IMAGES D AFRIQUE ET SCIENCES SOCIALES

IMAGES D’AFRIQUE

ET SCIENCES SOCIALES

Collection

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Conseil

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Jean-Pierre CHRÉTIEN (CRA-CNRS), Jean COPANS @HESS), Georges COURADE (MSA, ORSTOM),

Henry TOURNEUX (LACITO-CNRS, ORSTOM)

Couverture : Autel de l’hippopotame (détail) Cliché T. Spini et G. Antongini.

O Éditions KARTHALA et ORSTOM, 1993 ISBN : 2-86537-397-5 (KARTHALA)

ISBN : 2-7099-1 120-5

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Michèle Fiéloux, Jacques Lombard

avec Jeanne-Marie Kambou-Ferrand

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Images d’Afrique

Sciences sociales

Les pays lobi, birifor et dagara (Burkina Faso, Côte-d’Ivoire et Ghana)

Actes du Colloque de Ouagadougou

Éditions KARTHALA

22-24, bd Arago 75013 Paris

Éditions de I’ORSTOM

213, rue La Fayette 75010 Paris

A la mémoire

de notre coll2gue et ami Michel Dieu

A nos amis du Sud-Ouest qui ont contribué

par leur collaboration ^à une meilleure

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connaissance de leur pays.

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INTRODUCTION zyxwvutsrqponmlkjihgfedcbaZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA

vourbira, pays lobi, février 1990.

Nous présentons en "première" un film sur les deuxièmes funérailles d'un personnage remarquable, devant toute sa famille, ses veuves, ses propres fils dont la plupart, fonctionnaires, ne résident plus au village, des étudiants, des jeunes citadins, des paysans de la région, public très composite à l'image de la société

lobi actuelle. Un débat

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micros de la radio locale sur le rôle de l'image, du cinéma, pour transmettre et conserver le souvenir de tout ce qui tend à disparaître de nos jours. La très grande diversité des points de vue exprimés faisait de l'image une technique, un moyen, plus ou moins adapté, intelligent, perspicace. Au fond, les rushes de ce film auraient donné les résultats les plus imprévisibles, les plus contradictoires.

Tel aurait supprimé toute image représentant les femmes vêtues à la manière ancienne, d'une ceinture de feuilles, ou passé sous silence telle séquence du rite. Un autre aurait traité beaucoup plus longuement les danses et la musique. Un troisième rappelait que la consultation du devin conceme surtout les proches parents du mort et doit rester confidentielle. ^.

Cette expérience nous conforta dans l'idée d'introduire ce débat sur le statut de l'image, en organisant une rencontre ouverte àtous les chercheurs travaillant ou ayant travaillé dans le domaine des sciences sociales sur "le pays lobi", autour de quelques questions : enquoiles images (relevés, croquis, dessins, cartes,photographies,

vidéo, f i s ) contribuent-elles

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pays, d'une culture, d'une région ? De quelle réalité nous parlent- elles ? Quel regard le chercheur portè-t-il sur ces documents, mais aussi quel est le regard de ceux qui en sont les sujets ? Quelle place enfin ces images occupent-elles à tous les niveaux de la pratique de recherche : enregistrement et construction des données, conceptualisation et modélisation, explicitation des résultats, valorisation de la recherche et de ses acquis, mise au point de matériaux pédagogiques, conservation et protection dupatrimoine ? Des chercheurs qui partageaient une préoccupation commune, unintérêt pour l'histoire, la culture ou le développement économique et social de cette région, ont donc été confrontés ces données particulières, des documents iconographiques, films ou photographies, sachant que certains travaillaient avec et sur les images depuis longtemps et même depuis le début de leurs recherches, alors que d'autres, au contraire, ne prenaient quasiment jamais de photos, se contentant du carnet de notes.

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Cette question transversale du rôle de l'image est apparue comme un bonmoyen de constitution et d'animation d'un groupe de chercheurs et d'universitaires, réuni pour la première fois, au-delà des formes plus classiques et académiques de communication qui auraient risqué, devant tant de disciplines réunies (histoire, archéologie, géographie, linguistique, anthropologie, économie, philosophie, sociologie), d'enfermer chacun dans la sienne. Le pari

ainsi lancé visait ^à

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chose àdire de particulier, quelque chose àcomprendre de nouveau,

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B considérer en commun les mêmes documents portant sur une

"même" réalité, un "même" terrain.

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également autorisé l'ouverture et le développement de la communication entre des spécialistes et un public plus large.

L'importance et la qualité des différentes recherches, la masse des publications disponibles,lenombre de chercheurs actuellement engagés sur un travail dans cette région, son attrait particulier pour tous ceux qui voyagent ou poursuivent des études en Afrique de l'Ouest, la variété, l'originalité de documents iconographiques couvrant près d'un siècle, l'intérêt enfin apporté par les instances culturelles du Burkina Faso à la connaissance, l'utilisation et la diffusion de l'image nous ont convaincu de considérer "le pays lobi'' comme un domaine expérimental dans le cadre duquel on pouvait lancer ce débat, le plus ouvert possible, sur le problème de l'utilisation de l'image dans la recherche en sciences sociales.

Notre choix arrêté dès le départ était d'organiser cette rencontre au Burkina Faso de fagon à rendre ffvisibles" sur place, l'ensemble des documents, laplupart inédits, qui allaient être présentés par les intervenants. Chacun devait préciser, dans sa communication, le rôle donné B l'image dans son propre travail en s'appuyant sur la

présentation d'undocument audio-visuel (diaporama, vidéo,

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Pour compléter la documentation disponible et altemer les regards, nous avons contacté toutes les personnes qui, aun titre ou un autre, (voyageurs, missionnaires, administrateurs de la France d'Outre- Mer, journalistes, cinéastes) avaient réalisé des images sur les pays lobi, birifor et dagara, du Burkina Faso, de Côte-d'Ivoire et du

Ghana. Nous avons aussiprocédé ^B

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images anciennes dans les collections privées et publiques, ce qui apermis de découvrir une partie deladocumentationphotographique du célèbre administrateur-ethnologue Henri Labouret et de faire connaître l'extraordinaire collection d'un géologue-voyageur Arnold Heim. Ce corpus est cependant loin d'être exhaustif, Il existe des gisements de différentes natures qui n'ont pu être exploités auprès notamment des missionnaires et des administrateurs de la France d'outre-Mer ou de leurs héritiers. Nous n'avons pu retrouver tous les films documentaires réalisés sur "le pays lobi" par les chaînes de télévision de différents pays (Côte-d'Ivoire, Italie, France notamment), faute d'un titre, du nom du réalisateur ou d'un système

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d'archivage particulier. ^Il

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en particulier les films, pose des problèmes de propriété, de droit de diffusion et de coût de reproduction. On ne peut que regretter

l'absence d'un lieu public ^oÙ

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àdes legs, pourraient êtreregroupés, conservés et surtout consultés.

Le corpus ainsi constitué était donc nourri ^å

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documents collectés et exploités dans le cadre d'une recherche d'abord et tout document, ensuite, concernant le "pays lobi", mais réalisé dans une perspective d'ordre littéraire ou poétique à la rencontre de l'Autre : un récit de voyage, un document pédagogique, voire même la présentation stéréotypée du différent, de l'étrange, de l'exotique.

Le colloque s'est tenu au Centre culturel français Georges Méliès à Ouagadougou, du 10 au 15 décembre 1990, et a réuni environ cent cinquante participants, chercheurs, enseignants, cinéastes, animateurs ou membres d'associations culturelles, étudiants, originaires du Burkina Faso et de Côte-d'Ivoire, et de plusieurs pays européens, notamment l'Italie, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suisse, la Suède et la France. Dans le but d'ouvrir au public le plus large le résultat des recherches, et d'assurer une meilleure compréhension et connaissance de certains documents visuels présentés dans le cadre du colloque, une exposition a été organisée autour de quatre themes : l'habitat et l'espace (G. Antongini et T. Spini), la sculpture et l'univers religieux (D. Bognolo), la représentation contrastée du quotidien à travers leurs dessins, par des enfants lobi et allemands (C. Schefold), le voyage du géologue suisse, Arnold Heim, en 1934, illustré par une vingaine de ses photos. Ces dBérents éléments sont allés enrichir les panneaux d'exposition du Musée régional de Gaoua, inauguré en décembre 1990.

Ces diverses manifestations ont été mises au point par l'Atelier d'anthropologie visuelle de l'Orstom avec laparticipationdu Centre National de la Recherche Scientifique et Technique du Burkina Faso et de l'université de Ouagadougou. Elles étaient placées sous le parrainage du Ministère des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique, du Ministère de l'Information et la Culture, du Secrétariat d'Etat à la Culture du Burkina Faso et de l'Ambassade de France au Burkina Faso. Le Mïnistère Franpis de la Coopération et du Développement et le Ministère de laRecherche et de laTechnologie, 1'ORSTOM (ORSTOM-audio-visuel, DIST, SUD,

Mksion de Ouagadougou) ont apporté leur soutien 3 la réalisation de ce colloque.

Le comité d'organisation était composé de Pierre Bonnafé

(CNRS), Jean-Louis Boutillier (ORSTOM), Michèle Fiéloux (CNRS),

Jeanne-Marie Kambou-Ferrand (ORSTOM), Jacques Lombard (ORSTOM), Yvon-Mersadier (ORSTOM).

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Les différents thèmes abordés dans le cadre de ce colloque donnent un bon aperçu de l'état d'avancement des recherches menées dans "le pays lobi" au cours des quarante dernihes années.

Une bibliographie la plus exhaustive possible présente les résultats de ces différentes études, notamment celles conduites par les divers participants. Les communications présentées apportent, pour leur plus grand nombre, des résultats inédits et leur organisa- tion thématique traduit la grande diversité des domaines étudiés tout en nous informant sur les perspectives théoriques et méthodologiques des différentes recherches engagées.

Confrontés, en effet, ^à

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portaient sur des objets, des perspectives, des méthodes, et concernaient des disciplines différentes, nous avons choisi de les regrouper en six rubriques. La cohérence de cette répartition repose sur la volonté de démonstration d'un état des recherches en sciences

sociales et présente, de ce fait, la facture classique

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interdisciplinaire s'intéressant

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organisation a donc permis de créer sur un plan épistémologique, six niveaux relativement homogènes, àl'intérieur desquels il semblait plus utile, ou plus économique, d'introduire un débat sur l'image.

Les images devaient pouvoir se répondre comme les sujets traités, provoquant une véritable concentration de documents qui permettait tout àla fois de renforcer leur intelligibilité et d'aiguiser la capacité d'analyse et de critique àleurendroit. Deuxrubriques ont néanmoins été ajoutées : "Le regard des voyageurs", "Méthode d'enquête et édition audio-visuelle", de façon àmaintenir notre cap sur le thème général.

Histoire, peuplement et guerre

Cette rubrique a été l'occasion de découvrir la plupart des

images disponibles (photos et films) de

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assortiesnotmentpourl'album de photos de H. Labouret, 1912- 1924, d'une analyse critique portant sur les photos comme sources historiques, à travers un inventaire thématique, la définition des aspects techniques du cadrage, la description des mises en s,cène, l'association de documents ; la vision d'un homme, d'une époque, véhiculant des notions particulieres, de la banalité, de l'évidence, de l'étrangeté. Plusieurs aspects de la période retenue sont développés, la résistance des populations et la répression, l'administration coloniale, la guerre et l'organisation sociale.

L'accumulation de documents iconographiques sur "l'homme porteur d'armes, le guerrier", a fait ressortir le poids du regard, de l'intention de l'observateur et m i s en évidence le nombre restreint d'images ou de représentations de la guerre. Un homme armé n'exprime qu'une partie du champ couvert par cette forme de règlement des conflits, associant lieux de culte et rituelsparticuliers, pratiques de divination et guerres imaginaires, etc. On comprend