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Souvent monnaie varie... Il y a un an, on ne parlait que de

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Academic year: 2022

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(1)

ANDRÉ P I E T T R E

L'AVENIR DE L'OR

S

ouvent monnaie varie... I l y a u n an, on ne parlait que de d é m o n é t i s a t i o n de l'or. Aujourd'hui le dollar est de nouveau défini en or, et le cours du m é t a l et des pièces sur le m a r c h é libre gravit des sommets. Que penser de ces sautes d'humeur ?

Pour y r é p o n d r e , i l nous faudra remonter assez loin dans le p a s s é . L a c o m p l e x i t é du sujet nous ordonnera aussi d ' ê t r e le plus clair, c'est-à-dire le plus simple possible : on nous excusera de n'avoir jamais c r u que pour ê t r e savant et encore moins pour ê t r e vrai, i l é t a i t n é c e s s a i r e d ' ê t r e obscur.

I. — L ' O R , P E A U D E C H A G R I N

DÈS L E X I XE S I È C L E : L E R È G N E DE L'OR E T SON P A R T A G E . . .

Un premier fait domine la question : dans l'ensemble des moyens de paiements, l'or ne cesse de reculer. E t son déclin ne date pas d'hier, mais de l ' é p o q u e m ê m e de son triomphe.

C'est au moment o ù i l supplantait son rival m i l l é n a i r e , l'argent, dans la seconde m o i t i é d u x i xe siècle, que l'or a v u se multiplier à ses côtés les « signes » m o n é t a i r e s — billets de banque princi- palement dans les pays latins, et c h è q u e s dans les pays anglo- saxons q u i en furent les inventeurs.

Qu'on en juge par cette statistique globale, relative à l'Angle- terre, la France et les Etats-Unis :

MONNAIE MÉTALLIQUE BILLETS MONNAIE SCRIPTURALE

1815 67 % dont or : 33 % 27 % 6 % argent : 34 %

1913 13 % dont or : 10 % 19 % 68 % (1) argent : 3 °/o

(1) R. Sedillot, Histoire de l'or, Fayard, 1972, p. 258. Indications analogues dans R. Triffin, Le système monétaire international, trad. française, Firmin Didot, 1969, p. 53 et 79.

(2)

Pourquoi une telle p r o l i f é r a t i o n de monnaies « représentatives » aux lieu et place des « espèces » ?

Pour la raison simple mais i m p é r i e u s e que l a monnaie m é t a l - lique, si c o n s i d é r a b l e alors que fût devenue sa production, n'au- rait jamais suffi à faire face au prodigieux d é v e l o p p e m e n t des é c h a n g e s au xix'' siècle (1).

Qu'on en juge par ce rapprochement :

OR. Production mondiale annuelle moyenne en milliers de francs germinal

1841-1850 16 350

1901-1905 60 500 s o l t : x i'1 Commerce extérieur en millions de francs germinal

GRANDE- BRETAGNE FRANCE

ETATS-UNIS

E t pourtant, l'or ne continuait pas moins de « régner » sur l'ensemble du domaine m o n é t a i r e .

I l r é g n a i t à l'intérieur comme gage des billets de banque, puis- que ceux-ci é t a i e n t , suivant l a formule i m p r i m é e sur chacun d'eux

1820 1913

(Import. 817 16 640 soit : x 23,7 (Export. 1 009 13 240 - : x 12,9 (Import. 323 8 241 : x 23,0 (Export. 543 6 880 - : x 12,6 (Import. 226 9 151 : x 40,4 (Export. 268 12 580 : x 46,9

(1) Il est bien évident, en effet, que la masse de la monnaie en circula- tion (M) multipliée par sa vitesse de circulation (V) — un billet aui sert dix fois dans la même journée est équivalent à 10 billets oui ne circulent qu'une fois — est identique au total des transactions (T) multiplié par leur prix (P,) soit : MV = TP.

Disons, 100 milliards x 20 = 500 x 4 = 2 000 (à supposer que toutes les transactions soient effectuées à un prix unique de 4).

Si donc les échanges (T) s'élèvent à 600, et si V ne varie pas, il faut que la quantité de monnaie (M) s'élève à 120 pour que les P de leur côté restent stables.

On aura dans notre exemple : 120 x 20 = 600 X 4 = 2 400.

Si M dépasse 120, il y aura inflation.

Si M reste inférieure à 120, il y aura déflation.

Il peut y avoir assurément d'autres causes à l'inflation ou à la déflation que des causes monétaires.

Précisons que dans cette « équation des échanges » M (masse de monnaie en circulation) englobe la monnaie métallique (M'), la monnaie fiduciaire (M") et la monnaie scripturale (M'") avec la vitesse de circulation propre à chacune d'elle.

(3)

L ' A V E N I R DE L ' O R 15

« remboursables en or, à vue et au porteur » (1) (et la monnaie scripturale é t a i t toujours convertible en billets) ;

E t i l r é g n a i t à l'extérieur, comme monnaie internationale pour régler les soldes des balances des pays entre eux.

Par ce fait, l'or exerçait, dans une certaine mesure, un rôle r é g u l a t e u r : en effet, quand un pays s'était e n d e t t é de façon durable à l'égard de l ' é t r a n g e r , i l voyait sa r é s e r v e d'or diminuer, et i l s'efforçait de r é d u i r e son endettement (ou d'attirer les capi- taux e x t é r i e u r s par une hausse du taux d'escompte), pour ne pas compromettre le gage i n t é r i e u r de la monnaie nationale. C'est en ce sens qu'on a p u parler de la « discipline » q u ' e x e r ç a i t le s y s t è m e de l'étalon-or.

Que cette discipline fût moins stricte qu'on l'a dit, ce n'est pas douteux. Que la livre sterling (monnaie m o n o - m é t a l l i q u e or) ait souvent pris la place de l'or dans les r è g l e m e n t s interna- tionaux, c'est é g a l e m e n t vrai. Que les variations de la production d'or, t a n t ô t abondante ( d é c o u v e r t e s de nouvelles mines, 1850 ou 1893), t a n t ô t raréfiée, ait e n t r a î n é une certaine • alternance de hausse et de baisse des prix de longue d u r é e (de 30 % environ sur 25 ans), c'est encore exact. Mais m ê m e t e m p é r é e , m ê m e in- c o m p l è t e , m ê m e imparfaite, la monarchie de l'or ne contribua pas moins à la stabilité m o n é t a i r e du x i x ' siècle, en Europe en parti- culier.

L ' E N T R E - D E U X G U E R R E S

U n premier coup fut p o r t é à ce s y s t è m e par la P r e m i è r e Guerre mondiale. Les banques d ' é m i s s i o n des pays b e l l i g é r a n t s ayant d e m a n d é aux particuliers de leur remettre les pièces qu'ils déte- naient contre des billets, l'or disparut alors, pour jamais sans doute, de la circulation i n t é r i e u r e . Le Gold Specie Standard le c é d a au Gold Bullion Standard (specie = pièces ; bullion = lingot).

L ' o r ne garda que sa fonction externe de monnaie internationale.

S i encore i l l'avait g a r d é e !... Mais le souverain a m o i n d r i vit b i e n t ô t s'installer p r è s de l u i et prendre parfois e n t i è r e m e n t place dans les r é s e r v e s des banques d'émission, deux de ses vassaux, le dollar et la livre. D u Gold Bullion Standard on passait au Gold Exchange Standard, qui fut p r é c o n i s é par les experts anglo- saxons en 1922 pour faciliter la reconstitution m o n é t a i r e des pays sans or, en particulier des pays successeurs de l'Autriche-Hongrie.

(1) Ce qui était un demi-mensonge, car jamais le stock d'or d'un pays même riche comme la France n'aurait suffi à rembourser tous les billets, si ceux-ci avaient été présentés au remboursement à la même heure ; mais, sauf temps troublés, les demandes de remboursement étaient limitées et rela- tivement constantes : on jouait donc sur la loi des grands nombres.

(4)

S y s t è m e paradoxal en soi, q u i gageait certaines monnaies (polo- naise, t c h é c o s l o v a q u e , etc.) sur des monnaies é t r a n g è r e s (£ et $) ; s y s t è m e commode sans doute pour les pays riches, qui p r ê t a i e n t non de l'or mais des c r é d i t s ; mais s y s t è m e dangereux qui permit dès alors une superposition de c r é d i t s . I l ne fut pas é t r a n g e r à la grande crise de 1930, qui mit provisoirement un terme à son d é v e l o p p e m e n t .

C'est alors que toutes les monnaies (sauf t h é o r i q u e m e n t le m a r k ) furent d é v a l u é e s , et que la valeur du dollar fut en 1934

1 1

r é d u i t e d' à — d'once d'or (l'once vaut 31,103 g, ce qui 20,6e 35e

donnait au dollar du p r é s i d e n t Roosevelt un poids de 0,888 g d'or fin). C'est aussi à ce moment que parut le grand ouvrage de J . M . Keynes, la Théorie générale de l'Emploi de l'Intérêt et de la Monnaie, o ù l'étalon-or et sa « discipline » é t a i e n t a c c u s é s d'avoir c o n t r i b u é à la crise.

L ' A M O R C E DU D R A M E

L a Seconde Guerre p a s s é e , la reconstruction des monnaies valut à l'or une restauration plus apparente que réelle.

Sans doute, la c o n f é r e n c e de Bretton-Woods sur la reconstruc- tion des monnaies é c a r t a bien le plan r é v o l u t i o n n a i r e de Keynes (celui-ci voulait que l'évolution internationale r e p r o d u i s î t l'évolu- tion nationale de la monnaie, et que l'on p a s s â t de « l'âge des orfèvres » à « celui de la banque ». Comment ? en c r é a n t une banque mondiale q u i aurait reçu une dotation en or des pays riches (en l'espèce, les Etats-Unis !...) et é m i s sur ce gage une monnaie vraiment internationale : le « bancor »). Sous l'influence des A m é r i c a i n s , ce plan fut é c a r t é . L ' o n proclama le retour à l'or par la définition des monnaies en p a r i t é fixe par rapport au m é t a l .

Mais d'une part, l'on c r é a une mini-banque mondiale (1), le Fonds m o n é t a i r e international (F.M.I.) qui r e ç u t le droit d'accorder aux pays d é b i t e u r s des c r é d i t s à court terme (« droits de tirage ») qu'ils n'auraient pas t r o u v é s autrement — et c'était là un nouveau personnage quelque peu mythique q u i se glissait à côté du sou- verain et de ses vassaux. D'autre part, le dollar devenait l ' u n i t é de compte internationale ; i l allait servir aux banques centrales de monnaie de r é s e r v e universellement a c c e p t é e . (Plus tard, l a C o m m u n a u t é e u r o p é e n n e devait le prendre aussi pour é t a b l i r ses comptes, en particulier pour son Fonds agricole.)

Les Etats-Unis r é u s s i s s a i e n t ainsi une double o p é r a t i o n : (1) Indépendamment de la Banque internationale de Reconstruction et de Développement (B.I.R.D.).

(5)

L ' A V E N I R DE L'OR 17 gorgés d'or, ils restauraient en droit le s y s t è m e qui garantissait leur t r é s o r ; sollicités de tous, ils é t a b l i s s a i e n t en fait, par leurs p r ê t s et leurs dons, l'empire du dollar.

Tout alla bien tant que les dollars furent en effet sollicités : ce fut la p é r i o d e du dollar-gap ( p é n u r i e de dollars) jusqu'en 1955 environ. De 1951 à 1957 les réserves de Fort-Knox s ' é t a b l i r e n t aux environs de 23 milliards de $. Mais le j o u r vint o ù l'Europe, recons- truite g r â c e à l'aide a m é r i c a i n e pour une large part (Plan Mars- hall), r e c o m m e n ç a à exporter, à disposer ainsi d ' e x c é d e n t s exté- r i e u r s et à pouvoir reconstituer peu à peu ses r é s e r v e s m é t a l l i q u e s .

Celles-ci auraient pu l'être plus rapidement : les pays d é t e n t e u r s de « balances-dollars » c'est-à-dire de r é s e r v e s de devises amé- ricaines (rappelons qu'en anglais, balance signifie solde) auraient pu demander leur conversion intégrale en or. Ils l'évitèrent pour une double raison : ne pas indisposer les Etats-Unis, et tirer de ces devises un i n t é r ê t substantiel en les r e p l a ç a n t sur le m a r c h é m o n é t a i r e a m é r i c a i n (en particulier en bons du T r é s o r des U.S.A.) alors que l'or ne rapporte rien. Une partie des dollars sortis des Etats-Unis leur é t a i e n t donc re-prêtés ; et cette « duplication de crédits » vigoureusement d é n o n c é e dès 1959 par M . J . Rueff, leur permit de continuer de d é v e r s e r sur le monde un flux de dollars pour des raisons diverses : aide, interventions militaires, investis- sements.

On assista de ce fait à ce paradoxe : les r é s e r v e s d'or des Etats-Unis ne c e s s è r e n t de diminuer, lentement sans doute, mais substantiellement, tandis que la masse des liquidités internatio- nales, c o m p o s é e essentiellement de dollars (1), ne cessait d'aug- menter :

1958 1961 1964 1968 1969 juin 1971 Etats-Unis

en Réserve-or : 20,5 16,9 15,4 10,8 11,8 10,5 milliards Devises

de $ étrangères

dans le monde : 17,0 19,6 24,0 31,9 32,3 55,5 Que les d é t e n t e u r s prissent peur et que la s p é c u l a t i o n s'en m ê l â t : tout le s y s t è m e m e n a ç a i t de s'effondrer. C'est ce qui se produisit lors d'une p r e m i è r e alerte en octobre 1960. Le cours du $ s'éleva alors j u s q u ' à 41 $ l'once sur le m a r c h é de Londres.

(1) Sur le total des devises, les balances-sterling ne figurent plus aujour- d'hui que pour un peu plus de 3 MM$. Précisons une fois pour toutes que ces statistiques publiées par l'O.N.U. ne concernent que le « monde libre » à l'exclusion des Etats du golfe Persique, de la Chine, de l'Europe orientale, de l'U.R.S.S. et de Cuba.

(6)

Pour sauver la situation fut c o n s t i t u é le Club des D i x (dix pays plus a v a n c é s du F.M.I.) qui s'engageait pratiquement à d é f e n d r e le dollar (1).

L a situation se d é t e n d i t et 1' « ère kenedyenne » valut aux Etats- Unis une p é r i o d e de p r o s p é r i t é dans une remarquable s t a b i l i t é des prix (1961-1965 compris).

Mais que s u r v î n t un nouveau perturbateur, officiel cette fois, qui o s â t d é c l a r e r : « échec au roi ! », et dire tout haut ce que d'autres pensaient tout bas et faisaient prudemment — c'est-à-dire demander le remboursement en or des dollars en r é s e r v e — et la situation déjà é b r a n l é e devenait grave. C'est ce que fit le g é n é r a l de Gaulle en 1965-66, mettant ouvertement en cause le Dollar exchange standard : sa v o l o n t é d ' i n d é p e n d a n c e à l'égard des Etats- Unis rejoignait la stricte orthodoxie m o n é t a i r e . On put croire, un moment, que la partie allait ê t r e gagnée.

L a reine, je veux dire la livre sterling, plus v u l n é r a b l e encore, ayant é t é elle-même mise en échec ( d é v a l u a t i o n du 20 novembre 1967), le dollar, privé de sa p r e m i è r e ligne de défense, fut a t t a q u é plus fortement encore, par une s p é c u l a t i o n massive qui pariait sur sa d é p r é c i a t i o n (2).

Il ne s'en tira — provisoirement — qu'en refusant de continuer le jeu (3).

Le 17 mars 1968, date fatale entre toutes, les Etats-Unis refu- saient de délivrer de l'or contre du dollar — tout en maintenant sa p a r i t é - o r —, et, à cette fin ils demandaient aux banques d ' é m i s - sion du Club des Dix de ne plus acheter de l'or sur le m a r c h é libre. Ils e s p é r a i e n t ainsi qu'en r é d u i s a n t la demande d'or à la seule demande de l'industrie et de la t h é s a u r i s a t i o n (qu'on chif- frera plus loin), le cours du m é t a l ne s'élèverait pas au-delà de

(1) Le groupe ou Club des Dix comprend les Etats-Unis, la Grande-Bre- tagne, la France, l'Allemagne fédérale, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Canada et le Japon. La Suisse, qui n'est pas membre du F.M.I. n'en fait pas partie... Le Groupe des Dix n'est pas à confondre avec le Pool de l'or.

Celui-ci créé auparavant, en octobre 1960, avec les mêmes pays sauf le Canada et le Japon, instituait la Banque d'Angleterre comme agent des autres banques centrales pour intervenir sur le marché de l'or. Il a été dissous en mars 1968.

(2) La pratique est des plus simples... pour qui en possède les moyens matériels. Il suffit à celui qui détient des dollars ou qui peut s'en faire prêter, d'acheter des marks, des francs, etc., sur la base officielle du moment (pour les francs) de 5,55 F pour 1 $ : soit 5 550 F pour 1 000 $. Lorsque le dollar sera dévalué, son cours en francs s'établira par exemple à 5 F.

Dès lors, avec ses 5 550 F, notre spéculateur recevra 5 550 F divisés par 5 = 1 110 $. Bénéfice : 110 $ ou 550 F.

(3) Au jeu d'échecs, on dirait qu'il s'était mis en position d'échec et pat (et non : mat) qui est celle d'où le roi ne peut plus sortir sans se mettre lui-même en échec — ce qui serait indigne d'un roi... La partie, au lieu d'être perdue, est alors déclarée nulle.

(7)

L ' A V E N I R DE L'OR 19 35 $ l'once, et que, par là m ê m e , le dollar ne serait pas plus d é p r é c i é en fait q u ' i l n'était d é v a l u é en droit.

A l'exception de la France, les huit autres grands pays (mem- bres du Club des Dix avec les Etats-Unis) a c c e p t è r e n t . . . M . Jac- ques Rueff pouvait alors d é c l a r e r (25 novembre 1968) devant le

Collège des Sciences sociales et é c o n o m i q u e s : « La question du relèvement du prix de l'or est périmée. Nous avons en effet cessé de vivre sous un régime monétaire à base métallique. »

L ' A V A N T - D E R N I E R ACTE

E n réalité, le franc aurait bien pu continuer à faire cavalier seul — et le cavalier à la marche singulière est aux échecs redoutable — ; mais la r é v o l u t i o n de mai le mit hors de combat...

L a Banque de France perdit en un an p r è s des 3/4 de ses r é s e r v e s d'or et de devises (1967 : 34,6; 1968 : 18,6; 1969 : 9,29 milliards de F.) Le franc dut ê t r e dévalué le 8 a o û t 1969.

Ayant t r i o m p h é d u franc, le dollar triomphait quelques mois plus tard du mark. Le dollar é t a n t offert en masse contre le mark sur le m a r c h é des changes, i l fallait ou que le cours du dollar b a i s s â t ou que celui du mark m o n t â t : ce fut celui-ci qui céda ( r é é v a l u a t i o n du D M le 25 octobre 1969).

Il ne restait plus au dollar q u ' à triompher de l'or : c'est ce qui parut se produire à la fin de 1969 lorsque le cours de l'or sur le m a r c h é libre, q u i s'était élevé j u s q u ' à 43 dollars l'once au prin- temps de 1969, fut r a m e n é en d é c e m b r e à 35 dollars.

Ce n'est pas tout encore.

L a défaite de l'or se trouvait encore doublement aggravée : en fait par la p r o l i f é r a t i o n des euro-dollars, cavalerie légère q u i é t e n d a i t à l'extérieur le champ d'action d u dollar ;

et en droit par la c r é a t i o n ex nihilo ( d é c i d é e en septembre 1969 et réalisée le 1e r janvier 1970), de Droits de Tirage spéciaux (D.T.S.) é m i s par le Fonds m o n é t a i r e international, v é r i t a b l e s « bancors » ou « or-papier », que les banques centrales ont d é c i d é d'accepter entre elles, comme un nouveau moyen de r è g l e m e n t s interna- tionaux, à l'égal de l'or (1).

A u total, i l semblait bien à la fin de 1969 que la d é m o n é t i s a t i o n de l'or é t a i t d é s o r m a i s acquise.

(1) Ces D.T.S. — inconvertibles à concurrence de 70 % — sont émis auto- matiquement, chaque année, suivant les quota, c'est-à-dire suivant l'importance de l'économie et du développement des pays membres. Ils ont été fixés à 9 MM 1/2 $ de 1970 à 73. A cette cadence, ils atteindront 35 MM $ en 1980 !...

(8)

II. — R E V A N C H E I M P R E V U E . . .

Mais rien dans les choses m o n é t a i r e s n'est jamais totalement j o u é . Nous avons depuis plus d'un an a s s i s t é à un retour i m p r é v u du monarque d é p o s s é d é . Trois é v é n e m e n t s y ont concouru.

I. — L'OR R E T R O U V E U N C L I E N T

Le premier concerne les relations des producteurs d'or d'Afrique du Sud avec le Fonds m o n é t a i r e international (l'Afrique du S u d est aujourd'hui et de t r è s loin le principal producteur d'or, comme on le p r é c i s e r a plus loin).

I l va de soi que le diktat a m é r i c a i n de mars 1968 interdisant en fait aux principales banques centrales d'acheter de l'or sur le m a r c h é libre, n ' é t a i t pas fait pour plaire aux producteurs de m é t a l p r é c i e u x : ils voyaient se fermer le d é b o u c h é « monétaire » de leur production (soit la m o i t i é environ) — r é s e r v e faite des banques qui n'avaient pas p a r t i c i p é à 1' « accord » — pour ne garder que le d é b o u c h é « industriel » et celui de la t h é s a u r i s a t i o n . De là une vive tension entre les a u t o r i t é s de Washington et celles de Pretoria.

Finalement, à la veille de Noël 1969, le ministre des Finances d'Afrique du Sud, M . Nicolas Diederichs conclut à Rome avec le s o u s - s e c r é t a i r e au T r é s o r des Etats-Unis, M . Paul Vocker, u n ac- cord secret q u i fut a p p r o u v é le 31-12-69 par le F.M.I., contre l'avis de la France.

Cet accord a a u t o r i s é l'Afrique du S u d à reprendre ses ventes d'or au F . M . I . dès lors que le cours tombe à 35 $ l'once, non plus, toutefois, en q u a n t i t é s illimitées, mais dans la limite des q u a n t i t é s requises pour é q u i l i b r e r sa balance des paiements (1). L'Afrique du S u d perd donc sa position privilégiée de jadis : elle n'a plus qu'un seul gros acheteur, le F . M . I . à la place de toutes les banques d ' é m i s s i o n ; mais, par rapport au blocus m o n é t a i r e de mars 1968, elle regagne u n t r è s important d é b o u c h é .

Sur le plan psychologique, cette r e m o n t é e de l'or a é t é c o n f o r t é e par la d é c l a r a t i o n que fit le directeur g é n é r a l d u F.M.I., M . J.-P.

Schweitzer le 25 septembre 1970 devant l'Assemblée g é n é r a l e du

(1) Pour un pays producteur d'or, celui-ci est une marchandise comme une autre. Il exporte de l'or comme la Grande-Bretagne au xixe siècle ex-

portait du charbon, pour acheter d'autres produits avec cette marchandise.

Si l'Afrique du Sud ne pouvait plus exporter d'or, elle serait dans la situa- tion du roi Midas qui, écrivait Montesquieu, « demanda que tout ce qui l'entourait fût changé en or, mais fut obligé de revenir aux dieux pour les prier de finir sa misère »...

(9)

L ' A V E N I R DE L ' O R 21 F . M . I . r é u n i e à Copenhague : à savoir que l'or resterait le fon- dement du s y s t è m e m o n é t a i r e m a l g r é le d é v e l o p p e m e n t des Droits de Tirages spéciaux « qui lui sont liés ».

De fait, l'Afrique du Sud a vendu en 1970, principalement au F.M.I., pour 640 millions de $ — plus que la moyenne annuelle de 1950-1959 (520 millions) et de 1960-1969 (450 millions).

Comme le F . M . I . a reçu, en outre, en 1970 une grosse q u a n t i t é d'or des banques centrales des Etats membres ( 1 795 millions de $)

— pour la raison qu'en vertu de ses statuts la « tranche-or », c'est-à-dire la dotation en or versée par ses membres, a é t é aug- m e n t é e , — on a a s s i s t é à un é v é n e m e n t nouveau qui m é r i t e ré- flexion : l'or s'accumule au Fonds m o n é t a i r e international ; mais i l diminue dans les r é s e r v e s des banques d ' é m i s s i o n nationales — essentiellement aux Etats-Unis.

EN FIN D'ANNÉE, EN MILLIONS DE $

1964 1967 1970 mi-1971 Réserve d'or au F.M.I.

2 172 2 100 4 102 4 783 Réserve d'or des banques centrales 40 840 39 505 37 185 36 480

Le F . M . I . deviendrait-il donc à l'avenir le pôle de fixation de l'or ? Question d é l i c a t e : on y reviendra plus loin.

II. — L E DOLLAR F A I T A M E N D E H O N O R A B L E

Le 15 a o û t 1971, le d é t a c h e m e n t du dollar de l'or é t a i t pro- c l a m é par les Etats-Unis à la façon d'une victoire d u premier sur le second. L a Bourse de New Y o r k accueillait l ' é v é n e m e n t par une envolée des cours. N'allait-on pas vers un nouveau sys- t è m e r é c l a m é par certains (en particulier le professeur M i l t o n F r i e d m a n de Chicago) de flexibilité indéfinie des changes ?

Quatre mois plus tard, le 16 d é c e m b r e 1971, les é v é n e m e n t s avaient j u g é : le dollar était officiellement d é v a l u é et défini par

1 1 un nouveau poids d'or (— d'once au lieu de — environ).

38e 35e

Sans doute (et ceci est grave) le dollar reste inconvertible ; l'or d u Fort-Knox reste b l o q u é ; i l ne peut sortir n i vers le dehors, ni vers l ' i n t é r i e u r des Etats-Unis (puisque la t h é s a u r i s a t i o n y est interdite, à l a différence de la France). Mais la t h è s e de l a d é m o - n é t i s a t i o n de l'or n'est pas moins tenue en é c h e c : l'or reste l a mesure universelle ; i l demeure l'étalon souverain dans lequel sont

(10)

définies les monnaies. N o n plus monarque absolu (s'il l'a jamais été) ; mais monarque constitutionnel, ou mieux conventionnel — en ce sens que s'il ne gouverne plus les mouvements des balances e x t é r i e u r e s , i l r è g n e toujours comme la r é f é r e n c e s u p r ê m e des monnaies entre elles.

Ici encore, le F . M . I . tire apparemment profit de cette situation.

Car l'unité m o n é t a i r e du F . M . I . qui était le dollar, n'a pas é t é , elle, dévaluée. I l existe donc aujourd'hui deux sortes de dollars :

1

le dollar dévalué des Etats-Unis de — d'once, 1 38"

le dollar intact du F . M . I . de — d'once.

35e

Ce dernier ne devrait plus ê t r e a p p e l é dollar, mais Unité F . M . I . Quant ' a u dollar des Etats-Unis, sa situation reste a m b i g u ë . Jusque-là (ou p l u t ô t jusqu'en mars 1968), définition d'une monnaie en or et c o n v e r t i b i l i t é é t a i e n t s o u d é e s : ou bien une monnaie é t a i t r a t t a c h é e à l'or et elle était convertible ; ou bien, elle n ' é t a i t plus définie en or et elle devenait inconvertible. Définir une monnaie en un poids d'or et refuser d ' é c h a n g e r ses r e p r é s e n t a t i o n s (billets, crédits...) en m é t a l p r é c i e u x , é q u i v a u t à peu p r è s à dire : « Le sac en cuir que vous voyez à l'étalage vaut 300 F ; mais je n'en ai pas à votre disposition, contentez-vous de simili-cuir. »

Les a u t o r i t é s m o n é t a i r e s , de gré ou de force, ont j u s q u ' à pré- sent a c c e p t é à peu p r è s ce langage, pour la raison que, dans les transactions internationales, le simili-dollar est toujours a c c e p t é comme la monnaie universelle. Sur ce point, nous en sommes toujours à l'étalon-dollar. Mais la confiance dans la valeur réelle de celui-là n'est pas pour autant revenue. L a preuve en est que l'or continue d ' ê t r e d e m a n d é par la t h é s a u r i s a t i o n .

III. — L E S COURS DE L'OR S ' É L È V E N T S U R L E M A R C H É L I B R E

Etalon souverain, l'or continue d ' ê t r e r e g a r d é comme l'ultime refuge des valeurs. Des trois fonctions de la monnaie (mesure des valeurs ; i n t e r m é d i a i r e dans les é c h a n g e s ; r é s e r v e de valeur) l'or a en large part perdu la seconde ; mais i l garde les deux autres, et s i n g u l i è r e m e n t la d e r n i è r e .

T r é s o r s u p r ê m e , t r é s o r de guerre, et comme tel toujours recher- chée par les a u t o r i t é s politiques : c'est la raison pour laquelle le Pentagone avait fixé à 10 milliards de dollars (approximative- ment à 10 000 tonnes) la r é s e r v e d'or m i n i m a des Etats-Unis. (De m ê m e en France, en 1938-39, la r é s e r v e m i n i m a avait é t é fixée à

(11)

L ' A V E N I R DE L'OR 23 5 000 tonnes d'or, qui devaient d'ailleurs é c h a p p e r à l'occupant...)

T r é s o r s u p r ê m e , réserve de crise : c'est ainsi q u ' i l a p p a r a î t é g a l e m e n t à un certain nombre de particuliers, et c'est l'une des raisons pour lesquelles — la confiance dans le dollar é t a n t loin d ' ê t r e r é t a b l i e — le cours des lingots comme des pièces a brus- quement m o n t é sur le m a r c h é libre de Londres depuis le d é b u t de 1972, j u s q u ' à atteindre 49 dollars l'once.

Tels sont donc les trois faits — l'or s'accumulant au F . M . I . ; l'or r é t a b l i dans son rôle d ' é t a l o n ; l'or toujours a p p r é c i é comme valeur-refuge — qui lui ont valu une revanche i m p r é v u e .

III. — ... O U D E R N I E R S U R S A U T ?

S'il ne s'agissait pourtant que d'une revanche p r é c a i r e , d'un ultime sursaut ?...

I. — L E D É C L I N C O N T I N U DE L'OR DANS L ' E N S E M B L E DES LIQUIDITÉS I N T E R N A T I O N A L E S

U n premier fait pèse gravement sur son avenir : d ' a n n é e en a n n é e la place de l'or s'amenuise dans l'ensemble des liquidités internationales (pays de l'Est toujours exclus).

EN FIN D'ANNÉE, EN MILLIONS DE $

1964 1967 1970 mi-1971 Réserves d'or mondiales

43 010 41 605 41 285 (41 265) Liquidités internationales 69 010 74 270 92 510 (104 835) En sept ans, sa place est tombée de 62 % à 39 %.

Or, les é c h a n g e s e x t é r i e u r s ne cessent de c r o î t r e . Soit aux m ê m e s dates, pour l'ensemble du monde (U.R.S.S. et pays de l'Est compris) :

IMP. 160 900 201 200 292 700 (157 800)

EXP. '152 200 189 600 278 200 (149 500)

On dira que, p a r m i ces liquidités, figure l'afflux de dollars q u i fausse tout le s y s t è m e ; soit un peu plus de 60 milliards de dol- lars qui r e p r é s e n t e n t l'endettement e x t é r i e u r des Etats-Unis, à savoir t r è s approximativement :

40 à 45 milliards détenus par les banques centrales

20 à 15 particulières.

C'est vrai. E t i l est certain que la situation m o n é t a i r e interna- tionale ne sera assainie q u ' à p a r t i r du moment o ù cette é n o r m e

(12)

« dette extérieure » des Etats-Unis, en partie flottante, sera conso- lidée — c'est-à-dire t r a n s f o r m é e d'une façon ou d'une autre en emprunt à long terme, ouvertement chiffré et officiellement ga- ranti. C'est un autre p r o b l è m e , non encore r é s o l u .

M ê m e s'il l'était, la question de l'avenir de l'or ne se poserait pas moins — pour de nombreuses raisons.

II. — PRODUCTION E T BESOINS D'OR

L a p r e m i è r e est celle de l'insuffisance de sa production par rapport aux besoins m o n é t a i r e s : en termes simples, sa produc- tion n'augmente pas au m ê m e rythme que l'ensemble de celle des autres biens et services. A quoi certains r é p o n d e n t que la raison tient au fait que le prix ( m o n é t a i r e ) de l'or est r e s t é b l o q u é au niveau fixé par le p r é s i d e n t Roosevelt en a v r i l 1934 lors de la p r e m i è r e d é v a l u a t i o n du dollar, soit 35 dollars l'once, alors que les prix de l'ensemble des autres biens aux Etats-Unis ont depuis lors plus que d o u b l é . I l faudrait donc doubler le prix de l'or (soit 70 $ l'once) pour le r é a j u s t e r —, d'où l'on pourrait e s p é r e r un double bienfait : la production des mines d'or deve-

nant beaucoup plus rentable deviendrait beaucoup plus abon- dante ; et d'autre part, le bénéfice — comptable — que le T r é s o r des Etats-Unis tirerait ainsi du doublement nominal de la valeur de ses r é s e r v e s d'or l u i permettrait de rembourser en dollars-or nouveaux (dévalués de m o i t i é ) une partie des r é s e r v e s - d o l l a r s des banques centrales. Telle é t a i t la solution p r é c o n i s é e avec l'éclat que l'on sait par M . Jacques Rueff avant les é v é n e m e n t s de

1968 (1).

Son auteur l'a reprise r é c e m m e n t sous une autre forme : la plus-value nominale des encaisses-or des grands pays pourrait ê t r e

« offerte aux Etats-Unis sous forme de prêt à long terme » de consolidation (Le Monde 1. X I I . 71).

S é d u i s a n t en soi, ce plan se heurte cependant à des objections : i l « récompenserait » la s p é c u l a t i o n , aggraverait la d é p r é c i a t i o n du dollar, favoriserait les pays de l'Est dont la production d'or, minime aujourd'hui, pourrait devenir rentable, etc.. I l est diffi- cile d'en juger.

Permettrait-il d ' a m é l i o r e r les conditions souvent t r è s dures, (1) En 1966-67, les Etats-Unis disposaient encore de 13 milliards et demi de $ d'or, alors que leur endettement au dehors (balances-dollars) n'était que de 13 à 15 milliards. On aurait donc eu :

— aux Etats-Unis : réserve or X 2 27 MM$ nouveaux

— remboursement en or des balances $ : — 14 MM$ nouveaux

— serait resté aux E.-U. en or 13 MM$ nouveaux

— remplacement des balances $ en Europe et ailleurs par de l'or.

(13)

L ' A V E N I R DE L ' O R 25 voire inhumaines, de la m a i n - d ' œ u v r e des mines d'or, principa- lement en Afrique du Sud ? Peut-être... I l faut en effet savoir (mais combien de porteurs d'actions des mines d'or le savent ? combien d ' é c o n o m i s t e s s'en soucient ?...) i l faut savoir que les producteurs d'Afrique du Sud emploient des travailleurs noirs, à bas niveau de vie, qu'ils font venir principalement d u Mozam- bique ( g é n é r a l e m e n t par avion) et qu'ils embauchent pour des contrats de deux ans, à un salaire de m o i t i é moindre que celui de la m a i n - d ' œ u v r e locale. Or les salaires r e p r é s e n t e n t p r è s de 45 % des c o û t s d'exploitation...

C'est dire que seul un t r è s fort r e l è v e m e n t du prix de l'or,

— a c c o m p a g n é aussi d'un changement de mentalité... — aurait pu, ou pourrait dans l'avenir, a m é l i o r e r s é r i e u s e m e n t les conditions de travail.

Les adversaires d'une r é é v a l u a t i o n de l'or, ajoutent qu'il serait vain de vouloir a r r ê t e r la longue évolution qui tend (nous l'avons vu) vers une dé-matérialisation de la monnaie ; q u ' i l suffit de veiller à ce que la c r é a t i o n de monnaie bancaire (comme celle des D.T.S.) ne soit pas inflationniste (comme le fut le Dollar exchange standard) ; et que, à tout prendre, l'action c o n c e r t é e des banques centrales entre elles ou au sein d'un organisme interna- tional — pourvu qu'il ne soit pas sous la coupe d'une grande puissance — ne comporte pas plus de risque qu'un s y s t è m e fondé sur une monnaie m é t a l l i q u e : est-il rationnel de faire d'une mar- chandise m ê m e p r é c i e u s e , mais dont la production est finalement soumise aux aléas de toute production ( d é c o u v e r t e de nouvelles mines, de nouveaux p r o c é d é s techniques, etc) — le pivot de tout un s y s t è m e m o n é t a i r e ?

III. — P E R S P E C T I V E S S U R LA PRODUCTION D'OR

Que r é s e r v e , d'ailleurs, l'avenir des mines d'or ? Les belles an- n é e s r é c e n t e s ne sont-elles pas c o m p t é e s ? Qu'on en juge par ces d o n n é e s : non compris les pays de l'Est, la production annuelle d'or a ainsi évolué (en milliers d'onces de fin)

1929 1946 1964 1968

TOTAL : 18 340 21430 40170 40420

AFRIQUE DU SUD 10 412 11927 29 137 31 169

CANADA 1928 5 333 3 835 2 688

ETATS-UNIS 2 059 4 870 1 575 1 533

AUSTRALIE 427 1 644 824 815(1)

(1) X. Boisselier, La politique aurifère de l'Afrique du Sud, Economie appliquée, 1970, n° 4, Droz, Genève).

(14)

Deux faits sont é v i d e n t s :

1") la production d'or a c o n s i d é r a b l e m e n t a u g m e n t é depuis l a crise des a n n é e s 30 : elle a été s t i m u l é e alors par la d é v a l u a t i o n de la livre sterling ;

2°) dans cet accroissement, l'Afrique du S u d a pris une part p r é p o n d é r a n t e : de m o i t i é dans la production totale, elle est p a s s é e aux trois quarts. A l ' i n t é r i e u r m ê m e de l'Afrique du S u d , les mines anciennes du Transvaal qui produisent encore l a m o i t i é de l'or extrait, deviennent de moins en moins rentables en raison de la hausse des c o û t s ; et ce sont les mines nou- velles de l'Etat libre d'Orange qui prennent la relève — mais pour un temps é t r o i t e m e n t l i m i t é .

Dans les conditions p r é s e n t e s , en effet — à supposer que de nouveaux gisements ne soient pas d é c o u v e r t s , ou que de nouvelles techniques de transmutation des m é t a u x ne modifient pas profon- d é m e n t la production ( r é a l i s a n t le rêve des alchimistes) — i l faut s'attendre, d ' a p r è s certains experts à ce que le Transvaal soit peu à peu éliminé et que la production d'Afrique du Sud tombe vers 1980 à la moitié de ce qu'elle est actuellement (soit de 15 à 18 m i l - lions d'onces au lieu de 31). E l l e ne cesserait de diminuer par la suite pour n ' ê t r e plus en 1995 que de 3 à 4 millions d'onces.

Notre collègue X . Boisselier, spécialiste en la m a t i è r e , ne craint pas d ' é c r i r e : « avant même que le x xe siècle ait pris fin, l'industrie de l'or d'Afrique du Sud aura disparu » (1).

Mais alors la question rebondit : devenant plus rare, l'or ne deviendrait-il pas aussi d'autant plus précieux que, dans le m ê m e temps, la demande industrielle de l'or ne cesse de c r o î t r e ? Jus- qu'en 1942-43, elle ne d é p a s s a i t g u è r e 10 % de la production totale (soit 3 millions 1/2 d'onces). E l l e s'élève aujourd'hui à p r è s de 50 % (soit 20 millions d'onces — ou 750 millions de $ en 1968).

Pourquoi ? d'abord parce que l'or, dont le prix est r e s t é b l o q u é comme on l'a dit, est devenu en comparaison t r è s bon m a r c h é , alors que les revenus ont a u g m e n t é . E n outre, les industries de pointe ( é l e c t r o n i q u e et a é r o s p a t i a l e ) sont de grandes consomma- trices du m é t a l p r é c i e u x ; or elles iront en se d é v e l o p p a n t .

S'ajoute, enfin, la thésaurisation p r i v é e s t i m u l é e actuellement par la défiance à l'égard du dollar, et donc par l'espoir, r e n f o r c é par certaines d é c l a r a t i o n s officielles, d'une nouvelle d é v a l u a t i o n .

On estime qu'actuellement la q u a n t i t é totale d'or dans le monde serait t r è s approximativement de 80 milliards de dollars :

(1) Art. cité, p. 765. Cette phrase est soulignée par l'auteur.

(15)

L ' A V E N I R DE L ' O R 27 41 milliards figurent dans les statistiques du « monde libre », comme on l'a vu plus haut ;

15 à 20 seraient répartis dans les autres parties du monde (U.R.S.S., Moyen-Orient, Inde, Chine, etc) ;

20 à 25 seraient thésaurises dont, selon diverses estimations, 5 en- viron en France. Notre pays rejoindrait ainsi par l'importance de la thésaurisation les pays sous-développés...

ET L'OR R U S S E ? . . .

Reste le « mystère » de l'or russe.

Disons tout d'abord que la monnaie a une faible importance en r é g i m e de planification autoritaire. S i celle-ci é t a i t totale, elle n'en aurait m ê m e aucune. E n fait la monnaie scripturale ( c h è q u e s , etc.) est r é s e r v é e en U.R.S.S. aux seules u n i t é s de production (entreprises) ; les particuliers n'utilisent que la monnaie fiduciaire (billets).

Le commerce e x t é r i e u r est é g a l e m e n t t r è s limité. I l s'effectue dans les d é m o c r a t i e s populaires entre elles et avec l'U.R.S.S. sui- vant un s y s t è m e de clearing b i l a t é r a l . A u total, i l reste t r è s

1

faible, ne r e p r é s e n t a n t qu'un peu plus d' — sur l'ensemble des 10e

é c h a n g e s mondiaux, moins que celui de la seule Allemagne occi- dentale !

Cependant, — a p r è s avoir v i t u p é r é comme on sait contre l'or

« fétiche de fétiche », les a u t o r i t é s soviétiques ont en 1950 rat- t a c h é le rouble à l'or sur la base de 0,222 g d'or fin. Par rapport au dollar, son cours s'établissait à 1 dollar = 4 roubles, ou 1 rouble = 0,25 cents. C'était là un é v é n e m e n t c o n s i d é r a b l e dans l'histoire du socialisme : l'or était officiellement reconnu comme é t a l o n m o n é t a i r e ! « / / est bien connu, écrivait alors un é c o n o m i s t e s o v i é t i q u e , Koslov, que l'or seul peut remplir le rôle de monnaie internationale. » De fait, cet é v é n e m e n t a s e m b l é lié à la consti- tution d'une zone rouble « d'ailleurs plus nominale que réelle, le rouble ayant été imposé comme unité de compte internationale aux démocraties populaires » (1).

D'autre part, la Russie soviétique — comme d'ailleurs l a Chine, mais celle-ci à un moindre d e g r é — est productrice d'or. Mais i l semble qu'au cours de 35 $ l'once, cours du F . M . I . (dont l'U.R.S.S.

ne fait pas partie, non plus que la Suisse...) l'exploitation des mines s o v i é t i q u e s ne soit pas rentable. L ' U . R . S . S . n'en a pas moins

(1) F. Bistrov, cité in Probl. Econ.. I-VIII-61. Depuis lors, le 15-11-1960. le nouveau rouble a été réévalué à 0,987 g, soit 0 $ 90 cents, afin de couvrir une dévaluation intérieure, les anciens roubles ayant dû être échangés à 10 contre 1 nouveau.

(16)

vendu de 1955 à 65 des q u a n t i t é s non négligeables. M a n œ u v r e m a c h i a v é l i q u e pour d é m o l i r le s y s t è m e capitaliste ? Supposition peu convaincante, croyons-nous... Mais elle a cessé brusquement ses ventes en 1968. Pourquoi ? V o l o n t é de se constituer u n « tré- sor de guerre » ? E s p o i r de r é é v a l u a t i o n de l'or ? Impossible d'y r é p o n d r e . Seul, ce tableau donnera une indication sur la part de l'U.R.S.S. dans l'ensemble de la production et de la vente d'or dans le monde.

PRODUCTION MONDIALE D'OR E T

V E N T E S D'OR R U S S E

(en millions de dollars)

Offre Demande privée

Année Production dans le monde libre Ventes russes Total Augmentation nette ( + ) Diminution nette (—) des avoirs officiels Usages industriels (1) Autres Total

1956 975 150 1125 + 490 165 470 635

1957 1015 260 1275 + 690 195 390 585

1958 1050 220 1270 + 680 200 390 590

1959 1125 300 1425 + 750 220 455 675

1960 1175 200 1375 + 345 265 765 1030

1961 1215 300 1515 + 600 285 630 915

1962 1295 200 1495 + 330 330 835 1165 1963 1355 550 1905 + 840 325 740 1065 1964 1405 450 1855 + 750 430 675 1105 1965 1440 550 1990 + 240 465 1285 (2) 1750 1966 1440 0 1440 — 95 500 (ij 1035 1535

TOTAUX 13 490 3180 16 670 5 620 3380 7670 11050

Source : B.I.S. Annual Report 1965-1966, 1966-1967.

X . Boisselier, art. cité p. 783.

I V . — C O N C L U S I O N : O R F E V R E S E T B A N Q U I E R S

Si on laisse de c ô t é cette question de l'or russe, on arrive à une conclusion inattendue, d'un curieux dualisme.

E n v é r i t é , i l n'y a pas un p r o b l è m e de l'or, mais deux pro- (1) Total pour 12 pays industriels qui fournissent leurs chiffres à la Ban- que des Règlements internationaux.

(2) Dont 150 millions achetés par la Chine communiste.

(3) Dont 75 millions de dollars achetés par la Chine communiste.

(4) Estimation.

(17)

L ' A V E N I R D E L ' O R 29 b l ê m e s , parce q u ' i l y a d é s o r m a i s deux sortes d'or : l'or « libre » et l'or « monétaire », celui de l'industrie et des t h é s a u r i s e u r s , et celui des banquiers. E t par là on revient à un lointain p a s s é , tout en s'engageant dans un avenir encore m a l défini.

Dans sa fameuse Théorie générale, J . M . Keynes opposait l'ère des orfèvres q u ' i l croyait r é v o l u e , et l'ère de la banque dont i l esquissait le plan. E r r e u r de l'esprit de s y s t è m e ! Nous n'avons pas à choisir entre l'un et l'autre : par une t r è s curieuse évo- lution, nous avons aujourd'hui les deux à la fois.

L ' È R E DES O R F È V R E S

A partir du moment o ù les Etats-Unis ont t e n t é de fermer le d é b o u c h é m o n é t a i r e de l'or, qu'ils ont d û r é o u v r i r en faveur du seul F . M . I . en d é c e m b r e 1969, la scission entre les deux mar- c h é s et partant les deux sortes d'or é t a i t c o n s o m m é e :

• d'un côté, l'or monétaire q u i a pour d é b o u c h é officiel le F.M.I., à condition que le prix ne s'élève pas à plus de 35 $ l'once, et un d é b o u c h é officieux : celui des banques centrales non signa- taires de l'accord de 1968 ;

• et d'un autre côté, l'or marchandise, d e m a n d é par l'industrie (au sens large) et par la t h é s a u r i s a t i o n et dont le cours libre s'élève aux environs de 48-49 $ l'once.

Nous avons vu comment la demande industrielle s'était déve- l o p p é e depuis une d é c e n n i e . I l est clair que c'est d'elle que les marchands d'or e s p è r e n t d é s o r m a i s le plus clair de leur profit, et p e u t - ê t r e leur avenir tout entier.

Quel pronostic formuler sur les futurs cours de ce m a r c h é libre ? U n des cinqs grands « orfèvres » de Londres, M . Montagu, a p r é v u que l'once oscillerait, en 1972, entre 45 et 50 $, sans plus jamais descendre au-dessous du m i n i m u m . S'élèvera-t-il davan- tage ? L a r é p o n s e , q u i nous é c h a p p e , d é p e n d — comme pour toute marchandise — de l'offre et de la demande. O n a dit les pers- pectives de l a p r e m i è r e (dans les conditions techniques p r é s e n t e s ) . Quant à la seconde, elle est en partie d o m i n é e par les positions s p é c u l a t i v e s des t h é s a u r i s e u r s , liées elles-mêmes aux perspectives proprement m o n é t a i r e s , et en particulier à l'avenir du dollar.

L ' È R E DES BANQUIERS

Quel sera donc l'avenir de l'or m o n é t a i r e — et de façon plus large, celui du s y s t è m e m o n é t a i r e international ?

L ' o r gardera, croyons-nous, le r ô l e quasi-symbolique d'une mon-

(18)

naie de compte (sur la base actuelle ou réévaluée), c'est-à-dire d'un instrument de mesure idéale dans lequel on é t a b l i t les comptes.

I c i encore, on revit le p a s s é — u n p a s s é lointain : celui des

« marc banco » v é n i t i e n s ; ou un p a s s é prochain : celui d u franc- or, encore en usage dans l a c o m p t a b i l i t é de la Banque des Règle- ments internationaux de Bâle (créée en 1931) et de quelques con- ventions internationales (1).

Substituer à cet é t a l o n symbolique, un « étalon-marchandises » composite suivant la proposition de M . M e n d è s - F r a n c e , i n s p i r é e de M . de Largentaye (le premier traducteur de la T h é o r i e g é n é r a l e de Keynes) (2) : c'est une proposition tellement « idéale » que l'on ne voit pas comment la r é a l i s e r .

A l ' o p p o s é du symbole, l'or gardera aussi le rôle t r è s m a t é r i e l de trésor national, de guerre ou de crise, — et de r é s e r v e privée.

Mais quid ? de son r ô l e proprement bancaire et jadis essen- tiel, de monnaie internationale, c'est-à-dire d'instrument de règle- ment des dettes de pays à pays ?

I l diminue, on l'a vu, avec le temps. L'ingéniosité des banquiers, et surtout la volonté des a u t o r i t é s a m é r i c a i n e s a c c é l è r e n t cette é v o l u t i o n : la c r é a t i o n des D.T.S. va exactement dans ce sens.

M a i s ces D.T.S. sont-ils vraiment « as good as gold » ?

Un indice en leur faveur est le fait que la d é v a l u a t i o n du $ d u 16 d é c e m b r e 1971 ne les a pas atteints. Leur valeur reste inchan- gée à 35 dollars l'once — et ce fait est d'importance. Mais d'au- tres indices ( a n t é r i e u r s i l est vrai) sont moins rassurants. C'est ainsi qu'en juillet 1971, le F . M . I . devant reconstituer ses avoirs pour 135 millions de $ en monnaies de 14 pays (dont 31 millions de D.M.) a d e m a n d é à ceux-ci de l u i vendre de l'or, en é c h a n g e de quoi ces pays pouvaient recevoir, soit des devises (ou des droits de tirage), soit des D.T.S. Trois seulement ont p r é f é r é les D.T.S. (pour 21,3 millions de $) (3)...

LES TROIS POLES DE DÉCISION

E n fait, l'avenir de l'or m o n é t a i r e nous p a r a î t d é p e n d r e de trois pôles de décision.

Le premier tient é v i d e m m e n t — aux Etats-Unis.

Y a r r ê t e r a - t - o n l'inflation : et comment l'arrêtera-t-on ?

(1) Comme celles du Règlement international des Chemins de Fer (R.I.C.), des P.T.T., etc.

(2) J. de Largentaye, exposé dans les Annales des Mines (publication de l'Ecole des Mines) septembre 1954. — P. Mendès-France, Pour un nouvel aménagement monétaire : se servir des stocks de matières premières, Le Monde, 12-13 décembre 1971.

(3) Finances et Développement, publication du F.M.I., 1971, n° 4, p. 70-71.

(19)

L ' A V E N I R DE L'OR 31 A l ' i n t é r i e u r , voudra-t-on mettre un terme à l ' é n o r m e déficit b u d g é t a i r e ? Acceptera-t-on de tarir le flot des c r é d i t s a c c o r d é s par les banques aux entreprises qui investissent à long terme ou pla- cent à court terme au-dehors cet e x c é d e n t de dollars ?

A l'extérieur, les banques centrales des autres pays se ligueront- elles pour refuser cet afflux de dollars ? S i l'on arrive ainsi à p r é v e n i r l'avenir, saura-t-on é p u r e r le p a s s é ; c'est-à-dire saura-t-on consolider la masse de plus de 60 milliards de dollars en r é s e r v e ou flottants ?

Finalement, si l'inflation a m é r i c a i n e n'est pas j u g u l é e , elle en- t r a î n e r a une défiance vis-à-vis du dollar qui provoquera tôt ou tard une nouvelle d é v a l u a t i o n — et la menace a é t é p r o f é r é e par des bouches officielles. Mais le public dans son ensemble acceptera-t-il toujours le dollar comme une monnaie universelle ?

De toute m a n i è r e , i l est clair que le chemin sera t r è s long avant qu'on ne revienne à un dollar r é e l l e m e n t convertible en or...

D

ans la tourmente actuelle, le Fonds m o n é t a i r e international a fait figure d'une sorte de roc é m e r g e a n t d'une mer déchaî- née : c'est le d e u x i è m e pôle de décision.

C'est un fait que son encaisse-or a fortement a u g m e n t é . On en a dit les raisons. C'en est un autre que son u n i t é de compte, fidèle

1

à ses statuts (le dollar d' — d'once) est maintenant dissociée du 35e

dollar U.S.A. E t c'est un t r o i s i è m e fait que les D.T.S. sont, eux aussi, r e s t é s intangibles. E t l'on a dit la position courageuse de son directeur g é n é r a l , M . Schweitzer, à l'égard de l'or. Aussi cer- tains m o n é t a r i s t e s , tel M . J . Denizet, mettent-ils leurs espoirs dans une organisation m o n é t a i r e internationale fondée sur cette insti- tution (1). Ils rejoignent en cela le « plan Triffin ».

Encore faudrait-il ê t r e a s s u r é que la c r é a t i o n des D.T.S. ne devienne pas une nouvelle source d'inflation. Il faudrait aussi que le F . M . I . achève de se l i b é r e r de la tutelle a m é r i c a i n e , ce qui est c o m m e n c é , mais ne continuera pas sans peine.

R

este le t r o i s i è m e pôle de décision dont finalement d é p e n d p e u t - ê t r e tout le reste : l'Europe des Six devenue celle des Dix. U n grand pas vient d ' ê t r e accompli avec l'accord de Bruxelles (1) J. Denizet, Le problème monétaire international, bulletin de l'Associa- tion des Cadres dirigeants (ACADI), janvier 1972, p. 37 et s.

(20)

du 8 mars dernier, liant entre elles, en attendant de les souder plus é t r o i t e m e n t , les monnaies des Six. U n barrage vient d ' ê t r e élevé à l'égard d u dollar.

Ira-t-on plus loin ? (1) U n v é r i t a b l e Fonds m o n é t a i r e e u r o p é e n sera-t-il un j o u r c r é é , o ù serait mise et gérée en c o m m u n une partie des r é s e r v e s des banques d ' é m i s s i o n e u r o p é e n n e , y compris ( r ê v o n s un peu...) une partie de leurs réserves-or ?... (On rejoint ici encore les suggestions de M . Robert Triffin ou de tel c o m i t é pour l'Europe unie...).

Ne pourrait-on aussi songer à une mobilisation de l'or t h é s a u - risé par les particuliers en é c h a n g e de titres d'un grand emprunt e u r o p é e n , garanti-or, vaste « emprunt Pinay » à l'échelle d'un conti- nent ? I l est vrai que cette r é p o n s e à cet appel d é p e n d r a i t surtout de nos concitoyens...

Le v é r i t a b l e i n t é r ê t le leur conseillerait sans doute, si l'on songe que le pouvoir d'achat d'un capital de 100 F en 1914, a ainsi évolué ( r é s e r v e faite de la hausse r é c e n t e de l'or) :

PLACÉ EN

VALEURS A PLACÉ EN

REVENU FIXE ACTIONS PLACÉ EN OR

1930 39,1 134,7 84,3

1940 46,6 90,4 183,5

1950 4,44 45,2 145,6

1965 7,27 172,9 62,6

1970 7,84 210,3 58,7 (2)

Mais encore faudrait-il q u ' à la s é c u r i t é m a t é r i e l l e , m ê m e oné- reuse, se s u b s t i t u â t une s é c u r i t é morale et psychologique : le culte de l'or est fait d'abord de la crainte des hommes.

A N D R É P I E T T R E de l'Institut

(1) Nous laissons de côté la suggestion « menaçante » de M. Sedillot dans La Vie Française du 2 mars, d'une utilisation par les banques centrales de leurs réserves pour le rachat des usines américaines en Europe. Avec M. Paul Fabra dans Le Monde du 5 mars, nous ne la croyons pas réalisable...

(2) Le maximum pour l'or a été atteint en 1947 avec 327,7. P. Laforest, Economie et Statistique, mai 1971 et pour les années anciennes, même auteur, Etudes et Conjoncture. Précisons que l'auteur ne tient pas comDte, dans ces statistiques, des impôts, ni des droits de succession, ni autre amputation du capital en évolution. Il suppose, en outre, que le détenteur de valeurs mobilières en a capitalisé l'intérêt, c'est-à-dire qu'il a réinvesti les revenus perçus en rachetant des valeurs de cette espèce.

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