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Lésion additionnelle suspecte en zone interdite

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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FICHE À DÉCOUPER

n° 2

F i c h e d e c o r ré l a t i o n s h i s t o ra d i o l o g i q u e s

Sous la responsabilité de ses auteurs

Le bilan d’extension d’un carcinome canalaire infi ltrant du sein gauche, chez une femme de 35 ans porteuse d’une mutation BRCA2, met en évidence une lésion additionnelle controlatérale suspecte en zone mammaire profonde, fortement rehaussée en angiomammographie (mammographie numérique double énergie avec injection de produit de contraste, produisant une image basse énergie similaire à une mammographie et une image recombinée montrant les prises de contraste) et dure en élastographie, pour laquelle une microbiopsie est réalisée.

Lésion additionnelle

suspecte en zone interdite

A.M. Tardivel, N. Labaied, S. Ammari, C. Balleyguier, M.C. Mathieu

Gustave-Roussy Cancer Campus – Grand Paris, Villejuif.

Microbiopsie. A. Prolifération tumorale dense faite de cellules assez monomorphes. B. Les cellules ont des noyaux arrondis, fi nement nucléolés et des cytoplasmes éosinophiles de grande abondance.

Angiomammographie du sein droit. Masse de contours irréguliers, en zone mammaire profonde, fortement rehaussée, classée Bi-RADS 5. A. Image basse énergie craniocaudale. B. Image basse énergie oblique externe. C. Image recombinée craniocaudale. D. Image recombinée oblique externe.

A B C D

Échographie du sein droit. A. Masse de forme irrégulière et de contours irréguliers. B. Masse dure en élastographie.

A

B A B

0121_LSE 121 13/06/2018 15:41

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| La Lettre du Sénologue • N° 80 - avril-mai-juin 2018

FICHE À DÉCOUPER

fiche de corrélation historadiologique n° 2

SBR II, RE+ RP+ HER2 équivoque, non amplifi é en FISH, avec une chimiothérapie et une radiothérapie adjuvantes. Après un bilan d’extension à distance négatif, une surveillance par IRM mammaire a été décidée en réunion de concertation pluri- disciplinaire pour la tumeur à cellules granuleuses en raison de l’infi ltration musculaire locale.

Discussion

La tumeur à cellules granuleuses, aussi appelée “tumeur d’Abri- kossoff”, est une tumeur bénigne et rare des tissus mous, qui peut être ubiquitaire et multifocale. Elle est en général localisée dans la sphère otorhinolaryngologique (ORL), alors que les localisations mammaires ne représentent que 5 à 15 % des cas. L’incidence en population générale est de 6,7 pour 1 000, avec un âge médian de 40 ans (1) . Elle correspond le plus fréquemment à une lésion non palpable du quadrant supéro-interne et s’associe dans 10 % des cas à un carcinome. Il n’y a pas de corrélation connue avec les mutations BRCA . La majorité des tumeurs à cellules granuleuses sont bénignes, avec cependant 1 à 2 % de formes malignes, se présentant comme des lésions agressives, rapidement évolutives en taille, associées à des adénomégalies et métastases, le plus souvent pulmonaires. Les caractéristiques radiologiques des tumeurs à cellules granuleuses sont non spécifi ques, mimant souvent une tumeur maligne spiculée, généralement sans calci- fi cations et avec parfois des signes d’agressivité tels qu’une extension locale cutanée ou rarement musculaire (1) . Les tumeurs à cellules granuleuses sont généralement hypo échogènes avec atténuation postérieure et rehaussée en IRM. Dans notre cas, la lésion correspond à un faux positif, dure en élastographie et fortement rehaussée en angiomam- mographie comme une lésion maligne. Macroscopiquement, ces tumeurs se présentent sous la forme d’un nodule ferme, de couleur blanchâtre ou blanc jaunâtre. Sa taille ne dépasse généralement pas 3 cm (2) . Sur le plan microscopique, l’aspect morphologique et le profil immunohistochimique sont les mêmes quelle que soit la localisation. Typiquement, les cellules tumorales sont polyédriques, munies de noyaux arrondis ou allongés ne montrant pas d’atypie. Leur cytoplasme est éosino- phile et granuleux. Le caractère infi ltrant et mal limité de ces tumeurs est fréquent. De très rares cas de formes malignes ont été décrits dans la littérature. Sur le plan immunohistochimique, les cellules expriment la PS100 et le CD68. Elles n’expriment pas les cytokératines et les récepteurs hormonaux. Certains auteurs suggèrent l’origine nerveuse de ces cellules (3) . Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec les proliférations histio- cytaires, les variantes histiocytaires des carcinomes lobulaires, les sarcomes alvéolaires des tissus mous et les carcinomes apocrines.

Le traitement de choix est une exérèse chirurgicale élargie, mais la reprise chirurgicale n’est pas indiquée en cas de marges positives. Il n’y a pas d’indication à un geste chirurgical axillaire en l’absence de signe de malignité. Le pronostic est excellent et le taux de récidive est de 2 à 8 %, sans impact sur le pronostic (1) .

1. Brown AC, Audisio RA, Regitnig P. Granular cell tumour of the breast. Surg Oncol 2011;20:97-105.

2. Adeniran A, Al-Ahmadie H, Mahoney MC et al. Granular cell tumor of the breast: a series of 17 cases and review of the literature. Breast J 2004;10:528-31.

3. Leo C, Briest S, Pilch H, Schütz A, Horn LC, Leinung S. Granular cell tumor of the breast mimicking breast cancer. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2006;127:264-70.

Références bibliographiques

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Hypothèses diagnostiques

En imagerie

Devant une lésion spiculée située en zone interdite, en arrière de la glande, proche du creux axillaire, dans le contexte de bilan d’extension d’un carcinome infi ltrant, on évoque en priorité une deuxième lésion maligne controlatérale à la lésion index. Cette lésion est classée Bi-RADS 5.

Plusieurs lésions bénignes spiculées rehaussées peuvent cependant mimer une lésion maligne : mastopathie fi breuse, adénose sclérosante, cicatrice radiaire, tumeur à cellules granu- leuses, cytostéatonécrose.

En histologie

Cette prolifération présente une architecture diffuse, densément cellulaire, mal limitée. Les cellules tumorales sont de grande taille, présentant un cytoplasme éosinophile, granuleux, abondant. Leurs noyaux sont arrondis et fi nement nucléolés. Les mitoses sont rares. Les cellules tumorales expriment d’une manière intense et diffuse la protéine S100 (PS100), marqueur des cellules nerveuses et mélanocytaires, et le CD68, marqueur histiocytaire, en immunohistochimie. Elles n’expriment pas les cytokératines .

Prise en charge

La patiente a eu une tumorectomie du sein droit, confi rmant la tumeur à cellules granuleuses. Ni d’atypies cytonucléaires franches ni de foyer de nécrose tumorale n’ont été observés . Il existe de rares mitoses. On note une infi ltration du tissu musculaire strié en profondeur.

Diagnostic : tumeur à cellules granuleuses sans signe de malignité.

Une tumorectomie avec ganglion sentinelle du sein gauche a été réalisée pour le carcinome canalaire infi ltrant de grade

Microbiopsie. Les cellules expriment la PS100 en immunohistochimie.

Pièce de tumorectomie du sein droit. La prolifération dense, mal limitée, infi ltre le plan musculaire strié profond.

À retenir

La tumeur à cellules granuleuses est une lésion rare, bénigne, mimant une lésion maligne avec un profil immunohisto- chimique propre, pour laquelle une exérèse chirurgicale large est nécessaire.

0122_LSE 122 13/06/2018 15:41

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