R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
J. B ASS
Le problème des corrélations dans la turbulence en soufflerie
Revue de statistique appliquée, tome 4, n
o2 (1956), p. 31-37
<
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-31-
LE PROBLÈME DES CORRÉLATIONS
DANS LA TURBULENCE EN SOUFFLERIE
par
J. BASS
Professeur à l’Ecole Nationale
Supérieure
des Mineset à
l’École
NationaleSupérieure
del’Aéronautique
Maitre de Conférences àl’École Polytechnique
INTRODUCTION
L’écoulement d’un
fluide,
et enparticulier
celui de l’air dans unesoufflerie,
est défini en
chaque point
M(X1 ’
X2,x3)
par lesgrandeurs
suivantes :composantes
de la vitesse en Mpression
pdensité
p température
La
plupart
desexpériences
sur les fluides turbulents ont été faites à des vitesses relativement lentes(moins
de 50m/s),
de sorte que le fluidepeut
être considérécomme
incompressible
et isotherme. Sa densité et satempérature
sont constan- tes. D’autrepart,
lapression
est rattachée à la vitesse par une relationqui
ex-prime l’incompressibilité. Finalement,
la turbulence est essentiellement carac-térisée par la vite s se en
chaque point
M.Pour mesurer une
composante
de la vitesse, on utilise un anémomètre à fai- ble inertie. Le seulqui
soitemployé
est l’anémomètre à fil chaud. Ilcomporte
un fil deplatine
dequelques
millimètres delong,
dequelques
millièmes de millimè- tre dediamètre,
chauffé par un courantélectrique.
Placé dans le vent, ce fil serefroidit,
sa résistancechange,
et la variation de courant mesure,moyennant quelques précautions,
la vitesse du vent. Plus exactement, elledépend
de la vi-tesse, dans des conditions
qui
vont êtreprécisées.
Dans une soufflerie, l’air se
déplace
à une vitesse V,qui
dans la chambred’expérience
est sensiblementuniforme,
sauf auvoisinage
immédiat desparois,
et dont la direction sera
prise
comme axe des X1 . Mais V n’estqu’une
vitessemoyenne. Si l’on
place
le fil chaudperpendiculairement
à V, il fournit une indi-cation
qui
n’est paségale
à V. La différence U1 entre la vitesse ainsi mesurée et la vitesse moyenne est une fonction dutemps qui
subit des fluctuationsrapides (quelques
centaines parseconde)
etirrégulières.
Le filchaud,
convenablementéquipé,
est bienadapté
à la mesure de cespetites
fluctuations autour d’une mo-yenne notable. Il
peut
d’ailleurs être modifié pour mesurer, avec moins de sim-plicité,
des fluctuations de moyennenulle,
telles que celles descomposantes
u 2 , u3 de la vitesseperpendiculaire
à la vitesse moyenne.- 32 - LES
CORRÉLATIONS
ETL’ ISOTROPIE
On sait que la structure de ces fluctuations conduit à traiter U1 ’ u2, u3 com-
me des
grandeurs
aléatoires et à leurappliquer
les méthodesstatistiques. Ayant
choisi une définition
adéquate
des valeurs moyennes(moyennes temporelles,
spa- tiales oustochastiques),
onpeut espérer
obtenir les éléments lesplus
caracté-ristiques
de la turbulence en mesurant les corrélations entre lescomposantes
dela vitesse. Or la structure d’un milieu turbulent est essentiellement liée à la ma-
nière dont les fluctuations en un
point
Mréagissent
sur les fluctuations en unautre
point
M’. Cettedépendance
entre les fluctuations en M et en M’ est décrite par le tenseur de corrélation descomposantes
ui et uj de la vitesse aux deuxpoints,
c’est-à-dire par les 9 moyennesCe tenseur est fonction des coordonnées de M, de celles de
M’,
et du temps.Dans la
pratique,
le mouvement estpermanent,
cequi
veut dire queRij
ne dé-pend
pas de t. Mais lesRij dépendent
essentiellement del’espace.
Enparticu-
lier,l’énergie cinétique
turbulente moyenne par unité de masse et unité detemps, qui
estégale
àdécroît en fonction de x, . La turbulence s’affaiblit et se
dissipe progressivement
en chaleur à mesure
qu’on s’éloigne
desgrilles placées
en amont. Poursimpli-
fier l’étude
mathématique
duproblème,
on a été conduit à chercher unereprésen-
tation du tenseur des corrélations
qui
en fournisse unereprésentation
accessibleau calcul, et où le
temps
sesépare
nettement del’espace.
On y arrive par unchangement
dusystème
de référence. Si l’on seplace
dans des axes entraînéspar le mouvement moyen du fluide avec la vitesse V, les
composantes Rij dépen-
dent alors du
temps.
Onpeut
admettre enpremière approximation
que, dans une tranche suffisamment mince, la turbulence esthomogène.
Cela veut dire que lesRij
nedépendent
passéparément
despositions
de M et M’, mais seulement du vecteur MM’,quelle
que soit laposition
de sonorigine
M.Ceci admis, une nouvelle
simplification
consiste àcompléter l’hypothèse d’homogénéité
par celled’isotropie.
La turbulence estisotrope
si la valeur mo-yenne du
produit
de lacomposante
de la vitesse en M suivant une direction arbi-traire A
par lacomposante
en M’ suivant une direction arbitraire0394’
nedépend
que de la distance r des
points
MM’, et desangles
des directionsMM’,ZB, A*
entre
elles,
c’est-à-dire de laconfiguration géométrique
des éléments M, M’,0394, 0’ ,
et non de leur orientation dansl’espace .
Cette
hypothèse
aété,
et est encore trèsfréquemment invoquée,
à cause dela
grande simplification qu’elle apporte
aux calculs . Ellepermet
en effet de met-tre le tenseur de corrélation
Rjj
sous la formeou A et B sont des fonctions de r, t,
qui
sontreliées
par uneéquation
traduisantl’incompressibilité.
Onpeut
lesexprimer alors
à l’aide d’uneunique
fonction Qpar les formules
On peut d’ailleurs
remplacer
Q par l’invariant scalaire- 33 -
ou par le coefficient de corrélation f entre les
composantes longitudinales
de lavitesse en deux
points
M, MI tels que MM’ soitparallèle à
la vitesse V. Si u2’ est la valeur moyenne commune deu; , u2
etu;,
on a :La validité de
l’hypothèse d’isotropie
a été souvent discutée.Kolmogoroff
ena montré la vraisemblance,
localement,
et pour lesgrands
nombres deReynolds (moyennant
unelégère
modification dupoint
dedépart : remplacement
des vites-ses en M et M’,
rapportées
à la vitesse moyenne, par les différences entre cesvitesses et la vitesse
d’agitation
en unpoint Mo fixé,
voisin de M etM’) .
On saitd’autre
part
que la vitessed’agitation
turbulente estdécomposable
en une super-position spatiale d’harmoniques
sinuso!7daux. Cettedécomposition correspond
àune réalité
physique :
dans les masses d’air en mouvement, on peutdistinguer
des "tourbillons" de
plus
ou moinsgrandes
dimensions. Lespetits
tourbillons, degrande fréquence d’agitation,
sont assez correctementisotropes.
Mais lesgrands, qui
subissent l’influence de la formegéométrique
de lasoufflerie,
ne lesont pas. Comme leur influence sur les mesures habituelles au fil chaud est fai- ble, sauf très loin des
grilles,
où laprécision
devientmédiocre,
onpeut
presquetoujours
admettre enpremière approximation l’isotropie.
LES
CORRÉLATIONS SPATIO-TEMPORELLES
La conclusion
précédente, qui
repose sur un choix d’axesparticuliers
et surdes
approximations
assezgrossières,
estbeaucoup
moins satisfaisantelorsque, élargissant
lepoint
de vue initial, oncomplète
ledécalage d’espace
par un déca-lage
detemps.
On obtient ainsi des corrélationsspatio-temporelles.
Leurs me-sures ont été faites au laboratoire de
mécanique
del’atmosphère
de Marseille par M. FAVRE et ses collaborateurs MM. GAVIGLIO et DUMAS. La souffleriequ’ils
utilisent a 0,80 m de diamètre. Les vitesses moyennes utilisées V sontcomprises
entre 10 et 20m/s.
L’intensitélongitudinale u21 V
est de l’ordre de 0,01. Ledécalage
dans letemps
est obtenu par unenregistrement
de la vitessesur bande
magnétique,
suivi d’une lecture en deuxpoints
différents de la bande.La définition de
l’homogénéité
et del’isotropie
doit êtreadaptée
aux corré-lations
spatio-temporelles.
Si T est ledécalage
detemps,
etsi X désigne
le vec-teur unitaire
porté
par la vitesse moyenne, on suppose que le tenseurne
dépend
que de x’ - x, et estisotrope
au sensclassique
parrapport
àl’espace, quels
que soient t et T .De ce tenseur, on
peut
extraire diversesgrandeurs statistiques importantes,
et faciles à mesurer en soufflerie. Les
plus
intéressantes sont les corrélations entre lescomposantes longitudinales
u etu’1
de la vitesse à deux instants t et t + T , en deuxpoints
M et M’ tels que le vecteur MM’ soit ou bienparallèle,
oubien
perpendiculaire à
la vitesse moyenne V. Dans lepremier
cas, on obtient lacorrélation
longitudinale
- 34 - dans le second cas, la corrélation transversale
A,, B, , A 2’ B2
sont de s fonctions de r, t, 2 , w1 et cu2 sont de s moyenne s non normées. Il est instructif d’en déduire des coefficients de corrélation : si r et T sont suffisammentpetits,
un calculsimple
montre que, à W1 etw2,
onpeut
atta- cher les coefficients de corrélationoù a, b sont des
quantités
fonction de t seulement.L’expérience
fournit les cour-bes
R1 =
constante,R2
= constante dans leplan des r,T . Lorsque
r et VT sontpetits (de
l’ordre ducentimètre), R,
etR2
sont voisins de 1. Les courbesRi
constante sont des
ellipses
trèsallongées,
dont legrand
axe est sensiblement di-rigé
suivant lapremière
bissectrice. Lerapport
de leurs axes est sensiblementégal à
2Fa b
C’est un nombrepetit,
de l’ordre de2,5
X10 -3.
Les courbesR2
=constante sont des
ellipses ayant
pour axes les deux axes de coordonnées. Lerapport
deslongueurs
de leurs axes estégal â _a+b b
L’expérience
donne de ce nombre une valeur de l’ordre de0,4
à 0, 5. Or, sia est
bpetit, 2b az +b b
devrait êtrethéoriquement
de l’ordre de1
2 0, 71. La dif-férence est
probablement trop grande
pour êtreimputable aux
erreursd’expé-
rience. Il y a donc une
incompatibilité
entre la réalité et la théorie.Il en résulte que
l’hypothèse d’isotropie, qui
est à la base des formules ci-dessus,
etqui
est vérifiée avec une assez bonneprécision
par les corrélationsd’espace,
se révèle incorrectelorsqu’on
la soumet àl’épreuve
des corrélationsspatio-temporelles.
Dans cesconditions,
il semblequ’il
faille attacher moinsd’importance qu’on
ne l’avait fait à la turbulenceisotrope. L’isotropie
est surtoutune
hypothèse
commode ethonnête, grâce
àlaquelle
il a étépossible
de soumet-tre la turbulence au calcul. Mais elle ne
peut
être conservéelorsque
laprécision
des mesures
augmente
et quel’expérience
est- soumise à uneanalyse théorique plus poussée.
Une
hypothèse
desymétrie
moinssimple,
maisqui
semble apriori plus
voi-sine de la
réalité,
est celle de lasymétrie cylindrique.
Voici enquoi
elle consis- te : Le tenseurRij
des corrélationsspatio-temporelles
estsupposé :
a)
stationnaire dans letemps. Rij
nedépend
pas de t, mais seulement de l’intervalle detemps
T.b) homogène
transversalement.Rij
reste invariant à une translation du vec- teur MM’ suivant une directionperpendiculaire
à la vitesse V.c)
invariant aux rotations autour de la direction de V .En
particulier, Rij
nedépend
pas de l’instant t des mesures, maisdépend
de l’abscisse x, de M.
Il ne faut pas confondre la turbulence à
symétrie cylindrique
avec la turbu-lence
axi8ym6trique
de Batchelor et Chandrasekhar. La notiond’axisymétrie s’applique
au tenseur de corrélationd’espace, qui
admet alors lasymétrie
derévolution autour de la vitesse V, est
homogène
dans toutl’espace,
etdépend
dutemps.
La turbulenceaxisymétrique
conduit à une théorieplus
maniable que la turbulencecylindrique,
parce que letemps
est mieuxséparé
del’espace,
maiselle constitue une
approximation
moins satisfaisante dupoint
de vuephysique.
On vérifie facilement que
l’hypothèse
desymétrie cylindrique échappe
auxobjections
que soulevaitl’isotropie.
Elle introduit suffisamment deparamètres
pour être
compatible
avec les courbes de corrélation locales que fournitl’expé-
rience. Elle semble donc mieux
adaptée à
la turbulence en soufflerie quel’hypo-
thèseclassique d’isotropie (1).
LA
DYNAMIQUE
DESCORRÉLATIONS -
LE ROLE DE LA LOI NORMALE Lesrésultats qui précèdent
ont un caractère local etpurement cinématique.
Pour calculer les corrélations de vitesse entre deux
points quelconques,
il fautfaire
appel
aux méthodes de ladynamique
des fluides. Al’exception
dequelques
rares tentatives, incorrectes ou
trop
vagues, on atoujours
admis que le mouve- mentd’agitation
du fluide turbulent satisfait auxéquations
de lamécanique
desfluides,
c’est-à-dire auxéquations
de Navier-Stokes. Dans le cas des fluides in-compressibles,
ceséquations
s’écrivent :1 - -
La méthode de Karman et Howarth consiste à
multiplier
les troispremières équations,
écrites aupoint
M, successivement par les troiscomposantes uj
de lavitesse au
point
M’, et àprendre
les moyennes. Les 9équations qu’on
obtientcontiennent les "corrélations doubles" ui
uj ,
les corrélations entre la vitesse aupoint
M et lapression
aupoint M’,
et aussi les "corrélationstriples"
entre deuxcomposantes
de la vitesse en M et unecomposante
en M’. Grâce àl’incompressi- bilité,
onpeut, après quelques transformations,
obtenir uneéquation
d’où lapression
adisparu.
Si l’on admetl’isotropie,
cetteéquation
scalaire résume l’ensemble deséquations
tensorielles vérifiées par u;Uj’ .
Mais elle contient aus-si un terme de corrélations
triples,
et par suite nepermet
pas de calculer les corrélations doubles. Elle nepeut
pas servir depoint
dedépart
à une théoriedéductive de la turbulence. Elle a
cependant
étélargement exploitée,
mais auprix d’hypothèses physiques supplémentaires,
dont on agénéralement
admis sanspreuves sérieuses la
compatibilité
avec leshypothèses
dedépart.
Cette difficulté est inhérente à la méthode
employée.
Au lieu de la surmonterpar des moyens
physiques,
onpeut
essayer de la tourner par desprocédés
sta-(1)
Consulter à ce sujet : J. BASS - Space and time corrélations in a turbulent fluid- Univ.of California publ. in Statistics ,Vol. Z , n°3, p. 55-84, 1954.
-36-
tistique s. L’expérience
montre que la loi deprobabilité
du vecteur vites se en unpoint
est très sensiblement normale. La loi deprobabilité
des sixcomposantes
dela vitesse en deux
points
ne l’est pas.Cependant
son écart à une loi normale estfaible. On peut admettre que cet écart ne se manifeste que dans les moments d’ordre élevé et que, en
particulier,
les moments d’ordre 4 sont liés aux moments d’ordre 2 par les mêmes relations que cellesqui
existent entre les momentsd’une loi normale, sans que toutduis les moments d’ordre 3 soient nuls. Si
Rij
et
Rij,kl
sont les moments d’ordre 2 et 4, et si on les supposesymétriques
parrapport
auxcouples
d’indicesi, j
etka
, on en déduit que :Plus
précisément,
si u, etu’j
sont lescomposantes
de la vitesse en M et enM’,
Il est facile de trouver des lois non normales dont les moments d’ordre 2 et 4 soient lié s par une telle relation. En voici un
exemple ou,
poursimplifier,
ons’est limité à une seule variable aléatoire X au lieu de trois.
Dans ce cas, on veut avoir
C’est ce
qui
se passe pour lavariable aléatoire Xayant
pour densité deprobabilité
lor sque b’=l-6a-,a
étant laplus petite
racine del’équation
Cette
hypothèse, exploitée
par Batchelor et Proudman et Reid dans le cas des corrélationsd’espace,
a étéreprise
par Chandrasekhar pour les corrélationsspatio-temporelles (1).
Chandrasekhar suppose la turbulencehomogène, isotrope
et stationnaire. L’ensemble de ces
hypothèses
necorrespond qu’approximative-
ment à la turbulence en
soufflerie, qui
subit, dansl’espace
ou dans letemps,
une évolution et ne peut par suite être à la foishomogène
et stationnaire. Mais c’est l’ensembled’hypothèses
desymétrie
leplus simple qu’on puisse imaginer,
celuigrâce auquel
leséquations,
les inconnues et les variables sont en nombre mini-mum. Il est donc
raisonnable,
au moins pour commencer, d’utiliser de telleshypothèses.
On introduit les corrélations
spatio-temporelles doubles, triples
etquadru- ple
s : ____________Les
Q ¡j,kt
sont reliés auxQij
par les relations ci-dessus. Leséquations
deNavier-Stokes, prises
aupoint xi t
del’espace-temps,
etmultipliées
paru’ k,
fournissent des relations entre les
Qij
et lesTij Multipliées
parut u’l,
ellesfournissent des relations entre les
Tii 1k
et lesQij,kl
. Onpeut
éliminer lesTi
entre ces relations et obtenir des
relations entre les Qij
z et lesQ L’hypo-
(1) A
theory of turbulence, Proc. Roy. Soc., série A, 229, pp. 1 à 19, 1955.thèse
statistique qui
relie lesQij
et lesQ¡j,kl permet
enfin d’éliminer les cor-rélations
quadruples.
A cause del’isotropie spatiale,
onpeut
d’autrepart
écrire:ou Q est une fonction de la distance
spatiale
r et de l’intervalle detemps .
. Ontrouve finalement que la fonction Q vérifie
l’équation
aux dérivéespartielles
où
est
l’opérateur laplacien isotrope
à 5 dimensions .Cette
équation
non linéaire n’est pas facile à résoudre. On en connaît certai-nes solutions
intéressantes,
obtenues parséparation
des variables.Lorsque
lenombre de
Reynolds
est trèsgrand (viscosité négligeable)
elle se ramène à l’é- quationou f est le coefficient de corrélation
spatio-temporel
entre lescomposantes
u1,u’1
de la vitesse en deuxpoints
M, M’ tels que le vecteur MM’ soitparallèle
à lavitesse d’ensemble. On connaît les solutions de cette
équation lorsque
f est voisinde 1, c’est-à-dire pour les
petites
valeurs de r et T .Si au contraire la viscosité
l’emporte
sur l’inertie, on obtientl’équation
c’est-à-dire
l’équation
de la chaleur dans un espace à 5dimensions,
que l’on sait résoudre.Cette théorie
peut
être considérée comme un outil de travail commode. Mais il est bien évidentqu’elle
nepeut
pas constituer une véritable théorie de la turbu- lence. Elle repose sur deshypothèses statistiques
difficilementjustifiables,
et, même avec leshypothèses
desymétrie
lesplus simples,
ellecondu.it
à deséqua-
tions difficiles à résoudre. Les méthodes
employées depuis vingt
ans pour essa- yer de construire une théoriemathématique
de la turbulence ontpartiellement
échoué. Nos connaissances sur la turbulence sontbeaucoup plus précises
etplus complètes qu’il
y avingt
ans.Cependant,
certainsproblème s e s sentiels ,
commecelui de la stabilité des écoulements et de la naissance de la ±urbulence, restent
encore mal
éclaircis,
et l’onpeut
direqu’on
ne soupçonne pas dansquelle
voie ilfaudrait
s’engager
pour arriver enfin à une théorie satisfaisante de la turbulence."M. le Président ouvre la discussion et demande notamment à M. Craya s’il veut
"prendre la parole" .
"M. Craya se défend, vu l’heure tardive, de présenter autre chose que de très brè-
"ves remarques. La
première
concerne la théorie de Chandrasekhar(1955),
ses liens pro-"fonds avec celle de Proudman et Reid
(1954)
et ses limitations; la manière de réaliser la"stationnarité notamment n’est pas très claire . La seconde remarque concerne la question
"controversée
(surtout
en France semble-t-il), deséquations
de Navier; sur ce point,"M. Craya pense qu’il est nécessaire d’utiliser, sous une forme ou sous une autre, l’infor-
"mation qu’elles contiennent et que, d’autre part, il ne semble pas qu’il y ait présentement
"de raisons sérieuses d’en douter".