G ERGONNE
Géométrie appliquée. Petit traité de perspective linéaire
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 13 (1822-1823), p. 181-192
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I8I
GÉOMÉTRE APPLIQUÉE.
Pelil traité dè perspective linéaire ;
Par M. G E R G O N N E.
PERSPECTIVE LINÉAIRE.
SUPPOSONS qu’un spectateur ayant
devant les yeux un riant paysage,on
interpose
entre lui et lesobjets qu’il contemple
unegrande glace verticale, parfaitement transparente;
il est clairqu’il n’y
aura abso-lument rien de
changé
pour lui. dans lespectacle qui
s’offrait d’abordà sa vue.
Considérons,
enparticulier,
unpoint appartenant
à l’un desobjets
dont ce
spectacle
se compose ; et concevons. un fil tendu de cepoint
à l’oeil du
spectateur
etperçant
laglace
enquelque endroit;
cetendroit sera
évidemment
celui à traversduquel
sera vu lepoint
dont il
s’agit.
Si
donc ,
en cet endroitmême,
onappliquait
sur laglace
unpoint
coloré et opaque, exactement de la- teinte souslaquelle
semontre
l’autre, placé
à l’extrémité dufil,
ce dernier cesserait d’êtrevisible ;
et-cependant rien,
dansl’aspect
desobjets,
ne seraitchangé
pour le
spectateur, puisqu’il
recevraittoujours,
dans les mêmes- direc-tions, les
mêmes sensations de couleursqu’auparavant.
Ce que nous venons de supposer pour un
premier point
desobjets placés
en vue duspectateur,
nous pouvons le supposer pour unsecond,
pour untroisième ,
pourdix , pour
cent , pourmille,
pourtous
enfin t c’est-à-dire ,
que nous pouvonsrernplacer
chacun d’euxTom. XIII ,
n.°VI, I.er
décembre I822. 26par un
point opaque convenablement coloré,
etappliqué à l’endroit
même de la
glace à
traverslequel
il est aperçu.Cette glace ,
devenue ainsi tout-à-fait opaque , ne laissera
plus
rien voir desobjets placés
derrièreelle ;
etcependant
lespectateur
cr,oiratoujours
apercevoir
ces mêmesobjets.
Que
sera donc devenue laglace
pour lespectateur ?
Elle seradevenue ce
qu’on appelle
untableau. L’objet général
de laperspective
est
d’enseigner
à colorer ainsi unesimple surface,
dé telle sortequ’elle offre,
pour unspectateur
convenablementsitué, le
mêmeaspect
que lui offriraientdes objets
cn relief distribués dansl’espace
d’une manière déterminée.
Remarquons,
avant d’allerplus
avant, I.° que , bienqu’on
supposecommunément,
et que nous ayons nous-mêmes le dessein de supposer dans tout cequi
vasuivre ,
que laglace
destinée à devenir untableau
est une surface
plane verticale ,
onpourrait ,
tout aussibien ,
lasupposer une surface
plane inclinée,
ou même une surface courbequelconque; 2.° que , bien qu’on
suppose aussi que lesobjets qu’on
a dessein de
représenter
sur le tableau sont situés derrièrelui ,
relativement au
spectateur ,
onpourrait également
supposerqu’ils
- sont, en tout ou en
partie ,
situés du même côté quelui ,
parrapport
au tableau.Nous
pensons même que des tableaux cons-truits dans cette dernière
hypothèse
seraientquelquefois susceptibles
d’un
très-grand
effet.Le
problème général
de laperspective
sesubdivise
tout naturel-lement en deux autres. On
peut ,
eneffet,
se demander i.° enquel point
du tableau doit êtrereprésenté
chacun despoints
desobjets
que l’on se propose
d’y
fairefigurer;
2.0quelle
couleur il fautappliquer
en cepoint
du tableau pourqu’il soit
en effet lareprésenta-
tion fidèle du
point
dont ils’agit.
L’art de résoudrecette
dernièrepartie
duproblème
a étéappelé perspective aérienne,
sans douteà cause de l’influence de l’air
interposé
entre l’cellet les objets
sur la couleur
apparente
de ceux-ci. Bien quecette partie de la
perspective soit, "jusqu’à
un certainpoint, susceptible
deprocédés ri-
LINÉAIRE. I83
goureux,
cependant ,
comme cesprocédés
nepourraient
être déduitsque de considérations
physiques
assezdélicates,
et dontl’application présenterait
des difficultés deplus
d’un genre, elle a été assezpeu cultivée;
et laplupart
despraticiens s’y
laissentguider
par le coup d’0153il et une sorte d’instinctqui
, comme onpeut
lecroire,
neles sert pas
toujours
aussi heureusementqu’on pourrait
le désirer.De là la distinction des écoles en école
Flamande,
écoleFrançaise,
école
Italienne,
etc. Il est évident que , si les vraisprincipes
étaientmis en
pratique , il n’y
auraitplus qu’une
écoleunique,
celle dela nature.
Quant
à lapremière partie - du problème,
comme elle est uneconséquence
fortsimple
desprincipes
de lagéométrie
laplus
ri-goureuse, il y a
long-temps
que tout le monde est d’accord sur les résultatsqu’on
en àoitobtenir , quoique
ceuxqui
en ont écritdiffèrent souvent dans le détail des
procédés qu’ils prescrivent
pourparvenir
à ces résultats.Comme,
dans cettepartie il
suffit detracer certaines
lignes
pour résoudre les diversesquestions qu’elle
peut offrir,
on lui a donné le nom deperspective
linéaire : c’est la seule dont il seraquestion
ici.Dans
tout cequi
vasuivre,
nous ne nous occuperons constammentque
du seul cas où le tableau est surfaceplane ;
et, pour fixer lesidées,
nous supposerons aussi constamment que cette surfaceplane
estverticale. Les
objets
àreprésenter
sur ce tableaupourront
d’ailleurs être indistinctementsupposés
en arrière ou en avant delui ,
parrapport
auspectateur.
Les
objets
àreprésenter
seront dits lesobjets originaux ,
et leurreprésentation
sur le tableau sera ditela perspective
de ces mêmesobjets.
1
D’après
la notion que nous avons donnée de laperspective,
onconçoit
aisément que le même tableau nepeut représenter
lesmêmes
objets originaux
que pour unspectateur unique ;
et encorefaut-il
supposer que cespectateur
n’aqu’un
oeil ouvert. A laI84
vérité ,
si ce tableaureprésente
desmontagnes,
desarbres, des
nuages , et en
général
desobjets susceptibles
de toutes sortes deformes
il arrivera seulementqu’il
nereprésentera
pas , pourdeux spectateurs ,
les mêmesmontagnes ,
les mêmesarbres ,
les mêmesnuages , etc. ; mais
si ,
aucontraire,
le même tableaureprésente
des
objets assujettis à
des formesdéterminées ,
desobjets
suscep- tibles dedescription rigoureuse tels ,
parexemple ,
que des mo-nuaiens
d’architecture ;
alors deuxspectateurs
non seulement nepourraient -voir ,
l’unet’l’autre ,
cesobjets
à ’leur véritableplace
;mais même ils
pourront paraître
tout-à-fait difformes pour l’un d’eux.Toutefois , lorsque
lespectateur s’éloigne
peu dupoint
où lepeintre
asupposé qu’il
sepla ccrait,
la déformation n’est pas très-choquante ,
sur-toutlorsque
le tableau est fait pour être vu d’un peuloin ;
et voilà aussi comment il estpossible
d’exécuter untableau
qui
fasse illusion à la fois àplusieurs spectateurs.
Lepeintre
doit alors supposer son
spectateur
idéal au centre des moyennes distances des têtes -de tous lesspectateurs ,
afin que la déformation desobjets
ne soit pastrop choquante
pour aucund’eux. C’est,
en
particulier ,
ce quepratiquent
les décorateursde
nosthéâtres , qui
supposent communément leurspectateur
au centre duparterre.
Avant de se proposer de
représenter
sur un tableau la pers-pective
de diversobjets originaux
réelsou supposés il
est -doncnécessaire de fixer le
point
del’espace
où l’on suppose lespectateur;
il ne l’est pas moins de fixer
aussi,
dansl’espace ,
la situation desobjets
que l’on se propose dereprésenter.
Onparvient
aubut ,
en rapportant
l’oeil et lesobjets ,
ainsi que laperspective
de cesderniers
, à certainsplans , à
certaines droites et a certainspoints
que nous allons faire connaître.
Outre le
tableau,
onconçoit
par l’oeil deux autresplans ;
l’unvertical et
perpendiculaire
auplan
dutableau , qu’on appelle ,
pour cette
raison ,
leplan vertical ;
et l’autreborizontal ,
et con-séquemment perpendiculaire ,
commele premier
, auplan du
ta-bleau ;
celui-ci estappelé
leplan
horizontal. Ces deuxplans coupent
I85
.
LINÉAIRE.
le tableau suivant deux droites perpendiculaires l’une à l’autre ap.
pelées respectivement la ligne
verticale et laligne horizontale , ,lesquelles
secoupent
en unpoint qui est évidemment la projection
de l’0153il sur -le’
tableau y
etqu’on appelle
lepoint
de vue.Enfin ,
on
appelle
rayonprincipal
la distance del’oeil,
aupoint
de vuec’est-à-dire ,
laperpendiculaire abaissée
de l’0153il sur le tableau(*).
Toute surface étant
composée
delignes
et touteligne
depoints
,le
problème
fondamental de laperspective
consiste àassigner
laperspective
d’unpoint original
donné. Cela revient évidement à chercheren
quel point
le tableau estpercé
parla droite qui joint
cepoint
à l’0153il du
spectateur.
Lorsqu’un point original
estdonné,
on doit connaître saprojection
sur le tableau et sa distance à cette
projection. Pour
que la situation de l’oeil soitdonnée,
il fautpareillement
connaître saprojection
sur le
tableau ,
que nous avonsappelée
lepoint
de vue , et sa distanceà cette,
projection,
que nous avons nomméele
rayonprincipal.
Ces deux dernières données sont invariables pour tous les
points originaux
que l’on se propose dereprésenter
sur le tableau.Soient donc TT le tableau
( fig. I ) ,
HH etVV
leslignes
horizon-tale et
verticale,
secoupant
aupoint
de vue0/, et
soit 00/ lerayon
principal,
-de telle sortequ’en
élevant auplan
du tableaupar le
point
0/ uneperpendiculaire égale à O’O ,
cetteperpendiculaire
aille se terminer à 1-’oeil du
spectateur.
(*)
Outre les troisplans
dont il vient d’êtrequestion,
lespraticiens
en con-sidèrent encore uu
quatrième
horizontalqu’ils
supposent être celui du terrainet
qu’ils appellent plan géométral ;
et ilsdonnent
le nom deligne
de terre àl’horizontale suivant
laquelle
ceplan
coupele
tableau ; mais ceplan
et cetteligne
sont de véritablessuperfluités , puisque
troisplans
suffisent pour. fixer fa situation despoints
del’espace ;
et d’ailleurs on né saitplus
oùplacer
l’un etl’autre
lorsque
le terrainn’est .pas
unplan horizontale
ainsiqu’il
peut Souv ont arriver.I86 PERSPECTIVE
Soient pareillement
pl laprojection
surle tableau du point origi-
nal,
dont on se proposed’assigner
laperspective,
et ppl sa distancea cette
projection ,
de telle sortequ’en
élevant auplan
du tableau par lepoint P’,
du côtéopposé
àl’0153il
ou du même côté quelui, Suivant que
lepoint original
est en arrière ou en -avant dece
tableau,
uneperpendiculaire égale
àPPr,
cetteperpendiculaire
aille se terminer au
point
dont ils’agit.
Ces
choses ainsientendues,
soit menée sur letableau,
une droiteO’P’ du
point
de vue 0’ à laprojection
pl sur ce tableau dupoint original qu’on
a desseind’y représenter.
Soit élevée à cette droite-au
point 01 , n’importe
dansquel
sens, uneperpendiculaire O’O,
d’une
longueur égale
au rayonprincipal.
Soit ensuite élevé à la mêmedroite ,
aupoint P’, en
sens contraire deO’O ,
ou dans lemême sens, suivant que le
point original
est en arrière ou en avantdu
tableau ,
uneperpendiculaire
P’P d’unelongueur égale
a ladistance de ce
point original
au tableau. En menantOP , coupant O’P’
en p, cepoint p
sera laperspective cherchée.
Si on
conçoit,
en effetque
l’on fasse tourner leplan
commundes
deux triangles rectangles
pO’O ,
p P’P autour de la droiteO’P’ ,
jusque
cequ’il
soit devenuperpendiculaire
à celui dutableau,
ilest visible que, dans cette
situation,
lepoint
0 se confondra avecl’0153il du
spectateur
et lepoint
P avec lepoint original ;
la droiteOP sera donc alors celle
qui
va de l’0153il à cepoint,
etqui
doitconséquemment
percer le tableau. aupoint cherché. Puis
donc quedans
le mouvement, lepoint
pde
cettedroite
nequitte
pas letableau ,
il s’ensuit que cepoint
est lepoint cherché.
Ce
procédé ,
comme l’onvoit,
estdéjà
fortsimple ; cependant
le
grand
nombre desperpendiculaires
de directions différentesqui"il obligerait
à mener,si
l’on avait àreprésenter
sur le tableau lesperspectives
debeaucoup
depoints,
le rendrait d’une exécutionun peu lente. On
peut
doncdésirer
de lesimplifier,
et c’est unechose extrêmement
facile,
comme on va le voir.Il est connu
que, lorsque
deux.triangles semblables
ontleurs.
LINÈAIRE. I87
côtés
homologues parallèles , les droites qui joignent
leurssommets
homologues
concourent en unmême point.
Tout étant donc d’ailleurs dans lafigure
2 , commedans
lafigure
i , si l’on porte O’O surW
enO’O’’,
et que dupoint
P’ on élève une verticale P’P’’égale
àP’P ,
enjoignant
OO’’ etPP’’ ,
lestriangles
isocèles semblables OO’O’’ etPP’P’’ auront leurs côtés
homologues parallèles;
d’où il suit que lepoint cherché p
sera tout aussi bien déterminé par l’intersectionde O’P’ avec O’’P’’ que par son intersection avec OP.
Voici donc
présentement
àquoi
se réduit leprocédé ( fig.
3).
On
prendra
sur VV au-dessous dupoint
de vue 0/ unelongueur
0/0
égale
au rayonprincipal ;
et lepoint
0 se trouvera ainsi dé-terminé une fois pour toutes , et pour tous les
points
dont on pourrase proposer d’obtenir la
perspective.
Soit donc pt laprojection
del’un de ces
points
sur letableau ;
on élèvera on on abaissera en cepoint ,
suivant que lepoint original
sera en arrière ou en avantdu
tableau,
une verticale P’Pégale
à la distance de cepoint original
autableau ;
menant ensuite OP etO’P’ ,
leur intersection p sera laperspective
cherchée.La
perspective
d’uneligne
droite oucourbe , plane
ou à doublecourbure ,
est évidemment l’ensemble desperspectives
de tous sespoints ;
c’est la suite despoints
où le tableau estpercé
par les droites menées de l’oeil à tous lespoints
de laligne originale
dontil
s’agit ;
c’estdonc,
en d’autres termes , l’intersection duplan
dutableau avec une surface
conique qui , ayant
son sommet àl’0153il ,
passe par cette
ligne originale.
Laperspective
d’uneligne
est doncune autre
ligne.
En
particulier, lorsque
laligne originale
estdroite, la
surfaceconique
se réduit à unplan qui
coupe le tableau suivant une autredroite.
Ainsi,
laperspective
d’uneligne
droiteest elle-même
uneligne droite;
de sortequ’il suffit , pour la déterminer , d’assigner
les
perspectives
de deuxquelconques
despoints
de la droiteoriginale ;
ce
qui
ramène leproblème
auprécédent;
maisnous allons voir
PERSPECTIVE
qu’on
peu souventparvenir
au but d’une manièrebeaucoup plus sim ple.
D’abord, si
une droiteoriginale
estparallèle
autableau
sa pers-pective
lui seraparallèle ;
car d’une part elle devra être avec elle dans un mêmeplan passant par
et de l’autre elle nepourrait
ren-contrer- la droite
originale
sans que celle-ci ne rencontrât le tableauauquel
onla
supposeparallèle.
La
perspective
d’une droiteoriginale parallèle
au tableau est doncaussi parallèle
à laprojection
de cette droite sur letableau, y projection qui
est censéedonnée;
de- sorte que, pour obtenir laperspective
de-mandée,
il nes’agit
qued’assigner
laperspective
de l’un despoints
de la droite
originale ,
et de mener ensuite par cetteperspective ,
une
parallèle
à laprojection-
de cette même droite sur le tableau.On volt
par là qu’en particulier
si la droite dont ils’agit
est ho-rizontale ou
verticale ,
et c’est le cas leplus ordinaire,
saperspec-
tive le seraégalement
Supposons, présentement
que la droiteoriginale dont on
veut ob-tenir la
perspective
ne soitpoint parallèle
autableau ,
elle percerace tableau en, un
point qui
sera à lui-même saperspective.
Si en-suite
anconçoit
par l’oeil uneparallèle
à cettedroite,
cetteparallèle
percera aussi le tableau en un
point ;
et il est encore aisé de voirque ce
point
sera aussi un despoints
de laperspective cherchée ;
on aura, donc cette
perspective,
enjpignant
cesecond point
aupre- mier
par unedroite.
Il résulte de
cette construction
que les,perspectives
de tant dedroites
originales parallèles
entre ellesqu’on voudra,
concourent toutesen un
même. point , lequel n’est
autre que celui où- le - tableau- estpercé par
laparallèle
commune a cesdroites
conduite parl’0153il.
Il ne
s’agit donc ,
pour tracer cesperspectives ,
que de déterminerce
point,
et de lejoindre successivement
pardes droites,
avecceux où les
droites. originales percent le
tableau.On
voit qu’en particulier lorsque
les droitesoriginales
sontperpendiculaires
autableau ,
leursperspectives
concourent toutes auLINÉAIRE. I89
au
point
de vue; dans le cascontraire,
lepoint
ou concourentces
perspectives
estappelé point
de vue accidentel.Il n’est pas
difficile , d’après
cequi précède ,
dedéterminer
laperspective
d’unpolygone
ou d’uneportion
depolygone rcetiligne , plan
ougauche ; puisqu’il
nesagit
pour cela que dejoindre
par des droites lesperspectives
de ses sommets ; cequi
donne unpolygone
ou
portion
depolygone plan rectiligne.
S’il
s’agit
de laperspective
d’une couibeplane
ou à doublecourbure . on
prendra
sur elle despoints
assez voisins les uns desautres pour que les cordes menées consécutivement des uns aux
autres se confondent sensiblement avec leurs arcs; ce
qui
ramenerala
question
au casprécédent. Mais , lorsque
la nature de la courbeoriginale
est connue , on enprofite
poursimplifier
la recherche desa
perspective. Si ,
parexemple
cette courbe est uncercle ,
sa pers-pective
devra être une sectionconique,
dont il suffira de déterminer lesquatre
sommets pour être en état de la construire.S’agit-il
de laperspective
d’un corps ; tout sc réduit àassigner
_la perspective
de laligne qui sépare
laportion
visible de sa sur-face de sa
portion invisible ; laquelle ligne
pourra être unpolygone rectiligne plan
ougauche ,
ou une courbeplane
ou à doublecourbure ,
cequi
rentrera dans l’un des casprcccdens.
En par-ticulier,
si le corps est unesphère ,
cetteligne
sera uncercle ; la perspective
de lasphère
est donc encore une sectionconique (*).
On suppose
quelquefois ,
dans lapratique ,
que l’0153il se trouveinfiniment distant du
tableau,
sur une droiteoblique
auplan
dece tableau. Les
perspectives
des différenspoints originaux
sont alorsles
points
où le tableau estpercé
par lesparallèles
menées parces
points
à la droite surlaquelle
on suppose l’0153il situé. On enuse
ainsi,
enparticulier
pour lesfigures
de lagéométrie
à troisdimensions ,
pour les dessins de machines etd’appareils ,
ou pour(*)
Voyez ,
sur cesujet ,
la page 311 du VII.e volume de recueil.Tom. XIII. 27
ceux des monumens d’architecture
isolés ;
parcequ’en
mêmetemps
que les
procédés
en deviennentplus simples,
lesreprésentations
desobjets
en sontmoins,
altérées.l’racer une carte de
géographie ,
c’est tracer , sur une surfaceplane,
laperspective
d’uneportion plus
ou moins étendue de la surface d’unglobe
terrestre, réel oupurement
idéal. Le tracé descartes
géographiques
n’est doncqu’une simple application
desprin- cipes
de laperspective ;
et , suivant les diverses situations que l’onsuppose
auplan
de la carte et à l’oeil duspectateur ,
parrapport
au
globe
terrestre, on obtient différenssystèmes
de cartes. Dansle
système
dePtolémée ,
parexemple,
leplan
du tableau estcelui d’un
grand cercle ,
et l’oeil duspectateur
est àl’un
de sespôles.
Il en résulte de ce doubleavantage
que lesperspectives
descercles de la
sphère
sont elles-mêmes descercles,
et que les pers-pectives
de deux cercles secoupent
sous le mêmeangle
que cescercles eux-mêmes
(*).
L’art
d’assigner
lafigure
des ombres des corps , sur les surfaces où elles seprojettent ,
ou ce que l’onappelle
la théorie des om-bres ,
estégalement
uneapplication
de laperspective
linéaire. On voit en effet que , pour résoudre lesquestions
du domaine decette
théorie ,
il n’estquestion
que de considérer la lumière comme l’oeil duspectateur
, le corps(lui projette
une ombre commeun
objet original,
et la surface surlaquelle
cette ombre se pro-jette
comme le tableau. La recherche de l’ombre se réduira à celle de laperspective
sur ce tableau del’objet original.
Il arrivera seulement ici que les
objets originaux
seront cons"tamment en avant du
tableau ,
parrapport
auspectateur.
En par-ticulier,
s’ils’agit
d’ombressolaires , à
raison de l’excessive distance où nous sommes dusoleil,
on retombera sur le cas où l’oeil estinfiniment
éloigné.
(*)
Voyez ,
sur cesujet
la page I56 du XI.e volume de ce recueil.LINÉAIRE.
I9IS’il s’agit
defigurer ,
dans untableau ,
les ombres clueprojettent
les corps
qui
y sontreprésentés ,
il faudra d’aborddéterminer ,
parce
qui précède, quelles
seraient les ombres effectives desobjets originaux,
et tracer ensuite laperspective
de cesombres ;
on feradonc,
dans ce cas , uneperspective
deperspective.
En un
point quelconque
d’une surfaceplane
oucourbe , pris
pour centre d’un cadran solaire que l’on se propose de tracer sur
cette
surface,
soit fixé unstyle parallèle à’
l’axe dumonde,
En unquelconque
despoints
de la direction de cestyle ,
concevonsqu’on
lui élève,
dansl’espace, 24 perpendiculaires ,
faisant consécutivernel t desangles égaux
entre eux, etconséquemment
de I5° chacunen
dirigeant
d’ailleurs cesperpendiculaires
de telle sorte que deuxperpendiculaires opposées
soient avec lestyle
dans un mêmeplan
vertical.
Soit ensuite un
point lumineux , placé
sur le mêmestyle ,
au-delà du
pied
commun des24 perpendiculaires ;
par l’effet de l’exis-tence de ce
point ,
celles-ciprojetteront,
sur la surface àlaquelle
le
style
estfixé ,
des ombres que l’on saura déterminerd’après
cequi précède :
or , ces ombres ne seront autre chose que leslignes
horaires du cadran
à construire.
Lagnomonique
est donc unesimple application
de la théorie des ombres.-
Ainsi ,
le tracé des cartesgéographiques ,
la théorie des ombreset la
gnomonique
ne sont que desapplications
toutessimples
dela
perspective
linéairequi
repose elle-même sur les notions lesplus élémentaires
de lagéométrie.
On a écrit sur toutes ces
choses ,
al’usage
despraticiens ,
desgros traités
qui
sont d’ordinaireprécédés
dequelques
notions degéométrie.
Peu de ces ouvrages sont utiles à ceux pourqui
ilssont
écrits,
tant parce que les notions degéométrie qu’ils
renfer-ment sont
superficielles
etincomplètes,
que parcequ’on
ne sanrait y considérer tous les cas ; de sorte que,lorsque
lespraticiens
se trouventdans des circonstances que leur livre n’a pas
prévu,
ils ne saventplus quel parti prendre.
Aussi trouvent-ilstoujours
ces sortes d’ou-vrages
trop
courts. Les véritablesgéomètres,
aucontraire,
les trouventtrop longs ,
ouplutôt
ne les lisent pas , parcequ’ils
n’en ont pasbesoin.
Lespraticiens
feraient doncbeaucoup
mieux de laisser làleurs gros livres et d’étudier la
géométrie ;
car . en mêmetemps
que tout alors leur deviendraitaisé ,
ilsposséderaient
une sciencede
plus, qu’ils pourraient appliquer
àbeaucoup
d’autres choses.On a vu autrefois des
professeurs fatiguer
leursélèves ,
et leurfaire consommer
beaucoup
detemps
pour leurenseigner
à résoudrepéniblement,
sans le secours del’algèbre
ou du calculdifférentiel ,
desproblèmes de géométrie qui
auraient cédé sans effort àl’emploi
des
procédés
de l’une ou de l’autre. Ilscroyaient
gagner dutemps
et ne
voyaient
pasqu’ils
enperdaient réellement,
et laissaient enmême temps
Ignorer
, à ceuxqu’ils enseignaient l’usage
de deuxleviers
puissans,
et d’un service très-étendu.Aujourd’hui même,
dans noscolléges,
on donne desleçons
decosmographie ,
degéo- graphie
et decristallographie
à des élèvesqui
n’ont pas les pre- mières notions de lagéométrie , qu’on
apourtant
dessein de leurenseigner
ensuite. On sent assez combien cesleçons peuvent
leurêtre r
intelligibles
etprofitables.
Lorsqu’une
science en domine ainsi ungrand
nombred’autres ;
on ne
saurait
laplacer
tropprès
de l’entrée des coursd’étude;
etc’est sans doute le
parti qu’on prendrait
relativement à lagéomé- trie,
si ceuxqui
ont la directionsuprême
del’enseignement
n’étaientpas d’ordinaire