pour éléments des matrices réelles.b) Soit Ç
un1-spineur contravariant,
on a :Par passage aux
complexes conjugués,
il vientpuisque
A* = A :Ainsi il existe une
application
antilinéaire C deSx
sur lui-mêmequi
à tout1-spineur 03C8
faitcorrespondre :
On voit immédiatement que C2 = Id. A C on donne le nom de
conjugaison
decharge.
Par dualité et
produit tensoriel,
laconjugaison
Cpeut
être étendue d’une manière naturelle à desspineurs
detype quelconque.
Enparticulier,
leconjugué
decharge
d’un1-spineur
covariant p estCp
=p*.
On voit que :c)
De(3-2)
il résulted’après (5-1) :
Introduisons la
matrice ~
=iyo qui
pour lesystème
standard s’écrit :fi
estimaginaire
pure, hermitienne et vérifiefi2
= e.D’après (5-6),
on a :Si A E
Spin (4),
on déduit de(5-2)
par passage auxadjoints :
soit
Il en résulte :
(5-8)
montrequ’il
existe un scalairecomplexe bA, dépendant
continûment deA,
tel que :On voit encore que + 1 i et que
bA
conserve la même valeur danschaque composante
connexe deSpin (4).
Pour A = e et A = yo on abA
= 1. Pour A = YIY2Y3, on abA = -
1.Désignons
par pA lasignature temporelle
de la matrice Aqui
est pardéfinition
celle de la matrice A =pA.
Il vient :
d)
Soit6
un1-spineur
contravariant. Deon déduit par passage aux
adjoints :
Par suite : soit
d’après (5-9) :
Si pz
(resp. PzA -1)
sont lescomposantes
de l’orientationtemporelle
ppar
rapport
aurepère spinoriel
z(resp.
on a :Il en résulte :
(5-10) exprime
que, sur la variétéV4
munie de l’orientationtemporelle
p,on
peut
associer à tout1-spineur
contravairant~,
le1-spineur
co variant :DIRAC,
Inversement tout
1-spineur
covariant cp estl’image
du1-spineur
contra4variant
ppi.
Nous définissons ainsi uneapplication
antilinéaire A deSx
sur
Sx.
A est
appelée l’adjonction
de Dirac. Il luicorrespond
surSx
une formesesquilinéaire
nondégénérée
définie par :L’adjonction
de Dirac A s’étend d’une manièrenaturelle,
par dualité etproduits
tensoriels auxspineurs
detype quelconque.
e)
En théoriequantique
deschamps,
on substitue auxcomposantes complexes
d’unspineur ~
descomposantes opérateurs
linéaires dans unespace de Hilbert Je. Soit
{
...,... ~
leproduit
scalaire dans cet espace de Hilbert. Si on note par lesymbole #
leconjugué
hermitien d’unopérateur
de
Je,
on a :où u, V eje.
Si ~
est un1-spineur
contravariantopératoriel,
il vient :On en déduit :
Désignons,
d’autrepart,
par lesymbole
X leproduit
de laconjugaison
hermitienne par la
transposition
T en tant que matriced’opérateurs.
Partransposition
de(5-12),
il vient :Il en résulte que
si ~
estopératoriel,
onpeut
définir laconjugaison
decharge
en substituant§S
à§*
etl’adjonction
de Dirac en substituantÇX
à1.
Si ~
est un1-spineur
contravariantopératoriel,
on aainsi,
avec notresystème
de matrices de Dirac :
6. La 2-forme
spinorielle fondamentale. - a )
Cherchons la loi de commutation entreadjonction
de Dirac etconjugaison
decharge
sur les1-spineurs. Si ~
est un1-spineur
contravariant ordinaire :et par suite : D’autre
part
de :on déduit :
soit
d’après
le caractèreimaginaire
purde 03B2
:On a ainsi :
L’adjonction
de Dirac et laconjugaison
decharge
anticommutent sur les1-spineurs.
b)
A tout1-spineur
contravariant~,
faisonscorrespondre
le1-spineuî
covariant
AC~.
Nous définissons ainsi unisomorphisme
r(application linéaire)
deSx
surS:,
c’est-à-dire un2-spineur
r covariant nondégénéré.
Si
r ab
sont lescomposantes
du2-spineur
r :Si
~2
sont deux1-spineurs contravariants,
on ad’après (5-11) :
soit
d’après (5-5)
et l’anticommutation de A et CLa relation :
exprime
que le2-spineur
r estantisymétrique.
La 2-formespinorielle
rest
appelée
la2-forme spinorielle fondamentale.
Au moyen der,
il estpossible
d’identifier les
1-spineurs
contravariants et covariants et par suite de ne consi- dérer que desp-spineurs
d’un seultype.
Maisl’antisymétrie
de r doitconduire à des
précautions
concernant lessignes.
Au
vecteur-spineur
fondamental y de type(1, 1) correspond
par r un vecteur-2spineur
covariantqui
estsymétrique
en tant quespineur :
7. Le
2-spineur ~. - a )
Entrel’espace
vectoriel des formes ou tenseursantisymétriques
aupoint x
deV4
etl’espace
des2’spineurs
detype (1, 1),
il existe un
isomorphisme
naturel S défini de la manière suivante. A toutep-forme
à valeurscomplexes
faisonscorrespondre
le(1, 1) spineur :
Si x est une forme non
homogène
à valeurscomplexes,
on a :Inversement en le
rapportant
à la base définie par lesproduits
de matrices de Diracdistinctes,
tout(1, 1)-spineur 03C8 peut
s’écrire d’une manière et d’uneseule, d’après
les considérationsdu §
3 :où les (J.(P) sont des
p-formes
à valeurscomplexes.
Ainsi il existe une forme ocet une seule telle que
b )
Sur la variétéespace-temps V4
munie de l’orientation e, nous avons défini la forme élément de volume r,. A cette formecorrespond
par S le(1, 1)-spineur
Posons :Sur un
voisinage
ouvert deV4
muni derepères spinoriels,
on a :Pour le
système
de matrices de Diracstandard,
lespineur ~
estimaginaire
pur et vérifie :
On voit immédiatement
que ~
satisfait :et
c)
Soit B(resp. B) l’automorphisme
deSx (resp. S)
défini paret étudions les
propriétés
de B et B. TransformonsB~
parconjugaison
decharge ;
il vient :Ainsi :
En ce
qui
concernel’adjonction
deDirac,
on ad’après (7-5)
et(7-6) :
Ainsi :
D’après (7-7), l’opérateur
B vérifie B2 = Id. Il en résulte que B admet les valeurspropres ±
1 etSx peut
êtredécomposé
en somme directeSx+- @ Sx-
de sous-espaces propres de B. Un élément de
Sx+(resp. Sx-)
estappelé
unspineur
de typepositif (resp. négatif)
ou, parabrégé,
unspineur positif
ounégatif.
Si~+
est unspineur positif :
Par
conjugaison
decharge,
on a :soit
d’après (7-8)
C
applique
ainsiSx-
surSx+
etréciproquement.
Les dimensionscomplexes
de
Sx+
etSx-
sont doncégales
entre elles etégales
à 2.Si on a :
où
6.
On en déduit :Il en résulte
DIRAC,
Les résultats et la
terminologie
sont semblables pour B. Nous écrironsSx
=Sx+ E9 Sx-. L’application
A vérifiant(7-9) change
letype
desspineurs positifs
ounégatifs,
c’est-à-direapplique Sx+ (resp. S~-)
surS~- (resp. S~+)
et inversement.
Un
spineur
arbitrairepeut
êtredécomposé
d’une manière et d’une seuleen somme de
spineurs
detypes
purs, c’est-à-dire éléments deproduits tensoriels
des espacesSx+, 5~., S~-.
Nousappellerons
cettedécompo- sition,
ladécomposition
selon lestypes positifs
etnégatifs.
d) Soit
ESx,
cp ES~
deux1-spineurs,
l’uncontravariant,
l’autre covariant.On a :
, ~t B ~ t
et par suite :
Si 03C6
= (p+ est detype positif et 03C8
=03C8-
detype négatif :
De
(7-11),
il résulte :On en déduit que
si q
= p+ + q- ES~, Ç
=Ç+ + c~_
ESx,
il vient :8. Connexion
spinorielle. - a )
Une connexionspinorielle
est par défi- nition une connexion infinitésimale sur le fibréprincipal S(V4).
Une telleconnexion est définie par une 1-forme or de
S(V4)
à valeurs dansl’algèbre
de Lie de
Spin (4)
satisfaisant les deux conditions usuelles pour les formes de connexion. Il existe unecorrespondance biunivoque
entre les connexionsspinorielles
et les « connexions de Lorentz », c’est-à-dire les connexions surE(V4);
lacorrespondance
est définie de la manière suivante : si W est une1-forme de
E(V4)
à valeurs dansl’algèbre
de Lie deL(4)
définissant uneconnexion de Lorentz :
où pVz
est laprojection
surE(V4)
du vecteurVz tangent
à z àS(V4)
etoù p’
est
l’isomorphisme
deSpin (4) sur L(4).
Nous ne considérons ici que la con.nexion
spinorielle
ditecanonique correspondant
à la connexion riemannienne m deV4.
AMN. INST. POÏNCARË, A-1-3 17
Soit U un
voisinage
deV~
au-dessusduquel
se trouvent définies une sec-tion locale de
S(V4)
et, par p, une section locale deE(V4).
SurU,
lamétrique
s’écrit ds’!. =
g03B103B203B803B103B803B2,
où g03B103B2 = et où les 00e sont des formes de Pfaffcorrespondant
à la section locale. La connexion mpeut
être définie sur U par une matrice ou(ù~(3)
dont les éléments sont des formes linéaires.La matrice :
définit la connexion
spinorielle correspondant
à co. Les éléments de a~ sont les 1-formes locales :Si l’on
désigne
parC~p
les coefficients de la connexion w parrapport
aux
repères
orthonormés deU,
les coefficientscorrespondants
de a sont :b) D’après
la théoriegénérale
desconnexions,
un1-spineur
contravariant~
admet une différentielle absoluequi
est une dutype 1-spi -
neur
contravariant,
définie par :La dérivée covariante
correspondante
est letenseur-spineur
de compo- santes :où
3p
est la dérivéepfaffienne
parrapport
aux formes{
0P}.
Pour un1-spi-
neur covariant et
Par
produit tensoriel,
on obtient lescomposantes
de la dérivée covariante d’untenseur-spineur
arbitraire. On a le théorème suivant :THÉORÈME. - 10 Les dérivées corariantes du
vecteur-spineur
y et du2-spi- neur 03BE
sont nulles.2° La
conjugaison
decharge
etl’adjonction
de Dirac commutent arec ladérivation covariante.
3° La dérivée covariante de la
2-forme spinorielle
r est nulle.251
En
effet,
en cequi
concerne le1°,
nous avons :soit :
qui
est nul en vertu de(3-5)
et(8-1).
et y étant à dérivées covariantes
nulles,
il résulte de la définition :du
spineur ~
que celui-ci est à dérivée covariante nulle.En ce
qui
concerne le2°,
on a parexemple
pour un1-spineur
contra- variant :soit
d’après
la réalité des matrices 03B303B1 choisie :Un raisonnement semblable est valable pour
l’adjonction
de Dirac.L’isomorphisme
r n’étant autre que leproduit AC,
le 3° est uneconséquence
immédiate du 2~.
c)
La courbure de la connexionspinorielle
est définie par une 2-forme IIsur
S(V4)
detype spinoriel (1, 1).
Sur levoisinage U,
il est donnée par la matrice II=== (IY~)
avec :A fi est
canoniquement
associé letenseur-spineur
de courbure P dont lescomposantes
sur U sont données par :De
l’expression
de cr, on déduit aisément :où
R(X(),À~
est le tenseur de courbure riemanienne. Il en résulte enparticulier
que P vérifie l’identité de Bianchi
Par un raisonnement
analogue
au raisonnementclassique
concernant les connexionslinéaires,
on établit l’identité de Ricci. "- J a
Pour un
tenseur-spineur, apparaissent
au second membre des termesclassiques supplémentaires
contenant le tenseur de courbure.De
(3-2)
et despropriétés
du tenseur decourbure,
on déduit par un calcul local aisé les identités suivantesqui
seront utiles dans la suite :où
Ra~
est le tenseur de Ricci et R la courbure riemannienne scalaire.II. -
THÉORIE
DU CHAMP DE DIRAC9.
Spineurs-distributions
etbispineurs
de Dirac. - La théoriedes
opérateurs
différentielsspinoriels
sur unespace-temps
courbenécessite,
comme nous le verrons, l’introduction de la notion de
spineur-distribution.
a) Soit
un1-spineur contravariant,
rp un1-spineur
covariant tels que l’intersectionS(~)
nS(p)
de leurssupports
soitcompacte.
Nous posonsUn
1-spineur-distribution
covariant(resp. contravariant)
est unefonc-
tionnelle linéaire continue à raleurs
complexes
des1-spineurs
contravariants(resp. covariants)
à support compact.Si Ç
est un tel1-spineur,
nous notonsqq,
Ç )
la taleur poury
duspineur-distribution
qq. Par la formule(9-1)
un1-spineur ordinaire ((
définit un1-spineur
distribution.L’opérateur
de dérivation covariante s’étend naturellement auxspineurs-
distributions.
b )
Nous aurons besoin enparticulier
de la notion debi-1-spineur
de Dirac.Désignons
pars(x, x’)
unbi-1-spineur
arbitraire élément deSx Et) Sx. (c’est-
à-dire contravariant en x, covariant en
x’),
decomposantes sr.,
astreintseulement à ce que
s(x, x) puisse
être identifié àl’opérateur
identité surSx,
soit :
DIRAC,
où les
8~,
sont lessymboles
de Kronecker. Lebi-1-spineur
de Dirac de Vest le
bi-1-spineur
distribution :où
8(x, x’)
est le bi-scalaire de Dirac deV4.
Il nedépend
que de la structureriemannienne de
V4
et non du choix de s etpeut
être défini par :pour tout
1-spineur
contravariant~.
On a aussi :pour tout
1-spineur
covariant p. En cequi
concerne laconjugaison
decharge
et
l’adjonction
deDirac,
on vérifie aisément sur(9-3)
que :10.
Opérateurs
de Dirac et de Klein-Gordon sur lesi-spineurs.
2014 ~ Si ~
est un1-spineur contravariant,
p un1-spineur
covariant nousintroduisons les
opérateurs
de Dirac.Considérons le scalaire :
Il vient ainsi :
Si l’intersection des
supports de 03C8 et 03C6
estcompacte,
on obtient par inté-gration
surV4 :
En ce
qui
concerne laconjugaison
decharge,
il résulte de la réalité des Ya et de la commutation de C avec la dérivation covariante :D’autre