Article original
Caractérisation zootechnique de génisses de races Holstein, Montbéliarde et Tarentaise*
P D’Hour
1 JB Coulon M Petit JP Garel
1 INRA-Theix, laboratoire
d’adaptation
des herbivores aux milieux, 63122Saint-Genès-Champanelle;
2INRA, domaine de la Borie, 15190 Marcenat, France
(Reçu
le 7 mars 1994;accepté
le le,septembre 1994)
Résumé — Le
développement squelettique
etpondéral
etl’apparition
de lapuberté
ont été décrits sur 72génisses
de 3 races laitières(Holstein,
Montbéliarde etTarentaise),
élevées en milieu monta-gnard.
À la naissance, lesgénisses
Montbéliardes étaient plus lourdes(P < 0,05)
que leurshomologues
Holstein (41 vs 38
kg)
et le sont restéesjusqu’à l’âge
de 4 mois. Del’âge
de 12 à 24 mois, lesgénisses
Holstein étaient
significativement plus
lourdes(+
20kg environ)
que les Montbéliardes(P
< 0,01 ).Les
génisses
Tarentaises ont toujours été pluslégères (P < 0,01 )
d’environ 30kg
que celles de race Montbéliarde. Pour les 32 animaux ayant vêlé 4 fois, les écarts entre races sont restés similairesjus-
qu’au 4evêlage.
Les courbes de croissance ont ensuite étéajustées
parl’âge
en utilisant le modèle des-criptif
de la croissance deBrody qui
a donné despoids
«adultes» nonsignificativement
différentspour les Holstein et les Montbéliardes
(665
vs 641kg)
etsupérieurs (P
<0,05)
à celui des Taren- taises(618 kg).
Lesrythmes
dedéveloppement pondéral,
estimé par ce modèle, des femelles Holstein et Montbéliardes(0,0017)
ont été semblables, et plus rapides(P
<0,05)
que celui des Tarentaises(0,00143).
À toutâge, excepté
à 6 mois, la plupart des mensurations étaient différentes(P < 0,05)
entreles 3 races et les animaux se classaient dans l’ordre décroissant suivant : Holstein, Montbéliarde et
Tarentaise, en
particulier
pour la hauteur au garrot, laprofondeur
depoitrine,
ainsi que lalargeur
auxtrochanters. Les
génisses
Holstein ont étépubères
à unâge plus jeune (305 j) (P
<0,01)
que lesgénisses
Tarentaises(475 j)
et Montbéliardes(504 j).
génisse
laitière / race 1 croissance /puberté
Summary —
Characterization of Holstein, Montbdliarde and Tarentaise heifers. Liveweight
andskeletal
development, along
with the onsetof puberty,
were described for 72 heifersbelonging
to 3dairy
breeds
(Holstein,
Montbéliarde, andTarentaise),
reared in a mountainous environment. At birth, the Mont- b6liarde heifers were heavier(P
<0.05)
than their Holstein counterparts(41
vs 38kg).
Between the ages of 12 and 24 months, the Holstein heifers were around 20kg (P
<0.01)
heavier and the Tarentaise*Travail réalisé dans le cadre du
Programme
derecherche-développement
desAlpes
du Nordaround
30 kg (P < 0.01) lighter
than the Montbéliarde. For the 32 animalshaving
calved 4 times, these differences remained similar until the 4thcalving.
Thegrowth
curves were thenadjusted according
toage,
by using
adescriptive growth
model(Brody), giving
a mature liveweight
that wasclosely
similar(NS)
for Holstein and Montb6liarde(665
vs 641kg)
andhigher (P
<0.05)
than that of Tarentaiseheifers
(618 kg).
Thematuring
rate, estimated with this model, of Holstein and Montbeliarde females(0.0017)
was similar and faster(P
<0.05)
than that of the Trentaise(0.00143).
At anygiven
age, except 6 months, most of the measurements were different(P
<0.05)
between the 3 breeds and the animals ranked in thefollowing decreasing
order; Holstein, Montbeliarde and Tarentaise;especially
forwither-height
andchest-depth
as well as width between trochanters. The Holstein heifers reachedpuberty at
a younger age(305 d)
than Tarentaise(475
d) and Montb6liarde (504d)
heifers(P
<0.01). ).
dairy
heifer / breed/ growlh Ipuberty
INTRODUCTION
Les
performances
deproduction
et dereproduction
des vaches laitièresdépen-
dent en
partie
des conditionsd’élevage
desgénisses,
et enparticulier
dudéveloppe-
ment et du
poids qu’elles
ont atteints à cer-taines
périodes
clés : il existe notammentun
optimum
de croissancepré-
etpéripu- bertaire,
depoids
à la mise à lareproduc-
tion et de
poids
aupremier vêlage (Troc-
con et
Petit, 1989).
Les étudesdescriptives
sur le
développement
desgénisses
laitièresont en
majorité
été effectuées avec desraces à haut
potentiel laitier, principalement Holstein,
même siquelques
études ontconcerné des races de
potentiel plus
modeste
(Pie-Rouge
Danoise etSuédoise,
Frisonne
Anglaise), produisant
de 3 000 à4 200
kg
de lait enpremière
lactation(Hansson et al, 1967; Foldager et al, 1978;
Little et Kay, 1979).
Les
objectifs
de ce travail étaient decaractériser,
dans un même milieu monta-gnard
limitant sur leplan nutritionnel,
lacroissance et le
développement squelet- tique
degénisses
de 3 races laitières utili- sées en France dans certainesrégions
d’al-titude : Tarentaise
(potentiel
laitiermodéré),
Montbéliarde
(potentiel
laitierplus élevé)
etHolstein
(laitière
hautementspécialisée).
La
description
aégalement porté
surl’ap- parition
de lapuberté.
Ces observations ont été réaliséesprincipalement
de la naissance(de l’âge
de 5 mois pour lesTarentaises)
à35 mois
(avant
lepremier vêlage),
mais despesées
effectuées au cours de la vie pro- ductive ontégalement
été utilisées pour cer- tainesanalyses.
Ce travail a été effectuésur le domaine INRA de
Marcenat,
situé dans le Massif central entre 1 050 et 1 150 m d’altitude sur leplateau
humide etfroid du Cézallier. La
température
moyenne annuellen’y
est que de6,7°C,
et la saisonde
pâturage
ne dure que 6mois,
de mi-mai à mi-novembre.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Animaux et conduite
d’élevage
Les 72
génisses
utilisées dans cette étude sont nées entre octobre 1986 et mars 1987. Les 22génisses
Holstein(Ho)
et les 17 Montbéliardes(Mo)
sont issues du troupeau du domaine de Marcenat. Les 33génisses
Tarentaises (Ta), en provenance de différentsélevages
desdéparte-
ments de Savoie
(27 génisses),
Isère(2),
Hautes-Alpes
(2) et Haute-Loire(2),
sont arrivées sur le domaine àl’âge
moyen de 5 mois. Toutes lesgénisses
étaient issues de 4 à 8pères
par race, favorablement indexés sur la production et lacomposition
du lait.Les
génisses
ont toutes été conduites dans les mêmes conditions tout aulong
de l’étude.Elles ont hiverné en stabulation entravée
(70%),
ou en stabulation libre par race. Les
génisses
des 3 races étaient ensemble au
pâturage.
Dansces conditions d’altitude, la courte durée de
pâtu-
rage et la nature des
fourrages
hivernaux(foin
de
qualité
moyenne : 0,62 à 0,65UFUkg
deMS)
ne
permettaient
pasd’envisager
unvêlage pré-
coce vers 2 ans pour l’ensemble des
génisses.
Nous avons donc choisi un premier
vêlage
à unâge
plus tardif(33
à 36mois),
permettant de mieux grouper cesvêlages
en fin d’automne et en tout début d’hiver, la même année. Lesgénisses
ont été mises à la
reproduction,
début février 1989, alorsqu’elles
étaientâgées
de 24 à 27mois.
Après
leurpremier vêlage,
les vaches ont été conduites toutes ensemble, que ce soit à l’étable(stabulation entravée)
ou aupâturage.
Des traitements
prophylactiques
et antipara- sitaires ont été réalisésrégulièrement,
au coursdes saisons de
pâturage (strongles, mouches), après
la rentrée à l’étable(douves,
varron etgalles)
et avantchaque
mise à l’herbe (vaccin multivalent contre les entérotoxémies, le tétanos, le charbon et lagangrène gazeuse).
Pendant leurs 10
premières
sem, lesgénisses
Holstein et Montbéliardes ont reçu du lait de rem-
placement (60 kg
d’aliment d’allaitement autotal)
et, àpartir
del’âge
de 4 sem, du foin et de l’ali- ment concentré enquantités
croissantes,jusqu’à
1
kg/jour
de chacun des 2 aliments.Après
leursevrage, les
génisses
des 3 races ont reçu quo- tidiennement 2kg
de foin et 2kg
d’alimentconcentré pour veaux
d’élevage.
Elles ont étémises à l’herbe tardivement, à la
mi-juillet,
àl’âge
de 8 mois environ. Au cours de la
première
saisonde
pâturage (de
8 à 12mois),
toutes lesgénisses
ont reçu un
supplément
de 1kg
de concentré parjour (2 kg
au cours du derniermois).
Lors des 2saisons de
pâturage
suivantes, aucunecomplé-
mentation n’a été fournie. Elles ont
pâturé
auprintemps (mi-mai)
desprairies
naturelles de faucheproches
des étables(1
050m) pendant
2 sem environ,
puis
ont estivé(1
100-1 150m)
durant environ 5 mois. La rentrée à l’étable
(15-20 novembre)
a suivi deprès
la descente d’estive.Les
quantités
d’herbedisponible
ontgénérale-
ment été faibles durant les 3 dernières sem de
pâturage.
Pendant les 2hivernages,
lesgénisses
de 1 et 2 ans ont reçu à volonté des foins de dif- férentes
qualités (D’Hour
et al,1991 Pendant
la
période
de stabulation hivernale, les vachesont reçu une ration de base constituée de foin de
prairie
naturelle distribué à volonté(0,70 UFUkg)
et d’aliment concentré(1,07 UFUkg).
En
période
estivale, les vachespâturaient
desprairies
naturellesproches
de l’étable(Coulon
etD’Hour, 1994).
Mesures
Les
génisses
et vaches étaientpesées
tous les14 j depuis
leur naissance(Ho
etMo)
oudepuis
leur achat (Ta)
jusqu’à
leur premiervêlage.
Unesem avant et 2 sem après la rentrée à l’étable et la sortie au
pâturage,
elles étaientpesées 2 j
suc-cessifs. Elles l’ont aussi été toutes les 2 à 3 sem durant la phase
productive jusqu’à
56 mois(15
5 Ho, 13 Mo et 20Ta),
et lors des troisième et qua-trième j après
lesvêlages
pour les 32 vaches restantes auquatrième vêlage (8
Ho, 10 Mo et 14 4Ta).
Les mensurations suivantes ont été réalisées
au début et à la fin de
chaque période
hivernale(72 génisses),
àpartir
del’âge
de 5 mois etjus- qu’à
35 mois(avant
lepremier vêlage) :
hauteurau garrot, tour et
profondeur
depoitrine, largeurs
aux hanches et aux trochanters,
longueur
ducorps
(distance
entre lapointe
des ischions et celle del’épaule).
L’âge
à lapuberté (apparition
du premiercycle oestral)
a étéapprécié
par les variations de laprogestéronémie plasmatique (Thimonier, 1978) :
2
prélèvements sanguins
à 10 j d’intervalle ont été effectués mensuellement sur 60génisses (15
5 Ho, 15 Mo, 30 Ta). Lesprélèvements
ont débutéen
juillet
1987(soit
àpartir
de 9 mois pour lesgénisses
lesplus âgées)
et ont étépoursuivis jusqu’à
ce que toutes lesgénisses
soientcyclées (août 1988).
Lesprélèvements
ont été refaits et dosés en décembre etjanvier
1989 afin de contrô- ler d’éventuels retours en anoestrus durant l’hi- vernage vers 2 ans.Analyses
des donnéesLe nombre d’animaux retenu a varié selon les
objectifs
desanalyses.
L’ensemble desgénisses
a été retenu pour caractériser la
période
d’éle-vage
(de
5 à 35mois).
Au-delà dupremier vêlage,
n’ont été utilisées que les données correspon- dant aux vaches
présentes.
Les données des vaches réformées(malades,
non gestantes ou vêlanttardivement)
ont alors été éliminées.Les
gains
depoids quotidiens
moyens ont été calculés pourchaque période d’hivernage
et depâturage,
entre lespesées
effectuées 2 j suc-cessifs au début et à la fin de chacune de ces
périodes.
Lespoids
des 72génisses
auxâges-
types de 6, 12, 18, 24 et 30 mois(avant
toutvêlage)
ont été calculés parintrapolation.
Les courbes individuelles de croissance pon- dérale ont ensuite été
ajustées,
en fonction del’âge.
Ce calcul a concerné 48 animaux(15
Ho,13 Mo et 20
Ta)
ayant réalisé au moins 2 lacta-tions
complètes,
les autres ayant été réformés lors des 2premières
lactations. Un modèle derégression
non linéaire(procédure
NLIN ; SAS,1987)
a été utilisé sur l’ensemble despesées
réalisées de 5 mois
jusqu’au
milieu de la seconde lactation,correspondant
à unâge
moyen de 56 mois(95
à 125pesées/génisse).
Un tel ajus-tement a
permis
de limiter les fluctuations depoids
vifqui pourraient
résulter des variations de contenudigestif (lors
des transitions alimentaires parexemple)
ou de contenu utérin(autour
duvêlage).
Le modèle retenu a été celui de Brody(1945), qui
reste utilisablelorsque
lespoids
dansle
jeune âge
ne sont pas connus(cas
desTa),
et dont les
paramètres
ont unesignification
bio-logique simple (Fitzugh,
1976 ; Perroto et al,1992).
Ce modèle est de la forme P Pa-Bexp (-kt)
où P est lepoids
vif(en kg)
de l’animal àun
âge
donnét 0), L’asymptote
Pa peut être inter-prétée
comme le poids adulte, B comme legain
de
poids
nécessaire du stade initial àl’âge
adulte, et k comme la vitesse dedéveloppement
pon- déral(vitesse
de croissancerapportée
augain
de
poids
restant àacquérir).
Les variations de cesparamètres
Pa, B et k selon la race ont été étudiées par un modèled’analyse
de variance(procédure
GLM; SAS,1987).
À chaque période,
les mensurationssquelet- tiques
ont étécomparées
entre races en lesajus-
tant par
l’âge
par un modèled’analyse
devariance-covariance
(procédure
GLM ; SAS,1987)
tenant compte de la race(facteur fixe)
et del’âge (covariable)
au moment de la mesure. Afinde
prendre
en compte le format des animaux,une deuxième analyse été réalisée sur le même modèle en y
ajoutant
en covariable la hauteur augarrot correspondante.
Enfin on a arbitrairement retenu, comme date
d’apparition
de lapuberté,
lejour
deprélèvement sanguin
où le taux deprogestérone plasmatique
était
supérieur,
pour lapremière
fois, à 1,5ng/1 (Thimonier, 1978).
Lepoids
à lapuberté
a étédéterminé par
intrapolation
des 2pesées
enca-drant ce
jour.
RÉSULTATS
ET DISCUSSIONAu
total,
59% desgénisses
ont eu au moinsune fois un trouble sanitaire. Les broncho-
pneumonies
infectieuses à l’étable entre 12 2 et 16 mois ontreprésenté
l’essentiel(60%)
de ces troubles
qui
ont affecté de la mêmefaçon
lesgénisses
des 3 races. Huitgénisses (Ho : 2,
Mo :2,
Ta :4)
ont étéréformées à la fin de leur troisième
année,
avant leur
premier vêlage,
en raison de dif- ficultés dereproduction (génisses
non ges- tantes ouvêlage
attenduaprès
le 15février).
Par la
suite,
outre les difficultés de repro-duction,
les réformes ont été décidées à la suite de troubles sanitaires(mammites
enparticulier).
Évolution
despoids
etgains
depoids
Les
génisses
Holstein onttoujours
été lesplus
lourdes et les Tarentaises lesplus légères, quelle qu’ait
été lapériode (tableau 1)
sauf dans le toutjeune âge. À
ce moment, lesgénisses
Montbéliardes étaientplus
lourdes
(P
<0,05)
que les Holstein(41
vs38
kg).
Cet écart depoids
entre Holstein etMontbéliardes s’est inversé dès 6 mois
(4 kg, NS)
pour s’accroître lapremière
année au cours de la saison de
pâturage, passant
à 21kg
à 1 an(P < 0,05), puis
sestabilisant autour de 25
kg (P < 0,05). À
30mois,
cet écart était encore de 19kg, quoique
nonsignificatif
en raison notam-ment d’une
plus grande dispersion
desvaleurs
(tableau 1).
Les Tarentaises ont tou-jours
étéplus légères
que lesMontbéliardes,
l’écart de
poids
variant de 29kg
à 6 mois à57
kg
à 30 mois(P < 0,01 Les
croissances desgénisses
Holsteinpendant
lepremier
été ont été
supérieures (P
<0,05)
à cellesdes 2 autres races
(tableau 1).
Par lasuite,
les
génisses
Holstein et Montbéliardes ont eu des croissancessimilaires,
ettoujours supérieures (P
<0,05)
à celles des Taren-taises, excepté
au cours du second été(vers
18
mois)
où elles ont été semblables. Les écarts depoids
constatés entre les racesau cours de la
période d’élevage
se retrou-vent durant la
période productive, jusqu’au
4
e
vêlage (tableau 1).
L’écart depoids
estresté stable
(de
l’ordre de 20kg)
entre Hol-stein et Montbéliardes
(NS),
mais atoujours
étéimportant (P< 0,01)
entre ces 2 races etles Tarentaises
(45 kg
entre Tarentaises etMontbéliardes).
Lepoids
à 30 mois des Hol- stein et Montbéliardes areprésenté
80%du
poids
au 4evêlage,
et 76% pour les Tarentaises(P< 0,01),
cequi indiquerait
que les Tarentaises ont atteint moins vite leur
poids
adulte dans ce milieu.Les croissances des
génisses
Holsteinsont la
première
année àpeine
inférieures à celles réalisées par desgénisses
demême race en
région
deplaine océanique
de l’Ouest
français. Cependant,
dès lesecond
été,
les croissances sontplus
faiblesconduisant à un
poids après
lepremier vêlage
à 3 ans inférieur de 40kg
environ(Troccon et al, 1993),
en raison de condi- tions depâturage
moins favorablesqu’en plaine
et d’une alimentation hivernale de moins bonnequalité.
Lespoids
à 6 mois deces mêmes
génisses correspondent
à ceuxenregistrés
dans destroupeaux
auxÉtats-
Unis
(Gardner et al, 1988 ;
Heinrichs etHargrove, 1987),
mais sont inférieurs dès 18mois,
et nettement inférieurs(d’environ
45
kg)
à 2 ans. Cela résulte sans aucundoute d’abord de niveaux alimentaires
plus
élevés dans les conditions
américaines,
cor-respondant
à desobjectifs
devêlage
à 2ans. Les
poids
desgénisses
et des vachesMontbéliardes en lactation sont semblables à ceux observés dans les
départements
deFranche-Comté
(Herd-Book Montbéliard, 1993)
pour despremiers vêlages
à 33 mois.En race
Tarentaise,
lespoids
à 24 mois desgénisses
de Marcenat sont inférieurs de 25kg
à ceuxenregistrés
dans 15troupeaux
de
Savoie,
mais similaires à ceux desgénisses présentées
aux concours de larace
(Valleix
etLevast, 1987).
Nos vachesen lactation ont
cependant
despoids supé-
rieurs d’environ 50
kg
à ceux relevés par Valleix et Levast(1987).
Cet écart de déve-loppement
àl’âge
adultepourrait s’expli-
quer par des conditions de milieu
plus
diffi-ciles dans les
Alpes,
notamment enalpage.
Ainsi,
dans un essai conduit enalpage,
lareprise
depoids
estivale de vaches en lac- tation a été 2 foisplus
faible que celle obser- vée dans notre étude(Hauwy
etal, 1993 ;
Coulonet D’Hour, 1994).
Courbes de croissance
ajustées
Sur les 48
génisses puis
vachespesées
de5 à 56
mois, l’ajustement
des courbes de croissance apermis
depréciser
les varia-tions des
paramètres
dedéveloppement pondéral
entre les races(tableau
Il etfig 1 ).
Le
poids
moyen à 30 mois des 24génisses
éliminées était similaire à celui des 48 rete- nues pour
l’analyse.
Les animaux Holstein et Montbéliards ont eu les mêmes vitessesde
développement pondéral (k = 0,00173
et
0,00167, respectivement)
et leurspoids
adultes estimés ne sont pas
significative-
ment différents
(Pa
= 665 et 641kg,
res-pectivement).
Ledéveloppement pondéral
des
génisses
Tarentaises a étéplus
lent(k 0,00143 ;
P<0,05)
et leurpoids
adulteestimé est
significativement plus
faible(Pa
= 618kg ;
P< 0,05). À l’âge
moyen de 56 mois(dernières
mesuresprises
encompte),
les vachesHolstein,
Montbéliardes et Tarentaisesauraient,
selon cemodèle,
atteint
respectivement 94,8, 94,3
et91,9%
de leur
poids
adulte. Sous réserve que les animaux utilisés soientreprésentatifs
de larace, le modèle met en
évidence,
avec uneffectif
réduit,
les écarts relatifs de déve-loppement
entre Holstein et Montbéliarde d’unepart,
et Tarentaise d’autrepart.
Ces dernières ont unpoids
adulteplus
faiblequ’elles
atteindraientplus
tardivement(fig 1 Cependant
lepoids asymptotique
fournipar ce modèle surestime le
poids
adulte(Perotto etal, 1992).
Demême,
l’estimée B dugain
depoids
total réalisé se trouve êtresupérieure
à Pa(Villaréal, 1985).
D’autrepart,
la croissance des Holstein dupremier vêlage
à 56 mois et, à un moindredegré,
celle des Montbéliardes a pu être limitée dans ce milieu par le niveau d’alimentation
modéré
(à
l’échelle del’année)
auregard
de leur
aptitude
laitièreprononcée.
Eneffet,
les Holstein ont
davantage perdu
depoids
que les Tarentaises
pendant
lapériode
hiver-nale de la
lactation, qu’elles
n’ont pas tou-jours rattrapé
en totalité aupâturage (Coulon
et
D’Hour, 1994).
Les conditions difficiles de milieu de cetteétude,
en limitant le déve-loppement
àl’âge
adulte des animaux lesplus laitiers,
auraient pu accentuer les dif- férences entre races de vitesse de maturitéjugée
par la vitesse d’obtention dupoids
adulte. D’autres
études,
réalisées dans des milieux nutritionnelsvariés, permettraient
decompléter
ces observations.Développement squelettique
Pour toutes les mensurations
squelettiques réalisées,
etpratiquement quel
que soitl’âge,
les 3 races se sont classées commepour les
poids
vifs dans l’ordre décroissant suivant :Holstein,
Montbéliarde et Taren- taise(fig 2),
les différences entre races étant leplus
souventsignificatives. Cependant,
pour la
plupart
desmensurations,
l’écartentre Holstein et Montbéliardes a été
faible,
voire nul à 5 mois et apris
toute sonimpor-
tance à un an
(fig 2) ;
cela est àrapprocher
de la
plus
faible croissancepondérale
desMontbéliardes de la naissance à 12
mois,
et de leur
poids plus
élevé à la naissance(tableau 1).
En fin depériode d’élevage
à35
mois,
la hauteur augarrot
a étésignifi-
cativement différente entre races
(P < 0,01 ),
la différence étant faible entre les
génisses
Holstein et
Montbéliardes,
lesgénisses
Tarentaises étant nettement
plus petites (tableau III).
Il estremarquable
que la lon- gueur du corpssoit,
à cetâge,
semblablepour les 3 races ; elle est en revanche très
variable entre
individus,
cequi pourrait
résul-ter en
partie
de la difficulté de sa mesure. La cagethoracique (tour
etprofondeur
depoi- trine)
étaitplus développée (P < 0,01 )
chezles Holstein que chez les Montbéliardes et les Tarentaises. Au niveau du bassin il y a
eu peu de différences entre
génisses
Hol-stein et Montbéliardes pour la
largeur
auxhanches,
maisdavantage (P < 0,01 )
pour lalargeur
aux trochanters. Pour une même hauteur augarrot,
les autres dimensionssquelettiques (ajustées
parcovariance)
sontrestées
significativement
différentes entreraces,
excepté
lalargeur
aux hanches. Parrapport
à lahauteur,
les dimensions thora-ciques
ont été lesplus
élevées chez les Hol- stein et lesplus
faibles chez les Tarentaises.Il est
probable
que ceci soit en relation avecles
aptitudes
laitières.Âge
etpoids
à lapuberté
Les
génisses
Holstein ont étépubères signi-
ficativement
plus jeunes (P< 0,01)
que lesgénisses
Tarentaises et Montbéliardes(res- pectivement 305 j
contre 475 et 504j,
tableau
IV).
L’écarttype
del’âge
à lapuberté
a été semblable dans les 3 races
(±
100j).
90% des
génisses
Holstein étaientpubères
dès le mois de
septembre.
Il a fallu attendre le mois dejuin
de l’année suivante pour obtenir la mêmeproportion
degénisses
Montbéliardes et Tarentaises
cyclées (fig 3).
Le
poids
moyen à lapuberté
a été leplus
faible pour les Holstein
(P
<0,01 ), et
com-parable
à ceuxrapportés
dans labibliogra- phie (Troccon
etPetit, 1989).
Ce sont lesMontbéliardes
qui
ont été lesplus
lourdes àla
puberté.
Les animaux de racesrustiques
ou
provenant
de rameauxpie-rouge
conti-nental sont, en
règle générale, pubères plus
tardivement
(Laster
etal, 1979 ;
Troccon etPetit, 1989 ;
Martinet al, 1992).
Dans cetteétude,
lapuberté
desgénisses
Montbé-liardes et Tarentaises a
peut-être
été retar-dée par la réduction
importante
de la durée dujour
versl’âge
de 1 an(Hansen, 1985 ;
Gauthier etal, 1986)
et les faibles crois-sances en fin de
pâturage.
Eneffet,
peu degénisses
étaientcyclées
enseptembre-
octobre vers 10
mois,
leur nombre n’a pas varié en hiver et n’a commencé à augmen- terqu’en avril,
1 mois avant la mise à l’herbe(fig 3).
Pour les Holstein et les Tarentaises les différences de
précocité
dedéveloppement
et de
précocité
sexuelle ont été concor-dantes. Cela n’a pas été totalement le cas pour les Montbéliardes de cette
étude, qui étaient,
comme lesTarentaises,
peupré-
coces sexuellement et ont eu
pourtant
undéveloppement pondéral
presque aussipré-
coce que celui des Holstein.
CONCLUSION
Dans des conditions
particulières (nombre
d’animaux restreint et
d’origines
peu variéesayant
vraisemblablement limité leur diver- sitégénétique, élevage
d’une seule série degénisses),
cette étude apermis
de carac-tériser le
développement
dans un milieumontagnard
degénisses
Montbéliardes et Tarentaises pourlesquelles
ondisposait
depeu de
références,
et de le comparer à celui mieux connu d’animaux Holstein. Les 3races se sont classées dans l’ordre décrois- sant suivant pour le
poids
et le format : Hol-stein,
Montbéliarde et Tarentaise. Les dif- férences depoids
et de format ont étéfaibles entre Holstein et
Montbéliardes,
la croissance des Montbéliardes étant cepen- dantlégèrement plus
faible. Les Taren-taises,
bien que d’un formatplus réduit,
onteu un
rythme
d’obtention dupoids
adulteplus lent,
enpartie peut-être
parce que les conditions de milieu leur ont été favorables du fait de leurplus
faible niveau deproduc-
tion. Le
développement
des femelles Hol-stein, plus
fortesproductrices,
a pu être ralenti enpériode productive.
Lesgénisses Holstein,
lesplus précoces
pour le déve-loppement,
l’ont aussi été sur leplan
de l’ac-tivité
reproductrice.
Lesgénisses
Montbé-liardes et Tarentaises sont
pubères plus
tardivement ;
elles ont donc moins de pos- sibilités de vêler vers 2 ans si les niveaux ali- mentaires ne sont pas nettementplus
élevésque dans cette étude. Pour ces
génisses
élevées en
régions montagneuses
et néesau début de
l’hiver,
les croissances de la naissance à 18 mois sont enrègle géné-
rale
modérées, obligeant
à unpremier vêlage
à unâge compris
entre 33 et 36mois.
REMERCIEMENTS
Nous remercions E Albaret, A Mante, P Maronne et leur
équipe
du domaine INRA de Marcenat pour la réalisation des mesures et les soins aux animaux.RÉFÉRENCES
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