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L’écriture fragmentaire dans Sur ma mère De Tahar Ben Jelloun

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université Mohamed Seddik Ben Yahia, Jijel Faculté des lettres et des langues étrangères

Département de lettres et langue françaises

N° de Série : ….

N° d'ordre : …………

Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Master Spécialité : Littérature et Civilisation

Intitulé :

Présenté par : Sous la direction de : -BOUKROUH Rekia

.

AZIBI Arezki

-LAOUAR Abdessamed

Membres du jury :

Président :

Rapporteur : M. AZIBI Arezki Examinateur :

Année universitaire : 2019/2020

L’écriture fragmentaire dans Sur ma mère

De Tahar Ben Jelloun

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Remerciements

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(4)

Dédicace

Toute l’encre du monde ne suffit pour exprimer mon amour envers toi, chère mère : tu es ma vie,

À ma très chère sœur Wafa : tu es mon âme sœur, je n’oublierai jamais ton soutien, À mon cher père : fière d’être ta fille,

À mes chers : Ilheme, Khaoula, khaled, Bachir, mes nièces Alaa et Zineb et mon amie Amani,

À la mémoire de ma belle-mère : Djamila (Linda) que ce travail soit une prière pour son âme,

À mon beau-père : Mohammed,

À mon mari ; mon cœur, ma vie : Abdessamed Je t’aime, À mes futurs enfants : votre mère vous aime,

À toute la famille Boukrouh et Laouar…

×ROKIA×

Toutes les lettres ne sauraient trouver les mots qu’il faut… Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, L’amour, le respect, la reconnaissance… Aussi, c’est tout simplement que

Je dédie ce travail …

À Mes Chers Parents, À Mon FrèreEt Ses Filles, À Mes Chers Oncles, Tantes,

À Tous mes Amis Chacun De Son Nom,

À Ma chère Femme Rokia…

×ABDESSAMED×

(5)

Table des matières :

INTRODUCTION GENERALE:... 06

Chapitre I : Éclatement et discontinuité de la structure narrative………..18

1. Éclatement du temps………..18

1.1. La temporalité romanesque……….18

1.2. Oscillation entre présent et passé………20

2. Éclatement de l’espace ………....27

2.1. La spatialité romanesque………....27

2.2. Sur ma mère ou le brouillement spatial………..…….30

3. Discontinuité de la narration…..………...40

3.1. Définition…….……….….………..40

3.2. Discontinuité « du coq-à-l’âne »…..………...41

3.3. Répétions, brièveté, italique……….45

Chapitre II : Diversité générique dans Sur ma mère………48

1. De la notion de genre………48

2. Mise en chevauchement des formes autobiographiques…………..51

2.1. L’autobiographie………51

2.2. L’autofiction………..53

3. Rivalité entre récit de filiation et roman ethnographique……….…55

3.1. Le récit de filiation………..55

3.2. Le roman ethnographique……….………..………….59

4. De l’essai dans Sur ma mère……….……….62

Chapitre III : Sur ma mère : reflet d’une mémoire disloquée…………67

1. La maladie d’Alzheimer : élément perturbateur de la logique discursive dans Sur ma mère….……….67

2. La mémoire : facteur principal de fragmentation…..…………...73

(6)

2.1. Mémoire et désordre chronologique………...…..………..76

3. L’oubli…...………...77

CONCLUSION GENERALE :...82

Références bibliographiques :…….………85

Résumé :………..………....90

(7)

INTRODUCTION

GÉNÉRALE

(8)

Introduction :

Depuis sa création, la littérature maghrébine de langue française n’a cessé de s’enrichir et se diversifier donnant lieu à une réalité émouvante, riche de surprises et de découvertes.

À l’aube du 21ème siècle, la littérature marocaine contemporaine a une portée réaliste pour décrire le vécu quotidien de la société. Ce rapport au réel a son impact sur la stratégie narrative qui le sous-tend ainsi que sur l’écriture.

La sphère maghrébine de graphie française, en général, et marocaine en particulier, est enrichie de productions situées dans la distanciation et la transgression des codes narratifs et génériques normalisés. C’est une véritable floraison d’œuvres ancrées dans l’imaginaire ancestral maghrébin, et qui se caractérisent par le déploiement d’une esthétique iconoclaste correspondant à un nouveau type de récit.1

Chiki Beïda dit à ce propos :

Parcourir les nouveaux textes maghrébins de langue française, c’est découvrir un espace ouvert dans lequel l’écriture est devenue comme par nécessité, une activité de démolition, inachèvement, expressions chaotiques, destruction des codes de lisibilité et de vraisemblance, fragmentation, mélange des genres, amorce et rupture presque simultanées de divers plans de réflexion, fauchage systématique de sens… le tout tendu vers la recherche de l’inédit, vers un non-lieu de clôture, pour le maintien perpétuel de l’œuvre en chantier.2

Le roman marocain de la langue française, forme donc, aujourd’hui, un ensemble nettement repérable, au sein de la littérature maghrébine, de sorte qu’il est possible, avec un demi-siècle de recul, de mieux comprendre son émergence et son évolution, en relation avec l’histoire politique et sociale du pays. Or cette évolution affecte non

1 BAHI, Yamina, l’écriture de la subversion dans l’œuvre de Kamel Daoud, 2015-2016, thèse de doctorat, université d’Oran 2, p.3.

2 CHIKHI Beïda. L'écrivain et son critique à propos des nouveaux textes maghrébins. In : Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire, N°17, 1991. La perception critique du texte maghrébin de langue française. p. 134.

(9)

seulement la thématique des œuvres mais aussi et surtout les dispositifs narratifs par lesquels le sens vient à l’écriture.3

Une écriture qui assiste, ces dernières années, à une remise en question de sa forme traditionnelle et qui se caractérise par une recherche de renouvellement esthétique, qui transgresse les conventions et les procédés d’écriture habituels, et par une rupture qui donnera naissance à diverses formes d’écritures.

Parmi ces divers formes, se trouve l’écriture fragmentaire qui consiste à enchainer des fragments, lesquels sont des bribes de phrases ou de récit sans début ni fin nette.

Elle se caractérise par la non linéarité de l’histoire racontée, avec des flashs back, et par l’éclatement et la discontinuité narrative ainsi que le mélange des genres littéraires.

En fait, cette nouvelle technique d’écriture est devenue une revendication des écrivains contemporains, et plus particulièrement les écrivains maghrébins francophones, qui ont trouvé dans ce genre d’écriture un moyen d’exprimer leurs sentiments, de témoigner leur vécu quotidien et leur troubles de mémoire, tout en interrogeant cet éclatement du monde. Parmi ces auteurs, citant l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun dont le roman Sur ma mère fait l’objet de notre étude.

1. Présentation de l’auteur :

Tahar Ben Jelloun naît le 1er décembre 1947 à Fès, au Maroc. L'écrivain marocain explique que pour l'inscrire à l'école primaire arabo-francophone de sa ville, son père le vieillit de trois ans, en donnant comme date de naissance le 1er décembre 1944. Tahar Ben Jelloun se rend au lycée français de Tanger, avant d’entamer des études de philosophie à l’université Mohammed V de Rabat. En juillet 1966, alors qu'il est étudiant, il est emprisonné pendant 19 mois dans un camp militaire, pour avoir participé à des manifestations. Tout en commençant à écrire des poèmes, il enseigne la philosophie en français. En 1971, il publie son premier recueil de poésie, Hommes sous linceul de silence. La même année, l’enseignement doit désormais être dispensé en arabe. Tahar Ben Jelloun, n'étant pas formé à enseigner en arabe, part alors pour la France et s’installe à Paris. Il y exerce ses talents d’écrivain en publiant des

3 Gontard Marc, Le Roman marocain de langue française, Université de Rennes-2, Extrait de Littérature francophone. Tome 1 : Le Roman. Ouvrage collectif sous la direction de Charles Bonn et Xavier Garnier, Paris, Hatier et AUPELF-Uref, 1997, pp. 211-228. Disponible sur : www.limag.com.

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articles pour le quotidien Le Monde. Puis, en 1975, il obtient son doctorat de psychopathologie sociale.4

Les livres de Tahar Ben Jelloun :

Tahar Ben Jelloun fait ensuite parler de lui avec la publication de son roman Harrouda, publié en 1973, qui évoque beaucoup la sensualité des femmes, et qui a choqué au Maroc.

Mais le roman à l'origine de sa renommée se nomme L’Enfant de sable, publié en 1985. La suite de ce roman, La Nuit Sacrée, paraît en 1987. La même année, ce livre permet à Tahar Ben Jelloun de recevoir le prix Goncourt. Ces deux livres sont traduits en 43 langues à travers le monde. En 1995, son livre pédagogique Le Racisme expliqué à ma fille rencontre un grand succès. Vendu à 400 000 exemplaires, il est traduit en 33 langues, faisant de Tahar Ben Jelloun l'auteur francophone le plus traduit au monde. Son roman L'Ablation mène une réflexion sur la vie et la maladie. Le roman est né suite à la demande d'un ami ayant subi une ablation de la prostate de raconter son histoire. En 2019, Tahar Ben Jelloun publie L'Insomnie, récit d'un scénariste insomniaque devant ôter des vies humaines pour retrouver les bras de Morphée.5

L’auteur de Sur ma mère fait partie de la génération d’hommes de lettres qui cherchaient des innovations aussi bien formelles que de contenu en s’appuyant sur la tradition.

Ben Jelloun tente de nous faire plonger au cœur de la culture arabo-musulmane en général et marocaine ne particulier où il intègre la tradition, la culture et la société maghrébine dans sa quotidienneté. Il s’inspire dans la plupart de ses écrits des faits réels dont il a été parfois témoin, tout en mélangeant le réel et le fictionnel dans une structure éclatée et disloquée où domine la dimension autobiographique. Dans son roman L’homme rompu, l’auteur déclare :

Il n’est d’autre destin pour un écrivain que d’écrire. Ecrire contre le temps, contre la mort ou tout simplement parce qu’on appartient à une terre meurtrie, saccagée par la brutalité de l’histoire et par la démence des

4 https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775148-tahar-ben-jelloun-biographie-courte-dates- citations/?fbclid=IwAR364oF17RcbOY64T44BQJJgE3sfiEz5ir5s-x7NHnIxfdVhu9zYU0n7LYI.

23.03.2020 15h30.

5Ibid. Le 23.03.2020 15h35.

(11)

hommes, et qu’on ne pas faire autrement que d’être un témoin, un porteur de paroles et de mots, un traducteur de silence et de crise.6

2. Présentation du roman :

Sur ma mère est une fresque romanesque déchirante, et un récit bouleversant dans lequel, Tahar Ben Jelloun retrace les derniers jours vécus de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer à un stade très avancé.

Composé de 37 chapitres, dans un style simple et une structure narrative éclatée, comme une pièce de puzzle, le roman est un hommage touchant à la figure maternelle. La vie de Lalla Fatma dans la vieille médina de Fès les années trente et quarante représente l'image de cette mère qui vit suspendue entre les deux moments. L'auteur nous fait plonger, à travers cette femme illettrée, dans les ressentis de la fille, de l'épouse et de la mère qu'elle avait été et donc, nous entraine dans le Maroc d'hier mais aussi d'aujourd'hui, où se trouve une société conservatrice, celle de l'état des femmes qui se doivent obéir à leurs maris, celle des traditions islamiques, héritées des ancêtres et qui représentent le noyau d'un pays arabo-musulman.

Dans son récit, Ben Jelloun a mélangé les détails du passé de sa mère avec ses trois maris le jour où elle était une belle jeune femme, et de son présent quand elle a commencé à glisser vers un monde de délire, de solitude, d'oubli, d'effacement de la mémoire à cause de la maladie d'Alzheimer. Au début du roman, il raconte :

« Depuis qu’elle est malade, ma mère est devenue une petite chose à la mémoire vacillante. Elle convoque les membres de sa famille mort il y a longtemps ».7

Sur ma mère est ainsi, ‘‘un dossier clinique’’ sur la maladie d'Alzheimer et ce qu'elle entraîne (l’oubli, les délires, la solitude, etc.), Ben Jelloun décrit l'ennemi de la mémoire dans son œuvre :

« Penser à cette faillite, à ces absences où le temps s'ennuie et s'effrite, regarder sa propre image défaite dans ce miroir plein de trous, aller chercher en soi les traces du bonheur dans l'espoir de colmater cette fissures de l'âme et sauver les mots de ce désarroi qui fait mal. »

6 Ben Jelloun Tahar, L’homme rompu, Paris, Édition de Seuil, 1998.P37.

7 Ben Jelloun Tahar, Sur ma mère, Édition Gallimard, 2008.p.11.

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(p.212), une maladie qui attaque la mémoire de Yemma, comme l'appelle son fils, qui confond le passé et le présent ; en se déplaçant de manière insensible de Tanger en l'an 2000 à Fès en 1944.

Petit à petit le corps lui aussi lâche Lalla fatma. Elle s'éteint le 4 février 2002 et va rejoindre ses hommes, sa mère, son père, ses frères, venus l'accueillir : « Alors voilà, nous sommes tous là. Le voyage n'a pas été trop pénible. Le voyage ou la traversée. Tu arrives en plein hiver.

Nous allons enfin dormir, dormir longtemps, toute l'éternité, viens, avance, assieds-toi, repose-toi » (p.277).

L'accompagnement de sa mère à la fin de sa vie permet à l'auteur de se découvrir finalement lui-même en découvrant au même temps l'histoire personnelle de celle qui lui a donné la vie, il nous confie lui-même sur le dos de son ouvrage que son récit est celui d'une vie dont il ne connaissait rien, ou presque : « Sur ma mère a été écrit à partir des fragments de souvenirs qu'elle m'a livrés. Ils m'ont permis de reconstituer sa vie dans la vieille médina de Fès des années trente et quarante, d'imaginer ses moments de joie, de deviner ses frustrations.

Chaque fois, j'ai inventé ses émotions et j'ai dû lire ou plutôt traduire son silence. Sur ma mère est un vrai roman car il est le récit d'une vie dont je ne connaissais rien, ou presque » (4 ème page de couverture).

Tahar Ben Jelloun intègre dans ce récit plusieurs confrontations binaires ; entre Fès et Tanger, entre Orient et Occident entre Maroc et Suisse ces confrontations reposent ainsi sur un conflit entre féminin et masculin, entre vie et mort entre traditions et modernité.

Suite aux lectures du corpus, nous avons remarqué que l'histoire se construit en effet autour des va-et-vient entre les épisodes appartenant à plusieurs époques, entre passé et présent, réel et fictionnel. De plus, nous avons senti une sorte d'éclatements de l'histoire racontée, ce qui permet à l'auteur de jouer librement entre les genres, par un caractère itératif des évènements, en mettant les phrases les unes après les autres sans avoir de lien direct partant dans toutes les directions ainsi, qu'un déplacement sans chronologie entre les évènements. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi d'analyser l'écriture fragmentaire dans ce corpus.

Notre choix du sujet tient d’une part, du fait que le roman Sur ma mère illustre l’écriture fragmentaire que l’auteur a adoptée pour exprimer ses sentiments et raconter des brides de souvenirs sur sa mère, mais aussi sur lui-même, et d’autre part, se justifie par l’importance de ce sujet qui considéré comme une remise en question du roman traditionnel, voire, la linéarité.

Ainsi, ce sujet nous donne la possibilité de faire appel à plusieurs approches et théories.

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À travers l’intitulé de notre recherche « l’écriture fragmentaire dans Sur ma mère », nous essayerons de déceler et dévoiler toutes les manifestations du fragmentaire présentes dans cette œuvre.

Ainsi, notre recherche tentera de répondre à la problématique suivante : comment l’écriture fragmentaire se manifeste-t-elle dans Sur ma mère de Tahar Ben Jelloun ? C’est ce qui implique les questions suivantes : quelles sont les formes fragmentaires présentes dans le corpus ? est-ce-que l’auteur a choisi délibérément l’écriture frumentaire comme technique d’écriture ? faisait-il appel au fonctionnement de la mémoire pour présenter les bribes de souvenirs ? Pourquoi Tahar Ben Jelloun va-t-il choisi la subversion de l’écriture traditionnelle par cette écriture fragmentaire et cette hybridité générique ?

Suite à ces interrogations, nous pouvons formuler ces quelques hypothèses : d’abord, cette écriture fragmentaire, discontinue et entrecoupée, serait le moyen le plus approprié pour exprimer toutes les émotions. Ensuite cette nouvelle technique passerait par plusieurs genres (autobiographique, biographique, etc.) ; Enfin nous pensons que la fragmentation est au service des souvenirs.

Notre objectif, à partir de cette étude est de montrer que Sur ma mère de Tahar Ben Jelloun est une œuvre fragmentaire.

Pour ce faire, nous allons faire appel à la narratologie et d’autres théories selon les besoins d’analyse afin de bien cerner les différentes manifestations de l’écriture fragmentaire dans ce roman.

Notre travail de recherche sera organisé en trois chapitres. Pour le premier chapitre qui s’intitule : éclatement et discontinuité de la structure narrative, nous étudierons en premier lieu la structure temporelle afin de mettre en évidence la notion d’éclatement du temps dans le corpus. Ensuite, nous mettrons l’accent sur l’éclatement et le brouillement spatial. Enfin, nous aborderons la discontinuité narrative.

Dans le deuxième chapitre, qui a pour intitulé : Diversité générique dans Sur ma mère, notre étude s’articulera autour de la question du genre, notamment la mise en chevauchement des formes autobiographiques et la rivalité entre récit de filiation et roman ethnographique.

Pour le troisième chapitre qui a pour intitulé : Sur ma mère : reflet d’une mémoire disloquée, nous mettrons l’accent sur la superposition entre la structure fragmentée de l’œuvre

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et le fonctionnement de la mémoire tout en montrant que Sur ma mère est un reflet d’une mémoire défaillante.

« Ces petites flaques d’eau qui sont déposées sur le chemin après l’averse et que la terre n’a pas bues. Chacune d’entre elle reflète tout le ciel, les nuages qui se sont déchirés et qui passent, le soleil qui luit de nouveau une grande mare, ou tout l’océan, n’auraient répété le ciel qu’une fois. » Pascal Quinard

Avant d’entamer notre analyse sur ‘’ l’écriture fragmentaire‘’ dans notre corpus, nous allons en premier lieu, essayer de répondre à la question suivante : qu’est-ce que l’écriture fragmentaire ?

1-Histoire :

Connaitre l’écriture fragmentaire et ses formes c’est passer obligatoirement par celle de son histoire, car l’histoire littéraire comprend plusieurs œuvres dites fragmentaires. De plus, le récit traditionnel se voit découpé par l’emploi de la forme fragmentaire.

C’est à l’Antiquité que nait cette nouvelle technique d’écriture qui a marqué les écrits de l’humanité jusqu’à nos jours. Les premiers textes écrits sur l’écriture fragmentaire étaient en 1623 par Théophile de Viau dans la première journée et puis par la Rochefoucauld dans Les Maximes en 1665 et enfin Pascal dans les pensées en 1670.

Au début, cette pratique post-moderne n’était que sous forme de fragments involontaires.

Au XVIIIème siècle, l’écriture fragmentaire, assiste à une remise en question par plusieurs écrivains qui ont pour but de changer et remanier l’écriture et l’esprit du siècle précédent, des écrits qui se basent sur l’inachèvement et la discontinuité :

Au XVIIIème siècle, les écrivains Diderot, Rousseau ainsi que Sade ont opté pour cette écriture en fragments pour s’élever contre l’écriture et l’esprit du siècle précédent à travers l’autobiographie de Rousseau, l’ironie de Diderot et la subversion philosophique de Sade. Leurs œuvres montrent du discontinu, de l’inachèvement et du chaotique.8

8 Kessai Zineb, ÉCRITURE FRAGMENTAIRE ET MODERNITÉ TEXTUELLE DANS PUISQUE MON CŒUR EST MORT DE MAЇSSA BEY, 2015-2016, mémoire de mater, Université de Biskra, p.19

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Ainsi, c’est à partir du XXème siècle que l’écriture fragmentaire finit par s’imposer comme genre, qu’elle soit le fait de l’inconscient ou un choix d’esthétique. Elle a connu son apogée et son essor durant les années soixante et soixante-dix :

En outre, l’écriture fragmentaire a connu son apogée durant les années soixante et soixante-dix, une période où la littérature a été soumise à une grande théorisation avec le structuralisme et le nouveau roman, que ce soit dans le domaine pratique ou dans le domaine théorique avec les œuvres de Maurice Blanchot, Roland Barthes, Emile Cioran et bien d’autres écrivains qui ont trouvé dans le fragmentaire un mode d’écriture mettant l’accent sur la rupture et la brisure […].9

Au regard des origines et l’histoire lointaines de l’écriture fragmentaire, nous pouvons dire que cette dernière est atemporelle par définition. De ce fait, sa discontinuité et sa brisure va nous mettre face à une difficulté de donner une définition précise ou de cerner une théorie précise de celle-ci, c’est ce qu’affirme Maurice Blanchot :

L’écriture fragmentaire serait le risque même. Elle ne renvoie pas à une théorie, elle ne donne pas lieu à une pratique qui serait définie par l’interruption. Interrompue, elle se poursuit. S’interrogeant, elle ne s’arroge pas la question, mais la suspend (sans la maintenir) en non-réponse […].10

Alors, avant de donner à l’écriture fragmentaire une définition, il est important de définir d’abord le fragment. Selon Françoise Daviet et Laurent Gourmelen dans leur œuvre Fragments, Nouvelles Recherches sur l’imaginaire, le fragment est insaisissable par définition :

9 Ibid. p.21.

10Maurice Blanchot, l’écriture du désastre, paris, Gallimard, 1998, p.98, cité dans, Françoise Daviet- Taylor et Laurent Gourmelen, Fragments : nouvelles recherche sur l’imaginaire, (dir)-presses Universitaire de Rennes, 2017, www.pur.éditions.fr. p.13.

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Assurément, le fragment est paradoxal et insaisissable. Car il pose avant tout un problème de définition, comme le souligne Françoise Susini- Anastopoulos qui considère que le fragment échappe à toute caractérisation, car il est toujours « suspect de mixité ». « Mixte », le fragment l’est au sens propre du terme : toute définition univoque de son essence se heurte forcément à un obstacle majeur d’ordre structurel et, si l’on peut dire, « génétique ».11

Ils ajoutent aussi, qu’il y a deux réalités textuelles différentes pour définir le concept fragment :

Par fragment, il faut donc entendre deux réalités textuelles fortes différentes. Tout d’abord, un morceau extrait d’une œuvre antérieure, le plus souvent perdu, inséré par un auteur dans son propre texte, qui peut ainsi le préserver de l’oubli et qui, dans tous les cas, lui confère une nouvelle existence. Mais aussi, une nouvelle, délibérément fragmentée, caractérisée par la discontinuité et le morcellement, […]. 12

Le terme fragment dans le dictionnaire de la littérature attribue trois signification, la première signification donne un sens d’un morceau perdu d’une œuvre, la seconde est celle d’un extrait tiré délibérément d’une œuvre, la dernière est celle d’une sorte de genre littéraire voire un emblème de modernité :

Au sens premier, le fragment est ce que reste d’un ouvrage ancien, résidu d’une totalité que les hasards de l’histoire nous ont fait parvenir. En ce sens, il constitue un témoignage du passé qu’il aide à comprendre et à reconstituer. On peut également le définir comme un extrait, tiré de manière volontaire, d’un livre, d’un discours. Cependant, en un troisième sens du terme il désigne une sorte de genre, car s’est développé très tôt une esthétique du fragment où celui-ci est considéré pour lui-même, sans

11 Françoise Daviet-Taylor et Laurent Gourmelen, Fragments : nouvelles recherche sur l’imaginaire, (dir)-presses Universitaire de Rennes, 2017, www.pur.éditions.fr. p.8

12 Ibid. p.9

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référence à une organisation englobante. En ce sens, il est parfois devenu un emblème de modernité.13

Le Parisien définit le terme fragment ainsi :

« 1. Morceau d’une chose matérielle qui a été cassée, brisée. 2. Fig. ce qui est resté d’un livre, d’un poème perdu. Les fragments d’Ennius.3. Morceau d’un livre, d’un ouvrage qui n’est point encore terminé ou qui n’a pu l’être. »14

D’une autre part, Alain Montandon, quant à lui, relie le mot « fragment » à son étymologie, en le considérant comme « le morceau d’une chose brisée, en éclats », de plus comme « une œuvre incomplète morcelée » :

Le morceau d’une chose brisée, et par extension le terme désigne une œuvre incomplète morcelée. Il y a, comme l’origine étymologique le confirme, brisure, et l’on pourrait parler de bris de clôture de texte. La fragmentation est d’abord une violence subie, une désagrégation intolérable. On a souvent répété que les mots latins de fragmen, de fragmentum viennent de frango : briser rompre, fracasser, mettre en pièce, en poudre, en miettes, l’anéantir. En grec, c’est le Klasma, l’apoklasma, l’apospasma, ictdde tiré violemment. Le spasmos vient de là : convulsion, attaque nerveuse, qui disloque.15

Charles Daniel de son côté affirme :

« En tant que représentation inachevé de la complétude, le fragment marque aussi l’achèvement et l’incomplétude. » 16

13 ARON, Paul, SAINT-JACQUES, Denis, VIALA, Alain, le dictionnaire du littéraire, Ed, PUF, Paris, 2002.p.249.

14 Disponible sur : http//dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/fragment/Fr. Le 21.04.2020 17h12.

15 MONTADON Alain, Les formes brèves, Hachette, Paris, 1992, p.77, cité dans, Borrego Alice, Béances de la mémoire : l’esthétique de la fragmentation chez B.S.Johnson, Littérature, 2017. Dumas -01678713, mémoire de master, École normale Supérieur de Lyon, p.5.

16 CHARLE, Daniel, OSTER, Daniel, FRAGMENT (littérature et musique), encyclopédie Universalis, 2012.

(18)

En outre, beaucoup d’écrivains feraient recours au fragment, qui est devenu la forme par

excellence de l’écriture contemporaine. Ce recours, donne lieu à une pratique du fragment que Ginette Michaud appelle le fragment :

D’où cette précision importante : Ginette Michaud n’étudie pas le fragment en tant que forme, mais bien plutôt l’écriture du fragment, ce qu’elle nomme, selon un tour heureux comme il s’en retrouve tant en cet ouvrage, le fragment (aire), c’est-à-dire le fragment en tant que pratique, en tant que questionnement, en tant qu’exigence.17

Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy mettent l’accent sur la pratique des fragments, voire le fragmentaire, précisant que :

« C’est de la pratique des fragments qu’il faut repartir pour tenter de saisir la nature et l’enjeu du fragment. »18

À partir de ces définitions, on pourrait dire que le fragment ou fragmentaire est une brisure de la forme d’écriture qu’on appelle ‘‘l’écriture fragmentaire’’, qu’elle soit envisagée volontairement ou pas. Elle est avant tout un style d’écriture qui écarte les procédés préconisés par le roman traditionnel, une écriture qui est caractérisée par : l’oscillation entre les genres, la brisure de la narration, l’éclatement chronologique (de l’espace et du temps) ainsi que la brièveté et la non clôture du discours. Elle n’est pas associée à un genre déterminé, mais au contraire, elle envahit tous les genres littéraires : roman autobiographique, roman biographique, de filiation, ethnographique, etc..., et c’est le cas de notre corpus Sur ma mère de Tahar Ben Jelloun.

17 MAJOR, Jean-Louis, Roland Barthes, fragmentaire, En ligne, disponible sur : https://id.erudit.org/iderudit/200882ar.

18 BALLET-BAZ, Thibault, Déliaison liée, liaison déliée : le discontinu dans les romans de Pascal Quignard, p.14.

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Chapitre І

Éclatement et discontinuité de la structure narrative

« Le sublime est attaché à une esthétique du discontinu, de la rupture des formes, de l’union des contraires, de l’obscurité. » Edmund Burke

(20)

Parmi les caractéristiques de l’écriture fragmentaire nous trouvons cette idée d’éclatement et de discontinuité illustrée généralement par la mise en déroute de la structure narrative. Ce chapitre se propose d’analyser les différentes modalités du fragmentaire dans Sur ma mère de Tahar Ben Jelloun en se focalisant sur les éléments majeurs constitutifs de son œuvre a sa voir : la non linéarité du récit, destruction spatiale, discontinuité narrative. Ceci afin de bien saisir la manifestation du fragmentaire et de comprendre l’enjeu et le but de la représentation choisie en relation avec la pensée fragmentaire de l’auteur.

Dans notre corpus, la structure narrative va subir un traitement particulier et cela revient à la mémoire défaillante de l’héroïne « la mère de l’auteur ».

1. Éclatement du temps :

1.1. La temporalité romanesque :

Tout d’abord, la temporalité est sans doute une dimension fondamentale de la composante narrative.

En outre, un récit comme l’entend la norme littéraire classique doit dès le départ définir le cadre temporel de l’histoire racontée, ainsi que sa manifestation dans l’œuvre littéraire. Paul Ricœur écrit :

Le caractère commun de l’expérience humaine, qui est marqué, articulé, clarifié par l’acte de raconter sous toutes ses formes, c’est son caractère temporel. Tout ce qu’on raconte arrive dans le temps, prend du temps, se déroule temporellement ; et ce qui déroule dans le temps peut être raconté. 19

Ainsi, la question de temporalité romanesque n’a cessé de s’enrichir, de se diversifier et de créer divers points de vue par rapport à la nature de sa représentation dans le travail fictionnel.

19 Ricœur, Paul, Du texte à l’action, Essais d’herméneutique , Éditions du seuil, 1986, p.14.

(21)

Cette représentation temporelle, paraît linéaire dans le roman traditionnel, le temps semble obéir à une succession chronologique des évènements narrés.

Tous les éléments techniques du récit emploi systématique du passé simple et de la troisième personne, adoption sans condition du déroulement chronologique, intrigues linéaires, courbe régulière des passions, tension de chaque épisode vers une fin, etc - tout visait à imposer l’image d’un univers stable, cohérent, continu, univoque entièrement déchiffrable.20

Au milieu de XX ème siècle, la temporalité narrative se trouve face à l’idée de rupture, où la non linéarité devient la base de l’écriture moderne.

On a beaucoup répété, ces dernières années, que le temps était le

« personnage » principal du roman contemporain. Depuis Proust, depuis Faulkner, les retours dans le passé, les ruptures de chronologie, semblent-en à la base de l’organisation même du récit, de son architecture.21

Le temps joue donc une fonction très importante dans l’analyse des textes littéraires,

‘‘une fonction de poids’’ à l’époque contemporaine, c’est ce qu’affirme Genette en montrant le rôle démarcatif de la temporalité romanesque :

Je peux fort bien raconter une histoire sans préciser le lieu où elle se passe, et si ce lieu est plus ou moins éloigné du lieu d’où je la raconte, tandis qu’il m’est presque impossible de ne pas la situer dans le temps par rapport à mon acte narratif, puisque je dois

20 Robbe-Grillet, pour un nouveau roman, 1963, cité dans, Kivi, Maiju, L’analyse des éléments du futur Nouveau Roman dans Les Faux-Monnayeurs d’André Gide, Mémoire de licence, Université de

Jyväskylä, Rome, p.13

21 Ibid. p.16

(22)

nécessairement la raconter à un temps du présent, du passé ou du future.22

Dans la pratique fragmentaire, le temps n’obéit pas à la loi de continuité : « l’art du roman exclut toute continuité. Le roman doit être un édifice dans chacune de ses périodes, chaque petit morceau doit être quelque chose de coupé, limité, un tout valant pour lui-même. »23

Ainsi, l’écriture fragmentaire rend l’ordre chronologique des évènements totalement ébranlé, la notion du temps semble éclatée et disloquée :

La temporalité linéaire, chronologique et successive moderne est bouleversée par l’émergence d’un monde de la simultanéité de l’éphémère, de l’instant, de la fugacité. Cela explique la préférence des auteurs pour une temporalité fragmentaire, achronologique, disloquée- incomplète (par les blancs, des analepses, des prolepses), ou stagnante.24

1.2. Oscillation entre présent et passé :

Sur ma mère est un cas illustratif sur cette dislocation de la linéarité et sur cette temporalité fragmentaire éclatée.

Le roman s’ouvre au premier chapitre, sur l’état de la maladie de Lalla Fatma, la mère du narrateur, en utilisant un temps présent sans utilisation des indices temporels précis, qui permettent au lecteur de suivre une certaine chronologie : « Depuis qu’elle est malade, ma mère est devenue une petite chose à la mémoire vacillante. » (p.11). De même, la présence d’indications temporelles éparpillées ne semble pas avoir une linéarité narrative normative. Le romancier se situe au présent à travers des signes

22 GENETTE, Gérard. 1972. Cité dans Gocel, Véronique, Histoire de Claude Simon : écrit et vision du monde, Paris ; Louvain : Peeters, 1996, p.47. Disponible sur : https://books,google.dzle 29/05/2020 à 14h.00

23 Cité dans, Cotteaux Iris, La littérature de l’éclatement ou l’utopie de la totalité au tournant du XX ème siècle : 2066 de Roberto Bolaño, Flores de Mario Bellatin et Vidas perpendiculares d’Àlvaro Enrigue, thèse de doctorat, Université De GERGY-Pontoise, p.172

24 Ibid. p.179-180

(23)

comme : « Depuis toujours » (p.20) « Aujourd’hui » (p.48), « Ce matin » (p.29), et dans un passé lointain quand il évoque des bribes de souvenirs dans le passé notamment :

« les années cinquante à Fès » (p.199), « cela me rappelle l’année 1977 » (p.136), en effet, ces indices surgissent furtivement dans le désordre et l’incohérence ce qui rend la reconstruction de la chronologie des épisodes impossible.

Par ailleurs, si l’agencement non linéaire des évènements règne en maître dans le roman, c’est parce que la logique du discours est perturbée par la maladie d’Alzheimer de l’héroïne (la mère du narrateur) :

« Ma mère revisite mon enfance. Sa mémoire s’est renversée, éparpillée sur le sol mouillé. Le temps et le réel ne s’entendent plus. » (p.11).

Lalla Fatma confond le présent et le passé, elle se déplace de manière insensible de Tanger en l’an 2000 à Fès en 1944 :

[…] Nous ne sommes plus à impasse Ali Bey à Tanger mais quartier Makhfiya à Fès. Nous ne sommes plus en l’an 2000 mais à la fin de 1944. Ses rêves ont du mal à s’éteindre. Ils envahissent ses moments d’éveil et ne la quittent plus. Le présent subit quelques secousses. Il tremble, vacille et s’éloigne. (p.13).

Pour Lala Fatma, le temps stationne dans le passé, sa mémoire trouble s’égare dans l’enfance de son petit Taher parfois :

L’autre jour elle a trouvé que ma voix a mué : « C’est la voix d’un homme, tu as grandi vite, toi mon tout petit […] quand viens-tu me voir, fais attention en marchant, n’oublie pas que tu n’es qu’un enfant ! » Ma mère m’a renvoyé en enfance. À ces yeux je n’ai pas grandi. Je suis toujours l’enfant qu’elle chérissait à Fès quand j’étais malade […] Elle est revenue à l’époque où elle craignait de me perde à cause d’une maladie inconnue. Je lui dis que j’ai plus de cinquante ans […] et qu’elle doit confondre son fils avec des petits-fils. Elle ne me croit qu’à moitié. (p.91-92).

(24)

Encore une fois, ces confusions causées par les rêves ou des flous mémoriels l’ont replongée dans sa jeunesse quand elle était une très jeune fille mariée avec son troisième époux, qui est ‘‘Si Hassan’’ le père du narrateur, et qui est mort il y a dix ans :

« je sais ton père est mort il y a dix ans » (p24) :

[…] ton père vient juste d’ouvrir son magasin d’épices, il est dans le quartier du Diwane, c’est là son magasin, il vent du cumin, du gingembre, du poivre, du piment, […] vas-y, tu lui dis que le repas est prêt, à moins qu’il préfère manger sur place, si les clients sont nombreux, vas-y, dis à Keltoum que nous somme à Fès, que le Sultan a été exilé que le Maroc pleure son roi et que les hommes manifestent pour son retour. (p.223).

Ainsi, on voit l’image de la mère qui vit suspendue entre les époques, il en résulte un voyage temporel entre passé et présent :

[…] tu passeras par Rcif, puis Moulay Idriss […] et fais attention aux manifestations ? Tu les entends ? Je crois qu’ils crient : le Maroc est à nous et pas aux autres ! […] c’est ça, ils veulent l’indépendance […] ma mère est à la cuisine elle est dépassée, je vais l’aider, tu entends les cris des manifestants, on les frappe, on les pourchasse, les rues de Fès sont étroites, quelle folle journée […] (p.161).

Ce qui crée une discontinuité du temps, un passé remémoré, par une mémoire défaillante, entrecoupé par le présent où l’Alzheimer et la souffrance dominent :

Mais Yemma, nous ne sommes pas à Fès, nous ne sommes pas l’été 1953 ! Nous sommes à Tanger et c’est l’an 2000 ! Quoi ? Le temps a passé vite ! Compte mon fils, cela fait combien d’années que nous sommes à Tanger ? Presque cinquante ans ! Mais où étais-je tout

(25)

ce temps- là ? On dirait que c’est hier. […] avant j’aurais dit comme un caftan, mais aujourd’hui, je suis comme un morceau de tissu tout déchiré, je m’écroule et j’ai de la peine à me relever […] (p.161-162).

Dans son intégralité, le roman vacille entre des va-et-vient, du premier au dernier chapitre, le narrateur retrace des périodes ou des étapes décisives de sa vie mais ainsi de la vie de sa mère, ressuscitées sous forme de souvenirs et narrées dans un ordre discontinu, ce va-et-vient incessant , entre passé et présent, détruit toute chronologie linéaire de l’histoire narrée.

L’oscillation temporelle entre présent et passé est traduit dans le roman à travers l’alternance entre des épisodes en italique, qui racontent la vie de Lalla Fatma et ses trois mariages quand elle était une jeune épouse, et d’autres épisodes en caractère normal, qui racontent l’état sanitaire de l’héroïne, au moment présent. Par exemple : le narrateur se déplace de la description de l’état sanitaire de sa mère dans le premier chapitre vers le passé et les souvenirs où sa mère elle-même évoque la rencontre au hammam lors de laquelle les deux familles arrangent son mariage dans le deuxième chapitre :

« Depuis qu’elle est malade, ma mère est devenue une petite chose à la mémoire vacillante. Elle convoque les membres de sa famille morts il y a longtemps. » (P.11) « Il y avait des étrangers dans la ville mais ce n’est pas encore la guerre. Je crois qu’on m’avait remarquée dans le hammam ; c’est souvent là que les mères choisissent des épouses pour leurs fils. » (p.15).

Dans le troisième et le quatrième chapitre, le narrateur revient au rythme des évènements tout en racontant la maladie de sa mère, sa souffrance, ses délires et ses horreurs :

« Le corps de ma mère ne cesse de se tasser. Elle est petite. Une petite chose légère, à la chair rare et endolorie. Sa vue a beaucoup baissé mais son ouïe est parfaite […] De nouveau elle me confond avec enfants en mélangeant tout. » (p.19).

D’ailleurs, le texte se caractérise par le déconstruit et le discontinu, cette destruction se traduit par des jeux chronologiques qui peuvent conduire le lecteur à se perdre dans l’histoire racontée. Au sein même de chaque chapitre, le discontinu et les jeux temporels

(26)

entre présent et passé dominent. Dans le trente-cinquième chapitre le narrateur décrit dans un paragraphe la tristesse qui entoure la maison après la mort de sa mère puis, il plonge le lecteur dans l’année 1956 sans préavis et sans aucune relation temporelle avec celui qui précède :

« La maison est lourde de silence. Le ciel est gris. […] les objets sont tristes. Il n’y a presque plus de vaisselle. Tout se casse. Ma mère tenait sa maison comme un petit palais. Aujourd’hui tout est en mauvais état. » (p.267).

Juin 1956. Tanger, ville internationale. Une ville mangée par l’Europe, une ville ouverte au monde, […] Ma mère s’y sentait en vacances mais Fès lui manquait. Les Espagnol étaient les plus nombreux […] Mon frère et moi sommes reçue au certificat d’études primaires. Mon père a encadré les diplômes et a lancé les invitations.

(p.267-269).

Donc, la fragmentation du cadre temporel se reflète dans ce récit, à travers des flash- back et des retours en arrière tout au long de la narration ce qui met le lecteur dans un état tourbillonnaire. Vers la fin de seizième chapitre le narrateur évoque l’évènement de son engagement politique (suivi de la déportation dans un camp disciplinaire en 1965) :

J’avais seize ans à ma première réunion politique. Nous nous étions réunis chez un copain pour former un syndicat de lycéens en vue de lutter contre la répression au Maroc. Mes parents étaient devant la porte, mon père menaçant, ma mère en larmes. (p.104).

Un important aspect abordé dans l’analyse de la temporalité narrative est le recours aux anachronies narratives, qui perturbent l’ordre des évènements, selon la narratologie illustrée par Gérard Genette :

(27)

Une anachronomie peut se porter dans le passé ou dans l’avenir, plus ou moins loin du moment ‘‘présent’’, c’est-à-dire du moment de l’histoire où le récit s’est interrompu pour lui faire place : nous appellerons portée de l’anachronie cette distance temporelle. Elle peut aussi couvrir elle-même une durée d’histoire plus ou moins longue : c’est ce que nous appellerons son amplitude.25

Les anachronies narratives se traduisent dans notre corpus par les analepses suivantes : dans le quinzième chapitre, le narrateur en décrivant le corps de sa mère qui devient très fragile, évoque un souvenir se rapportant à son enfance et à la jeunesse de cette dernière quand elle était en bonne santé avec une belle poitrine :

Ma mère avait une belle poitrine. C’est un de mes souvenirs d’enfance le plus ensoleillé. Nous étions à Fès. Je jouais sur la terrasse, quand ma mère fit irruption ; elle me cherchait croyant que j’avais fait une fugue. Elle était à peine habillée, on voyait parfaitement ses seins magnifiques. Je devais avoir cinq ou six ans.

Elle me serra contre elle et m’embrassa la tête. J’avais sa poitrine dans les yeux. Je me collai contre elle et trouvai cela apaisant et doux.

(p.93).

Une autre analepse est celui qui se trouve dans le vingtième chapitre, se rapporte à l’opération qu’a faite Lalla Fatma sur ses yeux :

Cela me rappelle l’année 1977 où elle a été opérée de la cataracte à l’hôpital de Salé. Elle est restée trente jours les yeux bandés, couchée sur le dos. Je passais beaucoup de temps avec elle. Il fallait la surveiller pour qu’elle n’arrache pas les pansements. (p.136)

25 Gérard Genette : figure , cité dans, Guillemette Lucie et Lévesque Cynthia, La NARRATOLOGIE, Université du Québec, disponible sur : http://www.signosemio.com/genette/narratologie.asp le 02/06/2020 à 13h.00.

(28)

De plus, dans le vingt-deuxième chapitre, le narrateur, à travers l’analepse suivant, évoque ses souvenirs d’enfances quand il était élève à l’école coranique de Bouajarra pour apprendre le Coran :

Nous sommes tous dans le M’Sid de Bouajarra, nous sommes à Fès juste après la guerre, nous avons tellement froid que nos dents claquent et nous sommes incapables de retenir les versets du Coran […] Nos parent nous confiaient au maître […], sauf que ma mère déplorait le manque d’hygiène […] Alors elle me faisait raser le crâne.

Je détestais cette épreuve, je pleurais, je tapais des pieds… (p.154- 155).

Dans le même sillage, on remarque que le roman est plein d’autres analepses et qu’on ne peut pas tous les citer.

Il est à noter que, à l’analyse des indications temporelles, on constate qu’il existe des jalons historiques qui renvoient à la réalité socio-historique du Maroc pendant l’existence de colonisateur français qui occupe tout le territoire maghrébin. Une période où le désordre, la violence, l’oppression, l’injustice et la guerre règnent en maître au Maroc :

L’été 1953 la médina de Fès a perdu de son éclat, de sa vie. Les commerçants étaient en grève. Des réunions politiques avaient lieu dans les mosquées suivies des manifestations réclamant l’indépendance. Le Maroc ne pouvait pas vivre sans Mohamed V que les français avaient déposé et exile à Madagascar. Fès changeait de visage et de destin. On parlait de résistance et de lutte armée. Toute activité devait s’arrêter en signe de protestation. (p.124).

La structure temporelle dans Sur ma mère s’écarte principalement entre deux axes, présent et passé, cet écartement engendre une véritable perturbation dans le texte.

(29)

L’éclatement et la discontinuité du temps qui caractérisent le roman est le résultat d’une mémoire défaillante et des pensées éparpillées.

2. Éclatement de l’espace :

2.1. La spatialité romanesque :

En tant qu’élément majeur, constitutif de l’œuvre littéraire, l’espace joue un rôle très important dans l’évolution et le déploiement des évènements narratifs :

Tout récit romanesque suppose des personnages qui mènent des actions.

Ces actions, pour être comprises, doivent se situer dans un temps et dans un espace. Le temps et l’espace constituent donc des paramètres sans lesquels le récit ne peut évoluer et l’action romanesque se dérouler.26

Depuis longtemps, l’étude de l’espace a été considérée comme une chose secondaire sans aucune importance en comparaison avec d’autres éléments romanesques tels que le temps et le personnage :

Alors que depuis une vingtaine d’années se sont multipliés les ouvrages sur le temps […] Le temps-espace on ne trouve pas d’étude d’ensemble consacrée à la notion qui lui pourtant étroitement corrélative : l’espace dans la littérature narrative […] a inspiré des ouvrages de première importance, mais on n’a pas ou peu étudie l’espace en tant qu’élément constitutif du roman au même titre que les personnages, l’intrigue ou le temps […].27

Henri Mitterand de son côté affirme le statut secondaire de l’espace, il souligne que l’espace est :

26 ISSACHAROFF.M, cité dans, NASRI ZOULIKHA, La poétique du morcellement dans l'œuvre de Nina Bouraoui, thèse de doctorat, Université de Bejaïa, p.247.

27 BOURNEUF ROLAND, L'Organisation de l'espace dans le roman, p.77-78, en ligne disponible sur : https://www.erudit.org/fr le 20.07.2020 20h.06

(30)

« Un domaine assez peu ou assez mal exploré par l’histoire littéraire, par la narratologie et par la sémiotique aussi, qui ont privilégié, ces années dernières, les travaux sur le personnage, sur la logique narrative, sur le temps, ou sur l’énonciation […] ».28

Au cours du XXème siècle, l’espace commence à avoir un rôle important dans la création romanesque et tout cela n’a commencé qu’avec les travaux de Gaston Bachelard, Michael Bakhtine et Maurice Blanchot.

En littérature, il n’est pas question de décrire les lieux, et d’en détailler les aspects pittoresque. Il faut au contraire, dépasser les problèmes de la description pour s’installer dans une représentation de l’espace29 autrement dit, pour étudier l’espace il faut dégager sa dimension symbolique et le message que l’auteur désire faire passer.

J.P. Goldenstien écrit :

« L’utilisation de l’espace dépasse pourtant de beaucoup la simple indication d’un lieu.

Elle fait système à l’intérieur du texte alors même qu’elle se donne avant tout, fréquemment pour le reflet fidèle d’un hors-texte qu’elle prétend présenter ».30

Dans le roman traditionnel, l’espace apparaissait comme une entité homogène et bien définit :

Le roman dit traditionnel vouait une grande attention à la crédibilité de l’espace, […] Cet espace était homogène, panoramique […] Pour l’écrivain traditionnel, l’espace était une toile de fond qui accompagnait la progression de l’intrigue et aidait à caractériser les personnages […] Le changement de l’espace, du milieu, des objets, était inévitable, parce que l’action évoluait […].31

28 METTERAND Henri, cité dans, AMROUCHE SABAH, L'INTERACTION ENTRE LE CORPS ET L'ESPACE DANS NI FLEURS NI COURONNES DE Souad Bahéchar et Cérémonie de Yasmine Chami- Kettani, mémoire de maîtrise en Étude littéraires, Univ du Québec, décembre 2008, p.11.

29 Cours de la géocritique, module des théories littéraires avec Mme. Abdelaziz.

30 J.P.Goldenstein, pour lire le roman, cité dans, Younsi Amina, Etude de l'espace dans On dirait le sud de Djamel Mati, mémoire de magister, Univ de Mostaganem, 2010, p.9.

31 SRÁMEK, Jiří, le rôle de l’espace dans les romans de Marguerite Duras, En ligne, disponible sur : www.phil.muni.cz/plonedata/wurj/erb/volumes-01-10/sramek-75.rtf, p.141-142.

(31)

En revanche, la notion de l’espace est perçue d’une manière nouvelle, elle assiste à une remise en question par rapport à son homogénéité et sa représentation dans l’œuvre romanesque :

Dans le Nouveau Roman, on le sait bien, l’espace domine en sa qualité de donnée immédiate et incontestable […] Pour l’écrivain moderne qui a rompu la structure traditionnelle, la nécessité s’impose de définir d’une manière nouvelle la place de l’espace dans le jeu d’ensemble des divers éléments d’une structure transformée.32

Donc, pour l’écrivain moderne, l’espace n’est plus présente dans sa totalité, il est caractérisé par l’éclatement et la fragmentation, ainsi il devient de plus en plus symbolique :

C’est ainsi que nous sommes témoins de la subjectivation de l’espace qui s’opère de différentes manières : a) l’espace est présenté ou découvert par les acteurs du drame […] présenté comme une réalité vécue par les personnages ; b) l’espace reflète l’action d’une façon suggestive et devient ainsi symbolique pour celle-ci […] ; c) l’espace n’est plus présenté dans sa totalité, mais dans des fragments qui comptent pour le moment donné du récit.33

L’écriture fragmentaire renouvelle la perception classique de l’espace, représenté comme unité statique. Elle le transforme en un espace d’éclatement et de discontinuité tout en lui donnant un caractère brouillé, fracturé, disloqué et parfois absent, Et liquidé : « La fragmentation met en relief l’espace qui découpe, qui taraude, qui obsède le texte. »34 , l’aspect flou et morcelé de cette écriture donne une nouvelle allure à la représentation de l’espace :

32 Ibid.

33 Ibid. p.142

34 Asselin Isabelle, fragmenté, l’exemple D’Eugène Savitzkaya, presses universitaires de rennes, disponible sur : books.openedition.org. Le 21.07.2020 23h.10

(32)

À l’intérieur du fragmentaire se trouve contenue une autre ampleur- notamment celle d’une spatialité. Plus précisément il suppose une liquidation aussi bien du temps que de l’espace, et cela, pour en finir avec les finitudes, pour en tirer un monde disloqué. Le champ du fragmentaire dans ce récit n’est donc pas réduit à l’absence du temps, mais incorpore celle de l’espace.35

2.2. Sur ma mère ou le brouillement spatial :

Analyser la notion de l’espace dans sur ma mère, c’est mettre le doigt sur trois axes importants. En premier lieu, dégager tous les lieux existants dans le roman. En deuxième lieu, détecter les stratégies utilisées pour représenter et décrire l’espace. En troisième lieu, cerner la dimension symbolique et significative que celui-ci porte et la fonction qu’il pourrait transmettre.

Dans sur ma mère, l’espace semble éclaté, disloqué et même brouillé. Le roman n’

’installe plus le lecteur dans un espace homogène. Il le fait promener dans divers espaces aux caractéristiques très symboliques notamment le hammam et la maison, on peut même évoquer l’idée que le récit se construit à partir de structures spatiales binaires telles que : Fès et Tanger, Le Maroc et la Suisse.

Le hammam : lieu de commérage et des souvenirs.

Le hammam ou bain public, est un héritage gréco-latin. Son apogée était avec l’extension de l’Islam dans l’Empire Ottoman, le Maghreb et divers pays du Moyen-Orient. Il est introduit par les Maures au moment de la conquête de l’Espagne, et prend le nom de bain maure, ainsi, il devient une chose divine dans la culture arabo-musulmane :

« Le hammam, terme qui désigne un bain maure, est un héritage gréco-latin. Le monde arabo-musulman l’a adopté et généralisé afin de vivre au quotidien les prescriptions religieuses concernant la propreté du corps, tenues comme étant d’essence divine. »36

35 BALINI Anna, Paroles d'attente : Les modalités du fragmentaire dans l'Attente l'oubli de Maurice Blanchot, en ligne, disponible sur :http://revel.unice.fr/loxias/?id=7157. Le 22.07.2020 10h.13

36 Macaire Pierre, La Tunisie pour tous, p.43. Disponible sur : books.google.dz. Le 21.07.2020 23h.30

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