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I Généralités sur les matrices

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Texte intégral

(1)

Chapitre 14 : Matrices.

Dans tout le chapitreKdésignera indifféremment RouC. Les éléments deKseront appelés des scalaires.

I Généralités sur les matrices

A Définitions de base

Soit pn, pq P pN˚q2. On appelle matrice de taille nˆp un tableauA d’éléments de Kà n lignes et pcolonnes.

On notera A“ pAi,jq1ďiďn

1ďjďp

ouA“ pAi,jqpi,jqPJ1,nKˆJ1,p

K

. On écrit la matriceAsous la forme suivante

A

¨

˚

˚

˚

˝

A1,1 A1,2 ¨ ¨ ¨ A1,p

A2,1 A2,2 ¨ ¨ ¨ A2,p

... ... ... An,1 An,2 ¨ ¨ ¨ An,p

˛

Remarque1. On écrit alors simplement MnpKqau lien de Mn,npKql’ensemble des matrices carrées

On note Mn,ppKq (resp. Mn,ppRq, Mn,ppCq) l’ensemble des matrices de taille nˆp à coefficients dansK(resp.R,C).

Si n“1 on parle de matrice ligne, sip“1 on parle de matrice colonne.

Si npon parle de matrice carrée Définition 1

Exemple 1.A“ ˆ1 2

3 4

˙

PM2pRq

B

ˆ 5 0 i 21`2i 8 eiπ3

˙

PM2,3pCq

Soit A PMn,ppKq et B P Mn,ppKqdeux matrices . On dit que A et B sont égales et on note AB si

@pi, jq PJ1, nKˆJ1, pK, Ai,jBi,j

Définition 2

Exemple 2. Soit A

ˆ1 ´1

0 2

˙ B

ˆcosp0q e tanp0q 2

˙

et C

¨

˝ 1 ´1

0 2

0 0

˛

On a alorsAB maisAC etBC.

SoitAPMn,ppKq. Pourpi, jq PJ1, nKˆJ1, pKon définit les matrices suivantes

— La i-ème ligne deAest la matrice ligne Li“`

Ai,1 Ai,2 ¨ ¨ ¨ Ai,p

˘

— La j-ème colonne deAest la matrice colonne

Cj

¨

˚

˚

˚

˝ A1,j

A2,j

... An,j

˛

Définition 3

(2)

B Matrices particulières

— On appelle matrice nulle de taillenˆpla matrice notée 0nˆp dont tous les coefficients sont nuls.

— On appelle matrice identité de taillenla matrice carrée notéeIn définie par

In

¨

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˝

1 0 0 ¨ ¨ ¨ 0 0 0 1 0 ¨ ¨ ¨ 0 0 ... . .. ... ... . .. ... ... . .. ... 0 0 0 ¨ ¨ ¨ 0 1

˛

Définition 4

— Une matrice A carrée de taille n est dite diagonale si tous ses coefficients sont nuls sauf éventuellement ceux de sa diagonale.

Remarque2. Inest en particulier une matrice diagonale de taillen

On a donc

@pi, jq PJ1, nK, ij ñ Ai,j “0

— Soitpλ1,¨ ¨ ¨λnq PKn, on noteDiagpλ1,¨ ¨ ¨λnqla matrice diagonale de taillendéfinie par

Diagpλ1,¨ ¨ ¨λnq “

¨

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˝

λ1 0 0 ¨ ¨ ¨ 0 0 0 λ2 0 ¨ ¨ ¨ 0 0

... . .. ...

... . .. ...

... . .. ...

0 0 0 ¨ ¨ ¨ 0 λn

˛

Remarque3. On définit de manière similaire les matrices triangulaires inférieure comme les matrices dont les coefficients au dessus de la diagonale sont nuls

— Un matrice carréeB de taillenest dite triangulaire supérieure si tous ses coefficients sous la diagonale sont nuls, c’est-à-dire

@pi, jq PJ1, nK, iąj ñ Bi,j “0 On a donc

B

¨

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˝

B1,1 B1,2 B1,3 ¨ ¨ ¨ B1,n´1 B1,n

0 B2,2 B2,3 ¨ ¨ ¨ B2,n´1 B2,n

... . .. ...

... . .. ...

... . .. ...

0 0 0 ¨ ¨ ¨ 0 Bn,n

˛

Remarque4. Les matrices triangulaires supérieures sont les matrices échelonnées carrées.

— Une matriceM de taillenˆpest dit échelonnée si

@pi, jq PJ1, nK, iąj ñ Mi,j“0 Définition 5

(3)

II Opération sur les matrices

A Addition, multiplication par un scalaire

SoitpA, Bq PMn,ppKq2

On définit la matriceA`B par

A`B“ pAi,j`Bi,jqpi,jqPJ1,nKˆJ1,p

K

Il s’agit donc de la matrice obtenue en additionnant les coefficients de Aet ceux deB.

Définition 6

SoitpA, B, Cq PMn,ppKq3, on a alors

— pA`Bq `CA` pB`Cq

Remarque5. On écrira alorsA`B`C

A`BB`A

A`0n,pA Proposition 1

Démonstration. Il s’agit de simples conséquences de la définition.

SoitAPMn,ppKqetλPK. On définit le produit deA parλnotéλ¨Apar

Remarque6. On n’écrit jamaisA¨λ

λ¨A“ pλAi,jqpi,jqP

J1,nKˆJ1,pK

On multiplie donc chaque coefficient deAparλ Définition 7

Remarque7. Si le contexte est clair et qu’aucune confusion n’est possible, en particulier avec le produit matriciel défini ci-après, alors on pourra se passer du¨et écrire simplementλA

Remarque8. On n’écrira par contre jamais

SoitpA, Bq PMn,ppKq2 etpλ, µq PK2, on a alors

λ¨ pµ¨Aq “ pλµq ¨A

— 1¨AAet 0¨A“0n,p

— pλ`µq ¨Aλ¨A`µ¨A

λ¨ pA`Bq “λ¨A`µ¨B Proposition 2

Démonstration. Il s’agit de simples conséquences de la définition.

(4)

B Produit matriciel

SoitAPMn,ppKqet BPMp,qpKq.

Remarque9. Faire EXTRÊMEMENT attention aux dimensions deAetB

On définit le produit AˆB comme la matrice de taille nˆqdéfinie par

@pi, jq PJ1, nKˆJ1, qK pAˆBqi,j

p

ÿ

k“1

Ai,kˆBk,j

On a le schéma suivant : Définition 8

Remarque 10. — Pour pouvoir définir le produitAˆBil faut que le nombre de colonnes deAsoit égal au nombre de lignes deB.

Schématiquementpnˆpqmultiplié parppˆqqdonnepnˆqq.

Remarque11. En particulier si

pA, Bq PMnpKq2alors AˆBPMnK

— Si le contexte est clair et qu’aucune confusion est possible on écrira ABplutôt queAˆB

SoitAPMn,ppKq, on a

AIpA,InAA

A0p,q“0n,q, 0r,nA“0r,p

Proposition 3

Démonstration. Soitpi, jq PJ1, nKˆJ1, qK, on a alors pAIpqi,j“ ÿ

k“1p

Ai,kpIpqk,j

Ai,jˆ1 ppIpqk,j “0 sikjq

Ai,j

On prouve de même queInAA.

Il est clair queA0p,q“0n,q et 0r,nA“0r,p

SoitA, B etC trois matrices etλPK. Lorsque les opération effectuées sont licites, on a

Aˆ pBˆCq “ pAˆBq ˆC

Remarque12. On écrira alorsAˆBˆC

— pA`Bq ˆCAˆC`BˆC

Aˆ pB`Cq “AˆB`AˆC

Aˆ pλ¨Bq “ pλ¨Aq ˆBλ¨ pAˆCq

Remarque13. On écrit alorsλAB

Proposition 4

Démonstration. Il suffit de calculer les coefficients pour vérifier les égalités.

SoitAPMn,ppKq,BPMp,qpKqetCPMq,rpKq. Soitpi, jq PJ1, nKˆJ1, rK.

(5)

On a

pAˆ pBˆCqqi,j

p

ÿ

k“1

Ai,kpBˆCqk,j

p

ÿ

k“1

Ai,k q

ÿ

`“1

Bk,`C`,j

p

ÿ

k“1 q

ÿ

`“1

Ai,kBk,`C`,j

q

ÿ

`“1 p

ÿ

k“1

Ai,kBk,`C`,j

q

ÿ

`“1

C`,j p

ÿ

k“1

Ai,kBk,`

q

ÿ

`“1

C`,jpAˆBqi,`

q

ÿ

`“1

pAˆBqi,`C`,j

“ ppAˆBq ˆCqi,j

Les autres résultats se prouvent de manière similaire.

Remarque 14. Le produit matriciel ne se comporte pas toujours comme le produit usuel surRouC. Énumérons certaines erreurs

— Soit APMn,ppKqetB PMp,npKq. En général on a AˆBBˆA

Par exemple soit

A“ ˆ1 1

0 0

˙

B “ ˆ3 4

1 2

˙

On a alors

AB“ ˆ4 6

0 0

˙

et BA

ˆ3 3 1 1

˙

Autant que possible on précisera alors si on multiplieA parB à droite (c’est-à-dire le produit AB) ou à gauche (le produitBA).

— Comme le produit n’est pas commutatif, de nombreuses manipulations usuelles sur les scalaires sont fausses sur les matrices. Par exemple les identités remarquables ne sont plus vraies. On a

— pA`Bq2A2`AB`BA`B2, en généralpA`Bq2A2`2AB`B2

— pA´BqpA`Bq “A2`AB´BA´B2, en généralpA´BqpA`Bq ‰A2´B2 De même la formule du binôme de Newton ne sera pas vraie en général.

— Soit C P Mn,ppKq et D P Mp,qpKq, alors CˆD “ 0n,q n’implique pas que C “ 0n,p ou D“0p,q.

Par exemple soit

C

ˆ3 2 ´1

2 4 4

˙

D

¨

˝

´2 4

5 ´10

4 ´8

˛

On a alors

CˆD“ ˆ0 0

0 0

˙

et DˆC

¨

˝

2 12 ´6

´5 ´30 35

´4 ´24 28

˛

— Une conséquence importante est qu’il n’est pas possible de « simplifier »par une matrice A , même siA‰0.

ABAC n’implique pasqueBC.

— Last but not least, une des pires erreurs que vous puissiez faire serait de diviser par une matrice.

En aucun cas, dans aucune situation, on ne peux diviser par une matrice. Le faire vous voudra l’ire éternelle du correcteur et de votre professeur.

(6)

Soitpλ1,¨ ¨ ¨, λn, µ1,¨ ¨ ¨µnq PK2n.

— Le produit de deux matrices diagonales est une matrice diagonale. En particulier on a Diagpλ1,¨ ¨ ¨λnq ˆDiagpµ1,¨ ¨ ¨µnq “Diagpλ1µ1,¨ ¨ ¨λnµnq

— Le produit de deux matrices triangulaires supérieures est une matrice triangulaire supérieure. Le produit de deux matrices triangulaires inférieures est une matrice tri- angulaire inférieure.

Proposition 5

Démonstration. Il suffit de calculer les coefficients

SoitAPMnpKq. On définit par récurrence les puissances successives deApar

#A0In

@pPN, Ap`1AˆApApˆA

Remarque15. SiA n’est pas une matrice carrée on ne peut pas définirAp.

On a ainsi

ApAˆAˆ ¨ ¨ ¨ ˆA looooooooomooooooooon

pfois

Définition 9

SoitAPMnpKqetpp, qq PN2, on a

ApˆAqAp`q

— pApqqApq Proposition 6

Démonstration. Simple conséquence de la définition

Remarque 16. Si pA, Bq P MnpKq2 et p P N en général on n’a pas pABqpApBp. On a en effet pABqnABAB¨ ¨ ¨AB, ce qui, en général, est différent deAnBn.

SoitpA, Bq PMnpKq2. On dit queAet B commutent siABBA.

Définition 10

SoitpA, Bq PMnpKq2 deux matrices qui commutent etnPN. On a alors

— pA`Bq2A2`2AB`B2

— pA´BqpA`Bq “ pA`BqpA´Bq “A2´B2

— pABqnAnBn

— pA`Bqn“řn k“0

`n

k

˘AkBn´k“řn k“0

`n

k

˘An´kBk Proposition 7

C Transposition

SoitAPMn,ppKq, on définit la matrice transposée deA, notéetAPMp,npKqpar

Remarque17. On trouve parfois la notationAT tAi,jAj,i

Moralement on obtient tA en faisant une symétrie des coefficients de A par rapport à sa diagonale.

Définition 11

(7)

SoitpA, Bq PMn,ppKq2,CPMp,qpKqet λPK, on a

tptAq “A

tpA`Bq “tA`tB

tpAˆCq “tCˆtA

tpλAq “λtA Proposition 8

Démonstration. Seule la troisième propriété ne découle pas immédiatement de la définition.

Soitpi, jq PJ1, qKˆJ1, nK, on a

SoitAPMnpKq.

— On dit que Aest symétrique sitAA, c’est-à-dire

@pi, jq PJ1, nK

2, Ai,jAj,i

— On dit que Aest antisymétrique sitA“ ´A, c’est-à-dire

Remarque18. Ceci implique en particulier que les coefficients diagonaux deAsont nuls

@pi, jq PJ1, nK

2, Ai,j“ ´Aj,i Définition 12

III Écriture matricielle d’un système linéaire

Considérons le système linéaire

pSq:

$

’’

’&

’’

’%

a1,1x1 ` a1,2x2 ` ¨ ¨ ¨ ` a1,pxpb1

a2,1x1 ` a2,2x2 ` ¨ ¨ ¨ ` a2,pxpb2

... ... ... ...

an,1x1 ` an,2x2 ` ¨ ¨ ¨ ` an,pxpbn

@iPJ1, nK, @kPJ1, pK, ai,kPK, biPK Notons alors

A

¨

˚

˚

˚

˝

a1,1 a1,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a1,p

a2,1 a2,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a2,p

... ... ...

an,1 an,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ an,p

˛

X

¨

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˝ x1 x2 ... ... xp

˛

B

¨

˚

˚

˚

˝ b1 b2 ... bn

˛

Soit px1, x2,¨ ¨ ¨, xpq P Kp. px1, x2,¨ ¨ ¨, xpq est solution de pSqsi et seulement si AXB avec les notations introduites plus haut.

On appelle l’écriture AXB la formulation matricielle du systèmepSq.

Proposition 9

Pour résoudre un système linéaire on va utiliser la même méthode que précédemment en utilisant des opérations élémentaires sur les lignes sauf qu’au lieu de faire les opérations sur le système on va les faire sur les matricesA etB.

Cela a plusieurs intérêts, tout d’abord c’est moins lourd à écrire mais surtout cette méthode va nous permettre d’utiliser l’ordinateur ou la calculatrice pour faire les calculs.

On va introduire une nouvelle notation pour simplifier encore les écritures.

(8)

SoitAPMn,ppKqetBPMn,1pKq. On introduit la matrice augmentéepA|Bq

Remarque19. pA|Bq n’est pas vraiment une matrice, c’est juste une écriture condensée pratique pour les calculs

¨

˚

˚

˚

˝

a1,1 a1,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a1,p b1 a2,1 a2,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a2,p b2 ... ... ... ... an,1 an,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ an,p bn

˛

Définition 13

On fera alors nos opérations élémentaires sur les lignes depA|Bq.

Exemple 3. Soit

S:

$

&

%

x ´ y ` 2z “ 5

3x ` 2y ` z “ 10

2x ´ 3y ´ 2y “ ´10

On considère la matrice augmentée

¨

˝

1 ´1 2 5

3 2 1 10

2 ´3 ´2 ´10

˛

L2ÐL2´3L1

L3ÐL3´2L1

¨

˝

1 ´1 2 5

0 5 ´5 ´5

0 ´1 ´6 ´20

˛

L2Ð 15L2

L3Ð ´L3

¨

˝

1 ´1 2 5

0 1 ´1 ´1

0 1 6 20

˛

L3ÐL3´L2

¨

˝

1 ´1 2 5

0 1 ´1 ´1

0 0 7 21

˛

L3Ð 17L3

¨

˝

1 ´1 2 5

0 1 ´1 ´1

0 0 1 3

˛

On peut s’arrêter ici, on a alors S ô

$

&

%

x ´ y ` 2z “ 5 y ´ z “ ´1

z “ 3

On « remonte »ensuite le système par substitutions successives pour le résoudre.

On peut aussi continuer à travailler sur la matrice augmentée L2ÐL2`L3

L1ÐL1´2L3

¨

˝

1 ´1 0 ´1

0 1 0 2

0 0 1 3

˛

L1ÐL1`L2

¨

˝

1 0 0 1

0 1 0 2

0 0 1 3

˛

On aboutit ainsi à la solution : L’ensemble des solutions deS esttp1,2,3qu.

(9)

SoitAPMn,ppKq. Par des opérations élémentaires sur les lignes on peut transformerAen une matrice échelonnée ˜A

Remarque20. AA,˜ on dit queAest équivalente à ˜A

.

On définit le rang deA, notée rgpAqou RangpAqcomme étant le nombre de lignes non-nulles de ˜A.

Le rang de A est également le rang des systèmes linéaires AXB avec B P Mn,1pKq quelconque

Définition 14

Exemple 4. SoitA

¨

˝

3 2 1 1 1 0 2 1 1

˛

‚. Déterminons RangpAq.

L2ØL1

¨

˝

1 1 0 3 2 1 2 1 1

˛

L2ÐL2´3L1 L3ÐL3´2L1

¨

˝

1 1 0

0 ´1 1 0 ´1 1

˛

L3ÐL3´L2

¨

˝

1 1 0

0 ´1 1

0 0 0

˛

AinsiAest équivalente à une matrice de rang 2.Aest donc de rang 2.

SoitAPMn,ppKq. On a

RangpAq “Rang`t A˘ Théorème 10

Démonstration. Résultat admis

IV Inversion de matrice

A Définition

On a vu que la multiplication matricielle nous réserve certaines surprises, en particulier la simpli- fication est impossible. Mais qu’entendait-on par simplification ?

Soitpa, bq P pRq2 etcPR˚, on suppose que l’on a cacb

et on souhaite prouver queab.

Rigoureusement on ne barre pas simplement les c. On sait qu’il existedPRtel quecddc“1 (on notera alorsd1c). On peut alors multiplier de part et d’autre de l’égalité pard, on a donc

dcadcb

C’est-à-dire

1a“1b et doncab.

Peut-on obtenir quelque chose de similaire sur les matrices ? En général non comme on l’a vu plus haut mais, dans certains cas, c’est possible

(10)

Une matrice carrée APMnpKq

Remarque21. Il est important queAsoit carrée

est dite inversible s’il existeBPMnpKqtelle que ABBAIn

La matriceB est alors unique, on l’appelle l’inverse deAet on la noteA´1

Remarque22. Écrire

1

A est une horreur absolue et vous vaudra mon inimitié éternelle

On note GLnpKql’ensemble des matrices inversibles de taillen.

Définition 15

Démonstration. Il nous faut prouver l’unicité deB.

Supposons qu’il existeB1et B2 telles que

AB1B1AIn et AB2B2AIn On a alors , d’un part

B1AB2B1InB1

et d’autre part

B1AB2InB2B2

D’oùB1B2

La définition mentionne qu’il faut avoirABBAIn, en pratique c’est un peu plus simple

SoitpA, Bq PMnpKq2, On a l’équivalence

ABIn ôBAIn

Théorème 11

Démonstration. Résultat admis

SoitpA, Bq PMnpKq2, siABIn ouBAIn alorsBA´1 Corolaire 12

Exemple 5.In est inversible etIn´1In.

— Soit

A

ˆ2 i

´i 1

˙

B

ˆ1 ´i i 2

˙

Aest inversible etBA´1. En effet on a AB

ˆ2`i2 ´2i`2i

´i`i p´iq2`2

˙

“ ˆ1 0

0 1

˙

I2

Savoir si une matrice est inversible est un problème compliqué mais dans certains cas c’est très simple.

Soitpλ1,¨ ¨ ¨, λnq PKn et soitMDiagpλ1,¨ ¨ ¨, λnq.

M est inversible si et seulement si

@iPJ1, nK, λi‰0 Et dans ce cas on a

M´1Diag ˆ 1

λ1

,¨ ¨ ¨, 1 λn

˙ Proposition 13

Démonstration. Il suffit de faire les calculs.

(11)

SoitpA, Bq PGLnpKq2. Alors

A´1 est inversible et` A´1˘´1

A

ABest inversible etpABq´1B´1A´1

Remarque23. A`B n’est elle, en général, pas inversible

tAest inversible etptAq´1t` A´1˘ Théorème 14

Démonstration. — On aAA´1In, ainsi A´1 est inversible d’inverseA.

— On apABqpB´1A´1q “ABB´1A´1AInA´1AA´1In. AinsiABest inversible d’inverse B´1A´1.

— On atAt` A´1˘

t` A´1A˘

tInIn. AinsitAest inversible d’inverse t` A´1˘

B Détermination de A

´1

SoitAPMnpKqon cherche comment déterminer siA est inversible et, le cas-échéant, déterminer A´1.

1 Via le système linéaire associé

On rappelle que si

A

¨

˚

˚

˚

˝

a1,1 a1,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a1,n a2,1 a2,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a2,n

... ... ...

an,1 an,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ an,n

˛

X

¨

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˝ x1 x2

... ... xn

˛

B

¨

˚

˚

˚

˝ b1

b2

... bn

˛

Alors le système

pSq:

$

’’

’&

’’

’%

a1,1x1 ` a1,2x2 ` ¨ ¨ ¨ ` a1,nxnb1

a2,1x1 ` a2,2x2 ` ¨ ¨ ¨ ` a2,nxnb2

... ... ... ...

an,1x1 ` an,2x2 ` ¨ ¨ ¨ ` an,nxnbn

est équivalent àAXB.

Soit A P MnpKq. A est inversible si et seulement si, pour tout B P Mn,1pKq, le système AXB est de Cramer.

Théorème 15

Démonstration. — Supposons dans un premier temps queAest inversible, on a alors AXBôA´1AXA´1BôXA´1B

Le systèmeAXB admet donc une unique solution il est de Cramer.

— Supposons maintenant que, pour toutBPMn,1pKq, le systèmeAXB est de Cramer.

PourjPJ1, nKon définitej

¨

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˚

˝ 0

... 0 1 0 ... 0

˛

(le 1 se trouve sur laj-ème ligne)

(12)

Soitfj

¨

˚

˝ α1

... αn

˛

‚l’unique solution deAXej.

On définit alorsM la matrice carrée de taillendont, pour toutjPJ1, nK, laj-ème colonne est fj, i.e.

M

¨

˚

˚

˚

˝

α1,1 α1,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ α1,n

α2,1 α2,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ α2,n

... ... ...

αn,1 αn,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ αn,n

˛

On a alorsAMIn, en effet laj-ème colonne deAM est le produit deAet de laj-ème colonne deM c’est-à-direAfjej.

Aest ainsi inversible d’inverseM

On a vu dans le chapitre « Systèmes linéaires »un critère reliant le rang du système à son nombre de solutions. On peut le réinterpréter ici via le prisme de l’inversibilité.

SoitAPMnpKq.Aest inversible si et seulement si RangpAq “n.

Théorème 16

Démonstration. On sait queS est de Cramer si et seulement si RangpSq “n, d’oùAest inversible si et seulement si RangpAq “n.

Avec ce critère on va pouvoir statuer sur l’inversibilité des matrices. Pour cela on utilise des opérations élémentaires sur les lignes pour mettre la matrice sous forme échelonnée et ainsi déterminer son rang.

Soit T PMnpKqune matrice triangulaire (inférieure ou supérieure). T est inversible si et seulement si tous ses coefficients diagonaux sont non-nuls.

Proposition 17

Démonstration. Le système associé est de Cramer si et seulement si il anpivots non-nuls, c’est-à-dire si et seulement si lesncoefficients diagonaux sont non-nuls.

Dans le cas oùAest inversible comment faire pour déterminerA´1?

On sait qu’alorsAXB est équivalent à XA´1B. Pour calculerA´1 on va alors résoudre le systèmeAXB pour B

¨

˚

˝ b1

... bn

˛

‚quelconque.

Remarque24. Si, en résolvant, on obtient plusieurs solutions c’est que, soitAn’est pas inversible, soit on s’est trompé dans le calcul des solutions

Une foisA´1 trouvée il est bon de vérifier que l’on a bienAA´1Inpour être sur de ne pas avoir fait d’erreurs de calcul lors de la résolution deAXB.

Exemple 6. SoitA

¨

˝

2 7 3 3 9 4 1 5 3

˛

‚. On va montrer queAest inversible et déterminerA´1. Pour cela on poseB

¨

˝ b1 b2

b3

˛

‚et on résout le systèmeAXB.

Considérons la matrice augmentée

¨

˝

2 7 3 b1 3 9 4 b2 1 5 3 b3

˛

L3ØL1

¨

˝

1 5 3 b3 3 9 4 b2

2 7 3 b1

˛

L2ÐL2´3L1

(13)

L3ÐL3´2L1

¨

˝

1 5 3 b3

0 ´6 ´5 b2´3b3 0 ´3 ´3 b1´2b3

˛

L2Ð ´16L2

¨

˝

1 5 3 b3

0 1 56 ´16 b2`12b3 0 ´3 ´3 b1´2b3

˛

L3ÐL3`3L2

¨

˝

1 5 3 b3

0 1 56 ´16 b2`12b3

0 0 ´12 b1´12b2´12b3

˛

Notre système est de rang 3, ainsiAest bien inversible.

L3Ð ´2L3

¨

˝

1 5 3 b3

0 1 56 ´16 b2`12b3 0 0 1 ´2b1`b2`b3

˛

L2ÐL2´56L3 L1ÐL1´3L3

¨

˝

1 5 0 6b1´3b2´2b3

0 1 0 ´53b1`b2´13b3

0 0 1 ´2b1`b2`b3

˛

L1ÐL1´5L2

¨

˝

1 0 0 ´73b1`2b2´13b3 0 1 0 ´53b1`b2´13b3 0 0 1 ´2b1`b2`b3

˛

Ainsi

A´1B

¨

˝

´73b1`2b2´13b3

´53b1`b2´13b3

´2b1`b2`b3

˛

‚“

¨

˝

´73 2 ´13

5

3 ´1 ´13

´2 1 1

˛

¨

˝ b1 b2 b3

˛

On a alors

@BPMnpKq, A´1B

¨

˝

´73 2 ´13

5

3 ´1 ´13

´2 1 1

˛

‚B

D’où

Remarque25.

Réconciliez vous avec les fractions car, sauf dans certains exercices soigneusement calibrés, elles sont inévitables dans le calcul des inverses

A´1

¨

˝

´73 2 ´13

5

3 ´1 ´13

´2 1 1

˛

Cette méthode est efficace mais il peut être lourd de se trainer les coefficients pbkqkPJ1,nK. On va donc améliorer la méthode.

2 Par la méthode de Gauss-Jordan

La méthode de Gauss-Jordan reprend le principe du pivot de Gauss mais on va utiliser une matrice supplémentaire pour garder la mémoire des opérations que l’on fait.

Le principe est le suivant : On applique des opérations élémentaires sur les lignes de la matrice Aà inverser jusqu’à arriver à l’identité In. On applique ensuite les mêmes opérations dans le même ordre àIn, le résultat seraA´1.

Pour faire cela on va encore utiliser l’intermédiaire de calcul que sont les matrices augmentées.

(14)

Plus précisément, soitA

¨

˚

˚

˚

˝

a1,1 a1,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a1,n

a2,1 a2,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a2,n

... ... ...

an,1 an,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ an,n

˛

on considère la matrice augmentée ob-

tenue en rajoutantIn à droite deA

¨

˚

˚

˚

˝

a1,1 a1,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a1,n 1 0 0 ¨ ¨ ¨ 0 a2,1 a2,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ a2,n 0 1 0 ¨ ¨ ¨ 0

... ... ... ... . ..

an,1 an,2 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ an,n 0 0 0 ¨ ¨ ¨ 1

˛

On va appliquer des opérations élémentaires sur les lignes de la matrice augmentée jusqu’à ce que la partie gauche soitIn et alors la partie de droite seraA´1.

Exemple 7. — SoitM

¨

˝

1 1 0 1 1 1 0 1 1

˛

Déterminons siM est inversible et, si c’est le cas, déterminonsM´1. On considère la matrice augmentée

¨

˝

1 1 0 1 0 0

1 1 1 0 1 0

0 1 1 0 0 1

˛

L2ÐL2´L1

¨

˝

1 1 0 1 0 0

0 0 1 ´1 1 0

0 1 1 0 0 1

˛

L2ÐL3

¨

˝

1 1 0 1 0 0

0 1 1 0 0 1

0 0 1 ´1 1 0

˛

On lit le rang deM sur la partie de gauche.M est de rang 3 et est donc inversible.

L2ÐL2´L3

¨

˝

1 1 0 1 0 0

0 1 0 1 ´1 1

0 0 1 ´1 1 0

˛

L1ÐL1´L2

¨

˝

1 0 0 0 1 ´1

0 1 0 1 ´1 1

0 0 1 ´1 1 0

˛

On a donc

M´1

¨

˝

0 1 ´1

1 ´1 1

´1 1 0

˛

— Reprenons notre exemple précédent, inversonsA

¨

˝

2 7 3 3 9 4 1 5 3

˛

‚ On considère la matrice augmentée

¨

˝

2 7 3 1 0 0

3 9 4 0 1 0

1 5 3 0 0 1

˛

L3ØL1

(15)

¨

˝

1 5 3 0 0 1

3 9 4 0 1 0

2 7 3 1 0 0

˛

L2ÐL2´3L1

L3ÐL3´2L1

¨

˝

1 5 3 0 0 1

0 ´6 ´5 0 1 ´3

0 ´3 ´3 1 0 ´2

˛

L2ØL3

¨

˝

1 5 3 0 0 1

0 ´3 ´3 1 0 ´2

0 ´6 ´5 0 1 ´3

˛

L3ÐL3´2L2

¨

˝

1 5 3 0 0 1

0 ´3 ´3 1 0 ´2

0 0 1 ´2 1 1

˛

L2ÐL2`3L3

L1ÐL1´3L3

¨

˝

1 5 0 6 ´3 ´2

0 ´3 0 ´5 3 1

0 0 1 ´2 1 1

˛

L2Ð ´13L2

¨

˝

1 5 0 6 ´3 ´2

0 1 0 53 ´1 ´13

0 0 1 ´2 1 1

˛

L1ÐL1´5L2

¨

˝

1 0 0 ´73 2 ´13 0 1 0 53 ´1 ´13

0 0 1 ´2 1 1

˛

Ainsi

A´1

¨

˝

´73 2 ´13

5

3 ´1 ´13

´2 1 1

˛

V Le cas particulier des matrices 2 ˆ 2

SoitA“ ˆa b

c d

˙

PM2pKq. On définit le déterminant deA, noté detpAqpar detpAq “ad´bc

Remarque26. On retrouve le

déterminant de deux vecteurs~uet~ven faisant le déterminant de la matrice de leurs coordonnées écrites en colonnes

On note parfois detpAq “

a b c d

Définition 16

(16)

SoitAPM2pKq. Aest inversible si et seulement si detpAq ‰0. Dans ce cas on a A´1“ 1

detpAq

ˆd ´b

´c a

˙ Théorème 18

Démonstration. SoitA“ ˆa b

c d

˙

et B

ˆd ´b

´c a

˙ . On a AB

ˆa b c d

˙ ˆ

ˆd ´b

´c a

˙

ˆad´bc 0 0 ad´bc

˙

“detpAqI2

— Supposons detpAq ‰0, alors´

1 detpAqB¯

I2.Aest donc inversible etA´1detpAq1

ˆd ´b

´c a

˙

— Supposons que detpAq “0. Supposons de plus par l’absurde queAest inversible.

On a alorsAB“02,2, d’oùA´1AB“02,2, c’est-à-direB“02,2 ce qui est clairement absurde.

AinsiAn’est pas inversible.

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