EFFETS DE LA SUPPRESSION DE LA TRAITE DU DIMANCHE SOIR, CHEZ LES BOVINS
DE RACE FRANÇAISE FRISONNE PIE NOIRE
J. LABUSSIÈRE,
J. COINDET J.F. COMBAUDF.-A. de la CHEVALERIE J. PONT Laboratoire de
Physiologie
de la Lactation,Centre, national de Recherches
zootechniques,
%8--Jouy-en-Josas
Institut nalional de la Recherche
agronomique Lycée agricole,
76 - YvetotSOMMAIRE
La
suppression
de la traite du dimanche soir a été effectuéependant
toute une lactation chez r4vaches Française Frisonne Pie Noire. Elle n’a pas été accompagnée de modifications de l’horaire des autres traites.
Comparées
à celles du lot témoin, lesproductions
en 300jours
deslipides,
des matières azotées,du lactose, de l’extrait sec et du lait, sont
respectivement
réduites de 6,3p. 100, 6,6 p. roo, !,8 p. 100, 7,1
p. 100et 7,5 p. 100.
La sécrétion étant fortement
perturbée (en quantité
et enqualité) pendant
les 48 heuresqui
suivent cette omission, le passage du contrôleur laitier avant le mardi soir est donc exclu, dans les
fermes où cette
technique
seraitadoptée.
Nous n’avons pas constaté, même àlong
terme, de modifi- cations de l’état sanitaire de la mamelle.I. - INTRODUCTION
Le taux horaire de sécrétion du lait semble
pratiquement inchangé
tant que l’écartséparant
deux traites n’excède pas 16 heures(E LLIOT , I95c!),
laproduction quotidienne
restant effectivement lamême,
que l’on choisisse des espacementségaux (
12
h-i2h)
ouinégaux (8
h-16h), (voir
revuebibliographique
de LABUSSiÈRE etRICHARD, 1965).
L’accumulation
du lait dans lepis pendant
unepériode plus longue,
se traduitpar une baisse de l’activité des cellules
mammaires,
et au bout de 2qheures,
la quan- tité de lait recueillie est inférieure d’environ 10 à 12p. 100à celle que l’on aurait puespérer
si la linéarité mentionnée ci-dessus avait été maintenue.1
° I)oit-on penser pour autant que la
perte
constatée lors de lapratique jour-
nalière d’une seule
traite,
est aussi faible que cela ?Les résultats
prouvent qu’il
n’en est rienpuisqu’en répétant
une telle méthodependant plusieurs mois,
BVOODWARD( 1931 )
aboutit à des chiffresbeaucoup plus
élevés et moins
encourageants ( 50
p.ioo).
Cette
perte
varie d’ailleurs énormément :- suivant les
vaches,
de 25 àK 9
p. 100pour et al.( 1950 ) ;
- suivant leur stade
physiologique,
laproduction paraissant
moins affectéevers la fin de la lactation
(H ESSE i/nxE
etIl l.,
1053 ; CLAESSONetal., ig59)!
La traite une seule fois par
jour,
un ou deux mois avant letarissement,
offre relativement peud’intérêt, l’agriculteur
étanttoujours
astreint à uneprésence
cons-tante par les vaches
qui
n’ont pas encore atteintl’époque
favorable àl’application
de cette
technique.
Ainsi,
la traitequotidienne unique pendant
toute la lactation nepeut
être écono-miquement justifiée
tantqu’une
étude n’aura paspermis
dedistinguer
etd’expliquer
les différences individuelles pour orienter la sélection.
2
° En
revanche,
l’introduction une fois par semaine d’un intervalle de 24heures,
offreprobablement
moins derisques.
Cecipermettrait
réellement de libérer momenta- némentl’éleveur ;
c’est la raison pourlaquelle
lasuppression
de la traite du dimanchesoir nous
parait
finalement être pourl’agriculteur,
et dansl’immédiat,
latechnique
la
plus
intéressante.Il y a deux manières
d’envisager
cettesuppression :
a)
Lapremière
est conçue defaçon
àménager
un intervalle de 18 heures entre la traite du samedi soir et celle du dimanchematin,
etégalement
de 18 heures entrecette traite tardive du dimanche et celle
plus
matinale du lundi. C’est cette solutionqui
a étéexpérimentée
enAllemagne parallèlement
par V’nrT( 19 6 3 )
au cours de deuxessais de fi et i5
semaines,
et par I3or!!x(ig6 3 )
sur unepériode
encoreplus
courte.Les résultats
qui
sontprésentés
dans les deux essais sont toutefois difficiles àinterpréter,
car ils neportent
que sur deslaps
detemps
très réduits( 4 8
h ou unesemaine),
et ne tiennent pascompte
ainsi de l’effet cumulatif de rétentions l!etéesrépétées.
b)
La seconde est celle que nous avonsadoptée
car elleprésentait plus
derisques
tant en ce
qui
concerne laproduction laitière,
que l’état sanitaire de la mamelle.Elle consiste à
supprimer
carrément la traite du dimanchesoir,
laissant ainsi l’ani- mal sans traitependant
2! heures consécutivespuisque
les horaires habituellement observés les autres matins n’ont pas été modifiés.C’est ce schéma
qui
a été utilisé parApTREv,
I10I,1,Ixs et CANNOX( 19 6 3 )
lorsd’une
expérience
malheureusementtrop
brève etportant
sur un nombre trop faible d’animaui.C
LAESSOX
( 19 6 5 )
aprocédé
de la mêmefaçon
de laparturition jusqu’au
tarisse-ment chez les
génisses,
maisuniquement
àpartir
de la 6e semaine de lactation chez les vachesplus âgées.
Au cours de
l’expérience qui
va êtreexposée maintenant,
toutes lesvaches, quel
que soit leur
âge
ou leur niveau deproduction laitière,
n’ont pas été traites le dimanchesoir,
dès levêlage
etpendant
toute la lactation.II. -
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
A. - A ninzaux
i. La
prerytière
année(1964-1965).
Quatorze
vachesFrançaises
Frisonne Pie !1’oire(tabl. i)
furentréparties
leplus équitablement possible
en deuxlots, compte
tenu :- du numéro de
lactation,
- de la date de mise
bas,
- des
productions
laitièresprécédentes (dans
le cas où il nes’agissait
pas degénisses).
- I,e lot témoin a
toujours
été trait deux fois parjour
à 6 heures et 16 h 30.- Le lot
expérimental
a été soumis aux mêmes horaires àl’exception
dudimanche soir où la traite n’a pas été effectuée.
2
. La seconde année
(196j- 1966) .
Au fur et à mesure de lactations
nouvelles,
le lotexpérimental
est devenu témoinet inversement le lot témoin est devenu
expérimental (tabl. i).
En
régime hivernal,
il fut distribué à tous les animaux une ration de base cons-tituée de 12
kg
de foin depré
et 15kg d’ensilage
deprairie
naturelle.Afin que
chaque
vachepuisse exprimer pleinement
sespotentialités,
lecomplé-
ment a été
apporté
en concentré et calculé sur la base d’uneproduction
de 2kg supé-
rieure à la
production
réelle.B. -
Technique
de traiteLa traite fut effectuée avec une machine Alfa-Laval
( 33
cmHg, rapport i/i,
45
Pulsations/minute).
Un massage de la mamelle avec unlinge préalablement trempé
dans de l’eau à 5ooprécédait
la pose desgobelets
d’environ une minute.Les dernières fractions de lait furent extraites en
pratiquant l’égouttage
à lamachine.
C. - Contrôles
Toutes les lactations ont duré au moins 300
jours pendant lesquels
les deux lotsont subi les contrôles suivants :
1
. Production Laitière.
Le lait de
chaque
vache a étépesé chaque jour,
matin etsoir, pendant
toute ladurée de
l’expérience.
2
.
Composition
du Lait.Les
dosages
ont commencé en moyenne 25jours après
la mise bas et se sontrépétés
àchaque
traite aurythme
de :a)
Une semaine sur 4 pourl’appréciation
du tauxbutyreux (méthode
deGerber) ;
b)
Une semaine sur 8 pour la mesure :- - de la teneur en matières
protéiques
au noirAmido,
- de la teneur en lactose par la
technique
de SoMOryr(r 95 2).
Ce contrôle a étéremplacé
en seconde année par l’évaluation des matières sèches totalesaprès
dessic-cation au bain-marie
puis
à l’étuve à vide.3
. 1 rritlltion et état sanitaire de la mamelle.
I,a numération sommaire des
leucocytes
du lait dechaque quartier
a été réaliséeune fois par mois sur tous les
animaux,
par leCaliloni ia
Mastitis test(CMT
auteepol
bromocrésol
pourpre).
Cette numération a
toujours
eu lieu 6jours après
la traiteomise,
afin que le contrôle ne soit pas faussé par l’effet passager etlégèrement
traumatisantqui
résultede l’accumulation du lait dans la
glande.
D. -
Exj!ressio!a
des résultatsNous avons calculé la
production
hebdomadaire des différentsconstituants,
ainsiqu’une
moyennequotidienne
pour la semaine considérée.Compte
tenu de l’écartséparant
les différents contrôlessuccessifs,
leurproduc-
tion
globale
en 300jours
a pu être estimée à l’aide d’une méthode semblable à celleproposée
par Pr,nascHnznn.Les résultats du lot
expérimental
ont été ainsicomparés
à ceux du lottémoin,
mais
également
à ceux d’un lot intitulé «experimental corrigé
». Ce lot est obtenu enrecalculant
chaque
semaine et pourchaque
vache un rendement hebdomadairethéorique
sur la base desproductions
desmercredi, jeudi,
vendredi et samedi consi- dérés comme redevenus desjours
normaux. Cettetechnique
d’étude à court termene tient malheureusement pas
compte
des effetsrespectifs
de lasuppression
hebdo-madaire, qui
doivent défavorablement interférer àlong
terme sur lepotentiel
sécré-toire des cellules mammaires.
III. -
RÉSULTATS
A. -
Effets
sur laproduction
en 300jours
Les courbes de lactation
(moyenne
des 2années)
sontprésentées
à lafigure
i.) 1
1 remarquera
qu’au départ
les lots sont bienéquilibrés ( 1 ).
L’écart entre les deuxlots s’accroît
légèrement pendant
les 200premiers jours.
Au-delà de cettelimite, l’interprétation
est rendueplus délicate,
deux animaux du lot témoinayant
étémalades
pendant
cettepériode (corps étranger
dans le rumen,intoxication).
Les résultats concernant le rendement en 300
jours
sontrapportés
au tableau 2.Lorsque
l’onsupprime
la traite du dimanchesoir,
les vaches fournissent seulement 92,
5 p. 100du lait
produit
par cellesqui
sont soumises aurythme
normal de traite.Cette réduction de 7,5p. 100est un peu
supérieure
à cequi
est réellement laissé dans lamamelle, puisqu’une
traite moyenne du soirreprésente
environ 6 p. 100 du total hebdomadaire.La
perte
laplus
faible est cellequi
intéresse les matières grasses(6, 3
p.100 ),
laplus
forte est celle du lactose( 7 , 9
p.100 ).
Cespertes
sont nettement inférieureslorsqu’on
faitporter
lacomparaison
sur le lotexpérimental corrigé.
Nous avons vuau
chapitre précédent
ce que nous devions penser de cette seconde méthode.B. -
Modifications journalières de
laproductio ll
et de la
composition
du laitI
. Production laitière.
Le lait du lundi matin est abondant :
10 ,86 kg
au lieu de 7,42kg
habituellement(fig.
2a).
Bien que
permettant
de recueillir une bonnepartie
de cequi
avait été laissé dans la mamelle le dimanchesoir,
cecireprésente
uneperte
de1 ,8 3 kg
parrapport
aux
quantités
totales obtenueslorsque
l’onpratique
deux traites parjour (r2,6c! kg).
La sécrétion
ayant
étéprobablement
normalependant
toute lajournée
dudimanche,
cetteperte
est certainementimputable
à l’intervalle nocturne du dimancheau
lundi, pendant lequel
il n’a donc étéproduit
que : 7,42kg- I ,8 3 kg
=5,6 o La
sécrétion
pendant
cet intervalle a donc été freinée de 23,4 p. 100.Le lundi soir et le mardi
matin,
laproduction
estégalement
sensiblementréduite,
mais de moins en moins(respectivement 4 , 2 8 kg
au lieu de 5,27kg,
soity ,8
p. 100 et6,68 kg
au lieu de 7,42kg,
soit 10p.100 ).
Toutes ces données
qui
sont celles d’une « semaine moyennetype
» évoluent au cours de la lactation. Nous les avonsrapportées
enpourcentage
d’une traite normalecorrespondante,
dans lafigure
2 b.Ainsi,
laproduction
relative du lundi matinaugmente
du3 6 e jour ( 13 8, 3 p. 100 )
au 288e
jour ( 155 , 74
p.100 )
alorsqu’inversement
celle du lundi soir diminue de 90p. 100 à7 2 ,6
p. 100. Ces deuxphénomènes
secompensent peut-être
et leur inter-prétation physiologique
sera discutée ultérieurement. Le mardisoir,
la courbe évolu-tive se situe entre c!5 p. ioo et ioo p. 100, et on constate donc encore un
léger
effetdépressif.
2
. Taux
butyre!tx.
Le taux
butyreux
moyen du lundi matin( 37 , 2
p.i ooo)
semblelégèrement supé-
rieur à ce
qu’il
est un matin ordinaire( 3 6, 4
p.i ooo) (fig. 3 a).
Cettesupériorité
estsurtout due aux valeurs relevées
pendant
les deuxpremiers
moisqui
suivent la misebas. Ensuite elle
s’estompe
et devientpratiquement
inexistante(fig.
3b).
Le lundisoir,
le lait estbeaucoup plus
riche engraisse
que d’habitude(en
moyenne 59p. 1000 contre 42 p.r ooo),
cetteperturbation augmentant
trèslégèrement
au cours de lalactation. Certains animaux
peuvent
mêmeatteindre,
à cetteoccasion,
des concen-trations
supérieures
à8 5
p. i ooo. I,e mardimatin,
le tauxbutyreux
est encore élevé(39,7
P. 1 ooo au lieu de3 6, 4
p. iooo)
et ce n’est que le mardi soirqu’il
redevient àpeu
près
normal.3
. JI atières grasses totales.
Le lundi
matin, compte
tenu des remarques que nous venons de faire pour le tauxbutyreux
et laproduction laitière,
il estlogique
que nous obtenionsbeaucoup
de matières grasses
(fig.
3c). Celles-ci, après
lepremier
mois delactation, représentent
environ et d’une
façon stable,
i5o p. 100de ce que l’on extrait normalement le matin(fig.
3d).
Le lundisoir,
laquantité
degraisses
recueillies est encore un peu forte( 23 6,
3
g au lieu de 211,5g enmoyenne).
Elle devient au contraire un peu faible auxdeux traites du
m!rdi, qui
sont elles aussiperturbées.
4. Taux rezoté.
On constate une
légère augmentation
du taux azoté le lundi matin( 33 ,r
p. i oooau lieu de 32,1 p. i
ooo)
et uneaugmentation plus
forte le lundi soir( 35 , 9
p. 1 o00au lieu de 3!,r p. i
ooo) qui
se traduitexceptionnellement
chez certains animaux par des concentrations avoisinant 45 p. i ooo, surtout àl’approche
du tarissement(fig.
4czet b).
La
suppression
de la traite du dimanche soir modifie donc le taux azoté dans le même sens que le tauxbutyreux,
mais à undegré beaucoup
moindre. Le mardi matinen
particulier,
lacomposition
du lait pour ce constituant est redevenue à peuprès
normale etreprésentative
de la valeur de l’animal. Si l’on saitqu’au
cours de la traitela teneur en matières azotées diffère peu entre les
premières
et dernières fractionsrecueillies,
oncomprend
mieux que les facteurs dumilieu, pouvant
provoquer des rétentions de lait(frayeurs, grands
intervalles detraite)
soient finalement moins ressentis.Tous ces arguments sont en faveur de la
prise
en considération du taux azoté lors desopérations
de contrôle laitier. Il serait bon d’en tenircompte
là où la sup-pression
de la traite du dimanche soir seraitadoptée.
5. Matièves azotées totates.
Comme pour les matières grasses, la
quantité
de matières azotées est très forte le lundi matin : 355,3 g contre23 6, 2
g ordinairement(fig. 4 c),
soit environ 150p. 100(1!2,2
p. 100 le 28ejour
avec un accroissementrégulier jusqu’à 155 ,76
p. 100 le252 e
jour) (fig. 4 d).
Mais cette
fois,
laproduction
du lundi soir estplus
faible que d’habitude( 149 , 1
g gau lieu de 179,1
g).
C’estégalement
vrai le mardi matin et le mardi soir et dans cestrois derniers cas le
phénomène change
peu au cours de la lactation.6. Taux de lactose.
Les résultats diffèrent de ceux obtenus pour les taux
butyreux
et azotés. Eneffet,
il n’existe pas de «
compensation
» consécutive à lasuppression
de latraite,
mais au contraire unappauvrissement
en sucres sur trois traites au moins(fig.
5a) :
Ces modifications sont toutefois très faibles et restent
pratiquement identiques
d’un mois à l’autre
(fig.
5b).
7
. Lactose total.
Malgré
les faibles concentrations en lactoseenregistrées
le lundimatin,
la pro- ductionglobale
de ce constituantreprésente
tout de même 130,53p. 100de celle d’unetraite normale au
premier contrôle,
et 143,41 p. 100 au dernier(hg.
5c et5 d).
Enrevanche,
la réduction est sensible le lundi soir et ceci d’unefaçon
d’autantplus
intense
qu’on s’éloigne
de la mise bas.Cette remarque est
également
valable pour le3 deux traites suivantes(fig. d).
8. Taux de matières sèches.
La teneur en matières sèches
(fig.
6a)
est la résultante des modificationsjour-
nalières de la concentration en azote, lactose et surtout en matières grasses, c’est-à- dire :
- teneur
pratiquement
normale le lundi matin:122,16
g p. I o0o au lieu de 123,27 p. 1 000 ; §-
beaucoup plus
forte que d’habitude le lundi soir :I5I , 7 8
p. I ooo au lieu deI3I,o p. 1 o00 ; §
- encore élevée le mardi matin :
12 6,6
p. I ooo au lieu de i23,27 p. 1 ooo.L’ampleur
relative de ces modifications n’estpratiquement
pas affectée par lestade de lactation
(fig.
6b).
9
. Extrait sec total.
Très forte le lundi matin
( 1 . 272 ,6 g),
laproduction
totale de matières sèches semble ensuitesystématiquement
inférieure à cequ’elle
devraitêtre,
au moinsjus-
qu’au jeudi (fig.
6c).
Cecritère, qui
schématise assez bien l’intensité de fonctionne-ment de
l’épithélium mammaire,
nousindique
donc que lesphénomènes
sécrétoires sont encorelégèrement
modifiés au-delà des!S
heuresqui
suivent l’omission de la traite.Un examen attentif de la
figure
6 c semblerait même prouver que de telseffets,
si faibles
soient-ils, pourraient
seprolonger jusqu’au
dimanche suivant. La nouvellesuppression
interviendrait alors avant même que le métabolisme ne soit redevenu normal.C. -
lÎ1a1
sanitaire de la mamellePour le lot
expérimental,
le nombre de cellules dans le lait reste en moyennetoujours
inférieur à 500ooo/ml,
c’est-à-dire en dessous des limites considérées commeindiquant
une mammitesubclinique.
I,’évolution
de la notation CMT estidentique
dans les deux groupesd’animaux,
les vaches témoinsréagissant
d’ailleurs d’unefaçon plus
sensible au test auteepol (fig. 7 ).
L’augmentation
du nombre de cellules constatée àl’approche
du tarissement est unphénomène
normal à ce stade de la lactation.En outre, il est intéressant de noter que certaines
vaches,
subissant la suppres- sion de latraite,
etprésentant
dès la mise bas des réactionspositives
sur certainsquartiers (reste
d’infectionsbactériologiquement guéries
mais noncicatrisées),
n’ontjamais
évolué vers une mammite dutype aigu.
IV. - DISCUSSION
Quatre points principaux
sedégagent
des nombreuses observations que nous venons de formuler.i. La
suppression
de la traite du dimanche soirentraîne,
sur 300jours,
uneréduction de la
production
des matières grasses, des matièresazotées,
dulactose,
del’extrait sec et du
lait, respectivement
de :6, 3
p. 100 ;6,6
p. 100 ;7 ,8
p. 100 ; 7,1 p. 100 ; et 7,5 p. 100.Ces
valeurs, qui
sont du même ordre que cellesenregistrées
parC IAESSON ,
ne confirment quepartiellement
les travaux deA UTREY ,
ROLLINS et CANNON( 19 6 3 ) puisque,
contrairement à ces auteurs, nous constatons une diminution nonnégli- geable
de laquantité
totale de matières grasses.Enfin,
et bien que travaillant dans des conditionsexpérimentales
différentes(expérimentations
chezl’exploitant), D A rtxnc Q ( 19 6 7 )
aboutit à des résultatsqui,
pour
l’essentiel,
viennent corroborer nos propres données.Il serait intéressant de vérifier si la
perte
deproduction
occasionnée par la sup-pression
de la traite du dimanchesoir, entraîne,
comme onpeut
le supposer, une dimi- nutionappréciable
des besoins alimentaires chez les animaux soumis à ce traitement.Compte
tenuégalement
des économies de main-d’oeuvrequ’il
est aisé dechiffrer, chaque
éleveur serait alors en mesure de faire un bilan financieradapté
aux condi-tions
d’exploitation
de sontroupeau.
2
. La
production
et lacomposition
du lait sont fortementperturbées pendant
les
4 8
heuresqui
suivent l’omission de la traite.Pratiquement,
ceci interdit le passage du contrôleur laitier avant le mardisoir,
dans les fermes où cettetechnique
seraitadoptée.
Comme le
proposent
WH!!t,ocK, RooKet DODD(IC!65),
il estpossible
que pen- dant les 24 heures d’accumulation du lait dans laglande,
l’accroissement de la pres- sion intramammaire modifie le flotsanguin
et laperméabilité
des membranes del’épithélium
sécrétoire.Ainsi,
desphénomènes
deréabsorption
d’eau et de lactose(Wa!!t,ocx
et RooK,19
66) pourraient expliquer
la faible teneur en sucres du lundi matin. Ils devraient inversement conduire à une concentrationimportante
des matières grasses et desprotéines. Or,
ceci ne seproduit qu’à
la traite du lundi soir et il faudrait donc admettre pourexpliquer
les teneurs normales du lundimatin,
que :a)
lesprotéines
soientégalement
réabsorbées comme l’ontsuggéré
VEREEV etHO LL MANN
(1966).
b)
les tauxbutyreux
élevés soientmasqués
par une forte rétention desgraisses
dans les
parties supérieures
de laglande.
On sait eneffet,
que la lait résiduel est d’au tantplus important
que l’intervallequi précède
la traite a étégrand.
Toutefois,
ces considérations sontparticulièrement hasardeuses,
et en réaliténe sont
justifiées
par aucunargument expérimental
décisif.De
plus,
oncomprend
difficilement les modifications de lacomposition
du laitconstatées le lundi
soir,
le mardi et même le mercredi et lejeudi.
Cela nepeut
être dûencore à des
phénomènes
deréabsorption sélective, puisque q heures après
le réta-blissement de la
traite,
WH!!r.ocK et RooK( 19 66)
retrouvent une lactosémie etune lactosurie
négligeables
et donc uneperméabilité
membranaire normale. Il faut donc supposer que d’autres mécanismesplus complexes
encore entrent enjeu,
etqu’en particulier
l’activité sécrétoire des cellules a été fortementperturbée.
Ce ne sont là que des
hypothèses,
et une étudeapprofondie
mériterait d’êtreentreprise
sur les causes des modifications de lacomposition
dulait,
consécutives à desgrands
intervalles de traite.3
.
Rapportée
à laproduction
d’une traitenormale,
laquantité
de lait relativedu lundi soir
augmente
avec le stade de lactation. Cephénomène signifie peut-être
que l’activité
synthétisante
des cellules diminueplus
vite que lescapacités
destockage
de la mamelle.
Ainsi, disposerait-on
deplus
enplus
detemps
avant que le volumecreux de la
glande
ne soitrempli
et la sécrétion ralentie.4
. Comme l’avait
déjà
mentionné CLAESSON( 19 65),
l’état sanitaire dupis
nesemble pas
s’aggraver lorsque
l’onsupprime
une traite par semaine. Il convient toutefois de resterprudent
en cedomaine,
laprédisposition
aux mammites étant souvent un facteur d’étable.REMERCIEMENTS
Nous tenons il remercier MM. K. LEGENDRE, A. ROBIN et
J.
l’E.siGOT, pour l’aideprécieuse qu’ils
nous ont apportée lors de la réalisation de ce travail.
’
SUMMARY
EFFECT OF OMITTING ONE MILKING ON SUNDAY IN « FRENCII FRIESIAN YIE NOIRE COWS
The evcning
milking
was omitted on Sunday for the duration of one lactationcycle
in 14 French Friesian I’ie Soire cows (table r). There was no alteration in the times of othermilkings.
In
comparison
with a control batch, the total milkyield
in joodays
was 7.5 per cent lower.The fat,
nitrogen.
lactose contents anddry
matter were6. 3 ;
6.6 ; !.8 ; 7.1per cent lowerrespecti- vely (table
2).The
yield
andcomposition
of milk have beenconsiderably
disturbed for the first 48 hours following the omission ofmilking
(grap)ls 2, 3, 4, !, 6). On Monday mornings, fat and nitrogen contentswere
slightlv higher :
lactose rate on the contrary was lower. On Mondayevenings,
fat andnitrogen
contents were very
high,
while lactose rate was stilldepressed.
The origiual
composition
was recovered within the next twomakings
and the milkinspector’s
visit should not take
place
beforeTuesday
evening.A thorough examination of the evolution
of dry
matter(graph
6 c) would incline us to the view that the recoveryperiod
could last until the nextSunday.
B’0 ah oration in udder health was noliced, even after a long
period (graph
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