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La danse sur le volcan : Istanbul (1918-1923)

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Academic year: 2022

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LA DANSE SUR LE VOLCAN : ISTANBUL 1918-1923 UNE CAPITALE SOUS OCCUPATION

14 novembre 2018, Salons de l’INALCO

ANASTASSIADOU, Méropi, INALCO-CERMOM

Re-Constantinople après Istanbul. Les représentations de la Ville dans Logos, revue littéraire grecque à l’époque de l’Occupation alliée (1919-1923).

Logos est parue à Istanbul juste après le traité d’armistice de Moudros (30 octobre 1918).

Dirigée par I. Chalkousis et O. Bekes, cette revue qui dominera l’espace littéraire grec de la ville jusqu’à la Katastrofi de 1922, se fixe comme objectif, dès le premier numéro, de

« rassembler autour d’un centre éclairé ceux qui ressentaient le besoin de libérer l’âme nationale du sommeil de l’indifférence et de l’esclavage de la tolérance » (sic).

A travers cette communication, il s’agira de voir si et comment est esquissée la Ville, lorsque celle-ci redeviendra grecque à l’issue de la phase transitoire et incertaine de l’Occupation. Y a-t-il des projets d’avenir, ne serait-ce qu’approximatifs ou balbutiants, qui se laisser dessiner à travers les pages de Logos ?

BOSSAERT Marie, École Française de Rome

Tous Italiens ! La politique de protection et de nationalisation italienne dans Istanbul occupée.

Durant l’occupation d’Istanbul, de multiples demandes de protection et de nationalisation (cittadinanza) parviennent aux autorités italiennes. Elles sont le fait de sujets ottomans. Je propose d’étudier ce phénomène et la politique italienne, singulièrement généreuse, en la matière, à partir des archives du ministère des Affaires étrangères italien, notamment des fonds de l’Ambassade d’Italie en Turquie. Ces derniers contiennent les dossiers de demande.

Les individus qui effectuent ces demandes sont d’origines géographiques et ethno- confessionnelles multiples : Musulmans, Arméniens (catholiques, mais pas exclusivement), Levantins aux très lointaines origines italiennes…

Je m’efforcerai en premier lieu de quantifier et de caractériser ces origines. J’analyserai ensuite les stratégies d’obtentions et les moyens, réseaux et argumentaires mis en œuvre à fin d’obtenir ces changements de cittadinanza, par exemple via l’élaboration d’un discours des origines, ou la revendication du statut prétexte de « Tripolino », sur lequel parient bien des acteurs. J’étudierai enfin la politique de l’Italie en matière d’octroi de protections et de nationalité, et ses effets sur le terrain – une Italie présentée par les principaux intéressés comme « un Etat équitable et humanitaire », faisant preuve d’une « attitude bienveillante […]

envers les musulmans en vue de faire disparaître la politique d’oppression de certaines nations sur l’élément turc et musulman ».

CHAUVIN Frank-Olivier, Normandie Université

La surveillance des réseaux bolchéviques à Constantinople par les interalliés (1919-1923).

Acteurs, Structures et Interaction conflictuelle

Il s’agit tout à la fois d’étudier tant les contrôles, pratiques et usages mis en place par le corps d’occupation interallié à Constantinople que les expériences vécues, les raisons d’agir et les

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visions du monde des bolchéviques dans la capitale de l’Empire ottoman. Dans une volonté comparatiste mais également transnationale, il est proposé de mener une étude sur les réactions des partis socialistes et communistes sur ce temps de réajustement des « montres et des pendules ».

A partir d’un travail croisé des archives du Foreign Office, de Vincennes et des fonds italiens, il est proposé d’étudier les mécanismes et processus mis en place par ces trois Etats afin de procéder à la surveillance des réseaux bolchéviques à Constantinople. L’intérêt d’une telle étude est de confronter les intérêts partagés des acteurs tout en éclairant par leurs identités politiques leurs intérêts singuliers. L’on viendra tout à la fois s’intéresser au site du conflit et aux conditions des caractéristiques liées à la politique du conflit. Le deuxième axe vient s’intéresser à la base du mouvement social bolchévique à Constantinople : quels en ont été les acteurs, les structures et les interactions avec ces forces d’occupation.

Le second intérêt est de décentrer le regard du site de conflit en s’intéressant aux structures d’opportunité politique des socialistes de ces trois pays. En d’autres termes, quelles ont été les mobilisations et mécanismes, les répertoires de conflit et les représentations du conflit des socialistes français, anglais et italiens et comment ont-ils influé sur la campagne du mouvement social ? Pour ce faire, l’étude de la presse socialiste sera un atout précieux tout comme les rapports de congrès nationaux ou internationaux.

LE BRAS, Claire, Université de Nantes

Istanbul sous administration alliée : les hauts-commissariats français, britannique et italien.

La défaite de l’Empire ottoman dans la Grande Guerre ouvre les portes de sa capitale aux forces alliées qui occupent Istanbul dès le mois de novembre 1918. Aux côtés des commandements militaires, Français, Britanniques et Italiens installent des hauts- commissariats, administrations complexes appelées à remplir des missions variées. A la tête du corps diplomatique, les Hauts-Commissaires sont dotés d’un rôle politique majeur dans l’administration de la capitale ottomane occupée. Au moyen de la conférence hebdomadaire des Hauts-Commissaires et des différentes commissions interalliées, ils sont chargés de veiller au respect des clauses de l’armistice et prennent en charge les questions diplomatiques, commerciales, industrielles, financières, judiciaires etc. Agissant dans un premier temps sous le régime de la commission d’armistice, les Hauts-Commissariats voient leurs missions progressivement élargies avec la prolongation de cet état d’armistice, avant d’être peu à peu limitées par la montée en puissance du gouvernement turc en Anatolie.

A partir des archives des hauts-commissariats (français notamment) notre communication se propose de mettre en évidence les caractéristiques, le champ d’action et le profil de ces administrations ad hoc durant l’occupation d’Istanbul.

ELIE, Bruno, EHESS-CETOBAC

L’exode des Russes Blancs vers les Détroits et Constantinople.

Quand, à la suite de la Révolution, les Armées Blanches du Sud de la Russie ont dû se replier, la direction principale de retraite a été pour eux vers les Détroits et Constantinople. Les Détroits étaient la route vers le « monde libre », Constantinople était la « Tsargrad » de leurs rêves, actuellement occupée par leurs Alliés occidentaux, qui ont pris le contrôle de la ville en mars 1919. Dès avril 1919 des « personnes de qualité » sont évacuées de Crimée. A l’automne

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Mer Noire. L’Armée de Wrangel quitte la Crimée en novembre 1920 : 126 navires transportent 146.000 personnes, environ 70.000 soldats encadrés, et à peu près autant de familles et civils.

Les militaires sont répartis dans des camps hors la ville, les civils s’incrustent dans Constantinople tant qu’ils en ont les moyens pécuniaires. Tous cherchent à partir plus loin vers l’Europe ou l’Amérique mais il faut trouver comment.

Le commandement de l’Armée Blanche cherche à faire accepter des unités constituées dans les pays slaves du Sud. En décembre 1921 les camps militaires sont presque vidés mais, à l’été 1922, il y a encore environ 30.000 civils russes à Constantinople.

HITZEL, Frédéric, CNRS-CETOBAC

L’art en coulisses : rencontre artistique inattendue dans Istanbul occupée, à l’origine d’une émergence créative

L’Institut byzantin d’Amérique (The Byzantine Institute of America), à l’origine installé à Boston (de nos jours implanté à Georgetown, près de Washington D. C.), a été créé en 1930 par l’américain Thomas Whittemore (1871-1950). Cet archéologue, philanthrope, défenseur du patrimoine est connu pour son rôle dans la sauvegarde et restauration des mosaïques de Sainte-Sophie et de Saint-Sauveur-in-Chora (Kahriye Cami) d’Istanbul.

Pour comprendre et retracer l’histoire des études byzantines sur le sol américain, il faut prendre en considération l’histoire de l’émigration russe à Istanbul, au moment où la capitale ottomane est devenue le point de passage et de ralliement pour les restes de l’armée blanche en déroute fuyant la Russie bolchevique. Au début des années 1920, Whittemore s’était installé à Istanbul où, dans le cadre d’un Comité de soutien aux enfants russes (Committee for Relief of Russian Children), il mettait en place des écoles pour les enfants des réfugiés.

Dans le même temps, Whittemore collecta des informations sur les monuments byzantins et se mit en contact avec un grand nombre de Russes, dont certains deviendront, plus tard, ses collaborateurs à l’Institut byzantin d’Amérique, mais également dans sa branche parisienne, la Bibliothèque byzantine du Collège de France.

Parmi les contacts noués dans le chaos d’Istanbul figurent quelques artistes, notamment Nikolaj Karlovic Kluge, Dimitrij Ismaïlovitch et surtout Alexis Gritchenko (1883-1977), un peintre d’origine ukrainienne. Depuis ses débuts à Moscou, Gritchenko, proche des cubistes français et russes, avait élaboré une synthèse de la tradition orientale (art byzantin et russe ancien) avec le modernisme européen. Il décrit son séjour à Constantinople dans un livre Deux ans à Constantinople (Paris, 1930), qui reprend son journal de 1919 à 1921, dans lequel il raconte ses difficultés pour survivre par ces temps difficiles, mais également sa joie de déambuler dans les rues d’Istanbul, de découvrir les mosaïques et fresques des monuments byzantins. Au cours de ces deux années, il rejoignit une association de peintres russes et turcs, fréquentée par des grands noms de la peinture turque naissante, notamment Ibrahim Çallı (1881-1860). Notre intervention cherchera à retracer l’histoire inattendue de ce bouillonnement artistique russo-turc pendant l’occupation d’Istanbul.

IBRAHIMOV Ibrahim, Normandie Université

Pratiques culturelles et lieux de sociabilité à travers les loisirs pendant l'occupation interalliée à Constantinople (1918-1923). Entre pratiques anciennes et nouvelles, locales et étrangères. Transmissions, Usages et Intégration

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Occupée par les interalliés entre 1918-1923, Istanbul continue à vivre pleinement sa vie culturelle enrichie par l’introduction de nouvelles modes issues des occupants européens mais également par l’arrivée massives des Russes, conséquence de la Révolution bolchévique.

Mémorisée par les écrivains, les journalistes et de nombreux autres acteurs, la vie sociale de cette époque a provoqué une dichotomie entre les conservateurs d’un côté et les progressistes de l’autre. Les premiers percevant une « chute de la morale » tandis que les seconds considérant cette époque comme une étape nécessaire, qu’elle soit voulue ou imposée, vers la modernisation.

Cette recherche souhaite étudier les lieux de sociabilité et les pratiques inhérentes aux loisirs à la fois de la population locale et étrangère ainsi que de leurs échanges culturels pendant l’occupation. L’établissement de nouveaux lieux de sociabilité comme les plages, le cinéma, le ballet, l’opéra, les concerts, les expositions est concomitante avec l’arrivée de nombreuses cultures. Cette pénétration d’idées s’inscrit néanmoins dans un cadre existant et doit coexister et s’adapter à d’anciennes pratiques et lieux de sociabilité existants comme la chasse, la pêche, le pique-nique, les bars (meyhane), les restaurants, les casinos, les maisons de tolérances, les promenades, etc. Ces nouvelles pratiques et ces nouveaux échanges culturels ont certainement influencé la vie sociale d’Istanbul créant de cette confrontation entre le nouveau et l’ancien, entre le local et l’étranger de nouvelles pratiques donnant à Istanbul, un caractère à nul autre pareil. C’est durant ce temps d’ajustement des montres et des pendules que s’inscrit notre étude.

Pour construire une représentation culturelle d’Istanbul occupée, la recherche s’appuiera sur les documents de l’époque comme les rapports militaires, la presse mais également sur des sources secondaires comme la littérature grise et les récits des témoins : voyageurs, mémoires des locaux et des étrangers.

MUHIDINE, Timour, INALCO-CERMOM

Ecrire l’occupation : les auteurs turcs montrent les dents

À partir de 1918, la république des lettres entre en militance : soutenant la révolte en Anatolie ou se moquant des Kémalistes avant de les critiquer avec véhémence, les écrivains qui souvent participent à la presse particulièrement vivace d’une période où s’entremêlent liberté et censures diverses, vont accéder à une expression politique inédite depuis le début de la guerre. A travers le nationalisme anti-impérialiste de Yakup Kadri, les diatribes de Süleyman Nazif et de Halide Edip ou les persiflages de Refik Halit Karay, la littérature réussit à exprimer une pluralité de voix qui fondent sa modernité. Dans ce moment-clé de naissance de la nation, la langue elle-même connaît un bouleversement en profondeur, attesté par les choix esthétiques des prosateurs pendant (et après) la période d’occupation.

STRAUSS, Johann, Université de Strasbourg

Les Années de l´Armistice à Istanbul : chant de cygne de la littérature minoritaire.

La contribution se propose de décrire l´activité littéraire des minorités linguistiques et non- musulmanes à Istanbul pendant la période connue comme les “Années de l´Armistice”

(Mütareke Yılları). On ne s´étonnera peut-être pas de voir pendant cette période une floraison tout-à-fait remarquable chez les Grecs et les Arméniens de ce qui est toujours la Capitale ottomane, mais on constate à la même époque aussi chez des Musulmans, comme les Kurdes ou les Caucasiens (Circassiens, Abkhazes), des développements inédits tels que le processus

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d´une première littérarisation ou les premières tentatives de mise en valeur du patrimoine littéraire par la publication des grandes œuvres du passé.

Cette floraison se terminera brusquement avec la victoire kémaliste en 1923 qui entraînera un nouvel exode et mettra fin, pour les musulmans, à toute activité littéraire dans d´autres langues que le turc.

SZUREK, Emmanuel, EHESS-CETOBAC

Jean Deny occupe Constantinople, Istanbul occupe Jean Deny.

Je présenterai pour la première fois les traces (photographiques, iconographiques, archivistiques, bureaucratiques) laissé par Jean Deny au cours des six mois qu’il passe à Istanbul en tant que turcologue, officier interprète du corps expéditionnaire, touriste, agent de renseignement et homme du monde. Je m’appuierai sur deux fonds principaux : les archives privées de Jean Deny (EHESS) ; les archives du SHD (Vincennes). L’objectif est l’écriture d’un gros article sur l’incidence plus large de l’expérience de guerre sur le façonnement de la turcologie de langue française.

TOUMARKINE, Alexandre, INALCO-CERMOM

Chasse à l’homme dans Istanbul occupée: la traque des soldats de l’Entente démobilisés par les armées d’occupation.

Antoine Kope a grandi à Péra et Salonique. C’est un sujet stambouliote... de l’Empire des Habsbourg. En dépit du fait qu’il ne parle ni l’allemand, ni le hongrois, ses origines hongroises du côté paternel l’amènent à servir l’armée austro-hongroise en Palestine en 1917, tâche dont il s’acquitte avec détermination, au nom d’une loyauté à la dynastie des Habsbourg, avant d’être rapatrié à Constantinople.

Dans ses mémoires inédits, il fait le récit du délitement et de l’éclatement du corps expéditionnaire austro-hongrois présent dans la capitale ottomane, après la défaite des empires centraux et de leur allié ottoman. S’appuyant sur ses mémoires, cette communication évoquera le sort des soldats austro-hongrois que la police interalliée des forces d’occupation traque pour les renvoyer dans leur "pays d’origine", en fait toujours un État nation nouvellement créé en 1919.

D’origine française par sa mère, Antoine Kope pourrait, pour obtenir protection et emploi, comme son père mourant l’y invite, mettre à profit sa parfaite francophonie, les origines maternelles, mais aussi les contacts paternels noués autrefois avec des officiers français ayant servi en Macédoine dans les années 1900. Il finit, à contre-cœur, par y consentir, mais la chasse à l’homme qui sévit dans la capitale, et la rancune des anciennes maîtresses et petites amies rûm des soldats des puissances centrales ruine ses efforts.

Le cas de Kope met en lumière, pour la période de l’occupation d’Istanbul, le climat de revanche, mais aussi et surtout les négociations identitaires des anciens soldats austro- hongrois ou allemands résidant à Péra, des soldats porteurs d’identités multiples que l’écroulement des Empires multinationaux en 1917-1918 rend plus complexe.

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