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Tensiomètre à lame flexible pour la mesure des tensions
superficielles
Henri Lemonde
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ETLE RADIUM
TENSIOMÈTRE
A LAME FLEXIBLE POUR LA MESURE DES TENSIONS SUPERFICIELLESPar HENRI LEMONDE.
Institut de
Physique atomique.
Faculté des Sciences deLyon.
Sommaire. 2014
L’appareil décrit ici consiste dans l’utilisation de la flexion d’une lame métallique à la mesure
de la tension superficielle des liquides, par une méthode d’étirement. Ce dispositif possède, sur les autres appareils
utilisés, l’avantage de réaliser l’équilibre des forces antagonistes, en évitant les oscillations du système
suspendu à la lame. L’opérateur n’agit que par abaissement progressif de la cuve contenant le liquide. La force d’étirement du liquide fait fléchir la lame. Le repérage, à l’aide d’un microscope, d’un micromètre objectif fixé sur la lame, permet d’évaluer un déplacement de celle-ci, inférieur au 1 /100 mm.
Cet appareil offre donc la possibilité d’une étude détaillée entre les forces d’étirement et la forme de la nappe liquide soulevée suivant le système adopté pour l’étirement.
L’approximation des mesures, de l’ordre du 1 /100, est suffisante, en pratique.
SÉRIE VII. TOME IX. N° 12. DÉCEMBRE 1938.
Introduction. ---
Bien que la méthode de me-sure de tensions
superficielles
desliquides
pararra-chement ne soit pas nouvelle et
qu’elle
ait faitl’objet,
de travauxanalogues
depuis
mapublication
d’il y aneuf ans
(Bull.
Soc.Franç.
Phys., 1929,
p. 55S.), je
crois
qu’il
peut
êtreutile,
pour lesexpérimentateurs
que ces mesures
intéressent,
de décrire un instrumentde construction très
simple,
basé sur la flexion deslames
métalliques.
Parmi les diverses méthodes utilisées pour la mesure
des tensions
superficielles
deliquides, figurent, depuis
longtemps déjà,
cellesqui
consistent à tirer une lame minceliquide
à l’aide desystèmes
filiformes divers(rec-tangle
ou anneauetc.),
La valeur de la tensionsuper-ficielle A s’obtient par étirement de lames minces de
liquide,
formées dans des cadres dont on fait varie la distance à la nappeliquide.
On écrit que le travail d’étirement de la lame
mince,
considéré comme leproduit
de la force Fappliquée
à la lame par sonallongement
h,
estpro-portionnel
à l’accroissement de surface :l
largeur
intérieure ducadre ;
on introduit lecoeffi-cient
2,
car il y a deux surfaces libresagissantes.
Lesexpériences
de Van derMensbrugghe
(1),
qui
utilisait deux cercles horizontaux et de
Terquem (2)
(i) VAN DER MENSBRUGGHE. Phil. Mag., 1867, p. 270.
(2) TERQUEM. Journ. de Phys., 1878, p. 406.
qui
formait un cadreplan
à l’aide de deux filsrigides
parallèles
reliés par des filssouples,
sontdepuis
long-temps
classiques.
La force d’étirement était obtenueà l’aide de
poids placés
dans unplateau
fixé à la par-tie inférieure dudispositif.
L’une et l’autre de cesméthodes
(rectangle
ouanneau)
se sontperfection-nées
parallèlement.
Proctor Hall(3),
sous lasuggestion
du
professeur
Michelson,
arepris
l’.étude à l’aide d’unfil formantun
rectangle
verticalqu’il
retirait duliquide
jusqu’à
laformation, près
del’arrachement,
d’une lame mince. Il utilisait la relation F = 2 Al l maistenait finalement
compte
de l’influence desparties
verticales du cadre et de celle du diamètre du fil le formant.La force
appliquée
aurectangle
retiré duliquide
est
généralement
mesurée à l’aide d’une balance. On saitdepuis
longtemps
déjà
que cette force passe parun maximum au cours de l’étirement du
liquide.
Ij’auteur a discuté la
question
de savoir si les mesuresde tensions
superficielles
étaientplus
correctes enprenant
pour valeur de la forceF,
soit la valeur de sonmaximum,
soit la valeurqu’elle
présente
au momentde l’arrachement
lorsque
la lameliquide
serompt.
Développant
la théorie dans le cas durectangle,
il déduisait la valeur de A en utilisant la valeur deF lors de son maximum. Il concluait que les mesures
à l’arrachement donnaient des résultats
plus
satisfai-sants que celles relatives au maximum de
force,
mais(3) PROCTOR HALL. Phil. Mag., 1893, t. 36, p. 385.
506
que les
premières
étaient limitées auxliquides
donnantdes lames minces
persistantes.
Sa méthoded’arrache-ment ne
pouvait
pass’appliquer, d’après
lui,
àl’al-cool,
àl’éther,
au chloroforme et auxliquides
simi-laires pour
lesquels
la lame mince serompt
dès ledébut de sa formation.
Au
contraire,
Lénard et ses collaborateurs(4)
ontrepris
la méthode d’étirement au maximum deforce,
ont délaissé
l’arrachement,
montrant que les calculsqui
font intervenir lapression hydrostatique
nes’ap-pliquent
plus
à ce cas. Leurthéorie, plus poussée,
leurpermet
de calculer les termescomplémentaires
et ilsparviennent
à une relation assezcompliquée.
Ces derniers auteurs tiennent
compte
de l’action desparties
verticales ducadre,
de lapoussée
duliquide
sur la
partie immergée
de cecadre,
et obtiennent des corrections assez sensibles sur la valeur de1 prise
pri-mitivement comme
longueur
du cadre.Proctor Hall fait remarquer que la
partie
inférieure horizontale du cadrepeut
êtresupprimée
sansincon-vénient. De leur
côté,
Lénard et ses collaborateursmontrent que le cadre doit être
rigoureusement
rec-tangulaire,
que le filsupérieur
horizontal servant aux mesures doit être très fin etqu’il
y a intérêt à l’assem-bler sur les montants verticaux de lafaçon
suivante :on perce ..IL ces montants de telle sorte que le ..IL trou soit
plus grand
àl’extérieur,
et onplace la souâure
à l’ex-rieur. Le fil doit être bientendu;
s’il estincurvé,
la tensionsuperficielle
mesurée esttrop
faible. Lediamè-tre du el formant cadre est
pris plus grand
pourmain-tenir la
rigidité
dusystème.
En ce
qui
concerne la méthode del’anneau,
Son-dhaus(5)
l’employait
à la mesure de A dès 1878. Ilmesurait la force d’étirement avec une balance.
Timberg
(6)
et Cantor(’)
utilisaient,
comme Proctor Hall, la valeur de la force lors du maximum. La théorie del’anneau, développée
parCantor,
a étéreprise
beau-coup
plus
tard par Harkins et ses collaborateurs. Harkins et Jordan(e)
en1930,
indiquent
que l’onpeut
employer l’équation
F = 2 Alquand
F estmaximum,
à condition de
multiplier
le terme 2 Al par un facteurde
correction,
qui dépend
desrapports
r ~R
etR3 IV
(r
rayon du
fil,
R rayon del’anneau,
V volumemaxi-mum de
liquide
soulevé).
L’introduction de ce facteur de correction est
justi-fiée par le fait que les
phénomènes
sont d’uneplus
grande complication
dans le cas où l’on utilisel’anneau,
que dans le cas du
rectangle,
comme nous le verronsplus
loin.Il
apparait
donc que lesexpérimentateurs, après
avoir utilisé la méthoded’arracl~ement,
ontpréféré
la méthode d’étirement duliquide,
la mesure étant faite (’j LENARD, DALL~’I~rz-~’VEC~N~~ et E. ZACHMANN. Ann. derPhysik, 192~, t. 74, p. 381.
(Ô) S~:VnHAUS, Pogg. Ann., 1878, p. 266.
(6) TiMBERG. Wied. Ann., 1887, t. 30, p. 545.
(7) CANTOR. Wied. Ann., 1892, t. 47, p. 399.
(~) HARKIS et JORDA:"i. Am. Journ. Chem. Soc., 1930, t. 52, p, ~ 751.
lorsque
la force d’étirement est maxima. Ils ont obtenu ainsi une évaluationpl us
précise
de la force F et destermes
complémentaires.
Mesure de la force F d’étirement ou
d’arra-chement. - Pour mesurer avec
précision
laforce,
soit à
l’arrachement,
soit aumaximum,
on a utilisé labalance. Mais l’inconvénient
marquant
de cedispositif
réside dans
l’impossibilité
d’obtenir une variationcontinue de la force par suite de l’utilisation de
poids.
Cettediscontinuité,
sipetite
qu’elle
soit,
ainsi que lesoscillations
quelle
amorce, entraînent une instabilitéparticulièrement
gênante lorsqu’il
s’agit
d’équilibrer
des lames minces de
liquide.
Une faible oscillationprovoque souvent la
rupture
de ces lames. Cetincon-vénient est très atténué lors de la mesure au maximum
de la
force,
car, d’unepart,
le maximum est trèsaplati,
et,
d’autrepart,
unequantité
deliquide
plus
grande
adhère au fil et accroît la stabilité du
système.
Une amélioration sensible a été
apportée
parl’emploi
de balances à chaîne ou par celui d’un fil de torsion comme dans le tensiomètre de Lecomte du
Ncüy
(9)
dont le
principe
est le suivant : Unetige rigide,
hori-zontale,
fixée à une de ses extrémités à un fil d’acier au milieu de cedernier,
supporte
à l’autre extrémité un anneau deplatine
de 4 cm de circonférence.L’anneau étant
plongé
dans leliquide,
on abaisse laplate-forme
surlequel
celiquide
estplacé,
et,
en mêmetemps,
pour conserver l’horizontalité de latige rigide,
on tord le fil d’acier au moyen d’un écrou. La torsionde ce
fil,
utilisée pour souleverl’anneau,
contrebalanceà
chaque
instant l’action inverse due auliquide
soulevé.
Mais le
principe
même de cetappareil
fait naîtrequelques
appréhensions
en cequi
concerne saprécision.
En
effet,
unepetite
variation ducouple
de torsionprovoque un
déplacement
relativementimportant
de l’extrémité de latige rigide,
et parsuite,
de l’anneau. Pour maintenir latige
rigide horizontale,
ilfaut,
simultanément,
abaisser leliquide
et redresser latige
par torsion du fil. Lesdéplacements
de sens contraireimposés
à latige,
n’empêchent
pas les oscillationset
peuvent
nuire à la fidélité des mesures, surtoutprès
de l’arrachement.
Pensant
qu’il
y avait encoreplace
pour de nouvellesrecherches,
M. J. Thovert me proposa, il y a dix ans,d’étudier un
dispositif
au moyenduquel
les tensionssuperficielles
seraientéquilibrées
par la forcedévelop-pée
par la flexion d’une lameplane
métallique.
Asen-sibilité
égale,
cesystème paraît
offrirplus
de stabilité.a~
DESCRIPTION DU TENSIOMÈTRE. - Une difficultéapparaît
dès l’étudepréliminaire ; j’ai
été amené àconstater que certaines lames
d’acier,
agissant
commedes
fréquencemètres,
entraient en résonance sousl’action de vibrations
produites
à l’extérieur ettrans-mises par les murs du laboratoire. Ces vibrations
ont une
fréquence
de 10 à 20 par sec.Finalement,
le choix s’est
porté
sur une lame d’acier bleui(acier
pour
ressorts)
de 25 cm delong,
6 mm. delarge
et0,3
mmd’épaisseur.
Sapériode
propre est de l’ordrede la
seconde,
doncpratiquement
insensible auxvibrations de l’extérieur. Ses dimensions la rendent
suffisamment sensible pour le but
proposé.
Dans
l’appareil primitif,
construitd’après
les don-nées duprofesseur
J. Thovert et d’unmontage
assez
simple
pour être établi au Laboratoire(fig.
1),
~
Fig. 1.
la lame est fixée au moyen d’un serrage
plat
à unsupport
rigide.
A l’autreextrémité,
ellesupporte
unedivision
micrométrique
au2 ~100
mm. A un coulantmobile muni de
crochets,
formantsuspension
à lacardan,
est accroché l’étrierportant
l’anneau ou le fil coudé àangle
droitqui
soulèvera leliquide.
Unetige
d’aluminium,
terminée par uneplaque
deliège
plon-Fig. 2. - Partie essentielle du tensiomètre.
l : lame flexible.
a : tige de l’amortisseur.
f : système d’arrachement.
c : cuve à liquide.
m : micromètre.
geant dans l’huile de
vaseline, joue
le rôled’amortis-seur. Elle est
également
fixée à l’autre extrémité à uncoulant mobile dont la
position règle
le zéro de échelleet limite la sensibilité de la lame.
(fig.
2).
Leeliquide
enexpérience
estplacé
sur uneplate-forme que l’on
peut
élever ou abaisser à volonté aumoyen d’une vis de pas
égal
à 2 mm obéissant à unmouvement de rotation
imposé
par un écrou. Cettevis est
guidée
verticalement poursupprimer
lesmou-vements de rotation de la
plate-forme;
elle estéga-lement munie d’un ressort
qui
larappelle
constammentvers le bas pour éviter le
jeu.
Le
support
de laplatef orme,
grâce
à desglissières,
~e peut
sedéplacer parallèlement
à la direction de la’ lame
d’acier defaçon
à amenerrapidement
le centrede la
coupelle
contenant leliquide
sous le centre del’anneau ou dans le
plan
du fil 1 selon la méthodeutilisée. Le micromètre
objectif
est observé à l’aide,
d’un
microscope
dont l’oculaire est pourvu d’unréti-cule. Le
grossissement
de cemicroscope
est de l’ordre de 100.Le
déplacement
del’image
des divisions dumicro-~ mètre,
parrapport
àl’image
du réticule servant derepère,
fait connaître àchaque
instant l’état de flexion de la lame d’acier et par suite la force de tractionexercée sur le
système d’arrachement,
si l’on aprocédé
à un
étalonnage
préalable
des divisionsmicrométriques
au moyen de
poids
connus. Il y aproportionnalité
entre les
poids
et le nombre de divisionsdéplacées
et par
suite,
la flèche de la lame.b)
SENSIBILITÉ. - Il est évidentque
l’étalonnage
ne vaut que pour une
position
déterminée du coulantportant
sur lesystème
d’arrachement sur la lame.La
grandeur
de la flèche due à la flexion de la lameest,
eneffet,
fonction de cetteposition.
Soient d ladistance du
point
de fixation de la lame aupoint
desuspension
dusystème d’arrachement, s
la sensibilité de la lame(c’est-à-dire
la forcecorrespondant
audéplacement
d’une division dumicromètre) ;
la lame utilisée ici a les sensibilités suivantes :s = 2
dynes
par divisionpour d
== 183 mm s = 4dynes
par divisionpour d
= 125 mm(la
distance de l’amortisseur aupoint
desuspension
de la lame étant de 30
mm).
Etant donné l’étendue des
grandeurs
de tensionssuperficielles
et par suite des forces detraction,
il estpréférable
derégler
la sensibilité en faisant varier dplutôt qu’en
utilisant des lames delongueurs
diffé-rentes. La limite
imposée
à la flèch~ de lalame,
soit2 mm,
exige
également
ledéplacement
dupoint
desus-pension
dusystème
d’arrachement suivant lesliquides
étudiés,
si la force d’étirement esttrop
grande
(eau
par
exemple) (fig.
1).
Il serait
possible d’augmenter
la sensibilité del’appa-reil en
opérant
avec une lameplus
mince et en utilisantun
microscope
deplus
fortgrossissement.
Mais enlimi-tant l’erreur sur la valeur de la tension
superficielle
à 2 ou
3 /10
dedyne,
on a enpratique
uneapproxima-tion suffisante. Si l’on
exige
uneplus
grande
précision,
les
trépidations
causées soit par les chocsextérieurs,
varia-508
tions de
température
de l’airambiant,
ainsi que l’influence des faiblesimpuretés
duliquide, exigeant
alors un certain nombre de
précautions
qui
rendentFig. 3. - Cas du fil
rectiligne formant trois côtés d’un rectangle.
l’expérience
très difficile à effectuer.D’ailleurs,
certains
facteurs,
généralement négligés
enpratique,
deviennent alors
importants,
et rendent cettepré-cision illusoire.
c)
Enrésumé,
l’appareil qui
vient d’êtredécrit,
a une sensibilité
suffisante, présente
unegrande
stabi-lité et
possède
sur les autresméthodes, l’avantage
précieux
de faire connaîtredirectement,
àchaque
instant,
les valseurs de la force de traction en fonctionde la hauteur du
liquide
soulevé. Ceprocédé
permet
donc une étude détaillée des relations
d’équilibre
entrela force de traction et la forme de la nappe
liquide
soulevée par l’anneau horizontal ou le fil formanttrois côtés d’un
rectangle
vertical.Courbes d’étirement. z La théorie montre que
pour tout
dispositif
horizontal étirant unliquide
(dans
lerectangle
vertical,
c’est le fil horizontalsupé-rieur
qui
entre enjeu),
la force d’étirement duliquide
est d’abord
croissante,
puis
passe par unmaximum,
en fin décroît.
Cette force F fait
équilibre,
pourchaque
hauteurd étirement,
à une forcequi
est la somme de deuxter-mes. Le
premier
terme est dû à l’action des forcescapillaires
duliquide.
Celles-ciagissent
par leurcompo-sante verticale, donc sont fonction de
l’angle
derac-cordement des surfaces libres du
liquide
avec le solidequi
provoque l’étirement. ex ce termes~ajoute
lepoids
Pdu
liquide
soulevé par le solide etcompris
entre lestangentes
verticales menées aux surfaces libres. Il- . - - .
Fig. 4. - Cas de l’anneau.
dépend
de la hauteur hd’étirement,
et del’angle
de raccordement.Si l’on fait croître
h,
lepremier
terme croitjusqu’au
raccordement vertical des surfaces libres avec le
solide,
puis
décroît.Le
poids
P croîtégalement,
et passe par unmaxi-mum un peu
après
le maximum dupremier
terme,
lorsque
l’influence del’angle
de raccordementl’em-porte
sur celle de hqui
continue àcroître ;
puis
P décroît.
La décroissance des deux termes entraîne celle de la
force F. C’est alors que, dans les
dispositifs
à deuxsur-faces libres
(anneau,
cadrerectangulaire)
la concavité de ces surfaces devienttelle,
qu’elles
serapprochent
(leur
distance devient de l’ordre de 100 m~.)
et formentune lame mince. Le
poids
P n’intervientplus,
et laforce
qui équilibre
celle d’étirement est la sommedes
composantes
verticales des forcescapillaires,
etd’un certain
poids
deliquide
adhérent au solide etsupportant
la lame mince.Donc l’allure de la
force,
jusqu’alors identique
pourtous les
dispositifs,
varie avec la forme de chacund’eux,
quand
il y a formation d’une lame mince.Il est intéressant de
poursuivre
l’étude desvaria-tions de cette
force, lorsque
la lame mince est forméeavec des
dispositifs
divers. Jen’étudierai,
parmi
ceux-ci,
que le fil formant trois côtés d’unrectangle
vertical,
et l’anneau horizontal.utilisant le
rectangle
verticalsuspendu
à unebalance,
a donné une courbeindiquant
la variation de F enfonction de la hauteur h d’étirement du
liquide.
Cette courbeprésente
unmaximum,
puis
décroît,
et amorce unpalier
qu’il
nesignale
d’ailleurs pas.Lénard
indique
qu’avec
undispositif analogue,
ilobtient deux
maxima, séparés
par un minimum. Ilutilise d’ailleurs ce second maximum pour reconnaître
si le
rectangle
estparfaitement
mouillé par leliquide.
Je n’aijamais,
au cours de mes mesures, rencontréde second
maximum ;
peut-être
ce dernier est-ildû,
dans les
expériences
deLénard,
à une action de lapartie
horizontale inférieure durectangle,
sur leliquide
étiré ?
Les auteurs
qui
ont mesuré la tensionsuperficielle
desliquides
à l’aide d’anneauxhorizontaux,
mention-nent
également
la formation d’un maximum de force.Mais aucun
d’eux,
du moins à maconnaissance,
n’a donné la fin de lacourbe, jusqu’à
l’arrachement.Le tensiomètre à lame flexible
permet
d’obtenir très facilement les courbes donnant la variation de la force d’étirement F en fonction de l’abaissement hde la cuve
qui
contient leliquide.
Il suffitd’adjoindre,
au bouton moletéqui agit
sur lavis,
un cerclegradué.
Le pas de la vis étant de 2 mm, et le cerclegradué
étant divisé en 200
parties égales,
une rotation d’unedivision du cercle
équivant
à undéplacement
de1 /100
mm de h.u , ~ 0
Fig. 5. - Courbes relatives à un anneau (diamètre du fil :
0,5 mm,
circonférence de l’anneau : 4 cm) et à un fil formant trois côtés d’un rectangle, d’un diamètre d = 0,2 mm, longueur 1 = 2,01 cm.
Benzène, t = 20,8° C.
’
D’autre
part,
à l’aide d’un viseurgrossissant
10 foisenviron,
il estpossible
d’observer leliquide
soulevé dans tous ses détailspendant
son étirement.(1) Le début de ces courbes est dû à l’action de la partie
supé-rieure du fil de platine préalablement immergé.
Les courbes ci-contre
présentent
une allurediffé-rente selon que l’on
opère
avec le filrectangulaire
ou avec l’anneau. Ellespossèdent
bien le maximumattendu,
mais l’une se termine par unpalier
(cas
du filformant trois côtés d’un
rectangle),
l’autre par unenouvelles décroissance de la force
(cas
del’anneau) (1).
A)
Cas dufil
formaiit
trois côtés d’unrectangle
( fig.
5).
- C’est le cas le
plus simple.
Onpeut
écrire alorsx est
l’angle
de raccordement d’une surface libre duliquide
avec la surfacecylindrique
du fil. Il estiden-tique
pour les deux surfaceslibres,
par suite del’exis-tence d’un
plan
desymétrie qui
est leplan
verticalpassant
par l’axedu
fil. Le termep’
représente
lapoussée
duliquide
sur lesportions
verticales du filrectangulaire.
D’après
cequi
a étédit,
onconçoit
facilement le passage de la force F par un maximum.
Le
viseur,
muni d’un oculaire à vismicrométrique,
permet
de constater que le raccordementliquide-solide est vertical un peu avant le maximum de force,
puis
F décroîtjusqu’au palier.
Le début du
palier indique
la formation d’une lame mince(fig.
3)
qu’il
est facile de reconnaître dans le viseur recevant de la lumière blanche réfléchie prove-nant d’une source intense. J’aiconstaté,
eneffet,
généralement,
laprésence
d’uneplage liquide
carac-térisée par des irisations.
Lénard a montré
qu’à
cetinstant,
la relationprécé-dente
perd
savalidité,
et l’onpeut
écrire :p étant le
poids
duliquide qui
relie la lame mince au filmétallique.
In’angle
de raccordementliquide-solide
a une valeurtrès
proche
de90~,
qu’il
n’atteintjamais.
Lors de l’étirement de la lame
mince,
la force Freste constante
jusqu’à
l’arrachement ;
si la lamemince s’étire
beaucoup
avantl’arrachement,
oncons-tate,
après
une certaine constance de laforce,
unetrès
légère
croissance de celle-ci.B)
«4nfieau(fig.
5).
- La théorie estici rendue
beau-coup
plus compliquée
du fait que, pour des anneauxde faible
diamètre,
les seuls utilisésactuellement,
lesdeux surfaces libres sont
dissymétriques.
La surfacelibre intérieure de l’anneau affecte la forme d’une
surface concave dont le
pôle
dépasse
toujours
beaucoup
la surface horizontale du
liquide
non soulevé de la cuve(fig.
4).
Lasuppression
de cette surfaceramè-nerait à la méthode du
disque
et l’on nepourrait
obtenir de surfaces libres
symétriques qu’avec
un anneau de trèsgrand
rayon ; si le rayon est infini onrevient au cas du
plan,
c’est-à-dire à la méthodeprécé-dente du
rectangle
vertical. Ce cas intermédiaireentre le
plan
et ledisque
offre donc bien moins510
L’observation visuelle
indique
au cours del’étire-ment, que le raccordement de la surface libre exté-rieure avec l’anneau est vertical un peu avant le maximum de
force,
puis
la forcedécroît,
la concavitédes deux surfaces libres s’accroît et leur
rapproche-ment conduit à la formation d’une lame
mince,
obser-vable par sesirisations,
inclinée parrapport
à laverti-cale par suite de la
dissymétrie
des deux surfaces libres de l’anneau. Cette inclinaison est donc fonction durayon de l’anneau et de celui du fil
qui
le forme. Elle donne à la lame mince la forme d’un tronc de cône renverséqui
supporte
un certainpoids
deliquide.
Pour évaluer la force F de
traction,
il faudrait tenircompte
dupoids p"
deliquide
adhérent à l’anneau etsupportant
la lamemince,
des tensionssuperficielles,
compte
tenu de l’inclinaison et de la circonférence de lalame,
nettementinférieure à
celle del’anneau,
et d’un terme correctif relatif au
poids
duliquide
soulevé
qui
secomplique
du fait que la surface libreintérieure est au-dessus du niveau du
liquide.
La force F à l’arrachement est donc d’unedétermi-nation difficile. La relation F = 2 lA est nettement
insuffisante dans ce cas. Il est
préférable
d’utiliser laposition
relative au maximum deforce,
mais pour lesraisons
indiquées
plus haut,
l’évaluation des termesqui équilibrent F
maximum s’avèreégalement
trop
délicate,
cequi
a amené Harkins et Jordan àadopter
un facteur de correction. Si l’on veut utiliser ce facteur
de
correction,
il faut rechercher laposition
dumaxi-mum de force sans
produire l’arrachernent,
comme onindique
qu’il
doit être fait avec le tensiomètre Lecomtedu
Noüy.
Dans ce cas, la valeur trouvée pour F seratrop
grande
si l’on continue à faire croître lecouple
detorsion,
outrop
faible
si l’on fait décroitre lecouple
tout en abaissant la cuve.
L’arrachement,
dans cedernier cas, ne se
produit
quelorsque
la lame mince se forme.Mesures à l’aide d’un fil formant -trois côtés
d’un
rectangle.
- L’existence constatée d’unpalier
permet,
gràce
àl’équation simple
F == 2L4. + p -p’,
une détermination facile de la valeur de la tension
superficielle
desliquides.
Il suffit de retrancher de la valeur
F 2
de la forceau
palier,
la valeurF 1
qu’elle prend lorsque
les filsverticaux sont seuls mouillés par le
liquide
au débutde
l’expérience.
Cettefaçon
d’opérer
permet
d’élimineren
grande partie
lapoussée
et l’action de la tensionsuperficielle qui
s’exercent au cours de l’étirement duliquide
sur lesparties
verticales du fil.Il vient :
F’ ==F2-F1
F’ =-21A+ p.
Comme p est très
petit,
onpeut
lenégliger
pour desliquides
de tensionsuperficielle
élevée et la relation utilisée se réduit à F’ = 2lA ;
par suite les valeurs calculées pour
A,
par cette formuleapprochée,
serontsystématiquement
trop
élevées.Voici
quelques
résultats obtenus en utilisant cetterelation
simple :
Leliquide
étudié est le benzène. Les fils utilisés sont enplatine,
ilsont 2/10
ou4/10
mm de diamètre et deslongueurs
différentes :2, 3,
4 cm delongueur
environ.La
température
duliquide
est de20,8oC.
Ces résultats obtenus en
prenant
lesprécautions
ordinaires :
nettoyage
des vases par lemélange
chro-mique, lavage
à l’eaudistillée ;
les fils sontpassés
à laflamme,
ou lavéspréalablement
dans leliquide ;
les
liquides
enexpérience
doivent être débarrassés de leursimpuretés.
Dans le modèle établi
plus
récemment,
quelques
modifications trèsimportantes
ont étéapportées :
a)
Legrossissement
dumicroscope
a étéaugmenté.
Il est de
200,
cequi
permet d’évaluer
lequart
dedivi-sion du micromètre
objectif,
c’est-à-dire lademi-dyne ;
b)
Pour éviter les courants de convection dus àl’air,
qui
entoure lalame,
et provoque despetites
oscilla-tions,
le tensiomètre a été entouré d’une cage de verre.L’évaluation de la force F’ a été obtenue avec une
approximation supérieure
au 1/100 ;
la distance 1des fils verticaux a été mesurée au
1 /10
mmprès,
d’où une erreur de 1
/200,
pour le fil leplus
court.L’approximation
sur les valeurs de A estsupérieure
au
1 /100.
Mais on observe que toutes ces valeurs sont
systé-matiquement supérieures
à la valeur laplus
exacteconnue. En
interpolant
les données des International CriticalTables,
onobtient,
pour le benzène à20,8~ :
A =
28,80 dynes
/cm.Nos résultats sont donc entachés d’une erreur
systé-matique
parexcès,
comme il fallaits’y
attendre. Cetécart
correspond
bien à l’ordre degrandeur
obtenu par une évaluationgrossière
dupoids
p duliquide.
La bonne
approximation
aveclaquelle
les valeurs de A ont étéobtenues,
n’estcependant
pas suffisante pour noter avecprécision
l’influence de lalongueur
du fil ou de son diamètre.
Toutefois,
l’examen desrésultats fait
apparaître
unelégère
tendance àl’ac-croissement des valeurs
calculées, lorsque
le diamètredu fil
métallique
augmente,
cequi correspond
à unaccroissement de p.
Le facteur
temps
intervientégalement
d’unema-nière sensible. La lecture des
positions
de l’échellemicrométrique qui
permet
de calculerF 1
etF2 peut
être facilement faite dans un intervalle de
temps
del’ordre de 10 sec. Si au
contraire,
on laisse un certaindélai entre ces deux
déterminations,
1 à 2 minutes pard’étire-rement, on observe des valeurs
ayant
tendance à êtretrop
fortes. C’est là unphénomène
qui
adéjà
étémen-tionné par divers auteurs et
qui pourrait
être dû à l’écoulement duliquide.
Ledéplacement
desdivisions de l’échelle
micrométrique
en fonction dutemps
est, eneffet, particulièrement
netlorsqu’on
fait des
pointés
après
le maximum de la courbe. Tous lesliquides
ne s’étLTent pas en lames minces.Mais la mesure demeure
possible,
car il suffit que l’onobtienne le début du
palier
de la force pour déterminerF 2.
L’insuccès est souventdû,
à notreavis,
aumouil-lage imparfait
du fil deplatine
par leliquide
étiré. Il faut alorsprocéder
à unnettoyage
rigoureux
dufil,
ou à sonremplacement.
On
peut
ainsi mesurer les tensionssuperficielles
desdivers
liquides
d’unefaçon
générale, malgré
les réserves faites autrefois par Proctor Hall.Conclusion. - La flexion d’une lame
peut
donc être utilisée pour la mesure des tensionssuperficielles,
avec une
approximation
suffisant enpratique,
lorsqu’on
emploie
le fil en forme derectangle.
Laprécision
des mesurespeut
facilement être obtenueavec une
approximation
de l’ordre de1,1I00.
Seulel’erreur
systématique,
due aux termesnégligés
dansle cas
simple,
est un obstacle à la déterminationexacte des tensions
superficielles,
en valeur absolue.Mais l’élimination de cette erreur
exige
uneprécision
plus grande,
et des modifications del’appareillage.
Un autre
avantage
dudispositif
décrit réside dans l’obtention de lames minces deliquides,
dont onpeut
observer les modifications au cours de l’étirement.
Je tiens à remercier M. le
professeur
Thibaud,
directeur de l’Institut de
Physique Atomique,
de l’intérêtqu’il
a bien vouluporter
à ce travail et deses