\iMù v
( #4 XÏaA.€jUcv^ é
Y^-iMli
av
v<^It^UXV
^ tVt/r<^ >-a-V ^ivwV
v<
yrs
riîH*-,
¥
fn
V
SIR LA
PLANTE
INDIGÈNES
AU BFlÉSir
ET
SUR LE MOYEN LES PRÉSERVER
PAR
.
Ladîslaû NETTO
Directeur de la Section d*^ Hotanique et d'Agriculture au Muséum impérial
de Rio de Janeiro,
SUIVIES T>'UNK NOTE SUR LE MÊME SUJET,
PAR NAUDIN
Membre de Tlnstitut.
/
*
Lue:^ à la Société botanique de France, dans la séance
du 11 février 1803.
. kO.
PARIS
A.
PARENT, IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE,
Hi, BCE MONSIEUR-LE-PRI>XE, 31
186/
r
i
^1*i:^^'
REMARQUE
SITR LA
INDIGÈNES
A.U BR.KSII
ET
SUR LE MOYEN DE LES EN PRÉSERVER
PAR
.
M. Ladislaû NETTO
lîirfcteiir de la Section ie. JJolanique eTd'Agriculture au Muséum impérial
Je Rio de Janeiro,
SUIVIES d'lWK XOTK sur le MlÎME SUJET
,
PAR M. NAUDIN
Membre de l'Iiislilut.
Lues h la Société botanique de France, dans la séance
du il février I860.
Dans
l'expéditionque
j'ai faiteen
18G2,par ordre
du gouvernement
brésilien,jusqu'au
fleuvede San-
Francisco,
en accompagnant
lesavant astronome
fran-çais,
M.
Liais, jeme
suisoccupé de
recueillirpour
notre herbier
toutes les plantespouvant
avoirde
l'utilitédans
lamédecine, dans
les artsou dans
l'industrie, et c'est à la suitedu classement que
j'ai faitde
cesplantes,
au Muséum de
Paris,que
m'estvenue
l'idéede
publier les résultats intéressantsque
ceclassomcnt
m'a
fournis.'Si
b,
Mo.
bot.O.
'Xl>n
* f'
2
emp
sont rares el les
pharmac
dire
que
lamédecine
n'y estpas exercée d
guucrc que
pro
près
etsurtout par
tradition, les propriétésdes
plantes qui fourmillentautour de
lui; aussi quantitéde végé-
tauxsont employés par
lesindigènes pour
lacure de maladies
assezgraves avec un
plein succès. C'est ainsique,
dans
la vasterégion des
plaines intérieuresde
Minas-Gcraes, où
la végétation estmoins
variéeque
dans
les forêts,on rencontre cependant de nombreuses
richesses.
Parmi
les plusconnues des
naturels,il faut
distinguer le îamQxxx
Strychnos pseudo-quina
^ fébrifugeénergique, employé par
leshabitants du
Sertâocontre
les fièvres iulermiltentes si tenaces
dans
cesrégions
;
le Mosclioxijhn
cathartkum,
sicommun sur
les rivesdu Rio das
Velhas-, le Lafoeasia Pacari^ spécialaux
terrains arides
où
il esttrès-abondanl;
lesBacckam
gaucUchaudîana,
etsurtout des Cinchom
etdes Exos-
'., plantes toutes
presque
aussi efficacesque
laère
dans
le traitementde
lamême maladie. Une
autre
famille, celledes
Érythroxylécs , fournitaux
populations de
l'intérieur plusieurs arbustes précieux,désignés généralement sous
lenom de Mercure
deschamps
{Azorjue doCampo),
etdont
les propriétés sontutilisées
avec avantage contre
les parasitesdes
ani-maux
et les affections cutanées.Les
Oxalis, les
Bé-
gonia, el plusieurs
espèces de Smilax, sont
aussiemployés avantageusement dans
letraitement
d'affec- tions spéciales.
Dans
la partie la plus désertede
lavallée
du San-Francisco,
quiappartient
à lavaste ré-
prem
o
gion des pâturages connus au
Brésilsous
leliom de Campos, ou n'emploie gcncralcmeut que des végétaux
indigènes contre
les effetsde
lamorsure
des reptilesvenimeux.
Enfin, le Brésil fournitincontestablement
des préservatifs plus
ou moins énergiques, mais
ton-de de
cas.Dans
ses PlantesB
q
usitées
au
Brésil.Les savantes
et précieusesrecherches
de M. de
Martius, ainsique
celles*de beaucoup
d'au-tres naturalistes,
sont venues augmenter
cette liste,mais, quelque complète
qu'elle puisse paraître toutd'abord,
elle est loinde contenir l'énumcralion com-
plète
des
richesses végétales utilisables, qui croissentfl
de
cepa}
Pour
les connaître, il faudraitséjourner longt
d
brésiliennes ; il fales étudier
minutieusement
à différentesépoques de
l'année, et cela
ne
saurait être faitpar des voyageurs généralement chargés
d'explorerde
vastes surfacesgrande lacune
qdans
laconnaissance
dselon
moi,
relativeaux
fruits.Le nombre de
cesder-
niers doit être fort considérable, si l'on se
base
sur la va-riété
que
l'onrencontre en parcourant
lepays du nord
au
sud,ou en
s'éloignantde
la côtepour
aller à l'inté-rieur,
double condition
quiapporte de très-grandes
modifications cliniatologiques,par
suitede
l'éloigne-ner, et surtout
de
laprogression
liy,dinairement
croissante vers lesrég
centrales.
fruits qui ont été déjà décrits, je f(
tion
de
celuidu Caryocar
brasiliense,une des grandes
ressources
despauvres
qui habitent la valléedu San-
Francisco. Ce
fruit,dont
lecommerce pourrait
tirerun grand
parti, atteint levolume d'une
gi'osseorange,
et sa pulpe,
d'une couleur orangée,
estune substance dont
les propriétésnourrissantes
serapprochent de
celles
du
cacao.Le ivmi
^\\PaidUnia
sodnlis asi \\nde nos produits
naturels quidoivent appeler
le plus l'at-tention des cultivateurs; c'est le
Guarana renommé de
la vallée
de l'Amazone,
et qui, d'après le D""Stenhouse,
contient plus
de
théinequ'aucune
planteconnue. La
famille
incontestablement
la plus riche à cetégard
estcelle
des myrtacées, dont
les différentesespèces sont
tropnombreuses
et troprépandues sur
toute la surfacedu
Brésilpour
qu'il soit possible d'endonner
actuelle-ment
le chiffre exact.11
y
a làcertainement des ressources
inépuisables, quidonneraient facilement un magnifique revenu au pays
qui lespossède.
Les
plantes textilesne
sontpas
lesmoins nom-
breuses
et lesmoins dignes de
notre attention.On
parlait
dernièrement,
àRio d'un hab
de Minas,
qui,sachant de
quel prix sont lesvégé dé
epr
% \
la vallée à peine
connue du Rio-Doce,
ety
a récolté,pendant un séjour de plus de deux
ans, les plusbeaux
échantillons
de
fd^res textilesqu'on
aitvus jusqu
ce jour.
C'étaient
des
produits,pour
lamajeure
partie, noiveaux
et fortremarquables par
leur finesse et leur s<lidité.
On
sait,au
reste,combien
les fibres cortical*5
sont employées dans
lePara par
lesindigènes indus-
trieux
de
cetteprovince, pour
la fabricationdes ha-
macs aux couleurs
variées et naturelles et celledes
us-tensiles qui leur
sont
nécessaires.Dans quelques provinces du Nord,
j'aivu
faire leplus
grand usage des
feuilles desBromelia
ainsique
de
l'écorcedes Xylopia, pour
plusieurs objetsnéces-
saires à
l'économie domestique.
Les végétaux
utilesaux
arts et à l'industrie sont aussitrès-remarquables,
à côtéde ceux dont
il vient d'êtrequestion.
La parfumerie,
la teinturerie, etsurtout
la construction, v ti'ouveraicutassurément
des variétésinnombrables
quine
laisseraientque l'embarras du
t
exposition de Lond
seul
des catalogues des
boisde construction envoyés
par
le Brésilcontenait quatre
cent dixspécimens
dif-férents.
Et
pour terminer
cetterevue rapide de
plantes àpropriétés
si diverses, jementionnerai
le Jussiœa ca-parosa, qui, à lui seul, est
doué de propriétés
tincto-riales,
médicinales
et nutritives (1).Maïs, à côté
de
ces richesses qui font 1ornement du
Brésil, cette terre
promise des
naturalistes, selon l'ex-pression
d'Ach.Richard,
etde
ceclimat
quine
laissejamais
d'interruptiondans
laproduction,
il existeune
(1) Le D'" Lund, paléontologiste renomme, qui habite depuis plu-
sieurs années le Brésil, rnUive dans son jardin, près de Lagoa-Santa
(Minas), cet arbuste précieux des Campos^ dont les feuilles, préparées
comme
celles du thé, lui fournissent une infusion qui, selon lui, estaussi agréable et aussi salutaire que celle qu'on obtient des feuilles des Ilex.
6
-L h
cause
contraire etsans
cesse a.gissante, qui tend,pour
ainsi dire, à détruire les bienfaits
que
lanature répand
avec
tantde
profusion.Cette cause, c'est la culture telle
qu'on
lapratique habituellement depuis un grand nombre d'années dans
presque
touterAmcrique méridionale.
Malheureusement, au
Brésil,quoiqu'on
ait lesmeil-
leures intentions
pour modifier
cesystème, on en
aperçoit bien les effets.
Dans
lescantons
éloignésde
l'action
du progrès
qui se fait déjà sentirdans presque
toutes les capitales
de
l'empire ; l'agriculteur brésilien,et
particulièrement
celui quidispose d'une grande
superficie boisée, est le fléau
des
forêts.Le tableau
faitpar
A.de
Saint-IIilaircde
l'agriculture des Brésiliens,quoique
n'étantpas de nos jours
aussiexact
qu'ill'était
de son temps,
n'enreprésente pas moins
l'étatactuel
sur de grandes
surfaces à l'intérieurdu
pays.Aujourd'hui
encore,comme au temps où pour
la pre-mière
fois lahache
futportée au cœur de
cettenature
vierge,
on
n'y voit ni l'emploide
lacharrue
ni celuides
engrais.Pour
établir les cultures,on abat une
vaste
étendue de
bois eton y met
le feu.La
plantationse fait
sous
lescendres des gros arbres dont
les débrissont
amoncelés sur un
terrain calciné.Après
lapre-
mière
récolte,on
laisse la terre sereposer quelques
années. Quelques arbustes ont
àpeine repoussé qu'on
les
coupe, pour
lesbrûler
eton
plantede nouveau.
Au bout d'un
certainnombre de
récoltes pareilles,on
abandonne
ce terrainentièrement
épuisé, eton songe
à faire
de nouveaux défrichements
ailleurs.Ce système de
culture, il faut le dire, est laconsé-
quence de
la richessemême du
sol clde
lagrande
7
bon
étendue des
forêtsdu
Brésil.Chaque
propriétaire, dis-posant d'un
terrain considérable,trouve
plusde
profità planter
dans
les partiesrécemment
défrichées qu'à'erles endroits
épuisés par
des plantations réité-rées. S'il
employait
cedernier système,
il serait forcé,comme
les agriculteurseuropéens, de rendre
à la terrepar
lesengrais
cequ'on
lui aenlevé par
la culture,tandis
que dans
le sol boisé iltrouve une fécond
liéqui
lui
permet de
faire plusieurs récoltessans
autre tra-vail
que
celuidu premier défrichement. Mais un
telprocédé, outre
qu'il estincompatible avec
lesamél*
rations
de
l'agriculture, estune cause
incessantedestruction
des végétaux,
et doitamener
d'ailleurs;de
longue des changements climatologiques
très-gravesdans
le pays.Le gouvernement
brésilien adonc
raisonde s'occuper de
lafondation de fermes-modèles,
carl'exemple donné par
les agriculteurs qui seservent des
meilleuresméthodes de
culture n'aexercé
jusqu'iciqu'une
influence très-restrcintedans
cetimmense
pays.Malheureusement,
l'actiondes fermes-modèles, ne pourra
agirque lentement au
delàde
certaineslimites.
La
destruction seprolongera encore pendant bien
des
années
là ou,par
l'absencede moyens
facilesde
communication, chaque
propriétaire agricole suit libre-ment
laroutine de
ses ancêtres.Dans quelques provinces du Nord,
ceprocédé de
dévastation
estpratiqué jusqu'à
l'abus. J'ai visité,en
janvier
1864,
la belle et fertileprovince d'Alagoas,
dont
lesproduits
naturels sontencore complètement
inconnus dans
les collectionseuropéennes,
eten
par-courant
lesbords de
sesgrands
lacs, prèsde
la côteou
8
des
valléesfécondes de
l'intérieur, j'airemorq
regret
que
sur despoints
où, dixans auparavant
S on ne
lang
pi
égétaux
chétifs etMais
ce n'estpas exclusivement aux travaux agri-
fie
^ pi
dans
leurs pâturages, fout brûler, vers la finde cha- que
éjioqucde
sécheresse, tous lescampos de
leursdomaines. La nouvelle herbe
s'ymontre
effectivementaux premières
pluies,mais combien de
plantes,parmi
les plus délicates,
ont
périsous
l'actiondu
feu '.Ainsi,pour ne
citerqu'un exemple,
je parleraides É
n'ocau-/o/t,
dont l'abondance
était t<îlle a\iîrefois clans lecampos de Minas
qu'A,de
Saint-Hilairc,charme du
contraste
agréable de
leurs fleursblanches avec
la ver-dure des
prairies, n'apas pu s'empêcher
d'en fairemention dans
sesconsidérations de géographie bota-
nique.Quarante ans
sesont
àpeine écoulés depuis
cette
époque,
etcependant on
n'ytrouve presque
plusde
cesmonocotylédonées,
sicommunes
jadis. Je les airencontrées
il est vrai,mais presque exclusivement
dans
lesbas-fonds humides où
lesflammes
destruc-tives
des
Queimadasine viennent pas porter
l'anéan- tissement.Sans
aller plus loin, je croisque
l'aperçuque
jeviens
de
tracer justifie toutes les craintesqu'on
ade
voir disparaître
avant
qti'il soitlongtemps
plusieursvegé
regretteraun jour
laperle irréparable. C'est ce qui a
eu
lieuen Europe
etdans un grand nombre de
coloniesoù de nombreux
9
laboureurs
sesont
livressans ordre
niprévoyance
àleurs
premiers défrichements.
Nous savons
d'ailleurscombien
la stationou
lapatrie
de
certainsvégétaux
est restreinte,même dans
les
pays
les plus féconds.Tous
lesvoyageurs ont
re-marqué que
telle planteabondante dans une
valléeou
sur le
haut d'une montagne ne
seretrouve
plus àquel-
ques
lieuesde
là.Ces
plantes confinées sur d'étroitsespaces
sontdonc
plusexposées que
les autres à périrpar
suitede
cesincendies du
pays.C'est
du gouvernement
brésilien, et surtoutde
l'in-telligence éclairée
de
Tillustresouverain
quirègne au
Brésil, qu'il faut
espérer
voir sortir lesmesures
né- cessairespour préserver de
la destruction lamasse de
végétaux
quipeuvent rendre de
sigrands
et si variésservices à l'humanité.
Un de
cesmoyens,
jem'empresse
de
le dire,l'empereur du
Brésilnous
l'a déjà fournipar
la création
de fermes-modèles,
qu'ilencourage
lui*même de son
action bienveillante.Mais,
comme
je l'ai dit plus haut, l'extensionde
cesfermes sur
lepays ne pourra
avoir lieuque dans un
cercle assez étroit
pour
lemoment, vu
lagrande
éten-due des provinces
et lemanque de communications
faciles
avec
l'intérieur.En
outre, il est difficile défairecomprendre, au premier abord,
àdes paysans
igno- rants toute la valeur desaméliorations qu'on voudrait
introduire, et
quand on
arriveraitchez eux par un
telmoyen
àvaincre totalement
la routineléguée par nos
ancêtres et
en
pleinusage dans presque
tout le Brésil,on
n'auraitpas encore obtenu
lamesure
nécessaire àla
conservation de nos végétaux
; l'agriculture seuley
aurait
gagné. Les
éleveursde
bétai! n'encontinueront
10
pas moins
à suivre leurshabitudes
destructivesau
sujet
des
campos.Aussi, tout
en louant hautement
la créationdes fermes-modèles, que
jevoudrais
voir établirdans
provinces
brésiliennes,j
ffîsanîe
pour
atteindre lebut dont ag
pour
arriver à ce résultat, ilfaud
blir
une
floredu
pays,non pa
fait
habituellemc antes de
herb
nombreuse que
possiblede végé
et étiquetés
méthodiquement dans
2°
Étudier dans
ces niantes lespropriétés qu'on
leur
connaît
déjà, afinde
s'assurerdu degré de
leurutilité, et
reconnaître en même temps
celles quipour-
raient être utilisables.
Avec un
aussi largepoint de
H
de
plantes indigènes, et établidan
sune
ré-gion où
lescommunications
seraient le plus facilesavec
les différentes partiesde
l'empire.Sa
place,au
reste, est indifférente,
pourvu
qu'ildispose d'un
ter-rain varié
dans
satopographie
et sa constitutionmi-
néralogique, comprenant, par exemple, des
collines,des marécages
etdes
plainessablonneuses,
eten même
temps
qu'il soit possibleaux
naturels, ainsiqu'aux
étrangers
quiséjournent peu de temps dans nos
rades,de
le visiteravec
facilité.De simples paysans
suffi-raient
pour pourvoir
cetétablissement de
tous lesvégétaux
indigènes. Il faudrait,seulement,
avoir soinde
choisir sescorrespondants dans
des stations dif-férentes, en leur
rerommnndanf
i!p v/ipIop Iompc onv^îcli
soit
de
graines, soitde
plantes vivantes.Pour
lesplantes usitées aetucllement, rien
ne
serait plus fa-cile, car il n'y aurait qu'à les leur
désigner sous
lesnoms
vulgaires qu'ellesportent dans
les lieuxoù
ellescroissent (I).
Ce
seraitun
parc,unique dans son genre,
sans ai!-cun luxe
ni ostentation, etoù Ton
ferait des expositionsde produits
agricoles et horticolesdu
pays.Son
utilitéserait multiple
sous
plusieurs pointsde
vue, eten con-
séquence
ilne pourrait
recevoirque
l'accueil le plusfavorable du
public; car,indépendamment de
ce qu'ilserait la
première
créationde
ce genre, il aurait la plushaute importance, en
raisondes
considérations quiont
étédéveloppées
plus haut, et aussiparce que
les
hommes de
science, etsurtout
les sociétés d'accli-matation des pays
étrangers,ne manqueraient
pas,pour
avoirdes matériaux inconnus,
d'offriren échange
au
Brésildes espèces pouvant
avoirpour
ce dernierune
assezgrande
utilité.Au point de vue
scientifique,on ne
pourraitconce-
voir rien
au-dessus d'un établissement de
cette nature,car
ilpermettrait de
faire cequ'on ne peut exécuter avec
lesspécimens presque toujours incomplets des
herbiers, c'est-à-dire
des études complètes, ou pour mieux
dire nouvelles,sur
cette flore vivante.Les
des-criptions
y gagneraient considérablement, parce
que,(V Le D' Nicolas Moreira, médecin brésilien distingué, vient de
[uiblicrim Catalogue des plantes usuelles du Brésil, dans lequel i!
fait connaître ces plantes par leur
nom
scientifique et vulgaire, en yaioutant, en outre, de précieuses informations sur leurs différenl-s propriétés, dosages, etc., etc.
15
malgré
tous les soinsapportés par
leshommes
les pipu,
pour
les plantesétrang
r d'i
chaq
toutes les
des
herbiers,généralement mal conservés
etsurtout
mal
récoltés, ilmanque
tantôtdes
fleurs, tantôt desfeuilles, et
presque toujours des
fruits.Les renseigne-
ments
sur leport du
végétal, lanature de
ses racineset mille autres indications intéressantes,
ont
étésou-
vent négligés,
ou
plutôton
n'apas pu
lesprendre. A
tout cela il faut surtout
ajouter des lacunes innom-
brables dans
les caractèresphysiologiques,
et enfinl'impossibilité
d'observer
lesphénomènes
vitaux quiont
tant contribue,dans
ces dernières années, à l'avan-cement de
labotanique.
Au point de vue
pécuniaire, cetHortus ne
seraitpas
très-dispendieux. Il
ne
rentrerait pas,du moins, dans
les
conditions
desmusées européens, où
l'on est forcéde
fairedes
fraisconsidérables pour
laconservation
plantesexotiques venues d'un
climat tropical.Là
tout serait naturel, car le ciel
du pays où
lesvégétaux
seraient cultivés
ne
seraitautre que
celuide
lacon-
trée
dans
laquelle ils croissentnaturellement.
Eutin
rUortus
brésilien, telque
je lepropose,
seraitde
encore une
école précieuse, pleinede charme
et d'émulation, où
lajeunesse avide
d'instruction iraitap prendre
àconnaître
lesphénomènes admirables de
1vie
des
plantes,non dans
lespages des
livres,mais su
desvégétaux
vivants, et qui, toutpréparés pour
l'observation,
exposeraient dcvanl
sesyeux
la plusgrand
richesse
de son pays
na'al.13
Après
avoir lu cettenote
à la Sociétébotanique
deFrance,
j'ai enl'honneur de
recevoirde M. Naudin
lesremarques
qui suivent.En
publiant ces notesde
l'émi-nent
naturaliste, j'aicru donner
plusde poids
àmon
modeste
travail etrendre
àmon pays un grand
service.
Cher Monsieur,
J'ai lu
avec un grand
intérêt la noticedont vous
m'avez
laissé copie.Votre
idéede
faire créerun
lieu
de refuge pour
lesvégétaux menacés de
dis-paraître est excellente et
ne peut manquer
d'inté-resser le
gouvernement de Sa Majesté
Brésilienne,comme
elle intéressera tous les botanistes et tousceux
qui
sentent
l'utilité qu'ily
aurait à étudier les plantessous
tous leurs aspects, etparticulièrement sous
celuides services
que
les arts et l'industriepeuvent
leurdemander. Combien de
plantes précieuses seraient au-jourd'hui conservées
àl'Europe
sioc
soin avait été pris! Jevous envoie
ci-jointesquelqnes remarques que
je crois
bonnes
àajouter
à votre note.En
attendant, veuillez, etc., etc.Ch.
Naudin.
Au Mutéum d'histoire naturelle.
«
Ce
seraitune pensée digne d'uu gouvernement
éclairé et
prévoyant de
réserver,dans chacune des grandes
provinces,quelques
lieues carréesde
terrainsboisés qui seraient soustraits
aux
dévastationsde
laculture et
des défrichements,
etoù
seconserveraient
u
(rcux-niêmes
lesvégétaux indigènes du
pays, qui, fautede
cetteprécaution, sont menacés de
disparaître,au
moins en grande
partie.Dans
l'état actuelde
lapopu-
lation
du
Brésil,population clair-scmée
surd'immenses
espaces, les terres
ont peu de
valeur, etpar consé- quent
lamesure proposée
serait très-peu dispendieuse.Ces
bois,ou
forêtsréservées
etdevenues propriétés de
la
couronnne ou de
l'État, seraienten même temps un
refuge assuré pour un grand nombre d'animaux (mam-
mifères
etoiseaux particulièrement)
qui sont pareille-ment menacés de
disparaîtrepar l'envahissement gra-
duel
de
la culture.On ne
sauraitdouter
qu'ils n'aient,comme
les planteselles-mêmes, un
rôleimportant
àremplir dans l'économie de
la nature, et qu'ilsne
doi- vent, àun moment donné,
servirdirectement
à quel-que
industriehumaine. Les
oiseaux, particulièrement,devraient
êtreménagés, attendu que, sous
le climatchaud du
Brésil, les insectes pullulent, etqu'un jour viendra où
ils infligeront,comme en Europe, de
terri-bles désastres à l'agriculture. 11 est bien
reconnu, en
effet,
que
cesanimaux destructeurs
se multiplienten
raisonde l'abondance des produits de
la terre, si,en
même temps,
leur multiplication n'esttenue en échec par un nombre proportionné
d'oiseaux insectivores.Les
pertesénormes causées aux
agriculteurs françaispar
l'alucitc, lescharançons,
les chenilles, leshanne-
tons, etc.,
ne
seraient rien à côtéde
cellesque
les cul- tivateurs brésiliensauraient
àendurer
si cepays
sedépeuplait
d'oiseaux.«Les
particuliersne songeant pas
à l'avenir, c'estau
r
gouvernement
ày songer pour
eux. Mais,indépendam-
ment de
ces forêts réservées, il faudraitde grands
jar-15
Ob
q
poser quelque
utilité.Le
Brésil,par
sagrande
étenduiprésentant de grandes
différences cliœatcriquesd
nord au
sud, il faudraitau moins deux de
ces jardind'études : l'un à Bahia,
pour
les plantes éqiiatoriales l'autre àRio de
Janeiro,pour
les plantes simplenichacun
d iuffi-sauf
pre
îdrede
loinen
loinquelques
ouvrierspour
lestravaux
les plus pressants.Ces
jardins seraientde
vé-ritables laboratoires
où
lesvégétaux
seraient étudiésOn
s'appliquerait ày
fiques et
indu
quel pliquer
avec
profit,comme
fourragères,
céréales, plantes tinctoriales,plantes filassières, textiles
ou propres
à la fabrica-tion
du papier
(industrie fortimportante
aujourd'hui), plantesmédicinales,
plantes àgommes,
résines,bau-
mes, caoutchouc, gutta-percha,
plantes odoriférantesou aromatiques,
plantesd'agrément pour expédier en
Europe
et ailleursou pour
l'usage local;arbres
frui-tiers
indigènes ou
exotiques,arbres
forestiersde
toutetaille et
de
toute qualité.Un
laboratoirede chimie
de-vrait être
annexé
à ces jardins,pour
l'analyse des milleproduits végétaux
qui s'y récolteraient, ainsiqu'un
atelier à
dessécher des
plantes etune
petite bibliothè-que botanique appropriée au
travail qui s'y exécute-rait.
«Dans
ces établissements,on pourrait
faire descours
élémentaires de
botanique industrielle , d'agriculture,
d'horticulture, et
en général
d'histoire naturelle, qui16
serviraient à
répandre
l'instruction et legoût de
lacullurc clans la
population. Bien certainement
il s'yformerait un
certainnombre de
praticiens éclairés etd'hommes
d'initiative qui feraientavancer
très-nota-blement
la science agricoleau
Brésil. Ilne
fautpas
ou-blier
que
lemanque
d'initiativedont on
se plaint sisouvent
n'a d'autrecause que
ledéfaut
d'instruction.Comment, eu
effet,découvrir une
voienouvelle quand
on
estcirconvenu de
toutes partspar
l'ignorancede
cequ'il
y
aurait à faire?Ce
serait aussi difficile qu'àun aveugle de
choisirlui-même son chemin
etde
suivreune
directionquelconque.
Si cesétablissements
secréaient, il faudrait éviter d'y introduire
an
luxe, quiest
coûteux dev
simples que
possible etne
sedévelopper que
graduelle-ment, au
fur et àmesure des
besoins.Bien des
institu-tions utiles
succombent parce qu'on
avoulu, dès
leprincipe, les établir
sur une
tropgrande
échelle,ou
leur
donner un
reliefque ne comportaient
ni les cir-constances
ni lesbesoins du moment.
»Paris — Typogrrplïie de A. PARENT, tw Moniîeur-le-Prtnre. 3(