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Projet «Thé Solidaire?» Livret méthodologique Sensibiliser à la citoyenneté et aux solidarités internationales dans l espace public

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Academic year: 2022

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Projet

«Thé Solidaire ? »

Livret méthodologique

Sensibiliser à la citoyenneté et aux solidarités

internationales dans l’espace public

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Sommaire

Intro : l’histoire du projet ... 2

The plantation tour: Bienvenue dans les plantations ! ... 4

Le Workers Solidarity Union ... 7

Les actions du WSU dans les plantations au Sri Lanka ... 9

Rencontres de sensibilisation et de promotion des droits des travailleurs ... 9

Formation des leaders syndicaux ... 10

Consultation et assistance juridique pour les travailleurs ... 11

Mobilisation des travailleurs pour le 01 Mai ... 12

Les anciens de Fralib et leur coopérative lancent le thé de la transformation sociale et écologique ... 14

Nos actions d’Education à la Citoyenneté et aux Solidarités Internationales dans la rue... 19

L’expo de rue : « Bienvenue dans les plantations » ... 21

Le jeu Dégusthé et son déroulé ... 24

Premier round : Lipton contre le thé SOFA d’Artisans du Monde ... 25

Le deuxième round : 1336 vs l’éléphant ... 27

Le porteurs de paroles ... 30

Le court circuithé ... 34

La course des paysans ... 39

Les fiches personnage ... 48

Fiche événement ... 51

Les formations « Thé Solidaire ? » ... 54

Ils ont fait le projet ... 56

Les partenaires du projet ... 57

L’asso Sensibiliz’Action ... 59

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Intro : L’histoire du projet

Il était une fois le projet “Thé Solidaire ? », une histoire de solidarité entre un groupe de jeunes français et la communauté des travailleurs des plantations de thé du Sri Lanka.

Au départ une rencontre avec le syndicat Workers Solidarity Union dans le cadre de nos études dans le domaine de la solidarité internationale. Et puis la découverte de la réalité des plantations, de ce qui se cache derrière notre tasse de thé. Un système d’exploitation des travailleurs(euses) que les publicités ne nous montrent pas. Une communauté qui depuis l’époque coloniale se voit nier tous leurs droits humains élémentaires, la santé, l’éducation, la citoyenneté. Une nouvelle forme d’esclavage moderne. Mais la découverte surtout de personnes qui malgré les difficultés relèvent la tête, s’organisent, se mobilisent et luttent au quotidien pour une vie décente.

Là-bas au Sri Lanka, le WSU soutient, accompagne, stimule, sensibilise, provoque, éduque et forme sa communauté en faveur de leurs droits et en particulier pour un travail décent. Alors à notre retour en France, une question se pose, comment créer de la solidarité et poursuivre notre coopération. La solidarité internationale oui mais pas n’importe comment. Comme nous l’ont fait comprendre les membres du WSU, le thé est un symbole de cette mondialisation économique. On le produit là-bas, on le transforme, commercialise et consomme ici. Une poignée de multinationales se partagent le gâteau au détriment des droits sociaux, économiques et environnementaux de tous.

Nous trouvons alors une première solution dans la sensibilisation à la consommation responsable. Si les multinationales ne veulent pas changer, nous consomm’acteurs nous avons le pouvoir de les faire changer. Nous développons alors des actions de sensibilisation et créons des espaces de réflexion sur l’impact de notre consommation. A travers différentes formes ludiques et participatives nous informons les citoyens et consommateurs sur les conditions de vie dans les plantations. Mais alors quel thé doit-on acheter ?, telle est la question qui ressort de nos échanges. Bien sûr le commerce équitable est une alternative concrète et solidaire qui fait son chemin. Mais elle n’est pas forcément accessible à tous, et ce que l’on va essayer de rechercher avant tout c’est un esprit critique. Pas de leçon de morale, nous provoquons des réflexions et créons des échanges avec les gens qui ensuite décident eux-mêmes de leurs actions solidaires individuelles et collectives.

Mais pour beaucoup d’entre nous le Sri Lanka, on ne sait pas vraiment où c’est, en tout cas c’est loin, c’est exotique,

« et puis nous aussi on en bave ». C’est à ce moment précis que les travailleurs de l’usine de transformation de thé Fralib se sont mis en lutte pour défendre leurs emplois. En effet le propriétaire, le géant de l’agro-alimentaire Unilever, a décidé que les travailleurs français coutaient trop cher et tente alors de délocaliser l'usine en Pologne où la main d’œuvre coûte moins cher. Cette logique économique de recherche maximum du profit au détriment des populations et de l’environnement ne touche pas que le Sri Lanka.

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Nous avons donc intégré cette lutte sociale dans notre projet pour d’une part, soutenir les ouvriers de Fralib et d'autre part rapprocher nos questions aux préoccupations et au quotidien des participants à nos animations. Surtout qu’après 1336 jours de lutte les anciens de Fralib ont repris eux-mêmes leur usine et créés la coopérative Scop-Ti. Une victoire qui démontre qu’une autre économie est possible. Plus qu’une victoire, le symbole qu’il existe une manière de faire autrement : l’économie sociale et solidaire ! Nous avons donc repensé notre projet et développé des outils de sensibilisation à l’économie sociale et solidaire avec une dimension locale et internationale au travers de l’exemple du thé. Ainsi nous avons créé un grand jeu de rue, le « Courcircui’thé » pour illustrer de manière ludique la filière du thé, de la production à la consommation en passant par la transformation.

Nous avons fait de la rue notre terrain de jeux pour rencontrer Monsieur et Madame Toutlemonde et sortir du cercle militant. De 2010 à 2015 nous avons animé des jeux : Dégus’thé, la course des paysans, Twisterre ou le « Courcircui’thé » aux quatre coins de la France.

En 2015 nous avons relancé notre projet en intégrant un micro-projet de solidarité internationale pour soutenir sur le terrain le travail du WSU. Grâce à cette nouvelle version, le WSU a déjà développé une vingtaine d’événements de sensibilisation des travailleurs aux droits humains. Des actions concrètes qui contribuent à accompagner la mobilisation de la communauté, à permettre leur « Empowerment » comme ils disent là-bas. Redonner du pouvoir aux communautés c’est l’objectif du WSU. Le pouvoir de transformer leur réalité et vivre enfin dans la dignité. Le WSU a également organisé des formations pour des leaders des communautés et en particulier pour les femmes principales actrices du changement. De notre côté nous avons organisé des actions de sensibilisation sous la forme de « triptyque de rue » : à savoir un espace d’expression citoyenne avec des débats de rue (Peut-on vraiment changer le monde en faisant ses courses »), un espace ludique avec le jeu « Dégus’thé » et un espace d’information avec l’exposition « Bienvenue dans les plantations ». Nous avons décidé de multiplier notre action en formant d’autres animateurs en partenariat avec Frères des Hommes, le CCFD et la Semaine de la Solidarité Internationale.

Maintenant nous souhaitons pouvoir terminer cette aventure citoyenne et solidaire en diffusant un livret pédagogique sur ce projet et en particulier sur nos actions de sensibilisation. Bonne lecture.

Solidairement

L’équipe de « Thé Solidaire ? »

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The plantation tour: Bienvenue dans les plantations !

Des collines à perte de vue, une nature luxuriante, du soleil en veux-tu en voilà, des enfants qui rient et qui jouent et des femmes souriantes …

Voici la carte postale des plantations de thé du Sri Lanka, enfin celle que les brochures touristiques nous vendent ! Mais derrière la beauté de ces paysages se cache une toute autre réalité : une nouvelle forme d’esclavage moderne !

Le Sri Lanka est depuis la colonisation britannique la théière du monde. Alors que l’industrie du thé est devenue la caverne d’Ali baba (money, money !) du pays, les conditions de vie des travailleurs des plantations demeurent extrêmement précaires.

Grosso modo, et comme le résume Siva du WSU :

« Les travailleurs naissent, vivent, travaillent et meurent dans les plantations.»

Arrivés, ou plutôt importés par les britanniques au 19ème siècle, les ouvriers agricoles des plantations sont appelés les tamouls d’origine indienne (Indian Tamil). Ils viennent des basses castes (les

« dalits » qui signifie les opprimés) du Sud de l’Inde et ont été apportés pour travailler bien docilement dans les plantations des colons britanniques du Sri Lanka. Ce processus d’import de main d’œuvre, qui nous rappelle la traite négrière, a été largement utilisé par les colonisateurs européens pour développer partout dans le monde des plantations destinées à produire au plus bas prix des matières premières agricoles (café, coton, banane par exemple) pour le vieux continent, terre de la civilisation et des droits de l’Homme.

Au Sri Lanka, dans les plantations de thé, la situation n’a pas bougé.

Figée dans le temps, la communauté des plantations demeure esclave des plantations.

Ah le bon vieux temps des colonies !

Représentant environ 6 % de la population du pays, ils constituent la communauté la plus marginalisée du pays (ce n’est pas nous qui le disons c’est la Banque Mondiale).Enfermés, cloisonnés, isolés, enclavés, les Tamouls travaillent et vivent dans les plantations. Là-bas, pas d’avenir en dehors de la plantation. Dans la famille des plantations, j’ai papi qui travaille à l’usine de thé, maman qui cueille le thé dans les montagnes, devine ce que le fils et la fille feront

….L’objet de leur présence est uniquement fondé sur leur capacité à travailler péniblement dans les plantations. La plantation est un univers clos avec son propre mode de fonctionnement qui marque la vie sociale et culturelle des populations.

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La plantation est un univers qui se suffit à lui-même.

Chaque plantation est reliée par des chemins pavés qui ne permettent qu’aux camions et voitures à quatre roues motrices de passer. Cet isolement confine les travailleurs sur leur lieu de travail et les rend dépendants du management de la plantation pour l’ensemble des aspects de leur vie quotidienne.

Plus de 10h par jour, six jours par semaine, ils triment dans les champs ou dans les usines pour nous fournir un thé de qualité dont ils ne verront jamais la couleur (là-bas ils boivent du dust tea, littéralement la poussière du thé).Les femmes doivent cueillir mécaniquement, et pour un salaire journalier d’environ 500 roupies (moins de trois euros et moins que le prix d’un thé au bistrot du coin), plus de 18kg de feuilles de thé, sous peine de ne pas être payées.

Chaque feuille ramassée est déposée dans un sac ou une hotte tenue par une sangle enroulée autour du front.

Sur les montagnes abruptes (on confirme c’est vraiment casse gueule !), les femmes s’accrochent aux collines comme des fourmis dans le froid et l’humidité du matin et la chaleur étouffante de l’après-midi. Environ 30 % de la population des plantations vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2017. Ces populations restent assujetties à un régime discriminant leurs droits économiques, sociaux et culturels. L’exploitation économique dont elles sont victimes les confine à une vie précaire dans l’extrême pauvreté. Après avoir travaillées, les ouvrières rentrent dans leur fourmilière, des lines-rooms au milieu des plantations où s’entassent dans des pièces de quatre sur quatre des dizaines de familles. Héritage des britanniques les ouvriers des plantations vivent encore et toujours dans ces baraquements (en mode Germinal) qu’ils ne possèdent toujours pas ! Selon WSU, seulement 38% de ces line-room ont des sanitaires, 54% ont un accès à l’eau et 12% un accès à l’électricité. Dans ces conditions de vie matérielles précaires l’accès à l’éducation, à la santé et à la protection sociale sont à la charge des entreprises depuis les privatisations.

Autant vous dire qu’entre réaliser de plus gros profit et assurer un minimum décent pour les travailleurs, les compagnies ont déjà établi leur priorité ! Maladies respiratoires, accidents de travail, malnutrition sont courants dans les plantations où la situation sanitaire des populations est catastrophique. Le secteur de (ou plutôt le droit à) l’éducation n’est pas mieux loti.

Avec un taux d’analphabétisme largement supérieur à la moyenne nationale, les populations sont maintenues dans l’ignorance.

Manière de perpétuer un système et de contenir toutes velléités de revendications (bref de changement) ! En résumé pour les compagnies, y’a le bon et le mauvais travailleur … le bon travailleur dans les plantations a des droits mais ne le sait pas et le mauvais travailleur a des droits mais se bat pour qu’ils soient respectés !

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Travailleurs pauvres, ces communautés sont également considérées comme des citoyens de seconde zone. Alors qu’ils étaient apatrides jusqu’en 2003, des organisations de la société civile et les Nations Unies ont obtenu du gouvernement sri lankais l’inscription dans la loi de leur citoyenneté sri lankaise. La communauté des plantations est exclue des processus de prise de décision politique ou économique qui les concernent. Représenté politiquement par le Ceylon Workers Congress, la participation politique des travailleurs est malgré tout inexistante.

Pourquoi ? Tout simplement parce que le tout puissant syndicat des plantations est cul et chemise avec les politiques et les entreprises.

Sans voix !

Pour Siva, du syndicat indépendant Workers Solidarity Unions, « le thé a la couleur rouge du sang des travailleurs, les entreprises multinationales sont en grande partie responsables de cet esclavage moderne. Nous voulons dénoncer ce scandale. La situation des travailleurs du thé doit être connue internationalement afin qu’elle puisse s’améliorer

».

Eh bien c’est justement le but de ce projet ! Faire connaître les conditions de vies dans les plantations pour faire bouger les acteurs européens (toi, vous, nous, les consommateurs, les distributeurs, les entreprises, les multinationales, les politiques etc.)

Thé prévenu, l’esclavage moderne, c’est pas notre tasse de thé !

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Le Workers Solidarity Union

Le WSU est un syndicat indépendant et légalement enregistré au Sri Lanka (Trade Unions District) depuis 2009. Il a été créé en parti par des membres de Human Development Organization pour répondre à la volonté des communautés des plantations d’être représenté par un syndicat indépendant et apolitique. Depuis sa création, le WSU mène des actions d’information et de sensibilisation des travailleurs sur leurs droits. De manière concrète, WSU anime des temps de formation et de co-éducation avec les travailleurs des plantations et du secteur informel. Le syndicat est présent dans les départements de Kandy, Kegalle, Newera Eliya. Les membres sont principalement des femmes car le syndicat souhaite favoriser la représentation des femmes souvent exclues des cercles de décisions.

La stratégie du WSU s’appuie sur :

 Une approche par les droits via la promotion des instruments légaux au niveau national (code du travail) et international (Conventions et Déclarations des Nations-Unies).

 Le changement des comportements et des mentalités au sein de la communauté, via la promotion de l’éducation pour tous et d’une culture de la non-violence. Les actions de WSU visent la prise de conscience des communautés de leurs droits et les accompagnent dans leurs revendications.

 Une approche locale et par la base, WSU soutien et accompagne des groupes locaux (dans chaque plantation) de travailleurs, de femmes ou plus largement de citoyens (Community Based Organization). WSU travaille également en collaboration avec les institutions locales.

 Le renforcement des capacités des communautés : WSU intègre son action dans une volonté d’appuyer l’autonomie des communautés par le renforcement de la capacité. Cette approche se traduit par la place prépondérante donnée à l’éducation et à la formation.

Les campagnes et le plaidoyer : WSU développe des actions de sensibilisation et de plaidoyer à destination des « preneurs de décisions » comme les représentants du gouvernement, des ministères, des autorités locales pour faire reconnaitre et appliquer les droits humains dans les plantations.

WSU est composé d’un staff de 10 personnes, de 20 leaders locaux et d’environ 1000 membres et sympathisants. Le WSU est présidé par Mme Nimalka (présidente de l’International Movement Against Discrimination and Racism), le secrétaire est Mr Sivapragrasam (Directeur de Human Development Organization) et le trésorier est Mr Cyril (Directeur de Human Power Foundation). Les dirigeants sont issus d’organisations de la société civile et des communautés de base. Les actions du WSU dans le cadre du projet « Thé Solidaire ? » répondent à l’identification d’un ensemble de problèmes et de besoins exprimés par la communauté des plantations :

Le problème principal est le non-respect des droits humains élémentaires des populations, au premier lieu les droits socio-économiques : le travail, le logement, la santé et l’éducation. Pour une présentation plus détaillée de la situation des plantations nous vous invitons à découvrir les articles annexés à ce document.

Les activités du projet agissent sur les problèmes suivants :

 Manque de représentation des travailleurs des plantations et du secteur informel dans les instances représentatives.

 Les travailleurs ont peu conscience de leurs droits, les leaders, les représentants des organisations de base, et les représentants syndicaux ont peu de compétences sur la législation du travail, le dialogue social et la gestion non-violente de conflits.

Les femmes sont très peu représentées dans les syndicats, les organisations de la société civile et les différentes structures locales.

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Les actions du WSU dans les plantations au Sri Lanka

Rencontres de sensibilisation et de promotion des droits des travailleurs

Dans le cadre du projet “Thé Solidaire ?” le syndicat WSU a organisé 20 rencontres de sensibilisation et de promotion des droits humains auprès de la communauté des travailleurs des plantations dans les

« district » de Kandy, Nuwara Eliya, et Kegalle. Ces rencontres organisées en partenariat avec l’organisation Human Development Organization sont appelés

« Awareness raising meeting » car elles visent à faire prendre conscience aux travailleurs de leurs droits. Chaque rencontre a rassemblé entre 20 et 30 personnes, en majorité des travailleuses des plantations, pour un total de plus de 500 participants.

Lors de ces rencontres les animateurs du WSU ont avant toutes choses informé les travailleurs sur leurs droits à l’obtention de documents légaux, comme des contrats de travail, des certificats de naissance, de mariage ou de décès ou encore la procédure pour l’obtention de la carte nationale d’identité. Pour le WSU l’obtention des documents administratifs officiels est une condition nécessaire pour faire valoir leurs droits auprès des autorités ou de leurs employeurs. Sans identité, les travailleurs ne peuvent entamer aucune procédure en faveur de leurs droits.

Les syndicalistes ont également sensibilisé la communauté des plantations sur leurs droits à la terre

et au logement. Plus de la moitié d’entre eux vivent encore dans les « lines rooms » construites par

les colons britanniques au 19

ème

. Ces « logements » ne sont toujours pas la propriété des travailleurs.

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Pourtant plus de 25 000 hectares dans la région des plantations ne sont pas cultivés. Le WSU et HDO ont donc lancé une campagne « No land no life » pour réclamer la répartition et la distribution de ces terres à la communauté des plantations. Les rencontres ont permis de faire connaitre cette campagne et d’inviter les travailleurs à participer aux différentes mobilisations du WSU en faveur du droit à la terre et au logement. L’accès à la terre permettrait à la communauté de développer une agriculture vivrière et paysanne pour sortir de la spirale de la monoculture d’exportation du thé et du système plantationnaire.

Enfin ces rencontres ont également permis aux syndicalistes du WSU de présenter leurs mobilisations en faveur du versement des indemnités du Fond de prévoyance des employés (Employee Provident Fund). Ces cotisations sociales ont pendant des années été payées par les travailleurs sans que pour autant ces fonds ne soient redistribués sous forme de prestations.

Au total, 1888 millions de roupies

doivent être payés à plus de 12 000

travailleurs de 31 plantations publiques

(JEDB, SLSPC and Elkaduwa

plantations). Le WSU soutient la

mobilisation de ces travailleurs et

informe les autres sur leurs droits à la

protection sociale et à leurs droits du

travail.

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Formation des leaders syndicaux

Le WSU a organisé grâce au soutien du projet « Thé Solidaire ? » deux formations des leaders syndicaux des plantations. Les participants à ces formations ont été en majorité des femmes actives dans leurs plantations. En tant que leaders communautaires, ces femmes sont des relais locaux de l’action syndicale du WSU dans la région de Hatton et Maskeliya. Le syndicat a souhaité renforcer les capacités de ces militantes de terrain sur les droits des travailleurs et le code du travail.

Deux formateurs expérimentés, Mme Logeswary et M. Sivapragrasam ont animé ces deux journées

de formation. Lors de ces deux formations, les participantes ont eu l’opportunité d’échanger sur les

conditions de travail, les différentes violations des droits et surtout sur leurs pratiques syndicales et

mobilisations communautaires. Ces formations sont des espaces importants pour consolider le rôle

primordial des travailleuses dans la promotion des droits humains dans la communauté.

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Consultation et assistance juridique pour les travailleurs

Le WSU a organisé une consultation juridique pour les travailleurs des plantations. Un avocat spécialiste du droit du travail et l’équipe des animateurs du WSU ont offert une assistance juridique et légale. Les principales requêtes des travailleurs ont porté sur le non-paiement de leurs prestations sociales (EPF-ETF). Le WSU a porté l’affaire (15 cas au total) en justice auprès du Department of Labour qui a inculpé les employeurs pour défaut de paiement. Fin 2016, une partie des travailleurs a été payée grâce aux efforts du WSU et les autres cas sont encore en instance de jugement.

D’autres cas de violation du droit du travail ont été signalés et en particulier ceux qui concernent le salaire des travailleurs.

Certains employeurs ne respectent pas la législation salariale (la convention salariale est signée tous les deux ans) et de nombreux travailleurs ne reçoivent pas le salaire légal. Des actions ont été entreprises par le WSU sans résultat pour le moment.

Le WSU continue cependant son combat

pour un salaire plus juste.

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Mobilisation des travailleurs pour le 01 Mai

Le WSU pour mobiliser les travailleurs a célébré le 01 mai (Fête Internationale des Travailleurs) en organisant une manifestation et un meeting public. A cette occasion les revendications des travailleurs ont été exprimées directement par des représentant(e)s de la communauté. Cette mobilisation a eu lieu directement dans les plantations dans la zone de Deltota (District de Kandy) et a rassemblé une centaine de personnes. Il est important de noter qu’il n’est pas facile pour des travailleurs de se mobiliser pour de telle raison et que la plupart des travailleurs ce jour-là étaient comme d’habitude au travail. Ne pas travailler et participer à cette manifestation est un geste symbolique et fort de la part des travailleurs.

.

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Les anciens de Fralib et leur coopérative lancent le thé de la transformation sociale et écologique

Pour vous présenter l’histoire des Fralibs et de la Scoop-Ti nous avons choisi de reprendre un article de EMMANUEL RIONDÉ et JEAN DE PEÑA paru sur le site d’information Basta Mag le 27 MAI 2015.

Après quatre années d’un rude combat, la soixantaine de coopérateurs de la Société coopérative ouvrière provençale thé et infusions, les ex-Fralib, lancent 1336 et ScopTI, leurs nouvelles marques. Exit les actionnaires d’Unilever, l’ancienne multinationale propriétaire, les arômes artificiels et le management néolibéral. Bienvenue à la politique salariale décidée au consensus, au tilleul bio et au thé centenaire. (…) Reportage auprès de ces coopératives en quête d’une nouvelle éthique, de véritables progrès sociaux et

environnementaux.

Rien que le bureau de la direction a de quoi provoquer des sueurs froides chez un adhérent du Medef. Il y a la plaque déjà. En la lisant, un représentant patronal manquerait probablement de s’étouffer en ces temps de remise en cause du dialogue social : « Direction.

Comité d’entreprise. Syndicat ». Puis la décoration du bureau de la direction, où trône un portrait du Che, et où traine non pas un audit pour réduire le coût du travail mais une attestation syndicale reçue lors d’un récent voyage à Cuba. Malaise assuré pour un PDG traditionnel.

Nous ne sommes pas dans une entreprise traditionnelle. Bienvenue dans l’usine de fabrication de thé et infusion de Gémenos (Bouches-du-Rhône), autrefois propriété du géant alimentaire Unilever, aujourd’hui coopérative reprise par une grande partie des salariés après quatre ans dans de lutte contre la liquidation. Pour dévoiler leur nouvelle marque, les ex-Fralib ont choisi le 26 mai, date à laquelle le protocole d’accord de fin de conflit a été signé en 2014 avec la direction d’Unilever. La marque phare sera désormais "1336", référence au nombre de jours de lutte qu’il a fallu aux salariés pour faire plier la multinationale anglo-néerlandaise. L’annonce publique, faite hier mardi sur le site à 13h36, en présence de nombreux médias et soutiens, a donné lieu à quelques larmes. Émotion non feinte : la naissance de ces deux nouvelles marques "1336" (« éveille les consciences, réveille les papilles ») et "ScopTI"

(« engagé sur l’humain, engagé sur le goût ») symbolise bien le début d’une nouvelle aventure pour ces salariés

devenus leurs propres patrons.

La coopérative ouvrière provençale est désormais dirigée par un trio de syndicalistes, désignés par le Conseil d’administration, issus de l’assemblée générale des coopérateurs. Gérard Cazorla, ex-secrétaire CGT du comité d’entreprise de Fralib, en est le président, Olivier Leberquier, ancien délégué syndical CGT, le directeur général délégué et Marc Decugis, le directeur général. Gérard Affagard, ancien délégué CFE-CGC, désormais à la retraite après avoir participé à la lutte de bout en bout, présidera lui l’association Force et bon thé dont l’objet sera de soutenir et de faire connaître la coopérative. Prix de la cotisation annuelle : 13,36 euros. Forcément.

1336 jours de lutte et une année de transition

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(…)Après, donc, 1336 jours de lutte et une année de transition, les sept premiers contrats de travail ont été signés le 11 mai. Sur les 76 femmes et hommes concernés par l’accord de fin de conflit, ils sont au final 57 coopérateurs. Et 51 sont promis à être salariés de la coopérative [1]. Au bout de quatre ans de lutte, certains ont préféré partir avec les indemnités. D’autres, qui n’étaient pas loin de la retraite au moment de l’annonce de la fermeture en 2010, ont décidé de la prendre. Les treize élus syndicaux de Fralib, licenciés seulement en janvier dernier, lors du dernier

« plan social » d’Unilever, iront au bout de leur congé de reclassement avant de se faire embaucher par la coopérative.

« L’écart des salaires allait de 1 à 210, chez nous ce sera de 1 à 1,3 »

L’année passée a été consacrée à préparer l’avenir : mise en place de la structure coopérative, réorganisation des équipes, prise en main des enjeux commerciaux, finalisation des partenariats, établissement d’un business plan... Les 2,85 millions d’euros « fongibles », arrachés au cours des négociations ont permis, entre autres, d’embaucher des prestataires extérieurs [2], comme « l’ équipe de jeunes » spécialistes du marketing avec qui les nouveaux logos et

marques ont été façonnés.

Résolument tournés vers les enjeux à venir, ces salariés-patrons sont désormais débarrassés d’ « actionnaires à payer ».

Ce qui ne garantit en rien l’absence de problèmes ! « Après des mois de discussions et de débats, nous avons réussi à décider collectivement de la politique salariale, soupire Gérard Cazorla. Chez Unilever, l’écart entre les salaires allait de 1 à 210, chez nous ce sera de 1 à 1,3. »Un salaire par catégorie.

Le plus faible devrait tourner autour de 1480 euros net et le plus élevé, autour de 1880 euros, payé sur 13 mois et sans compter les aides aux chômeurs créant ou reprenant une entreprise (Accres).

Partenariat avec les enseignes spécialisées Biocoop

Côté production, 250 tonnes de thé et d’infusions doivent être produites la première année. Avec l’objectif d’arriver, d’ici 2019, à en fabriquer 1000 tonnes par an [3]. Au début, la majeure partie de la production (environ 60 %) devrait être vendue et conditionnée pour des marques distributeurs. L’autre partie sera commercialisée sous les marques 1336 dans la grande distribution et ScopTI sur les rayons des enseignes spécialisées Biocoop. Les deux marques reviennent à une « aromatisation 100 % naturelle ». ScopTI ne proposera que du bio, produit en France – sauf le thé, bien entendu. 1336, se contentera, elle, de « privilégier » le bio et la production française.

C’est la grande nouveauté : cégétistes et salariés en lutte se sont mis au bio. « C’est une démarche commerciale, bien sûr, mais cela répond aussi à une volonté ancienne de proposer des produits de qualité à nos clients », explique Bernard, 52 ans, opérateur sur la chaîne de production. « Dès janvier 2011, abonde Gérard Cazorla, nous avions défendu le principe d’un retour à l’aromatisation naturelle. » La certification Ecocert est déjà acquise pour l’usine.

Du côté de la Scop TI aussi on pense « circuits courts » et participation à la« reconstruction des filières nationales ».

La coopérative de Gémenos, de qui les glaciers de Carcassonne « se sont nourris » et avec qui ils « ont mené des

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combats communs », a passé un accord avec le Syndicat des producteurs de tilleul voisins. Une quarantaine de producteurs installés dans la Drôme approvisionneront désormais la coopérative en tilleul sec, malgré un prix (entre 16 et 18 euros/kg) deux fois plus cher que celui produit en Chine ou en Europe de l’Est. « Le tilleul qu’Unilever va chercher à l’Est coûte certes moins cher à l’achat, mais il passe par le port d’Hambourg, repart à Katowice en Pologne pour être conditionné et revient en France pour être vendu... Nous, entre son lieu de production et l’usine, il fera 180 km », explique Gérard Cazorla. En terme d’empreinte carbone, la démonstration est imparable...

Création d’emplois indirects en France

La qualité joue aussi un rôle : « En Chine ou en Europe de l’Est, ils mettent des additifs et allongent les délais de cueillette quitte à laisser la fleur tourner, ce qui leur permet de vendre à 8 euros le kilo... », déplore Nicolas Chauvet, président du syndicat des producteurs de tilleul des Baronnies, au sud de la Drôme. L’accord ouvre des perspectives, modestes mais réelles, de revivification d’une production locale et d’emplois indirects. « Si le projet de la Scop marche, des personnes qui ne cueillent plus s’y remettront peut-être : ce qui signifie de la taille, de l’entretien, une plus-value paysagère. Et pourquoi pas la création d’un emploi au sein du syndicat, un peu d’investissement dans des cellules de froid ? On peut imaginer la relance d’une petite activité autour de ça dans la région », s’enthousiasme Nicolas Chauvet.

Reste que le cœur de métier historique des ouvriers de Gémenos est bien le thé. Qu’il faut aller chercher en Asie, en particulier au Vietnam. Une filière y est débusquée en 2012, avec le concours de la Fédération agroalimentaire (FNAF) de la CGT et du Conseil général du Val-de-Marne. Olivier Leberquier était sur place courant mai, dans la province du Yen Baie, pour revoir les produits et discuter de leurs prix avec les producteurs de ces « thés vert et noir centenaires de très grande qualité », et pour certains desquels « des processus de certification bio sont en cours » et très avancés.

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Commerce équitable en Asie ?

Quid de la dimension sociale à l’autre bout du globe, à l’heure où de nombreuses marques occidentales, dans le textile ou l’agroalimentaire, sont critiquées pour leur recours à du travail indigne ? « On en a tenu compte, assure Olivier Leberquier. En passant un accord avec eux, on assure du travail et donc une certaine autonomie à des ethnies minoritaires vivant dans cette partie du pays où elles cherchent des débouchés économiques. Ensuite, il s’agit d’acheter à un prix qui assure des revenus décents aux producteurs tout en restant à un seuil qui nous permette de proposer un thé accessible à nos clients en France. On ne veut pas vendre un thé réservé aux classes aisées. On tient à ce que ceux qui n’ont pas les moyens de payer 5 euros les 50 grammes puissent eux aussi accéder à des thés de qualité. »

Les discussions en cours ont déjà permis de réduire les prix.

Dans la même zone, d’autres thés « d’excellente qualité » mais plus abordables sont en lice. Et la coopérative ne se fournira pas qu’au Vietnam : la Chine, le Laos, le Kenya ou Madagascar sont évoqués. Bienvenue dans le grand bain de la globalisation… Cette quête d’un équilibre idéal entre qualité des produits, prix abordable et rétribution décente, présage encore de longues heures de réflexions et de débats au sein de la coopérative de Gémenos.

Emmanuel Riondé

Source: http://www.bastamag.net/De-Fralib-a-La-Belle-Aude-le- renouveau-des-cooperatives-ouvrieres-en-quete-de

Notes

[1] Les Fralib étaient 182 salariés au moment de l’annonce de la fermeture de l’usine de Gémenos par Unilever le 28 septembre 2010.

[2] Cette somme fait partie des quelques 20 millions d’euros cédés au final par Unilever aux ex-salariés de Fralib. Il faut y ajouter les indemnités légales et supra-légales des salariés (autour de 10 millions) et la valeur comptable de l’outil industriel - en l’occurrence le site, l’usine et l’outillage, récupérés par la Communauté urbaine de Marseille Provence métropole en septembre 2012 (estimés à 7 millions).

[3] L’usine qui compte six lignes de production distinctes avec des technologies différentes est en capacité de produire 6000 tonnes par an. Au moment de la fermeture en 2010, elle en faisait encore 3000.

[4] Compte-rendu de cette visite à voir sur France 3.

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Depuis 2010, les membres de l’association suivent et soutiennent la démarche des ex-fralibs et ont eu l’occasion de rencontrer les travailleurs en lutte. Une lutte et une victoire symbolique sur laquelle nous nous sommes appuyés pour sensibiliser les citoyens à l’économie sociale et solidaire en France et au Sri Lanka.

Des liens se sont également tissés entre les nouveaux coopérateurs et le WSU. Lors de notre visite dans les plantations nous avons présenté aux travailleurs des plantations la lutte des Fralibs. Pour ces travailleurs la surprise fut de taille : chez vous aussi ? Mais c’est surtout l’occupation et la victoire des travailleurs contre la multinationale qui a beaucoup inspiré les travailleurs et en particulier les syndicalistes du WSU.

Grâce au projet, P. Sivapragrasam du WSU a rencontré et visité l’usine de Géménos en Octobre 2015. Une rencontre assez forte entre des personnes vivant à des milliers de kilomètres mais que le commerce international réunit autour du thé. Cette rencontre et ces échanges d’acteurs impliqués à un bout et l’autre de la chaîne, de la production à la commercialisation en passant par la transformation nous démontre qu’une filière équitable n’est pas seulement possible mais qu’elle se construit chaque jour.

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Nos actions d’Education à la Citoyenneté et aux Solidarités Internationales dans la rue

Lorsque nous avons débuté notre projet nous avons organisé des rencontres dont l’objectif était de sensibiliser le

« grand public » aux conditions de travail dans les plantations et de promouvoir une économie sociale et solidaire.

Pour cela nous nous sommes appuyés sur des documentaires comme le film « The bitter taste of tea » et nous avons invités les acteurs du commerce équitable à présenter leurs démarches.

Des événements classiques de sensibilisation qui n’ont pas vraiment attiré les foules. Nous étions 5 dans la boutique d’Artisans du Monde à débattre du commerce équitable. Nous étions tous d’accord, tous déjà sensibilisés et engagés dans différentes associations. Bref, un débat entre convaincues, une rencontre militante, un « entre nous ».

Pourquoi aller dans la rue ?

Nous nous sommes alors interrogé, mais comment attirer les « gens », se désintéressent-ils de ces problématiques ? Au même moment, grâce au programme Européen « Hemisphères » de l’association Frères des Hommes nous avons découvert les pratiques d’éducation populaire dans l’espace public développées par l’association Matières Prises.

Afin de « rendre sensible » et de « susciter l’intérêt » pour notre projet nous avons donc décidé de nous tourner vers des actions de sensibilisation dans la rue. Afin de ne pas informer un public déjà sensible mais de toucher de nouveaux publics nous avons fait de l’espace public notre terrain d’exercice et d’apprentissage.

Le travail de rue permet avant tout de se rapprocher d’un public hétérogène qui représente mieux la diversité de la société que les cercles militants. L’espace public offre une pluralité des publics en fonction des générations, des milieux sociaux, culturels et politiques. Le fait de travailler avec des passants qui sont libres de toute contrainte est précieux. La participation ou non de ce public est un indicateur sans complaisance et nous invite à nous poser une question cruciale : « Réussissons-nous, oui ou non, à intéresser des gens éloignés de nos préoccupations ? ». Cette question simple constitue la principale difficulté de nos actions.

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Le travail de rue suppose donc de se reposer cette question et de ne pas se « rabattre » sur des publics « captifs ». Le public est dit « captif » lorsqu’il se trouve contraint de participer à un événement, comme à l’école, lors d’une formation au travail ou d’un événement organisé par « notre » association, des amis ou des collègues. Le public non captif renvoie donc au public sur lequel ne s’exerce aucune contrainte et dont la participation est libre et autonome.

De plus le travail de sensibilisation dans la rue nous apprend à travailler sur tous les terrains. Lorsqu’un dispositif

« trouve » son public dans la rue, il est souvent efficace face à des publics captifs ou déjà acquis. Réussir à éveiller la curiosité des publics non-captif et non-acquis revient à développer des compétences d’animation fondées uniquement sur l’habilité pédagogique et non pas sur une connivence amicale ou militante.

Ces actions de rue nous ont également permis de réfléchir à l’utilisation et à l’appropriation des espaces publics par les citoyens. Au travers nos actions nous avons souhaité redonner à l’espace public sa fonction politique et sociale d’Agora. Habiter l’espace public et faire vivre l’espace d’un instant un espace de rencontre, d’échange, de débat pour les citoyens dans la rue est une dimension importante de notre démarche.

De manière pratique nous nous sommes inspirés des résultats de la démarche d’action-recherche que nous avions dvéloppé avec Matières Prises pour le programme « Hemispheres ». Notre logique opérationelle est simple : multiplier les manières d’entrer en relation avec le public. Nous avons donc fait le choix de multiplier les outils afin de nous rendre plus accessible aussi bien aux passants qu’aux participants. L’idée était simple : il nous fallait mieux répondre aux différentes envies et/ou compétences des participants ainsi qu’aux différentes attentes du public.

Pour trouver dans la rue des réponses à ces questions :

- Comment permettre aux passants de s’exprimer et de recevoir de l’information ? - Comment permettre l’expression citoyenne et exprimer simultanément nos positions ? - Comment rendre possible des échanges avec des inconnus ?

- Comment inviter à la réflexion, à la critique et promouvoir des alternatives sans chercher à tout prix à convaincre ? - Comment faire réfléchir et faire ressentir ?

Pour répondre à ces questions nous avons choisi trois dispositifs distints mais complémentaires :

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L’expo de rue : « Bienvenue dans les plantations »

Afin de sensibiliser les citoyens sur les conditions de vie et de travail dans les plantations de thé de thé du Sri Lanka nous avons réalisé une exposition de rue intitulée « Bienvenue dans les plantations ». Mais que peut faire une petite association d’éducation populaire toulousaine face aux millions d’euros que dépensent chaque année les multinationales du thé pour vendre une image idyllique des plantations : eh bien en rire ! Les grandes marques de thé à coup de pub et de slogan informent ou désinforment (c’est selon) les consommateurs sur les pratiques et les démarches éthiques de production. Grâce au WSU nous avons passé du temps dans les plantations et rencontré les habitants des plantations. Bien entendu la réalité est toute autre. Et pour dénoncer ce « Green et Social Washing » nous avons décidé de reprendre les principaux slogans des grandes marques de thé en ajoutant les photos prisent dans les plantations.

Pour ajouter une pointe d’humour et de provocation nous avons utilisé une grand-mère typiquement anglaise buvant son thé pour commenter avec ironie les slogans. Cette exposition a été présentée à plusieurs

reprises dans les rues et permet d’interpeller les citoyens de manière décalée et d’inviter à la réflexion.

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Le jeu Dégusthé et son déroulé

Comment créer des liens entre les conditions de travail dans les plantations de thé au Sri Lanka et la vie quotidienne des Français ? C’est à partir de la consommation de masse de thé comme symbole de la mondialisation des échanges agricoles que nous avons créé le jeu « Dégusthé » pour approcher les citoyens consommateurs et questionner ensemble ce qui se cache derrière notre boite de thé.

Le jeu est basé sur la dégustation de thé et d’infusion, mais pas n’importe lequel. A partir du goût, de l’origine, du mode de production ou du coût nous avons initié des discussions ludiques et informelles avec les passants.

Le principe est simple, il s’agit pour les gens de reconnaitre visuellement, de sentir, puis de goûter deux sortes de thé différents et de comprendre leurs différences. Pour cela nous utilisons des affichettes que les joueurs doivent disposer devant les tasses de thé.

Premier round : Lipton contre le thé SOFA d’Artisans du Monde

La première dégustation met en compétition le célèbre thé à la boite jaune Lipton (propriété de la multinationale Unilever) et le thé noir du Ceylan vendu par Artisans du Monde. Au fil du jeu, de la dégustation, les joueurs découvrent les principales différences, lieu de production, mode de production, label, bio ou pas, lieu de vente, prix etc.. Ces informations sont des prétextes, des portes ouvertes pour entamer des discussions, ajouter des informations, échanger des questionnements ou des anecdotes.

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La première surprise avec la boite de thé Lipton, c’est que l’on ne sait pas d’où provient le thé. La multinationale mélange plusieurs types de thé en fonction des disponibilités et du prix à la bourse.

Une des différences principales est bien sûr le mode de production ; des plantations industrielles ou la main d’œuvre est le plus souvent exploitée comme au Sri Lanka pour le thé Lipton et des coopératives de producteurs pour le thé Artisans du Monde. Cette étape permet d’introduire le concept de commerce équitable et d’introduire une autre différence, celle des labels.

A notre grande surprise, le label Rainforest Alliance est reconnu plus facilement par les joueurs. Ce label a été créé par les grandes multinationales de l’agro-alimentaire pour labelliser une production soutenable. Néanmoins de nombreuses critiques ont été exprimées par les organisations de travailleurs et de consommateurs. Ce label ressemble plus à une opération de communication qu’à une réelle volonté de transformer les conditions de production des produits tropicaux. Le label Max Havelaar lui aussi parfois critiqué par certains acteurs de l’économie sociale et solidaire garanti néanmoins un mode de production plus juste et basé sur les standards du commerce équitable.

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Enfin le premier round se termine avec le prix. A ce moment du jeu vous pouvez présenter les boites aux joueurs afin de les inviter à déchiffrer les informations accessibles aux consommateurs.

Le deuxième round : 1336 vs l’éléphant

Sur le même principe que pour le premier round, invitez dans un second temps les joueurs pour la dernière manche sur les infusions. La fameuse tisane Elephant produite par Unilever dans l’usine Fralib affronte la tisane 1336 de la Scop-ti. Ce round permet de parler de la lutte exemplaire des ouvriers Fralib, de l’aventure de la Scop-ti et surtout de localiser les problématiques à un niveau national et local. L’impact de la mondialisation néo-libérale touche également les travailleurs en France. La mise en concurrence, en compétition des travailleurs et la casse du droit du travail découle des mêmes logiques économiques qui imposent des prix bas et des conditions de travail inhumaines aux ouvriers et producteurs du sud.

De la même façon que pour le premier round, les joueurs devront deviner les différences entre les infusions et placés les affichettes en face d’une des deux tasses d’infusion.

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Afin de terminer le jeu nous avons introduit une question en or :

Pour animer ce jeu il suffit d’une table, de 4 boites de thé et de 4 tasses de thé. Nous conseillons d’animer ce jeu à deux, un animateur et un autre qui accueille les nouveaux participants (et qui explique le jeu aux spectateurs). Nous vous conseillons de choisir vous-même les boites de thé ou d’infusion que vous utiliserez et donc de créer vous- même les affichettes.

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Le porteurs de paroles

Le dispositif dit « porteur de paroles » est un outil d’interaction sociale dans l’espace public qui vise à recueillir et présenter dans l’espace public les paroles d’habitants, de passants. Cet atelier d’expression populaire vise à libérer la parole, provoquer des rencontres, valoriser les points de vue des citoyens et créer un espace d’échange et de discussion. Le porteur de paroles invite les absents des lieux traditionnels d’échange et de participation à réagir et à s’exprimer sur un thème donné. Une question est posée dans la rue sur grand format puis accrochée dans un endroit visible. A la suite d’entretiens intimistes on récolte les avis singuliers des habitants sur leurs lieux de vie. L’affichage des points de vue permet de faire circuler la parole et créer une fréquentation du dispositif propice à d’autres entretiens, aux échanges d’idées et de savoirs et enfin aux débats.

En bref le porteur de paroles c’est un débat de rue, un espace d’expression citoyenne pour faire de la

politique tous ensemble hors les murs !

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Pour nos animations nous avons choisi d’utiliser une question relative à la consommation :

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Le court circuithé

Nous avons créé et animé le court circuithé à partir de 2011 sur des festivals en plein air. En 2012 nous l’avons adapté pour un espace fermé. Cette animation « spectacle » fonctionne très bien auprès d’un public familial mais nécessite une logistique importante et une équipe d’animateurs formés. Nous souhaitions néanmoins vous présentez l’outil car il peut être adapté en fonction du type de produit et de l’équipe d’animateurs.

Les objectifs du triptyque court circuithé

-informer sur les différentes étapes de la filière thé et rendre transparent les réalités de la phase production, de la transformation/conditionnement et de l’acte de consommation du thé.

-informer et sensibiliser aux conditions de travaille des ouvriers agricoles dans les plantations de thé au Sri Lanka et faire remonter de l’information sur la lutte des ouvriers de Fralib pour sauvegarder leur outil de travail

-favoriser l’émergence de lien et d’interdépendance chez les participants entre les différentes oppressions vécues entre les travailleurs Sri Lankais et Français de la filière thé.

-faire émerger un débat d’échanges d’idées sur l’impact de nos consommations et le manque de transparence de l’information que le consommateur dispose sur les produits qu’il consomme ;

En bref !

Le triptyque représente 3 étapes de la filière thé : la production/récolte, le conditionnement et la commercialisation/consommation

Le parcours est constitué de 4 espaces, chaque espace mêle un atelier ludique et un atelier d’échange autour de l’activité abordée :

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- espace production/récolte avec le « le parcours de santhé » et la diffusion du court métrage sur « penjab » accompagné d’une discussion sur les ressentis et point de vue du public autour des conditions des travailleurs dans les plantations de thé.

- un second espace le conditionnement du thé « empaquethé » comprenant un jeu de fabrication de boites et de sachets de thé et un second temps d’écoute et de discussion autour d’une interview sur la lutte menée par les

ouvriers de l’usine Fralib.

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-Un troisième espace matérialisé par un espace centre commercial, le « thé quizz » comprennant un quizz sur les 5 critères de choix d’un produit par les consommateurs et des questions de recherche d’infos sur les conditions de production du thé via des boites de thé commercialisées.

-un quatrième espace, où se déroulera le débreefing du triptyque court circuithé autour de la dégustation d’une infusion locale !

Concept : parcourir la filière thé grâce à trois étapes far de la production, du conditionnement et de la commercialisation. Alterner entre des activités ludiques de mise en situation et des temps d’échanges et d’information sur les réalités de la filière.

L’animateur principal est un guide touristique qui est en fait un agitateur d’échanges et de débats et qui retransmet des infos en complément des ateliers. Il accompagne le groupe dans chaque atelier, explique, anime et il guide le débriefing à la fin des trois niveaux en buvant du thé sous une petite tente.

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La course des paysans

L’animation de la course des paysans est une adaptation du jeu « Elementerre mon cher Watson » développé par l’association Frères des Hommes. Initialement, ce jeu traite les questions d’accès à la terre, mais afin de rapprocher les problématiques abordées aux préoccupations et au quotidien des participants nous avons réalisé une nouvelle version du jeu. Nous avons choisi d’axer le jeu sur la compétition mondiale entre les paysans pour la production de notre nourriture de tous les jours.

Ainsi à travers ce jeu de simulation, les participants découvrent la réalité de différents paysans et les impacts de la compétition mondiale créée par ce marché « globalisé ».

Les participants sont invités à expérimenter et à vivre des situations stressantes, injustes mais également à découvrir des alternatives et des exemples positifs de lutte paysanne et citoyenne.

Dans le cadre du projet « Thé Solidaire ? » nous avons intégré la problématique du commerce mondiale du thé et créer une fiche personnage. Lors du débriefing final nous avons ainsi eu l’occasion de présenter les actions de notre partenaire Sri Lankais, le Workers Solidarity Union et partager nos réflexions sur une consommation critique et le besoin d’une économie sociale et solidaire.

Objectif du jeu :

 Déconstruire le système de l’agro-business et la mondialisation des échanges agricoles.

 Présenter les principales problématiques auxquelles sont confrontés les paysans dans le monde.

 Faire vivre des situations d’inégalités et d’injustices vécues par les paysans dans le monde.

 Illustrer l’impact de la compétition mondiale créée par la libéralisation des échanges.

Promouvoir des alternatives d’économie sociale et solidaire et soutenir la souveraineté alimentaire et l’agriculture paysanne.

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Déroulé du jeu :

Afin de rendre cette fiche d’animation la plus pratique possible, nous présentons les grandes étapes du jeu et son déroulé d’animation. But du jeu

 Dans une course relais, chaque joueur interprète un personnage et doit remplir le plus rapidement possible un seau en récupérant de la terre dans le bac collectif.

 Entre chaque course le « maître du jeu » modifie la partie et introduit des événements qui vont bouleverser la situation de chaque participant (ces événements sont inspirés de faits réels).

Le gagnant est celui qui a rempli avec le plus de terre son seau individuel.

Thèmes abordés :

Agriculture paysanne

Mondialisation des échanges agricoles

Libéralisation et libre échange

Economie sociale et solidaire

Commerce équitable

Agriculture biologique et locale

OGM Public :

Ce jeu est adapté à un public de plus de 15 ans. Le nombre de participants peut varier de 07 à 15 joueurs (grâce à la possibilité de créer des équipes, notamment pour la coopérative Guinéenne).

Durée du jeu :

La première partie du jeu dure généralement de 30 à 60 minutes. Pour la deuxième partie dédiée au débrieffing, elle dure en fonction de la disponibilité et du type de public (captif ou non) de 15 à 60 minutes.

Matériel et espaces nécessaires :

Il n’y a pas de matériel bien défini et nous conseillons à chaque équipe d’animation d’utiliser et de ré-utiliser le matériel existant et que vous possédez. Pour stocker la terre, vous pouvez utiliser par exemple, une vieille baignoire, une petite piscine gonflable, quatre planches, une grande jardinière etc…

Chaque participant doit avoir un seau qui peut également être une cagette de bois (fermer avec un peu de carton) et son matériel spécifique (voir fiche personnage). Pour le matériel « de production » nous vous conseillons de chercher dans le grenier des jouets de plage ou de trouver votre bonheur lors de la brocante du village.

Pour l’animation du jeu, vous aurez besoin d’un espace d’environ 20 mètres carrés que vous pouvez délimiter avec par exemple un vieux tuyau d’arrosage. L’important est que les participants puissent courir sans heurter d’autres passants.

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Préparation de la course et répartition des rôles des animateurs

Ce jeu doit être animé au minimum par deux animateurs. Le premier et principal animateur du jeu est « le maître du jeu ». Il dirige la course et le jeu. Il explique les règles du jeu, distribue les cartes personnages, donne le tempo du jeu (top départ, événements etc..) et donne le rythme du jeu pour faire monter la pression et enfin il désigne le gagnant.

Le maître du jeu doit également tenter de « théâtraliser » la course et d’interagir avec les spectateurs. Il doit expliquer et répéter afin d’essayer au maximum d’inclure et de sensibiliser le public. Il doit aussi accentuer les situations et créer des frustrations en avantageant ou non certains joueurs.

Enfin, le maître du jeu doit surtout créer une situation informelle et ludique propice à la simulation. Il doit parfois être sarcastique et ironique pour accentuer les déséquilibres. Son rôle est également celui d’expliquer avec des mots simples les événements parfois complexes.

Pour cela il est secondé par « l’arbitre du jeu ». Ce deuxième animateur assiste et aide le maître du jeu à définir les règles, répartir le matériel et introduire les changements créés par les différents événements. L’arbitre doit également faire respecter les règles et à la fin de chaque tour, distribuer des pénalités. Les entorses aux règles (triches, vols de terre etc…) auront également un rôle important lors du débriefing.

L’arbitre a un rôle plus neutre et moins provocateur, et cela sera donc à lui d’animer une discussion informelle mais sérieuse lors du débriefing.

Les autres animateurs ont un rôle d’observateurs lors de la course et de rapporteur lors du débriefing. Ils sont également situés en marge de la course de façon à expliquer aux spectateurs la situation. Ils sont souvent les meilleurs

« rabatteurs » pour la course suivante. Ils peuvent également endosser un rôle lors des événements ou lors de la course (la jolie jeune fille barbue qui porte le panneau des rounds comme lors des matchs de boxe).

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L’accroche du jeu

Cette deuxième étape est essentielle pour poser les bases du jeu. Elle permet d’introduire la problématique de la mondialisation des échanges agricoles et du pourquoi de la course des paysans. Lors de cette étape, les animateurs attirent bien souvent les derniers participants. Pour introduire le jeu, les animateurs peuvent partir du dernier petit déjeuner pris par un des participants (un thé, des céréales, du nutella et du pain) pour questionner les autres sur l’origine des produits. Cette question anodine permet de créer un lien entre les participants et les différents personnages qui produisent l’alimentation dans le monde.

L’objectif de cette courte deuxième phase est de faire entrer peu à peu les participants dans le jeu et de les faire devenir des joueurs prêts « à mouiller le maillot ».

Distribution des personnages et présentation des règles

Avant de débuter la course, il convient de distribuer les fiches personnages. Lors de la deuxième phase, le maître du jeu a déjà une petite idée du profil de certains participants. Il y a toujours dans un groupe des personnes plus à l’aise, plus réservé, certains se mettent plus en avant que d’autres. Le maître du jeu aura peu de temps pour attribuer les personnages et devra s’appuyer sur sa première impression pour « choisir » les rôles de chacun. Il devra par exemple séparer des couples ou des groupes d’amie()s ou au contraire conserver ces groupes. Il devra choisir des personnes visiblement athlétiques pour certains personnages et proposer des personnages plus

« tranquilles » pour des personnes plus âgées.

Une fois avoir expliqué que chaque joueur « interprétera » un rôle, il est important d’expliquer que les participants ne sont plus eux-mêmes mais qu’ils doivent à partir de maintenant agir en fonction de leur personnage. L’arbitre explique ensuite que chaque joueur est dorénavant un paysan dont la fonction est de produire. La production agricole est symbolisée par la récolte de terre. L’objectif du jeu est donc de produire le plus possible et donc de remplir le plus possible son seau.

Les « nouveaux » paysans reçoivent donc leur fiche personnage qu’ils lisent individuellement. Les animateurs s’assurent que chaque joueur a bien compris sa fiche et invitent ensuite chaque joueur à se présenter au reste du groupe en expliquant sa nationalité, la nature de la production, le mode de production et son matériel.

Une fois les présentations faites, les animateurs distribuent le matériel à chaque paysan et les place près de leur seau sur la ligne de départ.

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La course

La course se déroulera en 4 rounds d’une minute environ, pendant lesquels les paysans devront le plus vite possible courir pour remplir leur seau de terre. Après chaque round, le maître du jeu fera un point sur la situation et sur la course. L’arbitre quant à lui rapportera les éventuels « entorses » aux règles et attribuera des pénalités à certains joueurs. Enfin entre chaque round, le maître du jeu introduira des événements qui bouleverseront les situations (voir fiches événements). Chaque joueur recevra un bonus ou un handicap pour la suite de la course. Une fois les évènements introduits, la course peut reprendre.

La fin du jeu (and the winner is…)

Une fois le dernier round terminé, les joueurs sont invités à rejoindre la ligne de départ afin de faire le point sur la quantité de terre produite durant la course. Le maître du jeu commence par les paysans ayant le moins produit et termine par l’annonce du vainqueur.

A ce moment-là, le maître du jeu annonce la fin officielle du jeu et invite les joueurs à « sortir » de leurs rôles. Mais l’animation n’est pas finie et les participants sont invités à s’assoir en cercle pour un temps d’échanges.

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Le débriefing

La deuxième partie, dite « débriefing » est la partie la plus importante et intéressante de l’animation. La course est en effet une excuse pour illustrer les déséquilibres agricoles mondiaux et de susciter une discussion. Dans la rue, il n’est pas facile d’assurer cette transition. La course est un moment ludique, dynamique et physique. Le maître du jeu doit alors faciliter une transition vers un moment d’échange et de partage plus calme. Pour cela, nous conseillons de préparer l’espace débriefing avant le début de la course. Des chaises disposées en cercle et un verre d’eau permettent de créer de manière simple une atmosphère plus propice à l’échange.

Découvrir l’envers du décor

La première phase du débriefing débute par un échange sur les ressentis des participants. Commencez par questionner les joueurs et donnez l’opportunité à tous d’exprimer leur ressenti personnel. Ces émotions, comme la colère, la tristesse, l’ennui ou l’énervement seront des points sur lesquels vous pourrez rebondir lors des phases successives.

Utilisez des questions simples comme par exemple : Comment vous sentez vous ? Comment avez-vous vécu le jeu ? Comment avez-vous vécu votre personnage ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours du jeu ou comment avez- vous vécu l’annonce des résultats du jeu ?

Les animateurs et en particulier ceux qui ont observé le jeu font part de ce qu’ils ont observé et noté tout au long du jeu comme les stratégies de groupe, les comportements des joueurs. Ils peuvent également citer les phrases clés et amusantes sans forcément citer leurs auteurs.

Cette phase permet à tous de prendre du recul par rapport à ce qui vient d’être vécu et de sortir du jeu. Ce premier temps est donc dédié aux impressions sur le jeu.

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Déconstruire le jeu

Cette deuxième phase vise à impliquer les participants dans des réflexions autour des problématiques alimentaires et agricoles. Il convient donc d’interroger les participants sur ce qu’ils ont compris du jeu avec encore une fois des

questions simples :

Pensez-vous que ces événements sont réels ?

D’après-vous que représente la terre dans ce jeu ?

Quelle réalité est illustrée dans ce jeu à travers les handicaps imposés aux joueurs ?

Pensez-vous que le jeu reflète la réalité ?

Que représentent les outils dans le jeu ?

L’animateur aura pour rôle de rebondir sur les réponses des participants pour clarifier ou illustrer les liens du jeu avec la réalité.

Son rôle sera également de définir certains concepts ou éclaircir par des exemples concrets des situations du jeu.

Les animateurs présenteront pour chaque joueur les problématiques soulevées par le jeu, comme les OGM pour Haiti, l’accès à la terre au Brésil, l’impact du libre-échange en Guinée, les conditions de travail au Sri Lanka, l’agriculture industrielle, intensive et polluante en Espagne, la rémunération et le juste des prix payés aux paysans en France etc…

Lors de ces échanges, les participants ont bien souvent des choses à partager et cela sera au groupe de décider sur quelles problématiques l’échange portera. Chaque groupe est différent et par conséquent chaque débriefing l’est également.

Débattre et discuter

Les échanges suscités par la deuxième phase permettent une transition naturelle vers une phase d’échange plus libre et plus informelle. N’hésitez pas à créer des petits groupes de discussion en fonction des centres d’intérêt des participants. L’avantage d’être plusieurs animateurs est de permettre de conduire des discussions plus intimes en

petit groupe.

Les animateurs doivent inciter les participants à exprimer leurs points de vue sur la situation et à partager leurs expériences relatives au sujet. Le lien avec la consommation est souvent une porte d’entrée facile pour créer de la proximité entre les joueurs et les personnages du jeu.

Lors de cette troisième phase certains joueurs qui ont peut-être moins de temps que les autres en profiteront pour vous saluer.

Ne faites donc pas durer cette phase trop longtemps et au premier signe invitez l’ensemble du groupe à une dernière réflexion collective avant de se quitter.

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