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En population gériatrique, l’anxiété est un symptôme fréquent qui altère la qualité de vie des patients car et associé à un risque de morbi-mortalité. Cependant, ce...

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Psychiatrie

et personnes âgées

E

n population gériatrique, l’anxiété est un symptôme fréquent qui altère la qualité de vie des patients car et associé à un risque de morbi-mortalité. Cependant, ce symptôme peut être difficile à déceler car les sujets âgés ont souvent plus de difficultés à l’exprimer, mais aussi en raison de son intrication fréquente avec d’autres troubles psychiatriques ou somatiques.

L’anxiété, symptôme cardinal d’un trouble anxieux

D’un point de vue épidémiologique, la prévalence des troubles anxieux diminue avec l’âge, son taux, chez la personne âgée, étant situé autour de 13,7 % (1).

Le trouble anxieux généralisé (TAG) est le trouble anxieux le plus fréquent chez le sujet âgé, avec une prévalence sur 12 mois allant de 1,2 à 7,3 % et, sur la vie entière, d’environ 3 % (2). Le TAG chez le patient âgé s’exprime souvent par des craintes axées sur des éléments d’ordre somatique, tels des vertiges, des douleurs, des désordres digestifs ou des troubles de la marche. Le repérage peut être difficile car les craintes peuvent se fonder sur des troubles somatiques réellement existants. La grande majo- rité des TAG débutent à l’adolescence, ou chez le jeune adulte, et évoluent souvent pendant plusieurs années. Le développement d’un TAG tardif serait en lien avec des modifications cérébrales fonction- nelles et anatomiques. En particulier, il existerait une déconnexion entre les amygdales, qui gèrent les réactions liées au stress, et les structures frontales : cortex cingulaire antérieur, cortex préfrontal dorso- latéral et ventromédian. Lors de tâches sollicitant un

L’anxiété chez le sujet âgé : diversité des présentations cliniques et approches

thérapeutiques

Anxiety in the elderly: diversity of clinical presentations and therapeutic approaches

Caroline Masse*, Julie Giustiniani*, Djamila Bennabi*, Pierre Vandel*

sentiment d’inquiétude, des études réalisées en IRM fonctionnelle montrent que les sujets sains et les patients souffrant de TAG présentent une activation du cortex cingulaire antérieur et du cortex préfrontal inférieur. Après la tâche, un retour à la normale est observé uniquement chez les sujets sains, alors que l’activation persiste chez les patients. En cas de visua- lisation de visages exprimant la joie, ces différentes structures s’activent chez les sujets sains alors qu’une baisse d’activité est observée chez les patients. Ces anomalies témoignent de dysfonctionnements dans les réseaux corticolimbiques qui gèrent la réponse au stress et aux émotions (3). Les facteurs de risque d’un TAG tardif sont : le sexe féminin, la présence d’altérations cognitives, une maladie chronique, des limitations fonctionnelles, les personnalités à haut niveau de névrosisme ou ayant de faibles capacités à faire face aux événements stressants (coping) [4]. Les conséquences d’un TAG sont une augmentation du handicap et de la mortalité ainsi qu’une majoration du déclin cognitif en rapport avec la neurotoxicité induite par l’anxiété chronique. En effet, l’anxiété chronique est associée à une hyperactivation de l’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien, ce qui entraîne une élévation des taux sanguins de cortisol, toxique pour les neurones des hippocampes et du cortex préfrontal, deux structures qui régissent les processus mnésiques et exécutifs (5). La peur de chuter est une autre entité spécifiquement décrite chez la personne âgée, avec une prévalence comprise entre 29 et 54 %, qui posséderait des similitudes avec les phobies et serait souvent associée à un évite- ment des situations avec risque de chute (6). Les phobies simples du sujet âgé sont peu invalidantes, mais l’anxiété en lien avec ces phobies peut être

* Service de psychiatrie adulte, hôpital Saint-Jacques, CHRU de Besançon.

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» Associée à un trouble psychiatrique, elle nécessite des approches complémentaires médicamenteuse, psychologique et environnementale.

Dépression Démence

Highlights

»Anxiety is a common complaint in geriatric popu- lation.

»Anxiety could be a symptom of a mental illness, a cardiovas- cular or metabolic disease, or a neurological condition.

»A medical history and phys- ical examination are necessary to guide the clinician to the best therapeutic strategy.

»In cases of mental illness, the management of anxiety is based on an association of psychotropic drugs, psycholog- ical interventions and adapta- tions in environment.

Keywords

Anxiety

Geriatric population Depression Dementia

majorée en cas de modifications de l’environnement (changement de lieu de vie, entrée en institution) ou si une situation de handicap ou de dépendance apparaît. Le trouble panique semble rare en popu- lation gériatrique, mais peut se présenter sous une forme atypique, comme une pseudo-urgence cardiaque ou pulmonaire, un épisode d’agitation ou de confusion. Cependant, même si la prévalence globale des troubles anxieux diminue avec l’âge, celle de l’anxiété symptomatique augmente chez la personne âgée. Cela peut s’expliquer par le fait que les symptômes anxieux sont plus sévères chez les jeunes adultes, alors que l’anxiété sub syndromique est plus fréquente chez les sujets âgés (7). Cela pose la question de la pertinence des critères diagnos- tiques, souvent peu adaptés aux personnes âgées.

D’autre part, le facteur confondant de l’âge est à prendre en compte, l’anxiété de la personne âgée étant souvent sous-estimée car considérée, à tort, comme normale et donc banalisée.

Anxiété et dépression

Chez les sujets âgés, l’association entre anxiété et dépression peut se voir en termes de comorbidité ou d’expression de la dépression sous un masque anxieux. Plusieurs études de cohorte de type longi- tudinale ont mis en évidence la fréquence de l’asso- ciation entre dépression et anxiété. Dans une étude hollandaise, 13 % des adultes de plus de 55 ans souffrant de trouble anxieux remplissaient égale- ment les critères de l’épisode dépressif caracté- risé (8). Dans le cadre d’une étude allemande, ce taux s’élevait à 29,4 % (9). Par ailleurs, E.J. Lenze et al. ont examiné les comorbidités que présentait un groupe de patients de plus de 60 ans pris en charge en soins primaires, ayant reçu le diagnostic d’épisode dépressif caractérisé, et ils ont retrouvé un taux de comorbidités avec un trouble anxieux de 23 % (10). La fréquente occurrence de cette asso- ciation, que ce soit chez le patient âgé ou plus jeune, a d’ailleurs conduit les auteurs du DSM-5 à introduire une catégorie diagnostique de trouble anxieux et dépressif mixte, même si cette entité clinique ne prend pas en compte l’âge des patients. En termes de conséquences, une comorbidité dépressive du TAG

est associée à une plus grande sévérité de celui-ci chez les sujets âgés et la présence de symptômes du TAG chez un sujet dépressif est associée à un risque suicidaire plus élevé (11). Par ailleurs, la présenta- tion d’un syndrome dépressif chez le sujet âgé est souvent atypique, par rapport à la symptomatologie retrouvée chez le jeune adulte. En effet, l’alexithymie, souvent présente chez les personnes âgées, conduit ces patients à exprimer leurs émotions et ressentis via des plaintes physiques multiples. L’anxiété est également un masque fréquent de la dépression chez le sujet âgé, ce qui nécessite une attention particu- lière pour déceler la souffrance psychique derrière ce masque, en veillant à ne pas banaliser l’anxiété.

Enfin, certaines études montrent que les patients âgés dépressifs qui présentent aussi des symptômes anxieux ont moins de probabilité d’entrer en rémis- sion et qu’ils sont moins enclins à être observants que des patients dépressifs non anxieux (12, 13).

Anxiété et maladies somatiques

L’anxiété peut comporter des manifestations qu’il est possible de rapporter à des troubles cardiaques ou respiratoires, comme une tachycardie, des palpita- tions, une sensation d’oppression thoracique ou une dyspnée. Par ailleurs, un épisode de décompensation aiguë d’origine cardiaque ou respiratoire peut s’ex- primer par des symptômes anxieux. Par conséquent, ces éléments rendent parfois le diagnostic différen- tiel difficile et justifient un examen clinique complet chez les sujets âgés présentant des accès anxieux.

Certaines études retrouvent que plus de 30 % des patients de plus de 60 ans suivis pour une pathologie cardiaque présentent une anxiété comorbide (14).

Quel que soit l’âge des patients, cette comorbidité est associée à un risque élevé de décès, d’autant plus si les patients présentent aussi un syndrome dépressif (15), et le fait de présenter des symp- tômes anxieux constituerait un facteur de risque de développer une coronaropathie (16). D’autres pathologies sont souvent associées à une sympto- mato logie anxieuse, comme les maladies neuro- logiques (accident vasculaire cérébral, Parkinson, sclérose en plaques) ou les troubles endocriniens et métaboliques (hyperthyroïdie, maladie de Cushing,

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hypoglycémie, diabète). Certains médicaments prescrits dans le cadre de ces affections peuvent eux-mêmes être générateurs d’angoisse, comme les corticoïdes ou les inhibiteurs calciques (17).

Anxiété et syndrome démentiel

L’anxiété symptomatique peut précéder ou accom- pagner un syndrome démentiel. Chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer (MA), certaines études montrent une prévalence de l’anxiété d’en- viron 40 % et ce symptôme peut parfois être présent plusieurs années avant que le diagnostic ne soit posé (17, 18). Les démences d’origine vasculaire sont aussi susceptibles de générer des symptômes anxieux, de façon plus fréquente que pendant la MA.

Au cours du syndrome démentiel, l’anxiété prend volontiers l’expression de ruminations, de troubles du comportement (agitation en fin de journée), de cris ou de confusion. Si l’anxiété peut être assez facile à identifier au début de la maladie, cela se complique avec l’évolution du trouble démentiel, du fait de son intrication avec d’autres symptômes psycho comportementaux. Le syndrome de Godot se retrouve principalement au cours de la MA et se caractérise par le fait que le patient suit en permanence son aidant, exprimant ainsi une forme d’anxiété de séparation. Le syndrome de Diogène, décrit par A.N.G. Clark et al., désigne une tendance à amasser un grand nombre d’objets hétéroclites, asso- ciée à une négligence de son hygiène. Ce comporte- ment traduirait une incapacité à faire un travail de deuil ou de séparation (19). Chez les sujets âgés, l’an- xiété altère les performances mnésiques, l’attention ainsi que la capacité à résoudre des problèmes, et la relation entre anxiété et troubles cognitifs peut être bidirectionnelle. En effet, le fait d’avoir des perfor- mances cognitives diminuées peut augmenter la charge anxieuse, mais l’anxiété est aussi associée à un risque plus important de déclin cognitif avec l’avancée en âge. L’anxiété peut également être un facteur de risque indépendant de progression d’un trouble neurocognitif mineur vers une MA (20).

Comment prendre en charge les symptômes anxieux ?

La prise en charge de l’anxiété chez le sujet âgé doit faire suite à un examen clinique complet et à un bilan biologique standard, au besoin complété par des données d’imagerie. L’orientation thérapeutique

se fera en fonction du cadre étiologique, elle sera globale, intégrant une approche médicamenteuse et non médicamenteuse.

Approche pharmacologique

Les recommandations concernant la prise en charge pharmacologique de l’anxiété chez les sujets âgés sont souvent une extrapolation de celles qui existent chez les sujets plus jeunes. Pourtant, l’avancée en âge induit des changements métaboliques qui peuvent modifier la pharmacocinétique et la pharmaco- dynamie des psychotropes, ce qui nécessite d’être d’autant plus vigilant quant à la tolérance et aux interactions médicamenteuses potentielles. Les sujets âgés sont plus sensibles aux effets anti- cholinergiques, antiadrénergiques ou antihistami- niques. Les benzodiazépines sont à utiliser avec prudence du fait du risque de dépendance, de chutes ou de dégradation cognitive sur le long terme. Il faut préférer les molécules à demi-vie courte ou inter- médiaire (oxazépam ou lorazépam) sur une durée la plus courte possible et réévaluer régulièrement l’efficacité et la tolérance. L’hydroxyzine est à manier avec précaution, en raison de ses propriétés anti- cholinergiques et de ses effets sédatifs. Cette molé- cule est déconseillée chez les patients présentant des troubles cognitifs ou un syndrome confusionnel.

En cas de trouble anxieux ou de syndrome dépressif à masque anxieux, un traitement au long cours est indiqué et il est pertinent d’utiliser en première intention les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), voire les inhibiteurs de la recap- ture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), en raison d’un meilleur profil de tolérance pour un niveau d’efficacité comparable aux tricycliques. Les ISRS ont également un intérêt dans la restauration ou, du moins, la préservation des facultés cognitives des patients, car ils amélioreraient la neurogenèse hippocampique (20). La prescription de prégaba- line est indiquée dans la prise en charge du trouble anxieux généralisé. Chez les personnes âgées, une étude contrôlée randomisée en double aveugle versus placebo ayant inclus 273 patients souffrant de TAG a montré que la prégabaline pouvait être tout aussi efficace et bien tolérée. Les auteurs obser- vaient une amélioration des symptômes anxieux (mesurés sur l’échelle d’anxiété d’Hamilton) dans les deux premières semaines de traitement, ainsi qu’un effet positif sur les symptômes associés à l’anxiété, qu’ils soient psychiques ou physiques (21). Les effets secondaires les plus fréquemment rapportés étaient

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des vertiges, une somnolence ainsi que des cépha- lées, mais ces effets n’ont pas conduit à des taux de perdus de vue supérieurs à ceux du groupe placebo.

Pour ce qui est de l’utilisation des antipsychotiques atypiques, une étude de grande ampleur a démontré l’efficacité de la quétiapine dans le traitement du TAG dans un échantillon de 450 sujets âgés (22). Une seule étude s’est intéressée à l’efficacité de la rispé- ridone dans le traitement de l’anxiété de la personne âgée (23). Cependant, les anti psychotiques atypiques sont à utiliser avec précaution, du fait d’une sensi- bilité particulière des sujets âgés aux événements cérébrovasculaires induits par ces molécules. Le risque de mortalité serait également accru chez les patients âgés traités par antipsychotiques, qu’ils soient atteints de démence ou non, s’il existe des facteurs de risque cardiovasculaire (24).

Approches non médicamenteuses

Avec l’avancée en âge, certaines modifications apparaissent dans l’environnement du patient, dans son corps et dans ses relations interpersonnelles. Le sujet âgé doit faire face à de nombreuses pertes à travers les décès dans son entourage, des modifi- cations de ses capacités physiques et cognitives qui nécessitent une réorganisation de son psychisme. La psychothérapie de soutien permet d’offrir une écoute bienveillante au patient, sans remettre en cause son fonctionnement. Les psychothérapies d’inspiration analytique visent à dresser le bilan des ressources psychiques disponibles chez le patient, le but étant de renforcer le “Moi” du sujet afin que celui-ci affronte mieux les tensions auxquelles il est inévitablement soumis avec le vieillissement (25). Les techniques de thérapie cognitive et comportementale (TCC) ont particulièrement fait preuve de leur efficacité dans les troubles anxieux, en particulier pour la préven- tion de la rechute, même si les résultats sont plus mitigés, en particulier chez le sujet âgé, du fait de disparités méthodologiques (26). Si la présence de troubles cognitifs vient altérer l’efficacité de la TCC, il y aurait un intérêt à associer une intervention de relaxation pour contourner en partie ces diffi- cultés (27). L’éducation thérapeutique peut s’avérer être une mesure adjuvante intéressante chez le sujet âgé, avec pour objectif de diminuer les rechutes, les hospitalisations et d’améliorer le fonctionnement psychosocial et cognitif des patients âgés présentant des troubles psychiatriques sévères (28). Les tech- niques de méditation de pleine conscience peuvent

aussi être proposées aux sujets âgés anxieux, grâce à leur aptitude à réduire les phénomènes d’inquiétude, des symptômes dépressifs et des troubles cognitifs associés (29).

Les thérapies à médiation permettent de s’affran- chir ou de contourner les difficultés que peuvent rencontrer les personnes âgées pour s’exprimer par la parole. Elles utilisent des moyens de transition dans la relation thérapeutique, mais elles sont aussi un moyen de retrouver du plaisir dans différentes activités. Parmi elles, la sociothérapie, qui permet de favoriser le lien social, l’ergothérapie, qui peut utiliser plusieurs supports comme l’esthétique pour l’aspect narcissique, la cuisine et/ou le bricolage, afin de retrouver des aptitudes anciennes. Les média- tions animales donnent l’occasion au patient de se rendre compte qu’il est capable de prendre soin d’un être vivant pour reprendre confiance en ses capacités et retrouver une estime de soi (30). Les thérapies à médiation artistique, ou art-thérapie, permettent de maintenir un niveau de stimulation des fonctions supérieures. L’implication du patient dans l’une de ces activités lui donne un moyen de communication différent, que le thérapeute pourra utiliser dans l’analyse de ses problématiques et de ses souffrances (31). Les techniques de psychothé- rapie centrées sur le corps (relaxation, massage) ont pour objet de réinvestir le corps comme objet de plaisir et de relation. Elles aident le patient à contrôler lui-même ses perceptions corporelles, ce qui permet une réduction de l’angoisse (25). Parmi elles, les thérapies multisensorielles, telle l’approche Snoezelen, peuvent constituer un outil pour entrer en relation avec un patient qui serait particulièrement inhibé dans ses capacités à communiquer verba- lement (31). Le support cognitif peut également être utilisé via l’évocation de souvenirs autobiogra- phiques dans les thérapies par réminiscence basées sur le concept de réminiscence défini à la fin des années 1990 par S. Bluck et L. J. Levine (33). Ce type de thérapie a montré des effets positifs en termes d’amélioration de la qualité de vie chez les patients atteints de démence, mais aussi pour soulager des symptômes anxieux et dépressifs (34).

Mesures adjuvantes

L’implication de la famille et des aidants dans la prise en charge de l’anxiété ou des troubles psychiatriques de la personne âgée au sens large est essentielle, car la famille peut constituer un allié important pour aider à la compréhension de la situation et être

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intégrée dans les interventions thérapeutiques de psychothérapie. L’adaptation de l’environnement est cruciale pour maintenir une bonne qualité de vie du patient dans son milieu de vie habituel et ainsi limiter les causes de stress qui peuvent être autant de facteurs de décompensation somatopsy- chique. Les ruptures (hospitalisation, institution- nalisation) doivent être anticipées dans la mesure du possible. La prise en charge des comorbidités somatiques et psychiatriques est indispensable, car les liens entre troubles psychiatriques et maladies cardio- vasculaires, endocriniennes, respiratoires ou digestives sont bidirectionnels. Sur le plan des comordibités psychiatriques, les troubles du sommeil doivent être recherchés pour éventuelle- ment conduire à l’investigation d’une cause soma- tique sous-jacente, comme le syndrome d’apnées du sommeil. La prise en charge de l’insomnie repose sur la mise en place de mesures d’hygiène du sommeil et peut faire appel à des traitements non médica-

menteux, comme la luminothérapie (35). Enfin, les comorbidités addictives, en particulier l’addic- tion à l’alcool, sont souvent associées aux troubles anxieux (2) et doivent faire l’objet d’une prise en charge adaptée.

Conclusion

L’anxiété chez le sujet âgé est un symptôme fréquent, bien qu’il soit probablement sous-évalué et donc insuffisamment traité. Les liens étant étroits entre troubles somatiques, psychiques et anxiété, une anamnèse précise et une prise en charge globale et pluridisciplinaire sont par conséquent indispensables.

Afin d’aider le clinicien à mieux détecter l’anxiété, certaines échelles peuvent être utilisées, comme la Geriatric Anxiety Inventory (GAI) [36], l’Hospital Anxiety and Depression scale (HAD) [37] ou le Short Anxiety Screening Test (SAST) de Sinoff et al. (38).

C. Masse déclare avoir des liens d’intérêts avec BMS-Otsuka et Lundbeck.

P. Vandel déclare avoir des liens d’intérêts avec BMS-Otsuka, Euthérapie, Janssen, Lilly, Lundbeck, Pfizer, Sanofi-Aventis, Eisai, AstraZeneca, Biocodex et Wyeth.

J. Giustiniani et D. Bennabi déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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Références bibliographiques

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