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ET SI ON PARLAIT TAUROCTONIE

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-02143904

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02143904

Submitted on 6 Jun 2019

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ET SI ON PARLAIT TAUROCTONIE

Vincent Merkenbreack

To cite this version:

Vincent Merkenbreack. ET SI ON PARLAIT TAUROCTONIE. Cursus publicus, Association Human-

Hist, 2017, pp.6-9. �hal-02143904�

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ET SI ON PARLAIT TAUROCTONIE

La tauroctonie est assurément l’iconographie la plus répandue et la plus connue du culte de Mithra ; elle se déroule à l’équinoxe de printemps. Après la capture et le transport (transitus) du taureau, Mithra se rend dans une grotte où il sacrifie celui-ci après qu’un corbeau, messager du Soleil, le lui ait signifié. Le sang de ce tau- reau égorgé fertilise le monde et en opposition à la fé- condation de ce dernier s’affichent les forces du mal représentées par un chien (qui lèche la plaie du tau- reau), un scorpion (qui pince les testicules du taureau pour en absorber sa semence, parfois un crabe), le plus souvent par un serpent (qui enroule parfois un cratère), de temps en temps un lion est également présent, et souvent tous sont présents sur un même relief. Le blé enfin pousse, souvent depuis la queue du taureau (par- fois de sa plaie) donnant naissance ainsi à la végétation.

Pour rappel, le taureau, dans le mazdéisme, passe pour être le premier être vivant créé par Ahura Mazdah

1

. Parfois Jupiter domine la scène sur les stèles de type

1 TURCAN 2004, p. 104.

réto-rhénan. La tauroctonie a lieu dans une grotte (le spelaeum). Voici la description de la tauroctonie clas- sique par F. Cumont :

« Un jeune homme appuie le genou gauche sur le garrot d’un taureau abattu sur le sol, tandis que du pied droit, posé sur le paturon, il main- tient étendue en arrière la jambe droite postérieure de sa victime. De la main gauche, il lui saisit une corne ou plus souvent les naseaux, et lui relève la tête, et de la droite, il lui enfonce un large coutelas au défaut de l’épaule.

2

»

Mithra est vêtu d’un pantalon perse, d’un bonnet phry- gien ; il porte une tunique courte et un grand manteau ou chlamyde accroché par une fibule et dans lequel le vent s’engouffre formant des plis en demi-cercle. De nombreux symboles ou scènes sont également pré- sents sur les tauroctonies.

Prenons pour exemple le célèbre bas-relief de la col- lection Borghèse provenant du Capitole, acheté par le Louvre en 1807, daté des années 100 à 200 après J.-C.

actuellement présenté au Louvre-Lens.

2 Cité par TURCAN 2004, p. 47.

(3)

Bas-relief

Ce superbe bas-relief a été décrit anciennement par plusieurs antiquaires et érudits, il a également fait l’ob- jet de plusieurs dessins et notamment celui de Pighi re- produit par Lorenz Berger en 1692

3

ainsi que celui de Félix Lajard en 1828

4

.

3 BERGER 1692, p. 97.

Commençons par l’honnêteté qui implique ici de dire que le bas-relief présenté au Louvre-Lens possède des réfections réalisées suite à des cassures antiques. Ainsi, la tête de Mithra n’est pas d’origine tout comme celle d’un des dadophores, une partie de celle du taureau et celle du serpent qui semble-t-il devait originellement remonter sur la jambe du taureau en direction de la plaie, à en croire les cassures encore visibles de nos jours.

Deux registres se distinguent sur ce bas-relief ; une partie haute qui représente la région céleste et une par- tie basse qui quant à elle correspond au terrestre et tout particulièrement au spelaeum, la grotte.

Dans le registre du haut, deux scènes sont séparées par un ensemble de trois arbres. Nous pouvons ainsi dis- tinguer à gauche, sous forme humaine, le Soleil sur un quadrige dans un mouvement ascendant et précédé par un génie tenant des deux mains une torche vers le haut.

Soleil conduisant un quadrige

De l’autre côté, également sous forme humaine mais ici féminine, la Lune conduit un bige en suivant une légère pente ; elle est également précédée par un génie, mais celui-ci tient d’une main une torche vers le bas.

Lune conduisant un bige

4 LAJARD 1828.

Dessins du bas-relief

- En haut : Lorentz Berger 1692

- En bas : Félix Lajard 1828

(4)

Ces deux scènes, du Soleil levant et du Soleil couchant, trouvent leur pendant dans le registre inférieur avec les deux dadophores. Les deux génies semblent corres- pondre à Phosphoros (« porteur de lumière », l’étoile du matin) / Lucifer et à Hesperos / Vesper (« le soir », l’étoile du soir) qui désignent Vénus lorsque celle-ci brille le matin et le soir.

Venons-en au registre du bas. Celui-ci est bien délimité par la voûte de la grotte (spelaeum) et l’on distingue net- tement juste sous le soleil, une chouette accrochée à la voûte. Généralement, c’est un corbeau qui figure sur les stèles et bas-relief ; il est le messager du Soleil indi- quant à Mithra que le sacrifice du taureau doit être ac- compli. Selon le comte de Clarac, cette chouette serait une « restauration mal entendue » ayant modifié un corbeau.

Chouette

Avant d’aborder la scène principale, il convient de par- ler de Cautès et Cautopatès, les dadophores. Ce sont les porteurs de torche.

Cautès représente le soleil levant et brandit donc sa torche vers le haut ; il est parfois associé à un coq. Ici, il est à gauche.

Cautopatès représente quant à lui le soleil couchant et présente donc sa torche vers le bas ; une chouette lui est parfois associée. Il se trouve pour sa part à droite.

Tous deux sont habillés à la mode perse et coiffé d’un bonnet phrygien.

Cautès

Cautopatès

La scène centrale de ce bas-relief présente Mithra te- nant d’une main le mufle du taureau vers le ciel tandis que de l’autre il enfonce un poignard dans le cou de l’animal. Un scorpion pince avec ses deux serres les testicules du taureau pour en absorber la semence tout en le menaçant de son dard, un serpent s’approche de la plaie générée par Mithra dans le cou du bovin, enfin, un chien lèche ce même sang.

Sources

- B

ERGER

L., Spicilegium Antiquitatis sive Variarum ex Antiquitate elegantiarum vel Novis Luminibus Illustartarum vel Recens etiam editarum fasciculi, Typis Ulrici Liebperti, Coloniae Brandenbrugicae, 1692.

- C

LARAC

, Mélanges d’Antiquités grecques et ro- maines, ou observations sur plusieurs bas-reliefs antiques du musée royal du Louvre ; et réplique à la réponse de M. Félix Lajard, de l’académie royale des inscriptions, etc, Firmin Didot, Paris, 1830.

- L

AJARD

F., Nouvelles observations sur le grand bas-relief mithriaque de la collection Borghèse ac- tuellement au musée royal de Paris, Firmin Didot, Paris, 1828.

- T

URCAN

R., Mithra et le mithriacisme, Les Belles

Lettres, Paris, 2004.

(5)

Scorpion

Serpent

Chien

Pour terminer cette description, abordons maintenant les inscriptions qui figurent sur ce bas-relief.

Tout d’abord, au niveau du couteau de Mithra sont gravés les mots

NAMA SEBESIO

Ces mots signifient selon Lajard : J’adresse ma prière à Sebesius. Le terme « NAMA » est d’origine perse ; SEBESIVS quant à lui renvoie à la divinité zoroas- trienne Ormuzd qui n’est ni plus ni moins que Jupiter.

D’ailleurs, un culte à Jupiter Sabazius est attesté dans

5 LAJARD 1828 ; CLARAC 1830.

la Rome antique. D’autres explications sont données par Clarac, et notamment « offerte à Sabasius (Bacchus considéré comme le Soleil) au dieu soleil, l’invincible Mithra .

Sur le ventre du taureau figure l’inscription DEO SOLI INVICT(o) MITRHE

« au dieu Soleil invaincu Mithra »,

ainsi que quelques lettres d’une ligne aujourd’hui dis- parue. Dans cette phrase, on observe la fusion entre le dieu Soleil et le dieu Mithra.

Inscription sur le ventre du taureau

L’inscription

C. C. AVFIDII IANVARI

qui figure sur le dessin de 1692 n’est plus visible de nos jours.

Enfin, sur la cuisse droite du taureau figure une der- nière inscription plus proche d’un graffiti :

AMYCVS SERONESIS M. ANTONIVS ALTERIVS Ce graffiti est suspect pour ce qui est de son origine étant donné qu’il n’est pas mentionné par Pighi lorsqu’il a réalisé son dessin en 1606. Un débat houleux par publications interposées s’est déroulé dans la pre- mière moitié du XIX

e

siècle à ce sujet

5

.

Toujours est-il que, même si de nombreuses restaura- tions ont été effectuées au fil des siècles et que des graf- fitis probablement du XVI

e

siècle y ont été ajoutés, ce bas-relief reste l’un des plus beaux concernant le culte de Mithra, plus particulièrement la scène de la tauroc- tonie. Exposé dans la Galerie du Temps au Louvre- Lens, il n’attend que votre visite, en ma compagnie si cela vous tente !

Mentvla Magna Minax

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