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L'autonomie alimentaire en élevage laitier

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-01210989

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Submitted on 3 Jun 2020

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L’autonomie alimentaire en élevage laitier

Luc Delaby

To cite this version:

Luc Delaby. L’autonomie alimentaire en élevage laitier. Renforcer le lien au sol des élevages bretons,

Dec 2014, Pontivy, France. 2014, Quels enjeux pour l’emploi, le revenu et l’environnement ?. �hal-

01210989�

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L ES ÉLEVAGES BRETONS ONT - ILS INTÉRÊT À RETROUVER UN LIEN AU SOL ?

Quel degré d’autonomie dans les élevages laitiers ?

Qu’est-ce que l’autonomie alimentaire d’un élevage ?

L’autonomie alimentaire d’un élevage (de rumi- nants ou monogastriques) correspond à la ca- pacité de l’éleveur à alimenter son troupeau toute l’année avec des aliments produits sur l’exploitation. Le taux d’autonomie est la pro- portion d’aliments autoproduits pour les besoins de l’élevage.

On distingue différentes formes d’autonomie : - autonomie associée à la matière sèche produite (ensemble des fourrages et concent- rés consommés par le troupeau) ;

- autonomie en énergie , exprimée en UFL

1

; - autonomie en azote , exprimée en MAT

2

. Au-delà des aspects alimentaires, cette notion d’autonomie doit être étendue à l’agronomie, à la fertilisation, au recyclage des éléments, à l’énergie, voire aux semences.

L’élevage bovin, un fort lien au sol

En France, un état des lieux de l’autonomie des élevages bovins (lait et/ou viande) montre qu’on a globalement un très fort lien au sol (contrairement aux élevages de mono- gastriques) et la part des aliments produits sur l’exploitation utilisée par les ruminants reste très importante : l’herbe et l’ensilage de maïs représentent respectivement 64 % et 20 % de la ration d’un « ruminant français ».

Il y a par contre une plus grande dépendance en matière de concentrés (environ 1 0 % de la ration d’une UGB moyenne française, lait et viande, cf. figure 1 ).

Des enquêtes ont montré que les élevages bovins étaient très autonomes en matière sèches totales produites (Paccard et al., 2003).

L’alimentation étant essentiellement basée sur les fourrages, ceux-ci sont généralement produits sur l’exploitation.

Par contre les élevages bovins français, et particulièrement les élevages laitiers, ont une très forte dépendance en protéines et en concentrés protéiques , même s’il existe des différences importantes entre systèmes selon leur degré d’intensification et la place de l’ensilage de maïs dans l’alimentation du troupeau.

On observe aussi une situation particulière en agriculture biologique : la plupart des enquêtes réalisées dans l’Ouest montrent que les élevages biologiques n'atteignent pas l'auto- nomie intégrale car ils gardent généralement un niveau de chargement trop élevé en regard du potentiel du milieu.

Avec l’ensilage de maïs, cultivons la dépendance

Les dépendances protéiques des élevages laitiers viennent essentiellement de l’utilisation de l’ensilage de maïs.

Le maïs est une plante "fabuleuse"... : elle contient de l’énergie en quantité très importante et très facile à stocker (environ 1 2 t MS à 0,92 UFL/kg MS, soit 11 000 UFL/ha).

Mais il n’y a pas grand-chose d’autre dans l’ensilage de maïs. Il contient très peu de protéines : seulement 65 à 80 g MAT/kg MS. Il faut donc 1 50 g de tourteau de soja (ou 200 à 250 g de tourteau de colza) pour chaque kilo d’ensilage de maïs que mange une vache laitière ou une génisse.

Les teneurs en minéraux du maïs sont très faibles, calcium et phosphore notamment (2 g/kg MS), rendant impératif l’apport de minéraux pour complémenter l’alimentation (≈250 à 300 g d’Aliment Minéral Vitaminé /vache/jour).

Globalement, pour chaque hectare de maïs destiné à faire de l’ensilage, il faut 0,8 ha de soja quelque part dans le monde pour complémenter cet ensilage de maïs. La dépendance protéique de nos élevages de ruminants vient essentiellement de là.

© Ra ch el Da uc é

L'autonomie alimentaire en élevage laitier

Par Luc DELABY, Ingénieur de

recherche à l’INRA – UMR PEGASE

(Unité Mixte de Recherche Physiologie Environnement

Génétique pour l’Animal et les Systèmes d’Elevage)

Figure 1 : Part des aliments consommés par UGB (tous systèmes bovins lait et viande confondus)

Source : Devun et al, 2012 (Institut de l’Elevage)

1

UFL  : Unité Fourragère Lait

2

MAT  : Matière Azotée Totale

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L ES ÉLEVAGES BRETONS ONT - ILS INTÉRÊT À

RETROUVER UN LIEN AU SOL ? Des raisons de s’inquiéter

La demande mondiale en tourteaux de soja est exponentielle, particulièrement du fait de la Chine : absente du marché à la fin des années 80, elle consomme aujourd’hui près du tiers du tourteau de soja mondial (cf. figure 2), et n’a pas de raison de s’en tenir là. Les Chinois sont nombreux, ont des prétentions et des moyens financiers. Ils vont donc peser très lourd, à la fois sur la demande mondiale en lait, ce qui euphorise actuellement la Bretagne, mais également sur la de- mande alimentaire en produits destinés à l'alimentation du bétail car ils vont aussi chercher à produire du lait eux-mêmes.

L’exemple du soja est particulièrement éloquent et ça ne devrait pas s’arrêter là, au risque de voir régulièrement le tourteau de soja atteindre les 500 €/tonne.

Deux évidences à rappeler pour améliorer la situation Il est possible de rendre les élevages laitiers (et plus largement bovins) plus autonomes. Pour rappel :

- bovins et ovins sont des ruminants, c’est-à-dire des animaux capables de valoriser des fourrages ;

- on peut ajouter plus ou moins de concentrés dans la ration annuelle des ruminants et ils peuvent même vivre sans.

Deux idées à développer pour améliorer l'autonomie alimentaire :

- Rechercher le plus souvent possible un équilibre nutritionnel avec les fourrages (et rien que les fourrages) pour limiter les besoins en aliments correcteurs (pas besoin de corriger un fourrage équilibré) ;

- Produire les concentrés à la ferme (si besoin) et/ou en réduire la consommation (si possible).

Des fourrages qui s’équilibrent pour renforcer l’autonomie

L’herbe verte: une ration complète

Pour rappel, l’herbe pâturée, présente environ 6 à 8 mois de l’année (voire 9 mois dans certains secteurs de Bretagne et de Normandie), est une ration complète qui se satisfait à elle-même. Les vaches peuvent vivre (et bien vivre) avec uniquement de l’herbe.

La figure 3 présente les 8 à 1 0 meilleurs types de fourrages par catégorie (d’après les tables INRA), avec en abscisse l’énergie par kg de matière sèche et en ordonnée la quantité de protéines par unité fourragère.

Pour nourrir une vache laitière, il faut 0,9 à 1 UF/kg de MS et 1 00 g de PDI/UF et on constate que l’herbe verte est le seul fourrage qui permette d’assurer les deux. Le maïs (en orange) est particulièrement riche en énergie, mais particulièrement pauvre en protéines. Et plus le niveau de production des vaches augmente, plus il est compliqué de trouver des fourrages qui peuvent à eux seuls satisfaire la demande alimentaire de ces ruminants. Au point que pour une vache produisant 38 kg de lait, seule la meilleure herbe du monde (celle poussant entre le 1

er

et le 1 0 mai) pourra satisfaire ses besoins. Sans ça, il ne sera pas possible de faire 38 kg de lait avec de l’herbe pâturée.

Gérer les surfaces pâturées : un des métiers de l’éleveur

Pâturer plus et pâturer mieux

Il faut donc renforcer la place du pâturage pour renforcer l’autonomie. Les éleveurs, en particulier de l’ouest de la France, n’ont aucune raison de ne pas le faire, si ce n’est le déficit de surface accessible. Pour cela, il faut :

- Produire et offrir aux vaches un aliment de qualité facile à pâturer ;

- Assurer la pérennité de la ressource grâce à une organisation anticipée ;

- Se former et utiliser les outils d’aide à la gestion du pâturage (ex. : Pâtur’Plan).

Les grandes légumineusesZ retour vers le futur Autre élément important pour renforcer l’autonomie : cultiver des plantes riches en protéines, comme la luzerne, qui peut représenter 50 % des fourrages. Ce type de ration est d’ailleurs largement utilisé à travers le monde. On peut ainsi combiner maïs et luzerne sous forme de foin, d’ensilage ou demi-fâné afin de réduire les besoins en protéines (Rouillé et al., 201 0 - Institut de l’Elevage).

Intérêt de la luzerne déshydratée

Le développement de la luzerne déshydratée (et plus largement de l’herbe déshydratée) est également un levier pour renforcer l’autonomie territoriale, c’est-à-dire à l’échelle de la région (l’unité de déshydratation ne se fait pas à l’échelle de l’exploitation). On sait faire et ça marche bien. Par ailleurs, la luzerne déshydratée présente un certain nombre d’atouts dont celui d’aider à lutter contre l’acidose ou la sub-acidose, qui fait tant peur aux éleveurs laitiers, notamment de Holstein.

Figure 2 : Consommation mondiale de tourteaux de soja

Source : Oil World Annual - Peyronnet (Onidol - Unip) 2013

Figure 3 : Valeur alimentaire des 8 à 10 meilleurs types de fourrages (exprimée en UFL/UEL et PDI/UFL) et comparaison avec les besoins des animaux en semaine 16 de lactation selon leur production potentielle

Source : INRA, 2007

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L’autonomie alimentaire dépend du type de vaches L’autonomie alimentaire dépend certes du type de fourrages mais aussi du type d’animal à nourrir. Plus l’animal sera exigeant, plus il sera difficile de satisfaire ses besoins avec seulement des fourrages.

A titre d’exemple, l’INRA du Pin-au-Haras (Normandie) a comparé deux niveaux d’apports nutritifs à l’échelle de la lactation complète chez des vaches Holstein ou Normande (cf. figure 4) : d’une part une ration visant à satisfaire le potentiel des animaux avec un très haut niveau d’apports nutritifs dont des concentrés protéiques (lot « haut ») et d’autre part un système à bas intrants, visant l’autonomie, où les vaches sont à l’herbe pâturée ou ensilée sans aucun concentré (lot « bas »).

On observe des réponses nettement différentes aux systèmes d’alimentation selon les types d’animaux (cf.

figure 5). Les vaches Holstein apparaissent plus réactives et plus sensibles : elles sont en difficulté dans un système où l’on cherche à renforcer l’autonomie à base d’herbe. A l’inverse, des animaux de type mixte (Normande, Montbéliarde, voire animaux croisés) ont des performances de lactation moins différentes selon que la ration vise ou non à satisfaire pleinement leurs besoins. Il existe donc des interactions entre la race et le système d’alimentation .

Garantir la robustesse du système face à l’aléa climatique

Conserver de l’autonomie fourragère face à la sécheresse

Les élevages présentent une grande fragilité face au changement climatique, en particulier face aux risques fréquents de sécheresses estivales, et donc de pénurie fourragère, qui diminueront l’autonomie alimentaire.

S’adapter à l’occurrence de l’évènement

Sachant que l’évènement va se produire à telle fréquence, le système devra s’y préparer notamment en développant des systèmes de cultures plus résistants (sorgho, luzerne, trèfle violet, prairies multi-spécifiques, voire chicorée ?) mais aussi en mettant en place des pratiques opportunistes . Par exemple en anticipant l’arrivée de la sécheresse et en récoltant de façon précoce des MCPI (mélange de céréales et protéagineux immatures, ou méteil), des dérobées d’été (moha, trèfle incarnat, colzaZ). Ou en étant capable d’aller chercher l’herbe où elle sera disponible : pâturage tardif d’automne ou précoce de fin d’hiver.

Les sécheresses estivales auront pour corollaire des automnes plus longs, plus chauds et plus favorables à la pousse de l’herbe (voir les deux dernières années, bons témoins de ce qu’il risque d’arriver à l’avenir).

Anticiper le risque d’occurrence de l’évènement Mais il faudra aussi s’adapter sur le temps long et adapter le chargement au potentiel agronomique des années les plus difficiles, quitte à avoir trop de fourrages dans les années très favorables (qui servira de report pour passer les années sèches). Cela suppose aussi, dans certains cas, de modifier la conduite du troupeau : pour renforcer l’autonomie du système il faudra se servir de l’animal et de sa capacité à s’adapter, de façon à ce que ses exigences soient faibles lorsqu'il y a peu d’aliments disponibles.

C’est ce que faisaient les anciens qui étaient peu exigeants avec les animaux l’hiver, du fait de la raréfaction fourragère. Si on a aujourd’hui largement incité les gens à produire du lait en hiver, les systèmes allaitant restent basés sur le tarissement hivernal.

A l’avenir, il conviendrait par exemple d’avoir deux saisons de vêlages (cf. figure 6) pour correspondre à deux périodes de tarissement de la moitié du troupeau lors des périodes de disette fourragère (l’hiver et l’été). En ayant des vêlages et en permettant aux animaux de se reposer sur seulement 2 mois, cela offre les avantages des vêlages groupés (cohérence de l’offre et de la demande alimentaire, organisation du travail) sans ses inconvénients (charge de travail, livraison de lait, vêlages 2 ans).

Figure 4 : Deux niveaux d’apports alimentaires associés à deux systèmes fourragers

Source : INRA Le-Pin-au-Haras, Delaby et al.

Figure 5 : Evolution de la production de lait en fonction de la race et du niveau d’alimentation

Source : INRA Le-Pin-au-Haras, Delaby et al.

Figure 6 : Un exemple d’adaptation : la double saison de vêlages

Source : INRA, Delaby

© Lu cD ela by

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L’autonomie en concentré : un enjeu majeur

Pourquoi les fourrages ne suffisent plus ?

Depuis une cinquantaine d’années, les généticiens ont sélectionné les animaux sur leur potentiel laitier avec un gain d’environ 80 à 1 20 kg/vache/an en termes de potentiel. Le potentiel des vaches Holstein a ainsi quasiment doublé en 40 ans. Mais le potentiel laitier des animaux a augmenté plus vite que leur capacité d’ingestion , créant un décalage croissant.

Le tableau 1 présente l’exemple de 3 vaches (25, 35 et 45 kg de lait au pic de lactation) dont la capacité d’ingestion augmente de 1 7 à 20 kg MS. La densité en énergie (quantité d’énergie/kg de MS consommé) est croissante (de 0,85 à 1 ,1 5). En matière de protéines, le rapport PDI/UFL ne varie presque pas (≈1 00). Le prob- lème est l'incapacité de l’animal de consommer tout ce dont il a besoin pour produire la totalité de son potentiel.

En résumé, rechercher l’expression de potentiels très élevés impose de densifier les rations et d’augmenter l’apport de concentré et, par conséquent, dans un certain nombre de situations, de diminuer l’autonomie.

Produire du lait avec de l’herbe

L’herbe pâturée est une ration complète à même de satisfaire les besoins des animaux et permettant sans problème de produire entre 20 et 30 kg de lait sans apport de concentré. Par ailleurs, le lait à base d’herbe, naturellement riche en acide gras polyinsaturés, est réputé plus favorable à la santé et possède des caractéristiques organoleptiques (saveurs, texture, couleur) reconnues.

Une efficacité similaire avec l’attribution constante du concentré

On entend souvent qu’1 kg de concentré permet la production de 2,1 kg de lait. Mais en testant l’effet de dif- férentes doses d’apport de concentrés sur les perfor- mances laitières, on s’aperçoit qu’1 kg de concentré permet au mieux de produire 1 kg de lait (cf. figure 7). On amène donc aux animaux l’équivalent énergétique de 2,1 kg de lait, mais ils n'en produisent qu’un seul !

Ce constat est la conséquence de la double action du concentré, décrite figure 8. Il y a d’abord la substitution : au-delà d’une ration équilibrée (herbe seule ou maïs corrigé par 1 50 g de concentré protéique), l'apport de chaque kg de concentré entraîne une réduction de la quantité de fourrages ingérée. L’apport de 1 ,1 UFL se solde par seulement +0,7 UFL car l’animal mange moins de fourrage. Cet apport supplémentaire d’énergie se répartit ensuite entre la production de lait (70 %, soit 0,45 UFL, correspondant à 1 kg de lait) et la reprise d’état cor- porel (30 %). Le supplément de concentré distribué a un faible rendement marginal car la mamelle est de moins en moins efficace. La question est : « a-t-on intérêt à donner ce kg de concentré, d’un point de vue biologique et économique ? ».

Le concentré doit-il être énergétique ou protéique ? Des travaux de l’INRA de Rennes montrent qu’avec l’accroissement des doses de tourteau de soja dans la ration, la production laitière augmente, mais de moins en moins (cf. figure 9).

En revanche, au-delà d’une ration PDI/UFL de 1 00 g, la production d’azote urinaire augmente de façon spectaculaire.

Ainsi, à moins de vouloir fertiliser au tourteau de soja, ce qui est assez coûteux et inefficace, il est important de connaître les rendements biologiques des protéines pour ne pas gaspiller de concentré protéique.

Tableau 1 : Effet du potentiel de production laitière sur la capacité d’ingestion et les besoins des vaches laitières

Source : INRA, Faverdin et al., 2007

Figure 7 : Influence de l’apport de de différentes doses de concentré (0, 2, 4 et 6 kg) sur les performances laitières (en kg lait/jour)

Source : INRA, Delaby et al.

Figure 8 : Effet moyen de l’ingestion de 1 kg de concentré sur la substitution et la répartition de l’énergie ingérée

Source : INRA, Delaby et al.

Figure 9 : Evolution des productions de lait (en kg lait/jour) et d’azote urinaire selon les apports de tourteau de soja

Source : INRA, Vérité et Delaby, 1999

(6)

Des essais ont également été réalisés afin d'évaluer l'intérêt d’un apport de tourteau de soja au pâturage en jouant sur différents types de concentrés (cf. figure 1 0) : - Soit 3 kg de céréales

- Soit 3 kg de tourteau de soja

- Et des mélanges céréales/soja (2 pour 1 ou 1 pour 2) Les vaches ont été placées dans deux types de prairies : - des prairies bien fertilisées (« Haut N », en vert) où la teneur en azote de l’herbe était relativement élevée et devait satisfaire les besoins des animaux ;

- des prairies peu fertilisées (« Bas N », en orange) pour lesquelles, dans le bassin de Rennes, on a des effets importants sur la teneur en azote de l’herbe.

Entre le plus faible et le plus fort apport de protéines, les animaux sur des prairies bien fertilisées ont au plus produit 1 kg de lait supplémentaire/vache/jour. Mais comme le lait qu’elles ont produit a un taux protéique plus faible, elles n’ont en fait produit que 20 g de protéines supplémentaires par vache et par jour alors que leur ration leur en offrait 700 g de plus, preuve d’une certaine inefficacité.

Sur les prairies peu fertilisées, dans les bas niveaux de complémentation en protéines, on observe une baisse importante de production laitière qui s’explique par une teneur en azote de l’herbe insuffisante pour satisfaire les besoins du rumen et sa vie microbienne. L’apport de protéines sous forme de concentrés (jusqu’à 60 % dans la ration) permet donc de lever une carence, ce qui va améliorer le rendement biologique de l’animal jusqu’à atteindre un maximum. Dans tous les cas, les 3 kg de soja n’étaient pas utiles.

Sauf situation très particulière, l’apport de protéines au pâturage est quasiment inutile.

Du tourteau de colza pour remplacer le soja

Si la France ne produit pas de soja, elle produit du colza dont 1 ,5 kg de tourteau peut remplacer 1 kg de tourteau de soja (Houssin, 2004, et Paccard, 2006). En plus de renforcer l’autonomie territoriale, ce colza peut permettre d’améliorer la teneur en acides gras du lait, un des défis des années à venir.

Cultiver des protéagineux pour réduire la dépendance Dernier élément pour les systèmes de polyculture-éle- vage : la culture de concentrés protéiques. Cette dernière pose d’ailleurs davantage de problèmes agronomiques (place dans l’assolement, désherbage, rendements, ré- colteZ) que de problèmes zootechniques car on peut faci- lement utiliser ces aliments pour nourrir des bovins : - le pois est un concentré de production (≈1 8 % de MAT) ;

- lupin et féverole sont des concentrés plus riches en protéines, mais celles-ci étant très solubles, ils ne peuvent remplacer que partiellement le tourteau de soja dans les rations à base d’ensilage de maïs.

Faut-il aller chercher la dernière goutte de lait ? La Chambre d’Agriculture de Bretagne a développé un outil d’analyse technico-économique, « la bouteille de lait ». Il vise à aider les éleveurs à évaluer leur intérêt à produire, ou non, la dernière goutte de lait en analysant, à partir du système de production, la part du lait issue de la ration basée sur les fourrages, corrigée si besoin d’un concentré protéique (exemple : maïs/soja ou herbe seule).

L’exemple de la figure 11 est un système dont les vaches produisent 7 500 kg de lait, consomment 1 1 00 kg de concentré, avec un régime à base d’ensilage de maïs l’hiver et d’herbe pâturée + ensilage de maïs l’été.

On constate que 93 % du lait produit est issu de cette ration équilibrée et coûte 54 €/1 000 L. Les 7 % de lait supplémentaire pour atteindre le quota sont produits avec du concentré de production, qui coûte 357 €/1 000 L.

Faut-il aller chercher ces derniers kg de lait qui représentent 7 % du lait produit et 33 % du coût du litre ?

Autonomie et lien au sol facilitent la cohérence agronomique

La réduction des entrées d’azote sous forme de fertilisants ou d’aliments du bétail réduit la vente de produits végé- taux, puisqu’une partie des protéines devront être pro- duites sur l’exploitation, et induit également une réduction du chargement. On renforce ainsi le lien au sol mais aussi la valorisation des effluents. En faisant les bilans d’éléments, on s’aperçoit que renforcer l’autonomie ali- mentaire, c’est aussi renforcer l’équilibre agronomique et le cycle des éléments avec un meilleur équilibre sol- plante-animal (cf. figure 1 2).

Conclusion

En matière d’autonomie il faut :

- Vouloir trouver des solutions durables ; - Faire le bilan d’autonomie alimentaire

(Outils disponibles - Analyse de groupes – Echanges) - Bien jouer la complémentarité cultures / fourrages

avec les cultures à deux fins (maïs / céréales), les protéagineux, sans oublier l’herbe et le pâturage.

- Sortir de chez soi : des exemples d’autonomie intégrale, robuste et efficace existent déjà, il faut en profiter !

Figure 10 : Evolution de la production laitière (en kg

lait/jour) en protéines et sur deux types de prairies selon différents niveaux de complémentation (bien ou peu fertilisées)

Source : INRA, Delaby et al.

Figure 11 : Cas concret analysé avec« la bouteille de lait  »

Source : Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne

(7)

© Rachel Daucé

Figure 12 : Cycle de l’azote dans un élevage

Source : INRA, Delaby et al., 2013

Bibliographie

Delaby L., Peyraud J.-L., Delagarde R., 2003. Faut-il

complémenter les vaches laitières au pâturage? INRA Prod.

Anim., 1 6, 1 83-1 95.

Delaby L., Peyraud J.-L., 2009. Valoriser les fourrages de l’exploitation pour produire du lait, Fourrages 1 98, 1 91 -21 0.

Delaby, L., Fiorelli, J.-L., 201 4. Elevages laitiers à bas intrants : entre traditions et innovations. INRA Productions Animales, 27 (2), 1 23-1 34.

Faverdin P., Delagarde R., Delaby L., Meschy F., 2007.

Alimentation des vaches laitières, Alimentation des bovins, ovins et caprins, éd. Quae, Versailles, France, 23-55.

Paccard P., Capitain M., Farrugia A., 2003. Autonomie

alimentaire et bilans minéraux des élevages bovins laitiers

selon les systèmes de production. Fourrages 1 74, 243-257.

Références

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