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Texte intégral

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Revue de presse 4

30 jours 5

Portrait 6

• Joëlle Brunerie-Kauffmann

Actualité 8

• Après le 31 janvier

• Loi de « refondation de l’école »

• Salaires : corriger l’erreur !

• Dégradations en rafale

• Un colloque plein de promesses

• Accord interprofessionnel

• Plans sociaux, inverser la tendance

• Vers l’égalité… résolument !

• Référentiel prof

• Congrès FSU

Dans la classe 17

• Témoigner en classe : après Auschwitz...

Éco/social 18

• Protection sociale

• Entretien avec Christophe Ramaux

U comme Union Bancaire

Dossier 21

• Professeur, un métier à réinventer

Métier 28

• CPGE : programmes

• Lycée

• Rentrée 2013

• Rectorat de Rennes

21

Entretien avec

Antoine Mary Dossier

Le métier enseignant

40

Édito

Paysage d’hiver

Le vent d’hiver n’épargne pas le paysage syndical. L’unité des mois passés résiste mal aux stratégies face au nouveau gouvernement, faisant resurgir le débat de fond de la

conception du syndicalisme.

Alors que les salariés paient le prix de la rigueur, que la courbe du chômage ne cesse de grimper, que le gouvernement persiste dans son refus de toute revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, une partie des forces syndicales refuse d’entendre les voix, pourtant toujours plus nombreuses, qui s’élèvent pour expliquer que d’autres choix budgétaires et sociaux sont non seulement possibles, mais urgents. Ils refusent de voir les effets, chez nos voisins, des politiques imposées par l’UE et en acceptent le cadre.

Renoncer à un syndicalisme de transformation sociale par la lutte collective n’est pas dans la tradition du SNES et de la FSU.

Cela ne signifie pas de refuser le dialogue social et la négociation, mais pas sans avoir créé le rapport de force nécessaire.

Cela impose l’indépendance politique face au pouvoir quel qu’il soit, intellectuelle et matérielle, pour construire l’action avec les personnels, par l’information et le débat.

Le congrès national de la FSU réaffirmera sans nul doute ces principes qui fonderont les décisions d’action du bureau

national du SNES du 19 février.

34 Fenêtre sur La SNCF

SOMMAIRE

L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard: 01 40 63 29 00). Directeur de la publication :Roland Hubert (roland.hubert@snes.edu). Rédacteur en chef:Thierry Pétrault. Secrétaire de direction:Bénédicte Derieux. Collaborateurs permanents:Nicolas Béniès, Baptiste Eychart, Nicolas Morvan, Véronique Ponvert. Régie publicitaire:Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive.

Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03 – Fax : 05 55 18 03 73 – www.comdhabitude.fr. Compogravure :C.A.G., Paris.Imprimerie : SEGO, Taverny (95). C.P.N° 0113 S 06386. I.S.S.N.N°0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception: Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de

couverture: ©Alphaspirit/Fotolia.com. Prix du numéro: 1,30. Abonnement: 1) Personnels de l’Éducation nationale: France 30; étranger et DOM-TOM: 44. 2) Autres, France: 42; étranger: 56. Publicité: CASDEN (p.2), ARVEL (p. 47), CFC (p. 48), une lettre aux syndiqués. Joint à ce numéro : 8 p. CPE

Roland Hubert cosecrétaire général

Catégories 30

• Congé maternité et congés scolaires

• Notation administrative

• Mutations : mouvement inter

Sur le terrain 32

• Partenaires pour éduquer

Fenêtre sur 34

• La SNCF

Culture 36

Livres / Revues

Cinéma / Théâtre / Spectacles / Expositions

Entretien 40

• Antoine Mary

International 42

• Palestine : les enseignants en congrès

• Conférence de l’Internationale de l’Éducation

Droits et libertés 44

• Logement

• Répression antisyndicale

Culture 45

Multimédia

Sur le Net 46

L’éducation prioritaire

(4)

4

13 au 19 décembre 2012

Fermetures d’usines : les jeunes toujours en première ligne

12 décembre 2012

LE CAC SE GAUFRE, LES BOSS SE GOINFRENT

Des montants déconnectés des performances de l’entreprise et insuffisamment conditionnés sur le long terme : telles sont les grandes tares du système de rémunération des patrons du CAC 40, décortiqué par la société Proxinvest, spécialisée dans le conseil aux actionnaires.

Le revenu moyen des présidents du CAC 40 est ainsi en hausse pour la troisième année consécutive, en dépit de performances globalement médiocres. Un constat qui met à mal l’autorégulation défendue par le Medef, et qui devrait fournir des arguments aux partisans d’un encadrement législatif, attendu pour 2013.

17 décembre 2012

L’ACCORD FRANCE-VATICAN SUR LES UNIVERSITÉS CATHOLIQUES

REMIS EN CAUSE

Signé, côté français, par Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères, cet accord permettait initialement une reconnaissance par la France des diplômes canoniques délivrés par les universités catholiques présentes sur son sol. Un avis du Conseil d’État en a cependant réduit la portée. C’est finalement le niveau, et non le diplôme, qui est reconnu. Autrement dit, c’est à chaque université publique de décider individuellement si, sur un mode d’équivalence, elle permet à un titulaire d’un diplôme canonique – mais également de certains diplômes profanes qui ne font pas l’objet d’une convention avec une université publique et n’ont pas non plus obtenu le feu vert d’un jury rectoral – de poursuivre son cursus sur ses bancs.

11 janvier 2013

LÉA, 5 ANS, SORTIE DE LA CANTINE PAR LA POLICE

Une enfant victime des querelles de grands. Depuis hier, la mésaventure de Léa, une écolière de 5 ans d’Ustaritz, un village du pays basque, ne cesse de remuer la France. Exclue de la cantine pour une facture impayée, la fillette a été emmenée, en plein déjeuner, devant ses camarades, par une policière avant d’être conduite dans le bureau de la fonctionnaire. Une histoire qui a choqué autant qu’elle a ému, du directeur de l’école jusqu’au sommet de l’État : pas moins de deux ministres ont fait part de leur indignation, tandis que le Défenseur des droits annonçait l’ouverture d’une enquête.

9 janvier 2013

AVANT LA GRANDE MANIF, LES ÉVÊQUES FONT RETRAITE

Les évêques ont beau s’en défendre, l’Église a bel et bien tenté d’enrôler les chères têtes blondes des écoles catholiques dans sa croisade contre le satanique projet de loi. Le 29 novembre, sur la chaîne KTO, contrôlée par l’évêché, le directeur de la rédaction de Radio Notre-Dame, Louis Daufresne, a ainsi adressé cette prière :

« L’Église a des forces

extrêmement présentes à mobiliser […]. Faisons passer le message à l’enseignement catholique. Deux millions et demi d’élèves. Moi, j’attends de voir si l’enseignement catholique va passer un message clair de mobilisation ».

Le 12 décembre, le saint homme était exaucé. Une lettre envoyée par Éric de Labarre, secrétaire général de l’Enseignement catholique, invitait les chefs d’établissement à « prendre les initiatives […] localement les plus adaptées ». Sitôt dit, sitôt fait.

Dans de nombreuses écoles, comme à Saint-Michel-des-Batignolles (Paris) les directeurs ont déboulé dans les classes pour prêcher la bonne parole. Sans trop de succès.

Le dessin du mois

Le Parisien, 20 décembre 2012

Faut-il s’étonner de la montée du chômage et particulièrement de la situation dramatique des jeunes qui, de mois en mois, se confirme ? La semaine dernière, à l’occasion de la publication des der- niers chiffres du chômage, nombre de consommateurs ont pourtant semblé découvrir le problème. Le taux de chômage global bat des records. Enregistré sur trois mois, toutes classes d’âges confondues, il atteint 10,3 %. Un niveau qui nous ramène treize ans en arrière...

Plus de 5 millions de personnes soit un cinquième de la population active, sont inscrites à Pôle emploi. En un an, le chômage progresse de plus de 7 %. C’est le résultat de la conjonction de deux phéno- mènes. D’une part une absence de croissance qui pousse les employeurs à réduire les effectifs. D’autre part, une progression de la population active de 150 000 personnes par an qui ne peut s’inté- grer dans un emploi.

Les jeunes sont particulièrement touchés. Au troisième trimestre 2012, le taux de chômage des jeunes actifs a atteint un niveau histo- rique : 24,2 % en France métropolitaine.

REVUE DE PRESSE

EN JANVIER

Des étrennes, mais pas pour tout le monde !

(5)

Qui c’est le patron !

Élection du patron du Medef à couteaux tirés

Plus aucun sens. Le cinéaste japonais Nagisa Oshima rejoint un autre empire

Pas dans le rythme

La réforme des rythmes scolaires passe mal

T’as pas 100 000. B. Delanoë réclame 100 000 euros pour dégradations après la manifestation contre le mariage pour tous janv.14

Méli Mali. La France intervient militairement au Mali janv.11

L’autre visage

Marseille Provence capitale européenne de la culture

Rusé Russe

Gérard Depardieu devient Russe par la grâce de Poutine janv.5

Répercussions. Une prise d’otages fait 80 morts en Algérie janv.15

Klaxon. Des salariés de PSA font du raffut sous les fenêtres de Thierry Peugeot pour « réveiller les négociations » janv.16

Lorsque Claude Guéant était ministre de l’Intérieur, les enfants roms n’allaient pas à l’école. Les camps de leurs parents étaient massivement démantelés, et chacun était reconduit, manu militari,enca- dré de gendarmes, dans son pays d’origine. Aujourd’hui, les choses sont plus fines. Les enfants roms vont en classe.

Mais toujours pas à l’école.

Ainsi, à Saint-Fons, leurs pro- fesseurs leur font cours dans un

commissariat. Ils ont leur salle à eux, une salle de classe réservée aux Roms. Une classe ghetto. Comme ça, si jamais un ministre de l’Intérieur voulait les renvoyer chez eux, il n’au- rait pas à aller les chercher bien loin. Au-delà de cela, à l’heure où le Parlement vote le mariage pour tous, il est regret- table qu’il faille encore débattre de l’importance, de la nécessité de l’école pour tous. ■

Nicolas Morvan BILLET D’HUMEUR

Ça dope... l’audience

Lance Armstrong passe aux aveux dans le show d’Oprah Winfrey janv.18

janv.17

janv.19

janv.20

Out !

La Grande-Bretagne menace de quitter l’Union européenne janv.22

La berlue. Berlusconi défend « l’action positive » de Mussolini janv.26

Pas pour tous. Les députés russes adoptent une loi contre la « propagande homosexuelle »

janv.25

Toujours pré...caire. Nouvelle crise politique en Égypte janv.27

Trevi revit. Un lifting de 2,12 millions d’euros pour la célèbre fontaine romaine

janv.28

Bien placé !J.-F. Copé dénonce les « tripatouillages » de F. Hollande sur la réforme des scrutins

janv.30

Et maintenant...

5,2 millions de fonctionnaires sont appelés à la grève et manifestent janv.31

Crevé. Goodyear présente un projet de fermeture de son usine d’Amiens-Nord

janv.31

Temps de buller

Le festival de la bande dessinée rend hommage à Uderzo

1ER

févr.

janv.3

2013. Amis lecteurs l’éphéméride vous offre ses meilleurs vœux

1ER

janv.

Mali, pas si simple

La France a lancé, le 11 janvier, une intervention militaire pour stopper l’offensive des djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali après un coup d’État à Bamako ayant fragilisé le pays.

Les rebelles islamistes ont abandonné les principales villes du Nord. Se posent néanmoins les questions d’une intervention unilatéraliste, car la France s’est retrouvée bien seule à la

manœuvre, et de l’avenir du Mali après le désengagement français, annoncé pour mars par François Hollande accueilli en héros à Tombouctou. Les groupes armés islamistes, qui occupaient la ville des 333 saints depuis avril 2012, l’ont abandonnée avant l’arrivée des forces franco-maliennes. Elle en conservera longtemps les stigmates. Outre les destructions de nombreux édifices classés au patrimoine mondial, les islamistes en fuite ont également brûlé d’inestimables manuscrits anciens.

Pour autant, il s’agit bien de fuite et rien ne garantit que la menace a disparu. Enfin, toute tentative de paix restera bien fragile tant que le sort des Touaregs n’aura pas trouvé une issue. Derrière cette intervention éclair les problèmes restent donc entiers.

© AFP / Eric Feferberg

L’école pour tous

30 JOURS

(6)

6

JOËLLE BRUNERIE-KAUFFMANN EST UNE FIGURE EMBLÉMATIQUE DE LA SECONDE PARTIE DU XXESIÈCLE :

elle a pris part à toutes les avancées sociétales de l’après-guerre, elle a pesé pour faire valoir le droit

des femmes, elle a agi, elle a milité, elle s’est engagée tout au long de sa vie pour combattre les injustices d’une société – encore – patriarcale et souvent réactionnaire. C’est une femme pleine de vie que L’USa rencontrée, femme enthousiaste, curieuse encore, révoltée toujours ; une femme à la vie bien remplie aussi, mère et épouse, gynécologue et militante associative, qui porte un regard acéré et plein d’espoir sur le monde qui l’entoure...

Joëlle Brunerie-Kauffmann est née en 1943, elle est donc le témoin de toute une époque proche, et pourtant révolue : celle d’avant la mixité scolaire, la contra- ception, la liberté sexuelle et le droit à l’avor- tement ; une époque où sévissait, en appa- rence en tout cas, un ordre moral inflexible et où régnait, en réalité, une hypocrisie à bien des égards : on « s’arrangeait » avec la loi, avec la règle et avec sa conscience. De cette époque, Joëlle B.-K. garde la nostalgie des combats, des victoires et des évolutions, nombreuses, de la société. « Car la société avance, évolue, heureusement ! Mais quand on voit cette manif, dimanche (NDLR : mani- festation contre le mariage pour tous, le 13 janvier), et surtout quand on entend les discours de ceux qui sont contre, alors on a froid dans le dos. C’est toujours les mêmes mots, les mêmes arguments qu’il y a quarante ans ! “La Nature, c’est contre nature !” Toujours la même histoire ! Mais ça ne fait rien, la société évolue quand même, heureusement... »

À l’école de la révolte

Ni résignée, ni pessimiste : Joëlle B.-K. n’a jamais baissé les bras, elle a mené de nom- breux combats, depuis sa jeunesse. Son moteur ? L’injustice. Une injustice, envers les femmes entre autres, qui lui semble telle- ment intolérable qu’elle ne comprend pas que tout le monde ne s’engage pas. Issue d’une famille bourgeoise, elle a hérité d’une éducation jalonnée de principes forts car son père était fils d’ouvrier, d’origine modeste et le produit d’une méritocratie républicaine aux valeurs très ancrées. Ce n’est donc pas son éducation qui la révolte, mais plutôt la condition faite aux femmes, et à laquelle tout le monde se soumet : « Ma mère avait cessé ses études, au profit de son frère jumeau... Mariée ensuite, elle avait eu six enfants, elle ne travaillait pas. À la maison, elle n’avait pas la parole, et mon père disait souvent cette phrase, gravée dans ma mémoire : “Qui c’est qui ramène le bif- teck ici ?” Moi, je me suis dit : jamais un homme ne me dira ça ! ». Mais lorsqu’elle obtient son bac à 16 ans, elle doit livrer son premier combat pour aller à la fac (trop dan- gereux pour une jeune fille bourgeoise !), et pour faire médecine. « À l’époque, on était

élevée dans l’idée de faire une propé et des études de philo ; s’il fallait être cultivée, ce n’était pas pour trouver un travail, mais un mari ! » Mais à la fac, elle découvre l’enga- gement, tombe dans un monde militant, et apprend la gynécologie...

Les femmes meurent en avortant C’est au cours de ses premières gardes à l’hôpital que Joëlle B.-K. découvre ce que c’est qu’un avortement. « Des femmes arrivent à l’hôpital public, en pleins saignements (qu’elles ont été obligées de déclencher elles-

mêmes avec des moyens souvent dangereux), elles sont reçues par les bonnes sœurs, encore, qui leur refusent un curetage parfois en leur disant : “retournez chez vous, vous êtes encore enceinte !” C’était épouvantable ! Là, ma révolte a commencé : mon engagement a d’abord été médical, avant d’être féministe. » C’est ainsi qu’elle milite pour le Planning familial en 1962. Au départ, les consultations du planning ne s’adressent qu’aux femmes mariées, mais elle participe à l’ouverture à Nantes d’une antenne du MFPF(1)à la MNEF, donc destinée aux étudiantes... Petite révolu- tion, tout de même ! La contraception est interdite jusqu’en 1967, elle fait venir des diaphragmes d’Angleterre, et trouve (diffici- lement) un seul médecin pour les prescrire...

« C’est quand même incroyable, quand on y pense maintenant, qu’une loi ait pu interdire à une femme sa sexualité, non ? C’est telle- ment intime... » Et puis les luttes s’enchaî- nent, alors qu’existe une chape de plomb, que les choses ne se disent pas, et que les femmes avortent dans des conditions drama- tiques et au risque de leur vie : « l’avortement était légal en Angleterre et en Hollande, alors on organisait des départs en cars, c’était très hypocrite ; cela avait un coût, et là encore, c’était souvent injuste, car seulement acces- sible à celles qui avaient de l’argent. Mais souvent, certaines payaient pour d’autres, la solidarité jouait à plein régime ». Puis, Joëlle B.-K. découvre la méthode Karman par aspi- ration (avant on procédait par curetage uni- quement) : plus simple, moins intrusif, ce geste médical requérait moins de technique, et avec un groupe de militants qui deviendra le MLAC(2), elle met en place des formations clandestines, pour des non-médecins égale- ment, et pratique cette méthode dans des structures (plannings, cliniques) alors que ce n’était pas légal. Avec quelque trois cents autres, en mars 1973, elle signe un manifeste par lequel elle reconnaît avoir pratiqué des avortements : « c’était un acte de désobéis- sance civique : c’est illégal, et on le fait ! J’ai retrouvé ça avec les lois Pasqua, au sujet des sans-papiers, quand il voulait que l’on dénonce ceux qui en hébergeaient ! Alors, ça a été formidable, j’ai vu des centaines de gens dans le métro qui allaient à la manif, il y a eu une vraie solidarité ! Il faut savoir désobéir ! ».

La loi Veil a permis de rompre avec toute cette hypocrisie ;

« pour la première fois, c’est à la demande de la femme, c’est elle qui décide ».

Oser la liberté,

permettre l’évolution de la société

© DR

PORTRAIT J O Ë L L E B R U N E R I E - K A U F F M A N N

(7)

7 Légiférer pour avancer !

La loi Veil a permis de rompre avec toute cette hypocrisie ; elle est très encadrée, elle a inscrit des restrictions nombreuses, comme la clause de conscience, qui en limitent la fai- sabilité ; « mais ce qui est révolutionnaire, c’est que pour la première fois, c’est à la demande de la femme, c’est elle qui décide ».

Quarante ans plus tard, cela reste compliqué d’avorter, peu de médecins s’intéressent à cet acte médical, et on assiste à un retour en force des comman-

dos anti IVG qui ont sévi un temps : il faut toujours res- ter vigilants.

Aujourd’hui, c’est une autre loi qui se dessine, celle du mariage pour tous,

qui entraîne une autre question, celle de la procréation. « C’est une ironie du sort, avec René Frydman, on s’est battu pour le droit à l’IVG, aujourd’hui, on pratique la PMA(3)! » La PMA est également très encadrée, elle ne peut bénéficier à tous. Elle est interdite aux homosexuelles et aux célibataires ; alors, l’histoire se répète sur le plan de l’hypocrisie car il faut aussi se rendre à l’étranger. « Les médecins prescrivent le traitement, et conviennent avec une clinique belge à quelle date la patiente pourra recevoir l’insémina- tion. Et puis, elle prend le Thalys, c’est réglé.

Il faut en finir avec cette hypocrisie, il est temps que cela évolue. »

Joëlle B.-K. a toujours été à l’avant-garde des évolutions de la société et, sur la famille, sur le mariage, sur la PMA, elle estime qu’il faut légiférer, prendre en compte les nou- veaux contours, ne pas craindre les change- ments : « cette manif de dimanche, ce n’est pas possible : qu’on laisse les gens libres de s’aimer et de se marier ; j’ai toujours défendu la liberté, c’est au nom de la liberté de disposer de son corps que j’ai lutté pour l’avortement, aujourd’hui, je suis pour la PMA pour les couples homo- sexuels. Et, en tant que gynéco- logue, j’ai reçu de très nom- breuses femmes célibataires qui souhaitaient une PMA : on n’évoque jamais ce cas de figure, fréquent pourtant : que va-t-on dire à ces femmes ? Sur un autre point, il existe des cli- vages inédits, c’est la question des mères porteuses. C’est une question très compli- quée : interdire la gestation pour autrui revient à une prohibition et j’estime que toutes les formes de prohibition sont mau- vaises, on le voit avec la drogue. Mais en même temps, est-ce que la liberté de dispo- ser de son corps doit passer par la mar- chandisation de ce corps ? Pour moi, ce n’est pas acceptable. Et des exemples de femmes qui portent le bébé d’une autre par altruisme, j’en cherche sans en trouver... ».

Repères biographiques

Au niveau professionnel, Joëlle Brunerie- Kauffmann a été médecin gynécologue au dispensaire d’Aubervilliers, puis directrice du centre d’orthogénie Antoine-Béclère à Clamart, pendant vingt ans. Elle a milité dans différentes associations (le planning familial, AIDS, le secours populaire) et a été vice-présidente de la LDH.

Portrait réalisé par Véronique Ponvert

© Claude Szmulevicz

Joëlle Brunerie-Kauffmann a marqué nos mémoires sur un autre sujet : on se souvient de ses apparitions télévisées, en 1985, au moment où Jean-Paul Kauffmann, son mari, était otage au Liban. Là encore, elle n’a jamais lâché prise, elle a agi (parfois contre l’avis du Quai d’Orsay) pour assurer sa libé- ration. Elle dit, quand elle évoque cette période, que ce sont ses combats antérieurs qui lui ont permis de résister, de tenir bon, car ses luttes l’ont armée.

Elle ajoute, en évoquant sa jeunesse :

« durant cette deuxième partie du vingtième siècle, on a connu des avancées en cascade.

Je suis très heureuse d’avoir vécu cela. On savait que tout était possible. Et ça l’était grâce aux luttes. Aujourd’hui encore, ce sont les luttes collectives qui font avancer la société ». ■

(1) MFPF : Mouvement français pour le Planning familial

(2) MLAC : Mouvement pour la liberté de l’avor- tement et de la contraception

(3) PMA : Procréation médicalement assistée

« C’est au nom de la liberté de disposer de son corps que j’ai lutté pour

l’avortement, aujourd’hui, je suis pour la PMA pour les couples homosexuels »

(8)

8

ACTUALITÉ

APRÈS LE 31 JANVIER :

ENTRE DRIBBLES ET CONTRE-PIEDS

Nombreux et déterminés, les agents de la Fonction publique ont participé à cette journée d’action avec plus de 150 000 personnes dans la rue pour dire leurs légitimes exigences. Ils n’ont reçu aucun écho favorable à leurs revendications salariales. L’arrivée des DHG dans les établissements

n’améliorera pas vraiment les conditions de travail. L’art du dribble est toujours de mise.

La grève des fonctionnaires le 31/01 et les nombreuses manifestations ont rappelé au gouvernement les attentes d’une fonc- tion publique bien malmenée durant le dernier quinquennat.

Emploi, abrogation de la journée de carence, salaires, nombreux sont les sujets de mécon- tentement et les revendications. En ouvrant jeudi 7 février les négociations sur les salaires, parcours professionnels et carrières, la ministre de la Fonction publique, Marilyse Lebranchu, a certes pris le contre-pied de la politique de ses prédécesseurs privilégiant l’individualisation et l’indemnitaire aux mesures générales, la mise en concurrence plutôt que le travail en équipe, mais n’a rien acté de concret pour l’immédiat.

Ni annonce d’une possible revalorisation du point d’indice, ni abrogation de la journée de carence, le compte n’y est pas.

Aucune amélioration

Dans l’Éducation, l’arrivée des DHG dans les établissements, le maintien de toute une série de réformes et d’une gestion souvent autoritaire donnent le sentiment à nos col- lègues que rien ne s’améliore dans leurs conditions de travail.

L’agenda social présenté par Vincent Peillon lundi 4 février semble plutôt relever de la communication que d’une prise en compte des mesures nécessaires. Sans calendrier pré- cis ni indication sur ses orientations, le ministre

a indiqué l’ouverture de trois chantiers (édu- cation prioritaire, collège, décrochage), d’autres se situant après le débat parlementaire sur la loi de refondation (métiers, évaluation).

Dans le même temps que les discussions, il propose des réunions destinées à élaborer des mesures catégorielles à court terme, insis- tant sur l’urgence pour les fonctionnaires de catégorie C et les professeurs des écoles.

Quand on connaît la faiblesse des sommes allouées au budget dans ce domaine, on peut

deviner quel sera le lot du second degré...

Le SNES a redit au ministre notre exigence de mesures immédiates (suppression des ÉCLAIR, retour à des grilles horaires natio- nales en lycée, maintien des CIO...) et traduit le mécontentement de nos professions ; de même, reçus par le rapporteur à l’Assem- blée sur la loi de refondation de l’École, nous avons souligné les insuffisances de la loi, l’opposition forte que susciteraient dans le second degré des amendements à cette der- nière refusés par le second degré, notam- ment sur le bloc école-collège, sur la carte des formations professionnelles, et la décentrali- sation de l’orientation.

Interpeller les élus

Donner des suites au 31 janvier en ayant le souci de rassembler largement doit guider notre démarche ; à cette fin, il nous faut mul- tiplier les occasions de débat, illustrer les avancées conquises par l’action syndicale dans les négociations, convaincre que des avancées tant sur la revalorisation que les réformes sont possibles.

Le débat parlementaire sur la loi doit fournir l’occasion d’interpeller les députés et de déve- lopper nos propositions, les semaines qui viennent le développement d’actions locales.

En s’appuyant sur ce travail de terrain, le SNES entend construire en mars-avril une action nationale qu’il proposera à la FSU. Frédérique Rolet

12 FÉVRIER...

La question des rythmes scolaires dans le premier degré révèle des clivages sans doute latents depuis des mois. D’un côté le SNUIpp-FSU, après avoir consulté ses sections départementales, appelle les personnels du premier degré à une journée de grève, de manifestations et de rassemblements sur la réforme des rythmes scolaires « telle qu’elle s’engage actuellement sur le terrain », dénonçant « le bricolage qui se dessine aujourd’hui » et en en demandant le report à 2014.

Dans le même temps CGT-Educ’action, FO, Sud-Éducation et la FAEN appellent tous les personnels à la grève ce même jour pour demander le retrait du décret « rythmes scolaires dans le premier degré », mais aussi celui du projet de loi dit de refondation de l’École.

De son côté, l’UNSA expliquant au Conseil Supérieur de l’Éducation du jeudi 7 février que la grève n’est pas le moyen de faire évoluer le système éducatif ne s’associe à aucun de ces deux appels, pas plus que le SGEN-CFDT.

Quant au SNES, lors de la dernière intersyndicale éducation qui s’est tenue avant la journée du 31 janvier, il a fait valoir que le second degré n’était pas directement concerné par le texte sur les rythmes scolaires et que, par ailleurs, il ne pouvait s’associer à un appel à la grève pour le retrait intégral pur et simple du projet de loi de refondation. Il a estimé qu’un bilan sérieux de la journée du 31 devait être tiré et il privilégie la poursuite de son plan d’action que son bureau

national du 19 février finalisera. Roland Hubert

© Clément Martin

(9)

LOI DE « REFONDATION DE L’ÉCOLE » LE PROJET DEVANT LE PARLEMENT Le projet qui sera présenté au débat au

Parlement ne diffère pas sur les objectifs généraux et les grands axes de la « refon- dation » de celui qui avait été soumis au vote du CSE et du CTM : maintien de la scolarité obligatoire à 16 ans et du principe du col- lège unique, priorité à l’école primaire et développement de la préscolarisation dès 2 ans, formation initiale des enseignants et CPE avec la création des ESPE, articulation premier degré-second degré, suppression de l’apprentissage junior, introduction d’un

« enseignement moral et civique », création d’un service public du numérique et de l’en-

seignement à distance, pouvoir accru des col- lectivités locales, création du Conseil supérieur des Programmes (CSP) et du Conseil national de l’évaluation du système éducatif. Cepen- dant, les nouvelles rédactions changent nota- blement certains points importants pour le second degré et ses personnels.

Tout n’est pas bouclé

Ainsi, pour l’orientation scolaire l’article 23 a été retiré, entraînant le maintien de l’article L331-7 du code de l’éducation. Le projet sou- mis au vote des parlementaires ne modifie rien en ce qui concerne l’orientation scolaire, ses personnels et ses misions. Tout dépendra main- tenant des arbitrages, encore inconnus à ce jour, concernant l’acte III de la décentralisation.

La rédaction sur la maîtrise de la définition de la carte des formations professionnelles n’a pas modifié les équilibres initiaux du projet et pré- voit donc toujours d’imposer aux Régions de trouver les moyens d’un accord avec l’État.

La scolarité obligatoire reste structurée par le socle commun de connaissances, de compé- tences et de culture, dont la définition et l’éva- luation sont renvoyées aux travaux du CSP.

Tout en maintenant l’organisation de la sco- larité en cycles, les articles 29 et 32 suppriment les actuels cycles des premier et second degrés.

Est-ce à dire que le gouvernement n’a pas totalement renoncé à un rapprochement entre ces deux ordres d’enseignement, préparé par l’installation d’un conseil école-collège ? Le SNES a rappelé fermement qu’il s’oppose- rait à toute tentative d’imposer des dispositifs du type « École du socle », comportant échanges de services ou bivalence. Le projet prévoit également la mise en place de « par- cours artistiques et culturels » en partenariat avec les collectivités locales et le ministère de la Culture. La mise en œuvre de ces disposi- tifs peut être inquiétante car les formulations

Après son examen par le Conseil d’État, le projet de loi de « refondation de l’École » présenté au CSE a subi des modifications de forme mais aussi de fond, en particulier sur l’avenir de l’orientation scolaire.

« POUR UN ACCÈS DE TOUS LES JEUNES À L’ART ET À LA CULTURE »

La mission nommée par la ministre de la Culture vient de rendre son rapport.

Il annonce – en lien avec la Loi d’orientation – l’élaboration de parcours artistiques et culturels construits « dans la complémentarité des temps scolaire, périscolaire et extrasco- laire », et dans le cadre de projets et de contrats territoriaux.

Prétendant s’appuyer sur le rapport de la concertation de cet été (ce qui est faux !), le rapport préconise en outre de « repenser l’organisation hebdomadaire des enseigne- ments obligatoires de musique et arts plas- tiques au collège. Par exemple, une offre d’as- souplissement de l’actuelle organisation offrirait des opportunités comme celle de regroupements d’heures afin que ces ensei- gnements puissent se développer dans un environnement culturel plus riche ».

Assouplissement, regroupement… ces propo- sitions sont inquiétantes si elles conduisent à globaliser ou annualiser les horaires des ensei- gnements artistiques et à ne plus assurer l’obligation scolaire hebdomadaire des deux enseignements. Le SNES a demandé une audience à la DGESCO sur cette question.

© Atlantis/Fotolia.fr

UN UNIFORME POUR LES ASSISTANTS D’ÉDUCATION ?

Au collège Lucien-Herr d’Altkirch (académie de Stras- bourg), une note de service (21/11/2012) de la chef d’établissement impose désormais aux assistants d’éducation le port d’un gilet jaune fluo dans la cour pour être repérés par les élèves. Sans aucune discus- sion et en refusant le débat lors du dernier conseil d’ad- ministration, la direction a décidé unilatéralement le port de cet uniforme aux collègues AED de ce collège.

Depuis quand les AED ont besoin d’être affublés de la sorte pour être visibles ?

Ils sont soutenus par l’ensemble de la communauté

éducative de l’établissement mais également des élèves et de leurs parents conscients que ce gilet les ridiculise dans leurs missions. Pour protester, les CPE ont également décidé de porter l’uniforme pour dénoncer ce choix fait dont l’utilité reste à prouver.

Comment un chef d’établissement a pu financer ce matériel sans qu’il en soit décidé en CA ! Le SNES demande que la direction revienne sur cette décision qui mécontente l’ensemble des personnels, des parents et des élèves.

Aude Lemoussu utilisées laissent la porte ouverte à une dilution des enseignements artistiques dans ces par- cours ou à la globalisation des horaires, comme le propose le rapport remis à la ministre de la Culture (voir encadré).

Peser dans le débat public

Le lycée reste le grand oublié de ce projet et n’est abordé que dans l’annexe qui n’a pas de valeur réglementaire. L’essentiel de la refondation se jouera donc dans les travaux du CSP et dans la rédaction des décrets et arrêtés après la publication de la loi.

Dans l’immédiat, l’enjeu se situe prioritaire- ment dans le débat parlementaire et dans les amendements qui seront proposés par les par- lementaires. Il s’agit donc de porter nos attentes et nos exigences auprès des élus et de l’opinion publique afin d’éviter le retour de projets que la concertation a permis d’écarter dans un pre-

mier temps. ■ Roland Hubert

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ACTUALITÉ

SALAIRES : CORRIGER L’ERREUR !

Après la mise en œuvre de plusieurs promesses électorales en matière fiscale, le coup de pouce quoique fort limité donné au SMIC en juillet, le ralliement au traité européen et le choix de l’austérité en matière de dépenses publiques semblent bien avoir reporté changement !

Les décisions gouvernementales opérées dès l’automne enferment la fonction publique, les salaires de ses agents sous la chape de l’austérité. Et d’aucuns proposent que les pensions de retraite suivent le même sort.

Le gouvernement a choisi de poursuivre le gel de la valeur du point d’indice des traite- ments, engagé depuis près de trois ans. Et les ministères ont reçu consigne du Premier ministre de gager toutes leurs nouvelles dépenses, fussent- elles de masse salariale, sur des réserves constituées au préalable, qu’ils sont, dans le même texte, invités à ne pas dépenser !

Quatre journées de salaire

en moins par mois

Gelé depuis juillet 2010, le point d’indice des traitements n’avait que faiblement évolué depuis plus de 10 ans. Il a ainsi

perdu près de 13 % de sa valeur depuis 2000. Compte tenu des pré- lèvements nouveaux, c’est presque quatre journées de salaire qui manquent chaque mois. Les conséquences pour être connues n’en sont pas moins désastreuses. C’est pour une part importante des per- sonnels des difficultés réelles à vivre quand 20 % des agents, et parmi eux nombre de non-titulaires dont les AED – parfois employés

à temps incomplet –, sont rémunérés au SMIC ou juste au-dessus.

C’est, pour les métiers qualifiés de la Fonction publique, dont ceux du système éducatif, un manque d’attractivité de plus en plus criant qui menace la capacité du service public à remplir ses mis- sions. C’est enfin rémunérer moins les plus jeunes que ne l’ont été leurs aînés, mais les champions de l’égalité intergénérationnelle ne

s’y attardent guère.

L’austérité apporte chaque jour chez nos voi- sins la preuve de ses méfaits et la poursuite de l’objectif d’un déficit public en dessous des 3 % fatidiques entretient l’atonie de l’écono- mie et augmente le nombre de ceux qui sont privés d’emploi.

Pour nos salaires, le changement ne saurait attendre

C’est ce que les personnels mobili- sés ont porté dans la rue le 31 janvier. C’est ce que la FSU défend dans les négociations salariales qui s’ouvrent.

Les ressources de l’État ont été délibérément réduites par les politiques libérales et expliquent une part importante des déficits publics. Parta- ger mieux les richesses, voila une exigence de changement portée il y a peu par le mouvement social. Cela passe par une ambitieuse réforme fiscale, qui dégagerait les moyens de rému- nérer les qualifications et le travail des personnels de la Fonction

publique. ■ Anne Féray

© Aleksandr Bedrin / Fotolia.com

Le 7 février, la ministre a réuni les fédérations de la Fonction publique pour présenter « calendrier et méthodes » de la négociation salariale. Les pistes de travail avancées prennent en compte le point de vue exprimé par les syndicats au cours des rencontres précédentes : travail sur les grilles, réduction de l’individualisation des rémunérations, par exemple. En rupture avec la politique conduite par les ministres de droite, la politique indemnitaire devrait être revue avec la limitation à quelques situations exceptionnelles de la rémunération de la performance.

En revanche, la ministre estime « que la trajectoire des finances publiques » ne permet aucune évolution du point d’indice en 2013, et fait de la catégorie C son chantier prioritaire. Pourtant, année après année, les politiques salariales construites sur cette priorité ont conduit à ce que ces personnels perdent toute perspective de carrière, tandis que les fonctions qualifiées perdaient toute attractivité salariale.

Quant à la réponse attendue sur le jour de carence, elle est reportée à la publication d’un rapport et nécessiterait une concertation avec les syndicats. Un point de vue que la FSU a fortement contesté.

AUDIENCE AU MINISTÈRE :

OUVERTURE DES NÉGOCIATIONS SALARIALES

©Fotolia.com / Mopic

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REVALORISER, VITE !

DÉGRADATIONS EN RAFALE La dévalorisation de nos métiers ne fait de

doute pour personne. Alors que d’autres corps de la Fonction publique ont bénéfi- cié de mesures catégorielles, les enseignants du second degré et les CPE en ont été écartés. Il en est ainsi du temps de travail comme des rémunérations. Pourtant, la charge de travail de tous s’est alourdie et les conditions de travail se sont nettement dégradées depuis une ving- taine d’années.

Temps de travail

Tous les corps de la Fonction publique ont vu la durée légale de leur temps de service dimi- nuer d’environ 20 % depuis 1950 (cf. gra- phique ci-dessous). Les évolutions succes- sives ont eu lieu au gré des avancées portant

sur la durée légale du travail en droit privé ou bien de l’évolution des rythmes scolaires pour le premier degré. La référence fixée en 1950 pour le corps des certifiés a permis l’aligne- ment pour tous les enseignants du second degré, mais cette référence n’a pas été abais- sée alors que le nombre de classes à prendre en charge n’a cessé d’augmenter, du fait de la diminution des horaires disciplinaires, au col- lège comme au lycée.

Rémunération

Pour les corps enseignants et CPE, la revalo- risation de 1989 a permis une accélération des rythmes d’avancement en début de carrières, au détriment du temps passé dans la fin de carrière en classe normale, et a permis l’accès, via la

Le ministère a lancé, depuis quelques semaines, une grande campagne publicitaire pour le recrutement de plus de 20 000 enseignants du second degré et CPE. Mais il a oublié une

question : pourquoi les étudiants ne veulent-ils pas devenir enseignant ou CPE actuellement ?

création de la hors-classe, à des indices de fin de carrière plus élevés. L’érosion de la valeur du point d’indice en a réduit les effets, d’autant que l’accès de tous aux indices de fin de carrière n’est pas réalisé et fait l’objet d’une bataille constante. Comme le montre le graphique ci- dessous, le traitement indiciaire brut de début de carrière, en euros constants, des certifiés et professeurs des écoles (PE) a progressé de 10 % par rapport à celui des certifiés et insti- tuteurs de 1983, là où celui de la fin de carrière accessible à tous (11e échelon) a diminué de 15 % pour les certifiés et augmenté de 10 % pour les instituteurs devenus PE.

Conditions de travail

Le nombre d’élèves par classe comme le nombre de classes à prendre en charge ne cessent d’augmenter ; toutes les réformes mises en œuvre ces dernières années l’ont été contre l’avis des personnels ; les injonctions hiérarchiques sont de plus en plus en contra- diction avec nos missions. Dans le même temps, les enseignants subissent de plus en plus de pressions pour accepter des heures supplémentaires. Le nombre de postes à che- val sur plusieurs établissements ne cesse d’augmenter.

Il est temps que le ministre comprenne que des mesures doivent être mises en œuvre pour améliorer l’attractivité de nos métiers. Elles doivent porter tant sur les rémunérations que sur les conditions de travail. ■

Xavier Marand

Dénigrés tout au long du quinquennat précé- dent, dévalorisés au niveau salarial, dégra- dés du point de vue des conditions de travail, nos métiers ne sont plus attractifs. Le ministère doit prendre la mesure de cette dévalorisation et entendre le SNES sur les réformes qu’il doit engager dès maintenant, puis dans le cadre d’un vaste plan, pour rendre attractifs nos métiers.

Respecter la lettre et l’esprit des décrets de 1950, permettre à tous les personnels au 11eéchelon d’accéder à la hors-classe, réduire le nombre d’heures supplémentaires à attribuer dans les répartitions de DGH, diminuer le nombre de postes à cheval sur plusieurs établissement aux seules situations qui l’exigent (disciplines à faibles effectifs par exemple), diminuer le nombre d’élèves à charge pour les CPE et les CO-Psy en particulier, sont des mesures que le ministre peut mettre en place dès la rentrée prochaine.

Il doit ensuite impérativement ouvrir des dis- cussions et proposer un plan pour la revalori- sation de nos carrières, la réduction de notre

temps de service devant élèves et la réduction de notre charge de travail. ■

Xavier Marand

Instituteur Certifié

Certifié - PE

Instituteur

Certifié

Certifié - PE 3 750

3 500 3 250 3 000 2 750 2 500 2 250 2 000 1 750 1 500

1983 2013

Début de carrière

1983 2013

Fin de classe normale

1950 1953 1956 1959 1962 1965 1968 1971 1974 1977 1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007

Instituteur - PE Certifié Autre corps FP 70

75 80 85 90 95 100

105 Évolution du temps de service de différentes catégories de la fonction publique (avec une base 100 en 1950)

Traitements indiciaires bruts en euros constants

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ACTUALITÉ

UN COLLOQUE

PLEIN DE PROMESSES

Plus de 200 psychologues se sont réunis les 30 et 31 janvier, à l’appel des syndicats de la FSU (SNES, SNUIPP, SNPES-PJJ, SNUTEFI, SNEPAP) pour échanger sur l’exercice de leur métier.

Quel que soit leur champ d’exercice, les psychologues sont confrontés à la volonté des directions de leur imposer une vision réductrice de leur fonction. Mal- menés par des politiques qui veulent enrôler la subjectivité des individus, ils sont doublement interpellés en tant que psychologues. Censés utiliser la psychologie pour contribuer à mieux adapter les personnes aux nouvelles formes d’organisation du travail, et les jeunes aux nouvelles normes de l’École, ils sont concer- nés en tant que professionnels, eux-mêmes mis à mal, par le « new management ».

Comme pour les autres salariés, la question cruciale de la qualité du travail se pose.

Comment assurer la confidentialité des entre- tiens quand on doit recevoir dans des bureaux sans porte ou sur des plateformes?

Comment s’opposer aux prescriptions qui imposent le renseignement de dossiers numériques sur les personnes rencontrées ? Comment contester les guides de « bonnes pratiques » ? Comment récuser des modali- tés d’organisation du travail qui imposent l’interchangeabilité des personnels quelle que soit leur qualification ? Comment rompre l’isolement et résister lorsque l’on est soi-même précaire ?

Toutes ces questions ont été débattues dans les ateliers et ont montré la communauté

des attaques et la difficulté du travail en équipe.

Attaque en règle

Yves Clot et Danièle Linhart ont montré com- bien les règles du métier, inscrites dans une his- toire et un genre professionnel, étaient atta- quées par les règles gestionnaires tentant d’imposer un seul critère d’appréciation de la qualité du travail, en dehors du réel. Florence Savournin a développé comment, dans l’École, l’offensive d’individualisation et de médica- lisation des difficultés scolaires empêche tout questionnement sur les troubles. Pour Marie- Jean Sauret l’éradication des symptômes au profit des procédures de gestion et de contrôle constitue bien une attaque en règle contre les cliniciens mais aussi contre les usagers.

Pour recréer du collectif et poursuivre le débat, les participants ont souhaité la mise en place de groupes académiques interchamps.

Il s’agit bien d’être ainsi plus forts, avec nos syndicats, avec la FSU, pour faire prendre en compte notre conception du métier de psychologue. ■

Catherine Remermier

CONTRE LA DÉCENTRALISATION DES CIO ET DES PERSONNELS

RASSEMBLEMENT NATIONAL À PARIS LE 8 FÉVRIER

Après des mois de discussions et d’actions des personnels à l’initiative du SNES, le projet de loi de refondation de l’École ne modifie plus l’article L. 331-7 du Code de l’éducation mais ne prévoit aucune programmation de moyens pour l’orientation scolaire. Il renvoie totalement l’avenir de cette mission et des personnels à la loi de décentralisation, dont on ne connaît toujours pas la version stabilisée du projet. Il est

indispensable de peser dans ce débat pour empêcher que le seul réseau public national d’orientation existant soit cédé gratuitement aux Régions. Celles-ci n’auront pour toutes contraintes que la conservation d’un « CIO » par département. Avec des missions régionales, une composition à géométrie variable, des modalités de fonctionnement diverses, comment oser dire que les CIO seront préservés ? Les personnels administratifs, sur lesquels le fonctionnement du CIO repose en grande par-

tie, seraient transférés aux Régions. Lors d’une interview récente, François Bonneau pour l’ARF (Association des Régions de France) réclame entre 20 et 40 % des postes de CO-Psy pour une mise à disposition ! Les CIO ont des missions qu’il faut préserver au sein de l’Éducation nationale.

Ils sont une ressource essentielle pour l’élaboration des projets et la réflexion des équipes. La nomination des CO-Psy dans les établissements scolaires et le transfert des CIO feraient disparaître tout cela, fragilisant et isolant les personnels, sans régler aucunement le problème des effectifs. À l’appel du SNESFSU, de la CGT Éduc’action, de Sud Éducation, du SNASUB-FSU, CO-Psy, DCIO et personnels administratifs se rassembleront le 8 février pour exiger auprès de Marylise Lebranchu, qui recevra l’intersyndicale au cours de l’après-midi, l’abandon de ces projets inacceptables. Marie-Agnès Monnier

© DR

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