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"Antonio Morinelli, L’Ala delirante. I convulsionari di Saint Médard : un caso di psicopatologia di massa nel secolo dei Lumi"

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Academic year: 2021

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Submitted on 26 Dec 2019

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”Antonio Morinelli, L’Ala delirante. I convulsionari di

Saint Médard : un caso di psicopatologia di massa nel

secolo dei Lumi”

Alessandra Pozzo

To cite this version:

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POLITICA HERMETICA, N° 28 — 2014, LES COULISSES DE L’HISTOIRE: OCCULTISME, FICTION, REALITÉS, Note de lecture, Alessandra Pozzo, « Antonio Morinelli, L’Ala delirante. I convulsionari di Saint Médard : un caso di psicopatologia di

massa nel secolo dei Lumi, Bari, Edizioni di Pagina, 2011, 334 p. », pp. 171-175.

Le lecteur de L’ala delirante de Morinelli est invité dès le sous-titre à reconnaitre dans le phénomène des convulsions de saint-Médard l’expression d’une psychopathologie. De plus, l’introduction du livre se présente comme un diagnostic on ne peut plus précis des symptômes psychosomatiques dont les « convulsionnaires » étaient affectés. Le regard ainsi posé sur ce phénomène issu de la sphère religieuse, et cependant inquiétant à plusieurs titres, serait garant de la scientificité des propos avancés par l’auteur.

Les événements connus comme les convulsions de Saint-Médard trouvent leur origine dans le milieu janséniste de Port-Royal. L’auteur de la célèbre Logique où l’art de penser, Antoine Arnauld, publie en 1643 De la fréquente communion, qui contient des analogies évidentes avec les théories jansénistes ouvertement condamnées par l’Église. Quelques années plus tard, vers 1656, dans une atmosphère où se mêlent dolorisme et profusion de miracles de guérison, sœur Antoinette de l’Assomption, religieuse de la congrégation janséniste de Notre-Dame à Provins, manifeste les symptômes somatiques qui susciteront plus tard l’engouement convulsionnaire. Des spasmes la traversent, signes d’une maladie et de sa guérison miraculeuse. Ce fait se produit trois quarts de siècle avant que n’apparaissent les convulsionnaires de Saint-Médard. La polémique qui naît dans les années suivant la publication de l’œuvre d’Arnauld entre le milieu de Port-Royal – qui en adopte les principes et qui continue à résister à la réprobation ecclésiastique – et l’Église, se conclut par la suppression du couvent et la démolition des bâtiments de Port-Royal-des-Champs en 1710. À partir du moment où le jansénisme est poursuivi par l’Église, prodiges, guérisons et miracles se produisent chez les persécutés, comme la preuve tangible que Dieu est dans leur camp. À la suite de la bulle papale Unigenitus et de la déposition en 1727 de Mgr Soanen, évêque de Senez, prélat janséniste s’opposant le plus violemment à ce document, une scission profonde se fait parmi les laïcs. Le mouvement janséniste se répand alors dans toutes les classes sociales. Le 1er mai 1727, la mort de François de Pâris, un diacre janséniste de l’église Saint-Médard à Paris tenu pour saint, déclenche le phénomène des convulsions. Sa pratique singulière des mortifications le rend célèbre dès ses études au séminaire. De fait, dans l’esprit janséniste, l’exaltation des pénitences remplace la pratique des sacrements : l’homme pécheur est indigne de ceux-ci, étant incapable d’une contrition parfaite, déshonorant donc, dans cet état, la présence divine dans l’Eucharistie. Le diacre Pâris se soumet à des jeûnes prolongés, connaît des moments de convulsions et se couvre de bracelets de chaînes de fer recouvertes de pointes acérées. On suppose que sa mort a été causée par l’excès de jeûnes et de macérations qu’il s’était imposé : un « suicide religieux » en quelque sorte, affirme Daniel Vidal1

. Cet homme étant dévoué aux pauvres, sa tombe devint vite l’objet de la vénération des malheureux qu’il avait secourus. Ils y organisaient des neuvaines et bientôt la rumeur d’un miracle se répandit. Cet épisode, utilisé par les partisans du jansénisme pour consolider leur position dans la controverse en cours, attira à Saint-Médard une armée d'infirmes. Le 12 juillet 1731, une certaine Aimée Pivert inaugure l’époque des convulsions, bientôt suivie par d’autres. À partir de ce moment, le cimetière de Saint-Médard devient un lieu de spectacle. On y va, soit pour « convulsionner », soit pour voir « convulsionner », selon la terminologie de l’époque. Il s’agit de personnes en proie à des impulsions des membres et des facultés expressives, désordonnées et exagérées, qui se produisent dans un moment particulier d’exaltation religieuse. Ce sont, pour la plupart, des personnes sans éducation religieuse, sans

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D. Vidal, Miracles et convulsion jansénistes au XVIIIe siècle. Le mal et sa connaissance, PUF, Paris, 1987, p.

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études ni talent naturel, des jeunes et des enfants. Ils tiennent des discours sublimes et véhéments sur les choses divines. De plus, leurs discours ne sont pas formulés intentionnellement. Il leur arrive que leur bouche prononce une suite de paroles indépendamment de leur volonté, de telle sorte qu’ils n’ont connaissance de ce qu’ils disent qu’à mesure qu’ils parlent. Les auteurs les plus hostiles aux convulsions, ne pouvant expliquer ce fait, l’ont attribué à une possession démoniaque. À travers l’incapacité de situer ces phénomènes étonnants apparaît avec évidence la perte de tout point de repère. Daniel Vidal [1987 : 27] attribue cette donnée au retour à une vision tragique de l’existence humaine qui témoigne du désespoir de l’homme devant l’effacement de Dieu, trait caractéristique de l’épopée janséniste. Dans ce contexte, l’homme devient auteur et patient du mal et il est le lieu même du mal qu’il instaure. Morinelli, en revanche, semble osciller entre la justification religieuse de l’événement des convulsions et la quête d’une explication scientifique qui rende compte de la complexité du phénomène. C’est pourquoi il propose la description de quelques pratiques pseudo-scientifiques de l’époque, le mesmérisme, par exemple, comme élément de comparaison avec les phénomènes liées aux convulsions. Cette perspective ainsi qu’une petite histoire de la médecine nous aideraient à baliser le parcours interprétatif des symptômes convulsifs en passant par la découverte du magnétisme animal et les premiers emplois de l’électricité à des fins thérapeutiques. Cette orientation marquerait nettement l’écart entre ce qui est scientifiquement vérifiable et le surnaturel comme deux conceptions antinomiques relevant de deux domaines, la médecine et la pensée religieuse, qui n’ont rien en commun. Cependant, si on regarde bien, même la pensée religieuse possède une rationalité spécifique qui n’a pas besoin de s’appuyer sur des disciplines scientifiques « dures » pour défendre ses positions.

Revenons aux convulsionnaires : tout leur corps devient un moyen d’expression et contribue à produire des sonorités, des mouvements reçus en tant que messages célestes. Alors que le moteur de l’expérience mystique est généralement l’expérience exubérante du divin, le cliché expressif des convulsionnaires trouve une origine plus douloureusement banale. Les possibilités expressives les plus disparates revêtent un sens à partir du moment où la circonstance d’énonciation les autorise en tant que manifestation inspirée. Au premier coup d’œil, on pourrait être tenté de rejeter ces excès en les reléguant au domaine de la psychiatrie, comme le fait Morinelli. Pourtant, il est possible d’observer l’ensemble de ces étrangetés en les maintenant au cœur de l’expression du sentiment religieux, car c’est sur ce terrain qu’elles acquièrent un sens. Des médecins furent appelés à examiner ces cas pour fournir un diagnostic sur la cause de ces mouvements et agitations. Autant les convulsionnaires prétendaient être agités par une puissance supérieure, autant les médecins attestèrent que rien de convulsif ni de surnaturel ne provoquait les impulsions, que les mouvements étaient entièrement volontaires et qu’ils tendaient à provoquer des illusions pour surprendre la crédulité du peuple. Un savoir laïc prend le relais de la compétence spirituelle du clergé. Les médecins ont du mal à évaluer scientifiquement les phénomènes extraordinaires qu’ils perçoivent. Ils sont aussi impuissants que les théologiens devant les convulsions, ils découvrent de nouveaux phénomènes psychosomatiques, sans trop pouvoir les classer. À travers leurs hésitations sur ce qui est « naturel » ou ce qui ne l’est pas, ils délimitent à nos yeux le domaine de la science médicale de leur temps.

Se dessine ainsi une nouvelle facette de la controverse touchant à la vérification scientifique de certaines répercussions physiques attribuées à l’influence de la spiritualité.

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condamnation des thèses fondamentales du mouvement janséniste prononcée par l’Église. Mais Dieu aussi, car il semble indispensable qu’il soit à l’écoute des persécutés et des souffrants. Ces inspirations qui dilatent l’expression religieuse jusqu’aux bruits des animaux et à ceux des entrailles, ainsi qu’au babillage enfantin, donnent finalement la parole aux exclus, à ceux qui n’ont pas eu droit à l’expression au sein de l’Église. Le parler « profane » (des laïques incultes) prend place à côté du parler « sacré » (des mystiques, des langues sacrées, de la langue originelle poursuivie par les théologiens et les philosophes, celle de Dieu ou des anges), à égale dignité, les deux étant proférés sous l’inspiration céleste. Malgré toutes les excentricités, les élocutions convulsionnaires sont cautionnées par ceux qui les ont enregistrées comme expressions du sentiment religieux d’une époque.

Cette orientation n’influence pourtant pas le regard, vraisemblablement pas dépourvu d’un certain parti pris, porté par Morinelli sur les convulsionnaires de saint Médard. De fait, il les catalogue sous le registre du « délire psychique », ou encore des « aberrations obscènes et sacrilèges », attentats au bon sens et aux bons mœurs, dans la France aux coutumes équilibrés du siècle des Lumières (p. 67).

Cependant, malgré les bizarreries que les convulsions peuvent montrer à la surface, à travers cet «abaissement » de l’expression du sentiment religieux une proximité progressive entre sacré et profane s’affirme et on peut poser un regard sur ce phénomène tout en respectant le domaine auquel il appartient. Si les inspirés ou les possédés connaissent extase ou transe, c’est que le contact avec le divin surplombe les facultés humaines. En analysant des traités de spiritualité, nous découvrons qu’une progressive adaptation des rapports entre l’humain et la sphère divine devrait abolir ce type de réactions chez l’homme religieux. On observe assez fréquemment au XVIIIe siècle au cours des manifestations religieuses publiques l’apparition d’un phénomène d’ébranlement physique parallèle à l’inspiration. Il est possible de l’analyser selon les principes propres au domaine religieux et, en l’occurrence, spirituel, en laissant de côté tout diagnostic d’ordre psychopathologique. Dans son commentaire de l’œuvre des « docteurs en spiritualité » du Carmel, saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila, Eugène-Marie de l’Enfant Jésus2

explique ces « phénomènes religieux » comme des caractéristiques incontournables de la « nuit de l’esprit », en s’appuyant sur la théorisation des « nuits » comme périodes de purification que l’homme spirituel doit connaître dans sa montée vers la perfection.

À partir du XVe siècle, la pratique religieuse est confrontée à une société qui se laïcise progressivement et relègue le domaine de la piété religieuse dans une position marginale, tant du point de vue culturel que social. L’accès au côté mystérieux et insaisissable de la religion dans l’imaginaire collectif provoque des réactions psychosomatiques extrêmes. Une adaptation graduelle est indispensable au religieux mystique qui se dispose à être saisi par le divin; grâce à quoi il peut ensuite l’approcher en gardant toutes ses facultés en éveil. Une médiation culturelle ou religieuse est nécessaire pour l’inculte qui approche du surnaturel sans s’être débarrassé de la peur et de la superstition que la culture séculière y attache traditionnellement. Dans ce contexte, les traits du mystique laïque se dessinent au travers de ses tentatives, parfois maladroites, d’approche de la sphère divine. Le mystique laïque se meut dans des catégories de compétence traditionnellement religieuse, souvent sans adhérer à la foi et aux conditions qui la promeuvent.

Le phénomène convulsionnaire se manifeste parmi des …. impuissants. Dernier mot de ceux qui n’ont pas le droit de parole.

Quant au rôle des « secours », les violences exercées par les « frères secoureurs » sur le corps des convulsionnaires pour démontrer que Dieu avait rendu leurs corps impassibles et invulnérables on peut les expliquer aussi avec des critères propres à la pratique religieuse. Les

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corps battus tombaient en extase et les extatiques proféraient des messages inspirés. Cet usage nous fait penser aux moyens employés pour atteindre l’extase utilisés depuis l’Antiquité. Cependant, les boissons et les substances enivrantes, les danses et les musiques rituelles, étaient utilisées alors pour obtenir une perte de conscience permettant d’atteindre la sphère divine. À l’opposé de ces extases d'ébriété, chez les convulsionnaires, la perte de conscience suscitant la transe s’obtenait par un surcroît de souffrance physique, effet des supplices recherchés dans une visée d’expiation des péchés.

Références

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