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VICTIME PASCHALI LAUDES,

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

LA SÉQUENCE DE. PÂQUES,

VICTIME PASCHALI LAUDES,

ET SON AUTEUR;.

l'or le H. P. Anselme SCIIUflJGEJ1.

Exlrait lu Journal LA MAltaisE.

PARIS,

TYPOGRAPHIE CHARLES DE MOURGÎJES FRÈRES, rue Jean-Jacqiies Rousseau, 8.

4858.

Document

D il il il Il (U OUI! I DI 0000005548378

/ICOL

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EOI

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(3)

Nous donnons aujourd'hui, sous sa vraie forme et tians son entier, la Notice du R. P. Sel,uhigersurla Séquence rie Pâques et suri auteur, que la _4faitise a publiée en deux fois dans les numéros du 15 niai et du 15 juin derniers. L'on nous permettra d'emprunter ici quel- ques passages à l'avertissement que nous avions mis en tête du premier article.

u C'est bien lit lisions-nous, ce qu'on appelle une dé- couverte, non -seulement pour ce qui concerne Wipo, l'auteur de la séquence TTictknœ Pasehali, ce personnage désormais historique et dont nous voyons la figure se dessiner ici pour la première fos, mais encore pour les autres noms mentionnés dans ta notice. Rien n'est plus rare, ù notre connaissance du inoifis, que les pièces liturgi- ques signées. C'est donc une heureuse trouvaille que celle qui fait connaître, outre l'origine authentique de notre séquence, des pièces d'Hermaon Contract, du pape Léon IX et d'autres auteurs musi- 'ciens des temps reculés. Nous espérons bien que le R. P. Gall Mo- rel, le savant Liiblidthécaire de l'abbaye d'Eiirsiei jeln, qui, le pre- mier, a ms là main sur ce document précieux, et que le R. R. Schu- biger, qui a su r&ellcmenL se 'approprier par la science, et qui a si habilement cricadr' le nnrn mie Wi10 dans des détails lusto- riques et bing r,iph iques plei

ns de charme et di niérèt, nous espé- remis bien que ces deux pieux bénédictins ne s'en tiendront pas là, et nous donneront la reproduelion intégrale de la pièce originale au 'moyen «u n fac-simile, Comme aussi (les indications précises sur di ffér en ts textes contenus dans d'autres manuscrits.

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- 4 -

« Plusieurs raions déjà avaient pu faire soupçonner que la prose Virtirnw Pasehali ne devait pas remonter 5 une époque antérieure à celle que lui assigne le manuscrit d'Einsicdeln. Selon notre habile confrère, M. S. Morelot, elle n'a été1° que tardivement insérée dans l'office du jour de Pâques , et a fait longtemps partie de celui du mardi de l'Octave pour lequel elle parait faite, puisqu'elle correspond, pour le mode, à !'Allcluia de cet office;

2° elle na lias la forme des 1105 anciennes séquences, celles de Jotker, par exemple, dont les assonances sont en «ç afin de con- server le plis possible l'impression de l'Àileluia dont elles sont non suite (de là le mot de séquence) ; 3° citrin, ou ne la rencontre pas dans les plus anciens nia n use rits.

-fl Que tout l'honneurr (le cette découverte el de cette publication revienne donc au R. 1'. Sehuhiger Quant à 110115, nous lui témoi- gnerons notre respectueuse ,econnaissance (le CC qu'il a hic,, voulu nous choisir pour être es interprètes, cl nous nous conten- terons d'AIre l'humble canal par où les trésors de sa science vien- drontenricliiret féconderles domaines de l'art musical.

ii Le Mémoire du P. Schuhiger nous a été adressé en allemand e r'st à un de nos col la boraten rs, M. E. Raymond, que nous en devons la traduction. Un autre collaborateur, M. l'abbé Arnaud, très-versé dans la littérature liturgique, a bien voulu se charger de latraductiou (les deux piêeçs latines. n

J., tfOusruoun.

P. S. An, Freinent de mettie cet écrit sous presse, nous recevons de M. MercI de \'olei ne, une lettre qui confirme en partie 1S assertions de M. Morelot.

(r Ce travail est du pins liant intérêt. rlitM. Illorel de Vole.ine. Ce qui proule strie la prose Vietinaœ !'oschoU n'a éléque tardivement insérée dans l'office de Pâques, c'est qu'a Lyon elle nu lignite ni'aneionuenneut, ni même aujonr-

O 'h ni, h la Messe du joui. On lala chante à Vêpres et à ta Messe du lundi.

i;Ègiise de Lyon avait une autre prose antérieure à ta prose actuelle, et.

Mie n'admettait, pas ,t'livmne à Vêpres, mais sordement à Complies. »

(5)

LA SÉQUENCE DE PÂQUES

VICTIME PASCHALI LAUDES,

ET SON MJTEIJR.

Des siècles se soutdéjà écoulés depuis que la résurre.ctïoH du Rédempteur (]il a été proclamée par les sens joyeux de la séquence Vielintoe Pasehali laudes innw- lent Christiani; et maintenant encore on entend retentit ce chant vénérable dans tous les temples catholiques, du- rant la semaine de Pâques. Choque prêtre en connaît le texte, chaque admirateur de la musique sacrée sent sou âme se remplir d'enthousiasme aux accents de cette mélo- die; on ignorait seulement que' pouvait être homme in- - piré à qui toit devait ce chant -d'iincaiactùre si noble , et qui l'atoll fait entendre le premier. Rien que, depuis quatue cents ans, l'on ait ardemment compulsé les déôts où sont entassés les trésors des connaissances humaines qui gisent dans la poussière des bibliothèques, afin de découvrir le nom de celui à qui revenait l'honneur de l'inspiration qui a cré&

ce chant, ce nom ne pouvait être trouvé dans aucune histoire de la liturgie, dans aucun dictionnaire de l'art musical.

Malgré tous les obstacles, malgré toutes les difficultés, ce compositeur est enfin connu; la Maitrise fera connattre la première à ses lecteurs, en s'appuyant sur les faits et les preuves les plus irrécusables, l'auteur de la séquence -Dl

(6)

-6—

quelques détails qui concernent sa personne. Cette décou- verte a été faite dans les circonstances suivantes : -

L'un de mes confrères, le R. P. Cali More), bibliothé- caire dans le convent d'Einsiedcln, rassemblant., il y n quelque temps, des fragments d'anciens nlanuscrits, fut asscz heureux pour découvrir environ quarante feuillets qui avaient, appartenu à un livre dé chant, et qui, depuis un temps immémorial, servaient de gardes à des manuscrits.

Il réussit à les nettoyr au point de rendre lisibles plusieurs cahiers. Je me mis aussitôt à étudier ces curieux fragments;

ils contenaient, aveedes hymnes pour teutle eoursde1'anuée, quelques Gloria in excelsis, quelques chants de Pâques et de Noiil et un certain nombres de séquences. L'écriture du manuscrit paraît dater de la fin du onzième siècle ou au plus tard du commencement du douzième. La notation est en anciens neums, et consiste en une lignè rouge de fa et trois autres ligues sèches tracées dans le parchemin. Mais la particularité la plus remarquable que présentent ces manuscrits, c'est que la plupart sont signés des noms de leurs auteurs. Ainsi , on y voit un Gloria in excclsis du pape Léon (Leonis apœ), une séquence de la Sainte-Croix d'Rermann Contract (Herirnanni) , une autre de beata Vir- qine Maria du moine Henri (Tienrici monaclri) , un mor- ceau profane avec ce titre: Versus atque notas f!cnm.aius protulit istas; et enfin notre séquence, Victinzoe jaseiwli

amides ignée : Wipo. il est nécessaire de faire remar- quer que tous ces auteurs appartiennent à la première moi- tié du onzième siècle. Le pape Léon n'est antre que le pape neuvième de ce nom, qui s'appelait Brune, avait été

évêq;é de Toul eu Lorraine et qui mourut en 1.054. De nombreux écrivains, attestent qu'il était un musicien remarquable et qu'il composa un grand nombre de chants. Un écrivain anonynie du douzième siècle (1) certifie que ce saint pape composa un Gloria in exe,eisis.

(t) Apufi I'eziunj AncrA., L j , P. 'il, pag. 384.

(7)

-7—

Il est impossible également Je douter que les oeuvres si- gnées Herimanni'o ne doivent être attribuées à Hermann Contract, mort aussi en 1054. La séquence de la Sainte- Croix'est attribuée à ce compositeur dans un manuscrit de Vienne, écrit par un moine, également auteur de séquences, qui était son contemporain et s'appelait Godeschalcus (1).

Il parle du moine fleuri comme de son maître, et le cite comme ayant composé quelques cantiques (2). Bien des probabilités se réunissent pour nous faire supposer quo le maître de Godcschalcus , et le moine fleuri , cité' dans notre manuscrit, ne 'sont qu'une seule et même personne.

Enfin, il est certain, comme nous allons le démontrer, que Wipo, auteur de notre séquence, appartient à la même époque.

Peu de détails biographiques sur cet auteur sont venus jusqu'à nous, et pour nous en faire une idée, nous n'avons que les quelques travaux qui nous restent de lui. Nous allons en extraire ce qui se rapporte à sa vie, à ses oeuvres musicales et spirituelles, et ranger ces matériaux en ordre chronologique.

Wipo (écrit quelquefois Wippo) était Bourguignon de naissance. Il florissait de 1024 à 1050 et comptait parmi les hommes les plus érudits et les plus habiles de son temps.

li était prêtre et chapelain de cour sous le règne de l'em- pereur Conrad li et sous celui de l'empereur Henri 111 (3).

11 marquait h la fois comme historien, comme poète et comme musicien. Nous le voyons assister à l'élection de Conrad qui eut lieu en rase campagne entre Mayence et Worms; ce fut une réunion populaire comme il ne se soit-

(1) Domnus Herimannus (Contractus) de Sancta Cruce Sequen- tiam ' Orales hoios hierarehia u cornposuisse dicilur (Confer. Ger- bert': 13e cantu et musiect, Il, page 27, nota A).

(2) Ibidem, pag. 20.

(3) Wippo Dci gratia prcsbyter Servus regaliurn servorain

JVippo, in epistota sua ad regem 11e,i.rci ?n) Non potui in C;iflcI la senioris mcl Conradi frequenter adesse. Ibid.

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venait pas d'en avoir jamais vu (t). Il en revint plein d'en- thousiasme avec le prince et le peuple, pour assister à - Mayence au couronnement. Le clergé chantait des psau- mes pour fêter dignement ce jour, et le peuple faisait en- tendre des chants qui transportaient Wipo (2). Le couronne- ment eut lieu ', et l'archevêque Arihon émut tout le monde par son discours à l'empereur. Le pontife lui rappela com- ment Dieu avait permis qu'il tombât dans la disgrâce de son prédécesseu?, et comment il avait voulu qu'il redevint, plus tard, l'objet de ses prédilections; cela était, arrivé, ajouta—t-il, afin que le monarque se soovtnt que maintenant c'était 'à lui de pardonner à ceux qui l'avaient offensé. Au nom de l'Église, il lui demanda de remettre toutes les of- fenses passées et à venir. Ce discours toucha si profondé- ment l'empereur qu'il se mit à pleurer. Le peuple en fit autant, et notre témoin oculaire, Wipo, dit

Ferreus esset homo qui plangere non potuisset Quod Larilas culpas ignovit tafia polestas.

« Celui-là aurait un coeur de fer qui pourrait ne pas ètic Louché de cc qu'une si grande puissance il pardonné de si grandes fautes. n

En 1025, Wippo écrivit un petit recueil de poésiesquii nomma Gailinaj juin et qui traitait vraisemblablement des vertus du souverain; ce recueil semble avoir été perdu (3).

(I) Fit publicus convent us, paiera me vidisse anicu non mernini (Wipo, in vita Cours di Salici apud Pistorium Ser. R. g.)

(2) Ibant gaudentes, clerici psalletiiant, laici canebant, utrique suo modo; tantas laudes Deum accepisse ah I,ominibmis una die in loco nonduin cornperieflam. (Ibid.)

(3) Wipo mentionne ce recueil dans sa « Vie de l'empereur Conrad o; seulement, par modestie, il n'y mit pas son nom « qui-

«1dm de nostris, in libello n plein Gallinarium vocavit, satyra quarta prol.ulit floue versumn

Limon radus La roi i prernit ascensoria regis 'falihus indu-us nonien sen gloria regis.

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-9--

LI) 1028, aux fêtes de Pâques, on couronna à-Aix, comme roi d'Allemagne, le (ils de l'empereur Conrad, Hénri III, âgé de onze ans. A cette époque, Wipo composa des Pro- ,verbes comme pièces de circonstances écrites particulière—

ni en t pou' le jeune Henri. On doit remarquer dans ces pro- ductions, outre la sagesse chrétienne qui inspire le poète, la nôble préoccupation de former un prince vertueux (1).

Pour atteindre e but il ne craint pas de dire au jeune prince

Oece(regcm discere legem.

A udiat rex quod praccipit les.

Legem servare hdc est regnare -

1%Iclior est sapientia,- quam saecularis potentia.

Pacis hoijufu omnibus est bonum.

incend 11m bel bruni corruptio est mn ru n.

J uvenis animosus senex fit gloriosus. - Qui vacat in juveirtute turbatur in senectute.

Urges et praesides non decet esse desides.

Mundi rectores arquent ciam nomme mares.

Qui viduam riefendit art Christum regem tendit.

Qui vi nd icat pu iill u in Deus coronet iii u ru.

Metius est b)aupereln audire, quam sonitum Iyrae, etc.

(Voir la traduction, note a.)

(t) Pioverbia Wipponis preshyteri ad Henricum, Conradi irnp.- fflium (Fabricii Bibliotheca latina, t. I, pag. 4475.

(a) il est du devoir «un roi d'étudier les lois.

Le roi doit exécuter ce que la loi prescrit.

Observer la loi, c'est régner.

La sagesse est préférable à la puisance. - Le bien de la paix est un bienfait universel..

Le Fende la guerre produit la corruption des moeurs.

Un jeune homme courageux devient un glorieux vieillard.

Qui est oisif (jans sa jeunesse est agité dans sa vieillesse.

Les monarques et les chefs dérogent cri se montrant négligents;

Que ceux qui gnuveroent le monde élèvent leurs moeursau ni;

veau de leur dignité.

Celui quidéfenid la votive est sur la voie qui conduit au Christ- rot;

Celui qui venge l'orphelin, que Dieu le couronne!

li vaut mieux écouler le pauvre que les sons de la lyre;

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- 10 -

Si les sujets (le ces itrs nous font connaître Wipo comme prêtre vertueux et éclairé, leur forme, leur ni esure - et leurs rimes présentent des analogies si frappantes aved la séquence de Pâques, qu'on ne peut s'empêcher de re- connaître qu'une même intelligence u produit ]es prover- bes et la séquence.

Cinq ans plus tard (1033):, le roi de Bourgogne mourut.

Sri domaine revenait à l'empire d'Allemagne., d'après une ancienne convention, et une guerre s'alluma à ce sujet entre l'empereur Conrad et le comte Odo, parent du roi défunt.

L'empereur quitta Strasbourg au milieu do l'hiver avec son - fils Houri, et, traversant Soleure, se rendit au couvent de Payerne (Pa.tcrniacu. n rnonast&rium), où la noblesse et le peuple lui prêtèrent serment de fidélité et où il se fit cou-

• ronfler roi, puis il alla assiéger les châteaux forts de Neuf-

• chûtel et de Morat. Wippo qui faisait partie de la suite d l'empereur lui présenta une pièce de cent vers, dans la- quelle il avait pris -pour sujet les froids excessifs que l'on dut supporter pendant ces différents siéges (1). Cette com- position n'a pas étéconservée.

Eu l'année 1035 une expédition eut lieu pour soumettre les peuples riverains de l'Elbe, et l'empereur s'y distingua par sa bravoure et par le courage avec lequel il supporta toutes les fatigues. Là encore, Wippo figura comme poète, dais un recueil de poésies appela .BrSiarium et célé- bra l'héroïsme (lu monarque conduisant lui-même son ar- mée dont il partageait les épreuves au point de se pJonger dans les marais les plus bourbeux, quand le métier des armes l'exigeait (2).

f I) De q na ni,nictatr frigoris «quidam & noslris » ccii teiios versus fecik, p105 Imperatori praesenLiit in quibus Lam rnirandae res -

cl icuntur, quart equi in Cas tris ci rea Ca siet t um Murat, si pertes in- Ikissent terrac, per teporem dici aliquid moliti, per noctem ira go- - lali constringereutur, ut nequaquam, nisi securibus et sudihus de terra in circuitu gelata evelli potuissent (De vira Cliuonradi).

(2) Unie « qud'im rie nos(rfr » quocidaru Rreviariuiu versifiec

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- 11 -

• Quand l'empereur fut affaibli par l'Age, il donna è fils, d-ais l'automne de l'année 1038, le royaume de Bour- gogne, et il est probable que Wijipo figurait alors parmi lespersonnes de sa suite. Lui-même flous raconte qu'il faisait partie des réunionspuWiques et familières du souverain (1);

de plus, plusieurs de ses oeuvres nous indiquent qu'empêché par la maladie de suivre la chapelle impériale, il séjourna en Bourgogne pendant quelque temps (2) .. La cession so- lennelle du royaume au fils do l'empereur se fit à S6leure, où l'empereur avait réuni autour de lui tous les évêques et tous les princes de la Bourgogne. Après trois jours de conférences générales, la remise du royaume eut lieu au milieu des transports de joie des princes et du peuple qui prêtèrent le serment de fidélité. Les évêques et les princes conduisirent le jeune roi en grande pompe à l'église deSsin!.- Étienne, qui était alors, à Soleure, la chapelle royale. Les hymnes et les chants de joie y retentirent; le peuple y prit

part et fit entendre ce cri -

Quod pas pacem generaret, si rex cum Cesare regnaret (3).

En l'année 1039, l'empereur termina sa vie à Utrecht.

Wipo ne se trouvait pas près de lui ii cc moment. Il était

fecii, quod postea Imperatori 1rraesejitavit. Ibi iegitur, qualiter Imperator interdum in paludibus usqu -feinora stabat, pngiialls ipse , et exhortans milites ut pugziarerit ... ]il eisdem versibus Cacsar ultor fldei vocatur, et Romanis principibus Tito et Vespa-

siano comparatur, etc. (ibidem.) -

{1) itex Ileinricus... 1)0110 et pace candela liurgundiûm tempe- ravit cuni magnilicentia, obi quac tant quart belli consiliis, concils, et conventibus, quibus inferdum ipsc interfui, peregit.

(Ibidem.)

{2) Dans son Panegyticus, Wipo engage te roi à se rendre -en Bourgogne Irradias patriam, situ modo viseris illam et hue bene venins, hic omnia prospera cernas. Les historiens allemands en infèrent que \Vipo était bourguignon de naissance. (Pertz et Gie- sehrecht, Histoire rie l'empire allemand, 1858.)

:) \Vipo in vita Conràdi Salici.

(12)

r 12 r

en Bourgogne, et il fut instruit de cette perte par Henri, évêque de Lausanne, et par les autres seigneurs hourgui- gnor's qui accompagnèrent la dépouille mortelle de 1'empe reur d'Utrecht. à Spire, où se célébrèrent les funérailles. La douleur de Wipo fut grande (1); peu après il composa sur, les morts 1411 chaut de deuil, qu'il présenta la même année au roi Henri, qui se trouvait alors dans la ville dé Cons- tance. La forme de la poésie indique clairement que ces vers étaient destinés à être Chantés; malheureusement la mélo die n'a pu en être retrouvée (2).

I.

Qui voccm hahet serenain, banc proferat canhilenam De aijo Jamentahjilj et damne ineffabilj

Luget ornais hoiuo, forinsecus CL in domo,

Suspirat Ilopulus dominum, vigilando per somnuyn.

itex Deus , vi'os Lucre, et defunctis miserere.

IL

Aiio poque miflesinrn nono et trigesimo A Christi nativjtate nobilitas rait jale

Et Caesar capot mundi, et cum il!0 plures suiiii, Occubuit lrnperator Cunradus legis amator.

Bex Deus, vives terre, et defunctis miserere.

11f.

Lodem fore lempore oecasus fuit gloriae, RuiL stefla matutina Chunelinda rcgina

Heu quantum crudelis aij us, corruerat Herimailus, Filius Irnperatricis, flu% timidus inirnicig,

BaiL Chuno flux Fraiicorum, et pars magna scuiorum.

Rex Deus, etc.

(1) $ir.ut percepimtts referente Episcopo Henrico Lausancnsi cum caeteris liv rgundionibus, qui ilium de obitu usquc scpuiturarn

uosecuti sont. (Ibidem.)

(2) Pro quo « quidam de nos(ris, cANTILENAM LAMENTÂTIONuN.

fecerat, quain postea fiiiosuo, Ilenrico Regi in Constanlia civitale- vracsentav i t . libidein.j.

(13)

- 13 — V

I mperatoris gloria sit noijis in memoria, Et recen Li mea (jonc, vivat vi r j ndol b honac.

Fiai dominator probus, frequenti carmine novus.

Praeclara Cama post morlem, vitae praes! et hune coilsorteli]

Box Bous, etc.

V.

Regum sanguine genitus, contes pracceiliL penitus, Gloriosus in persoila, puicher soli corona,

Sceptruin, regri 0m, I ru p" u In, nulli oral plus COtirii uni 14cm publicain honeslavit, hujus causa laboravit.

Itcx Deus, etc.

VI.

Postquarn replevit Franciam, per paS ahundanliam, Nitigavit Alemanos et omnes regni tyrannos, Saxonihus et Noricis imposiait Çraena logis, Vid j t sua suagnal in proba hi lis I LaI i a.

Box Deus, etc.

VII.

Rama subjecit se prlmuui a suiiio osque ad imurn, ExperLi sont Ravejiates in hello SIJO primates, Sentieban L Veronenses invicti Cacsaris crises Hesperia se pro'stravit imperanti supplicavit.

Box Deus, etc.

VIII,

Reversus AIemaiam invencrat calumniam

Quam hie (lissipavit Caesar, ut ventus puiveris instar, Oinncs simul perierurit, qui praedatorcs Ciicrunt,

Et cives praestantissirni idcirco facti sont cx ulari.

Box Deus, etc.

lx.

Nil morattJs imperator, paris uhicumquc dator, Bellum mmlii paganis, ne noce ret Cliristianis, Non defen lit cos palus, nu la Cuit allais sains, Berie coercebat Selavos, Barbares et cHines pravos.

]lex Deus, vives tuere, et delunctis miserere.

(Voir la traduction, note b.)

(b) Que celui qui a conservé 011e voix ca me rasse ciimend re cc chant funèbre sur uiieannée lamôntable et une perte qui surpasse toute expression, Il n'est pas un homme qui ne la déplore, soit

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- 11 -

L'h iSlOil'e ne nOUS (lit pas combien de temps Cu cha rit, qui nous reporte sivivenient aux chants royaux de l'épo- que de l'empire des Francs, aux Clotaire, Carloman, Louis,

en publie, soit à son foyer. Le peuple, dont l'esprit veille THéine pendant son sommeil, soupire tans cesse après son Seigneur.

Dieu, roi des humains, protégez les vivants' et ayez pitié des morts

Il

L'an mil trente neuf (le la Nativité du Christ, la noblesse n'offrit plus ail loin qu'une vaste ruine, car César, chef principal (le l'uni -- vers, l'empereur Conrad, l'ami (les lois, succomba, et avec lui une foule de grands personnages.

Dieu, roi des humains, etc.

- M.

Presque à la mème époque, la gloire pencha vers son couchant.

L'étoile du matin, la reine Chuujelinde, fut précipitée au tombeau.

Hélas, quelle année cruelle! Hermann, fils de l'impératrice, prince débonnaire envers ses ennemis, avait été moissonné par la mort;

Charma, duc de la France germanique, périt aussi, ainsi qu'un

grand nombre de seigneurs. -

Dieu, roi des humains, etc.

•IV.

Que la gloire de l'Empereur soit gravée -dans notre mémoire, et que cet hommage rendu à sa mort récente fasse vivre le souvenir•

d'un héros doué d'un si excellent caractère Que ticschants sou- vent renouvelés montrent cc sage monarque comme in' souverain toujours nouveau; que' son illustre renommée, après le trépas, le mette en pleine possession de la vie!

Dieu, roi des humains, etc. -

V.

Issu du sang royal, il est évidemment sllpéricùr à tous les autres hommes. Rehaussant sa dignité par la gloire, beau sous sa cou- ronne, à nul autre mieux quà lui ne pouvaient convenir le sceptre, la royauté, l'empire. Il rendit prospère la chose publique, qui fut le but de ses travaux.

Dieu, roi des humains, etc.

VI

Quand il eut comblé la France germanique de l'abondance des Mens de la paix, il assouplit les Àilemands et tous les tyrans du

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- 15 -

fut conservé (tans la mémoire du peuple; mais plus quepro- babteinent, il fut propagé par les chanteurs populaires qui étaient déjà si nombreux sous Henri 111 (1). Qui sait coin- bien (le fois ce chant a retenti dans les villes et dans les chàteaux de la Bourgogne et de l'Allemagne? Quoi qu'il en soit, ce chant doit rester comme un gracieux souvenir de notre prêtre chanteur 4e ],a

Après un intervalle de deux années, nous retrouvons.

Wipo à Strasbourg pour les fêtes de Notil de l'année 1041.

royaume. II soumit au frein des loisirs Saxons et les Tyroliens, et l'illustre tialie fut témoin' de ses hauts-faits.

Dieu, roi des humains, etc. - VII.

Rome s'inclina devant lui la première, depuis le plus noble jus- qu air obscur de ses enfants. Les grands de Ravenne éprou- vèrent sa puissance dans la guerre qu'ils lui rirent; les Véronuais.

sentirent le poids (les ÔÔC5 de César; 1' tlespérie se jeta à ses pieds et reçut ses ordres en suppliante.

Dieu, roi des humains, etc.

MIL

Revenu en Allemagne, il s'était trouvé en fdce d'une révolte.

César la dissipa comme le vent chasse la poussière. 'tous ceux qui avaient commis des pillages périrent à la fuis, et des citoyens du plus haut rang fureii t envoyés en. exil.

Dieu, roi des humains, etc.

lx..

Après avoir partout rétabli l'ordre, ]'Empereur pàrti sans retard la guerre aux paens, pour qu'ils n'en fissent pas une funeste aux chrétiens. Ni les marais, ni les rivières, ne purent les mettre à l'abri de ses'coups. Il réprimait les Slaves, les autres barbares et tons les pet-vers.

Dieu, roi des humains, protégez les vivants et ayez pitié (les.

morts!

(t) Quand le roi Ilenri se maria ii Ingelbeim avec Agnès, [die (lit d ' Aquitaine (1 O'3) , on réunit en ce lieu une grande quan- Lité de chanteurs et de musiciens qui devaient célébrer ce grand.

jour.

(16)

- 16

Tous les princes du royaume y ôtaient i'éuni—)Yarrivait de la Bourgogne afin d'engager le roi à visiter ce pays. A un banquet royal il lui présenta une nouvelle poésie intitulée:

Tetralogus, qui mentionne entre autres chosescette invita- tion. Il avait choisi ce titre parce que sa composition avait la forme dun dialogue à quatre entre le Poète, la Mue, la Loi et la Grâce (1). Celte composition témoigne aussi des nobles sentiments et de la haute sagesse de Wipo. Pre- nant le rôle du conseiller le plus bienveillant, il prie le jeune roi d'honorer sa mère, l'irnpéiatriceGisèle princesse aussi élevée par le coeur que par l'intelligence et la science, et l'engage à toujours respecter les tendres liens qui l'unis- sent à cette femme éminente. La sainte morale, lui • dit-il, veut que tu honores la mère et cela fera la joie de ta vie; tu peux chercher et trouver d'autres amis, mais tu ne trouveras jamais une seconde mère. - Nulle par( mieux que dans ces vers, Wipo ne s'es( montré un diciple fervent de la science et de la vérité. Qui aurait espéré, en effet, trouver dans ce moyen-âge si décrié, UI) homme qui, ainsi que Wipo l'a fait, songeât à demander à l'empereur de promulguer un ordre pour obliger tous les pères à faire instruire leurs fils, autant que leurs moyens le leu!' permettaient? Romé et lita- lie avaient, depuis longtemps déjà, préconiséet honoré l'ins- truction ; il n'en était pas généralementainsi de l'Allemagne

(1) Ce recueil est aussi appelé Pasiegsjricus Canisii [cet.

Ant.. t. III, p. t, p. 161, seq.). Wipo raconte lui-même laprésen- tation de sa poésie: Quidam de nostris in libella, quem Tetralogum nominavit, et postea regi Ilenrico tertio, eum Natalem domini in A rgentina civitate celebraret, praesentavi t, inter alios, duos ver- sus edidit, hoc modo

Q uando post decimam nu osera tur li nea quarta De Carolo atagno procedit Cisela prndens.

En fait ces deux vers sadressent à Cisèle, dunsorceau précédent où Wipo se nomme plusieurs fois comme le poète. On voit par là quel est le quidavn 'le nokiris dent il est parlé (Jans la vie de Conrad.

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- 17 -

où plusieurs, à celte époque, paraissaient la considérer non- seulement comme inutile, mais encore comme dégradante pour ceux qui nese vouaient pus h la vie ecclésiastique (1).

A la fin de ce petit recueil se trouve wne poésie religieuse, consacrée aux fêtes de Noël et qui était peut-être employée comme chanson de table (2; le poète y invite toute la cour à se réjouir en l'honneur de la Nativité du Christ, et rappelle à tous le pain spirituel et la boisson spirituelle avec lesuuelsDieu les restaure en ce jour. Les nobles paroles

de Wipo: ((Viens! la Bourgogne appelle en roi le fondateur dclii paix, et veut se repatredc la vue de sort roi, » eurent le résultat qu'il s'en était proposé: Henri quitta Strasbourg et se rendit dans l'intérieur dela Bourgogne, probablement accompagné de notre chapelain.

Ce fut dans les années 1046-10118 que Wipo produisit la plus considérable de ses oeuvres, c'est-à-dire la vie de Con- rad Il; cette oeuvre est la source historique la plus riche et la pins pure; aucune autre de cette époque ne peut lui être comparée. Il Fa écrite, d'une part, aflu de ménager à ses lecteurs plaisir et profit, et, de l'outre, afin de ne pas perdre un seul moment dans l'oisiveté qu'il considérait comme le plus grand ennemi de l'âme(3). Ce livre respire partout la plus vive sollicitude pour le prince auquel \Vipo veut donner d'excellents enseignements. En effet, s'il présente comme glorieux certains faits concernant la vie de Conrad, il est d'autres occasions où, tout en évitant de blesser la tendresse

t). Sous je litoieicis vacuum vel turpe videtur, -

• Ut doceant atiqucm, là isi Ctericus accipiatin.

Sud, rex docte, jube cunctus per rugha doceri, Ut (ecu in regitet sapientia partibus istis,

tWip(nis Pinegyrioii.) 42) Sous cc turc Versus Wiponis ad mensam Regis (1h.)

(a) Ut, excitante )co, oeiositatenL vetut aniinac iliiluiraul, bis

•eceupatus ilegoffis, vitard valearn (Wipo, in prologo ad vilain

Con rad i)

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du fils, il critique certaines actions du père et démontre que ces actions méritent le NAine. Nous.sommes redevables à cette oeuvre inspirée par l'amour de la vérité, de la plus grande partie des détails biographiques que nous .possédons sur Wipo. Cet homme infatigable avait aussi préparé les matériaux nécessaires à une histoire d'Henri III, et il an- nonçait l'intention de continuer son travail aussi longtemps 'qu'il vivrait. 11 demandait à l'écrivain qui,. dans- le cas

où il mourrait avant le roi, continuerait soit de ne pas se rebuter par les imperfections de ce. travail (1). Sur- vécut-il à Henri? Nous l'ignorons, et celte histoire ifest.pas venue jusqu'à nous (2).

On ne peut guère déterminer l'époque à laquelle Wipo écrivit celle de toutes ses compositions qui nous intéresse le plus vivement, c'est-à-dire la séquence pour les fètes de Pâques. En revanche,, nous avons la certitude qu'il en est l'auteur ; cette certitude n'est établie, pour aucune autre. de ses oeuvres, sur des documents d'une ancienneté aussi reculée (3). Le morceau et le -chant sur la mort de Conrad permettent de conclure qu'il en a écrit d'autresen- core qùi ont été perdus dans le cours des siècles, ou qui

(t) Quae post obitum illius gloriose feceias, per se on-dirianria decrevi ( Wipo, in J&p. ad R. Heinricum ). Acta darisiini Fuji

« quandiu vixero , eongregan'e non desinain ....obsecro past me scrihentem, ne pudeat ilium de mois fundamentis parietes sues superponere ne spernat stylum cadentem erigere etc. fil Prologo.)

PI flermaun Coutract écrivit aussi, d'après le témoignage de son élève .Bertlnold, la. vie de ces deux empereurs; aucune nest parvenue jusqu(i nous; on les considère généralement connue un remaniement dii ra yait (le Wipo.

3) Le plus ancien, des manuscrits de %Vipo, contenant la Vila (2tuonradi, existait encore ('a près Perla) ail xv,' siècle ; il n'ex s (e aucune trace de soit (Tetralogus). Une copie de ses Proverbes (xi n'-x li I'siècle) existe à E ii si eu] cli et diffère cii pI u - Sieuils points tic ii'-dilion de Canisius.

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gisent anonymes dans de vieux de chaut. Mais quand même nous ne connaîtrions que soir pas- chah, cela nous suffirait poui déclarer qu'il doit être rangé tout à fait il parmi les maîtres de soir Une mé- lodie si populaire, et si justement estimée, 'dénote une connaissance peu commune de l'art musical ir cette époque.

II est hors de doute que, durant les aunées de sa jeunesse, Wipo s'était appliqué à l'étude de la musique religieuse.

L'époque h laquelle il appartenait exigeait de chaque prêtre non-seulement une étude particulière du chant religieux, mais encore, et cela surtout de ceux qui éiaiênt le plus instruits, des connaissances spéciales CI) musique. Nous savons cri effet que dans les écoles des chapitres et des cou- vents l'usage faisait figurer la musique au nombre des sept branches du Trivium et lu Quadriviuni' comme un elisci- gnemont .indispensalÀe (1).

Rien ne pouvait êl.re plus favdrahle au développement des connaissances de Wipo en cette matière, que l'emploi qu'il fut appelé à remplir h la cour après l'élection de Con- rad; ces fonctions le rapprochaient d'hommes dont la re- nommée artistique s'étendit dans le monde entier. Près de lui, et lorsqu'il devint chapelain de ],a impériale, vécut jusqu'en 1026 un prêtre modeste, natif de l'Alsace, homme d'un latent musical si remarquable qu'on lui faisait l'honneur de comparer toutes ses compqsitions à telles de S. Grégoire le Grand. Leu" nombre était assez considé- rable, et ces compositions étaient dédiées à saint Cyriaque, à Hydulphe, évêque de Trèves, air Grégoire le Grand,

(t) Les anciens ente lit] a ent par Ans iibéi'atrx les ce rinaissan 'es l'usage 'les honnies libres, que l'on distinguait (les esclaves voités

aux arts méeaniq ors. La gra maire, l'arithmétique et la gé' in&re

fi "in ii je n I le Ti iviurli le O t, q di'v (n ai se composait t] e II Iii LE 5 (J 1mo de l'astronomie, tic [,Y cl de la rhétorique.

(No!" 'h, i'Ôdrcfriir.J

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'e saint Nicolas et sainte Ottliilia Çl ) . C'était !irtwo dc .L)acbsbourg..

On comprend ce que Wipo dut gagner dans ses relations avec cet homme; toutefois elles,ne durèrent pas plus 4e deux ans. Le chapelain de cour Bruno devint évêque de Toril, et quelques années après nous le voyons sous le nom de Léon élevé à la chaire de Saint-Pierre. Nous savons que daiis.co poste éminent .il conserva les plus tendres relations avec la.

cour irnpériale,.etqu'il lavisita plusieursfois. Danscesvisites, l'ancien collègue Wipo n'était poihC oublié sans doute, et il y était un peu question de musique sacrée. Ces relations entre le papb Léon et Wipo irons expliquent comment la séquence de Pâques de ce dernier fut immédiatement.

employée dans les églises.

La protection particulière dont l'impératrice Cisèle, si pleine d'intelligence et de coeur, honorait Wipo lui valut la fréquentation des hommes les plus instruits de son.

époque. Elle était probablement accompagnée de Wi1u quand, en 1027, clic se rendit au monastère de Saint-Gall avec son jeune fils Henri et se fit affilier à la communauté des moines (2). Parmi lés oeuvres allemandés do Nother Labeo , qu'elle désira si vixenlent et dont elle fit faire une copie , se trouvait certainement l'écrit qu'il coin- posa.sur la musique (3). Le roi Henri visita de nouveau ce même monastère quand il se trouva en 1039 à Cons- lance, où Wipo lui avait présenté le chant de deuil,

li (nonynius Metiicetisis, rap. 58) « 111e in musica subti- lissirnus fuit, et inter cantus al os, q nos pi u rirnos e.,! j dit, h isto- riam bcatissinii pajae Gregorii satis artificiose Ci)iriposuit. )i

t2l. Gisela t rnpera t r i x si','ti! rom rit io sue ilcinrico monasteriu ni S. Galli ingressa , xeniis benignissirne (latis, frateruitatem ibi est adepta (llepidaiii anales S. G.). Kisiia iniperatrix operurn ejiis (Noikeri) avi&lissinL, , psatteriu;n et Job sil,i exempiari fecit, I Ccii S. Gaili, Lit). Berieil.l

.i31 tnipriin( par Gerbert (laits ses Scrig fores.

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et d'où il l'accompagna certainement dans cette nouvelle visite. Là, il entendit ces chants solennels et émouvants que l'on avait coutume d'exécuter depuis (les siècles à la récep- tion des souverains; là, il revit ce chanteur éminent,, le moine Ekkehard IV qui, déjà en 1030, lorsque l'empereur Conrad célébrait à Ingelbeim les fêtes de Pâques, avait -donné des preuves si éclatantes de son talent, que toute la

famille impériale le récompensa richement; là; il prit con- ria isance des surprenantes œuvres musicales composée 's par les maîtres deLécole de chant de Saint-Gall, deleurshymnes et mélodies; de leursantiphonaires, litanies et séquences.

Le monastère de Reichenau, séjour favori des derniers

empereurs, ne pouvait échapper à l'attention de Wipo. Le - - moi Henri Je visita en 1040 avec toute sa cour; il y vint en-

core en 1048 pour l'inauguration solennelle de l'église de Saint-Marc, 'et le jour suivant il- suivit la procession de Saint-Marc en donnant des marques de la plus vive piété (1).

L'année suivante, 1049, le pape Léon honora les moines de ce couvent par bne visite de trois jours. Toutes ces circon- stances attirèrent plusieurs fois \Vipo dans ce couvent, où il trouva entre autres érudils dont la renommée était euro- péenne, un abbé Bernon, auteur de trois ouvrage sur la musique, et Hermann Contract, et il put, grâce à ces rela- tions et à ces ressources musicales, étendre le cercle, de ses

conintissances. -

La séquence de Pâques de Wipo, que nous possédons, n, dans notre manuscrit, la môme mélodie que celle usitée aujourd'hui dans les églises catholiques , avec plus ou moins d'alréraewns. La forme mélodique a les proportions des vieilles séquences de No(ker, et elle est soumise aux mêmes règles. Le chant est divisé en neuf versets, dont le premier, Victimœ paschaii, a une mélodie particulière ; le deuxième, Agnus redemit, et le troisième, Mors et vita, ont la mênie forme mélodique il en est de même du qua-

11) Herman Contr. Chronic.

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- -

trième, i,fric nains, et du sixième. Anqel.wos, du cinquième, Sepudn'uni, et du sept ièrne, Snn'exii 'Christns. Le huitièm verset réson ne avec ces mots: Credcnduni est niagis sou Ma- ria.e veraci qtunn Judacorum (nrbae[a!laci, et laméLodic s'en adapte parfaitement air Scimus Christmn. Il est évident que la mélodie n'est pas plus ancienne que le texte, et on lacliercherait vainement parmi les cinquante mélodies- de Nother. Tandis qnedans'nos manuscrits l'on trouve joint h truites les séquences adaptées aux mélodies de Notker', le Tituiu.s ?c!whœ , par exemple Occidentana , Awoena Qui tintent, etc.; cette désignation manque tout à fait au I'ictimœpascha.!i, eireonstanceqiii prouve que son origine est plus moderne.

L'enthousiasme le plus éclatant accueillit notre chant de Pâques aussitôt après son apparition. En Italie, où peu de séquences étaient adoptées, on trouve le Victimai dans presque tous les anciens manuscrits (1). En Allemagne, il figurail, dès te su° siècle, pour la fête de la résurrection parmi les chants que le clergé consacrait h la célébrer.

Dans une représentation des fêtes de

Pâques, une rubrique s'exprime en ces -termes : Après que le choeur eut com- mencé l'antienne Una Sabbati, tes trois saintes femmes s'approchèrent ' en silence du tombeau où Madeleine cherche le Sauveur, puis celle-ci chaula l'hymne, de Pàques Victimai jascIi.ali. Aux paroles Die nobi M a- ria, le Christ apparaît soudainement, et au milieu des ehânts qui continuent il se l'ait reconnaître de Madeleine en l'appelant trois fois par son nom. A près diverses mélodies, Madeleine tombe genôh.x en disant 6u Sacteur Soncte

.Deus-1 Soucie fortis/ SaUCÏe immortah, miserere nobisi Elle se tourne vers le choeur ces apôtres en continuait les parolesde hi séquence : Sirrettii skut dixit, etc.,

(I) Mita mu r libres Romanos, Venetos et alios, qui per pancis Prosas exhiberi sotent, supra seriptam cantionem (Vietimac pasctaTi) dare ad unum omnes (Daniel : Thesaurus, hyin. 11, pag. 96).

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après quoi le choeur lui adresse ces paroles iJic joUis, Noria, oie. pois Madeleine : Sepu (cJn'lun vid , oie. ; le diwur reprend :Credancjum est, et scimus, etc. (1)

Cette séquence reçut plus tard en France la niGme destina-

jOli (2. L'air populaire allemand, Christ est ressuscité, déjà.connu au xui'siècle, qui a traversé sixsiècleset qui est encore chanté aujourd'hui dans toutes les contréesallernan- les, n'est autre chosequ'une imitation dela séquence de t'a- pies de Wipo, car $r lé fait chaque passage mélodique du chant pont être retrouvé dans celle-ci: Quoique la séquence de Wipo ne remplaçât guèree avai le xv ie. siècle les séquences leNo(.b-er adoptées en Allemagnepourla semaine de Phques cependant on trouva à l'employer dans le temps-pascal ci.

même pendant la.inesse. Un manuscrit de saint Gall (i° 546) t'indique aux chanteurs pour l'époque comprise entre l'oc- tave de Pqnes et l'Ascension. On comprend l'estime que l'on faisait de cette mélodie ait et au xvc siècles, pui- qu'oi l'exécutait sur un texte différent à-d'autres fêtes; ainsi

011 ]<a avec ce nouveau texte:

Virgirii Ma ri landes inioneri I Chrisliau i 3j.

Ensuite, pour la fGIe du saint Sacrement:

Collattdent devoti pains ilium Christiani (4);

Puis pour la fête de la Compassion de la B. Vierge Virgini Maniae laudes concinarit Christiani (5).

Lorsqu'on voulut au xvIe siècle remanier la liturgie dans le sens de l'unité, on maintint la séquence de Wipo de pré- férence à cinq cents autres; c'est la plus ancienne de celles, dont l'usage nous ait été conservé. -

Nous pensons que le noble compositeur qui en est

(1) Codex Binsidiens : n° 300, saec. ni,

(2) Conf. Livre des familles, Paris, 1844, pag. 132; - d'Or- ligue, Die fionnaire de plain-chant.

(3) Cod. Si. Gallensis, n 0 54-6. - (4-) Ibid.

(5) Cod. Einsidi. n° 36.

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- -

l'auteur mérite une mention dans les annales de la musi- que religieuse, d'autant plus que celui dont nous rappelons le nom a laissé le souvenir d'une vie exemplaire. Wipo nous apparaît dans toutes ses oeuvres comme un prêtre vertueux, déVoué à son Église, implorant du ciel de .nou- velles lumières afin de se rendre capable d'élever pour l'empire romain un souverain qui se servît de sa puissance pour être le protecteur de l'Église, le pacificateur des États, le défenseur des lois, le père des veuves et des orphelins, le propagateur des arts et des sciences, et il doit être dou- blement honoré pour avoir joint à toutes ces vertus le - talent qui a donné à la sainte Église l'immortel chant de Pâques.

Nous dédions donc ces lignes au noble prêtre et musi- cien bourguignon.

P. A. ScaufilcEit.

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