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LA LIGNE DE LA NUIT UNE PIECE POLICIERE DE PIERRE BASSOLI

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

PRÉSENTE :

LA LIGNE DE LA NUIT

UNE PIECE POLICIERE DE PIERRE BASSOLI

AVEC : Arthur NICOT Philippe ROYER Valérie DEMONT Julien LEGRAND SÉBASTIEN

L’Inspecteur Bertrand MAURER

L’Inspecteur CHARLIER Le Dr SILVERMANN Olivier ANGEL Solène DUBREUIL

Voix : LA RÉCEPTIONNISTE

Mise en ondes Prise de son et effets spéciaux Pierre BASSOLI

7100 mots SCENE 1

Jingle : « La ligne de la nuit, Valérie Demont »

VALÉRIE Ah ! Je crois que nous avons un appel… Allo ?…

JULIEN Allo…

VALÉRIE Oui, bonsoir. Vous êtes à l’antenne… Quel est votre prénom ? JULIEN Julien.

VALÉRIE Bonsoir, Julien. Quel est votre problème ? JULIEN Mon problème ? J’en ai cent, mille, dix mille !…

VALÉRIE Mais encore ?… Si vous nous appelez maintenant, précisément, c’est que vous avez envie de parler de quelque chose de précis…

JULIEN Oui, c’est vrai, mais c’est difficile… délicat, même…

VALÉRIE Allez-y, Julien ! N’ayez pas peur, vous savez que notre ligne est ouverte à tout le monde et surtout, à tous les problèmes, alors allez-y !

JULIEN Valérie… c’est bien votre prénom ? C’est pas un pseudonyme ? VALÉRIE Non, non, je le confirme, c’est bien mon vrai prénom.

JULIEN Donc, c’est bien vous, Valérie, la jeune femme blonde qui allez tous les jours boire votre café au « Baladin », ce petit bistrot qui se trouve…

VALÉRIE Ecoutez, Julien, ne donnez pas trop de détails et dites-moi ce que vous avez à me dire…

JULIEN Je vous aime, Valérie, voilà ce que je voulais vous dire…. Je vous aime…

Bip bip, coupure de la ligne.

VALÉRIE Ah ! ça on ne me l’avait jamais fait en direct sur l’antenne !… Musique, Sébastien.

MUSIQUE :

SCENE 2 Rue calme, la nuit. Quelques passages de voitures.

SÉBASTIEN Et voilà ! Encore une de faite !… ça fait combien ? VALÉRIE C’était la 287ème

(2)

SÉBASTIEN Bientôt la 300ème ! On va faire la fête ? VALÉRIE Tu penses, bien sûr ! Champagne et tout !…

SÉBASTIEN Dis, c’était qui le type qui t’a fait une déclaration en direct pendant l’émission ? VALÉRIE J’en sais rien, aucune idée.

SÉBASTIEN T’en es sûre ? J’ai eu l’impression que ça t’avait perturbée…

VALÉRIE Perturbée ? Non, tu rigoles ! C’est un de ces nombreux dingues qui fantasment sur une voix, à la radio, et qui en tombent amoureux. Ca m’est arrivé souvent ! T’en fais pas, j’ai l’habitude…

Bon, il est tard, je vais me coucher.

SÉBASTIEN Non Valérie, je sens que t’es pas bien, tu veux pas que je te raccompagne ? VALÉRIE Non, il fait bon, je vais rentrer à pied, ce n’est pas très loin.

SÉBASTIEN Tu es sûre ? Il est passé deux heures, c’est pas très prudent.

VALÉRIE (riant) De quoi aurais-je peur ? Un violeur, un sadique ?…

SÉBASTIEN Non mais je pensais au coup de fil de tout à l’heure. Le type pourrait t’attendre, te suivre… Je vois bien que tu fais la fière, mais dans le fond…

VALÉRIE Ne t’inquiète pas pour moi, je vais rentrer bien tranquillement. Je sais me défendre, tu sais ? Et puis j’en ai pour à peine dix minutes à pied. Allez, ne t’inquiète pas, Sébastien. Bonne nuit.

SÉBASTIEN Bonne nuit, Valérie. A demain…

MUSIQUE :

SCENE 3

SÉBASTIEN Putain, j’étais sûr de l’avoir dans mon portable… Ah ! voilà : Nicot, Arthur…(Numéro composé sur portable)… Allo !… Arthur ?… Je te réveille ?

NICOT (voix ensommeillée au bout du fil) Ben un peu ! Il est presque trois heures du mat’ !… Mais qui appelle ?

SÉBASTIEN Sébastien, de « WX FM ». Tu te souviens pas ?… Tu étais venu participer à un débat sur l’insécurité, en tant que flic privé. On avait sympathisé après l’émission et on était allés boire un pot. Tu m’avais même laissé ta carte « au cas où »…

NICOT Ah oui ! je me rappelle maintenant… et alors, le « cas où » est arrivé ?… Pour que tu m’appelles à cette heure !

SÉBASTIEN Ecoute, je suis inquiet pour Valérie, l’animatrice de l’émission à laquelle je participe maintenant.

Ca s’appelle « La ligne de la nuit » et c’est une émission interactive où les gens qui ont des problèmes peuvent appeler.

NICOT (goguenard) Ouais, je vois. Ta Valérie, c’est un peu la Macha Béranger du pauvre.

SÉBASTIEN Pas du tout ! Elle est tout à fait à la hauteur et il faut dire que la pauvre Macha commençait un peu à s’essouffler… Mais le problème n’est pas là. Ce soir, pendant l’émission, un drôle de type a téléphoné pour lui faire une déclaration d’amour sur l’antenne.

NICOT Ca ne devait pas être la première fois ! Avec la voix qu’elle a – je l’ai entendue une fois par hasard – elle doit faire bander tous les auditeurs… Et alors, ensuite ?

SÉBASTIEN Eh bien, quand l’émission a été terminée, nous sommes partis tous les deux et je voyais bien que ce truc semblait l’avoir perturbée. Je lui ai proposé de la raccompagner chez elle mais elle n’a pas voulu. Elle m’a dit qu’elle en avait pour dix minutes à pied et qu’elle préférait marcher.

J’avais l’impression qu’elle connaissait ce type, qu’elle pensait qu’il devait l’attendre après l’émission et qu’elle avait envie de le rencontrer.

NICOT Et alors ?… Peut-être un ancien amoureux qui voulait renouer des relations et elle n’était pas contre…

SÉBASTIEN Je sais pas… J’ai comme un mauvais pressentiment.

NICOT Dis-moi, toi ! Tu ne serais pas un peu amoureux d’elle ? SÉBASTIEN Qui ne le serait pas !… Elle est sublime ! Si tu la voyais…

NICOT Bon, alors, qu’est-ce que tu attends de moi ?

(3)

SÉBASTIEN Je suis inquiet, Arthur !… Si tu pouvais aller voir…

NICOT Aller voir quoi ? Tu voudrais que je m’habille et que je me mette en piste à trois heures du matin ? A quelle heure tu l’as quittée ?

SÉBASTIEN Il y a à peu près dix minutes, un quart d’heure. Je t’ai appelé dès qu’elle est partie.

NICOT Tu m’as dit qu’elle en avait pour dix minutes pour rentrer chez elle, alors si ça se trouve elle est déjà dans son lit, ou alors…

SÉBASTIEN Ou alors quoi ?…

NICOT Si tu penses qu’il devait lui arriver quelque chose, eh bien… c’est déjà arrivé !…

SÉBASTIEN Déconne pas !

NICOT Je déconne pas, je suis réaliste ! Mais toi, je crois que tu es en train de te monter la rate au court bouillon pour pas grand chose. Voilà ce que je vais faire, si ça peut te rassurer : je vais essayer de contacter mon pote l’inspecteur principal Maurer – pour autant qu’il soit de permanence cette nuit – et je te rappelle si j’ai du nouveau.

SÉBASTIEN D’accord… mais fais vite ! Je suis vraiment inquiet.

MUSIQUE :

SCENE 4

Ambiance rue, de nuit. Arrivée voiture, frein à main, claquement de portières.

MAURER Tiens, le légiste est déjà là !

CHARLIER Pas étonnant ! On sait bien que l’odeur du sang attire les fauves… Salut, doc ! Dr SILVERMANN Salut, Charlier…. Ah ! Maurer, salut à toi.

MAURER Salut, Silvermann. Alors, de quoi s’agit-il ?

SILVERMANN La routine, mon vieux ! Un meurtre tout ce qu’il y a de plus banal…

MAURER Vas-y, raconte…

SILVERMANN Une nana qui se balade tranquillement dans la nuit… on se demande ce qu’elle foutait dehors à pareille heure !…

CHARLIER Une pute ?

SILVERMANN Non, je ne crois pas. Bref, attaquée par surprise par derrière – on le voit aux marques qu’elle porte sur le cou – elle se retourne brusquement et le type lui plante un couteau dans l’estomac, puis un autre en plein cœur. Elle meurt quasiment sur le coup.

MAURER Violée ?

SILVERMANN Non, pas à première vue, mais l’autopsie nous en dira plus… Bon, c’est tout pour le moment (aux ambulanciers) : les gars vous pouvez l’embarquer. Maurer, t’auras mon rapport détaillé dans les 24 heures.

MAURER Si ça pouvait être avant, ça m’arrangerait.

SILVERMANN (s’éloignant) Bien sûr !… pour hier après-midi, par exemple ?… On est pas des bœufs !

MAURER (riant) Fais au mieux… (sonnerie téléphone portable)… Ah merde ! qu’est-ce que c’est encore ?… Allo ?… Arthur ? Qu’est-ce que tu fais encore debout à cette heure ?… Ah ! Oui, je t’écoute… Tiens !… oui, justement, je suis sur une affaire… Oui, une jeune femme. Mais comment t’es au courant ?… Oui, tu m’expliqueras, comme d’habitude ! Eh bien, passe donc au bureau, on va rentrer dans dix minutes… Comment ça, tu ne peux pas ?… Ah, tu es en pyjama !… Et comment se fait-il que tu sois au courant de cette affaire ?… Oui, bien sûr, tu vas m’expliquer tout ça demain ! Eh bien moi, demain, je ne suis pas là ! Figure-toi que j’étais de permanence toute la nuit, alors demain, je dors !… Oui, c’est ça, salut !… (il raccroche) C’est pas vrai, ces privés ! Toujours au courant de tout avant les autres !

CHARLIER C’était Nicot ?

MAURER Oui !… Qui veux-tu que ce soit ? CHARLIER Celui-là, un jour, je vais m’le faire !…

MUSIQUE :

(4)

SCENE 5 Ambiance commissariat.

NICOT Je peux entrer ? MAURER Oui, entre Arthur.

Fermeture porte.

NICOT Je me demandais, parce que la façon dont j’ai été reçu cette nuit, au téléphone…

MAURER Excuse, vieux, mais mets-toi à ma place. Je suis sur une affaire criminelle, à trois heures du matin et toi, tu débarques, la bouche en cœur, l’air de tout savoir !… Ca énerve !

NICOT Et alors ? Qu’est-ce que j’y peux ?… Un type, que j’ai connu dans une radio me téléphone en pleine nuit parce qu’il est inquiet pour son animatrice vedette qu’il pense menacée par un auditeur bizarre qui a téléphoné pendant l’émission. Je t’appelle, tu es déjà sur place et il se trouve que ce que le type prévoyait est arrivé… C’est un hasard, une coïncidence !

MAURER Oui, tu as raison, c’est un concours de circonstances, mais avoue quand même que ça peut énerver !

NICOT Ca, évidemment, je le conçois. Le mec qui débarque avec tout le scénario déjà établi, alors que les choses viennent de se produire, ça peut titiller !

MAURER Eh ben alors, raconte au lieu de faire l’intéressant !

NICOT Eh bien comme je te l’ai dit la nuit dernière, j’ai reçu un coup de fil d’un type que j’avais connu dans une radio privée. Je participais à une émission et on avait sympathisé.

MAURER La radio, c’était WX FM ? NICOT Oui, comment tu le sais ?

MAURER La fille qui a été tuée cette nuit, c’est Valérie Demont, l’animatrice vedette d’une émission où tous les tarés de la république peuvent téléphoner pour raconter leurs états d’âme.

NICOT (pensif) Alors c’était bien ça… Putain de merde ! MAURER Ben explique-toi au lieu de jurer comme un charretier !

NICOT Ben mon type, là… Sébastien je ne sais plus comment, il m’a dit qu’il était inquiet pour la fille.

Pendant son émission, elle avait reçu un coup de fil d’un mec qui lui a fait une déclaration d’amour en direct. Valérie avait l’air perturbée par ce téléphone et Sébastien lui a proposé de la raccompagner chez elle, mais elle a refusé. Elle préférait marcher, elle n’habitait pas loin.

MAURER Effectivement, on a retrouvé son corps à 100 mètres à peine de son domicile. Et alors, ton Sébastien, qu’est-ce qu’il voulait que tu fasses ?

NICOT Que j’aille voir !… Il avait les jetons, mais je lui ai expliqué que, le temps que je m’habille, que je me rende chez la fille, elle serait déjà arrivée chez elle ou alors… Par contre, je lui ai promis de t’appeler pour avoir des infos éventuelles. Et le hasard a voulu que tu te trouves justement sur le coup…

MAURER Eh oui, le hasard… Dis-moi, j’aimerais bien l’interroger ce Sébastien.

NICOT Quand tu veux. Je ne me souviens plus de son nom, mais il travaille comme opérateur à WX FM, tu devrais pouvoir le joindre là-bas sans problème.

Ouverture et fermeture porte. Pas.

CHARLIER Tiens, il est là, lui !

NICOT (ironique) Comme tu vois, Charlier : toujours sur le coup !

CHARLIER Ouais… Dis donc, Nicot, qu’est-ce que tu faisais cette nuit entre deux heures et trois heures du matin ? Ca serait pas toi qui aurais occis la petite Valérie Demont, alors qu’elle rentrait tranquillement chez elle ?

NICOT Mais bien sûr, voyons ! J’étais amoureux d’elle et elle ne voulait rien savoir !… Dis voir, Charlier, si tu as décidé de me chercher eh bien tu vas me trouver, et pas plus tard que tout de suite !…

(5)

MAURER (haussant le ton) Vous avez fini, tous les deux ! Vous êtes chiants, toujours en train de vous bagarrer pour des conneries !

NICOT Mais on s’aime, Bertrand ! Et tu sais bien que de l’amour à la haine, il n’y a qu’un tout petit pas…

MUSIQUE :

SCENE 6 Ambiance commissariat. Ouverture porte.

MAURER Entrez monsieur… mais ! qu’est-ce que tu fais là, Arthur ?

NICOT J’ai accompagné mon ami Sébastien. Il m’a dit que tu l’avais convoqué et il était inquiet.

MAURER Comme ça, tu sers de chaperon, maintenant ! Tu sais que ce n’est pas légal et que tu n’as pas le droit d’assister à l’interrogatoire d’un témoin.

NICOT Oui, mais je sais aussi que, vu notre vieille amitié et notre collaboration toujours positive, tu vas faire une dérogation à cette sacro-sainte loi qui date du Moyen Age !

MAURER (soupirant) Bon, asseyez-vous…

MUSIQUE :

SCENE 7

ROYER … Et il a accepté que tu assistes à son interrogatoire ?

NICOT Oui mon vieux ! Comme je te le dis !… Ah, les relations police-privés se portent de mieux en mieux !

ROYER Et qu’est-ce qu’il en est sorti ?

NICOT Oh, pour moi, rien de bien nouveau ! Sébastien a déballé la petite histoire que je connaissais déjà, mais n’a rien voulu lâcher sur la vie privée de Valérie Demont. J’avais l’impression qu’il en savait plus mais la présence de Charlier l’a un peu bloqué. Tu connais l’inspecteur Charlier, sa délicatesse et son entregent légendaires ? Il a tout de suite mis Sébastien à l’aise !

ROYER Oui, je vois le tableau : il s’est bloqué et n’a rien voulu lâcher de plus.

NICOT Exactement. Mais tu me connais, une fois sortis de la maison poulaga, j’ai réussi à lui tirer les vers du nez.

ROYER Ca, je m’en doutais ! Et qu’est-ce qu’il t’a appris de plus ?

NICOT Que Valérie avait entretenu une relation houleuse avec un type qui ne voulait pas la lâcher.

ROYER Et il sait qui est ce type ?

NICOT Oui, j’ai tout noté… Tiens, regarde…

ROYER (lisant) Olivier Angel, 26 chemin des Tulipiers… c’est à Chêne-Bougeries, ça ? Comment ce Sébastien connaît-il tous ces détails ?

NICOT Je crois qu’il était un peu le confident de Valérie et surtout, il en était très amoureux.

ROYER Qu’est-ce que tu vas faire ?

NICOT Qu’est-ce que tu crois ? Je vais aller de ce pas rendre une petite visite à cet Olivier Angel, voir ce qu’il a dans le ventre !

MUSIQUE :

SCENE 8 Carillon porte d’appartement. Ouverture porte.

OLIVIER ANGEL Oui ?…

NICOT Vous êtes Olivier Angel ? ANGEL Oui, qu’est-ce que…

NICOT Excusez-moi, je m’appelle Arthur Nicot et je suis détective privé…

ANGEL Un détective privé ? Je ne vois toujours pas…

NICOT Vous allez comprendre. Vous étiez bien un ami de Valérie Demont, l’animatrice radio ?

(6)

ANGEL Oui, j’étais, comme vous l’avez dit, mais il y a longtemps que nous ne nous voyons plus.

NICOT Vous lisez les journaux, M. Angel ? ANGEL Non, pas beaucoup, pourquoi ?

NICOT Parce que si vous les lisiez, vous seriez au courant de ce qui est arrivé à Mlle Demont…

ANGEL Quoi ? Qu’est-ce qui lui est arrivé ?… je ne suis pas au courant.

NICOT Elle a été assassinée dans la nuit de lundi à mardi à deux pas de son domicile en rentrant chez elle après son émission.

ANGEL (effondré) Non !… C’est pas possible !… Valérie ?… Mais comment c’est arrivé ? NICOT Elle a été poignardée.

ANGEL C’est horrible ! Mais pourquoi ?… Et puis, au fait, pourquoi est-ce un détective privé qui vient m’interroger et pas la police ?

NICOT Très bien observé, M. Angel !… Eh bien tout simplement parce que la police ne connaît pas votre existence. C’est Sébastien, le technicien qui travaille avec Valérie qui m’a parlé de vous.

ANGEL Mais pourquoi n’avoir rien dit à la police ? Je n’ai rien à cacher, moi !

NICOT C’est bien pour ça que je suis là ! Qu’est-ce que vous faisiez la nuit de sa mort ? ANGEL J’étais chez ma nouvelle petite amie, vous pouvez vérifier.

NICOT Mais je vais le faire, ne vous inquiétez pas, vous me donnerez ses coordonnées tout à l’heure, mais d’abord je voudrais vous poser une question. D’après Sébastien, votre relation avec Valérie Demont était assez… houleuse, dirons-nous.

ANGEL C’est surtout la fin qui a été houleuse. C’est vrai que je n’ai pas supporté de me faire larguer…

NICOT Jusqu’à la harceler au téléphone pendant son émission ? ANGEL (haussant le ton) Mais pas du tout ! Qui vous aurait dit ça ?

NICOT C’est ce qui s’est passé le soir de sa mort. Un type a téléphoné pendant l’émission pour lui faire une déclaration d’amour en direct. Il se faisait appeler Julien.

ANGEL N’importe quoi ! J’étais chez ma petite amie, je vous l’ai dit et croyez-moi, j’étais occupé à des choses plus agréables que de jouer les corbeaux au téléphone !

MUSIQUE : (bref intermède) Composition numéro sur tél. portable.

NICOT Allo, Sébastien ? C’est Nicot. Dis-moi, tu pourrais m’obtenir un enregistrement de l’émission d’avant-hier ?… Oui, spécialement le passage où ce fameux Julien a téléphoné… Super ! Tu es à la radio ?… Je peux passer maintenant ?… T’es un vrai chef, mec ! A toute…

Coupure tél. portable. MUSIQUE :

SCENE 9 Ambiance commissariat.

MAURER Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire d’enregistrement ? Arthur, j’aime pas quand tu me fais des cachotteries et là, je sens qu’on est en plein dedans !

NICOT Arrête ta parano, Bertrand, et écoute. En ce moment, je suis en train de t’éviter du travail inutile.

MAURER Bon vas-y, envoie…

Extrait de l’émission :

JULIEN Donc, c’est bien vous, Valérie, la jeune femme blonde qui allez tous les jours boire votre café au « Baladin », ce petit bistrot qui se trouve…

VALÉRIE Ecoutez, Julien, ne donnez pas trop de détails et dites-moi ce que vous avez à me dire…

NICOT Ca, c’est le premier extrait. Maintenant, écoute la suite…

ANGEL N’importe quoi ! J’étais chez ma petite amie, je vous l’ai dit et croyez-moi, j’étais occupé à des choses plus agréables que de jouer les corbeaux au téléphone !

NICOT Alors, qu’est-ce que t’en dis ? MAURER Que c’est pas la même personne…

(7)

NICOT Voilà ce que je voulais t’entendre dire ! Le mec qui a téléphoné le soir du meurtre pendant l’émission n’est pas l’ex-petit copain de Valérie !…

MAURER Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Je ne le connais même pas cet ex-petit copain de Valérie ! C’est qui ?

NICOT Un nommé Olivier Angel. C’est Sébastien qui m’a refilé le tuyau…

MAURER Et pourquoi il te l’a refilé à toi et pas à nous quand il est venu faire sa déposition ?… Tu entends ça, Charlier ? Les privés se mettent à glaner des infos en douce et mènent leur propre enquête !

CHARLIER (au loin) Ca t’étonne ? Moi, de toute façon, ce mec me fout de l’urticaire et le jour où je pourrai l’emballer pour quoi que ce soit, je te jure que ça sera le plus beau jour de ma vie !…

NICOT Ta gueule, Charlier ! On t’a pas sonné ! Je vous apporte des éléments tout cuits dans le bec et tout ce que tu trouves à dire c’est que tu rêves de m’alpaguer !…

MAURER Vos gueules, tous les deux ! Vous n’allez pas recommencer !

NICOT C’est ton sbire qui met de l’huile sur le feu ! D’ailleurs, c’est grâce à lui si Sébastien n’a pas parlé de cet Olivier Angel en venant faire sa déposition. Il l’a trouvé tellement… je cherche le mot… Ah ! voilà : sympathique et chaleureux, qu’il a préféré garder ses infos pour moi !…

CHARLIER Nicot, je t’aurai un jour… et crois-moi, ça va faire mal !…

MUSIQUE :

SCENE 10 ROYER Bon, alors ?… conclusion ?

NICOT Conclusion, Olivier Angel n’est pas l’auteur du coup de fil pendant la dernière émission de Valérie. Ca, c’est certain. Pas eu besoin de passer l’enregistrement à la machine super sophistiquée qui permet de détecter si la voix est trafiquée, le Julien qui a téléphoné pendant l’émission n’a pas transformé sa voix et ce n’est pas celle d’Olivier Angel.

ROYER Et que dit Maurer ?

NICOT Maurer ?… Il ne dit pas grand chose, c’est surtout Charlier qui ouvre sa grande gueule ! D’ici qu’il croie que c’est moi l’assassin, il n’y a pas loin !

ROYER Et, au fait, je voulais te demander… tu travailles pour qui ?… Sébastien, Olivier ?…

NICOT Je travaille pour moi, vieux ! Tu me connais, quand il y a un truc pas clair et que je ne l’ai pas élucidé, je suis comme le Robin des Bois des privés : je travaille pour la gloire !…

MUSIQUE :

SCENE 11 Musique en fond. Ouverture porte.

NICOT Salut Sébastien. Je dérange ?

SÉBASTIEN Non, entre. On a pas encore remplacé l’émission de Valérie alors on passe de la musique en continu. Moi, j’assure la continuité… Je m’emmerde !…

NICOT Tu m’étonnes ! Et ça va durer combien de temps, cette transition ?

SÉBASTIEN J’en sais rien. On ne sait pas s’ils veulent continuer avec le même concept ou mettre une émission complètement différente. Et toi, qu’est-ce qui t’amène ?

NICOT Je suis comme toi, je m’emmerde. Je ne sais pas par quel bout prendre les choses. Tu sais que la piste Olivier Angel n’a rien donné. Il a un alibi en béton et puis ce n’est pas lui qui a téléphoné. C’est pour ça que je t’avais demandé un enregistrement de l’émission. Quand je suis allé le voir chez lui j’ai enregistré notre conversation avec mon mini disc. On a comparé avec les flics et même si le dénommé Julien avait trafiqué sa voix c’est impossible que ce soit la même personne. Trop de différence dans les tessitures. Maintenant ils ont des appareils super sophistiqués pour analyser tout ça… Enfin bref, je piétine… Tiens, c’est quoi cette lumière jaune qui clignote ?

SÉBASTIEN C’est le téléphone. Merci, je l’avais pas vu. Il ne sonne pas, pour ne pas perturber à l’antenne, mais comme je n’attends pas de coup de fil pour l’émission… Tiens, c’est drôle, c’est la ligne

(8)

directe pour l’émission de Valérie… (il décroche) Allo, WX FM j’écoute… Pardon ?… (baissant la voix, s’adressant à Nicot)… Je branche le haut-parleur, écoute ça !… (plus haut)… Vous pouvez répéter, je n’ai pas bien compris.

JULIEN C’est Julien, Valérie n’est pas là ?… J’écoute votre station mais il n’y a que de la musique. Que se passe-t-il ?

SÉBASTIEN Vous plaisantez, Julien ? En tout cas, ce n’est pas de très bon goût ! JULIEN Qu’est-ce que vous voulez dire ? Je ne comprends pas…

SÉBASTIEN Vraiment !… Vous ne lisez pas les journaux ? JULIEN Non, jamais ! Ni journaux, ni télé, ni rien…

SÉBASTIEN Eh bien si vous vous teniez un peu plus au courant, vous auriez appris que Valérie est morte ! JULIEN Quoi ! Morte ?

SÉBASTIEN Oui, assassinée, en rentrant chez elle après l’émission. Tiens, justement, c’était le soir où vous avez appelé. (coupure de la communication, bip bip)… Merde ! Il a raccroché !

NICOT C’est pas grave. Ton téléphone, là, c’est un modèle récent ? SÉBASTIEN Ben oui, il est tout neuf.

NICOT Dans ce cas, on peut voir le dernier numéro qui a appelé… Fais voir… (manipulation sur les touches)… Voilà : 022/734-6300. Il ne reste plus qu’à appeler les renseignements…

(composition d’un numéro sur le clavier)… Allo ?… Bonsoir, pourrais-je savoir qui est l’abonné du numéro 022/734-6300 ? Oui merci, j’attends… Oui… très bien… merci, au revoir Mademoiselle. (il raccroche)… Et voilà ! Pas plus difficile que ça. Il s’agit de Julien Legrand, 25bis, rue du Vieux-Billard… c’est où, ça ?

SÉBASTIEN Pas loin du boulevard St-Georges, je crois. C’est dans le quartier de la Jonction.

NICOT Parfait. Je sens que je vais aller rendre une petite visite à ce M. Legrand.

SÉBASTIEN Maintenant ? T’as vu l’heure ?

NICOT Et alors ? Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud… Les affaires reprennent, Sébastien ! MUSIQUE :

SCENE 12

Ambiance rue, la nuit. Arrivée voiture, claquement d’une portière, pas sur l’asphalte.

NICOT (pour lui-même) Evidemment ! J’avais une chance sur dix qu’il n’y en ait pas, mais il y a un code !… Ah, tiens ! Quelqu’un qui sort de l’immeuble. (ouverture porte) Excusez-moi, monsieur, vous habitez cet immeuble ?

JULIEN Oui, pourquoi ?

NICOT Je viens voir quelqu’un qui habite ici, mais j’ai oublié le code. Vous permettez que j’entre ? JULIEN (méfiant) Qui venez-vous voir ?

NICOT M. Julien Legrand, vous le connaissez ?

JULIEN Euh… non. Vous savez, j’habite ici depuis peu de temps… Excusez-moi mais je suis pressé…

Mais entrez.

Musique suspense en fond.

NICOT Merci, trop aimable… (pas pressés et fermeture porte)… Il a l’air bien pressé ce jeune homme !… Bon, voyons où il crèche ce Julien Legrand… (un temps)… Ah ! voilà, quatrième étage… (pas, ouverture porte ascenseur, montée de l’ascenseur)… Plutôt vétuste, l’ascenseur.

J’espère que je ne vais pas rester coincé… (arrivée ascenseur, fermeture porte, pas)… Voilà, Julien Legrand (sonnerie porte… silence… nouvelle sonnerie) Pas là ! Evidemment, ç’aurait été trop beau !… (bruit de pas feutrés) Eh !… qu’est-ce que c’est ? (coup sourd) … Ah !…

Remontée MUSIQUE.

SCENE 13 Ambiance commissariat.

NICOT Je te dis que c’était lui, j’en suis sûr ! J’ai reconnu sa voix.

(9)

MAURER Mais alors, pourquoi tu ne l’as pas entrepris quand il sortait de l’immeuble ?

NICOT Parce que j’ai fais le rapprochement après coup. C’est pas évident de reconnaître une voix que tu as entendue à travers un téléphone !

MAURER Quand tu as repris connaissance, tu étais toujours devant sa porte ?

NICOT Oui… Evidemment, j’ai sonné de nouveau à la porte, j’ai frappé, mais tu penses bien qu’il n’était pas revenu.

MAURER Il t’a volé quelque chose ?

NICOT Non, il a fouillé mon portefeuille parce que ma carte professionnelle n’était plus à la même place, mais l’argent était toujours là.

MAURER Bien… à part ça, tu sais qu’il y a eu un nouveau meurtre cette nuit ? NICOT Un nouveau meurtre ?… Non ! Mais quel rapport avec notre affaire ?

CHARLIER (sarcastique) Ben alors, Nicot ! T’es pas au courant ? D’habitude, les privés sont toujours au courant de tout avant les flics ! T’es sûr que t’as pas une petite idée là-dessus ?

NICOT Et voilà l’autre qui en remet une couche ! T’es pas fatigué à la longue de toujours me persécuter ? Pour une fois que je n’étais pas sur les lieux du crime !

CHARLIER Va savoir… t’as peut-être un complice…

MAURER Ca va, Charlier ! Là, tu pousses le bouchon un peu loin !… Eh bien, le rapport avec notre affaire, c’est que les circonstances sont exactement les mêmes : la fille rentrait chez elle vers une heure du matin, elle a été attaquée par derrière et saisie à la gorge – les marques sur le cou sont identiques à celle relevées sur Valérie Demont. Ensuite, elle a dû se retourner et a reçu deux coups de couteau…

NICOT Merde !… et c’est qui ?

MAURER Une dénommée Sandrine Bouchet, 34 ans, secrétaire, rien à voir avec l’autre… je veux dire que c’était pas un personnage public, célèbre, comme Valérie.

NICOT Des indices ?

MAURER Rien, comme pour l’autre, pas de viol, la fille n’a pas eu le temps de se défendre, donc pas de lambeaux de peau sous les ongles et par conséquent pas de traces d’ADN.

NICOT En tout cas, occupez-vous de ce Julien Legrand, ça peut être une piste intéressante.

CHARLIER Merci pour le conseil, Nicot, on n’y avait pas pensé !…

NICOT Oh toi, Charlier, on t’a pas sonné !…

MUSIQUE :

SCENE 14 Ambiance rue. Arrivée voiture. MUSIQUE : (en fond)

NICOT (narrateur) Il est évident que je n’allais pas laisser mes amis flics faire le boulot tout seuls. Je me pointe donc à la rue du Vieux-Billard, histoire d’observer un peu ce qui s’y passe et je constate que ces messieurs de la maison poupoule n’ont pas perdu de temps. Je repère une voiture tellement banalisée qu’elle se voit à deux kilomètres. En fait, ce sont surtout les deux flics à l’intérieur qui ne sont pas banalisés, notamment Charlier avec son petit chapeau ridicule.

Il est flanqué d’un jeunot en blouson de cuir, le crâne rasé, jeans et santiags. La parfaite panoplie du keuf de la mondaine qui veut se faire passer pour un dealer. Seulement, les vrais ne sont plus dupes et les poulets auraient meilleur temps de revenir au costard-cravate, chapeau mou et imperméable mastic de l’époque de Gabin, il se feraient moins repérer ! Tiens, on dirait que ça bouge. Nos deux lardus sortent de la voiture et se dirigent vers l’entrée du 25bis. Comme toutes les portes équipées d’un code, celle-ci peut également s’ouvrir à l’aide d’une clé, ce que ne manque pas de faire Charlier qui possède le sésame universel.

Remontée de la musique, bref intermède, puis à nouveau en fond.

NICOT Tiens, déjà ! A mon avis, ils ont dû faire chou blanc. Pas con, le Julien n’est pas retourné chez lui depuis avoir pris congé de ma personne d’une manière un peu… brutale, vu l’œuf de pigeon qui orne l’arrière de mon crâne. Charlier et son sbire regagnent leur tire et se remettent en

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planque. Bonne chance, les gars ! Vous êtes bons pour la journée et une partie de la nuit, si personne ne vient vous relever entre temps. Si Julien Legrand a vraiment quelque chose à se reprocher, il n’est pas prêt de regagner son domicile…

Remontée de la musique, puis fade out.

Ambiance bureau.

ROYER Mais mon pauvre Arthur, comment veux-tu qu’on retrouve ton bonhomme ? Laisse les flics faire leur boulot…

NICOT Non, je veux savoir où il se planque. Tu dois bien avoir un moyen toi, avocat, avec des connexions partout, les fichiers du contrôle de la population, le parquet… On devrait au moins savoir où il bosse !

ROYER Bon, d’accord, attends une seconde… (il tapote sur le clavier de son ordinateur)… Voilà : Julien Legrand, employé depuis 2 ans à la S.B.U.

NICOT C’est quoi, ça ?

ROYER Tu connais pas ? C’est la « Société Bancaire Universelle ». Une des plus grosses banques mondiales qui appartient à Gil Bates, le multimilliardaire américain… Eh, où vas-tu ?

NICOT (s’éloignant) Ben, à la S.B.U. qu’est-ce que tu crois ? Je vais bien trouver là-bas quelqu’un qui pourra me renseigner sur Julien Legrand.

MUSIQUE :

SCENE 15

NICOT Mlle Solène Dubreuil, on m’a dit que vous êtes une collègue directe de Julien Legrand, c’est juste ?

SOLENE DUBREUIL Oui, c’est exact. D’ailleurs je suis surprise qu’il ne soit pas venu travailler aujourd’hui, surtout sans avertir. Mais au fait, vous enquêtez sur quoi exactement ? Vous m’avez dit que vous êtes détective privé…

NICOT C’est un peu compliqué. Vous connaissez l’émission « La ligne de la nuit » sur WX FM ? SOLENE Oui, je l’écoute de temps en temps, quand je ne dors pas encore.

NICOT Je suppose que vous avez entendu parler du meurtre qui a eu lieu il y a quelques jours. Valérie Demont, l’animatrice de cette émission a été tuée de deux coups de couteau…

SOLENE (surprise) Mon Dieu !… Non, je n’étais pas au courant. Et qu’est-ce que Julien vient faire dans cette histoire ?

NICOT Eh bien Julien a téléphoné juste avant la mort de l’animatrice. Il est passé en direct sur l’antenne et a fait une déclaration d’amour à Valérie Demont.

SOLENE C’est pas possible ! Julien, lui si timide, réservé, je ne peux pas le croire !… Et vous pensez que c’est lui qui a tué Valérie ?

NICOT En tout cas, il a disparu de chez lui, personne ne sait où il est. Ca ressemble à l’attitude d’un coupable, vous ne trouvez pas ?

SOLENE En tout cas hier il était là. Et il n’avait pas l’air perturbé.

NICOT Est-ce qu’il a reçu un coup de téléphone ?

SOLENE (riant) Mais nous en recevons des centaines tous les jours ! Nous travaillons en direct avec la bourse et notre principale occupation c’est de recevoir et transmettre des informations par téléphone !

NICOT Je voulais dire un appel d’ordre privé, qui l’aurait déstabilisé.

SOLENE Non, je ne vois pas… Ah ! attendez, un moment, il a reçu un appel sur son portable, mais il est tout de suite sorti du bureau pour s’isoler.

NICOT Vous vous souvenez de ce qu’il a dit ?

SOLENE Non, j’étais moi-même en communication avec New York et je ne m’en souviens pas vraiment.

NICOT Vous êtes sûre ? On a toujours une oreille qui traîne, surtout quand c’est le portable qui sonne…

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SOLENE (hésitante) Ecoutez, je ne voudrais faire de tort à personne, mais il me semble que je l’ai entendu dire : « Attends une seconde, Seb, je passe à côté. » Puis il est sorti et je n’ai plus rien entendu.

NICOT Seb… Vous êtes sûre qu’il a dit Seb ?

SOLENE Oui. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois qu’il recevait un appel de ce Seb. Je l’ai entendu plusieurs fois prononcer ce nom lorsqu’il recevait un coup de fil. Mais c’était toujours sur son portable, jamais sur le téléphone du bureau.

NICOT C’est très bien, Solène. Je pense que vous m’avez fait faire un nouveau pas dans cette enquête. Vous n’auriez pas une idée sur qui serait ce Seb ?

SOLENE Non, aucune, désolée.

NICOT C’est pas grave, moi je crois que moi, j’en ai une…

MUSIQUE :

SCENE 16

NICOT (narrateur) Vous avez deviné, ma petit idée, c’est que le Seb en question pourrait être Sébastien, le technicien de WX FM. Ce qui me reste à trouver, c’est le mobile. Pourquoi avoir utilisé Julien ? Pour faire diversion, ça c’est indéniable. Mais maintenant, pourquoi avoir tué Valérie ? Et l’autre victime, Sandrine Bouchet, est-ce que c’est lui aussi ? Autant de questions qui commencent à me donner mal au crâne. Et si j’allais fureter du côté des poulet, histoire de voir où ils en sont ?…

MUSIQUE : (bref intermède) Ambiance commissariat.

MAURER Ah ! Arthur, tu tombes bien ! Du nouveau, de ton côté ? NICOT Non, rien. Je venais justement voir si vous, de votre côté…

CHARLIER Regardez-le, l’autre, avec son air de faux cul ! Je suis sûr que tu sais des trucs et que tu viens nous narguer.

NICOT Mais pas du tout ! Je venais là en toute amitié – enfin, quand je dis en toute amitié, c’est surtout par rapport à Bertrand, parce que toi, Charlier, je me dispense volontiers de la tienne – enfin bref, je disais que je venais en toute amitié pour savoir où vous en êtes, rien de plus…

MAURER Julien Legrand, tu as du nouveau ?

NICOT Non, rien. Je suis allé dans la boîte où il bosse. Il n’est pas venu aujourd’hui, mais personne ne semble savoir où il est.

MAURER Nous pareil. On y est allés aussi et nous avons rencontré son chef, M. Meyer. Il ne sait rien…

NICOT (pour lui-même) Hé, hé !… vous n’avez pas rencontré la bonne personne…

CHARLIER Qu’est-ce que tu marmonnes, Nicot ?

NICOT Rien. Je me disais qu’on est tous dans une impasse… Bon, je vous laisse…

CHARLIER (sarcastique) Bien sûr ! Tu vas suivre une piste que tu t’es bien gardé de nous communiquer, tout ça pour tirer la couverture à toi !

NICOT Je suis un privé, moi ! Et je suis sur plusieurs affaires à la fois. Maintenant, si ça peut te rassurer, je vais m’occuper d’un mari cocu et suivre sa femme pour la choper en flagrant délit ! Ca te va, comme explication ?

MAURER Ca suffit, vous deux ! Décidément, on ne peut pas vous laisser 30 secondes ensemble sans que ça tourne au vinaigre !

MUSIQUE :

SCENE 17 La musique reste en fond.

NICOT (narrateur) Tu parles, il a bon dos le mari cocu ! Je m’en vais de ce pas m’occuper de Sébastien, le technicien de WX FM. Je suis presque sûr que le dénommé Seb qui a téléphoné hier à Julien Legrand et le techno de la radio ne sont qu’une seule et même personne.

Musique fade out. Arrivée voiture, claquement de portière. Pas, ouverture porte.

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LA RÉCEPTIONNISTE Bonjour. Vous désirez ? NICOT Bonjour, est-ce que Sébastien est là ?

LA RÉCEPTIONNISTE Seb ? Non, pas encore vu aujourd’hui. En général il n’est jamais là avant 20 heures.

NICOT Tiens, vous l’appelez Seb, vous aussi ?

LA RÉCEPTIONNISTE Ben oui !… Tout le monde l’appelle Seb, pourquoi ? NICOT Pour rien…Vous savez où je peux le trouver ?

LA RÉCEPTIONNISTE Je ne sais pas. Chez lui, peut-être. En tout cas, hier il n’était pas bien du tout. Le contrecoup de la mort de Valérie. Et puis je crois aussi qu’il a des problèmes avec sa petite amie…

NICOT Ah bon ! Et vous savez qui est cette petite amie ?

LA RÉCEPTIONNISTE Aucune idée. Vous savez, Seb est un garçon assez secret.

NICOT Vous pouvez au moins me donner son adresse, il faut absolument que je le voie.

LA RÉCEPTIONNISTE Bien sûr, attendez une seconde… (elle pianote sur son ordinateur)… voilà : 29, rue Dejan.

NICOT Merci Mademoiselle, au plaisir de vous revoir…

MUSIQUE :

SCENE 18

NICOT (narrateur) Inutile de vous dire qu’au 29 rue Dejan, j’ai fait chou blanc ! Pas plus de Sébastien que de beurre en branche. C’est alors que j’ai soudain eu une idée. Le troquet dont Julien avait parlé lors de son coup de fil à Valérie, là où elle allait boire son café tous les jours… Le Baladin, je crois que ça s’appelle, si ma mémoire est bonne. Il ne me faut pas cinq minutes pour dégoter l’adresse de cet estanco, trente secondes pour avertir mon ami l’inspecteur Maurer de mes intentions et dix minutes supplémentaires pour y débarquer, la bouche en cœur et l’air conquérant. Et je ne suis pas déçu, croyez-moi !

Ambiance bistrot.

NICOT Tiens, Sébastien ! Qu’est-ce que tu fais là ?

SÉBASTIEN (embarrassé) Ben… et toi ? Je ne m’attendais pas à…

NICOT Ca, je pense bien que tu ne t’y attendais pas ! Tu ne me présentes pas ton ami ? SÉBASTIEN Euh… Ju… euh… Jean-Paul, un copain…

NICOT (amusé) Jean-Paul, hein ?… Tu n’avais pas plutôt voulu dire… Ju… Julien ? SÉBASTIEN Mais enfin, qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

NICOT J’attends que vous m’expliquiez votre cinoche, tous les deux. Je me doute de beaucoup de choses, mais il me manque un tas de détails…

JULIEN Mais comment, qu’est-ce que vous voulez dire ?… Je ne comprends pas…

NICOT Non, ne vous en allez pas, M. Legrand, restez avec nous, vous allez pouvoir éclairer ma lanterne…

JULIEN Mais !… Vous me connaissez ?

NICOT Bien sûr, M. Legrand… Mlle Solène Dubreuil m’a dit beaucoup de choses sur vous et puis, je vous ai reconnu, lorsque vous sortiez de chez vous… avant que vous ne m’assommiez devant votre porte…

SÉBASTIEN Viens, Julien, on se tire !…

NICOT Pas si vite, les amis ! Ouverture porte, pas précipités.

MAURER On se tient tranquille, on ne bouge plus !… Allez, les mains sur la tête, suivez-nous gentiment.

CHARLIER Ouais !… On les embarque mais on ne sait rien du tout !… Tout ça, c’est encore des suppositions de notre détective maison !…

(13)

NICOT Eh, Charlier !… T’as jamais entendu parler de l’intuition ? Ca pourrait te servir dans ton métier !…

MUSIQUE :

SCENE 19

ROYER Alors là, Arthur, chapeau ! Comment tu as trouvé la clé de l’énigme ?

NICOT Bof !… un détail, insignifiant à première vue, mais qui m’a immédiatement fait « tilt ».

ROYER Quoi donc ? Raconte !…

NICOT Lorsque je suis allé dans la boîte où travaillait Legrand, sa collègue, Solène Dubreuil, m’a tout de suite mis sur une piste intéressante…

ROYER Ouais, je vois ! Une grande blonde avec de gros seins !…

NICOT Pas du tout, qu’est-ce que tu crois !… Une petite brune, toute menue, plutôt du genre planche à repasser…

ROYER Bon, bon, d’accord… et alors, qu’est-ce qu’elle a bien pu te raconter pour que ça te mène au dénouement de cette histoire ?

NICOT Un détail, infime, une connerie qui aurait très bien pu me passer trois kilomètres au-dessus de la tête !… Tout simplement l’histoire du coup de fil que Legrand a reçu d’un certain Seb…

ROYER Seb, comme Sébastien, si je comprends bien ?

NICOT Exactement ! Là, je me suis dit que les coïncidences étaient trop flagrantes. Et j’ai pensé que le cerveau de toute cette affaire était Sébastien, le technicien de WX FM.

ROYER Alors, à la fin du compte ?…

NICOT Comme disait l’autre, c’est à la fois très simple et très compliqué. Sébastien, le technard de la radio était secrètement amoureux de Valérie, la première victime. Dans un premier temps, il a voulu lui faire peur et a demandé à un de ses potes à lui de téléphoner à la radio pendant l’émission pour la déstabiliser. Son ami Julien a accepté de jouer le jeu et a appelé pendant l’émission, lui faisant en direct une déclaration d’amour.

ROYER Et alors ? Il a réussi son pari ?

NICOT Plutôt, oui ! Quand ils sont sortis de l’émission, Valérie était bouleversée, complètement déstabilisée, bref, elle ne savait plus où elle en était.

ROYER Pourtant, elle devait avoir l’habitude de ce genre de choses ! Je suppose que ce n’état pas la première fois qu’elle recevait ce genre de déclaration !

NICOT Oui, mais par courrier, beaucoup plus qu’en direct à l’antenne ! ROYER Mais ceci n’explique pas pourquoi elle a été tuée et par qui…

NICOT Attends, vieux ! J’y viens.

ROYER Ah, parce que tu le sais et tu ne disais rien !

NICOT Qu’est-ce que tu crois, je ménage mes effets et le suspense.

ROYER (s’impatientant) Alors, qu’est-ce que t’attends ? Accouche !

NICOT Eh bien c’est Sébastien, le coupable et c’est également lui qui a tué l’autre fille, Sandrine Bouchet, qui n’était autre que… sa petite amie officielle !

ROYER C’est incroyable ! Mais quels sont les mobiles ?

NICOT Comme tu dis, c’est incroyable et complètement insensé. Ecoute plutôt : Sébastien était amoureux fou de Valérie mais elle ne voulait rien savoir et le repoussait. Ca le rendait fou et parallèlement il entretenait une relation avec Sandrine Bouchet qui, de son côté, était d’une jalousie maladive et le harcelait, se doutant certainement de l’intérêt qu’il portait à Valérie Demont. Je ne sais pas ce qui s’est exactement passé dans sa tête – ça, c’est l’expert psychiatre qui est en train d’étudier son cas qui nous le dira – mais il a un jour décidé de supprimer sa copine Sandrine qu’il ne pouvait plus supporter. Mais pour brouiller les pistes, il a pensé à un tueur en série…

ROYER Oui, mais qui dit tueur en série dit meurtres en série aussi !

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NICOT C’est bien pour ça qu’il a décidé de supprimer Valérie. Même processus, attaque par derrière, étranglement, coup de couteau, exactement le même scénario pour les deux femmes…

ROYER Et Julien Legrand, alors ? Qu’est-ce qu’il venait faire là-dedans ?

NICOT Juste pour donner le change, pour lui servir d’alibi. Il téléphonait pendant l’émission, faisait sa déclaration en direct et Sébastien était lavé de tout soupçon. Et le lendemain, dans la foulée, il se débarrassait de la fiancée gênante !

ROYER Quel tordu !… Et que dit notre ami l’inspecteur Maurer ?

NICOT Bertrand ? Il est aux anges, tu penses ! Je lui ai livré – une fois de plus – un coupable tout cuit sur un plateau. Quant à Charlier, lui, il est en train de se fabriquer son ulcère à l’estomac ! Il n’arrive pas à se faire à l’idée que je ne suis qu’un auxiliaire dévoué qui ne pense qu’à aider la police ! Lui, il dormira tranquille le jour où je serai sous les verrous, coupable de je ne sais quel crime abominable !

Rires.

ROYER Ouais… Le seul truc dans tout ça, c’est qu’une fois de plus tu n’avais pas de client ! Qui va te payer ?

NICOT Je m’étais dit que, dans le fond, tu pourrais défendre Sébastien. C’est un beau cas pour un avocat. Et puis, dans la foulée, comme je t’apporte un client tout cuit dans le bec, tu pourrais peut-être faire un petit geste…

MUSIQUE :

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