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Submitted on 1 Jan 1977
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Propriétés diélectriques des émulsions de microcristaux de glace. Une mise au point
C. Lafargue, G. Evrard, S. Bourgeois
To cite this version:
C. Lafargue, G. Evrard, S. Bourgeois. Propriétés diélectriques des émulsions de micro- cristaux de glace. Une mise au point. Journal de Physique, 1977, 38 (11), pp.1473-1475.
�10.1051/jphys:0197700380110147300�. �jpa-00208721�
1473
PROPRIÉTÉS DIÉLECTRIQUES
DES ÉMULSIONS DE MICROCRISTAUX DE GLACE.
UNE MISE AU POINT
C.
LAFARGUE,
G. EVRARD et S. BOURGEOISLaboratoire de
Thermodynamique
des Etats Métastables et dePhysique Moléculaire,
Institut Universitaire de RechercheScientifique,
avenuePhilippon,
64000Pau,
France(Reçu
le 22 avril1977, accepté
le 29juillet 1977)
Résumé. - Des mesures aux très basses fréquences
(105-10-2
Hz) de lapermittivité
complexe demicrocristaux de glace infirment les conclusions, tant
expérimentales
que théoriques, publiées récem-ment au Journal de
Physique
par MM. B. Lagourette, C. Boned et R. Royer.Abstract. - Ultra Low
Frequencies
measurements(105-10-2
Hz) of thecomplex permittivity
of ice micro-crystals are inconsistent with both
expérimental
and theoretical conclusionspublished
recently in Journal dePhysique
by MM. B. Lagourette, C. Boned and R. Royer.LE JOURNAL DE PHYSIQUE TOME 38, NOVEMBRE 1977,
Classification
Physics Abstracts
77.40 ;
Selon trois
publications
récentes(B. Lagourette [1, 2],
B.Lagourette,
C. Boned et R.Royer [3]),
une anomalie des
propriétés diélectriques
des émul-sions de microcristaux de
glace,
consistant dans l’existence d’une seconde relaxation auxfréquences
inférieures à 1
kHz,
serait observable auxtempé-
ratures
supérieures
à - 20 °C. Elle a été attribuée par les auteurs à unepréfusion
de laglace.
Uneanalyse théorique,
fondée sur cetteinterprétation
et diverseshypothèses
concernant la structure des microcristaux deglace,
rendraitparfaitement
compte, selon les auteurs, desphénomènes
observés. Les conclusionspeuvent
toutefoissurprendre,
tant par latempé-
rature de
préfusion
avancée(-
20°C)
que par lepourcentage
élevé de molécules d’eauqui,
au seindu réseau
cristallin,
devraientparticiper
à lapréfusion (30 % d’après
les auteurs,quelle
que soit latempé-
rature entre - 10 °C et 0
°C).
Il est étonnant que le caractère insolite de ces conclusions n’ait pas incité les auteurs à en tenter unevérification,
enprocédant
parexemple
à uneanalyse enthalpique
facile à effectuer.
Dès
1973,
nous avions observé dans les mêmes conditionsd’expérimentation
etsignalé [4]
cetteanomalie de
comportement
des émulsions de micro- cristaux deglace. Mais, après
uneanalyse
serréede ces
conditions,
les résultats nous parurent suspects.En
effet,
sil’appareillage ayant
servi à la détection duphénomène (Pont
General Radio 716C), identique
à celui utilisé par les auteurs des articles mis en cause, couvrait
théoriquement
la bande defréquences
50 Hz-3
MHz,
ses indications auxfréquences
lesplus basses, auxquelles
la seconde relaxation estprécisément observable, paraissaient sujettes
à caution. La nécessité dereprendre
lesexpériences
avec unoutillage
mieuxadapté,
permettant d’accéder à desfréquences
nette-ment
plus basses,
s’avéraitindispensable.
Un
analyseur
deréponses
enfréquences (Solar-
tron 1172 des établissements
Schlumberger)
a étéadapté
à l’étudeprojetée.
Il apermis
deprocéder
àdes mesures de la
permittivité
relativecomplexe
des
dispersions
dans la bande defréquences 10-’
Hz-104
Hz(la
limite inférieure d’utilisation étant10 - ’ Hz).
Les valeurs obtenues par cette méthode se sont révélées en excellent accord avec celles fournies par
un pont
d’impédances
de hauteprécision
couvrantla gamme de
fréquences
10Hz-104
Hz(General
Radio 1616 + 1238 +
1316)
dans la bande de fré- quences communes aux deuxappareillages.
On a
récapitulé
sur une mêmefigure (Fig. 1)
lesdiagrammes
de Cole-Cole relatifs au second domaine de relaxation d’une émulsion de microcristaux deglace,
de fractionmassique
P =0,35 préalablement
conservée à - 1 OC
jusqu’à
cequ’elle
ait atteint salimite
d’évolution,
pour différentestempératures
com-prises
entre - 8 OC et - 20 OC(la phase
continueétant
composée
de 95%
d’huile deparaffine
et de5
%
de lanoline - p =0,05 -).
Les résultats de la colonne de
gauche
ont été obtenus à l’aide du Solartron. On constate que leurs dimen- sions sontpratiquement indépendantes
de latempé-
rature. Ceux de la colonne de
droite,
déterminésArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0197700380110147300
1474
FIG. 1. - Etude comparée d’une émulsion de microcristaux de glace ayant atteint sa limite d’évolution à - 1 °C, à l’aide des deux dis-
positifs : Solartron 1172 pour la colonne de gauche et General Radio 716 C pour la colonne de droite.
[Dielectric properties of disperse ice microcrystals after preservation. at - 1 °C, as they appear near 100 Hz. : left with Solartron 1172, right with General Radio 716 C.]
à
partir
des indications fournies par lepont
incriminé(G.
R. 716C) présentent
lephénomène
décrit etanalysé
par MM. B.Lagourette,
C. Boned et R.Royer.
L’effet de
température particulièrement
net surles dimensions de ces
graphes
est seulement dû àce que les
fréquences auxquelles
la seconde relaxation est observable sont d’autantplus
basses que latempérature
est elle-mêmeplus
basse et ne fait quetraduire
l’inaptitude
du pont utilisé à ces bassesfréquences.
Auxtempératures
inférieures à -20 °C,
la seconde relaxation n’est
plus
détectable avec lepont,
lesfréquences qui
interviennent étant alors inférieures à 20 Hz. L’effet detempérature
constatépar les auteurs n’est donc pas dû à une
préfusion
de la
glace
auxtempératures supérieures
à - 20 °Cainsi
qu’ils
l’affirment. Il traduit les défaillances1475
FIG. 2. - Allure de diagramme de Cole-Cole d’une émulsion de microcristaux de glace (P = 0,40, p = 0,05) entre 106 et 10-2 Hz.
Température de conservation : - 19 °C ; Température de mesure : - 24 OC. ’
[Dielectric properties of disperse ice microcristals (P = 0.40, p = 0.05) in the frequency range 106-10-2 Hz. Preserving temperature :
- 19 °C. Measurement temperature : - 24 °C,.]
de
l’appareillage
de mesure, utilisé à ses limites de validité.L’analyse qui précède condamne, a fortiori,
lesrésultats tant
expérimentaux
quethéoriques
relatifsau troisième domaine de relaxation observé aux
fréquences
lesplus basses,
que les auteurs attribuent à laprésence
d’un film d’eauquasiment liquide
à lasurface des microcristaux de
glace.
Une étude détaillée conduit à attribuer le
premier
domaine de relaxation à
l’absorption dipolaire
dela
glace,
le second à sa conductivité. Lesfréquences auxquelles
ces relaxations sont observables sont d’autantplus
basses que latempérature
est elle-mêmeplus
basse. Cet effet detempérature peut
êtreexplicité,
pour
chaque domaine,
par une relation d’Arrhénius faisant intervenir desénergies
d’activation d’ab-sorption dipolaire Debye (A.D.D.)
et de conductivitédifférentes,
l’effet detempérature
étantplus marqué
pour le second domaine du fait de la valeur
plus
élevée de
l’énergie
d’activation de conductivité. Ce résultatexpérimental peut surprendre,
en raison dela forme que
peut présenter
lediagramme
de Cole-Coledans certaines conditions
(limite
d’évolution nonatteinte, température
de conservation tropéloignée
de la
température
de fusion(Fig. 2))
uneanalyse numérique
permet d’en donner uneexplication.
Chaque
domaine peut, eneffet,
êtredécomposé
entrois
Debye
caractérisés par la mêmeénergie
d’acti-vation d’A.D.D. ou de
conductivité,
aux incertitudes de mesureprès
- cequi
conduit àrejeter l’explication
du
phénomène
d’évolution avancée par C. Boned5, 6],
fondée sur l’existence d’une transformation solide- solide au sein des cristaux.
L’évolution des
propriétés diélectriques
des dis-persions,
conditionnée essentiellement par latempé-
rature de conservation des
échantillons,
se traduitpar une diminution au cours du
temps
del’énergie
d’activation d’A.D.D. de
0,50
à0,15
eVenviron,
la limite atteinte étant d’autant
plus
basse que latempérature
de conservation des échantillons estplus
élevée et par uneaugmentation
simultanée del’énergie
d’activation de conductivité.L’expérience
montre que la somme des deux
énergies
conservela valeur constante
1,05
±0,02
eV. L’effet detempé-
rature sur la
fréquence
associée aupoint
de raccorde- ment des deux domaines derelaxation,
oùl’absorption
est
minimum,
est caractérisée par une loi d’Arrhénius faisant intervenir uneénergie
d’activation moitié de la sommeprécédente,
doncindépendante
del’échantillon
considéré,
résultatqu’il
estpossible d’interpréter
defaçon simple.
Le fait que
l’énergie
d’activation d’A.D.D. de laglace présente
des valeursplus probables
formantune suite
quantifiée
étroitement liées auxtempé-
ratures
plus probables
decongélation spontanée
del’eau surfondue
[7], joint
au fait que la somme desénergies
d’activation d’A.D.D. et de conductivité ait la même valeur pour tous les échantillonsétudiés,
devrait
permettre
de mieuxcomprendre
la naturedes défauts de réseau
responsables
desphénomènes
observés et
d’expliquer
leur rôle dans les mécanismesd’absorption dipolaire
et de conductivité de laglace.
L’ensemble du travail fera
l’objet
d’unepublication
détaillée.
Bibliographie
[1] LAGOURETTE, B., J. Phys. 37 (1976) 945.[2] LAGOURETTE, B., Thèse de Doctorat d’Etat, Pau, 1977.
[3] LAGOURETTE, B., BONED, C. et ROYER, R., J. Phys. 37 (1976)
955.
[4] EVRARD, G., LAGOURETTE, B. et MONTFORT, J.-P., C.R. Hebd.
Séan. Acad. Sci. 279B (1974) 491.
[5] BONED, C., Thèse de Doctorat d’Etat, n° CNRS A.O. 9372, Pau, 1973.
[6] BONED, C., J. Physique 37 (1976) 165.
[7] EVRARD, G., Thèse de Doctorat d’Etat, n° CNRS A.O. 6011, Pau, 1971.