• Aucun résultat trouvé

Nanofabrication de boîtes quantiques latérales pour l’optimisation de qubits de spin

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Nanofabrication de boîtes quantiques latérales pour l’optimisation de qubits de spin"

Copied!
131
0
0

Texte intégral

(1)

Nanofabrication de boˆıtes quantiques lat´erales pour l’optimisation de qubits de spin

par

Julien Camirand Lemyre

m´ emoire pr´ esent´ e au d´ epartement de physique

en vue de l’obtention du grade de maˆıtre ` es sciences (M.Sc.)

FACULT´ E DES SCIENCES UNIVERSIT´ E DE SHERBROOKE

Sherbrooke, Qu´ ebec, Canada, 19 d´ ecembre 2012

(2)
(3)

Composition du jury

Le , le jury a accept´ e le m´ emoire de M. Camirand Lemyre dans sa version finale.

Prof. Patrick Fournier D´ epartement de physique

Pr´ esident-rapporteur

Prof. Michel Pioro-Ladri` ere D´ epartement de physique

Directeur de recherche

Prof. Alexandre Blais D´ epartement de physique

iii

(4)

A Monmini et Lap` ` ere

iv

(5)

Sommaire

On pr´ esente dans ce travail un nouveau type de qubit de spin dont les performances reposent sur les propri´ et´ es d’un seul ´ electron dans une double boˆıte quantique. Le fort moment dipolaire de la double boˆıte combin´ e ` a une large variation du champ magn´ etique entre les deux boˆıtes permettrait de r´ ealiser des op´ erations logiques plus rapidement que dans une seule boˆıte quantique. Pour maximiser les variations du champ magn´ etique, on utilisera un micro-aimant plac´ e le plus pr` es possible d’une des deux boˆıtes.

A cette fin, une h´ ` et´ erostructure de GaAs/AlGaAs sur laquelle sont d´ epos´ ees des grilles d’aluminium a ´ et´ e utilis´ ee pour former une double boˆıte quantique lat´ erale. L’occupa- tion par un seul ´ electron de la double boˆıte est confirm´ ee par des mesures de transport

´

electrique ` a basse temp´ erature ainsi que par l’observation du blocage de spin. De plus, un proc´ ed´ e d’oxydation des grilles par plasma d’oxyg` ene a ´ et´ e d´ evelopp´ e. Une ´ etude des propri´ et´ es de l’oxyde form´ e par cette m´ ethode montre qu’il est possible de placer un micro-aimant directement sur la surface de l’h´ et´ erostructure sans affecter l’isolation

´

electrique entre les grilles. Cette nouvelle approche permet de produire des champs ma- gn´ etiques encore plus intenses que dans les exp´ eriences ant´ erieures, pour lesquelles le micro-aimant est plac´ e beaucoup plus loin de la surface.

L’ensemble du proc´ ed´ e de fabrication, de la photolithographie ` a l’´ electrolithographie, a ´ et´ e d´ evelopp´ e au cours de ce travail dans les salles blanches du d´ epartement de g´ enie

´

electrique et dans les salles propres du d´ epartement de physique de l’Universit´ e de Sher- brooke. Ce travail est une ´ etape importante dans la r´ ealisation de qubits de spin plus performants dans les boˆıtes quantiques lat´ erales.

Mots-cl´ es: Information quantique, Spin, Rotations ultra-rapides, Boˆıtes quantiques lat´ erales, Micro-aimants, Oxydation plasma, Nanofabrication

v

(6)

Remerciements

Entreprendre une maˆıtrise dans un nouveau laboratoire peut donner l’impression que la tˆ ache ` a accomplir sera faramineuse et les objectifs difficiles ` a atteindre. N´ eanmoins, l’exp´ erience s’est av´ er´ ee tr` es enrichissante autant au niveau technique qu’au niveau in- tellectuel. Le soutien de mon directeur de recherche, Michel Pioro-Ladri` ere, a ´ et´ e un

´

el´ ement cl´ e pour l’aboutissement de ce projet. Michel a su me transmettre une panoplie de connaissances autant sur les principes de nanofabrication que sur la physique des qu- bits de spin. Sa porte toujours ouverte et son int´ erˆ et pour le sujet de recherche ont ´ et´ e des

´

el´ ements de motivation tout au long de ma maˆıtrise. Je lui suis ´ egalement reconnaissant pour sa patience et son optimisme face aux nombreux probl` emes qui ont retard´ e le projet.

J’aimerais aussi remercier l’´ equipe des qubits de spin et plus particuli` erement Chlo´ e Bureau-Oxton pour son aide dans la course ` a la fabrication d’´ echantillons fonctionnels, pour ses alignements exceptionnels en photolithographie, pour le d´ eveloppement de la m´ ethode de s´ election naturelle d’´ echantillons par bain ` a ultra-sons et surtout pour la prise de mesures sur les dispositifs finaux. Merci ` a Laurent Olivier et Sophie Rochette qui ont su ajuster les recettes de photolithographie et la fabrication de micro-aimants de cobalt. Je souligne l’apport significatif d’Anton Bavdek sans qui nous en serions encore

`

a programmer l’asservissement des appareils de mesures. Je suis aussi redevable ` a notre coll` egue Cl´ ement Godfrin pour avoir palli´ e ` a certaines lacunes dans notre approche th´ eo- rique de la manipulation du spin. Je remercie ´ egalement Patrick Harvey-Collard pour nos discussions enrichissantes sur l’´ electrolithographie en g´ en´ erale et David Roy-Guay pour son aide dans l’analyse des spectres XPS. Merci aussi ` a Dany Lachance Quirion de m’avoir enseign´ e les rudiments de Matlab.

Le soutien du personnel technique s’est av´ er´ e ˆ etre un pilier sur lequel j’ai pu me reposer pendant toute la dur´ ee de mon projet. Micha¨el Lacerte m’a beaucoup appris sur les m´ ethodes de d´ epˆ ots et c’est grˆ ace ` a lui que nous sommes d´ esormais capable de fabriquer des grilles de Ti/Au et des micro-aimants de cobalt. M´ elanie Cloutier du

vi

(7)

Remerciements vii d´ epartement de g´ enie ´ electrique, s’est r´ ev´ el´ ee ˆ etre une aide pr´ ecieuse pour la r´ esolution des probl` emes quotidiennement rencontr´ es en microscopie ´ electronique. Merci ` a Denis Pell´ e pour les d´ ecoupes d’´ echantillons et pour l’aide au d´ eveloppement de la recette de recuit thermique rapide.

J’aimerais souligner l’apport ludique de tous les membres de The house ` a l’heure du th´ e. Peu importe vos int´ erˆ ets de recherche, nous avons pass´ e de bons moments.

Un merci sp´ ecial ` a Lap` ere pour s’ˆ etre int´ eress´ e ` a la physique quantique et ` a Monmini pour m’avoir appris les rudiments de la recherche. Sans votre appui et vos encouragements je ne serais pas o` u je suis maintenant. Merci aussi ` a Olaf et Tite-mie pour leur pr´ esence de tous les instants. Merci ` a St´ ephanie pour sa patience et son soutien quotidien.

Finalement, j’aimerais souligner l’apport financier ` a ce projet de recherche prove- nant du Conseil National de Recherche Scientifique (CRSNG) et du Fonds Qu´ eb´ ecois de Recherche- Nature et Technologie (FQRNT). Merci aussi ` a la Fondation Canadienne pour l’Innovation (FCI) pour avoir fourni les fonds n´ ecessaires ` a l’implantation de laboratoires de pointes dans le domaine de la physique m´ esoscopique et de l’informatique quantique

`

a l’Universit´ e de Sherbrooke.

(8)

Table des mati` eres

Sommaire v

Table des mati` eres viii

Liste des tableaux x

Table des figures xi

Introduction 1

1 Manipulation du spin ´ electronique 5

1.1 Diagramme de stabilit´ e . . . . 5

1.2 Rotation du spin dans une double boˆıte quantique en pr´ esence de forts gradients de champ magn´ etique . . . 10

1.2.1 Champ magn´ etique oscillant et rotation du spin . . . 10

1.2.2 Energie d’un seul ´ ´ electron dans une double boˆıte quantique . . . 13

1.2.3 Rotations ultra-rapides du spin . . . 15

2 Aspects exp´ erimentaux 23 2.1 L’h´ et´ erostructure de GaAs/AlGaAs . . . 23

2.2 Fonctionnement des dispositifs lat´ eraux . . . 25

2.3 Montages exp´ erimentaux . . . 31

2.3.1 Montage exp´ erimental du Cryostat Janis . . . 32

2.3.2 Cryostat BlueFors et mesures ` a 7 mK . . . 36

3 Choix des mat´ eriaux pour l’isolation ´ electrique des grilles 41 3.1 La jonction MIM . . . 42

3.2 Les fines grilles de titane . . . 45

viii

(9)

Table des mati` eres ix

3.3 Les fines grilles d’aluminium . . . 49

4 Fabrication de boˆıtes quantiques lat´ erales avec grilles d’aluminium 54 4.1 Proc´ ed´ e de photolithographie . . . 55

4.1.1 Gravure des MESA . . . 58

4.1.2 Contacts ohmiques . . . 59

4.2 Proc´ ed´ e d’´ electrolithographie . . . 66

5 Caract´ erisation des doubles boˆıtes quantiques 73 5.1 Mesures pr´ eliminaires . . . 73

5.1.1 Mesures de Hall et densit´ e ´ electronique . . . 74

5.1.2 Caract´ erisation des grilles . . . 75

5.2 Double boˆıte quantique en r´ egime de blocage de Coulomb . . . 81

5.2.1 Diagramme de stabilit´ e . . . 81

5.2.2 Triangles de conduction dans le r´ egime ` a (0,0)-(1,1) ´ electrons . . . . 84

5.2.3 Blocage de spin dans le r´ egime ` a fort couplage tunnel . . . 87

5.2.4 Blocage de spin dans le r´ egime ` a faible couplage tunnel . . . 90

Conclusion 93 A Recette du proc´ ed´ e de fabrication de dispositifs lat´ eraux 94 B Calcul de l’´ epaisseur d’oxyde 100 C D´ epˆ ot de Ti/Au sur une bi-couche de PMMA 104 D Nanofabrication et caract´ erisation de micro-aimants en cobalt 106 D.1 Fabrication de micro-aimants . . . 106

D.2 Mesures de l’aimantation ` a l’aide d’un barreau de Hall . . . 108

Bibliographie 118

(10)

Liste des tableaux

1.1 Rapidit´ e des op´ erations logiques ` a 1 qubit dans diff´ erentes approches . . . 12 1.2 Champs magn´ etiques produits par un micro-aimant cylindrique . . . 19 5.1 Point de pincement et refroidissement en tension . . . 80

x

(11)

Table des figures

1.1 Sch´ ema d’une double boˆıte quantique avec couplage capacitif . . . . 6

1.2 Potentiel chimique et nombre d’´ electrons . . . . 7

1.3 Diagramme de stabilit´ e d’une double boˆıte quantique . . . . 8

1.4 Energie de charge dans la r´ ´ egion (1,0)-(0,1) . . . 14

1.5 Manipulation ultra-rapide . . . 16

1.6 S´ equence de pulses pour la rotation du spin . . . 20

1.7 Op´ erations ` a deux qubits . . . 22

2.1 Composition du substrat de GaAs/AlGaAs . . . 24

2.2 Canaux de conduction d´ efinis par gravure humide . . . 26

2.3 Contacts ohmiques et recuit thermique rapide . . . 27

2.4 Fonctionnement d’une barri` ere schottky . . . 28

2.5 Fonctionnement des fines grilles et formation de zones de d´ epl´ etion dans le GE2D . . . 30

2.6 Sch´ ema du cryostat Janis allant jusqu’` a 1.4K . . . 33

2.7 Appareils pour la caract´ erisation ` a 1.4K . . . 35

2.8 Sch´ ema du cryostat BlueFors . . . 36

2.9 Doigt froid du r´ efrig´ erateur ` a dilution . . . 37

2.10 Appareils de mesure pour le transport dans le r´ egime ` a faible nombre d’´ electrons . . . 39

3.1 Isolation ´ electrique faite par une couche de calixarene et un oxyde de grille 42 3.2 Fonctionnement de la jonciton MIM . . . 42

3.3 Exemple de caract´ eristiques I(V) pour une jonction MIM . . . 45

3.4 Epaisseur d’oxyde TiO ´

x

form´ ee par plasma sur des nanofils de Ti . . . 47

3.5 Courbe I(V) de la jonciton Ti/TiO

x

/Ti . . . 48

xi

(12)

Table des figures xii

3.6 Epaisseur d’oxyde AlO ´

x

form´ ee par plasma sur des nanofils de Al . . . 49

3.7 Mesure XPS pour caract´ eriser l’effet de la pression du plasma sur l’´ epais- seur d’AlO

x

. . . 50

3.8 Epaisseur d’oxyde d’AlO ´

x

produite par plasma ` a 100 mTorr . . . 52

4.1 Cinq grandes ´ etapes du proc´ ed´ e de fabrication . . . 55

4.2 Etalement d’une couche de r´ ´ esine . . . 56

4.3 Principes de photolithographie . . . 57

4.4 Gravure humide des MESA . . . 60

4.5 Proc´ ed´ e de soul` evement . . . 61

4.6 Caract´ erisation du recuit thermique rapide . . . 62

4.7 Incompatibilit´ e entre le proc´ ed´ e de gravure et la fabrication des contacts ohmiques . . . 63

4.8 R´ esistance des contacts ohmiques en fonction de la temp´ erature pour dif- f´ erents proc´ ed´ es de fabrication . . . 65

4.9 Principes d’´ electrolithographie . . . 67

4.10 Fabrication de nanofils continus . . . 69

4.11 Alignement entre les ´ etapes d’´ electrolithographie . . . 70

4.12 Contacts Schottky . . . 72

5.1 Mesure de la densit´ e ´ electronique . . . 74

5.2 Micrographie d’une boˆıte quantique double . . . 76

5.3 Plateaux de conductance et caract´ erisation des grilles . . . 78

5.4 Bruit t´ el´ egraphique . . . 79

5.5 Diagrammes de stabilit´ e . . . 82

5.6 Transport avec diff´ erence de potentiel DC . . . 85

5.7 Triangles de conduction dans le r´ egime (0,0)-(1,1) . . . 86

5.8 Diamants de Coulomb dans le r´ egime (1,0)-(2,1) . . . 88

5.9 D´ ependance de J en champ magn´ etique . . . 90

5.10 Triangles de conduction ` a (3,2)-(2,1) . . . 91

B.1 Param` etres pour calcul de l’´ epaisseur d’oxyde . . . 100

B.2 Profile d’´ epaisseur d’oxyde et approximations . . . 102

C.1 Probl` eme de cloques pour le d´ epˆ ot Ti/Au sur PMMA . . . 104

(13)

Table des figures xiii D.1 Probl` eme de charge lors du d´ epˆ ot de cobalt . . . 107 D.2 Craques dans la ZEP form´ ees par des contraintes pr` es des motifs . . . 108 D.3 Mesure de l’aimantation d’un micro-aimant de cobalt avec un barreau de

Hall . . . 111

(14)

Introduction

Le d´ eveloppement des m´ ethodes de traitement de l’information a entraˆın´ e la soci´ et´ e vers une v´ eritable explosion technologique dans laquelle l’informatique joue un rˆ ole cen- tral. N´ eanmoins, les appareils d’analyse de l’information, tels les ordinateurs classiques, n’utilisent pas activement les propri´ et´ es quantiques de la mati` ere qui apparaissent lorsque l’on consid` ere des syst` emes faiblement coupl´ es ` a leur l’environnement. En tirant parti des propri´ et´ es quantiques intrins` eques ` a la mati` ere pour r´ ealiser un processeur d’information quantique, ou ordinateur quantique, il est possible d’obtenir des gains significatifs par rap- port ` a l’ordinateur conventionnel pour la r´ esolution de certains probl` emes [1, 2]. En plus d’offrir la possibilit´ e d’utiliser des algorithmes plus performants que son analogue clas- sique, l’ordinateur quantique pourrait nous aider ` a r´ esoudre plusieurs probl` emes ouverts en science, tel la supraconductivit´ e ` a haute temp´ erature critique, ou encore la conception de nouveaux m´ edicaments ` a base de mol´ ecules organiques synth´ etiques [3]. Pour qu’un tel processeur puisse voir le jour, il faut parvenir ` a contrˆ oler l’unit´ e fondamentale de l’in- formation quantique, le bit quantique (qubit). De fa¸con analogue au bit classique, ce sont les op´ erations logiques sur ces qubits qui donnent lieu ` a des calculs quantiques et ´ even- tuellement ` a la r´ esolution de probl` emes. Plusieurs architectures pour l’impl´ ementation de qubits sont pr´ esentement ` a l’´ etude, regroupant un vaste ´ eventail de syst` emes physiques tels que des ensembles de mol´ ecules [4], des ions pi´ eg´ es [5, 6], des qubits supraconducteurs [7] ainsi que des qubits de spin [8, 9, 10, 11]. D’ailleurs, ces derniers sont susceptibles de maintenir l’information quantique pendant des temps suffisamment longs pour que la correction d’erreur quantique puisse ˆ etre envisag´ ee [12].

Avec les avanc´ ees en mati` ere de micro et nanofabrication, des dispositifs peuvent ˆ etre fabriqu´ es dans lesquels la manipulation de la charge ´ electronique est si pr´ ecise qu’il est possible de pi´ eger un seul ´ electron. De tels dispositifs sont nomm´ es boˆıtes quantiques et peuvent ˆ etre fabriqu´ es de diff´ erentes fa¸cons, soit ` a l’aide de nanotubes de carbone [13], de points quantiques auto-assembl´ es [14], de nanofils semi-conducteurs [10] ou de

1

(15)

Introduction 2 boˆıtes quantiques ` a g´ eom´ etrie lat´ erale [8]. Pour ces derni` eres, des grilles ´ electrostatiques g´ en` erent des zones d’appauvrissement desquelles les ´ electrons sont repouss´ es. En utilisant une g´ eom´ etrie ad´ equate des grilles et un ajustement fin des tensions sur celles-ci, il est possible d’isoler un seul ´ electron entre les zones d’appauvrissement [15].

Dans la proposition initiale de Loss et Divicenzo [16], la possibilit´ e d’isoler un seul

´

electron dans un potentiel ´ electrostatique joue un rˆ ole central pour la r´ ealisation d’un qubit de spin. En effet, en localisant un ´ electron dans un volume restreint, on peut ´ etudier, en plus des propri´ et´ es li´ ees ` a sa charge ´ electrique, une autre de ses caract´ eristiques : son moment magn´ etique, aussi appel´ e spin. En pr´ esence d’un champ magn´ etique externe, le spin pr´ esente deux niveaux d’´ energie discrets, soit avec le spin parall` ele au champ magn´ etique externe ou l’´ etat antiparall` ele. Pour d’autres versions du qubit de spin, on utilise plutˆ ot deux ´ electrons dans une double boˆıte quantique et on consid` ere les ´ etats de spin singulet et triplets comme ´ etats logiques [8, 17].

Les op´ erations logiques sur un qubit de spin consistent ` a effectuer des rotations du spin de l’´ electron. Ces rotations sont engendr´ ees en appliquant un champ magn´ etique oscillant en r´ esonance avec le qubit et la vitesse de rotation est proportionnelle ` a l’ampli- tude du champ magn´ etique oscillant. Plusieurs approches ont ´ et´ e employ´ ees pour g´ en´ erer ces champs magn´ etiques oscillants dans une boˆıte quantique. Parmi celles-ci on compte l’utilisation d’une boucle de courant plac´ ee pr` es de la boˆıte [18], l’application de champs

´

electriques oscillants en pr´ esence d’un couplage spin-orbite [19], l’utilisation de compos´ es

`

a variation de facteur gyromagn´ etique [20], la production de gradients de champ magn´ e- tique par des spins nucl´ eaires [8, 17] ou encore par des micro-aimants [21, 22]. Toutefois, toutes ces approches se butent au probl` eme de la d´ ecoh´ erence caus´ ee par les spins nu- cl´ eaires. L’ars´ eniure de gallium (GaAs) est le substrat de pr´ edilection pour les boˆıtes quantiques ` a g´ eom´ etrie lat´ erale. Les atomes du substrat poss` edent tous un spin nucl´ eaire qui se couple via l’interaction hyperfine avec le spin de l’´ electron. Or, la fonction d’onde d’un ´ electron dans une boˆıte quantique lat´ erale recouvre environ un million d’atomes de gallium et d’arsenic. Dˆ u au caract` ere al´ eatoire des spins nucl´ eaires, l’´ etat quantique de l’´ electron devient tr` es rapidement un m´ elange statistique et la coh´ erence est perdue.

Cette d´ ecoh´ erence est caract´ eris´ ee par un temps T

2

qui repr´ esente le temps moyen n´ eces- saire pour que la phase relative d’une superposition d’´ etats deviennent al´ eatoire. Dans le GaAs, l’interaction hyperfine r´ eduit le temps de d´ ecoh´ erence ` a T

2

∼ 10 − 100 ns [23].

Ceci signifie que pour qu’une op´ eration logique soit fid` ele, elle doit ˆ etre effectu´ ee en un

temps t ≪ T

2

. Dans toutes les approches ci-haut mentionn´ ees, le temps requis pour une

(16)

Introduction 3 op´ eration logique est au mieux de plusieurs dizaines de nanosecondes. Ces op´ erations

´

etant lentes par rapport au temps T

2

, il est n´ ecessaire de trouver de nouvelles approches pour contrer les effets de la d´ ecoh´ erence et rendre les op´ erations logiques plus fid` eles.

Trois approches sont pr´ esentement consid´ er´ ees pour combattre la d´ ecoh´ erence. La premi` ere tire profit de la dynamique de l’environnement des spins nucl´ eaires pour r´ eali- ser des op´ erations logiques. Par exemple, en appliquant une (s´ equence spin-echo [8]) ou plusieurs (s´ equence CPMG [24]) s´ equences de pulses ´ electriques g´ en´ erant des rotations du spin de l’´ electron, il est possible de d´ ecoupler ce dernier du bain de spins nucl´ eaires pour ´ etendre le temps de d´ ecoh´ erence ` a T

2

∼ 200 µs. D’autres utilisent l’interaction hy- perfine pour transf´ erer un ` a un des quanta de moment magn´ etique du spin ´ electronique aux spins nucl´ eaires. Ceci a pour effet de polariser partiellement (jusqu’` a 60% [25]) les spins nucl´ eaires r´ eduisant, en partie, le caract` ere al´ eatoire de l’ensemble [26, 27].

La seconde approche consiste ` a utiliser des mat´ eriaux dans lesquels, contrairement au GaAs, il est possible de purifier les atomes pour obtenir un substrat sans spin nucl´ eaire.

Ceci explique d’ailleurs le r´ ecent int´ erˆ et pour les qubits en silicium [28] pour lesquels des temps de coh´ erence atteignant 180s sont observ´ es lorsque purifi´ es [29]. D’autres consi- d` erent aussi les qubits de trous lourds pour lesquels le couplage hyperfin avec les atomes du substrat est r´ eduit en raison de la sym´ etrie de la fonction d’onde [30, 31].

La derni` ere approche vise ` a augmenter la vitesse de rotation du spin ´ electronique en utilisant, par exemple, des mat´ eriaux dans lesquels le couplage spin-orbite est tr` es fort, tels que les nanofils de InSb [32] ou encore en augmentant les gradients magn´ etiques.

Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes concentr´ es ` a adapter les architectures de boˆıtes quantiques lat´ erales avec micro-aimants int´ egr´ es afin d’augmenter les gradients magn´ etiques. Dans les exp´ eriences pr´ ec´ edentes [21, 22], les micro-aimants ´ etaient isol´ es

´

electrostatiquement des grilles par une couche ´ epaisse de r´ esine. Puisque l’amplitude du champ magn´ etique produit par un micro-aimant diminue rapidement avec la distance, en pla¸cant les micro-aimants directement sur la surface du substrat on peut augmenter d’un facteur dix les gradients produits. Dans notre approche, l’isolation ´ electrique est effectu´ ee en rempla¸cant les mat´ eriaux composant les grilles et la couche isolante par des grilles oxyd´ ees.

Le m´ emoire est divis´ e comme suit. Le chapitre 1, d´ ecrit le fonctionnement des boˆıtes

quantiques lat´ erales ainsi qu’une nouvelle approche de manipulation du spin d´ evelopp´ ee

par notre groupe. Cette approche allie le fort moment dipolaire ´ electrique d’un seul ´ elec-

tron dans une double boˆıte quantique aux forts gradients de champ magn´ etique. Le cha-

(17)

Introduction 4 pitre 2 pr´ esente les aspects exp´ erimentaux ainsi que les appareils de mesure utilis´ es pour sonder les propri´ et´ es des ´ echantillons. Dans le chapitre 3, on explique comment modifier les techniques de fabrication actuelles pour la r´ ealisation de forts gradients magn´ etiques.

Aussi, la m´ ethode d’oxydation des grilles de mˆ eme que les mat´ eriaux consid´ er´ es, le ti- tane et l’aluminium, pour r´ ealiser une barri` ere d’oxyde tr` es r´ esistive seront pr´ esent´ es. Les m´ ethodes de fabrication des doubles boˆıtes quantiques avec des grilles en aluminium qui ont ´ et´ e employ´ ees pour r´ ealiser les dispositifs sont d´ etaill´ ees au chapitre 4. Les r´ esultats de caract´ erisation des propri´ et´ es ´ electriques sont finalement pr´ esent´ es au chapitre 5. On montre d’ailleurs, par des mesures de transport et de blocage de spin, qu’un seul ´ electron peut ˆ etre pi´ eg´ e dans la double boˆıte. Mˆ eme si les proc´ ed´ es de fabrication pour les micro- aimants en cobalt ont ´ et´ e d´ evelopp´ es (annexe D) ceux-ci n’ont pas encore ´ et´ e ajout´ es aux dispositifs finaux, car l’objectif premier est de montrer que les grilles d’aluminium permettent de former une double boˆıte quantique dans le r´ egime du faible nombre d’´ elec- trons. L’ensemble de ce travail pose les bases pour la manipulation ultra-rapide d’un spin

´

electronique ` a l’aide d’une non uniformit´ e du champ magn´ etique dans une double boˆıte

quantique.

(18)

Chapitre 1

Manipulation du spin ´ electronique

Dans ce travail, on s’int´ eresse ` a la manipulation ´ electrique d’un seul ´ electron dans une double boˆıte quantique. Ces boˆıtes offrent deux avantages notables par rapport aux boˆıtes quantiques simples. Premi` erement, en raison de leur diagramme de stabilit´ e beaucoup plus riche, il est plus facile de compter le nombre d’´ electrons pour en isoler qu’un seul.

Deuxi` emement, le fort moment dipolaire d’un ´ electron d’une double boˆıte facilite les op´ erations logiques sur le spin. Ces deux aspects sont trait´ es en d´ etail dans la suite de ce chapitre.

1.1 Diagramme de stabilit´ e

Afin de manipuler le spin d’un ´ electron, il est d’abord n´ ecessaire de pouvoir localiser celui-ci dans l’espace. ` A cet effet, on fabrique des boˆıtes quantiques. Une boˆıte quantique (BQ) est un syst` eme dans lequel les niveaux d’´ energie ´ electroniques sont quantifi´ es dans les trois directions de l’espace en raison du confinement. Dans les syst` emes d’ars´ eniure de gallium, une h´ et´ erostructure fournit le confinement dans la direction de croissance des cristaux. Le confinement dans les autres directions est form´ e ´ electrostatiquement par des grilles (voir les d´ etails au chapitre 2).

L’´ energie d’une double boˆıte quantique d´ epend non seulement de l’´ energie de confi- nement des ´ electrons, mais aussi du couplage tunnel et ´ electrostatique entre les boˆıtes ainsi que des potentiels appliqu´ es aux diff´ erentes ´ electrodes. L’ajustement de chacun de ces param` etres d´ efinit l’´ energie du syst` eme et influence le nombre d’´ electrons contenus dans la double boˆıte quantique (DBQ).

5

(19)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 6 Plus pr´ ecis´ ement, on consid` ere une double boˆıte quantique connect´ ee en s´ erie entre une source et un drain. La source et le drain servent de r´ eservoirs d’´ electrons. Ils permettent donc d’ajouter ou d’enlever des ´ electrons ` a la DBQ. Dans le mod` ele ` a interaction constante [33, 34, 23], les couplages ´ electrostatiques sont param´ etr´ es par des capacit´ es tel qu’illustr´ e

`

a la figure 1.1. Les deux boˆıtes quantiques sont reli´ ees entre elles, ` a la source et au drain par des jonctions tunnel de capacit´ e C

i

et de r´ esistance tunnel R

i

. La r´ esistance tunnel d´ epend des param` etres microscopiques tel le recouvrement des fonctions d’ondes

´

electroniques entre les r´ eservoirs et les BQ.

C

S

, R

S

C

m

, R

m

C

D

, R

D

V

g1

C

g2

C

g1

V

g2

BQ

G

BQ

D

S D

F igure 1.1 – Sch´ ema d’une double boˆıte quantique connect´ ee en s´ erie. La source S et le drain D sont coupl´ es via des jonctions tunnel ( ⊟) aux boˆıtes quantiques. Les BQ sont coupl´ ees entre elles via une autre jonction tunnel. Ces jonctions sont d´ ecrites par une r´ esistance R

i

et une capacit´ e C

i

en parall` ele. Deux grilles permettent de varier l’´ energie

´

electrostatique de la DBQ lorsque la tension V

gi

est modifi´ ee.

L’´ energie totale de la double boˆıte quantique est d´ ecrite par :

E

tot

=

N1

i=0

η

Gi

+

N2

j=0

η

Dj

+ U ( N

1

, N

2

) (1.1)

U(N

1

, N

2

) = N

12

E

C1

+ N

22

E

C2

+ N

1

N

2

E

Cm

+ f(V

g1

, V

g2

) (1.2) E

C1

=

e

2

C

1

⎝ 1 1 −

C

m2

C1C2

E

C2

= e

2

C

2

⎝ 1 1 −

C

m2

C1C2

E

Cm

= e

2

C

m

⎝ 1

C1C2

Cm2

− 1

(1.3) o` u N

1

et N

2

sont les nombres d’´ electrons dans la boˆıte de gauche et de droite respec- tivement. Le terme η

G(D)i(j)

est l’´ energie associ´ ee ` a l’´ etat discret occup´ e par le i(j)

i`eme

´

electron dans la boˆıte de gauche (droite) et d´ epend donc des propri´ et´ es du potentiel de

confinement qui d´ efini les boˆıtes quantiques. U (N

1

, N

2

) est l’´ energie ´ electrostatique du

syst` eme. Ainsi, les deux premiers termes du membre de droite de l’´ equation 1.2 d´ efinissent

l’´ energie ´ electrostatique de la boˆıte quantique de droite et de gauche individuellement.

(20)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 7 Le troisi` eme terme d´ ecrit l’interaction ´ electrostatique entre les deux boˆıtes. Finalement, la fonction f (V

g1

, V

g2

) d´ etermine comment varie l’´ energie ´ electrostatique du syst` eme en fonction de la tension sur la source, le drain et les grilles de contrˆ ole [34].

La variation de la tension sur les grilles de contrˆ ole permet de changer le nombre d’´ electrons sur la DBQ. On supposera, pour simplifier la discussion, qu’il n’y a pas de diff´ erence de potentiel appliqu´ ee entre la source et le drain. Dans ce cas, les potentiels chimiques de la source et du drain sont ´ egaux, µ

S

= µ

D

, et sont fix´ es par l’´ energie de Fermi.

Les quantit´ es importantes ici sont l’´ energie du dernier niveau occup´ e de la boˆıte de gauche ou de droite, c’est-` a-dire le potentiel chimique de chacune des BQ. Le potentiel chimique de la boˆıte de gauche (G) ou droite (D) est exprim´ e comme la diff´ erence d’´ energie entre les ´ etats ` a N et N − 1 ´ electrons :

µ

G

( N

1

, N

2

) = U ( N

1

, N

2

) − U ( N

1

− 1, N

2

) + η

GN1

µ

D

(N

1

, N

2

) = U (N

1

, N

2

) − U (N

1

, N

2

− 1) + η

DN2

(1.4)

(a) (b)

µG(1,1) µD(1,1)

µG(1,1)

µD(1,1)

F igure 1.2 – (a) Le nombre d’´ electrons sur la DBQ est constant, car les potentiels chimiques des boˆıtes de gauche et de droite se trouvent sous le niveau de Fermi de la source et du drain. Ces ´ etats sont donc occup´ es. (b) Lorsque le potentiel chimique d’une des boˆıtes est plus grand que le niveau de Fermi, l’´ electron peut alors sortir de la boˆıte.

On comprend de cette ´ equation que le spectre d’´ energie de la boˆıte quantique est

discret, puisque les ´ electrons ne peuvent s’y trouver qu’en nombre entier. Par exemple,

lorsque le potentiel chimique de la boˆıte de gauche est inf´ erieur au potentiel chimique de

la source µ

G

( N

1

, N

2

) < µ

S

, le nombre d’´ electrons sur la boˆıte est constant, car il n’y a

pas de niveau d’´ energie accessible sur la boˆıte quantique (figure 1.2a). Si les tensions de

grilles sont vari´ ees de sorte que µ

G

(N

1

, N

2

) > µ

S

alors un ´ electron de la BQ peut passer

vers la source (figure 1.2b) r´ eduisant le nombre d’´ electrons de un sur la BQ. La discussion

est analogue pour les ´ electrons de la BQ de droite et du drain.

(21)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 8 Lorsque l’on fait varier V

g1

ou V

g2

, on change l’´ energie ´ electrostatique de la DBQ.

Puisque la charge ´ electrique est n´ egative, faire varier n´ egativement une tension de grille revient ` a augmenter l’´ energie d’une BQ et donc ` a diminuer le nombre de charges sur celle-ci de fa¸con similaire ` a la figure 1.2b. Par cet effet, il est possible de contrˆ oler le nombre d’´ electrons ` a gauche et ` a droite sur la DBQ.

V g1

V g2

(0,0)

(0,1) (0,2) (1,0)

(2,0)

(1,1)

(2,2) (1,2) (2,1)

V g1

V g2

(0,0)

(0,1) (0,2) (1,0)

(2,0)

(1,1)

(2,2) (1,2) (2,1)

(a) (b)

E G (1, 0) E G (1, 0)

E D (0, 1) E D (0, 1)

F igure 1.3 – Sch´ ema d’un diagramme de stabilit´ e d’une double boˆıte quantique en fonction des tensions sur les grilles de contrˆ ole lorsque (a) le couplage tunnel entre les deux boˆıtes est nul et (b) non nul. Les couples (N

1

,N

2

) indiquent respectivement le nombre d’´ electrons dans la boˆıte de gauche et de droite. Le point noir indique le point triple (0,0)-(1,0)-(0,1)et les fl` eches bleues les ´ energies d’addition.

La figure 1.3 montre deux diagrammes de stabilit´ e typiques d’une double boˆıte quan-

tique. Les r´ egions o` u le nombre d’´ electrons sur chacune des boˆıtes est stable sont indiqu´ ees

par les couples N

1

et N

2

. Dans ces r´ egions, les potentiels chimiques ` a N

1

et N

2

´ electrons

sont inf´ erieurs ` a ceux de la source et du drain : µ

G

(N

1

, N

2

) < µ

S

et µ

D

(N

1

, N

2

) < µ

D

. Les

lignes repr´ esentent les endroits o` u le potentiel chimique de la source ou du drain est ´ egal ` a

celui de la boˆıte de gauche ou de droite respectivement. Ces lignes sont donc les fronti` eres

des r´ egions ` a nombre d’´ electrons constant. Les fl` eches bleues indiquent de quelle quantit´ e

doivent varier les tensions de grilles afin d’ajouter un ´ electron dans la boˆıte de gauche

ou bien de droite. L’´ energie correspondant ` a cet ajout est l’´ energie d’addition. Dans le

(22)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 9 mod` ele ` a interaction constante, l’´ energie d’addition d’un ´ electron dans la boˆıte de gauche ou de droite respectivement est donn´ ee par :

E

G

(N

1

, N

2

) = µ

G

(N

1

+ 1, N

2

) − µ

G

(N

1

, N

2

) = E

CG

+ ∆η

i

E

D

(N

1

, N

2

) = µ

D

(N

1

, N

2

+ 1) − µ

D

(N

1

, N

2

) = E

CD

+ ∆η

i

(1.5) avec ∆η

i

= η

N i+1

− η

N i

et i = 1, 2. On constate que E

CG(D)

repr´ esente l’´ energie de charge

´

electrostatique des boˆıtes de gauche et de droite respectivement. Le confinement implique une ´ energie d’addition quantique suppl´ ementaire ∆η

i

.

Dans la figure 1.3a, le diagramme est trac´ e pour un couplage capacitif nul entre les deux boˆıtes (C

m

=0). Dans ce cas, changer la tension de la grille 1 ne peut que faire varier le nombre d’´ electrons de la boˆıte de gauche, car cette grille n’a aucun effet sur la boˆıte de droite. Le raisonnement est le mˆ eme pour la grille 2 et la boˆıte de droite. Le couplage capacitif entre les boˆıtes transforme les r´ egions ` a nombre d’´ electrons constants en un r´ eseau de type nid d’abeille. Les points triples, indiqu´ es par des points noirs dans la figure, connectent trois r´ egions ` a diff´ erents nombres d’´ electrons dans le diagramme de stabilit´ e. Les points triples jouent un rˆ ole important dans le transport ` a travers la double boˆıte, comme on le verra au chapitre 5. L’espacement entre deux points triples donne l’´ energie du couplage ´ electrostatique E

Cm

entre les deux boˆıtes.

Le diagramme en nid d’abeille est particuli` erement utile pour compter le nombre d’´ electrons exp´ erimentalement. En effet, il est tr` es facile de distinguer l’´ etat ` a (0,0) ´ elec- trons, car le long des lignes qui d´ efinissent cette r´ egion il n’y a qu’un seul point triple.

En tra¸cant exp´ erimentalement le diagramme de stabilit´ e, il suffit de d´ eterminer l’empla- cement de la zone (0,0) pour connaˆıtre le nombre d’´ electrons dans chacun des hexagones.

Pour la manipulation du spin, on cherche ` a travailler dans la zone ` a (1,0)-(0,1) ´ electrons.

La discussion pr´ ec´ edente n’est valide que sous certaines conditions. Le blocage de Coulomb ne pourra ˆ etre observ´ e que si les fluctuations thermiques sont beaucoup plus faibles que l’´ energie d’addition (K

B

T ≪ E

C

, ∆η). Aussi, la r´ esistance tunnel R

t

doit ˆ etre suffisamment grande pour que les fluctuations quantiques du nombre de charges associ´ ees aux processus tunnel soient n´ egligeables. Dans ce r´ egime, le nombre de charges est bien d´ efini sur la DBQ. La condition sur R

t

est donn´ ee par le principe d’incertitude temps-

´

energie (∆E∆t ≥ ̵ h/2) comme R

t

≫ h/(4πe

2

), avec h/e

2

le quantum de r´ esistance. En

effet, en supposant que E

C

≫ ∆η

i

, on a ∆E ≈ E

C

= e

2

/C et ∆t = R

t

C qui correspondent

(23)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 10

`

a l’´ energie d’addition d’un ´ electron ainsi qu’au temps caract´ eristique des fluctuations de charge. Le mod` ele pr´ esent´ e ci-haut n´ eglige aussi quelques effets. En pratique, les deux BQ sont coupl´ ees capacitivement aux deux grilles de contrˆ ole. De plus, le mod` ele ne tient pas compte des effets quantiques de l’interaction ´ electron-´ electron. Le mod` ele suppose aussi que la r´ esistance tunnel entre les deux boˆıtes est grande. Le cas o` u le couplage tunnel ne peut ˆ etre n´ eglig´ e est discut´ e plus loin dans ce chapitre.

1.2 Rotation du spin dans une double boˆıte quan- tique en pr´ esence de forts gradients de champ magn´ etique

Dans cette section on s’int´ eresse ` a la r´ ealisation de rotations du spin d’un seul ´ electron dans une double boˆıte quantique en pr´ esence de forts gradients de champ magn´ etique.

Les dispositifs fabriqu´ es dans ce travail ont pour objectif, ` a plus long terme, de r´ ealiser le protocole de manipulation du spin pr´ esent´ e dans cette section. Tout le proc´ ed´ e de fabri- cation est donc guid´ e par les exigences relatives ` a ce protocole. Cette section repr´ esente donc la motivation principale de ce travail de recherche.

1.2.1 Champ magn´ etique oscillant et rotation du spin

L’hamiltonien d’un spin 1/2 en pr´ esence d’un champ magn´ etique est H

z

= −gµ

B

B ⋅ S

S = 1

2 σ ⃗ (1.6)

o` u g est le facteur gyromagn´ etique dans le mat´ eriau consid´ er´ e, µ

B

le magn´ eton de Bohr, et σ ⃗ le vecteur des matrices de Pauli

1

. S est l’op´ erateur de spin de l’´ electron. L’´ energie du spin d´ epend donc de son orientation dans le champ magn´ etique. Les deux ´ etats propres du syst` eme sont les ´ etats parall` ele et antiparall` ele au champ magn´ etique, ∣ ↑ ⟩ et ∣ ↓ ⟩. Les

1. Les matrices sont d´efinies comme σ ⃗ = ( σ

x

, σ

y

, σ

z

) avec σ

x

= ( 0 1

1 0 ) , σ

y

= ( 0 − i

i 0 ) , σ

z

= ( 1 0

0 − 1 ) .

(24)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 11

´

energies propres de ces ´ etats sont donn´ ees par : E

= − gµ

B

2 ∣ B ∣ E

= gµ

B

2 ∣ B ∣ (1.7)

Ces deux ´ etats sont s´ epar´ es en ´ energie par l’´ energie Zeeman E

z

= gµ

B

∣B∣.

Il est facile de se convaincre que l’hamiltonien 1.6 g´ en` ere des rotations du spin de l’´ electron. En effet, l’´ evolution d’un ´ etat de spin quelconque est donn´ ee par :

∣ ψ ( t ) ⟩ = exp

hi̵Ht

∣ ψ ( 0 ) ⟩

= exp

2ih̵B∣B∣tu⋅⃗σ

∣ ψ (0) ⟩ (1.8) Or, ceci est exactement l’op´ erateur de rotation d’un angle α =

B̵h∣B∣

t autour de l’axe u d´ efini par l’orientation du champ magn´ etique. Ainsi, un spin initialement dans l’´ etat

∣ ψ(0) ⟩ pr´ ecessera autour de l’axe du champ magn´ etique ` a la fr´ equence de Larmor donn´ ee par ω

L

=

B̵h∣B∣

.

Les ´ etats ∣ ↑ ⟩ et ∣ ↓ ⟩ peuvent servir d’´ etats logiques (de qubit) pour le calcul quantique.

Afin de pouvoir r´ ealiser des op´ erations logiques, il faut pouvoir changer l’´ etat de l’´ electron sur demande ce qui revient ` a faire des rotations du spin de l’´ electron sur la sph` ere de Bloch. Pour effectuer ces rotations, on utilise une m´ ethode bien connue de r´ esonance de spin, qui consiste ` a appliquer un champ magn´ etique oscillant transverse ` a la direction d’un champ magn´ etique statique B

0

.

Supposons que le champ statique est parall` ele ` a l’axe ˆ z, B

0

= B z ˆ et que le champ oscillant est appliqu´ e selon l’axe x. L’hamiltonien du syst` eme est modifi´ e comme suit :

H = (B z ˆ + B

osc

cos(ωt)ˆ x) ⋅ S (1.9) Lorsque la fr´ equence d’oscillation du champ est en r´ esonance avec la fr´ equence de Larmor, ω = ω

L

, on peut montrer [35] que dans le r´ ef´ erentiel tournant ` a la fr´ equence du qubit, E

z

/̵ h = ω

L

, l’hamiltonien est r´ eduit ` a :

H

ef f

= gµ

B

B

osc

S

x

(1.10)

(25)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 12 Ceci signifie que, dans le r´ ef´ erentiel tournant, le spin effectue une rotation autour de l’axe ˆ

x d’un angle θ = gµ

B

B

osc

t/̵ h qui d´ epend du temps t. Dans le r´ ef´ erentiel non tournant, le r´ esultat est le mˆ eme. Par contre, tout au long de la rotation autour de l’axe ˆ x le spin continu de pr´ ecesser autour de l’axe ˆ z ce qui donne un trajet en spiral du spin sur la sph` ere de Bloch.

Comme la vitesse de rotation est proportionnelle ` a l’amplitude du champ magn´ etique oscillant, on a avantage ` a utiliser un fort champ magn´ etique oscillant pour g´ en´ erer des rotations rapides. Exp´ erimentalement, l’application d’un tel champ est difficile. Pour ce faire il faut g´ en´ eralement appliquer de forts courants oscillants dans une boucle [18]. Par contre, le champ ´ electrique parasite de la boucle interagit avec la charge de l’´ electron.

Si ce champ est trop fort, un ´ electron pi´ eg´ e dans une boˆıte quantique pourrait acqu´ e- rir suffisamment d’´ energie pour sortir de la boˆıte quantique d´ etruisant ainsi le qubit.

L’amplitude des champs magn´ etiques oscillants est donc limit´ ee par cet effet.

T ableau 1.1 – Temps d’op´ eration n´ ecessaire pour effectuer une rotation de π du spin

´

electronique autour de la sph` ere de Bloch.

M´ ethode d’op´ eration Dur´ ee n´ ecessaire pour un pulse π R´ ef´ erence

Laser ∼ 40 ps [14]

R´ esonance ´ electronique de spin

∼ 100 ns [18]

Couplage spin-orbite 55 ns [19]

Micro-aimant pr` es d’une simple boˆıte quantique

∼ 1 µs [21, 36]

Approche Propos´ ee ici ∼ 5 ns

L’approche la plus viable ne consiste donc pas ` a appliquer de forts champs magn´ e- tiques oscillants, mais plutˆ ot de d´ eplacer l’´ electron dans un gradient magn´ etique ou d’uti- liser le couplage spin-orbite. En effet, en d´ epla¸cant l’´ electron ` a l’aide un champ ´ electrique oscillant dans un gradient magn´ etique, celui-ci verra des variations du champ magn´ etique local qui ` a leur tour produiront des rotations du spin. De la mˆ eme fa¸con, en pr´ esence de couplage spin orbite, l’interaction entre le spin et le moment cin´ etique de l’´ electron produit un champ magn´ etique effectif qui permet la rotation du spin lors l’application d’un champ

´

electrique oscillant [19]. Toutefois, dans les exp´ eriences r´ ealis´ ees jusqu’` a maintenant, le

couplage spin-orbite ou les gradients de champ magn´ etique ne sont pas suffisamment forts

pour r´ ealiser des op´ erations logiques plus rapidement que le temps de d´ ecoh´ erence des

(26)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 13 qubits qui, rappelons-le, est de l’ordre de T

2

= 10 − 100 ns dans les boˆıtes quantiques de GaAs. Le tableau 1.1 montre le temps d’op´ eration obtenu par diff´ erentes m´ ethodes pour la rotation du spin d’un seul ´ electron dans une boˆıte quantique. Sauf pour les op´ erations

`

a l’aide de lasers, aucune des approches propos´ ees ne parvient ` a r´ ealiser des temps d’op´ e- ration beaucoup plus rapides que le temps de d´ ecoh´ erence. Dans ce qui suit, on montrera que notre protocole de manipulation ´ electrique en pr´ esence de forts gradients de champ magn´ etique permet ces rotations rapides.

1.2.2 Energie d’un seul ´ ´ electron dans une double boˆıte quan- tique

Cette section pr´ esente les principes de base pour la r´ ealisation d’un nouveau type de qubit en utilisant un seul ´ electron dans une double boˆıte quantique. L’utilisation d’un seul ´ electron dans une DBQ comme qubit a d´ ej` a ´ et´ e pr´ esent´ ee [37, 38]. Or, les auteurs discutent d’une approche pour coupler le spin ´ electronique ` a une cavit´ e supraconductrice en utilisant le fort moment dipolaire ´ electrique d’une double boˆıte, mais ne s’int´ eressent pas aux op´ erations logiques sur le qubit, chose que nous d´ eveloppons explicitement dans cette section.

On travaille dans la r´ egion (1,0)-(0,1) du diagramme de stabilit´ e de la double boˆıte qui ne contient qu’un seul ´ electron (figure 1.4a). En n´ egligeant les niveaux excit´ es dans chacune des boˆıtes, les ´ etats accessibles pour cet ´ electron sont ∣ D ⟩ et ∣ G ⟩ repr´ esentant un ´ electron occupant l’orbitale de plus basse ´ energie de la BQ de droite ou celle de gauche respectivement. De cette fa¸con, on peut d´ efinir l’´ energie associ´ ee ` a chacun des ´ etats de charge

2

∣ D ⟩ → −

D

, et ∣ G ⟩ → −

G

. Le couplage tunnel entre les deux BQ est caract´ eris´ e par le terme Ω / 2. Ce couplage repr´ esente l’amplitude de saut pour ´ echanger un ´ electron entre l’´ etat ∣ G ⟩ et ∣ D ⟩ . L’hamiltonien total pour la charge dans le syst` eme est :

H

c

= −

D

∣ D ⟩ ⟨ D ∣ + −

G

∣ G ⟩ ⟨ G ∣ − Ω

2 ∣ G ⟩ ⟨ D ∣ − Ω

2 ∣ D ⟩ ⟨ G ∣

= 2

d ˆ

z

− Ω 2

d ˆ

x

(

G

+

D

)

2 I

⇒ 2

d ˆ

z

− Ω

2

d ˆ

x

(1.11)

2. Dans le mod`ele `a interaction constante

G

= E

C1

+ f ( V

g1

, V

g2

) + η

G1

et

D

= E

C2

+ f ( V

g1

, V

g2

+ η

D1

).

(27)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 14

!

e- e-

e- e-

A

B

C

D F

E

G

(b)

(0,0) (1,0)

(0,1) (1,1) V g 1

V g2

!

(a)

F igure 1.4 – (a) Diagramme de stabilit´ e autour des points triples ` a (0,0) et (1,1) ´ elec- trons. On d´ efinit comme ´ etant la diff´ erence d’´ energie ´ electrostatique entre les deux BQ.

est repr´ esent´ e par la fl` eche bleue, en fonction de V

g1

et V

g2

, dans le diagramme de sta- bilit´ e. (b) Diagramme d’´ energie pour un seul ´ electron dans une DBQ le long de . Le point A correspond ` a

D

G

et l’´ electron est bien localis´ e dans la BQ

G

. Le point C d´ ecrit la condition inverse

G

D

pour un ´ electron dans la BQ

D

. Le point B ` a = 0 repr´ esente l’´ etat sym´ etrique de charge entre les configurations ∣ G ⟩ et ∣ D ⟩ . Les points D,G,F remplissent les mˆ emes conditions, qu’ A,B et C, mais pour la configuration de plus haute ´ energie. La diff´ erence d’´ energie entre les deux branches est : E(t) =

2

+ (t)

2

. Dans la derni` ere ´ equation, on a d´ efini =

G

D

et supprim´ e les termes proportionnels

`

a l’identit´ e ( I ). Les op´ erateurs ˆ d

z

et ˆ d

x

sont donn´ es par les matrices de Pauli associ´ ees aux deux ´ etats de charge. L’op´ erateur moment dipolaire ´ electrique de la charge s’´ ecrit d ˆ

z

= ∣ G ⟩ ⟨ G ∣ − ∣ D ⟩ ⟨ D ∣.

On peut ensuite s’int´ eresser ` a l’´ energie associ´ ee au spin de l’´ electron. En pr´ esence d’un champ magn´ etique non uniforme, l’´ electron ressentira un champ magn´ etique diff´ erent selon qu’il se trouve dans la boˆıte quantique de gauche ou de droite. Cette inhomog´ en´ eit´ e est prise en compte en modifiant l’hamiltonien Zeeman :

H

s

= − gµ

B

B

G

⋅ S ∣ G ⟩ ⟨ G ∣ − gµ

B

B

D

⋅ S ∣ D ⟩ ⟨ D ∣ (1.12)

La fa¸con de comprendre cet hamiltonien est que l’´ electron voit un champ magn´ etique

diff´ erent en fonction de son ´ etat de charge. Si l’´ electron est dans la BQ de gauche, ∣ G ⟩ ,

alors il verra le champ B

G

, et s’il est dans la BQ de droite, ∣ D ⟩ , il verra B

D

. Dans ce

(28)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 15 qui suit, on suppose, par simplicit´ e, qu’il n’y a pas de composante selon ˆ y du champ magn´ etique.

On peut ensuite r´ e´ ecrire l’´ equation 1.12 en explicitant les champs magn´ etiques sur chacune des BQ et en r´ e´ ecrivant ceux-ci en fonction des champs moyens et des diff´ erences existant dans chacune des directions. En d´ efinissant B

i

= (B

i,G

+B

i,D

)/2 le champ magn´ e- tique moyen pour chacune des composantes i et ∆B

i

= (B

i,G

−B

i,D

)/2 l’´ ecart par rapport

`

a cette moyenne on retrouve l’hamiltonien suivant : H

s

= −

B

B

x

2 σ

x

B

B

z

2 σ

z

B

∆B

x

2

d ˆ

z

σ

x

B

∆B

z

2

d ˆ

z

σ

z

(1.13) Les deux premiers termes de l’hamiltonien d´ ecrivent l’´ energie Zeeman d’un ´ electron en pr´ esence d’un champ magn´ etique uniforme dont les composantes correspondent au champ moyen. Les deux derniers proviennent du couplage entre le moment dipolaire

´

electrique de la charge et le spin. Cette interaction est produite par la non-uniformit´ e du champ magn´ etique. C’est grˆ ace ` a la pr´ esence des termes couplant le spin ` a la charge que les rotations ultra-rapides pourront ˆ etre effectu´ ees. Dans la section suivante, on montre comment g´ en´ erer des rotations arbitraires du spin et on calcule les temps caract´ eristiques associ´ es.

1.2.3 Rotations ultra-rapides du spin

Dans l’exp´ erience, la diff´ erence de champ magn´ etique entre les boˆıtes de gauche et de

droite est g´ en´ er´ ee par un micro-aimant plac´ e pr` es de la DBQ. De plus, le champ magn´ e-

tique externe est fixe et orient´ e selon l’axe reliant les deux boˆıtes (figure 1.5a). Comme

mentionn´ e dans la section 1.2.1, on peut produire des rotations du spin en d´ epla¸cant

l’´ electron dans un gradient magn´ etique pour produire un champ magn´ etique oscillant

effectif. Ici, on d´ eplacera donc la charge entre les deux boˆıtes, ce qui diff` ere des approches

pr´ ec´ edentes o` u l’´ electron ´ etait d´ eplac´ e dans une seule boˆıte [21, 36, 19]. Il est primordial

de faire ces d´ eplacements de sorte que l’´ electron reste toujours dans son ´ etat fondamental

de charge. Pour ce faire, il faut d´ eplacer l’´ electron adiabatiquement entre les deux configu-

rations ∣ G ⟩ et ∣ D ⟩ . De cette fa¸con, l’´ electron verra alternativement le champ magn´ etique

de la boˆıte de gauche et de droite, ce qui g´ en´ erera le champ oscillant. Le contrˆ ole adiaba-

tique doit ˆ etre effectu´ e suffisamment rapidement (contrˆ ole adiabatique rapide, CAR) de

sorte que l’´ etat de spin reste coh´ erent pendant toute la dur´ ee de la manipulation, mais

suffisamment lentement afin que l’´ electron ne puisse effectuer de transition de Landau-

(29)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 16

e-

e- e- e-

B !

0

d

z x

B !

D

B !

G

e-

e- e-

e-

e-

e-

a)

c) b)

F igure 1.5 – (a) Sch´ ema de l’exp´ erience. Un micro-aimant est aimant´ e par un champ

externe. Les gradients de champs magn´ etiques pr´ esents g´ en` erent des champs l´ eg` erement

diff´ erents entre les deux boˆıtes quantiques. (b) Rotation du spin autour de l’axe ˆ x. L’´ elec-

tron est d’abord dans l’´ etat sym´ etrique de charge. Un pulse micro-onde fait osciller le

dipˆ ole ´ electronique ` a la fr´ equence de Larmor en d´ epla¸cant l’´ electron entre les deux boˆıtes

quantiques. En raison du gradient ∆B

x

une rotation autour de ˆ x est produite. La charge

est ensuite ramen´ ee dans l’´ etat sym´ etrique. (c) Rotation du spin autour de ˆ z. Les ´ etats

initiaux et finaux sont les mˆ emes que pour la rotation autour de ˆ x. On d´ eplace simplement

l’´ electron dans une ou l’autre des boˆıtes quantiques pour faire la rotation.

(30)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 17 Zener [17] pour se retrouver dans l’´ etat de charge de plus haute ´ energie. La condition pour le r´ egime CAR est exprim´ ee en terme de la variation temporelle de (t) [39, 40] :

E (t)

3

≫ ̵ h d(t)

dt Ω (1.14)

E ( t ) =

2

+ ( t )

2

(1.15)

avec E(t) la diff´ erence d’´ energie entre la bande inf´ erieure et sup´ erieure dans la figure 1.4b.

Lorsque cette ´ equation est satisfaite, l’op´ erateur moment dipolaire ˆ d

z

peut ˆ etre remplac´ e par sa valeur moyenne instantan´ ee :

⟨ d ˆ

z

⟩ = ( t )/ E ( t ) ≡ d ( t ) (1.16) .Dans le r´ egime adiabatique, l’´ equation 1.12 devient :

H

sadia

= − gµ

B

2 (B

z

+ d(t)∆B

z

z

− gµ

B

2 (B

x

+ d(t)∆B

x

x

(1.17) En contrˆ olant le moment dipolaire ´ electrique il est donc possible de faire varier le champ magn´ etique effectif. Puisque le champ externe appliqu´ e est tel que B

ext

≫ ∆B

z,x

les ´ etats propres de spin sont d´ efinis en bonne approximation comme ´ etant ∣ ↑ ⟩ , ∣ ↓ ⟩ associ´ es ` a σ

z

. Toutefois, il est possible de tourner le r´ ef´ erentiel pour tenir compte du champ effectif total B = ( B

x

+ d

0

∆B

x

) x ˆ + ( B

z

+ d

0

∆B

z

) z ˆ pour un moment dipolaire d

0

donn´ e.

Pour effectuer la s´ equence de rotation du spin, on initialise d’abord l’´ electron dans son ´ etat de plus faible ´ energie ` a d

0

= 0 soit (∣ D ⟩ + ∣ G ⟩)/

2 ⊗ ∣ ↑ ⟩. La charge est alors dans son ´ etat sym´ etrique et le spin dans l’´ etat parall` ele. L’initialisation peut se faire en utilisant des m´ ethodes connues. Le plus simple est de placer le syst` eme ` a d

0

= 0 et d’attendre un temps plus long que le temps de relaxation t

rel

= 1/Γ

rel

o` u Γ

rel

est le taux de relaxation de l’´ electron vers son niveau fondamental. Γ

rel

est donn´ e en fonction des taux de relaxation de charge et de spin comme : Γ

−1rel

= Γ

−1c

+ Γ

−1s

. G´ en´ eralement, Γ

c

≫ Γ

s

de sorte que le temps de relaxation du spin est beaucoup plus long que celui de charge.

A ` ∣ B ∣ = 1 T, le temps de relaxation de spin est de l’ordre de T

1

≈ 1 − 10 ms [41] alors

que celui de la charge est de l’ordre de quelques nanosecondes [42]. Il faut donc attendre

plusieurs ms, ` a d

0

= 0 pour que le syst` eme retombe dans son ´ etat fondamental.

(31)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 18 Pour effectuer la r´ esonance ´ electronique de spin autour de l’axe ˆ x tel que d´ ecrit ` a la section 1.2.1, il faut faire varier le moment dipolaire d(t) ` a la fr´ equence de Larmor pour cr´ eer un champ magn´ etique oscillant effectif, B

osc

= ∆B

x

d(t). Ceci est r´ ealis´ e en appli- quant id´ ealement des pulses micro-ondes de la forme (t) = Ω sin(ω

L

t)

1 − sin

2

L

t).

Cette forme pour (t) est obtenue en imposant d(t) = sin(ω

L

t) dans l’´ equation 1.16 et en combinant le r´ esultat avec l’expression de E(t) de l’´ equation 1.15. Un signal oscillant de la forme d

0

= sin(ω

L

t) est alors g´ en´ er´ e (figure 1.5b). La dur´ ee du pulse micro-onde d´ etermine l’angle de rotation final du spin. Exp´ erimentalement, il peut s’av´ erer plus simple d’appliquer des signaux sinuso¨ıdaux du type

exp

( t ) = sin ( ω

L

t ) . Ceci n’empˆ e- chera pas les rotations du spin ´ electronique, mais produira des oscillations du dipˆ ole, d(t) ∼ sin(ω

L

t)/

1 + sin

2

L

t). Heureusement, une ´ etude num´ erique du spectre en fr´ e- quence de (t) r´ ealis´ ee par Cl´ ement Godfrin, montre que seul le premier terme de la s´ erie de Fourier est important, car seule la premi` ere harmonique, ` a ω = ω

L

du dipˆ ole est en r´ esonance avec le spin. Ce faisant, on introduit tr` es peu de distorsion en utilisant

exp

(t) comme pulse et les rotations du spin seront similaires dans les deux cas.

Les rotations autour de l’axe ˆ z sont produites en pulsant d(t) ` a une des deux valeurs propres +1 ou -1 de ˆ d

z

pendant un temps τ

φ

. Cela revient ` a dire que l’on place le spin dans la boˆıte quantique de gauche ou de droite pendant la dur´ ee du pulse (figure 1.5c). Dans le r´ ef´ erentiel tournant ` a la fr´ equence de Larmor ` a d

0

= 0, le spin ´ electronique tournera autour de l’axe ˆ z, d’un angle d´ etermin´ e par la dur´ ee du pulse, θ ∼ gµ

B

∆B

z

τ

φ

/2 ̵ h. Le gradient de champ magn´ etique selon ˆ z est sym´ etrique par rapport ` a la valeur moyenne, c’est-` a-dire que la contribution du micro-aimant au champ externe augmente le champ en ˆ z dans une boˆıte et la diminue de la mˆ eme valeur dans l’autre boˆıte. C’est pour cette raison que lors des rotations autour de ˆ x il n’y a pas d’accumulation de phase suppl´ ementaire due

`

a la rotation selon ˆ z. Dans le r´ ef´ erentiel tournant, lorsque l’´ electron oscille d’une boˆıte ` a l’autre, la phase accumul´ ee dans une boˆıte est alors supprim´ ee par celle accumul´ ee dans l’autre boˆıte, car la rotation autour de l’axe ˆ z se fait dans deux directions oppos´ ees.

Des simulations num´ eriques ont ´ et´ e effectu´ ees pour d´ eterminer l’emplacement id´ eal

du micro-aimant par rapport ` a la double boˆıte quantique, sa g´ eom´ etrie optimale ainsi

que les gradients magn´ etiques produits. Les simulations montrent qu’un micro-aimant

cylindrique de hauteur de h = 150 nm et de rayon r = 104 nm centr´ e sur la boˆıte quantique

de gauche donne des gradients de champ magn´ etique suffisamment intenses pour faire

les op´ erations logiques d´ ecrites ci-dessus. Pour une distance typique entre les deux BQ

de s = 100 nm et pour un micro-aimant plac´ e ` a l = 100 nm au dessus de la DBQ, le

(32)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 19 T ableau 1.2 – Valeurs des champs magn´ etiques et des gradients produits par un micro- aimant de cobalt de magn´ etisation ` a saturation de 1.8 T. Ces valeurs sont les r´ esultats de l’optimisation effectu´ ee par Chlo´ e Bureau-Oxton. Les dimensions de l’aimant sont : h = 150 nm, r = 103.9 nm, d = 100 nm and s = 100 nm. δB

x,z

donne le gradient local dans chacune des boˆıtes quantiques, alors que ∆B

x,z

est la diff´ erence entre les champs magn´ etiques produits dans les deux boˆıtes.

B

z

(mT) (dot1 ∣ dot2) -102.65 -34.83 B

x

(mT) (dot1 ∣ dot2) 0.00 -96.23

∆B

z

(mT) -67.82

∆B

x

(mT) 96.23

δB

z

(mT/nm) (dot1 ∣ dot2) 0.00 1.05 δB

x

(mT/nm) (dot1 ∣ dot2) -1.37 -0.17

tableau 1.2 montre le champ magn´ etique additionnel ainsi que les gradients produits.

Les valeurs de ∆B

x,z

sont celles utilis´ ees pour toutes les simulations de rotation du spin

´

electronique. De plus, le champ externe consid´ er´ e est B = 48.115mT ˆ x+1000mT ˆ z de sorte que le champ magn´ etique selon ˆ x soit nul ` a = 0. De cette fa¸con, le champ selon ˆ x est de mˆ eme amplitude, mais d’orientation diff´ erente entre les deux BQ.

Pour caract´ eriser la vitesse de rotation du spin, on applique une s´ equence de pulses et on projette l’´ etat de spin final le long de l’axe de quantification ˆ z. Exp´ erimentalement, seul cet axe de mesure est accessible. Le s´ equence de pulses consid´ er´ ee est la suivante : on fait d’abord une rotation autour de ˆ x puis autour de ˆ z et finalement autour de ˆ x.

Cette s´ equence permet de mettre en ´ evidence une rotation autour de ˆ z tout en projetant l’´ etat final du spin le long de ˆ z. Les pulses autour de ˆ x sont modul´ es par une enveloppe gaussienne alors que ceux autour ˆ z contiennent un temps de mont´ ee de 1 ns (figure 1.6a). Ces modulations sont ajout´ ees afin de satisfaire ` a la condition d’adiabaticit´ e. Ainsi, l’´ etat de charge est toujours bien d´ efini comme on peut le voir dans la variation de ⟨ d ˆ

z

`

a la figure 1.6b. La figure 1.6c montre l’´ evolution de ⟨ σ

z

⟩ en fonction du temps τ

φ

.

Les oscillations de Rabi sont sinuso¨ıdales comme on devait s’y attendre. En ajustant

τ

φ

= 1.42 ns, la rotation autour de l’axe z est de π/2 et la s´ equence de pulses g´ en` ere la

porte d’Hadamard, une des portes logiques d’int´ erˆ et pour le calcul quantique. En ajustant

la dur´ ee des pulses z et x, on peut g´ en´ erer toutes les rotations ` a un qubit, ce qui n’est

pas toujours le cas dans les exp´ eriences existantes.

(33)

Chapitre 1 : Manipulation du spin ´ electronique 20

F igure 1.6 – (a) Variation de (t) en fonction du temps pour la rotation du spin. La s´ equence comporte trois pulses. Un premier pulse micro-onde pour faire une rotation autour de l’axe ˆ x de π / 2 est appliqu´ e pendant 2.2 ns. Un pulse de ( t ) avec un temps de mont´ e de 1 ns, permet de localiser l’´ electron dans la boˆıte de droite. La dur´ ee du pulse τ

φ

est ajust´ ee pour obtenir diff´ erents angles de rotations autour de ˆ z. La s´ equence se termine avec la r´ ep´ etition du premier pulse. (b) ´ Evolution du moment dipolaire ´ electrique

⟨ d ˆ

z

⟩ (courbe bleue) et de la projection du spin sur l’axe ˆ z (en mauve) pour la s´ equence pr´ esent´ ee en (a). L’´ evolution est calcul´ ee en r´ esolvant l’´ equation de Schr¨ odinger pour H = H

c

+ H

s

. (c) Oscillations de ⟨ σ

z

⟩ en fonction de τ

φ

au temps t = 30ns. Une porte z (inversion de la phase) est r´ ealis´ ee en 2.84 ns. Ω/h= 25.6 GHz ainsi que B = 48.115mT ˆ x+

1000mT ˆ z sont utilis´ es pour dans ces simulations.

Références

Documents relatifs

If the voltage bias V qpc2 is changed, it induces a change of the electron density in the edge-states (meaning a change of the number of electrons transported), and consequently

Dans les approches existantes, la RSE est obtenue en appliquant un voltage oscillant sur une grille adjacente à la BQ pour déplacer l’électron à l’intérieur de sa boîte qui

Pr. BOUHAFS Mohamed El Amine Chirurgie - Pédiatrique Pr. BOULAHYA Abdellatif* Chirurgie Cardio – Vasculaire Pr. CHENGUETI ANSARI Anas Gynécologie Obstétrique. Pr. DOGHMI Nawal

In this study, we optimized loading conditions of esteri- fied SBFI, CoroNa, and ANG-2 indicator dyes when using human prostate cancer cell lines DU 145, PC-3, and PC-3M.. The

Pour cette raison, ces équations avec celles proposées par Serratrice (paragraphe 1.4.2) ont été ensuite testées sur les tassements en profil en long mesurés sur le deuxième tube

101 - 54602 Villers lès Nancy Cedex France Unité de recherche INRIA Rennes : IRISA, Campus universitaire de Beaulieu - 35042 Rennes Cedex France Unité de recherche INRIA Rhône-Alpes

In the following, we have illustrated the behaviour of our conditional gradient splitting algorithm compared to classical projected gradient algorithms on toy and

On se propose de calculer les niveaux d’´ energie d’un ´ electron de Dirac plac´ e dans un champ magn´ etique uniforme et constant B.. On se place dans la repr´ e- sentation