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Submitted on 1 Jan 1988
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Accélérateurs et nouveaux concepts d’accélération de
particules
B. Heusch, G. Matthieussent
To cite this version:
1417
REVUE
DE
PHYSIQUE
APPLIQUÉE
Accélérateurs
et
nouveauxconcepts
d’accélération de
particules
B. Heusch
(1)
et G. Matthieussent(2)
(1)
Centre de Recherches Nucléaires,Strasbourg,
France(2)
CNRS, Laboratoire dePhysique
des Gaz et des Plasmas,Orsay,
France(Reçu
le 15 octobre 1987,accepté
le 28juin
1988)
Revue
Phys. Appl.
23(1988)
1417-1421 SEPTEMBRE 1988,Tome 23 N° 9 SEPTEMBRE 1988
Les
développements
récents en matièred’accéléra-teurs de
particules
a été le thème d’uncolloque qui
s’est tenu àStrasbourg,
enjuillet
1987,
lors de la conférence de la SociétéFrançaise
dePhysique [1].
Ce numéro de la RevueAppliquée,
sans être uncompte
rendu exhaustif de cecolloque,
en est issu. Unecinquantaine
dephysiciens,
provenant
de laphysique
nucléaire,
de celle desparticules
élémentai-res ainsi que de
l’astrophysique
et de laphysique
desplasmas
ont pu faire lepoint
sur lesprojets
en courset les nouveaux
concepts
d’accélération apparus cesdernières années. Outre l’information
réciproque
dephysiciens d’origines
différentes,
cecolloque
aconfirmé
qu’une
fructueuse collaboration s’étaitdéjà
engagée
autour destechniques
d’accélérationutili-sant les
plasmas
et,plus précisément,
autour desobjectifs
à atteindrequant
àl’énergie
et la luminosité des machines futures.Pour
explorer
le domaine d’existence du boson deHiggs,
la structure desleptons
et desquarks
etrépondre
à bien d’autresquestions posées
par la théorie[2], les physiciens
desparticules
élémentairesenvisagent
la construction d’accélérateurssuscepti-bles de
produire
desparticules
dontl’énergie dépasse
la dizaine de TeV. Bien que durant lesquarante
dernières annéesl’énergie
de ces machines a étémultipliée
parcinq
ordres degrandeur,
leur coût par MeV a été réduit sensiblement dans les mêmesproportions,
et les machines à venir dans les dix ouvingt
prochaines
années ne seront que desextrapola-tions des accélérateurs en fonctionnement. Ceux-ci
fournissent des
champs
accélérateurs de l’ordre de la dizaine de Mev/m et les raffinementstechniques
(cavités
supraconductrices,
utilisation d’ondesmilli-métriques)
nepermettront
sans doute pas dedépas-ser la centaine de MeV/m.
Toutefois l’accroissement
phénoménal
del’énergie
desparticules
délivrées par les accélérateurs a été obtenu certes, par ledéveloppement
detechnologies
existantes,
mais surtout parl’émergence
d’idées nouvelles.De nouveaux
concepts
sont ainsi apparus ces dixdernières
années,
faisantappel
auxplasmas
[3, 4]
etaux
progrès
récents réalisés dans latechnologie
des lasers depuissance
[5]
et des accélérateurs forts courants, moyenne tension[6]. Pourquoi
des plas-mas ? Dans les accélérateursclassiques,
la limitationprincipale
duchamp
électrique provient
duclaquage
à la surface desmatériaux ;
l’utilisation d’unplasma,
préalablement
complètement
ionisé,
comme milieusupport
duchamp
électrique
lève cette limitation. Des ondeslongitudinales
deplasma
peuvent
alors être excitées dans ce milieu de manière résonnanteet avec des
amplitudes
dechamp
électrique
del’ordre de la dizaine de GeV/m soit par le battement de deux ondes
électromagnétiques
issues de lasers depuissance
[3] (quelques joules
etquelques
dizai-nes de
picosecondes)
soit par lesillage
d’un faisceaud’électrons relativistes
[4] (quelques
MeV etquel-ques 100 kA
pendant
desnanosecondes).
Ces nouveaux
concepts
d’accélérations en sont austade des
expériences
deprincipe
[5, 6]
enlabora-toire,
sur desplasmas
delongueur
millimétrique
etde densités voisines de
1017
particules
parcm3 ;
deschamps
électriques
de l’ordre du GV/m ont été obtenus par battement. Desexpériences
d’accéléra-tiond’électrons,
avec desgains espérés
de l’ordre dela dizaine de
MeV,
sont en cours.Pour atteindre des
énergies
dequelques
dizaines deTeV,
un accélérateur basé sur l’un ou l’autre deces
concepts
[7]
devraitcomporter
de nombreuxmodules
successifs ;
de nombreuses inconnues demeurentquant
à laluminosité,
ladispersion
et le rendement enénergie,
facteursdépendant,
entreautres, de la
synchronisation
des modules et de la réutilisation des faisceaux. Le but desexpériences
actuelles estdonc,
seulement,
de démontrer la faisabilité duprincipe
physique
surlequel pourrait
1418
s’appuyer
une nouvellegénération
d’accélérateurs departicules
[8].
En
physique
nucléaire des découvertesimportan-tes ont été
possibles grâce
aux réactions induites pardes ions lourds sur les noyaux. En
effet,
parrapport
à l’utilisation de faisceaux de
particules légères,
touten conservant la sélectivité des mécanismes mis en
jeu,
les ions lourdspermettent
d’amener dans lesystème
étudié ungrand
momentangulaire
linéairece
qui
apermis
d’étudier la matière nucléaire auxlimites extrêmes de la stabilité. C’est ainsi que des résultats très intéressants ont été obtenus dans des domaines fondamentaux aussi divers que l’existence de nouveaux
isotopes
très loin de lastabilité,
ou les limites de la fusion nucléaire et la fission induite observée pourpratiquement
tous les noyaux, ou surles formes des noyaux avec
l’observation,
parexem-ple,
desuperdéformations,
ou encore lafragmenta-tion nucléaire et les processus
séquentiels
[9].
L’étude des collisions entre noyaux
atomiques
entre 10 et 100 MeV/n a
également permis
d’étudier le passage de laprédominance
duchamp
moyennucléaire,
à desénergies typiquement
inférieures à 20MeV/n,
aurégime
dominant de l’interactionnucléon nucléon au-delà de
l’énergie
de Fermi des nucléons dans les noyauxqui
est aux environs de 35 MeV/n. Ces découvertes ont été renduespossible
par desdéveloppements
souventrécents,
portant
tant sur tous lestypes
de sources d’ions que sur lesaccélérateurs,
électrostatiques
parexemple,
qui
cou-vrent le mieux le domaine basse
énergie
et celui des machines dutype
cyclo
etsynchroton
utilisées auxplus grandes énergies
citées ci-dessus.Le tandem accélérateur de 35
MeV, VIVITRON,
en cours de construction à
Strasbourg
débouche[10]
sur une nouvelle
génération
de machines électrostati-ques ; saconception
originale
minimise lesclaquages
en assurant une meilleure
répartition
del’énergie
électrique
stockée. Apartir
de1990,
cette machine doit fournir pour les élémentslégers,
des ionsmultichargés
avec uneénergie
de 20 MeV/n et pourles éléments lourds de 5 MeV/n avec des intensités
de l’ordre de la centaine de nA.
Outre la prouesse
technique
degérer
des tensions aussi élevées que 35MV,
saqualité
essentielle estsurtout liée aux
qualités
des faisceaux et à la facilité dechanger
aussi bienl’énergie
que la nature de l’ion accéléré. Une telle machinepeut
éventuellementégalement
servird’injecteur
pour despost-accéléra-teurs. De telles associations de machines sont
déjà
opérationnelles
comme à OakRidge, Stony
Brook,
Chalk River ouBerlin,
ou en cours de réalisationcomme à
Daresbury,
Catane ouSaclay
parexemple.
Dans ce dernier cas
[11]
c’est un tandem de 9 MVqui
fournit un faisceau aupost-accélérateur
constitué de cavités résonnantessupraconductrices
utilisant unchamp
hautefréquence
avec ungradient
accélérateur de l’ordre de 2MeV/m ;
lesénergies
d’ions lourds ysont
cependant
limitées à environ 10 à 15 MeV/n. Dans une association machineélectrostatique
cyclo-tron, soit à
température
ambiante(Berlin)
ousupra-conducteur
(Chalk
River,
Catane),
cesénergies
maximales seront de l’ordre de 50 MeV/n.
Pour des
énergies
de la dizaine à la centaine de MeV/n descyclotrons,
voir des associations decyclotrons,
supraconducteurs
(AGOR, MSU)
ou non(SARA, GANIL)
sont utilisés. Dans certainscas ce sont
uniquement
des associations de cavités résonnantesqui
sontutilisées,
làaussi,
supraconduc-trices
(MSU)
ou non(GSI-Darmstadt).
Enfinau-delà de 100 MeV/n s’ouvre le domaine des
synchro-trons tels SATURNE à
Saclay
(1 GeV/n)
ou à Darmstadt(SIS,
2GeV/n)
oùl’adjonction
d’unanneau de
stockage
est en cours de réalisation[12].
Au-delà de la
physique
nucléaire,
une desapplica-tions futuristes des faisceaux d’ions lourds de forte
énergie
a étéproposée
en confinement inertiel[13] :
lacompression
jusqu’à
1 000 fois la densité du solide de microballonsremplis
de deuterium et de tritium pour y amorcer des réactions de fusionthermonu-cléaire. Les
énergies
d’ionslourds,
parexemple
duBi+ ,
à mettre enjeu
sont de l’ordre de la 10 GeV etles intensités de l’ordre de la dizaine de kA. Ces
caractéristiques
pourraient
être obtenues par l’utili-sation de combinaisons d’accélérateursRF,
de machines linéaires et d’anneaux destockage.
Lacomparaison
entre les intensités de faisceau mises enjeu
dans un telprojet
et les intensités actuellesmontre l’étendue des
progrès
technologiques
àréali-ser.
Les articles
publiés
dans ce numérospécial
recou-vrent donc trois domaines : l’accélération
conven-tionnelle,
celle utilisant desplasmas
et enfin les mécanismes d’accélération enastrophysique.
Ceux réunis dans lapremière partie
sont consacrés à l’état de l’art en matière d’électrons et d’ions : articles desynthèse
sur l’ensemble des machines ettechniques
d’accélération,
présentation
du Vivitron et desdiffé-rentes
techniques
utilisées. Dans une deuxièmepartie
sontexposées
les nouveauxconcepts
utilisant desplasmas
et des faisceaux lasers. Les travauxexpérimentaux entrepris
au Canada(INRS-E)
sur lebattement
d’ondes,
et, à l’écolePolytechnique,
surle Raman avant font
l’objet
de deux articles. Les mécanismes d’accélération departicules
enastrophysique
ont fourni le troisième thème. Ils sontle
plus
souvent liés soit à laprésence
dansl’espace
interstellaire d’ondes de chocquasiperpendiculaires,
soit à une accélération de Fermi et entraînentl’apparition
departicules
jusqu’à
uneénergie
del’ordre du GeV. Remerciements.
Les éditeurs associés
expriment
leurs remerciements1419
Bibliographie
[1]
Congrès
SFP,Colloq,
Accélérateurs et nouveauxconcepts d’accélération de
particules,
Strasbourg
1987, Bull. SFP 65
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Dossier : Où va laphysique
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LEFORT, M., J.Phys.
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France(1986)
C4-427 ;
Proc. Ital.Phys.
Soc., Eds. R. A. Ricci et C. Villi(1986)
467.[10]
Rapport
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rapportCNR-VIV-50.