A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
J EAN B ERTOIN
Sur la décomposition de la trajectoire d’un processus de Lévy spectralement positif en son infimum
Annales de l’I. H. P., section B, tome 27, n
o4 (1991), p. 537-547
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Sur la décomposition de la trajectoire d’un processus de Lévy spectralement positif
en soninfimum
Jean BERTOIN
Laboratoire de Probabilités (L.A. n° 224), Tour 56, Université Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05, France
Vol. 27, n° 4, 1991, p. 537-547. Probabilités et Statistiques
RÉSUMÉ. - Soit X un processus de
Lévy spectralement positif qui
dérivevers + 00. On montre que le processus
pré-infimum
a même loi que le processus deLévy
obtenu en conditionnant X à dériver vers - oo, et tuéquand
il atteintl’opposé
d’une v. a.exponentielle indépendante.
On étendensuite le théorème de Pitman inverse pour donner une construction
trajectorielle
du processus X conditionné à dériver vers - oo àpartir
duprocessus
post-infinum.
Mots clés : Décomposition de trajectoires, processus de Lévy spectralement positif, théo-
rème de Pitman.
ABSTRACT. - Let X be a
spectrally positive Lévy
process that driftsto + 00. We show that the
pre-infimum
process has the same law as theLévy
process obtainedby conditioning
X to drift to -~, and killed at the firsthitting
time of theopposite
of anindependent exponential
r. v.Then,
we extend the inverse Pitman’s Theorem togive
apathwise
construc-tion of the process X conditioned to drift to - oo from the
post-infimum
process.
Classification A.M.S. : 60 J 30.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques - 0246-0203
0. INTRODUCTION
Williams
[10]
a montré que,quand
ondécompose
latrajectoire
d’unmouvement brownien avec dérive 8 > 0 en
l’unique
instant enlequel
elleatteint son minimum
absolu,
on obtient deux processusindépendants.
Leprocessus
pré-minimum
est un mouvement brownien avec dérive - 8 tuéau
premier temps
d’atteinte del’opposé
d’une v. a.exponentielle indépen- dante,
et le processuspost-minimum
est un mouvement brownien avecdérive 8 conditionné à rester
positif.
Ce résultat a suscité une abondantelittérature,
diverses extensions en ont étédonnées,
et dans cettedirection,
un des travaux les
plus accomplis
est sans doute celui de Millar[6]
quenous
rappelons partiellement
ci-dessous(voir également
Greenwood-Pitman
[4]
pour uneapproche simplifiée
par la théorie desexcursions).
Soient X un processus de
Lévy,
etX
son processus infimum.Quand
Xdérive
vers+00,
c’est-à-direquand lim Xt = +~
p. s., on noteou Xt _ = X~ ~,
le dernier instant enlequel
X atteintson infimum
(éventuellement
comme limite àgauche).
On a leTHÉORÈME
(Millar). -
Si X dérive vers + ~, le processuspost-infimum t >_ 0) a
même loi que X conditionné à resterpositi, f :
Deplus,
ilest
indépendant
du processuspré-infimum
0 _ tp).
Ce théorème n’étend toutefois que
partiellement
celui deWilliams, puisqu’il
ne décrit pas le processuspré-infimum.
Nous nous intéressons ici au cas où X est un processus de
Lévy spectralement positif (p.L.s.p.),
c’est-à-dire que X a des accroissementsindépendants
ethomogènes,
et n’a pas de sautnégatif.
Nous montronsque le théorème de Millar
peut
alors êtrecomplété
de lafaçon
suivante :le processus
pré-infimum
a la même loiqu’un
second processus deLévy (obtenu
en conditionnant X à dériver vers -oo)
tué en sonpremier temps
d’atteinte del’opposé
d’une v.a.exponentielle indépendante.
Ce résultat repose sur la théorie des excursionsqui
estparticulièrement simple
àutiliser dans le cas
présent,
car ondispose
dedescriptions explicites
de lamesure des excursions de X au-dessus de son infimum.
Rogers-Pitman [9]
ont donné uneapproche élégante
de ladécomposition
de Williams à
partir
d’une extension du théorème de Pitman[7]
pour le mouvement brownien avec dérive. Plusprécisément,
ces auteurs ont mon-tré que si X est un mouvement brownien avec dérive
b E (~B~ 0 ~,
et siX
est son processus
suprémum passé,
alors 2 X - X est un mouvementbrownien avec
dérive 8 ~ conditionné
à resterpositif.
Deplus,
cette trans- formation destrajectoires
est inversiblequand ~ > 0,
car alorsX
est leprocessus infimum futur de
2 X - X,
et la transformation inversepermet
de reconstruire un mouvement brownien avec dérive ô > 0 àpartir
duprocessus conditionné à rester
positif.
Le théorème de Williams découleAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
alors du fait que la loi du processus
conditionné
à resterpositif
nedépend
pas du
signe
de 8. D’autrepart,
dans[ 1 ],
nous avons étendu le théorème de Pitman « direct » de lafaçon
suivante : si X est unp.L.s.p., X
sonprocessus
suprémum passé, XC
lapartie
continue deX,
etJt
la somme dessauts effectués par X en les
temps s _ t
enlesquels X
saute, alorsX - 2 X‘ - J
a même loi que X conditionné à resternégatif.
On noteraqu’il
esttoujours possible
de conditionner unp.L.s.p.
à resternégatif (même
s’il dérive vers+00),
et que la transformation destrajectoires qui permet
d’étendre le théorème dePitman,
n’est pas inversiblequand
X ades sauts.
Nous obtenons ici une extension du théorème de Pitman « inverse » :
X étant un
p.L.s.p. qui
dérive vers + oo, onnote X
le processus infimum futur deX, X’
lapartie
continue deX,
etJt
la somme des sauts effectuéspar X en les
temps s t
enlesquels X
saute. Le processusX - 2 c -1
aalors même loi que X conditionné à
dériver
vers - oo . Cerésultat,
associéau théorème de
Millar,
donne une transformationtrajectorielle permettant
de passer de la loi de X conditionné à rester
positif
à celle de X conditionné à dériver vers - oo . Cette fois encore, la transformation n’est pas inversiblequand
X n’est pas continu. On notera quequand
X dérive vers - oo, c’estle processus
post-suprémum qu’on
construit àpartir
du processusinitial,
alors que
quand
X dérivevers+00,
c’est le processus conditionné à dériver vers - ooqu’on
construit àpartir
du processuspost-infimum.
Cettedichotomie
apparaissant
dans les extensions du théorème de Pitman enprésence
des sauts de X semble assez intéressante.Avant d’établir les résultats que nous avons
annoncés,
il nous faut fairequelques rappels
sur lesp.L.s.p.
Nous renvoyons le lecteur à[1]
et[2]
pour de
plus amples
détails.I. PROCESSUS DE
LÉVY
SPECTRALEMENT POSITIF SoitQ, l’espace canonique
destrajectoires càdlàg
c~ à durée de vie~ _ ~ (~),
etX,
le processus des coordonnées. On munit Q de latopologie
de Skorokhod et de la filtration naturelle
(~ t, t >_ 0).
Pour toutt ~,
onnote
Si A est un borélien de
l~,
ondésigne respectivement
par T(A)
et 6(A),
lepremier
et le derniertemps
de passage en A : T(A)
=inf ~
t >_0, Xt
EA ~
etOn munit
(Q, g; xJ
d’une loi deprobabilité P
qui
fait de X unp.L.s.p.
issu de0,
et on noteP~
la loi de X + x sous P.Le cas où P est la loi d’un subordinateur ne
présente
aucun intérêt pour notreétude,
il seratoujours implicitement
écarté.D’après
la formule deLévy-Khintchine,
on a pouroù et II est une mesure sur
]o, oo [
telle que Onappelle 03A8 l’exposant caractéristique
de P etII,
sa mesure de
Lévy.
Onnote 3,
laplus grande
racine réelle del’équation
~’ (z) = 0 (soit 3 = o,
soit 0et 3
sont les seules solutions del’équation).
Enappliquant
le théorème d’arrêt à lamartingale exp { -
aX t -
‘~(a) t ~ (a
>3)
et en utilisant le fait que X n’a pas de saut
négatif,
il vient :On montre à l’aide de
(1) que P
dérive vers +00(i. e. lim Xt ==
+00 P-p.
s.)
si et seulement si3 > o,
etque P
dérive vers - oo(i. e.
limXt
= - o0t~~
IP-p. s.)
si et seulement si3 = 0
et ~’(0)
> o.Quand P
dérive vers + oo, on introduit pour toutx > o,
la loi condition- nelleIP l = Px(.X~
>0).
Si deplus
0 estrégulier
pour]0, oo[,
il est facilede voir que
~x
converge au sens de Skorokhodquand xt 0
vers une loinotée P~,
etque P~ est
la loi du processuspost-infimum
intervenant dans le théorème de Millar. Demême, quand P
dérive vers - 00, on note~x = ~’X ( . ( X~ o) (x o).
Cettefois,
lepoint
0 esttoujours régulier
pour] - oo, 0[,
et~x
converge au sens deSkorokhod, quand xi 0
vers une loinotée IPt (qui,
biensûr,
est la loi du processuspost-suprémum).
Dans lesdeux cas, les
lois P~et P~
t sont fortement markoviennes. Onpeut
calculer leurs résolvantesgrâce
à la factorisation deWiener-Hopf (qui
estexplicite
pour les
p.L.s.p.)
et au théorème deSpitzer-Rogozin.
Dans le cas où P dérive vers - 00 on a l’extension suivante du théorème de Pitman
[7] déjà
mentionnée en Introduction : siXc désigne
lapartie
continue du processus croissant
X,
etJ,
la somme des sauts de X à traversson ancien
suprémum,
c’est-à-direJt== L
alorsSt
Plus
généralement, (2)
reste vrai même si P ne dérive pas vers - oo(il
fautalors définir la loi
conditionnelle P~
au moyen d’uneh-transformation).
Enfin,
nous utiliseronsquelques
résultats sur le processus réfléchiX - X.
Pour
simplifier,
nous supposeronsjusqu’à
la fin de ceparagraphe
que 0Annales cle l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
est
régulier
pour]o, oo [
sous Pce qui équivaut à ou
( 1 n x) dII (x) = oo ,
etque P
dérive vers+00. Le processusX - X
estfortement
markovien,
et lepoint
0 estrégulier
et récurrent. D’unefaçon générale,
on nepeut
pas reconstruire X àpartir
deX - X,
car latrajectoire
de
X - X
a oublié lesparties
des sauts deXt
au-dessus deXt -.
Afin deremédier à cette
perte d’information,
on décide de noter~,
la mesured’excursion de
X - X,
mais où on aremplacé
la valeur de 0prise
par l’excursion à sontemps
demort ç
par laquantité X~ - X~ _
parlaquelle
Xdépasse
son anciensuprémum.
Autrementdit, jl
est la mesure d’excursion du processus(Xt-Xt-, t _> o).
Si P n’a pas departie brownienne,
c’est-à-dire si 03C30 =
0, alors
est décrite parvoir [1],
corollaire 1. Lapartie 3 (a)
est un casparticulier
du théorème 1de
Rogers [8].
II. DESCRIPTION DU PROCESSUS
PRÉ-INFIMUM
Nous supposons dorénavant
que P
dérive vers +00. Il existe donc ununique réel ~ > 0
tel que ~’(3)
= 0. Nous savonsqu’alors
exp(
- 3Xt)
estune
P-martingale positive,
et nous introduisons laNotons que
quand P
est la loi du mouvement brownien avec dérive b >0,
P* est la loi du mouvement brownien avec dérive - Õ
d’après
la formulede Cameron-Martin. D’autre
part,
pour la théorie dupotentiel,
la fonctionh (x) = e - 3x
estharmonique (même invariante) positive
sous[P,
et P* estla loi du
h-processus correspondant.
Nous dironsque P*
est obtenue enconditionnant P à dériver vers - oo .
Le
point important
est est la loi d’un nouveau processus deLévy.
Eneffet,
sis _ t
et si nous avonsDonc P* est la loi du
p.L.s.p. d’exposant caractéristique
~’*(z)
_’~(z
+3).
Cette mesure de
probabilité
a été introduite parDoney [3].
Notons encoreque ~* > 0 sur
]0, oo [ et
que la dérivée àl’origine
de T* vaut~’ (3 + ) > o,
et donc que [P* dérive vers - oo. Ses éléments
caractéristiques
sont :Le lemme suivant
justifie
laterminologie
« P* est la loi du processus deLévy
initial conditionné à dériver vers - oo » : :LEMME 1. - Pour tout x >
0,
le processus(Xt,
0 t 03C4(
-x))
a même loisous
L~ ( . ~ ~ ( - x) oo )
que sous ~ * .Preuve. - Pour tout
A E t,
on a Il endécoule que pour tout
y > 0
etA E ~ ~ ~ _ x~ ~ z E~y,
~ ~ ~, on aQuand
on faittendre y
versl’infini,
le terme de droite dans la sommeconverge vers
0,
et celui degauche
versf~ (A ~ ~ ( - x) oo).
0Nous avons maintenant tous les
ingrédients
pour énoncer leTHÉORÈME 2. - Sous
P,
le processuspré-infimum (Xt,
0 _ tp)
a mêmeloi
que le
processus© ~
t i(
-e))
sous oû e est une v. a.exponentielle
de
paramètre ~, indépendante
de X.Preuve. - Sous (~ comme sous
[P*, X - X
est un processus de Markovfort, et - X
est sontemps
local(canonique)
en 0. Deplus,
0 est unpoint
récurrent pour X - X sous
P*,
mais pas sous P. Si ondésigne respective-
ment par p et
Jl*
les mesures d’excursioncorrespondantes,
le lemme 1 setraduit
par l’identité
La théorie des excursions entraîne alors que la loi de
((X - ~)t, 0 _ t p)
sous P est la même que celle de
((X - X)~,
0 _ t I( - e))
sous où e estune variable
exponentielle indépendante
de X - X. Letemps
local étanten
particulier
une fonctionnelleadditive,
onpeut reconstruire X
àpartir
du processus réfléchi
X -,
etdonc,
les lois de(Xt,
(~ etde
(Xt,
sous P* sont les mêmes.Enfin,
le fait que le para- mètre de eest 3
découlede { 1 ).
DRemarques. -
1. On serait tenté de penser paranalogie
que sousP*,
le processus
pré-suprémum
a même loi que(Xl’ o _- t T)
sousP,
où Test le
premier
instant enlequel
letemps
local en 0 deX - X
atteint unecertaine v. a.
exponentielle indépendante.
Enfait,
même si ces deux lois seAnnnles de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
ressemblent
beaucoup [si ~
etu*
sont les mesures d’excursion deX - X
sous [P et sous [P*
respectivement,
on vérifie que pour toutx > o,
les loisconditionnelles jl ( . |03C9 (03B6-) = - x)
etj* ( . |03C9 (03B6-)= - x)
sontidentiques],
elles sont différentes :
Le processus
pré-suprémum
ne semble pas avoir dedescription simple
sousP*.
2. P. Vallois m’a fait remarquer
qu’on peut également
montrer lethéorème 2 en calculant la
projection
dualeprévisible
de la masse de Diracen p.
En
appliquant
le lemme 1 à ladescription
de la mesure des excursions de X hors de 0 obtenue dans[ 1 ],
on remarquera encore l’identité suivante pour le processuscanonique
tué en son derniertemps
de passage en 0 :COROLLAIRE 3. - Le processus
(Xt,
Q _ t ~(0))
a même loi sous P quesous P*.
Preuve. -
Supposons
tout d’abord que P n’a pas departie
brownienne.On vérifie en
appliquant
le lemme 1 et la remarquequi
suit le corollaire 1 de[1],
que les mesuresd’excursion p
etJl*
de Xrespectivement
sous P etsous
P*,
coïncident surl’ensemble {03BE~}
des excursions à durée de viefinie,
etque ~ ( ~ ~ = oo ~ ) _ ~,* ( ~ ~ = oo ~ ).
Lepoint
0 n’étantjamais collant,
ceci établit le corollaire 3.
Enfin,
le casgénéral
en découle parapproximation.
DIII. UNE EXTENSION DU
THÉORÈME
DE PITMAN INVERSE L’extension du théorème de Pitman « inverse » que nous obtenonsici,
repose en
partie
sur une version renforcée du lemme de dualité liantet
X-X (rappelons que x
est le processus infimumfutur).
L’énoncépeut paraître
un peucompliqué,
mais c’est sous cette formequ’il
noussera utile.
Signalons
encorequ’il
est vérifié defaçon générale
par tous les processus deLévy
dérivant vers + oo(sans hypothèse particulière
sur lesupport
de la mesure deLévy).
Nous introduisons tout d’abord les nota- tions suivantes :Pour tout
t>O,
ondésigne
par etles extrémités
gauche
et droite de l’intervalle d’excursion deX-X
hors de 0qui enjambe
t. Onnote (X - X),
leprocessus obtenu en retournant une à une les excursions de
X - X,
i. e.LEMME 4. - Sous
P,
les processus([X - X, X -
+ r, t>_- 0)
et([~ (X - X)t, Xd ~t~],
t >_0)
ont même loi.Preuve. - Considérons 8 >
0,
et notons~E,
la loi de X tué en untemps exponentiel indépendant
deparamètre £
sous P. Nous travaillerons sousP~
jusqu’à
mention du contraire. Nous savons que les processus(Xt, 0 _ t ~)
et(X~ _ - X~~ _ t~ _ , 0 _ t ~)
ont même loi. Nous en déduisons queSoient L un
temps
local en 0 pourX - X,
etL -1,
son inverse continu à droite. Le processusqui
àt L (~)
associeest un processus de Poisson
ponctuel
tué entemps exponentiel indépendant (voir
parexemple Greenwood-Pitman [4]).
Il a donc même loi que son retourné.Rappelons
encore que, 0 étantrégulier pour] - 00, 0[,
toutes lesexcursions de
X - X quittent
0 continûment(voir Rogers [8])
c’est-à-dire que les sauts éventuels deX
ont nécessairement lieu à la fin des excursions deX - X.
Il découle alors des mêmesarguments
que ceuxdéveloppés
dansGreenwood-Pitman
[4], § 4,
que les processuset
ont même loi. Comme p est le
premier
instant enlequel X -
vaut0,
nous déduisons de
(4)
queet
ont eux aussi même loi sous Il ne reste
plus qu’à
faire tendre Evers 0. D
Remarques. -
1. Un résultatplus simple (et plus classique)
consiste à énoncer que les processusX - X
etX - X
sont markoviens sousP,
et que leurssemi-groupes
sont en dualité faible parrapport
à une loi deprobabi- lité 11 (rt
est la mesure invariante obtenue comme limite de la loi deAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
(X - X)~ _
sousquand s’ 0,
sa transformée deLaplace
est donnée dans laproposition
1(b)
deBingham [2]).
Nous renvoyons le lecteur à Le Jan[5]
pour une étude
générale
de cette relation de dualité et pour le lien avec le retournement dutemps.
2. Il est intéressant de noter que
quand
0 estrégulier
sous[P,
ce lemmepermet
detransposer
l’identité de Fristedt(voir
parexemple [4])
à la loisi
L -1 désigne
l’inverse continu à droite d’untemps
local en 0 pourX-X,
on aNotons maintenant
X~,
lapartie
continue du processuscroissant X [par convention, X~ (0)
=0]. Désignons
encore parJt,
la somme des sauts effec-tués par X en les
temps s t
enlesquels X
saute :Nous avons le
THÉORÈME 5. - Sous
P ,
le processus X - 2X~ - J
a pour loi ~*.Preuve. - Le théorème 5 découle
d’arguments
trèsproches
de ceuxde
[1].
Nous nous contentonsd’indiquer
lesprincipales étapes
sans entrerdans les détails
(le
lemme 4 ramène enparticulier
tous les calculs à ceuxdéjà
effectuésdans [1]).
Sauf mention ducontraire,
nous travaillons sous P.Supposons
tout d’abordqu’il n’y
a pas departie brownienne,
i. e.60 = o.
L’ensemble des
temps
enlesquels (X - X)P + ~ = 0
ou(X - X)p + ~ _ = 0
est
régénératif (d’après
le lemme4). Notons y
la mesure d’excursion de(Xp + t - - X P + t, t > 0),
c’est-à-dire la mesure d’excursion de(X - X)P + .,
maisoù on a
remplacé
la valeur initiale de l’excursion parl’opposé
du saut deX
au début de cette excursion.D’après
les lemmes 1 et 4 et(3),
on aDe
façon heuristique,
on recolle bout-à-bout les excursions(indépendantes)
de en
supprimant
le saut au début dechaque
excursion. Le processus ainsi obtenu est(X - J)P + . - X ~ .
Il a pour loi P*d’après 5 (b)
et la
propriété
forte de Markov pour les processus deLévy.
Nous ren-voyons le lecteur à
[ 1 ],
lemme3,
pour une formulationrigoureuse
de cesarguments.
Onapplique
le théorème 2 et le théorème de Millar pourrecoller le processus
pré-infimum (Xt, 0 _ t p)
à(X - J)P+ .,
et on voitque X - J a pour loi P*.
Or, quand ~° = o, X
est un processuspurement
discontinu,
etd’après
le lemme4,
c’est aussi le cas pourX.
Le théorème 5est donc établi.
Enfin,
on passe au cas a~ = 1 parapproximations.
On noteB,
lapartie
brownienne de
X,
et onapproche
B p. s. uniformément sur toutcompact,
par une suiteB",
où B~‘ est un processus de Poissoncompensé
d’intensité
( 1 /En)2,
avec etII ( ~ ~n ~ ) = o.
NotonsX° = X - B,
lapartie
non brownienne de
X, qui
estindépendante
de B. On pose X~‘ =X°
+Bn,
et on note avec un
exposant n
tout cequi
est relatif à X". Ondécompose
en
développant
leproduit
c’est-à-dire que K"
(resp. M")
est la somme des sauts de X"provenant
dessauts de
X° (resp.
deB"),
et L"(resp.N")
est la somme desparties
dessauts de X"
dépassant Xn,
sur l’ensemble destemps
enlesquels Xn
saute,quand
on neprend
encompte
que les sautsprovenant
des sauts deX° (resp.
deB").
On montre aisément que K"(resp. L")
converge p. s.uniformément sur tout
compact
vers lapartie
discontinue deX,
i. e.(resp.
vers la somme des sauts deXt
au-dessus deXr quand X saute), voir [1],
lemme 4. Comme on en déduit queMn converge p. s. uniformément sur tout
compact
versX‘.
Lepoint
délicatde la démonstration consiste à montrer que M" - N" converge p. s. uni- formément sur tout
compact
vers 0(il
est crucial ici de connaîtreprécisé-
ment
grâce
à 5(a)
la loi du saut initial del’excursion, cc~ (o + ) - ~ (o),
sous~, voir [ 1 ],
lemme5).
Nous avons finalement obtenu queJn converge p. s. uniformément sur tout
compact
versJ + 2 X~.
Nous avons montré le théorème 5 pour les lois P". On vérifie immédiate-
ment que
(P")*
converge au sens de Skorokhod vers cequi
établit lethéorème pour P. D
On déduit finalement du théorème de Millar et des théorèmes 2 et
5,
l’extension suivante du théorème de Pitman « inverse »[comparer
avec
(2)] :
COROLLAIRE 6. - Si 0 est
régulier
pour lui-même sousP,
alorssous P~,
le processus X - 2
X~ -
J a pourRÉFÉRENCES
[1] J. BERTOIN, An Extension of Pitman’s Theorem for Spectrally Positive Lévy Processes, Ann. Prob. (à paraître).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
[2] N. H. BINGHAM, Fluctuation Theory in Continuous Time, Adv. Appl. Prob., vol. 7, 1975, p. 705-766.
[3] R. A. DONEY, Hitting Probabilities for Spectrally Positive Lévy Processes, J. London Math. Soc. (à paraître).
[4] P. GREENWOOD et J. PITMAN, Fluctuation Identities for Lévy Processes and Splitting
at the Maximum, Adv. Appl. Prob., vol. 12, 1980, p. 893-902.
[5] Y. LE JAN, Dual Markovian Semigroups and Processes, in M. FUKUSHIMA éd., Functio- nal Analysis in Markov Processes; Proceeding, Kataka and Kyoto, 1981; Lect. Notes Math., n° 923, Springer Verlag, 1981, p. 47-75.
[6] P. W. MILLAR, Zero-One Laws and the Minimum of a Markov Process, Trans. Am.
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[7] J. W. PITMAN, One-Dimensional Brownian Motion and the Three-Dimensional Bessel Process, Adv. Appl. Prob., vol. 7, 1975, p. 511-526.
[8] L. C. G. ROGERS, A New Identity for Real Lévy Processes, Ann. Inst. Henri Poincaré, vol. 20, n° 1, 1984, p. 21-34.
[9] L. C. G. ROGERS et J. PITMAN, Markov Functions, Ann. Prob., vol. 9, 1981, p. 573- 581.
[10] D. WILLIAMS, Path Decomposition and Continuity of Local Time for One-Dimensional Diffusions, Proc. London Math. Soc., vol. 28, 1974, p. 738-768.
(Manuscrit reçu le 1 juin 1990.)