HAL Id: halshs-01973891
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01973891
Submitted on 8 Jan 2019
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
et histoire
Jean Rosen
To cite this version:
Jean Rosen. La faïence en France du XIIIe au XIXe siècle : technique et histoire. pp.163, 2018.
�halshs-01973891�
LA FAÏENCE EN FRANCE DU XIII e au XIX e SIECLE
TECHNIQUE ET HISTOIRE
Jean Rosen
Directeur de recherche émérite CNRS, UMR 6298 ARTEHIS, Dijon
Nouveau texte augmenté et bibliographie mise à jour
2018
NOTE DE L’AUTEUR
La première édition de ce travail, qui a été publiée en 1995 aux éditions Errance, est épuisée depuis un bon nombre d’années, et assez difficile à trouver en dehors des bibliothèques publiques.
En 23 ans, si les données de base sur la technique et l’histoire de la faïence stannifère en France du début du XIII
eà la fin du XIX
esiècle n’ont pas changé de manière radicale, de nouveaux travaux et de nouvelles publications sont venus apporter d’utiles compléments d’information. C’est la raison pour laquelle il m’a semblé utile de revoir, de remanier et d’enrichir le texte initial en apportant de nouvelles informations et en fournissant une bibliographie complémentaire qui est loin d’être exhaustive. Elle figure ici d’abord sous forme de notes de bas de page, et en complément de la bibliographie initiale qui demeure située en fin de texte.
Comme on pourra s’en apercevoir, j’en ai profité pour mentionner un certain nombre de mes travaux, assez largement, en forme de bilan. J’espère que le lecteur voudra bien me le pardonner.
Et comme je suis un chercheur public, je me devais de mettre ce travail à la disposition du plus grand
nombre en le mettant en ligne. Puisse-t-il contribuer à redonner à la faïence ce regain de popularité dont elle a
bien besoin aujourd’hui.
“ O vous qui travaillez l'argile, et qui m'offrez une récompense, écoutez mes chants ! Minerve, je t'invoque ; parais ici, et prête ta main habile au travail du fourneau ; que les vases qui vont en sortir […] se cuisent au degré de feu convenable, et que, vendus chèrement, ils se débitent en grand nombre dans les marchés et les rues de nos cités ; enfin, qu'ils soient pour vous une source abondante de profits, et pour moi, une occasion nouvelle de vous chanter”.
(Histoire d'Hérodote, Paris 1822, trad. M. Miot, t. III, p. 263).
“ Il n’y a pas de grand art là où il n’y a pas de grand dessein et il n’y en a pas dans un pot ”.
(Ferdinand Brunetière, Manuel de l’histoire de la littérature française).
AVANT-PROPOS
L'homme prend l'argile dans ses mains, la lave, la façonne, puis la soumet à l'action du feu, et, par la maîtrise de l'air au cours de la cuisson, lui donne son aspect définitif : acte symbolique qui marque l'union des quatre éléments domestiqués et maîtrisés par l'homme, la fabrication de la céramique est souvent considérée comme l'un des premiers gestes fondateurs de la civilisation. Elle est d'ailleurs tout à fait comparable à la confection du pain, autre produit symbolique résultant d'un mélange à la simplicité fondamentale, mais dont la forme finale peut prendre de multiples aspects en fonction de variantes techniques et de données propres à la société qui le façonne.
Ainsi, depuis le Néolithique, à chaque stade de l'évolution, différents types de céramique portent le témoignage des sociétés qui les ont produites, et les archéologues qui se penchent sur ces périodes, jusqu'au Moyen Age, considèrent largement ces artefacts comme un des signes essentiels, et souvent même un repère précieux pour leurs investigations.
La faïence stannifère est une céramique particulière, dont la terre cuite, de nature argilo-calcaire, est recouverte d'un émail opacifié à l'aide d’oxyde d’étain. Cette technique spécifique, probablement mise au point au nord du Golfe Persique peu avant le IX
esiècle de notre ère, ne s'est vraiment développée en Europe qu'au XIII
esiècle, sans doute sous l'influence musulmane. Elle semble apparaître en France à Marseille dès cette période, et on en trouve ensuite quelques manifestations sporadiques, dont les plus connues se situent à Avignon au XIV
esiècle — sous l'influence de la Papauté — et chez les grands ducs Valois, dans le Berry et en Bourgogne, à la fin de ce même siècle. Mais elle ne s'installe guère en France de manière significative qu'au début du XVI
esiècle, sous l'influence directe de la Renaissance italienne. Les XVII
eet XVIII
esiècles connaîtront par la suite un développement extraordinaire des manufactures et des productions. Si, depuis lors, elle n'a jamais totalement disparu, on peut toutefois constater que la plupart des fabriques de faïence stannifère traditionnelle ont cessé leur activité aux environs de 1850 : ces dates et ces étapes correspondent presqu'exactement à l'installation et à l'évolution d'une période historique bien définie, et on peut légitimement considérer la faïence stannifère comme la céramique de l'époque moderne par excellence
1.
Jusqu'à présent, on peut déplorer que l'archéologie officielle ne se soit que fort peu intéressée à ces
1