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Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ? Exemples de productions levalloiso-moustériennes issues du site d’Umm el Tlel, Syrie centrale

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Texte intégral

(1)CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ? Exemples de productions levalloisomoustériennes issues du site d’Umm el Tlel, Syrie centrale S. Bonilauri. Résumé : Cet article tente d’apporter un nouvel éclairage concernant la logique opératoire du concept Levallois en tant que système producteur d’outils et, en conséquence, sur la conception même des outils Levallois en contexte proche-oriental. Les recherches menées depuis plusieurs années sur des niveaux levalloiso-moustériens du site d’Umm el Tlel, en Syrie centrale, ont permis de mettre au jour de nombreux vestiges lithiques bitumés, témoins incontestables de l’utilisation de l’emmanchement, ou tout du moins d’intermédiaires entre la main et la partie en silex d’un outil, par les hommes fossiles. Les analyses techniques et tracéologiques des macro- et micro-résidus de bitume et des traces d’emmanchement présents sur un certain nombre de produits prédéterminés, issus des niveaux levalloiso-moustériens d’Umm el Tlel (complexe VI3 et couche VI3d’), montrent que l’emmanchement apparaît en tant que composante omniprésente totalement intégrée aux systèmes de production Levallois. L’outil emmanché semble être de plus en plus une conception inhérente aux systèmes de production lithiques du Paléolithique moyen ; nous verrons qu’avec le Levallois cette conception est exacerbée par la capacité de ce mode de débitage à anticiper et à intégrer, dans ses critères techniques de prédétermination, deux parties fonctionnelles indissociables et interagissant : une partie transformative tranchante, normalisée et diversifiable et une partie préhensive, également normalisée et répondant à des normes de préhension. Abstract: This article sheds new light on the operatory logic of the Levallois concept for tool production and, in consequence, on the concept itself of Levallois tools in Near Eastern context. Ongoing research of the Levallois-Mousterian levels at Umm el Tlel, in Central Syria, has revealed many lithic artefacts with bitumen traces, incontestable evidence for hafting, or at least an intermediary between the hand and the flint tool, by prehistoric hominins. Technical analyses of predetermined removals from the LevalloisMousterian levels (complex VI3 and level VI3d’) and use-wear analysis of macro- and micro-residues of bitumen and hafting traces on the tools show that hafting is an omnipresent component entirely integrated within Levallois production systems. Although the hafted tools increasingly appear to be an inherent concept within Middle Palaeolithic lithic production systems, we see that with Levallois, this concept is heightened by the capacity of this reduction method to anticipate and integrate two inseparable and interacting functional parts within the criteria of predetermination: a standardized and diversifiable sharp transformative part and a standardized prehensile part meeting norms of prehension. Mots-clés : Paléolithique moyen ; Proche-Orient ; Débitage Levallois ; Emmanchement ; Résidus de bitume. Keywords: Middle Palaeolithic; Near East; Levallois reduction; Hafting; Bitumen.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 83. Manuscrit reçu le 27 août 2013, accepté le 12 décembre 2014. 05/06/15 11:02.

(2) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 84. BAT_Paleorient-41-1.indb 84. S. Bonilauri. III I. III 2 III 3. IV I. IV 2. IV 3. V1 V 2 βο V 2 ββ V 2 βγ V2Δ V 2 ?? V2v V2 ο V2 β. VI I VI 2 VI ?? VI 2β Vi 2γ. VI 4 VII 1 VII 2 VII 3 VIII 1 VIII 2. IX 1. Fig. 1 – a) Localisation du site d’Umm el Tlel et des sources de bitume à l’échelle du Proche-Orient ; b) plan, coupe et stratigraphie des niveaux moustériens du site d’Umm el Tlel. En zone grisée : complexe VI3 daté aux alentours de 70.000 BP et exemples d’artefacts bitumés (pointe Levallois, boulette et bois) retrouvés au sein de ce complexe.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(3) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. Introduction Le Paléolithique moyen est marqué par un profond changement des systèmes de production lithique avec l’abandon du phénomène bifacial acheuléen et le développement des systèmes de débitage1. Parmi ces modifications, le débitage Levallois, système de production emblématique de cette période, qui apparaît dans et en périphérie du pourtour méditerranéen, marque incontestablement une rupture entre le Paléolithique inférieur et le Paléolithique moyen au Proche-Orient et en Europe occidentale (Jaubert 1999 ; Soriano 2000). Si le Paléolithique moyen est le témoin d’une succession ou d’une coexistence de faciès technico-culturels divers et variés, ainsi que de systèmes de productions lithiques diversifiés, de débitage et/ou de façonnage, le concept Levallois reste assurément la conception de taille la plus pérenne de cette vaste période, qui a su s’imposer sur de nombreux continents (Europe, Afrique, Asie de l’ouest et centrale). Le débitage Levallois, d’un point de vue méthodologique et conceptuel, est clairement identifié et documenté depuis plus de vingt ans (Bordes 1980 ; Boëda 1994 et 1995 ; Van Peer 1992) ; il se caractérise globalement par une conception volumétrique particulière du bloc en deux surfaces sécantes et hiérarchisées, qui supporte l’ensemble des critères techniques (dits de prédétermination) permettant l’obtention d’un grand nombre d’éclats morphologiquement variés, prédéterminés et normalisés et possédant les caractères techniques du futur outil (Boëda 1994 et 2005a). Bien qu’excellemment documentée, cette détermination technique du Levallois en termes de prédétermination productionnelle reste encore insuffisante pour comprendre réellement ce que sont les outils Levallois. En effet, si actuellement nous sommes capables de produire des descriptions fines des chaînes opératoires de production, nous disposons de très peu d’éléments sur la spécificité technique et conceptuelle de ce mode de débitage en tant que producteur d’outil. Autrement dit, que sont les outils Levallois et quelles sont leurs spécificités qui ont fait de ce phénomène technique l’un des plus représentatifs de cette période ? À partir d’assemblages lithiques levalloiso-moustériens issus du site d’Umm el Tlel, en Syrie centrale, et de leurs ­objectifs productionnels – les enlèvements prédéterminés –, cet article tente 1. Cependant, si de façon très globale l’apparition et le développement des systèmes de débitage à enlèvements prédéterminés, dont le Levallois marquent une limite entre le Paléolithique inférieur et le Paléolithique moyen, la réalité archéologique est bien plus complexe qu’une simple vision dichotomique entre un Paléolithique inférieur caractérisé par des outil­ lages façonnés – faciès acheuléen – et un Paléolithique moyen dominé par l’utilisation d’outillages débités et normalisés – faciès moustériens.. 85. d’apporter des éléments de réponse sur les spécificités technofonctionnelles des outils Levallois avec, en toile de fond, une interrogation concernant la conception même de ces outils : sontils des outils à préhension manuelle directe (dans ce cas, l’outil équivaut au support prédéterminé produit) ou des outils à préhension manuelle indirecte (l’outil est alors un ensemble composite, associant un support prédéterminé et un manche/manchon) ? Ces questionnements sous-jacents supposent d’examiner, au moyen d’une analyse fonctionnelle et technique, les modes de préhension des outils et leur degré d’intégration dans le processus opératoire.. Un site, un complexe et un niveau archéologique Le site d’Umm el Tlel, localisé dans le bassin d’El Kowm entre Palmyre et l’Euphrate en Syrie centrale (fig. 1a), fait partie des nombreux sites paléolithiques du bassin d’El Kowm, tels que ceux d’El Meirah, Acheuléen moyen et ancien (Boëda et al. 2004), d’Hummal, Paléolithique inférieur, moyen et supérieur (Hauck 2011 ; Le Tensorer et al. 2011) et de Nadaouiyeh, séquence acheuléenne (Le Tensorer et al. 1993 et 2001) (fig. 2). Le gisement d’Umm el Tlel présente, sur 25 m d’épaisseur, une importante séquence chrono-stratigraphique, quasi-exceptionnelle à l’échelle du Proche-Orient, allant de l’Acheuléen au Néolithique/PPNB (Boëda 2005b). Le choix de ce site et du complexe levalloiso-moustérien VI3, situé vers la fin de l’avant-dernier interglaciaire (stade isotopique 5a/4) et daté aux alentours de 60.000 BP et 71.000 BP (Mercier et al. 1995)2 (fig. 1b), repose en partie sur l’excellente conservation des niveaux et des vestiges archéologiques, essentiellement due à un enregistrement sédimentaire de type lacustre et palustre. Le matériel lithique est donc très bien préservé, permettant des analyses technologiques et tracéologiques fines. L’analyse proposée dans cet article reposera tout d’abord sur une étude de l’ensemble des pièces bitumées retrouvées au sein du complexe levalloiso-moustérien VI3, suivie d’une analyse plus détaillée de produits prédéterminés, issus d’un ­échantillonnage d’un assemblage lithique provenant d’un niveau archéologique de ce même complexe, le niveau VI3d’. 2. N. Mercier, H. Valladas, L. Froget, J.-L. Joron., J.-L Reyss, É. Boëda, Le gisement paléolithique d’Umm el Tlel (Syrie) : nouvelles données chronologiques. In : Colloque international Q5 : Le quaternaire, limites et spécificités : Poster A-P23 – session IV, datation : potentiel et limites, Cnf-INQUA/AFEQ, organisé avec le concours du Museum d’Histoire Naturelle, Paris, 1-3 février 2006.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 85. 05/06/15 11:02.

(4) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 86. S. Bonilauri. Fig. 2 – 1) Localisations des sites d’Umm el Tlel, d’Hummal, de Nadaouyeh et d’El Meirah dans le bassin d’El Kowm et des sources de bitume dans le Djebel Bicheri (carte satellite) ; 2-3) photographies d’une source naturelle de bitume ; 4) ‘galet’ de bitume issu d’un niveau moustérien du site d’Umm el Tlel.. Le complexe VI3 Deux paramètres sont à l’origine du choix du complexe levalloiso-moustérien VI3. Le premier est lié à l’homogénéité technique des huit niveaux archéologiques composant ce complexe (niveaux VI3a’, VI3a’1, VI3b’, VI3b’1, VI3c’, VI3d’, VI3d’1 et VI3e’). L’ensemble des industries du complexe VI3 appartient en effet à un même ensemble culturel (Boëda et al. 1998a et 2001) qui atteste d’une seule conception du débitage : le débitage Levallois axé sur l’obtention de produits convergents peu ou pas retouchés qui représentent plus de 30 % des enlèvements produits. BAT_Paleorient-41-1.indb 86. (Al-Sakhel 2004 ; Boëda et al. 1998a et 2001 ; Bonilauri 2010)3. En effet, le débitage, principalement de conception Levallois récurrente unipolaire et bipolaire, est tourné vers l’obtention de produits convergents (produits de première intention) : les pointes Levallois à trois coups et construites (Boëda et al. 1998a) et les éclats triangulaires. Les autres types d’enlèvement – éclats. 3. A. Lourdeau, Étude technologique du matériel lithique de la couche levalloiso-moustérienne VI3a’ du gisement d’Umm el Tlel (Syrie centrale). Mémoire de Maîtrise non publié, Université de Paris Ouest Nanterre La Défense, 2004.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(5) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. Levallois allongés et larges –, bien que prédéterminés et donc recherchés (représentant plus de 60 % des enlèvements produits), participent à la réalisation des pièces convergentes (Boëda 1982). La matière première utilisée est un silex tertiaire de bonne qualité, présent en grande quantité et accessible à proximité du site. Les gîtes de matières premières se situent entre 2 et 5 km au nord-ouest du gisement, le long des collines bordant le bassin d’El Kowm et dans les ouadis répartis dans toute la cuvette (Boëda, Muhesen 1993). Les huit niveaux de ce ­ complexe témoignent d’une homogénéité des spectres fauniques – principalement le dromadaire et les équidés – (Griggo 1999 et 2004). Le second paramètre est lié à l’utilisation du bitume par les hommes fossiles. Les niveaux archéologiques du complexe VI3 restituent régulièrement des galets et des boulettes de bitume naturel de petite taille, ainsi que des pièces lithiques empreintes de nombreux résidus de bitume clairement identifiables à l’œil nu (fig. 1b). Les analyses géochimiques de cette matière noire, prélevée sur plus d’une dizaine d’objets (artefacts lithiques et boulettes), ont en effet permis de démontrer l’origine bitumineuse des résidus et d’identifier les sources naturelles de bitume, localisées à une trentaine de kilomètres du site d’Umm el Tlel, dans le Djebel Bicheri4 (fig. 2) (Boëda et al. 2008a et b). Ce matériau est naturellement rigidifié et mélangé à des grains de quartz et de gypse5. La première partie de l’analyse portera ainsi sur l’ensemble des pièces de ce complexe VI3 qui présentent des macro-résidus de bitume et qui apportent des informations précieuses relatives aux préhensions des outils ainsi qu’à l’emploi probable d’intermédiaires (manches/manchons6) pour tout type de support (Boëda et al. 1996 ; 1998b ; 2008a et b ; Bonilauri 2010 ; Bonilauri et al. 2007). Ces témoignages sur les préhensions et les usages probables de manches ou de manchons sont corroborés, d’une part, par de nouvelles données portant sur l’utilisation du bitume par 4. Suite aux premières découvertes de bitume sur des artefacts Levallois provenant du complexe archéologique IV, daté de 40.000 BP, un programme d’étude a été initié dès 1995 et s’est poursuivi jusqu’en 2010 avec la société Elf-Aquitaine puis avec la société Total par l’intermédiaire de J. Connan (Boëda et al. 1996 et 1998b). Plusieurs axes d’ordres géologiques, géomorphologiques, ethnographiques et expérimentaux ont été menés afin de déterminer les sources naturelles de bitume et de détecter sur le site d’éventuelles contaminations et pollutions. L’ensemble de ces résultats a permis de conclure que le bitume présent sur les artefacts des complexes IV et VI d’Umm el Tlel ne résulte pas de contaminations et/ou de pollutions. 5. Ce matériau est issu du démantèlement de plaques de bitume naturel qui, du fait de leur exposition à l’air libre et donc à des températures au sol pouvant atteindre plus de 50 °C, vont se ramollir, voire se liquéfier, s’enrichissant ainsi en poussière de gypse et de grains de quartz. Par la suite, la reprise de la compétence du ouadi charrie des fragments de plaques les transformant en ‘galet de bitume’. 6. Le terme de manchon est employé dans le sens de gaine de protection entre la main et l’outil.. 87. les hommes du Paléolithique moyen d’Hummal7 – site proche de celui d’Umm el Tlel – (Hauck et al. 2013) (fig. 2), et d’autre part par la mise au jour, au sein des niveaux archéologiques du complexe VI3 d’Umm el Tlel, d’autres vestiges exceptionnels, tels que des fragments de bois imprégnés de bitume au niveau de l’une de leurs extrémités8 (fig. 1b). Nous disposons ainsi de documents suffisamment précis pour appréhender et reconstituer certains aspects des comportements techniques tels que l’utilisation de l’emmanchement par les Hommes de la préhistoire au Paléolithique moyen récent à Umm el Tlel. Dans le cadre de cette étude, seules des observations macroscopiques des résidus de bitume présents sur les artefacts lithiques prédéterminés, à bords convergents et à bords non convergents, seront menées. À l’exception d’une pièce observée au microscope (pour des comparaisons avec des pièces expérimentales et archéologiques), aucune observation microscopique à fort grossissement ne sera entreprise afin de préserver ces témoins exceptionnels.. Le niveau VI3d’ Le niveau VI3d’, daté de 71.000 BP (Mercier et al. 1995 et voir note 2), est issu du complexe VI3 et il est donc identique d’un point de vue techno-culturel aux huit niveaux le constituant (même conception du débitage, objectifs de production similaires) (fig. 1b). La prise en compte d’un assemblage archéologique permettra d’effectuer une analyse plus détaillée et d’obtenir ainsi de plus amples informations, sur les types d’outils (et donc sur leur modalité et mode de préhension) composant l’assemblage et sur les intentions techniques et ­ fonctionnelles de ce même ensemble. Un échantillonnage de 1041 produits représentatifs de l’ensemble de l’industrie lithique de la couche VI3d’ a été effectué sur une surface de fouille de 40 m2. À l’exception de sept pièces qui possèdent des macro-résidus de bitume, la quasi-totalité des produits prédéterminés ne présente pas de macro-résidus. L’étude qui portera sur les produits prédéterminés de cet échantillonnage9, en fonction de deux grandes catégories d’objets, ceux à bords convergents et ceux à bords non 7. Les traces de matière noire, présente sur les artefacts lithiques du Paléolithique moyen du site d’Hummal, ont fait l’objet d’analyses géochimiques démontrant l’origine bitumineuse de cette matière, issue également des sources naturelles du Djebel Bicheri (Hauck et al. 2013). 8. É. Boëda et al., ‘Rapport scientifique de la mission Umm el Tlel/El Meirah’, 2005 (non publié). 9. Le niveau VI3d’ a fait l’objet d’une étude de l’ensemble des produits lithiques du niveau VI3d’ (Bonilauri 2010). Dans le cadre de cet article, seuls seront présentés les résultats portant sur les produits prédéterminés.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 87. 05/06/15 11:02.

(6) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 88. convergents, sera menée en deux temps. On procèdera à une observation et à une identification à faible et fort grossissement des stigmates de préhension, positifs et négatifs10 – les micro-résidus de bitume puis les traces de préhension dites négatives – présents sur les outils. Puis, lors d’une synthèse, pour chacune des catégories de produits, on déterminera les caractères techniques des parties des outils qui possèdent des stigmates de préhension (les parties préhensives) en estimant leur degré d’intégration dans le processus opératoire ainsi que les caractères techniques et fonctionnels des parties transformatives associées (parties tranchantes agissant sur une matière d’œuvre).. objectifs Ces analyses qui porteront donc sur les produits prédéterminés, à bords convergents (pointes Levallois et éclats triangulaires) et à bords non convergents (éclats Levallois allongés et larges), auront trois objectifs, en fonction de ces deux grandes catégories d’outils : –– identifier les parties fonctionnelles11 des outillages/ supports prédéterminés (les parties transformatives en contact avec une matière d’œuvre et les parties préhensives) en nous focalisant sur les parties préhensives. Autant que les parties transformatives des outils, les parties préhensives sont des éléments techno-fonctionnels importants à mettre en évidence, qui permettent de. 10. Le terme de préhension est employé ici dans le sens de maintien d’un support, d’un outil. Ce maintien pouvant être effectué directement par la main (main en contact avec l’outil) ou au moyen d’un manche ou d’un manchon. Le terme « stigmate de préhension » correspond à l’ensemble des « traces » résultant d’une préhension quelle qu’elle soit ; « stigmate positif de préhension » concerne les résidus de bitume présents en surface des pièces (macro et micro-résidus) et « stigmate négatif de préhension » correspond aux traces formées par contacts entre la partie en silex d’un outil et un manche/manchon et/ou un agent adhésif lors de son utilisation. 11. Nous percevons l’outil en tant que système formé de différentes parties fonctionnelles interagissant (Soriano 2000 ; Boëda 2001 ; voir aussi M. Lepot, Approche techno-fonctionnelle de l’outillage lithique moustérien : essai de classification des parties actives en termes d’efficacité technique. Application à la couche M2e sagittale du Grand Abri de la Ferrassie. Mémoire de Maîtrise de l’Université de Paris-X Nanterre, 1993). Il s’agit : – de la partie transformative qui correspond à la zone d’un outil qui agit sur un matériau à transformer (quels que soient la fonction, le fonctionnement et le matériau travaillé) ; – de la partie préhensive qui correspond à la partie de l’outil qui est maintenue directement par la main ou insérée dans un manche ; – de la partie transmettrice où l’énergie transmise est répercutée sur l’outil lors de son fonctionnement. Cette transmission peut être aussi directe (main) ou indirecte (manche).. BAT_Paleorient-41-1.indb 88. S. Bonilauri. concevoir un outil dans toute sa dynamique conceptuelle et fonctionnelle, c’est-à-dire en tant qu’‘outil en action’ et non en tant que simple objet (Leroi-Gourhan 1945 et 1964). Un outil n’a en effet de raison d’existence qu’au travers de son action et ne peut être réduit à sa seule dimension matérielle ‘naturaliste’ ; –– estimer, par conséquent, les modalités et les modes de préhension des outils/supports prédéterminés. Nous entendons par modalité de préhension la façon dont un outil est maintenu, directement par la main ou au moyen d’un intermédiaire (un manche ou un manchon). La reconnaissance d’un mode de préhension passe par l’identification de la localisation de la partie préhensive d’un outil. L’identification de sa localisation s’effectue en fonction de la silhouette12 de l’outil qui peut, dans certains cas, se confondre avec l’axe de débitage de ce dernier. Dans le cas d’une localisation au niveau de l’une des extrémités de l’outil (distale ou proximale), le manche/manchon, alors placé au niveau de la partie préhensive, peut être positionné au moins de deux façons : parallèlement, en continuité de la silhouette ; on parlera de mode de préhension axial ; ou perpendiculairement, en discontinuité de la silhouette de l’outil, et on parlera alors de mode de préhension latéral ou transversal (Stordeur 1987). Dans le cas d’une localisation oblique de la partie préhensive, le manche/manchon peut également être positionné de deux façons : 1) en continuité de la silhouette de l’outil, de façon plus ou mois parallèle et décalée ; on parlera également de mode de préhension axial plus ou moins latéralisé ; 2) déjetée, en discontinuité de la silhouette ; on parlera, dans ce cas, de mode de préhension oblique ou déjeté. Enfin, dans le cas d’une localisation latérale de la partie préhensive, le manche/manchon peut aussi être positionné : 1) en continuité de la silhouette de l’outil mais de façon plus ou moins décalée ; on parlera aussi, dans ce cas, de mode de préhension axial ou axial latéralisé ; 2) perpendiculairement, en discontinuité de la silhouette de l’outil ; on parlera alors de mode de préhension latéral ou transversal. Nous verrons, au final, que les localisations des parties préhensives et les modes de préhension varient en fonction des grandes catégories de produits : les produits à bords convergents et les produits à bords non convergents ; 12. Le terme de silhouette est employé pour définir le contour des pièces lithiques. Il ne s’agit pas d’une reconnaissance de forme et/ou volumétrique mais simplement d’une classification des produits selon leur contour.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(7) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. –– caractériser ces parties fonctionnelles et, en l’occurrence, les parties préhensives par une mise en avant de leurs caractères techniques et fonctionnels.. MÉTHODE La méthode d’analyse appliquée est double : fonctionnelle (analyse des stigmates de préhension et d’utilisation des outils) et technique (analyse des caractères techniques des parties préhensives et des parties actives structurant les outils).. Analyse fonctionnelle. Les stigmates positifs de préhension – les macroet les micro-résidus de bitume L’analyse des macro-résidus de bitume a été réalisée sur l’ensemble des pièces lithiques du complexe VI3 possédant des résidus de bitume. Afin d’éviter de trop grandes dégradations des résidus, seules des observations à l’œil nu et à faible grossissement au moyen d’un microscope stéréoscopique (8X-50X) impliquant un minimum de manipulations ont été effectuées. Dans un premier temps, un référentiel des différents types de macros-résidus de bitume a été établi à partir des pièces lithiques possédant des résidus de bitume avérés par les analyses géochimiques. Dans un second temps, des comparaisons entre ce référentiel et les résidus noirs présents sur d’autres artefacts lithiques, qui n’ont pas fait l’objet d’analyses géochimiques, ont été effectuées. L’analyse des micro-résidus de bitume a été réalisée par des observations à faible grossissement (8X-50X), au moyen d’un microscope stéréoscopique, et à fort grossissement (100X200X), au moyen d’un microscope métallographique, sur l’ensemble des produits prédéterminés sélectionnés au sein du niveau archéologique VI3d’. Un premier référentiel de pièces expérimentales a été réalisé à partir des mêmes matières premières siliceuses et bitumineuses que celles retrouvées au sein de cette couche. Les artefacts lithiques expérimentaux ont donc été produits dans un silex tertiaire provenant des gîtes de matières premières situés en périphérie du site et selon des schémas opératoires de production similaires à ceux observés sur le matériel archéologique. Des produits à bords convergents (pointes Levallois et éclats triangulaires) et non convergents (éclats larges et allongés) ont ainsi été obtenus.. 89. Le bitume employé provient des mêmes sources naturelles localisées dans le Djebel Bicheri. La création de ce corpus de référents expérimentaux avait deux objectifs majeurs. Le premier était d’utiliser le bitume, chauffé au préalable pour le rendre malléable, afin de tester son efficacité en tant que manchon ou gaine de protection (une quarantaine d’outils a ainsi été fabriquée) et en tant que colle/mastic pour fixer des manches en bois végétal (une dizaine d’outils emmanchés). Deux types d’emmanchements collés avec du bitume ont été testés. Le premier, positionné de façon axiale par rapport à la silhouette de chacun des différents types de produit, consista à fabriquer des sortes de pinces en bois d’Eucalyptus au sein desquelles les parties préhensives des outils furent insérées. Le second type de maintien consista à fixer les manches sur une seule des deux faces des pièces au moyen de bitume et de liens végétaux. Deux modes de préhension ont été envisagés : axial et latéral. L’ensemble de ces outils, une cinquantaine au total, a ensuite été utilisé sur différentes matières d’œuvres, animales (matières carnées, os, peau) et végétales (matériaux ligneux et non ligneux). Différents mouvements, longitudinaux de coupe, transversaux de raclage, de grattage ou encore rotatifs de perçage ont été exercés sur les diverses matières d’œuvres et selon divers temps d’utilisation. Les manches ont ensuite été démontés pour l’observation des résidus de bitume. Les manchons ont quant à eux été conservés et les observations menées en périphérie et à distance. Un second référentiel a été réalisé à partir de l’observation des micro-résidus de bitume présents sur une pièce archéologique et attestés par des analyses géochimiques13. Des comparaisons ont ensuite été effectuées entre les micro-résidus archéologiques et expérimentaux. Ces derniers sont similaires aux micro-résidus de bitume archéologiques et se présentent sous des formes différentes, fréquemment associées entre elles, telles que : des boules noires brillantes, groupées ou isolées ; des restes plus ou moins épais, larges et d’aspect assez mât ; des restes allongés d’aspect ‘gluant’ ; des résidus agglutinés les uns aux autres et d’aspect sableux ; des dépôts d’étendue variable (Boëda et al. 2008a) (fig. 3).. 13. Pour des raisons de conservation des résidus, nous avons limité les mani­ pulations. Bien que la pièce n’ait pu être nettoyée, de nombreuses observations, à faible et fort grossissements, ont pu être menées.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 89. 05/06/15 11:02.

(8) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 90. S. Bonilauri. Fig. 3 – Micro-résidus de bitume et de matière noire, 200x. 1) Boules ; 2) résidus épais d’aspect mat ; 3) résidus allongés d’aspect ‘gluant’ ; 4) résidus agglutinés d’aspect ‘sableux’ : (a) résidus de bitume archéologique ; (b) résidus archéologiques de matière noire ; (c) résidus de bitume expérimental (d’après Boëda et al. 2008b : 78, figs. 10-13).. Les stigmates négatifs de préhension (traces dites d’emmanchement) De même que pour les micro-résidus de bitume, des observations à faible et fort grossissements ont été menées et des comparaisons établies entre le matériel archéologique et expérimental. Pour se faire, deux lots de référentiels ont été employés. Le premier consista à utiliser les mêmes. BAT_Paleorient-41-1.indb 90. r­éférentiels que ceux préalablement décrits (pièces expérimentales emmanchées et fixées avec du bitume et pièces expérimentales possédant des manchons de bitume) et le second, à réaliser une dizaine de pièces emmanchées sans bitume. Les manches (également en bois d’Eucalyptus et en forme de pince) étaient ainsi en contact direct avec les parties en silex des outils. L’ensemble des pièces expérimentales a ensuite été. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(9) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. employé selon un ­protocole d’utilisation identique à celui qui a été exposé précédemment (utilisation des outils sur diverses matières d’œuvres, selon différentes cinématiques et temps d’utilisation). Dans le cas des pièces emmanchées sans l’ajout d’un adhésif, différents types de traces, souvent associés, ont été observés. Il s’agit essentiellement de micro-enlèvements formés au niveau des bords et des parties les plus proéminentes des outils, d’écrasements et d’émoussés des nervures. Dans quelques cas, sont également formés des bright spots14, ainsi que des stries résultant probablement d’insertions de particules abrasives15 et/ou du détachement de fragments de matière (silex et matière du manche) entre le manche et le silex favorisant le processus d’usure16 (Anderson-Gerfaud, Helmer 1987 ; Beyries 1987b et 1988 ; Hardy et al. 2001 ; Lombard 2005 ; Rots 2002 ; 2008 et 2010). Dans le cas des pièces emmanchées et fixées avec du bitume, ce dernier peut empêcher la formation de microtraces de préhension. Cependant, sur un très grand nombre de pièces expérimentales nous avons pu observer que ce matériau, naturellement mélangé avec du gypse et des grains de quartz, a fortement tendance, lorsqu’il est sec17, à se désagréger ou à se rétracter lors de l’utilisation de l’outil. Cette désagrégation du bitume a pour conséquence de libérer des particules très abrasives. Ces particules, insérées entre un manche et la partie en silex d’un outil, génèrent, lors du fonctionnement d’un outil et surtout lors du démontage des manches, la formation de nombreuses stries ainsi que des micro-polis ou des bright spots, de trame souvent serrée et d’étendue variable. Ces stigmates négatifs de préhension sont fréquemment associés entre eux et ils peuvent être orientés de différentes façons par rapport aux axes morphologiques des pièces (de façon parallèle, sub-­ parallèle voire perpendiculaire). Par ailleurs, dans le cas des pièces expérimentales mais également archéologiques, ces traces négatives se retrouvent aussi associées à des microrésidus de bitume (fig. 4).. 14. Si les bright spots définis par V. Rots (2002 ; 2008 et 2010) résultent dans de nombreux cas de processus d’altérations post-dépositionnelles (friction de pièces lithiques entre elles), ces traces sont également liées aux emmanchements. 15. Rappelons que nous sommes dans un environnement sablo/gypseux, largement dominant avec des vents constants. 16. Les pièces expérimentales ont été réalisées en contexte désertique (à proximité du site d’Umm el Tlel) engendrant, lors du montage des manches, l’insertion de particules abrasives. Notons aussi que les outils archéologiques du niveau VI3d’ ont été produits et emmanchés dans un milieu steppique aride et semi-désertique (Griggo 1999 et 2004). 17. Les données environnementales (faune et palynologie) indiquent un climat chaud et sec de type semi-désertique.. 91. Les stigmates négatifs d’utilisation (traces d’utilisation) L’analyse des stigmates d’utilisation a également été réalisée à faible (8X-50X) et fort grossissements (100X-200X) au moyen d’une loupe binoculaire stéréoscopique et d’un microscope métallographique. L’identification des traces d’usure présentes sur les pièces archéologiques a été faite à partir de comparaisons avec les traces d’usure formées sur plus d’une centaine de pièces expérimentales (incluant les artefacts expérimentaux emmanchés au moyen de manches ou de manchons). L’ensemble des référentiels, de diverses silhouettes, a été utilisé pour le travail de plusieurs matières d’œuvre (matières carnées, os frais et sec, végétaux non ligneux, bois végétal), selon diverses cinématiques (mouvements longitudinaux de coupe, sub-longitudinaux, transversaux de raclage ou de grattage) et selon divers temps de travail. L’observation des tranchants des outils et de leurs bords adjacents a permis de mettre en évidence différents types de stigmates, tels que micro-enlèvements (localisés sur les tranchants), stries (indicateurs fondamentaux des cinématiques), émoussés des bords et micro-polis (indicateurs des matières d’œuvre) (Anderson-Gerfaud 1981 ; Anderson-Gerfaud et al. 1993 ; Beyries 1987a ; Keeley 1974 et 1980 ; Mansur-Franchomme 1986 ; Moss 1983 ; Plisson 1985 ; Tringham et al. 1974).. Analyse technique L’analyse technique ou plus exactement techno-fonctionnelle a pour objectif de caractériser les parties fonctionnelles des outils et en l’occurrence, dans le cadre de cet article, les parties préhensives identifiées au préalable par les analyses des stigmates de préhension. Selon le ou les fonctionnement(s) de l’outil mais également selon les connaissances des concepteurs/utilisateurs et les manières d’utiliser/de mettre en action un outil, ce dernier intègre un certain nombre de caractères techniques spécifiques qui le structurent ; ils concernent autant son potentiel transformatif d’une matière d’œuvre que ses modalités de préhension et de mise en action (une énergie associée à un geste), directement par la main (en contact direct avec la partie en silex de l’outil) ou au moyen d’un i­ ntermédiaire (manche/manchon). Ces caractères techniques et fonctionnels, qui ne sont pas de même nature et qui n’interagissent pas de la même façon selon le type de préhension des outils, peuvent être mis en place dès la phase de production et/ou lors d’une phase de retouche. Pour chaque catégorie d’outils, à bords convergents et à bords non convergents, nous avons déterminé les caractères. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 91. 05/06/15 11:02.

(10) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 92. S. Bonilauri. Fig. 4 – Exemples de stigmates négatifs de préhension expérimentaux et archéologiques. 1 à 8) Stigmates expérimentaux : 1) micro-poli bien développé, associé à de nombreuses stries orientées dans l’axe morphologique de la pièce, 200x ; 2) micro-dépôt de bitume associé à de larges stries orientées de façon sub-parallèle par rapport à l’axe morphologique de la pièce, 200x ; 3) micro-poli plus ou moins développé associé à des stries relativement larges et orientées de façon sub-parallèle par rapport l’axe morphologique de la pièce, 100x ; 4) stries parallèles à l’axe morphologique de la pièce, 200x ; 5) micro-dépôt de bitume associé à de fines stries majoritairement orientées de façon sub-parallèle par rapport à l’axe morphologique de la pièce et de façon aléatoire, 200x ; 6) larges stries et micro-dépôt de bitume orientés de façon sub-parallèle par rapport à l’axe morphologique de la pièce, 200x ; 7) ‘traînée’ de micro-poli orientée de façon sub-parallèle à l’axe morphologique de la pièce et associée à quelques stries positionnées dans l’axe de morphologique, 200x ; 8) ‘traînée’ de micro-poli orientée de façon sub-parallèle par rapport à l’axe morphologique de la pièce, 200x. 9 à 12) Stigmates archéologiques : 9-10) micro-polis bien développés associés à de fines stries orientées parallèlement à l’axe morphologique de l’outil, 200x ; 11) larges stries orientées de façon sub-parallèle par rapport à l’axe morphologique de la pièce, 200x ; 12) ‘traînée’ de micro-poli associée à quelques stries orientées de façon sub-parallèle par rapport à l’axe morphologique de la pièce, 200x.. BAT_Paleorient-41-1.indb 92. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(11) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. 93. Tableau 1 – Représentation quantitative des produits prédéterminés possédant des macro-résidus de bitume. Enlèvements predéterminés du complexe VI3. Empreintes de bitume (résidus présents en vis-à-vis sur les artefacts lithiques et sur le sol). Fines pellicules de bitume (résidus présents exclusivement sur les artefacts lithiques). Total. Produits convergents (pointes Levallois). 11. 33. 44. Produits non convergents (éclats laminaires et larges). 5. 11. 16. Total. 16. 44. 60. techniques des parties préhensives (il peut s’agir, par exemple, de types de talons, de dos ou encore de troncatures) mais également les caractères techniques des parties potentiellement transformatives (agissantes sur une matière d’œuvre) par une mise en exergue de leur silhouette, de leurs plans de section ou encore de leurs angles de coupe.. COMPLEXE ARCHÉOLOGIQUE VI3 – LES MACRO-RÉSIDUS DE BITUME Sur plus de 2000 produits prédéterminés issus des huit niveaux archéologiques du complexe VI3, soixante d’entre eux (soit 3 % des enlèvements prédéterminés) possèdent des macrorésidus de matière noire, clairement identifiables à l’œil nu (tabl. 1). Comme nous l’avons évoqué, les analyses géochimiques entreprises à partir de prélèvements provenant de quelques artefacts lithiques ont clairement démontré l’origine bitumineuse de cette matière noire, issue des sources de matières premières localisées dans le Djebel Bicheri. Le bitume présent sur les enlèvements prédéterminés se retrouve de deux façons : –– sous la forme d’une double empreinte de matière noire déposée en surface des artefacts lithiques et imprégnée dans le sédiment sur lequel reposait les outils. Une empreinte épaisse et très bien conservée, continue sur le sol et sur les artefacts lithiques est en effet observable (fig. 5-7). Sur les 60 artefacts qui possèdent des macro-résidus de bitume, seize présentent une double empreinte sur une de leurs faces (supérieure ou inférieure) et en vis-à-vis sur le sol. Parmi ces pièces, figurent cinq éclats laminaires et larges et onze pointes Levallois (tabl. 1) ; –– sous la forme d’une fine pellicule de matière noire déposée sur la surface des artefacts lithiques et/ou piégée dans les fissures du silex. Cette matière noire, qui présente exactement les mêmes caractéristiques que le bitume observé au niveau des empreintes et sur les. pièces expérimentales, peut se retrouver sur une seule ou sur les deux faces des produits lithiques (fig. 8). Il est possible que ces pièces aient été à l’origine en partie recouvertes par une plus grande quantité de bitume. Seules seraient restées quelques particules de bitume, piégées dans les fissures du silex ou déposées en surface des pièces ; 44 artefacts lithiques, dont 33 pointes Levallois et 11 éclats allongés et larges, possèdent de tels macro-résidus de bitume (tabl. 1).. Localisation des macro-résidus de bitume sur les pièces lithiques – tendances Qu’il s’agisse des doubles empreintes ou des fines pellicules de bitume déposées en surface des pièces lithiques ou piégées dans des fissures des silex, les macro-résidus sont toujours localisés de façon logique sur les artefacts en fonction des catégories de produits.. Les produits à bords convergents Dans le cas des pointes et des éclats triangulaires, les résidus de bitume sont toujours localisés au niveau des parties mésiales et proximales des pointes en englobant systématiquement les talons (fig. 5-6). Le développement latéral des résidus varie quelque peu en embrassant ou non les bords mésio-proximaux. L’emplacement du bitume correspond de façon logique aux parties préhensives des outils laissant ainsi libre les parties transformatives potentielles c’est-àdire les bords mésio-distaux et les extrémités convergentes (fig. 5-6 ; 7 : 1-2 et 8 : 2). Le bitume et, par conséquent, les parties ­préhensives sont ainsi positionnés dans les axes des silhouettes des outils (tabl. 2), suggérant un mode de préhension axial.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 93. 05/06/15 11:02.

(12) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 94. S. Bonilauri. Tableau 2 – Complexe archéologique VI3 d’Umm el Tlel. Répartition quantitative des enlèvements possédant des macro-résidus de bitume et répartition de ces enlèvements en fonction des localisations des macro-résidus et des parties préhensives. Enlèvements prédéterminés du complexe VI3 possédant des macro-résidus de bitume. Localisations des macro-résidus de bitume et des parties préhensives axiales (aux extrémités). Produits convergents (pointes Levallois) – n=44 Produits non convergents (éclats laminaires et larges) – n=16. obliques. latérales. 44 – 100% 16 – 100%. Fig. 5 – Pointes Levallois avec double empreinte de bitume (sur les pièces lithiques et en vis-à-vis sur le sol). 1) Pointe Levallois issue du niveau archéologique VI3c’ : 1a) photo de l’empreinte, 32x – 1b) photo de l’empreinte, 64x ; 2) pointe issue du niveau archéologique VI3d’, 2a) photo de l’empreinte 48x.. Les produits à bords non convergents Dans le cas des éclats Levallois laminaires et larges, les résidus de bitume sont dans tous les cas positionnés ­latéralement au niveau d’un bord d’un outil. Ces derniers peuvent englober la totalité de la longueur d’un bord d’une pièce, de son extrémité proximale à son extrémité distale. BAT_Paleorient-41-1.indb 94. (fig. 7 : 1), ou seulement les trois quarts voire la moitié de la longueur d’un bord (fig. 7 : 2). Les résidus peuvent aussi recouvrir les trois quarts ou les moitiés des largeurs des artefacts. Le positionnement des résidus sur les artefacts correspond également aux parties préhensives des outils laissant libre les bords transformatifs potentiels, positionnés de façon opposée aux parties préhensives bitumées. Les parties. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(13) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. 95. Fig. 6 – Pointes Levallois avec double empreinte (sur les pièces lithiques et en vis-à-vis sur le sol). 1) Pointe issue du niveau archéologique VI3c’ : 1a) photo de l’empreinte, 12x – 1b) photo de l’empreinte, 32x ; 2) pointe issue du niveau archéologique VI3d’, 2a) photo de l’empreinte, 12x.. préhensives positionnées latéralement sur les outils (tabl. 2) suppose deux modes de préhension possibles : un mode axial latéralisé ou latéral. Il apparaît clairement que le bitume excellemment conservé et retrouvé en grande quantité sur ces soixante pièces lithiques jouait un rôle dans la préhension de ces outils. Le bitume, u­ tilisé dès 71.000 BP par les préhistoriques d’Umm el Tlel, a pu en effet être employé soit en tant que. manchon ou gaine de protection entre la main et l’outil, soit en tant qu’agent adhésif18 pour fixer des manches en matières végétales ou animales.. 18. L’emploi de divers agents adhésifs est avéré dès le Paléolithique moyen. Ces derniers sont issus aussi bien de plantes, telles que les résines et les brais de bouleux (Mazza et al. 2006 ; Koller et al. 2001 ; Grünberg 2002), que de matières minérales telles que le bitume (Boëda et al. 2008a et b).. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 95. 05/06/15 11:02.

(14) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 96. S. Bonilauri. Fig. 7 – Éclats Levallois allongés possédant des macro-résidus de bitume. 1) Éclat issu du niveau VI3a’ et présentant des macro-résidus de bitume sur ses deux faces ; 2) éclat issu du niveau VI3d’ avec une double empreinte de bitume localisée sur sa face inférieure et en vis-à-vis sur le sol.. Le NIVEAU ARCHÉOLOGIQUE VI3D’ L’assemblage lithique Levallois sélectionné au sein du niveau archéologique VI3d’ est composé de 606 enlèvements prédéterminés (peu ou pas retouchés), incluant les produits de première intention, les pointes Levallois et les éclats triangulaires19 (n=218, 19. Les pointes Levallois sont définies par la présence d’un triangle de base et de deux pans latéraux convergents (Boëda 1982). L’absence de triangle de base caractérise quant à elle les éclats Levallois triangulaires.. BAT_Paleorient-41-1.indb 96. soit 36 % de la production) et les produits de seconde intention, dits prédéterminés/prédéterminants, incluant les éclats Levallois allongés et larges (n=388, soit 64 % de la production). Sur 606 enlèvements prédéterminés prélevés au sein du niveau archéologique VI3d’, 331 artefacts dont 148 produits à bords convergents (98 pointes Levallois et 50 éclats triangulaires) et 183 produits non convergents (89 éclats laminaires et 94 éclats larges) ont été analysés à faible et fort grossissement. Parmi cet ensemble, 288 pièces possèdent des traces d’utilisation et de préhension. Sur ces 288 produits, 194 présentent. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(15) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. 97. Fig. 8 – Pointes et éclats Levallois possédant des macro-résidus de bitume piégés dans des fissures. 1) Pointe issue du niveau VI3c’ : 1a) face supérieure, photo du bitume piégé, 20x – 1b) face inférieure, photo du bitume piégé, 20x ; 2) pointe issue du niveau VI3a’ ; 3) éclat issu du niveau VI3c’, 3a) face inférieure, photo du bitume piégé, 20x ; 4) éclat issu du niveau VI3c’.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 97. 05/06/15 11:02.

(16) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 98. S. Bonilauri. Tableau 3 – Niveau archéologique VI3d’. Représentation quantitative des enlèvements prédéterminés analysés à faible et fort grossissement et possédant ou non des traces d’utilisation et de préhension. Présence de stigmates de préhension Enlèvements prédéterminés du niveau VI3d’. Total. Analyse t­ racéologique. Présence de stigmates d’utilisation et de préhension. Micro-stigmates positifs et négatifs de préhension. Macro-stigmates positifs de préhension. Total micro-stigmates et macro-stigmates. Pointes Levallois. 122. 98. 89. 64. 4. 68. Éclats triangulaires. 96. 50. 42. Total des pièces ­convergentes. 218. 148. 131. 27 91 61,5 %. 1 5 3,3 %. 28 96 64,8 %. Éclats allongés. 155. 89. 81. 55. 1. 56. Éclats larges. 233. 94. 76. 48. 1. 49. 2 1,1 %. 105 57,4 %. 7 2,1 %. 201 60,7 %. Total des pièces non convergentes. 388. 183. 157. 103 56,3 %. Total. 606. 331. 288. 194 58,6 %. Tableau 4 – Représentation quantitative des produits prédéterminés du niveaux VI3d’ possédant des micro-résidus de bitume exclusifs ou associés à des stigmates négatifs de préhension. Enlèvements prédéterminés du niveau VI3d’ analysés à faible et fort grossissement. Micro-résidus de bitume exclusifs. Micro-résidus de bitume associés à des stigmates négatifs de préhension. Total des micro-résidus de bitume observés. Produits convergents pointes et éclats triangulaires – n=148. 33 22,3%. 11 7,43%. 44 29,73%. Produits non convergents éclats laminaires et larges – n=183. 14 7,65%. 3 1,65%. 17 9,3%. Total n=331. 47 14,2%. 14 4,2%. 61 18,4%. Tableau 5 – Niveau archéologique VI3d’. Représentation quantitative des enlèvements prédéterminés possédant des micro-résidus de bitume et répartition de ces enlèvements en fonction des localisations des micro-résidus de bitume et des parties préhensives potentielles. Enlèvements prédéterminés du niveau VI3d’ possédant des micro-résidus de bitume. oblique. latérale. autre. Produits convergents pointes Levallois et éclats triangulaires – n=44. 21. 9. 11. 3. Produits non convergents éclats laminaires et larges – n=17. 2. des stigmates de préhension (soit 58,6 % des pièces analysées), dont 91 produits convergents (soit 61,5 % des pièces convergentes analysées) et 103 produits non convergents (soit 56,3 % des enlèvements non convergents analysés) (tabl. 3). Deux grands types de traces de préhension ont été identifiés. Il s’agit des macro- et des micro-stigmates de préhension positifs (macro-résidus et micro-résidus de bitume), témoins directs de l’utilisation d’intermédiaire entre la partie en silex d’un outil et la main et des stigmates de préhension négatifs, formés par contact entre la partie en silex d’un outil et. BAT_Paleorient-41-1.indb 98. Localisation des micro-résidus de bitume et des parties préhensives axiale (aux extrémités). 15. un manche et/ou un agent adhésif. Ces stigmates de préhension négatifs sont dans un certain nombre de cas associés à des micro-résidus de bitume (tabl. 3 et 4). L’analyse suivante prendra uniquement en compte les produits lithiques possédant des micro-stigmates de préhension20.. 20. Quantitativement, les pièces possédant des macro-résidus de bitume (n=7) ne seront pas incluses.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(17) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. Les micro-stigmates de préhension. Les micro-stigmates positifs de préhension – les micro-résidus de bitume L’observation à faible et fort grossissement des faces inférieure et supérieure des 148 produits convergents (98 pointes Levallois et 50 éclats triangulaires) et des 183 produits non convergents (89 éclats laminaires et 94 éclats larges) a permis de mettre en évidence, par comparaison avec des pièces expérimentales, des micro-résidus de bitume sur les faces inférieures et supérieures de 61 pièces lithiques21, soit sur 18,4 % des pièces analysées (n=44/148 produits convergents et 19/183 produits non convergents) (tabl. 4). Comme déjà évoqué, les microrésidus de bitume observés sont de morphologies et d’aspects différents et sont souvent associés entre eux. Si les limites distales et latérales des micro-résidus observés sur les artefacts archéologiques ne correspondent pas toutes aux limites exactes des possibles intermédiaires fixés sur les outils en raison notamment de probables phénomènes d’étalements du bitume sur les pièces, une tendance générale relative aux localisations des micro-résidus sur les artefacts, en fonction des catégories d’artefacts, se dégage :. 99. (fig. 10). Ces résidus peuvent recouvrir la longueur totale d’un bord et être ainsi positionnés latéralement et entièrement sur un bord ou englober une seule partie de la longueur totale d’un bord. En largeur, le degré de recouvrement des résidus est variable. Les micro-résidus peuvent en effet englober les trois quarts ou la moitié des largeurs des pièces lithiques. Ce positionnement systématique des résidus sur les bords latéraux des artefacts semble correspondre aux parties préhensives des outils (tabl. 5), laissant libre un seul bord potentiellement transformatif, positionné de façon opposée au bord préhensif.. Les micro-stigmates négatifs de préhension – les stigmates d’emmanchement L’observation à faible et fort grossissement des faces inférieure et supérieure des 331 enlèvements prédéterminés22 a révélé la présence de stigmates négatifs de préhension sur 58 produits à bords convergents et sur 89 produits à bords non convergents (soit 44,4 % des pièces analysées). Parmi cet ensemble de 147 pièces, 14 d’entre elles possèdent des stigmates négatifs de préhension, associés à des micro-résidus de bitume (tabl. 6).. Les produits à bords convergents Les produits à bords convergents Les micro-résidus de bitume, localisés sur les faces inférieure et supérieure des pièces, sont répartis entre les parties proximales et mésio-distales en englobant systématiquement les talons et les parties mésio-distales des produits (fig. 9). Latéralement, l’étendue des micro-résidus est variable, ces derniers englobant dans certains cas une partie des bords latéraux mésio-proximaux. Les micro-résidus qui correspondent probablement aux parties préhensives des outils sont ainsi et en majorité positionnés dans les axes des silhouettes des pièces (n=21/44), laissant libre les bords mésio-distaux potentiellement transformatifs (fig. 9 : 1-2 et tabl. 5). Dans une moindre proportion, les micro-résidus de bitume et, par conséquent, les probables parties préhensives sont localisés latéralement sur les pièces (n=11/44) ou de façon oblique par rapport aux silhouettes des outils (n=9/44), en débutant sur l’un des bords, droit ou gauche, et en se terminant sur le bord opposé (fig. 9 : 3 et tabl. 5).. Les traces de préhension sont localisées quasi-systématiquement sur les deux faces des produits. Pour la majorité d’entre eux, la répartition longitudinale des stigmates débute au niveau des parties proximales (depuis les talons) et se termine au niveau des parties mésio-distales ou mésiales (notamment au niveau des nervures centrales des faces supérieures), embrassant ainsi les trois quarts ou la moitié des longueurs des pièces. Latéralement, les stigmates peuvent ou non englober les bords latéraux proximaux voire mésio-proximaux. Les stigmates négatifs de préhension, qui correspondent logiquement aux parties préhensives des outils, sont ainsi et majoritairement localisés dans les axes des silhouettes des outils (n=36/58), laissant libres les bords latéraux mésio-distaux et les zones convergentes potentiellement transformatives (fig. 11 : 1-2 et tabl. 7). Dans une moindre proportion, les traces de préhension et les parties préhensives potentielles sont localisées de façon oblique (n=9/58) ou latérale (n=13/58) par rapport aux silhouettes des pièces (fig. 11 : 3 et tabl. 7).. Les produits à bords non convergents. Les produits à bords non convergents. Les micro-résidus de bitume sont quasi-exclusivement positionnés latéralement sur les bords des pièces (n=15/17). Les traces négatives de préhension sont majoritairement réparties latéralement sur un seul des deux bords des outils, des parties proximales aux parties mésio-distales ou distales. 21. Notons que les pièces lithiques présentant des macro-résidus de bitume et non comptées ici possèdent également des micro-résidus de bitume (n=7).. 22. L’ensemble des pièces a été nettoyé à l’eau et au savon.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 99. 05/06/15 11:02.

(18) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 100. S. Bonilauri. Fig. 9 – Niveau archéologique VI3d’ d’Umm el Tlel, pointes Levallois possédant des micro-résidus de bitume au niveau de leurs faces supérieure et inférieure. 1) Pointe possédant des micro-résidus positionnés dans l’axe morphologique et de débitage de la pointe, entre les parties proximale et mésio-distale : 1a, 1b et 1c) micro-résidus épais et d’aspect mat, 200x ; 2) pointe possédant des micro-résidus localisés entre les parties proximale et mésio-distale, dans l’axe morphologique et de débitage de la pointe : 2a) micro-résidu allongé et d’aspect ‘gluant’, 200x ; 2b et 2c) micro-résidus épais et d’aspect mat, 200x ; 2d) micro-dépôt de bitume, associé à de fines stries orientées de façon parallèle à l’axe morphologique de la pointe, 200x ; 3) pointe possédant des micro-résidus de bitume positionnés de façon oblique par rapport à l’axe morphologique et de débitage de la pointe, entre le bord gauche mésio-distal et le bord droit mésio-proximal : 3a) micro-dépôt et résidu de bitume, 200x ; 3b) micro-résidu de bitume relativement épais.. BAT_Paleorient-41-1.indb 100. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

(19) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. Le débitage Levallois : un concept de préhension normalisé et varié ?. 101. Fig. 10 – Niveau VI3d’ d’Umm el Tlel, éclats Levallois possédant des micro-résidus de bitume au niveau de leurs faces supérieure et inférieure. 1 et 2) Les micro-résidus sont positionnés latéralement et entièrement sur un bord d’une pièce, de la partie proximale à la partie distale : 1a) résidu épais et d’aspect mat, 200x ; 1b) larges stries associées à un micro-dépôt de bitume et orientées parallèlement à l’axe morphologique et de débitage de l’éclat, 200x ; 2a) micro-dépôt de bitume associé à de fines stries orientées de façon parallèle par rapport à l’axe morphologique et de débitage de l’éclat, 200x ; 2b) micro-résidu de bitume d’aspect mat, 200x ; 2c) boule de bitume, 200x.. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. BAT_Paleorient-41-1.indb 101. 05/06/15 11:02.

(20) CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART • CNRS ÉDITIONS - TIRÉS À PART. 102. S. Bonilauri. Fig. 11 – Niveau VI3d’ d’Umm el Tlel, pointes et éclats Levallois possédant, au niveau de leurs faces inférieure et supérieure, des stigmates négatifs de préhension. 1-2) Pointes possédant des stigmates positionnés dans leur axe morphologique et de débitage ; 1a) spots de micro-poli plus ou moins développés, 200x ; 2a) micro-poli très développé associé à de fines stries orientées parallèlement à l’axe morphologique de la pièce, 200x ; 3) pointe possédant des stigmates négatifs de préhension positionnés de façon oblique par rapport à son axe morphologique ; 3a) stries orientées de façon sub-parallèle par rapport à l’axe de débitage de la pièce et associées à un micro-poli peu développé, 200x ; 4-5) éclats allongés possédant des stigmates négatifs de préhension positionnés latéralement par rapport à leur axe morphologique : 4a) micro-poli bien développé localisé sur la nervure centrale et son bord adjacent, 200x ; 4b-4c) « traînées » de micro-poli orientées de façon sub-parallèle, 200x ; 5a) micropoli localisé sur la nervure droite et son bord adjacent, 200x ; 5b) boule de bitume et stries orientées de façon sub-parallèle, 200x.. BAT_Paleorient-41-1.indb 102. Paléorient, vol. 41.1, p. 83-115 © CNRS ÉDITIONS 2015. 05/06/15 11:02.

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