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Futures ruines ou futurs débris ? anticiper l'obsolescence : une vision prospective des méga-bâtiments d'estación central, santiago, chili

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Master

Reference

Futures ruines ou futurs débris ? anticiper l'obsolescence : une vision prospective des méga-bâtiments d'estación central, santiago, chili

CRISÓSTOMO LÓPEZ, Catalina

Abstract

Le présent mémoire propose une réflexion sur notre façon actuelle de construire les villes et leur projection dans l'avenir. Étant donné les caractéristiques de notre époque marquée par une obsolescence rapide, il est plus probable que nos constructions finissent par devenir des débris qui nous gêneront plutôt que des ruines que nous admirerons. Est-il possible d'anticiper ces espaces obsolescents futurs et d'ainsi éviter les débris ? Est-il possible d'avoir un regard prospectif, c'est-à-dire un regard qui anticipe des alternatives ? La recherche est portée sur le territoire d'Estación Central à Santiago du Chili où l'obsolescence rapide se présente sous la forme de grandes tours résidentielles qui, avant leurs 10 ans, ont été déclarées illégales en termes de réglementations. Les tours sont critiquées en raison de leur densité excessive et de l'impact négatif qu'elles ont eu sur le territoire. Leur avenir est incertain car, bien qu'elles devraient être démolies, l'expérience montre que cela ne se produira pas. Quelles sont les alternatives à cette situation ? Ce mémoire commence par une [...]

CRISÓSTOMO LÓPEZ, Catalina. Futures ruines ou futurs débris ? anticiper

l'obsolescence : une vision prospective des méga-bâtiments d'estación central, santiago, chili . Master : Univ. Genève, 2021

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:155440

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Faculté des sciences de la société

Maîtrise universitaire en développement territorial

Directrice : Armelle Chopin Experte : Irène Hirt

Futures ruines ou futurs débris ?

Juin 2021

Mention Développement territorial des Suds

Mémoire no : 120

Photographie de l’auteur

Anticiper l’obsolescence. Une vision prospective des méga-bâtiments d’Estación Central, Santiago, Chili

Catalina Crisóstomo López

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REMERCIEMENTS

A ma grand-mère. Pour sa force et sa présence constante qui dorénavant m’accompagnent toujours.

A ma famille. À mes sœurs, Francisca et Javiera, compañeras de vida qui, bien que séparées dans des endroits différents, m’ont soutenu et aidé. A Marcela et Hernán, dont j’ai senti le soutien et la préoccupation, même à distance.

À ma professeure Armelle, qui, dès le premier instant, m’a soutenue dans mon idée et m’a fait voir que, pour avancer, il faut oser et faire des erreurs.

À Paola Velásquez, pour m’avoir donné la surprise et l’opportunité de vivre dans un pays différent.

A Loreto Rojas et Ana Sugranyes, professionnelles qui ont généreusement donné une partie de leur temps pour répondre à mes questions à la fin du processus. Egalement à J.P. Urrutia et J. Ruiz-Tagle, qui m’ont donné des pistes au début.

À Julie Dubois et Liv Christen, mes amies qui m’ont aidé à corriger la langue et les idées.

À toutes les personnes qui m’ont écouté et donné leur avis : Cecila Moya, Kintudh Hidalgo, Francis Pfenniger, Román Alonso, Valentina Astudillo et tant d’autres.

À mes ami-e-s du Chili, certaines que j’ai rencontrées ici et d’autres qui sont là-bas.

Et enfin, au Clos et à ses habitant-e-s, un endroit où j’ai appris la vie en coopérative et qui m’a donné de grandes amitiés.

A toutes ces personnes, muchas gracias

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LE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL DU SUD Le présent mémoire a comme objectif de se présenter au diplôme de Master en Developpement Territorial, mention Developpement Territorial du Sud.

Le développement du Sud. Le Sud de quoi ? Que définit cette limite ?

Considérons-la comme la ligne de l’Équateur. Donc le Mexique serait dans les pays du Nord ? l’Australie dans les pays du Sud ?

Il semble que la question n’est pas de savoir quoi marque cette limite, mais qui.

Depuis le dénommé Nord, je me suis retrouvé à travailler sur le Sud.

Depuis le dénommé Nord, je me retrouve à faire des recherches sur mon territoire d’origine, le Sud.

Sud, exposé par une personne du Sud, selon les règles du jeu du Nord.

Le Sud exposé en pandémie, où les distances deviennent énormes et les relations deviennent virtuelles.

Le présent mémoire a comme objectif montrer les résultats d’un processus de questionnement d’un territoire à partir d’un autre territoire éloigné. Un processus qui a apporté certaines réponses et ouvre encore plus de questions.

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RESUMÉ Ce mémoire propose une réflexion sur notre façon actuelle de construire les villes et leur projection dans l’avenir. Étant donné les caractéristiques de notre époque marquée par une obsolescence rapide, il est plus probable que nos constructions finissent par devenir des débris qui nous gêneront plutôt que des ruines que nous admirerons. Est-il possible d’anticiper l’obsolescence de ces espaces et d’éviter ainsi les débris ? Est-il possible d’avoir un regard prospectif, c’est-à-dire un regard qui anticipe des alternatives ? La recherche est portée sur le territoire d’Estación Central à Santiago du Chili où l’obsolescence rapide se présente sous la forme de grandes tours résidentielles qui, avant leurs 10 ans, ont été déclarées illégales en termes de réglementations. Les tours sont critiquées en raison de leur densité excessive et de l’impact négatif qu’elles ont eu sur le territoire. Leur avenir est incertain car, bien qu’elles devraient être démolies, l’expérience montre que cela ne se produira pas.

Quelles sont les alternatives à cette situation ? Ce mémoire commence par une immersion dans les concepts de ruine, débris et prospective. A partir de ces derniers, on construit une méthodologie qui cherche à décrire le passé, à comprendre le présent et à explorer des alternatives pour l’avenir de ces tours. Des alternatives au-delà de la démolition et de la construction à partir de zéro, des alternatives qui retardent l’obsolescence.

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TABLE DE CONTENU

CHAPITRE I: INTRODUCTION

1.1. Présentation du thème : La ville et

son obsolescence.

1.2. Problématique : Anticiper l’obsolescence des espaces 1.3. Plan de recherche

CHAPITRE II: CADRE CONCEPTUEL

2.1. Obsolescence, ruines et débris 2.2. Les ruines et les débris au Chili 2.3. La prospective

CHAPITRE III: METHODOLOGIE 3.1. Processus 3.2. Portée et limites CHAPITRE IV: CAS D’ETUDE

4.1. Pratiques et processus spatiaux 4.2. Les acteur/trices et ses relations 4.3. Le présent et son devenir

4.4. Références de projets et politiques 4.5. Processus d’intervention

CHAPITRE V: CONCLUSIONS BIBLIOGRAPHIE ET ANNEXES

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CHAPITRE I:

INTRODUCTION

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«Les paysages de la mondialisation sont aujourd’hui remplis de telles ruines. Cependant, ces lieux peuvent encore être vivants malgré le glas : les champs de

monoculture abandonnés peuvent parfois accueillir une nouvelle vie

multi-espèces et

multi-culturelle. Dans la situation précaire actuelle, nous n’avons pas d’autre choix que de chercher la vie dans ces ruines»

Le champignon de la fin du monde:

Sur la possibilité de vie dans les ruines du

capitalisme.

Anna Tsing, 2007

1.1. Présentation du thème:

La ville et son obsolescence

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Nous vivons à l’époque du présentisme. Nous vivons une époque où les mots crise, violence, injustice sont des mots qui nous sont familiers. Nous vivons à une époque où l’on s’inquiète parfois beaucoup de notre avenir. Nous vivons à une époque où nous produisons une quantité colossale d’objets, d’images, de constructions et où nous consommons chaque jour de plus en plus. Nous vivons à une époque où cette production et cette consommation nous conduisent également à une grande production de déchets.

Si nous appliquons cette chaîne de production, de consommation et de déchets au niveau territorial, nous pouvons constater que les villes sont soumises à une dynamique de construction et d’extension constante, mais aussi d’obsolescence et d’abandon.

Cette dynamique d’obsolescence est présente depuis nos origines, laissant place à ce que nous appelons aujourd’hui des ruines, ces lieux témoins du temps qui passe. Il est curieux de constater que, si nous voyons une construction vétuste qui date d’une certaine époque, nous l’appelons une ruine.

Cependant, s’il s’agit d’un structure plus récent, sa nature est moins évidente.

Dans la littérature, ces nouveaux espaces abandonnés sont désignés par différents noms : pré-ruines, ruines prématurées, ruines en cours, ruines futures, gravats, débris, etc. La discussion théorique sur le fait de savoir s’il s’agit ou non de ruines pourrait faire l’objet de recherches plus approfondies, mais avant tout, il est important de se rendre compte que nous habitons de plus en plus nous habitons de plus en plus ces nouveaux espaces obsolètes et que, semble-t-il, nous continuerons à produire des espaces à courte durée de vie. Dès lors, si nous savons que nous allons continuer à les produire, serait-il possible d’anticiper ces espaces et de penser à une manière de les ré- habiter avant qu’ils ne deviennent des ruines, des débris ? Serait-il possible d’anticiper le processus d’obsolescence ?

Ce rapport abordera le sujet de ces espaces en voie d’obsolescence, ces futures ruines ou débris. La recherche se situe au Chili. En raison de sa situation géographique1 qui implique des catastrophes naturelles constantes et de son contexte socio- politique actuel2, l’avenir du pays est plus incertain qu’auparavant. Face à ces incertitudes, il est nécessaire de penser à de nouvelles formes de gestion et de morphologie pour fournir des logements, un

1 Le Chili est situé entre la plaque de Nazca et la plaque Sud-américaine, ce qui se traduit par des tremblements de terre et des tsunamis constants. En outre, il se trouve également sur la ceinture de feu du Pacifique, ce qui accroît le risque d’éruptions volcaniques.

2 Ce travail de mémoire est contemporain des débuts de l’éxplosion sociale au Chili (octobre 2019) et de la crise mondiale due au COVID-19 (années 2020-2021).

aspect qui, surtout aujourd’hui, montre qu’il est en crise. Comme étude de cas, nous prenons la ville de Santiago, ville natale de l’autrice et territoire néolibéral de tensions et de conflits. Au cours de la dernière décennie, dans la commune de Estación Central, plus de 70 tours résidentielles ont été construites, avec une moyenne de 30 étages dont la surface variable des appartements commence à 17 m2, résultat de la production néolibérale de la ville. Actuellement, 49 de ces projets ont été déclarés illégaux parce qu’ils n’ont pas respecté la réglementation territoriale. Une obsolescence très rapide des espaces. Comment en est-on arrivé là et quel est l’avenir de ces espaces ? A travers un regard prospectif, par l’identification des pratiques et des processus spatiaux qui se sont produits et se produisent sur le territoire, par l’analyse des acteurs/trices et la recherche de référents, nous chercherons proposer différentes lignes directrices pour anticiper ces cas d’obsolescence future. Nous viserons à penser non pas comme une réaction à un conflit, mais comme une anticipation d’un problème futur, en évitant l’obsolescence précoce, en évitant la ruine ou les débris.

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1.2. Problematique:

Anticiper l’obsolescence des espaces

Le thème des ruines a été traité dans plusieurs disciplines : dans l’art avec un regard nostalgique ou critique, dans la littérature comme un récit, dans l’histoire comme une étude du passé, dans l’architecture comme des objets de restauration, etc. En tant qu’humanité, nous sommes attirés par ces objets/lieux en raison des sentiments qu’ils génèrent en nous, un sentiment sublime de nostalgie et de mélancolie, un sentiment de paix (Somhegyi, 2014) (Bouchier, 2016). Dans l’ensemble, ces sentiments sont donnés par le passage du temps que l’on observe dans les ruines, par la présence du «temps pur», l’expérience du temps sans histoire attachée (Augé, 2003). Naturellement, avant de devenir des ruines avec leur charge émotionnelle, il y a eu l’abandon et l’obsolescence, laissant place aux débris, aux restes. En d’autres termes, les ruines sont des vestiges «auxquels on a attribué une dignité esthétique et symbolique» (Makarius, 2004).

En réfléchissant à la question de la ruine dans le présent, on pourrait dire que chaque espace abandonné, ou à abandonner, est une ruine potentielle future. Cependant, à ce stade, la question se pose de savoir si notre société laissera des ruines ou seulement des débris. Comme mentionné précédemment, notre société semble produire, consommer et jeter de plus en plus chaque jour : «nous avons construit plus que toutes les générations précédentes réunies, mais d’une manière ou d’une autre, on ne se souviendra pas de nous à cette même échelle.

On ne laisse pas de pyramides»3 (Koolhas, 2002). Il existe une tendance critique à penser que ce que nous construisons en ces temps ne sera pas des ruines, mais ne restera que sous forme de débris. L’ère de vitesse et de consommation dans laquelle nous vivons nous conduit à consommer de plus en plus de territoire, à produire et à abandonner. Comme le mentionne Augé, « la ville est couverte de constructions qui répondent à une volonté d’extension » (Augé, 2003) Nous sommes séduits par la construction, cet espace qui n’est toujours pas et qui pourrait être quelque chose. Le fait est qu’une partie de notre production, de nos constructions, est abandonnée pour différentes raisons (parfois même avant qu’elles n’existent pour leur fonction initiale). « 

Avant la perte de fonctionnalité d’un espace, il existe plusieurs façons de le transformer : il peut être transformé pour avoir une nouvelle fonctionnalité, pour se souvenir de son ancienne fonctionnalité, il peut être abandonné puis récupéré, il peut être détruit pour construire quelque chose à la place, etc. À une époque de production et de consommation constantes, nous sommes de plus en plus confrontés à la question de savoir ce que nous devons faire de cette situation. Le cycle de vie des bâtiments s’est raccourci. Considérant que la construction est l’une des activités les plus polluantes de notre époque, une idée qui fait son chemin est de considérer ce qui est déjà construit

3 Traduction de l’auteure

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et de le transformer pour le réutiliser. Druot, Lacaton et Vassal mettent en avant cette idée par ces mots «La transformation est l’opportunité de rendre meilleur ce qui existe déjà. Démolir est une décision facile, à court terme.

C’est un gaspillage de beaucoup de choses : d’énergie, de matériel et d’histoire. En outre, elle a un impact social très négatif [...] c’est un acte de violence» (Druot, Lacaton, & Vassal, 2004). Cependant, ces techniques de transformation sont généralement réalisées après l’abandon et les débris. Si nous pensions éviter les débris, ne pourrions-nous pas penser à des actions avant qu’un lieu soit abandonné ou devienne obsolète ? Ne pourrions- nous pas anticiper la ruine ou les débris ?

À Santiago, la capitale du Chili, de grands immeubles ont été construits au cours de la dernière décennie, des immeubles qui dépassent parfois les 30 étages. Du jour au lendemain, ils ont inondé le paysage. Situés principalement à Estación Central, une commune péricentrale facilement accessible par les lignes de métro et habitée principalement par des travailleurs de la classe moyenne inférieure ou des migrants, ils pourraient être considérés comme une solution abordable en matière de logement. Cependant, compte tenu de leurs conditions d’habitabilité et de l’impact qu’ils ont eu sur l’environnement immédiat, ils ont été appelés «ghettos verticaux4», ce qui leur donne une connotation négative pour leurs habitant-e-s. Leur impact sur le territoire a été tel que les sociétés immobilières ont été poursuivies en justice, ce qui a déclenché un grand conflit juridique. Résultat : en 2018, 49 de ces tours, certaines habitées, d’autres en construction et d’autres encore non commencées, ont été déclarées illégales pour avoir été construites en dehors de la réglementation. La loi chilienne stipule qu’une construction déclarée illégale doit être démolie. Il s’agit de 49 tours de 20 à 40 étages.

Néanmoins, au regard des expériences passées, du système néolibéral qui règne dans le pays et de l’ampleur de l’action, l’action effective de cette démolition est en suspens. L’avenir de ces possibles ruines ou débris reste incertain, ainsi que celui de leurs habitant-e-s, de leurs voisins et des responsables de leur construction.

Les politiques publiques chiliennes en matière de logement n’ont pas eu de résultat qui réponde aux problèmes actuels.

La ville, l’architecture et l’urbanisme n’ont pas apporté de solutions conformes à la situation générale de la majorité des habitant-e-s. La construction de ces méga-tours en est un exemple  ; déguisées en logements, péricentraux, qui accueillent de nouveaux/elles habitant-e-s de la classe moyenne inférieure ou des migrants, se cachent pourtant des conditions d’habitabilité tout à fait discutables Le fait qu’elles aient été construites en dehors de la loi montre que la rentabilité est plus importante que l’habitabilité.

Mais ces structures sont déjà dans la ville, c’est un fait. Et

4 Afin de ne pas stigmatiser ceux et celles qui y vivent, nous parlerons dans ce rapport de bâtiments méga- denses dans Estación Central au lieu de «ghettos verticaux».

c’est aussi un fait que leurs habitant-e-s ont besoin d’un logement. Sans vouloir valider leur construction de quelque manière que ce soit, on peut penser que ces structures sont l’occasion de nouvelles créations, de nouvelles façons d’habiter, surtout si l’on considère la situation actuelle au Chili. La crise que traverse le pays a mis en lumière les problèmes de logement que l’on ne voulait pas admettre au niveau des politiques publiques. On constate notamment l’augmentation du déficit de logements, le surpeuplement et la ségrégation socio-économique qui existent dans la ville (Palacios, Silva, & Vergara, 2020).

Avec un regard critique et prospectif, orienté vers une proposition, ces constructions pourraient être repensées, reformulées, en visant ces problèmes et ainsi éviter leur ruine ou leur transformation en débris. S’interroger sur les interventions morphologiques et de gestion pourrait être un moyen d’anticiper l’obsolescence des méga-tours de l’Estación Central.

La présente recherche vise à adopter une position plus proactive que descriptive, à travers un regard prospectif.

La prospective est la « discipline visant à réaliser des approximations du futur pour agir depuis le présent et empêcher que des événements se produisent et se développent sans que l’on puisse les influencer»5 (Salas Bourgoin, 2014). Par la proposition de scénarios possibles, elle cherche à influencer le présent pour obtenir le scénario le plus favorable à la communauté, et peut également influencer le territoire. La prospective, en tant que discipline, cherche à anticiper le problème, étant un moyen méthodologique d’anticiper l’obsolescence future des espaces.

Ce rapport commence par une immersion théorique générale des concepts d’obsolescence, de ruine et de débris, en réfléchissant à ce que nous construisons et à ce que nous en faisons, pour ensuite transférer cette réflexion à la réalité chilienne. Dans le cadre des concepts mobilisés, nous abordons également la prospective et la façon dont il est possible de construire une méthodologie cohérente pour l’étude de cas de ce rapport. Dans la première partie de l’étude de cas, il est décrit les processus et les pratiques spatiales du territoire, en analysant également les acteurs/

trices et leurs influences. Ensuite, à travers la recherche et la présentation de référents divers, nous cherchons à tracer des lignes directrices pour imaginer un avenir plus favorable à cette problématique actuelle.

Compte tenu du contexte, le résultat de la recherche peut s’inscrire dans l’impossible et l’illusoire, l’utopique.

Cependant, à l’heure des grandes crises et des changements, pourquoi ne pas penser aux utopies comme à des voies à suivre ? Pourquoi ne pas chercher de nouvelles solutions aux grands problèmes qui sont déjà, littéralement, implantés dans nos territoires ? Pourquoi ne pas regarder vers l’avenir et éviter ainsi la ruine ou les débris ?

5 Traduction de l’auteure

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14

1.3. Plan de recherche

1.3.1. Question de recherche

Si l’on prend le cas des méga-bâtiments de la Estación Central à Santiago du Chili, est-il possible d’anticiper des espaces dont l’obsolescence est prévue ? Quelles alternatives existent pour éviter leur démolition ou leur transformation en ruines ou débris ?

1.3.2. Objectifs

Objectif général

Proposer des lignes directrices de conception et processus d’intervention pour réutiliser les méga-bâtiments de Estación Central à Santiago du Chili, en évitant sa transformation en débris

Objectifs spécifiques

1. Identifier les pratiques et processus spatiaux clés dans le changement territorial

2. Identifier les acteurs/trices et leurs influences passées et actuelles

3. Définir des lignes directrices pour guider les interventions futures

4. Exemplifier les projets favorables au collectif 5. Définir des processus d’intervention pour rendre

ces projets viables

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Fig 1. Fenêtres de bâtiment à Estación Central Source : Photo d’auteure, 2020

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CHAPITRE II:

CADRE CONCEPTUEL

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2.1. Obsolescence, ruines et débris

«L’histoire à venir ne produira plus de ruines.

Elle n’en a pas le temps.

Sur les décombres nés des affrontements qu’elle ne manquera pas de

susciter, des chantiers néanmoins s’ouvriront, et avec eux, qui sait, une chance de bâtir autre chose, de retrouver le

sens du temps et, au-delà, peut-être, la conscience de l’histoire. »

Les Temps des ruines,

Marc Augé, 2003

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Comment prévoir l’obsolescence d’un lieu ? Comment savoir s’il deviendra une future ruine ou un futur débris ? Comment imaginer un scénario possible ? Pour répondre à ces questions, axes centraux de la présente recherche, il est d’abord nécessaire de définir ce que nous entendons théoriquement par ruine et débris, tant au niveau conceptuel qu’appliqué dans un territoire : le Chili.

Lorsque nous parlons de ruines et de débris, des images similaires peuvent venir à l’esprit. Similaire, en ce sens que dans les deux cas, nous pouvons voir un abandon antérieur. Différents dans la connotation que nous donnons à chacun d’eux. Les ruines sont généralement associées à des figures spécifiques : des temples grecs, un château médiéval, des pyramides aztèques, etc. D’autre part, les débris n’ont pas nécessairement un nom particulier. Bien que leurs significations soient similaires, elles diffèrent sur des points essentiels, comme le montrent les définitions.

Ruine:

«Processus de dégradation, d’effondrement d’un bâtiment, pouvant conduire à sa

destruction complète ; état d’un bâtiment qui s’effondre, qui s’effrite».

« Édifice détruit, délabré, écroulé»

«Désagrégation, destruction progressive de quelque chose, qui conduit à sa disparition, à sa perte».

Débris :

«Reste, morceau, fragment inutilisable d’une chose brisée, écroulée ou mise en morceaux (surtout pluriel). »

«Ce qui reste après la destruction de quelque chose (surtout pluriel).»

(Larousse)

La définition du dictionnaire nous montre que le mot destruction est commun aux deux concepts.

Cependant, il est important de souligner le mot inutilisable dans les débris. Même si les deux concepts font appel à une destruction, ou au processus de destruction, les débris sont inutilisables. Alors la ruine, est-elle utilisable ? Comme nous l’avons déjà dit, la ruine était autrefois un débris auquel on a attribué une dignité esthétique, une dignité symbolique (Makarius, 2004) . D’où vient cette dignité, ce sentiment, et pourquoi chaque abandon ou destruction d’espace ne possède-t-il pas ce sentiment ? Pour répondre à ces questions, nous allons d’abord voir ce que dit la théorie du concept de ruine. À partir de cela et de sa relation avec la temporalité et la charge émotionnelle, nous commencerons à voir d’où vient le conflit qui consiste à savoir si ce que nous produisons maintenant sera une ruine ou une débris dans le futur.

2.1.1. Des débris aux ruines : le besoin de temps et de mémoire

Dans son texte, «Ruines contemporaines. Réflexion sur une contradiction dans les termes», Somhegyi résume trois caractéristiques que celles-ci doivent posséder pour être catégorisées comme telles : a- fonctionnalité, absence et temps. Il doit s’agir de lieux vides et absents de toute présence humaine, qui ont perdu leur fonction d’origine, qui n’ont actuellement aucune autre fonction et qui, de plus, remontent à une époque ancienne (Somhegyi, 2014). L’accent mis sur le facteur temps est quelque chose d’important, car c’est seulement le temps qui permet à la Nature de se réapproprier le lieu et de vider toute fonctionnalité humaine antérieure (Somhegyi, 2014) . Lorsque nous observons une ruine, nous observons une fonctionnalité perdue et de nombreux passés multiples (Augé, 2003). Et le fait est que, même lorsque nous sommes devant un objet témoin d’une époque, l’histoire est trop riche, multiple et profonde pour être réduite à un objet ou à un espace. (Augé, 2003). Par conséquent, ce que nous voyons devant la ruine n’est pas son histoire en soi, mais le passage du temps, du temps pur.

Le temps pur est celui qui est étranger à l’histoire et qui, bien que cela semble contradictoire, est atemporel, il est distant de la personne ou de la société qui l’observe : « L’œuvre parle de son temps, mais ne le transmet plus dans son intégralité »6. (Augé, 2003).

La distance temporelle avec les ruines est ce qui produit pour nous les sublimes sentiments de paix et de mélancolie, car elle élimine la violence qui aurait pu y avoir (Bouchier, 2016) . De cette déclaration, nous pouvons déduire que ces sentiments de bienveillance proviennent d’une idéalisation du temps passé. Mais pourquoi cette idéalisation ? Les ruines existent grâce à l’effet du regard. C’est la personne ou la société qui les observe qui décide de leur attribuer une valeur ou pas (Augé, 2003) . La ruine était à l’origine un débris, un vestige, un «quelque chose» abandonné auquel on a attribué une dignité esthétique et symbolique (Makarius, 2004) . Un sentiment attribué par le besoin de mémoire qu’a notre regard : face à l’incertitude du présent, nous avons besoin d’un passé pour nous identifier, nous avons besoin du souvenir de quelque chose que nous n’avons jamais vu (Augé, 2003) . Et si ce passé est esthétiquement attrayant mais totalement étranger et distant de notre époque, nous aurons tendance à une idéalisation qui produit la paix et la mélancolie. Le besoin de mémoire et le passage du temps transforment les débris en ruines.

Si le sentiment de paix et le temps sont des facteurs fondamentaux dans les ruines : comment pouvons-nous appeler les espaces abandonnés ou détruits qui ne datent pas de longtemps ? Que deviennent les espaces abandonnés que nous observons et qui suscitent plus d’inquiétude pour l’avenir que de nostalgie pour le passé ? Que deviendront les espaces que nous construisons aujourd’hui ?

6 Traduction de l’auteure

(21)

20

2.1.2. Le concept de ruine aujourd’hui : un concept d’obsolescence

« Nous sommes passés du temps des ruines au

“temps en ruines » (Augé, 2003) Il est différent de parler de «ruines d’un bâtiment»

que de «bâtiments en ruines». Le concept de «ruine contemporaine» trouve peu de place dans la théorie actuelle puisque, comme il a été dit, le passage du temps et un sentiment de paix à l’égard de l’objet sont nécessaires pour qu’il passe du statut de débris à celui de ruine. Seule une catastrophe peut être assimilée à l’action lente du temps, ayant des effets comparables, mais non similaires, car il n’y a pas ce sentiment sublime de paix, mais plutôt d’angoisse. Le concept de ruine à l’époque actuelle semble être obsolète, tout comme la modernité (Bouchier, 2016) . Cela peut paraître un peu radical, mais à quoi fait allusion cette idée d’obsolescence actuelle de notre époque ? Augé nomme notre époque la surmodernité, où les effets de la modernité sont prolongés, accélérés et compliqués. Ce temps se caractérise par trois choses : une accélération de l’histoire, une rétraction de l’espace, et une individualisation des destins (Augé, 2003) . L’accélération du temps fait référence à la sensation que, chaque jour, de nouveaux événements se présentent à nous. La rétraction de l’espace est liée à l’expansion constante des circulations, tant au niveau physique que virtuel (qui est également liée à l’accélération du temps). Et finalement, l’individualisation des destins est associée au système économique mondial dominant, au néolibéralisme qui encourage la production constante et la surconsommation au niveau individuel. L’époque actuelle est axée sur le transit et la circulation, incitant toujours à la consommation. Ces caractéristiques actuelles sont celles qui nous empêchent de générer des ruines pour l’avenir, car comme le dit Augé,

« l’histoire à venir ne produira plus de ruines. Elle n’en a pas le temps ». L’accélération du temps ne permet pas d’avoir une mémoire dans la consommation actuelle du temps, nous faisant vivre dans une sorte de présentisme (Bouchier, 2016).

Notre action actuelle sur le territoire est marquée par ces caractéristiques. À la suite, Augél affirme que notre architecture actuelle est marquée par la construction de non-lieux. Les non-lieux font référence à des lieux sans vocation territoriale, c’est-à-dire qui ne créent pas d’identités singulières, de relations symboliques ou de patrimoines communs, mais favorisent plutôt la circulation et, par conséquent, la consommation (Augé, 2003) . Un exemple serait l’architecture d’un supermarché ou d’un centre commercial, une architecture et une fonction qui peuvent être

répétées partout dans le monde. Les non-lieux sont saturés d’humanité. Ils sont produits et habités par des personnes, mais ils sont déconnectés les uns des autres. Les non-lieux sont «des espaces qui ne conjuguent ni passé ni avenir, des espaces sans nostalgie ni espoir», des espaces qui sont créés dans le prestige du passé»7 (Augé, 2003) , les espaces qui sont créés au sein du présentisme.

Le non-lieu est également lié au concept de junk space de Koolhas. « Junk space» est le résidu que l’humanité laisse sur la planète. (...) ce qui coagule pendant que la modernisation est en cours : ses séquelles... »8 (Koolhas, 2002) . Ce concept est une critique des actions actuelles sur le territoire. La ville d’aujourd’hui est construite dans un système néolibéral qui promeut une architecture basée sur les calculs et les statistiques et non sur le design et les intérêts communs. Cela se traduit par une architecture de masse pour des usages singuliers, comme on le verra dans l’étude de cas. La poubelle est le déchet du présent, les débris de quelque chose qui se passe maintenant et dont nous ne savons pas encore comment nous occuper. Comme le junk space est dépourvu d’identité, de mémoire et d’avenir, son vieillissement est inexistant ou chaotique (Koolhas, 2002) . Il peut devenir obsolète et se transformer en débris du jour au lendemain sans prévenir. Ces débris ne peuvent pas devenir une ruine puisque nous sommes encore temporairement proches de la fonctionnalité qu’il avait.

Ce que nous pourrions trouver fascinant dans une ruine (la réappropriation de la nature avec la construction où matériau et élément naturel se confondent) n’est pas possible à voir avec les débris actuels. Les matériaux modernes (tels que le béton, l’acier, le verre, le plastique) des constructions en ruine ne reviennent pas facilement à l’état de nature, ou du moins pas avant un temps géologique. (Jappe, 2020) . La façon actuelle de construire, au niveau de l’architecture et de la matérialité, conduit à une obsolescence très rapide. Les constructions actuelles en ruine sont généralement abandonnées sans être démolies ou réutilisées : une vie très courte aux conséquences très longues, une parfaite obsolescence programmée. Robert Smithson va plus loin avec cette idée d’obsolescence, en proposant qu’il existe des Ruines à l’envers, des bâtiments qui ne tombent pas en ruines ou ou deviennent obsolètes après avoir été construits, mais qui s’élèvent en ruines avant d’être achevés (Smithson, 1967) . À titre d’exemple, prenonsle boom immobilier qu’a connu l’Espagne.

Celui-ci a laissé de nombreuses villes inachevées éparpillées sur le territoire. La façon de faire la ville aujourd’hui, marquée par cette obsolescence rapide

7 Traducion de l’auteure 8 Traduction de l’auteure

(22)

des choses, nous laisse avec beaucoup de déchets difficiles à gérer. Difficile, mais pas impossible.

Il semble que notre société ne nous amène pas à laisser de grandes ruines, mais plutôt des débris. « La crise du logement, la désindustrialisation, la discrimination en matière d’emploi et de logement, les politiques en faveur des bidonvilles, le retrait ou la réduction des services municipaux et, surtout, la spéculation urbaine... »9 (Reoyo, 2016) sont des processus qui nous laissent des débris que nous devons affronter chaque jour . Cependant, nous oublions que sur ceux- ci peuvent naître des opportunités de construire quelque chose de différent.

Comme le disent Errázuriz et Grenne dans La ruina:

un proceso oculto a la vista, « l’obsolescence et la destruction sont des processus constants et répétitifs, indépendants de cette phase finale d’inutilisation et d’abandon »10 et se produisent à différentes intensités dans la vie (Errázuriz & Grenne, 2018) . Ce processus d’obsolescence et de détérioration est appelé le processus de ruine (Errázuriz & Grenne, 2018) et c’est quelque chose d’inhérent à nos vies et à nos constructions. Notre problème actuel est que ces processus sont accélérés. Comme le dit Bouchier, pour y faire face, il faut sortir de l’idée d’obsolescence programmée et de présentisme, idées étroitement liées à la manière capitaliste de faire la ville. Il est nécessaire de penser à l’avance aux ruines, aux débris, aux espaces abandonnés et d’intégrer leur avenir dans les projets afin de défier le temps des ruines.

Le chapitre suivant traitera des concepts de ruine et de débris appliqués au territoire chilien. Il est intéressant de mentionner que, comme les origines des sources changent, les notions changent. Des concepts tels que les ruines des tremblements de terre, les ruines du quotidien et leur processus constant de «ruine» apparaissent, et plus récemment, les ruines de la ville néolibérale, produit de l’explosion sociale. Des politiques urbaines visant à réhabiliter les bâtiments délabrés ou à régénérer les quartiers détériorés apparaissent également. Le chapitre suivant montrera ce qui se passe au Chili lorsque quelque chose est déclaré obsolète et ce que ce concept signifie dans le pays.

« Et qui veut savoir ce que l’avenir nous réserve ne doit pas perdre de vue les terrains à bâtir et les friches, les débris et les chantiers.» 11». (Augé, 2003).

9 Traduction de l’auteure 10 Traduction de l’auteure 11 Traduction de l’auteure

(23)

22

2.2 Les ruines et les débris au Chili

«La question qui semble pertinente à ce moment de l’histoire du Chili est celle de ces densités et constellations

significatives qui

permettent le passage des décombres-ruines à la société que nous voulons.»

12

En los escombros de la ciudad neoliberal,

Francisca Márquez, 2019

(24)

Parler de ruines et de débris prend un sens différent lorsqu’il s’agit d’un pays marqué par les catastrophes naturelles. Il a également une autre signification lorsque le pays est secoué par un processus de révolte sociale dû à un mécontentement généralisé des conditions de vie.12

Les ruines sont nommées dans la Loi Générale sur l’Urbanisme et les Constructions (LGUC)13, où il est dit qu’un bâtiment en ruine doit être démoli14. Un bâtiment qui ne se situe pas dans la marge légale subit également le même sort. La loi dit même qu’un bâtiment qui menace de tomber en ruine doit être démoli. Le mot «menace» est intéressant car il inclut l’avenir comme cause de démolition. Il est également intéressant de noter que, bien que le concept soit nommé dans la loi, celle-ci ne définit pas ce qu’il faut entendre par là. On peut en déduire qu’il s’agit de constructions présentant un défaut de salubrité et d’habitabilité. Cette définition de la ruine s’éloigne de la précédente, où nous considérions la ruine comme quelque chose qui, bien que n’ayant plus de fonctionnalité, avait un intérêt, une dignité esthétique ou symbolique. En outre, l’abandon ou la perte de fonctionnalité ne se réduisait pas exclusivement à une défaillance constructive. Dans le cadre de la réglementation chilienne, le mot ruine est davantage associé à ce que nous appelions auparavant des débris : un reste inutilisable qui, selon la loi, doit être démoli.

12 Traduction de l’auteure

13 Loi Générale de l’Urbanisme et de la Construction (LGUC) :

«C’est le corps juridique qui contient les principes, les attributions, les pouvoirs, les facultés, les responsabilités, les droits, les sanctions et autres normes qui régissent les organismes, les fonctionnaires, les professionnel-le-s et les particulier-ère-s dans les actions de planification urbaine, d’urbanisation et de constructions, qui sont développées dans tout le territoire de la nation (Article 1° et 2° LGUC).»

(Traduction de l’auteure)

14 Loi Générale de l’Urbanisme et de la Construction (LGUC)

«CHAPITRE II, PARAGRAPHE 7, Article 148.- Le Maire, à la demande du Directeur des Travaux, peut ordonner la démolition, totale ou partielle, aux frais du propriétaire, de tout ouvrage dans les cas suivants:

1.- Les ouvrages qui sont exécutés en désaccord avec les dispositions de la présente loi, de son Ordonnance Générale ou de l’Ordonnance Locale respective.

[...]

3.- Les ouvrages qui n’offrent pas les garanties de salubrité et de sécurité requises ou qui menacent de tomber en ruine.»

(Traduction de l’auteure)

Dans tous les cas, nous pouvons constater que tous les bâtiments déclarés en ruines ne sont pas démolis. Par exemple, il existe des bâtiments architecturalement réhabilités ou restaurés, des bâtiments abandonnés qui attendent toujours leur sort, des quartiers dégradés et aussi des constructions qui menacent d’être abandonnées dans le futur. Que deviennent alors ces espaces en obsolescence ? Cela dépendra des actions menées. Marquéz suggère que pour qu’une obsolescence ne soit pas oubliée et transformée en débris, il est nécessaire que les acteurs/trices qui l’entourent reconnaissent et actualisent la narration originale. C’est-à-dire que le lieu doit faire partie de sa mémoire (Márquez, 2019).

Une autre façon est de les reconnaître et de les rénover pour qu’ils deviennent fonctionnels dans leur nouveau contexte (idem). Sinon, ces lieux deviennent des débris dans la ville. Les actions qui sont faites dans un espace influencent le fait qu’il s’agira de ruines ou de débris.

Comment classer ces actions ? Dans le chapitre suivant, Godet affirme qu’il existe quatre attitudes vis-à-vis de l’avenir : passive, réactive, préactive et proactive. Pour expliquer ces actions, nous avons décidé d’utiliser les mêmes catégories, en les montrant à l’aide de différentes politiques, projets ou situations qui existent actuellement.

(25)

24

Fig 2: Bâtiment abandonné à la Rue República, Santiago Il s'agissait d'une maison aristocratique qui après a été utilisée comme résidence universitaire jusqu'à 1973,

date à laquelle elle a été reprise et a utilisé comme centre de torture par les agents de la dictature.

Aujourd'hui, la maison se trouve dans un état de détérioration avancée, échappant à la ruée des politiques

patrimoniales et mémorielles qui pourraient garantir sa protection et sa préservation.

Source: Francisca Márquez, 2019

Fig 3: Restauration et rénovation du Théâtre Municipal de Santiago du Chili

Source: María Paz Carvajal V

Fig 4: Ancienne prison de Valparaíso.

Source: «Vestigios materiales de la memoria colectiva:

Ex cárcel de Valparaíso», UPLA TV

Fig 4: Parc Cultural de Valparaíso Source: Parque Cultural de Valparaíso

(26)

2.2.1. Attitude passive : perdurer l’obsolescence

L’attitude passive consiste à subir le changement sans agir. C’est-à-dire laisser l’obsolescence se poursuivre sans rien faire. Dans ces cas, nous pouvons voir les terrains vagues, des espaces dans la limite urbaine qui, pour différentes raisons, ont été laissés sans constructions et sans utilisation formelle. En n’ayant pas d’utilisation formelle ou d’appropriation informelle à des fins collectives, ces espaces risquent de devenir un déchet de la ville et se transformer en un point de conflit dans la ville (Crisóstomo, 2017) . Au Santiago, l’existence de terrains vagues est répartie dans toute la ville. Or, il n’existe aucune politique visant à promouvoir leur réutilisation.

L’endurance de l’obsolescence s’observe également dans les constructions qui ont été abandonnées et qui n’ont toujours pas d’avenir certain. Bien que cela réponde à l’une des caractéristiques des ruines (le manque de fonctionnalité), elles ne génèreront pas nécessairement un sentiment de paix, car, comme nous l’avons dit, ne datant pas d’une époque lointaine, elles peuvent générer plus d’anxiété pour l’avenir que de paix pour le passé. Comme pour les friches, si un espace n’a pas d’usage collectif formel ou informel, il a tendance à être considéré comme un débris. On peut ajouter à cela que, même si un espace abandonné a une partie de l’histoire imprégnée en lui, s’il n’est pas reconnu par le collectif, il est oublié et devient débris.

2.2.2. Attitude réactive : inverser ou resignifier l’obsolescence

Cette attitude réagit à la situation d’obsolescence.

Dans cette catégorie, nous pouvons observer différentes actions avec différentes intentions.

C’est ici qu’apparaissent des concepts tels que la réutilisation des espaces, la mémoire et le patrimoine.

L’une de ces actions est la restauration. Celle-ci

« cherche à récupérer les caractéristiques originales qui donnent de la valeur à l’œuvre architecturale en tant que patrimoine culturel, souvent indépendamment du coût économique qu’implique l’intervention, étant donné que ses valeurs historiques, artistiques ou uniques le méritent, en donnant la priorité aux facteurs de durabilité »15 (Torres, 2014) . En raison de la valeur architecturale du bâtiment en question, l’objectif est de le ramener à son état d’origine ou du moins de préserver son essence.

Un autre moyen est la réhabilitation architecturale.

Cela comprend un «ensemble d’actions qui permettent de rendre utile un lieu ou un ouvrage existant en récupérant les fonctions qu’il remplissait,

15 Traduction de l’auteure

ou en lui intégrant de nouveaux usages « (Torres, 2014) . La réhabilitation cherche à intervenir sur les espaces afin de les réincorporer dans la société contemporaine, en récupérant ou en adaptant leurs usages. La réhabilitation peut se faire à l’échelle d’un bâtiment ou à une plus grande échelle. À l’échelle d’un grand bâtiment, nous avons par exemple le Parque Cultural Valparaíso, qui était autrefois une prison et le principal centre de détention et d’interrogatoire des prisonniers politiques de la région pendant la dictature militaire. Un autre cas intéressant est l’ancien hôpital Ochagavía, aujourd’hui appelé Núcleo Ochagavía.

Ce bâtiment était destiné à devenir le plus grand hôpital public d’Amérique du Sud. Sa construction a commencé sous le gouvernement Allende, mais la dictature l’a paralysée, le transformant en un bâtiment abandonné pendant 40 ans. Aujourd’hui, après d’immenses travaux, le bâtiment est réhabilité, fonctionnant comme un centre de bureaux et d’entrepôts, remportant même un Prix de la contribution urbaine 2015 dans la catégorie «Meilleur projet immobilier de régénération ou de récupération urbaine».

À plus grande échelle et surtout dans un pays sismique, la réhabilitation a beaucoup de sens.

Cependant, comme le dit Torres, ces actions se déroulent de manière aléatoire et réactive, sans avoir une politique de réhabilitation planifiée.

La mémoire collective joue un grand rôle dans le fait qu’un lieu devienne une ruine ou des débris. Dans ces cas, il s’agit de lieux déclarés patrimoine ou monuments, qui, par des travaux de conservation, de reconstruction ou de nouvelles conceptions, préservent la mémoire d’un lieu et de sa communauté. Dans ces cas, la figure du Conseil des Monuments apparaît16. Un cas intéressant à cet égard est l’ancienne Villa San Luis, qui allait être démolie juste avant d’être déclarée monument national et protégée. Aujourd’hui, nous attendons de savoir ce qui va se passer avec le dernier bâtiment du complexe de logements. Un autre cas est celui de la Villa Grimaldi, un ancien centre de torture pendant la dictature. Ce bâtiment a été partiellement démoli par celles et ceux qui voulaient effacer les traces de ce qui s’était passé. Cependant, des organisations ont dénoncé cette situation et ont récupéré le lieu, le transformant en un parc pour la mémoire de ce qui s’y était passé. C’est de cette manière que le récit est réactivé. Dans ces cas, ce que l’on cherche n’est pas nécessairement de lui donner une nouvelle fonction, mais de se souvenir de son passé, de le capturer.

16 Organisme technique, dépendant du ministère de l’éducation, qui supervise le patrimoine culturel déclaré monument national en vertu de la loi n° 17.288.

(27)

26

Fig 5: Villa San Luis Il s’agissait d’un projet de logement social dans un quartier riche de la ville. Les habitant, violemment expulsé en 1978 (pendant la dictature). Déclaré monument national en 2017, l’actuelle société immobilière propriétaire du terrain a dû stopper la démolition du dernier bâtiment pour lancer un concours public afin de construire un mémorial sur le site. Le mémorial n’est toujours pas là et le bâtiment est en très mauvais état.

Ex Hôpital Ochagavía qui a été jamais fini. Il a été abandonné pendant 40 ans et aujourd’hui, aprés une rehabilitation, est devenu le « Núcleo Ochagavía »

Fig 5: Ex Villa San Luis Source: Crítica Urbana Fig 6: Ex Hôpital Ochagavía

Source: Medium Fig 7: Núcleo Ochagavía Source: Plataforma Urbana

(28)

La Villa Grimaldi était un centre d’enlèvement et de torture pendant la dictature militaire au Chili. Aujourd’hui, c’est un lieu de préservation de la mémoire des violations des droits

de l’homme commises à cette époque.

Fig 8 et 9: Récupération de la Villa Grimaldi Source: Villa Grimaldi. Corporación Parque por la Paz Fig 10: «Muro de los Nombres (Mur des noms) Source: Villa Grimaldi. Corporación Parque por la Paz

(29)

28

Quartier Santa Isabel, 1950

2.2.3. Attitude préventive : éviter l’obsolescence

L’attitude préventive prépare les changements prévisibles et cherche à prévenir la détérioration avant qu’elle ne devienne définitive.

Les plans de rénovation urbaine en sont un exemple.

La rénovation urbaine est définie comme « une action de l’État avec des intentions claires de modifier le tissu consolidé de la ville par des mécanismes d’investissement direct de l’État, ou l’incitation à l’investissement privé. De cette manière, il est prévu de mettre de côté la régénération naturelle de la ville, sa mise à jour et son embellissement » 17 (Arizaga, 2019) .

En particulier, dans la ville de Santiago, différents processus de renouvellement urbain ont eu lieu.

Depuis les années 1990, dans les zones centrales et péricentrales de Santiago, un processus de verticalisation s’est manifesté par des projets immobiliers qui ont brusquement modifié le paysage (Rojas, 2019). Cela a commencé avec le plan de rénovation urbaine qui a été développé dans la commune de Santiago, cherchant à revitaliser et repeupler des espaces à l’origine bien connectés et consolidés, mais dans un état détérioré. Il s’agissait d’une somme de projets individuels développés par des particuliers, sans un grand projet urbain pour les unir (Arizaga, 2019) . Bien que ce plan n’ait pas affecté à l’origine les districts péricentraux, suite à différentes politiques et stratégies promues par l’État, ils ont commencé à être un territoire attractif pour les sociétés immobilières (Rojas, 2019). « La disponibilité de terrains, la faible valeur des terrains, la centralité, la connectivité et l’offre de services sont reconnus comme les facteurs qui donnent de l’attrait à un territoire défini comme fertile pour de futurs développements immobiliers » (Rojas, 2019). Ainsi, cette dernière vague de rénovation urbaine a cherché à éviter la détérioration par dépeuplement des zones centrales et péricentrales. Cependant, elle a apporté un nouveau concept de précarité : la précarité par verticalisation (Rojas, 2019).

17 Traduction de l’auteure

Fig 11: Quartier de Santa Isabel avant le processus de Rénovation Urbaine Source: REVISTA life Fig 12: Quartier de Estacion Central secteur Alameda avant le processus de verticalisation

Source: Google Earth Estación Central secteur Alameda, 2000

(30)

Quartier Santa Isabel, 2012

2.2.4. Attitude proactive : anticiper et modifier l’obsolescence

Enfin, l’attitude proactive cherche à provoquer des changements pour l’avenir souhaité. Cet avenir souhaité prend un sens important dans un contexte de révolte et de crise mondiale.

Y a-t-il des endroits à Santaigo de Chile où nous pouvons anticiper l’obsolescence ? Et si oui, que faire

?

Fig 13: Quartier de Santa Isabel après le processus de Rénovation Urbaine

Source: EL DINAMO

Fig 14: Quartier de Estacion Central

secteur Alameda après le processus de verticalisation Source: Google Earth

Estación Central secteur Alameda, 2021

(31)

30

Nous avons vu l’idée de l’accélération du changement dans le monde d’aujourd’hui à plusieurs reprises dans ce chapitre. C’est celle qui nous conduit actuellement vers un processus d’obsolescence accélérée de nos territoires, vers un avenir plus incertain qu’auparavant.

Face à cet avenir incertain, Godet affirme que nous pouvons avoir 4 attitudes, d’une attitude plus passive à une attitude plus active. L’attitude passive de l’autruche, qui subit le changement ; l’attitude réactive du pompier qui s’inquiète de combattre le feu une fois qu’il s’est déclaré ; l’attitude préactive de l’assureur qui se prépare aux changements prévisibles, en optant pour la prévention plutôt que la réparation et l’attitude proactive du conspirateur, qui tente d’apporter des changements pour l’avenir souhaité (Godet, 2000) . Ces attitudes, passive, réactive, préactive et proactive, sont liées aux actions face à l’obsolescence expliquées ci-dessus. La dernière, l’attitude proactive, est celle que certains auteurs proposent de prendre avec des approches telles que la prospective.

La prospective est définie comme la « discipline visant à réaliser des approximations du futur afin d’agir à partir du présent et d’éviter que des événements se produisent et se développent sans que l’on puisse les influencer ; de les adapter aux aspirations individuelles ou collectives » 18 (Salas-Bourgoin, 2014). De cette façon, on génère une gamme de futurs différents, certains plus probables que d’autres, qui se produiraient dans un contexte spécifique. L’idée est de définir l’option la plus appropriée et de tracer le chemin vers celle-ci.

Il s’agit d’une discipline qui réduit l’incertitude, mais ne l’élimine pas. Ces différentes options futures sont connues sous le nom de scénarios.

2.3.1. Les scénarios

Les scénarios sont un « ensemble formé par la description d’une situation future et d’un parcours d’événements permettant de passer d’une situation initiale à une situation future »19 (Godet, 2000) . Grâce à la conception de scénarios, nous pouvons identifier ce qui serait possible dans un futur et quels chemins et obstacles pourraient apparaître (Salas-Bourgoin, 2014) . Bien qu’ils puissent être utilisés pour divers domaines, la création de scénarios suit des étapes standard :

1. Analyse structurelle et identification des variables 2. Analyse de la stratégie des parties prenantesclés 3. Exploration des champs de possibles (formulation

de scénarios).

4. Évaluation stratégique (Salas-Bourgoin, 2014).

18 Traduction de l’auteure 19 Traduction de l’auteure

2.3 La prospective

«L’avenir a toujours été incertain et de nos jours, cela semble gagner en force, en

raison de la vitesse et de l’intensité avec lesquelles les changements se

produisent dans n’importe quelle sphère de la vie en société..»

17

Prospectiva Territorial y Urbana. Retos y Desafios para la Construcción

Social de Territorios de Futuro,

Salas-Bourgoin, 2014

(32)

Il existe différents types de scénarios. Parmi celles-ci 4 se distinguent et sont décrites comme suit :

« Scénario de tendance : il s’agit du scénario qui tente de montrer ce qui va se passer si les choses continuent de la même manière.

Cependant, il ne suffit pas de penser aux extrapolations des tendances qui peuvent se produire, il est nécessaire d’expliquer quels sont les facteurs historiques ou nouveaux qui influencent ou contribuent à ce que la tendance attendue soit similaire à l’actuelle […]

Scénario optimiste : il s’agit du scénario qui se situe entre le scénario tendanciel et le scénario utopique, idéal ou plus souhaitable. Le scénario optimiste envisage des changements raisonnables et positifs qui ne tendent pas à l’ambition excessive, reposant davantage sur des désirs que sur les fondements des faits et des données. Le scénario optimiste propose des actions souhaitables mais plausibles ou plausibles qui distinguent ce qui peut être réalisé à court, moyen et long terme.

Scénario pessimiste : le scénario pessimiste envisage une détérioration de la situation actuelle, mais sans atteindre une situation chaotique. C’est le scénario qui se situe entre le scénario tendanciel et le scénario catastrophique […]

Scénario contrasté : scénario où l’inattendu se produit et où l’incertitude règne, c’est-à- dire où il y a une abondance de facteurs de rupture qui brisent les tendances existantes à un moment donné. Ces conséquences ne doivent pas nécessairement être considérées comme négatives, puisqu’il s’agit d’un scénario qui nous invite à réfléchir de manière créative à de nouvelles possibilités pour canaliser les faits positifs ou contrecarrer les faits négatifs. Ce scénario est réservé pour «penser l’impensable». Le scénario contrasté est important dans la mesure où il nous oblige à penser que tout peut changer brusquement. Cependant, il ne s’agit pas d’un scénario arbitraire car il doit avoir une logique argumentative pour le soutenir. » 20

(Medina & Ortegón, 2006).

C’est par la création de scénarios contrastés que nous cherchons à générer l’éventail des options pour ensuite tracer le chemin vers l’un de ces futurs possibles.

20 Traduction de l’auteure

2.3.2. Prospective territoriale

Si nous nous concentrons sur l’action sur le territoire, nous trouvons la prospective territoriale, que Salas- Bourgoin définit comme la « méthode qui nous permet d’imaginer le futur possible du territoire, en considérant de manière intégrale et cohérente son essence »21 (Salas-Bourgoin, 2014) . Le territoire, compris comme un palimpseste, est une pièce où plusieurs générations ont écrit, corrigé, éliminé et ajouté des éléments, et où chacune de ces actions a été réalisée de manière différente (Corboz, 1983) et où chacune de ces actions laisse une trace et une marque. Le territoire n’est pas statique et en tant qu’individu ou société, nous ne sommes pas seulement dans le territoire  : nous le transformons aussi. Les différences et les relations entre les acteurs/trices deviennent très importantes dans les changements du territoire, par conséquent, il est toujours nécessaire de considérer la triade acteurs/

trices-intérêts-pouvoir pour pouvoir définir de meilleurs scénarios.

Comme les acteurs/trices, leurs intérêts et leur pouvoir peuvent être très différents, il est nécessaire de reconnaître qu’il n’existe pas de possibilité unique pour l’avenir. La prospective territoriale reconnaît la multiplicité des futurs qui peuvent exister, s’éloignant du schéma d’image à objectif unique, proposant divers scénarios en fonction de la configuration de cette triade acteurs/trices-intérêts-pouvoir (Salas- Bourgoin, 2014). Nous devons opter pour le scénario qui répond le mieux aux intérêts de la collectivité et non à ceux d’un individu.

Afin de développer une prospective territoriale, il faut considérer les aspects suivants : identifier quelles sont les pratiques et processus spatiaux clés dans le changement territorial ; comment les différents acteurs/trices influencent et influenceront ces pratiques et processus ; comment à travers des projets, les acteurs/trices pourraient promouvoir des changements favorables pour le collectif et enfin, comment intervenir pour obtenir des territoires complémentaires, compétitifs et résilients (Salas- Bourgoin, 2014).

21 Traduction de l’auteure

(33)
(34)

CHAPITRE III:

METHODOLOGIE

(35)

34

3. Définition de la situation actuelle et des orientations

Après avoir décrit et identifié les pratiques et les acteurs/trices du processus, nous analyserons la situation actuelle du territoire et les domaines dans lesquels nous devrions viser une éventuelle amélioration. Les sources utilisées seront la littérature sur le sujet et les entretiens semi- structurés avec des différents expert-e-s. Avec cela, nous établirons différentes lignes directrices pour améliorer la situation.

4. Recherche de références

Avec les lignes directrices définies, nous rechercherons différentes références, tant en Amérique latine que dans d’autres parties du monde, liés à l’anticipation de l’obsolescence.

Avec références, nous comprendrons les projets réalisés, les projets non réalisés et les dynamiques d’utilisation autour d’un espace. Nous espérons ainsi obtenir une description de chaque projet et un résumé des aspects à sauver.

5. Modes d’intervention

Enfin, en tenant compte des références, nous esquisserons une manière d’intervenir conformément aux lignes directrices. Il est important de mentionner que ce résultat sera une première esquisse face à un processus plus large, par conséquent, il s’agit plutôt de suggestions.

3.1 Processus

La recherche se développe autour d’une étude de cas : les méga-tours construites dans le processus de verticalisation d’Estación Central, à Santiago du Chili. Vu qu’elles sont hors normes, elles devraient être démolies. L’objectif est d’explorer des alternatives autres que la démolition, en optant pour des interventions qui améliorent les conditions d’habitabilité. Pour discuter de ces possibilités, la méthodologie est liée au concept de prospective territoriale défini dans le chapitre précédent.

La recherche est divisée en cinq phases : quatre relatives aux aspects nécessaires à prendre en compte pour développer une prospective territoriale (définies par Salas-Bourgoin) plus une phase intermédiaire de définition de la situation actuelle et des lignes directrices à suivre. Les phases sont les suivantes :

1. Identification des pratiques et processus spatiaux clés :

La première étape consistera en la clarification et la description du processus sur le territoire. Cela se fera par le biais d’une analyse documentaire et de visites sur le terrain. Ces sources correspondent aux articles d’actualité, chroniques d’opinion, rapports et, dans une moindre mesure, travaux académiques sur le sujet. Le résultat de cette démarche donnera une division de la chronologie du processus ainsi que la description de chaque étape.

2. Identification des acteurs/trices, leurs relations et influences

A partir des pratiques et des processus, nous extrairons les acteurs/trices qui ont joué un rôle dans le processus. De là, nous identifierons les relations qui ont existé et/ou existent entre eux, leurs conflits et collaborations et les actions qui résultent de ces relations. A travers ces actions, nous pourrons observer les influences qu’exercent ces acteurs/trices. Cette étape sera réalisée en utilisant les mêmes sources d’information que celles de l’étape précédente. Le résultat est un diagramme des relations entre les acteurs/trices et des observations à leur sujet.

(36)

La principale limitation de cette recherche sera la distance physique qui sépare la chercheuse de l’étude de cas. N’étant pas sur le territoire d’étude, le travail se limitera à la recherche d’informations à travers des sources secondaires. Bien qu’une visite sur le terrain soit envisagée, il s’agira d’un voyage court et autofinancé, et il n’y aura pas la possibilité de réaliser un cadastre exhaustif ou des méthodologies participatives avec les personnes concernées. Pour cette raison, la ville natale de l’auteure est choisie comme cas d’étude afin d’avoir une base sur laquelle travailler.

La temporalité sera également un facteur à prendre en compte dans la recherche. En effet, le caractère récent du processus, qui est encore aujourd’hui en constante évolution, fait que de nouvelles informations apparaissent constamment. Aussi, la temporalité en tant que difficulté se manifestera à partir de là où nous en sommes aujourd’hui. Le cycle d’incertitude provoqué par la pandémie rend certaines méthodologies difficiles et accentue les tensions et les problèmes qui étaient présents auparavant dans l’étude de cas. Evoquer ce cas en 2021 n’est pas la même chose que de le faire en 2019, un an avant le début de la pandémie du Covid. Il n’en est pas non plus de même au niveau national, où un processus d’éclosion sociale a débuté en 2019.

Pour terminer, un autre aspect à considérer est la méthodologie prospective en tant que telle. Bien qu’elle considère une vision multidisciplinaire, pour des raisons de portée, la méthodologie de cette recherche sera synthétisée dans les aspects que Salas-Bourgoin considère nécessaires pour réaliser une prospective territoriale, donnant un résultat plus exploratif que concret. Ainsi, le travail décrira et analysera un processus, fournissant des réponses de manière exploratives et ouvrant de nouvelles questions qui pourront être abordées dans d’autres projets et recherches.

3.2 Portée et limites

(37)
(38)

CHAPITRE IV:

ÉTUDE DE CAS

(39)

38

Fig 15: Constrat d’échelles entre les maisons et les nouveaux bâtiments.

Source : Juan Pablo Urrutia

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