• Aucun résultat trouvé

Le plurilinguisme et l'insécurité linguistique chez les étudiants de département de français cycle licence à l’université de Bouira.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Le plurilinguisme et l'insécurité linguistique chez les étudiants de département de français cycle licence à l’université de Bouira."

Copied!
92
0
0

Texte intégral

(1)

Université Akli Mohand Oulhadj – BOUIRA Faculté des Lettres et des Langues Département des Lettres et Langue Française

Mémoire de master académique Domaine : Lettres et Langues

Filière : Langue Française Spécialité : Sciences du Langage

Titre

Présenté par : Sous la direction de : - KHELIL Imane - M. MILOUDI Jugurtha - AZRARAK Malika Soutenu le 04/05/2017 Devant le jury : - M. SEBIH.R Président - M. MILOUDI.J Encadreur - M. KICIRI.R Examinateur Année universitaire 2015/2016

Le plurilinguisme et l'insécurité

linguistique chez les étudiants de

département de français cycle

licence à l’université de Bouira.

(2)

Nous tenons à remercier tout d'abord le bon Dieu le tout puissant, pour son aide et sa bénédiction.

Ensuite, nous tenons à remercier notre encadreur monsieur MILOUDI Jugurtha, pour ses précieux conseils.

Tous nos remerciements à monsieur BOUSSIGA Aissa pour ses conseils et encouragements.

Nous remercions également monsieur KICIRI Rachid pour son aide et encouragement.

(3)

Dédicaces

Je dédie ce travail à mes très chers parents, à toute ma famille et à tous les étudiants de master 2 sciences du langage.

(4)

Je dédie ce travail:

A mes chers parents, qui m'ont accompagné durant tout mon cursus.

A toute ma famille et à tous ceux que je porte dans mon cœur.

(5)

Sommaire

Introduction générale 6

Motivation et intérêt de sujet 7

Problématique de la recherche 8 Questions de la recherche 8 Hypothèses de la recherche 8 Objectif de la recherche 9 Le plan 9 Partie théorique 10 Introduction 11

Chapitre I: Considérations théoriques 12

1- Le plurilinguisme 13

1-1- Un bref aperçu historique 13

1-2- Du monolinguisme au plurilinguisme 13

1-3- La différence entre plurilinguisme et multilinguisme 15

1-4- Les types de plurilinguisme 16

2- Sécurité/insécurité linguistique 17

2-1- L’insécurité linguistique Erreur ! Signet non défini.

2-2- Définition de sécurité /insécurité linguistique Erreur ! Signet non défini.

2-3- Les types d’insécurité linguistique 19

3- Les causes qui favorisent l’insécurité linguistique 19

3-1- La norme 19

3-2- Les attitudes linguistiques et les représentations linguistiques 22

3-3- Les marchés linguistiques 24

4- Les conséquences de l’insécurité linguistique 25

4-1- L’hypercorrection 25

4-2- L’alternance codique 26

5- L’insécurité linguistique en situation diglossique 26

(6)

7

1- Le paysage linguistique algérien 29

2- Le statut des langues en Algérie 31

3- La politique linguistique en Algérie 33

Conclusion 35

Partie pratique 36

Introduction 37

Chapitre I: Considérations méthodologiques 38

1- Le protocole d’enquête 38

1-1- Le questionnaire 38

1-2- La dictée 40

2- Le déroulement de l'enquête 41

3- Présentation des variables 42

Chapitre II: Analyse des résultats 44

1- Analyse du premier corpus (le questionnaire) 45

1-1- Présentation des résultats obtenus 45

1-2- Traitement et analyse 57

2- Analyse du deuxième corpus (la dictée) 60

Conclusion 66

Conclusion générale 67

Bibliographie 70

(7)

6

(8)

7

La richesse linguistique de l'Algérie fait d'elle un véritable champ de recherche, elle se caractérise par plusieurs langues (l'arabe et ses variétés, le berbère et ses variétés et le français) c'est pourquoi nous avons réalisé notre présente recherche.

Le sujet que nous allons traiter est inscrit dans le domaine de la sociolinguistique, cette dernière a pour objet d'étude le rapport entre la langue et la société, il traite le phénomène du plurilinguisme et l'insécurité linguistique chez les étudiants du français cycle licence à l'université de Bouira.

Pour CHACHOU.I la situation de plurilinguisme se définit comme étant : « la coexistence de deux ou plusieurs idiomes sur un même territoire. Un sujet parlant est dit plurilingue lorsqu’il recourt, dans des situations de communication différentes, à l’usage de plusieurs langues», (2015 : 18). D’après cette définition, nous pouvons constater que le plurilinguisme est la présence de deux ou plusieurs langues dans une même société, un locuteur plurilingue est celui qui utilise plus de deux langues dans différent contextes.

D'après CALVET.L-J l'insécurité linguistique se manifeste: «lorsque les locuteurs considèrent leur façon de parler comme peu valorisante et en tête un autre modèle plus prestigieuse mais, qu’ils ne pratiquent pas» (1993: 47), cela dit que, les locuteurs estiment que leur langue maternelle est moins valorisante et ils pensent qu'il ya une langue plus prestigieuse que leur langue maternelle.

La pluralité des langues constitue un ensemble des représentations et attitudes linguistiques, ces dernières vont manifester le phénomène d'insécurité linguistique.

Motivation et intérêt de sujet

Nous avons choisi d'étudier le phénomène du plurilinguisme et l'insécurité linguistique car, nous avons remarqué que la plus part des étudiants emploient plusieurs langues dans des situations de communications divers, c'est pour quoi

(9)

8

nous étions très curieuses de savoir les raisons principaux derrière ce changement linguistique et de savoir ses conséquences.

Notre choix de l'université comme un lieu d'enquête est pour le fait qu'elle est un lieu d'interaction par excellence, elle se caractérise par la présence de plusieurs langues. De plus, comme étant d'étudiants l'accès à l'université sera facile.

Problématique de la recherche

Notre recherche porte sur le plurilinguisme et l'insécurité linguistique chez les étudiants de département de français (cycle licence), notre problématique s'articule au tour de deux questions: Comment se manifeste le phénomène d'insécurité linguistique chez les étudiants de département de français à l'université de Bouira? Est-ce que les étudiants emploient d'autres langues que leur langue maternelle?

Questions de la recherche

Nous avons opté pour quatre questions de recherches:

- Est-ce -que l'insécurité linguistique est plus fréquente chez les étudiantes que les étudiants?

- Est-ce-que la pluralité linguistique dans la ville de Bouira favorise l'insécurité linguistique chez les étudiants?

- Quelles sont la ou les langues employées par les étudiants dans les différentes situations de communications?

- Est-ce-que le phénomène l'insécurité linguistique se manifeste beaucoup à l'écrit ou à l'oral?

Hypothèses de la recherche

Avant de répondre à ces questions, nous avons émis quatre hypothèses qui seront vérifiées tout au long de notre analyse:

(10)

9

- Le phénomène d'insécurité linguistique est plus fréquent chez les étudiantes que les étudiants.

-La langue française est la plus valorisée /valorisante chez les étudiants. - Le phénomène d'insécurité linguistique se manifeste beaucoup plus à l'écrit.

Objectif de la recherche

L'objectif de notre travail est de chercher les différentes causes qui nourrissent le phénomène d'insécurité linguistique.

Le plan

Notre mémoire est composé de deux parties: une partie théorique et une partie pratique. La partie théorique se compose de deux chapitres: dans le premier chapitre nous allons aborder quelques notions de base qui traitent: le plurilinguisme, sécurité/ insécurité linguistique, ainsi que les causes et les conséquences de l'insécurité linguistique. Dans le deuxième chapitre nous allons exposer le paysage linguistique algérien, le statut des langues en Algérie et la politique linguistique de ce pays.

Quant à la deuxième partie, elle sera composée de deux chapitres, le premier chapitre nous aborderons la méthodologie adoptée: le protocole d'enquête, le déroulement d'enquête, ainsi nous allons présenter les variables de la recherche. Le deuxième chapitre sera consacré à la présentation et l'analyse des résultats obtenus.

(11)

10

(12)

11 Introduction

La société algérienne se caractérise par une pluralité linguistique, cette dernière donne naissance à plusieurs phénomènes socio-langagiers tels que l’insécurité linguistique, les représentations linguistiques, l’alternance codique, les emprunts...etc. Selon CALVET.L-J « s’il ya guerre des langues, c’est bien parce qu’il ya plurilinguisme, un monde qui n’aurait qu’une langue ne connaîtrait pas ce type de conflit » (1999: 10). Autrement dit, ces phénomènes sont plus fréquents dans le milieu plurilingue que dans le milieu unilingue.

En outre, la situation linguistique algérienne est très complexe par la présence de plusieurs langues ou de plusieurs variétés linguistiques, cette complexité est due à son histoire (les différentes invasions, romaine, turque, et enfin française). La colonisation française a laissé des traces dans le marché linguistique algérien, car la langue française est présente dans les pratiques linguistiques des Algériens (l’arabe dialectal et le kabyle).

Dans le premier chapitre, nous allons aborder les définitions de quelques concepts: le plurilinguisme, sécurité/insécurité linguistique, la norme, les représentations et attitudes linguistiques, les marchés linguistiques, l’hypercorrection, l’alternance codique et la diglossie.

Dans le deuxième chapitre, nous allons aborder en premier le paysage linguistique algérien, en second le statut des langues en Algérie et en dernier la politique linguistique en Algérie.

(13)

12

Chapitre I

(14)

13 1- Le plurilinguisme

1-1- Un bref aperçu historique

Le phénomène de plurilinguisme signifie la présence de plusieurs langues au sien d’une même société.

CALVET L.J affirme dans son ouvrage La guerre des langues et les politiques linguistiques que: «le plurilinguisme est inconsciemment perçu dans nos sociétés à travers le mythe de Babel et vécu comme une punition divine. ce défi de Babel est pourtant relevé par les planificateurs qui tentent, par exemple, d’instaurer le monolinguisme dans les frontières des Etats, de promouvoir les langues colonisées ou d’inventer des langues artificielles universelles» (1999: 20). Selon l’histoire le plurilinguisme est considéré comme étant une punition du fait il n’existe pas une langue commune qui peut assurer la compréhension entre les individus.

SAPIR.E montre que : «les langues se suffisent rarement à elles-mêmes […]

il serait difficile de citer une langue ou un dialecte complètement isolé»1 cela

expliqué que les langues sont toujours en contact et on ne peut pas les séparées. L’idée de SAPIR pose le problème des langues en contact, cette expression a été vulgarisée par Uriel WEINREICH en 1953 dans son ouvrage intitulé« Languages in contacts».

1-2- Du monolinguisme au plurilinguisme

WEINREICH.U soulignait le caractère non exceptionnel du phénomène de plurilinguisme, il dit: « Il y’a une tendance courante parmi les linguistes eux-mêmes à considérer l’unilinguisme comme la règle et le plurilinguisme comme quelque

chose d’exceptionnel»2. En d’autres termes, les linguistes considèrent

1

SAPIR E, cité par RONDREUX J.L., Plurilinguisme, p97 :

www.Madarevues.recherches.gov.mg/IMG/pdr/linguist2_6_.pdf.

2

WEINREICH U., Languages in contact-New-York, 1953, La Haye, 1963, cité par RONDREUX J.L, op.cit, p97.

(15)

14

l’unilinguisme comme la norme qui représente l’homogénéité de la langue. Or le plurilinguisme est considéré comme l’usage ordinaire qui représente le caractère d’hétérogénéité.

SCIARRINO.E affirme que: «Le monolinguisme a joué le rôle de la norme dominante, alors que le plurilinguisme a été souvent considéré comme une exception minoritaire» (2016 : 4). Cette expression confirme l’idée précédente des linguistes qui ont une vision unitaire du monde social (imposition d’une seule langue), cette idée a été mise en cause par WEINREICH, pour lui l’attachement sentimental de tout locuteur pour sa langue maternelle, est l’une des raisons qui illustre que le plurilinguisme est un phénomène non exceptionnel car, il sera difficile d’imposer à un peuple une langue nationale puisque ,chaque individu a une indépendance totale de parler la langue qu’il veut.

D’après MACKEY. W-F, le passage de l’unilinguisme à la diversité de langues est à cause de l’interdépendance croissante de tous les pays du monde qui oblige toujours d’avantage à connaître et à utiliser des langues étrangères et qui transforme certaines langues en moyens de communication internationaux. Il a soutenu l’idée de WEINREICH, il dit: « La tendance unificatrice, qui peut être considérée comme la conséquence directe du progrès technique et qui est caractéristique du monde contemporain, conduit un nombre de groupes humains à y réagir en cultivant leurs signes d’identité et, parmi ceux-ci, leur propre langue. Ce phénomène se manifeste non seulement dans la défense des langues officielles se nombre d’Etats mais aussi, et cela est significatif, dans des langues et des variétés linguistiques non étatiques qui revendiquent leur droit de continuer à exister» (1986 : 7). Cela explique bel et bien la vision de WEINREICH, c'est-à-dire il est difficile d’unifier l’usage d’une langue à chaque individu, ce dernier ne peut pas remplacer sa propre langue par une autre langue. On prend l’exemple de l’unification en Algérie où l’Etat algérien impose l’arabe classique comme seul langue officielle. Cette étape a été échouée car, la majorité des Algériens utilisent l’arabe dialectal et le kabyle dans la vie quotidienne qu'ils sont variés dans une société à une autre, ainsi elle conduit les berbérophones à y réagir et de faire des

(16)

15

manifestations pour défendre la langue tamazight et d’être aussi une langue officielle. Par la suite, BOYER .H souligne que « le monolinguisme est l’exception et que le plurilinguisme est la situation la plus répondue sur l’ensemble des États» (2001 :81). Autrement dit, l’existence d’un pays monolingue est rare car, la majorité des pays continent plus d’une langue.

1-3- La différence entre plurilinguisme et multilinguisme

De nombreuses études ont montré qu’il existe une certaine nuance entre ces deux notions.

CHAUDENSON.R a proposé de nommer le plurilinguisme comme : «la coexistence de plusieurs langues au sein d’un même État, et de réserver multilinguisme à la présence, dans le continent ou dans une de ses régions, de plusieurs langues dont les aires d’usage dépassant les frontières nationales» cité par (CHARMES, 1991: 311). Cela dit que le plurilinguisme signifie une diversité de langues dans un même pays donc il est national, à l’inverse le multilinguisme signifie une variété de langues universelles. Il spécialisera ces termes à travers leur étymologie« plures» est en latin le comparatif de «multi», en effet, toute langue du multilinguisme se retrouve au moins dans deux plurilinguismes nationaux, on prend l’exemple de la langue française qui est utilisée par plusieurs pays européens tels que la France, la Suisse etc.

SCIARRINO.E a distingué autrement ces deux termes, il révèle que même si les termes plurilinguisme et multilinguisme sont proches et souvent confondus, «le plurilinguisme définit la compétence d’un locuteur individuel, alors que le multilinguisme désigne plutôt la coexistence de plusieurs langues dans un espace social ou sur un territoire» (2016 :12). Contrairement à la distinction fait par CHAUDENSON.R, le plurilinguisme appartient à la personne, c’est la capacité d’un individu à utiliser plusieurs langues, alors que le multilinguisme est la présence de multiples langues au sien d’une même société et d’un même pays.

(17)

16

Le dictionnaire encyclopédique des sciences du Langages de DUCROT.O/TODOROV.T a définie le multilinguisme comme suit: l’individu est dit multilingue s’il possède plusieurs langues apprises l’une comme langue maternelle, (1972: 83). Autrement dit l’individu doit être capable de maîtriser à la perfection plusieurs langues ; avoir une compétence égale entre sa langue maternelle et d’autres langues.

En revanche, CALVET. L-J dit à propos du plurilinguisme : «les hommes sont donc confrontés aux langues, où qu’ils soient, quelle que soit la première langue qu’ils ont entendue ou apprise, ils en rencontrent d’autres tous les jours, les comprennent ou ne les comprennent pas les reconnaissent ou ne les reconnaissent pas, les aiment ou ne les aiment pas le monde est plurilingue» (1999 : 43), pour lui l’individu n’a pas besoin de parler parfaitement toutes les langues pour être considéré comme plurilingue, parce qu’il est toujours en contact aux autres langues.

1-4- Les types de plurilinguisme

D’après ses recherches, CALVET.L-J propose cinq types de plurilinguisme : - Plurilinguisme à langue dominante unique : cette langue dominante (qui dans le cas de la France est la langue nationale) est parlée par tout le monde ou presque et elle est en outre la langue maternelle de la majorité de la population. - Plurilinguisme à langues dominantes minoritaires : dans lequel les langues statistiquement dominantes sont en fait des langues politiquement et culturellement dominées et qui se définit essentiellement par deux choses : le pluriel que nous avons mis à langues dominantes et le fait que les systèmes de communication et d’expression du peuple n’y soient pas représentés dans les structures de l’Etat (qui dans le cas de l’Algérie est l’arabe dialectal et le kabyle). - Plurilinguisme à langue dominante minoritaire : comme le précédent, il se définit par le fait que les systèmes de communication du peuple ne sont pas représentés dans les structures de l’Etat mais, au contraire du précédent, nous donne à voir une seule langue dominante, il y’a des pays dans lesquels il existe une langue

(18)

17

statistiquement dominante pouvant prétendre remplacer le français(le bambara au Mali, etc.).

- Plurilinguisme à langue dominante alternative : une situation dans laquelle il est tout à fait possible que le français soit remplacé dans ces fonctions officielles par une autre langue, donc une langue dominée accède au statut de langue dominante (situation des îles polynésiennes, la tahitien remplaçant la créole). - Plurilinguisme à langue dominante régionale : pour illustrer ce type CALVET a mis l’accent sur le cas de la Suisse, ce pays a quatre langues nationales (allemand, français, italien, romanche), le romanche est langue nationale et à ce titre a juridiquement droit à l’existence dans la région où on le parle, mais il n’est pas langue officielle, c'est-à-dire qu’il n’est pas reconnu dans les instances confédérales (1999 : 52-58).

2- Sécurité/insécurité linguistique

La notion d’insécurité linguistique apparaît pour la première fois en 1966 dans les travaux de LABOV.W sur la stratification social des variables linguistiques, selon lui : « les locuteurs de la petite bourgeoisie sont particulièrement enclins à l’insécurité linguistique, d’où il s’ensuit que, même âgés, ils adoptent de préférence les formes de prestige usitées par les membres plus jeunes de la classe dominante» cité par (BOYER, 2001: 38). Cela veut dire que l’insécurité linguistique est plus fréquent chez la classe dominée car, ils croient que l’usage de la classe dominante est le plus correcte et plus formel, ainsi ils estiment que certains prononciation comme marque de prestige.

Quelques années plus tard, en 1982, BOURDIEU.P propose dans son ouvrage célèbre «ce que parler veut dire» une analyse de l’économie des échanges linguistiques, il a évoqué la notion de« pouvoir symbolique» qui signifie domination, c’est à dire le rapport sociale dominant/ dominé existant entre les variétés de langues et de personnes qui les utilisent. Selon lui «en refusant le fait de la légitimité, par une relativisation arbitraire de l’usage dominant, qui est

(19)

18

socialement reconnu comme légitime, et pas seulement par les dominants» (1982: 39). Cela explique que la langue dominante est considérée comme la norme non pas seulement par la classe dominante mais également par la classe dominée. Ainsi il dit : « on comprend ainsi que, comme les sociolinguistes l’ont souvent observé, les femmes soient plus promptes à adopter la langue légitime(ou la prononciation légitime : du fait qu’elles sont vouées à la docilité à l’égard des usages dominants» (1982: 35). C’est-à-dire le sentiment d’insécurité linguistique est plus fréquent chez les femmes car, elles estiment que la langue dominante est plus formelle. A partir ces points de vue, nous pourrons dire que la langue reconnue comme légitime est celle d’une classe dominante.

D’après FRANCARD.M : «les locuteurs dans une situation d’insécurité linguistique mesurent la distance entre la norme dont ils ont hérité et la norme dominant […]. L’état de sécurité linguistique, par contre, caractérise les locuteurs qui estiment que leurs pratique linguistiques coïncident avec les pratiques légitimes, soit parce qu’ils sont effectivement les détenteurs de la légitimité, soit parce qu’ils n’ont pas conscience de la distance qui les sépare de cette légitimité» cité par (MOREAU, 1997: 172). Autrement dit, l’état de l’insécurité linguistique se manifeste lorsque les locuteurs se prennent conscience de la distance qui existe entre leur langue et la langue légitime, alors que la sécurité linguistique se réalise selon deux points de vues : soit les locuteurs estiment que leurs pratiques linguistiques comme la norme, soit parce qu’ils ignorent la distance qui les éloigne de cette légitimité.

Par la suite CALVET.L-J a définie le couple sécurité/ insécurité comme suit : « on parle de sécurité linguistique lorsque, pour des raisons sociale variées, les locuteurs ne se sentent pas mis en question dans leurs façon de parler, lorsqu’ils considèrent leur norme comme la norme. A l’inverse, il y’a insécurité linguistique lorsque les locuteurs considèrent leur façon de parler comme peu valorisante et en tête un autre modèle plus prestigieuse mais, qu’ils ne pratiquent pas» (1993: 47). C'est-à-dire il y’a une sécurité linguistique lorsque un locuteur considère sa prononciation comme correcte, alors que il y’a une insécurité linguistique lorsque

(20)

19

un locuteur valorise la langue de l’autre et la considère comme une marque de prestige que la forme qu’il utilise réellement.

2-1- Les types d’insécurité linguistique

D’après la recherche qui a été faite par REMYSEN.W3, il existe trois types d’insécurités linguistiques :

- Insécurité statuaire : insécurité statutaire se définie comme : «le rapport du nombre de locuteurs déclarant de parler A au nombre d’entre eux pensant qu’il faut parler A dans une situation donnée», en d’autres termes les locuteurs estiment que leur langue comme illégitime c’est pourquoi ils utilisent nécessairement une autre langue dans certains situations.

- Insécurité identitaire : cette insécurité «consiste à déterminer jusqu’à quel degré la langue est une entité caractéristique de l’identité de la communauté au sein de laquelle elle est parlée», c’est-à-dire l’identité linguistique joue un rôle très important dans la construction identitaire d’une communauté. A partir de ce point de vue nous pourrons dire que l’insécurité identitaire se manifeste lorsqu’ un locuteur utilise une langue qui n’appartient pas à sa communauté. - Insécurité formelle : ce type d’insécurité «surgit à partir du moment où le

locuteur pense que la façon dont il parle enfreint la norme légitime».Cela veut dire que ce type d’insécurité se réalise lorsqu’un locuteur considère sa production langagière comme non-conforme aux normes.

3- Les causes qui favorisent l’insécurité linguistique 3-1- La norme

Nous avons vu précédemment que le sentiment d’insécurité linguistique est le résultat de la non maîtrise de la norme, quand un locuteur ne possède pas les règles normatives il se sent en insécurité. Or quant il possède ces règles, il se sent en sécurité.

3

REMYSEN W., L’insécurité linguistique des francophones ontariens et néo-brunswickois. Contribution à l’étude de la francophonie canadienne, université de Laval, p97:

(21)

20 3-1-1- La définition de la norme :

BOYER.H a définie la norme comme : «un ensemble d’interdits, de prescriptions sur des façons de dire, quelque fois accompagnés de justifications de divers ordres» (1991: 13). C’est-à-dire, un ensemble de lois à suivre par les locuteurs pour assurer un bon usage.

Dans le dictionnaire de linguistique, DUBOIS. J et AL proposent trois définitions de la norme parmi lesquelles «on appelle norme un système d’instruction définissant ce qui doit être choisi parmi les usages d’une langue donnée si l’on veut se conformer à un certain idéal, esthétique ou socioculturel. La norme qui implique l’existence d’usages prohibés, fournit son objet à la grammaire normative ou grammaire au sens courant du terme », (2013: 171) à travers cette définition, nous pourrons dire que la norme est la forme correcte de l’utilisation de la langue, elle renvoie au fonctionnement collectif et habituel de la langue. Elle contient un ensemble de règles perçue comme le modèle auquel les producteurs doivent se conformer.

D'après BOURDIEU.P, la norme linguistique se définit comme : « (la loi de formation des prix) était imposé par le détenteur de la compétence la plus proche de la compétence légitime […] la norme linguistique s’impose à tous les membres d’une même communauté linguistique» (1982: 77). Autrement dit, la norme est l’usage légitime imposé par le locuteur dominant où le locuteur dominé va subir cette légitimité, ce qui donne la naissance de phénomène d’insécurité linguistique.

3-1-2- Les types de normes : MOREAU.M.L a développé le concept de la norme, il distingue cinq types de normes :

Les normes de fonctionnement : correspondent aux habitudes linguistiques, partagées par des membres d’une communauté ou d’un sous-groupe de celle-ci. Ce sont les règles qui s’entendent les comportements linguistiques, indépendamment de

(22)

21

tout discours méta4- ou épilinguistique5. Ce type concerne les locuteurs qui utilisent le même code linguistique dans une même société ou dans un groupe social.

- Les normes descriptives : décrivent les normes de fonctionnement, qu’elles rendent donc explicites. Elles ne peuvent être considérées comme descriptives que dans la mesure où elles se bornent à enregistrer les faits sans associer de jugement de valeur à la description, sans hiérarchiser les normes de fonctionnement concurrentes. Il s’agit d’un ensemble de règles descriptives qui traitent les normes de fonctionnement d’une manière explicite sans attacher à la description ni la classification des normes de fonctionnements, ni des points de vues.

- Les normes prescriptives : identifient un ensemble de normes de fonctionnement, une variété de la langue, comme étant le modèle à rejoindre, comme étant «la norme». Elles hiérarchisent donc les normes de fonctionnement concurrentes, même si elles prennent souvent les apparences des normes descriptives, dans un discours méta-ou épilinguistiques explicite. Ce sont les normes qui décrivent la langue comme étant la norme officielle dans une communauté, donc elles classifient les autres pratiques linguistiques.

- Les normes évaluatives : se situent sur le terrain des attitudes et des représentations. Elles entretiennent avec les normes prescriptives des rapports complexes, les conditionnant partiellement et étant pour partie déterminées par elles. Elles consistent à attacher des valeurs esthétiques affectives ou morales. Cela veut dire que les normes évaluatives résident dans le domaine de la psychologie sociale du langage, pour désigner des travaux expérimentaux portant des jugements sur une langue afin d’élaborer une grille descriptive d’attitude de forme.

4

Le dictionnaire des sciences du langage de TODOROV a définie le discours métalinguistique comme suit : la plupart des énoncés comportent, implicitement ou explicitement, une référence à leur propre code. P427. C’est-à-dire que chaque discours a une signification.

5

Selon le dictionnaire de la linguistique et des sciences du langage de DUBOIS et Al un discours

épilinguistique qualifie : les jugements de valeurs que les locuteurs portent sur la langue utilisée et sur les autres langues. P184. C’est-à-dire un discours sur le discours.

(23)

22

- Les normes fantasmées : elles peuvent se greffer sur les quatre types de normes précédentes, dont elles méconnaissent généralement l’extension, avec pour terrain privilégié, mais non exclusif, celui des rapports entre normes de fonctionnement, normes prescriptives et évaluatives(…) un secteur important des normes fantasmées concerne la manière dont les membres de la communauté conçoivent ce qui est la norme. Ce dernier type englobe les quatre types précédents, il consiste à illustrer la façon par laquelle les locuteurs prennent conscience de cette légitimité (1997: 218-222).

3-2- Les attitudes linguistiques et les représentations linguistiques :

Le terme attitude linguistique est employé parallèlement, et sans véritable nuance de sens, à représentation, évaluation subjective, jugement, opinion, pour désigner tout phénomène à un caractère épilinguistiques qui a trait au rapport à la langue.

3-2-1- Les attitudes linguistiques : BOURDIEU.P soutient que : « le propre de la

domination symbolique réside précisément dans le fait qu’elle suppose de la part de celui qui la subit une attitude qui défie l’alternative ordinaire de la liberté et de la contrainte» (1982: 36). Ce qui confirme que l’attitude linguistique est l’une des raisons qui favorisent le phénomène d’insécurité linguistique.

L’attitude du latin aptitudo, «manière de tenir le corps» est une disposition mentale simple ou complexe, générale ou particulière, […]. Manifestation de la vie psychique et principe unifiant, elle est enracinée dans l’expérience, présente un caractère relativement durable et exerce, une fois constituée, une action régulatrice sur nos conduites, nos connaissances et nos motivations, sans pour autant se confondre avec des habitudes ou des automatismes ou des instincts (2012: 18).

Les attitudes linguistiques renvoient : «à un ensemble de sentiments que les locuteurs éprouvent pour les langues ou une variété d’une langue. Les locuteurs jugent, évaluent leurs productions linguistiques et celle des autres en leur attribuant des dominations» (CALVET, 1993: 42). En d’autres termes, l’attitude linguistique perçue comme un ensemble des valeurs positives ou négatives établissent par les locuteurs sur leur propre pratique langagière et celle des autres. CALVET.L-J

(24)

23

propose deux types d’attitudes, «une attitude positive et une attitude négative qui n’ont pas nécessairement d’influence sur la façon dont parlent les locuteurs mais en ont certainement sur la façon dont ils perçoivent le discours des autres» (1993: 48).La première est une attitude d’acception, lorsque les locuteurs valorisent leur langue et ils ne sentent pas le besoin de mettre en question leur façon de parler, qu’ils la considèrent comme la norme.

La seconde est une attitude de refus, lorsque les locuteurs ont le sentiment d’être en situation d’infériorité linguistique face à l’autre, c’est une évaluation péjorative des langues. Dans ces deux types réside le thème de la sécurité et de l’insécurité.

3-2-2- Les représentations linguistiques :

Pour BOURDIEU.P : «la force de la représentation met les locuteurs en situation d’insécurité linguistique, […]la langue, le dialecte ou l’accent sont l’objet de représentations mentales, c'est-à-dire d’actes de perception et d’appréciation, de connaissance et de reconnaissance, où les agents investissent leurs intérêts et leurs présupposés» (1982: 135-136). Autrement dit, chaque locuteur a des valeurs mentales par rapport sa pratique linguistique et les pratiques des autres qui favorisent la classification des langues, ainsi la représentation doit être accordée et partagée par les membres de la communauté, elle doit être s’inscrit dans la réalité.

Cette notion désigne : « l’ensemble des images que les locuteurs associent aux langues qu’ils pratiquent ; qu’il s’agisse de valeurs esthétiques ; de sentiments normatifs, ou plus largement métalinguistique » (CHACHOU, 2015: 49). Cela veut dire que les locuteurs ont des valeurs mentales par rapport aux langues qu’ils

possèdent (une langue : normée, variété, légitime, illégitime, formelle, non formelle etc.).

CALVET.L-J a définie les représentations linguistiques comme : « la façon dont les locuteurs pensent les pratiques, comment ils se situent par rapport aux autres locuteurs et aux autres pratiques, comme ils se situent leurs langues par rapport aux autres langues», cité par (HARBI, 2011 : 40). En d’autres termes, chaque

(25)

24

locuteur a une image mentale qui lui décrit sa production langagière et les productions des autres, ainsi sa position de domination par rapport aux autres.

Le même auteur affirme que ces représentations déterminent:

Des jugements sur les langues concernent la manière dont les locuteurs les parlent, ces jugements sont généralement stéréotypique.

Des attitudes face aux langues, aux accents : qui résultent des discriminations.

Des conduites linguistiques tendant à mettre la langue du locuteur en accord avec ses jugements et attitudes.

Selon BOYER.H «toute représentation implique une évaluation, donc un

contenu normatif qui oriente la représentation soit dans le sens d’une valorisation, soit dans le sens de stigmatisation, (2001: 42). Cela explique que chaque individu a une vision positive ou négative par rapport sa propre production ou celle des autres.

3-2-3- Les stéréotypes :

Dans le domaine de la sociolinguistique « un stéréotype est une forme socialement marquée et notoirement étiquetée par les locuteurs d’une communauté linguistique ou par des gens de l’extérieur» (1997: 271). C’est-à-dire un ensemble de points de vue communs partagés par les locuteurs d’une même communauté linguistique ou de l’extérieur. Le stéréotype est un cliché commun par rapport une langue intériorisée dans la communauté linguistique, plus qu’un stéréotype est évalué d’une façon positive plus qu’il adopte rapidement par la communauté linguistique et vise versa.

3-3- Les marchés linguistiques

Le concept de marché linguistique est employé pour la première fois par BOURDIEU.P qui le définie comme : « l’ensemble des conditions politiques et sociales d’échange des producteurs consommateurs […]. Il y’a marché linguistique toutes les fois que quelqu’un produit un discours à l’intention de récepteurs capables de l’évaluer de l’apprécier» cité par (MOREAU, 1997: 204). Autrement

(26)

25

dit, le marché linguistique se base sur un certain paramètres linguistiques et sociaux où les interlocuteurs s’inter-évaluent par rapport aux facteurs divers tels que (l’âge, le sexe, le degré de scolarisation etc.) ainsi le statut de leurs productions linguistiques. «Les discours ne reçoivent leur valeur que dans la relation à un marché, caractérisé par une loi de formation des prix particulier» (1982 : 60).Pour assurer une communication parfaite le destinateur doit utiliser le code de destinataire.

Le même auteur affirme que : «la constitution d’un marché linguistique crée les constitutions d’une concurrence objective dans et par laquelle la compétence légitime peut fonctionner comme capital linguistique» (1982 : 43).

En ce sens, le marché linguistique donne la valeur de légitimité à une seule langue qui fonctionne comme langue capitale, ainsi les autres usages linguistiques et leurs valeurs se mesurent par rapport à la langue dominante reconnue comme légitime.

4- Les conséquences de l’insécurité linguistique 4-1- L’hypercorrection

Lorsqu’un locuteur croit qu’il y’a une façon prestigieuse de parler une langue qu’il ne possède pas, il tente de l’acquérir d’une façon exagérée, cette étape va manifester le phénomène de l’hypercorrection qui est le symptôme d’un état d’insécurité linguistique.

Pour BOURDIEU.P «L’hypercorrection petite-bourgeoise qui trouve ses modèles et ses instruments de correction auprès des arbitres les plus consacrés de l’usage légitime (…), se définit dans la relation subjective et objective à la «vulgarité» populaire et à la (distinction) bourgeoise» (1982 : 55). Autrement dit, le phénomène de l’hypercorrection est plus fréquent chez les locuteurs de la classe dominée car, ils estiment que leur production linguistique comme illégitime et non normée. Il s’agit d’une mauvaise application des règles de la langue légitime.

Le même auteur soutient que :« le rapport malheureux que les petit-bourgeois entretiennent avec leurs propres productions(…), leur sensibilité spécialement vive à la tension du marché, et, du même coup, à la correction linguistique, chez soi et

(27)

26

chez les autres, qui les pousse à l’hypercorrection, leur insécurité qui atteint son paroxysme dans les occasions officielle» (1982 : 85).Cette citation résume ce que nous avons expliqué précédemment, c’est-à-dire l’hypercorrection qui est un effet de l’insécurité linguistique qui se manifeste chez les locuteurs de la classe dominée. En ce sens, les locuteurs en proie de l’insécurité linguistique ou plus précisément de la classe dominée utilisent leurs productions linguistiques par rapport le marché linguistique officiel (la norme).

4-2- L’alternance codique

Selon GUMPERZ.J-J ce phénomène consiste: « pour le locuteur à passer d’une langue à une autre ou d’une variété de langue à une autre, soit à la suit d’un changement intervenu dans la situation interactive ou dans un de ses paramètres (modification des rapports sociaux entre les interlocuteurs, changement de sujet etc.)» cité par (TALEB IBRAHIMI, 1997 : 108).Autrement dit, l’alternance codique est un mélange de deux langues ou de formes linguistiques d’une façon consciemment ou inconsciemment en fonction des circonstances et de l’identité des partenaires de l’interaction.

D’après MACKEY. W-F l’alternance: « peut également prendre la forme d’un passage continu d’un code à un autre, comme cela arrive à une personne qui suit en même temps deux conversations dans deux langues différentes» (1986 : 7). Cela explique que le locuteur peut passer facilement d’un code à un autre sans aucun effort car, il possède plusieurs langues différentes.

En effet, l’alternance codique renvoie au choix des langues réalisées par l’accord de négociation des interlocuteurs pour assurer une communication réussite.

5- L’insécurité linguistique en situation diglossique

De nombreuses recherches ont montré qu’il existe une relation étroite entre l’insécurité linguistique et la diglossie.

Pour CALVET. L-J la diglossie est: «la coexistence dans une même communauté de deux formes linguistiques qu’il baptise (variété basse) et (variété haute)» (1993 : 35). Cela dit que la diglossie est la présence de deux langues ou de

(28)

27

deux formes d’une même langue dont l’une est valorisée par rapport à l’autre au sein d’une même communauté (ou aire géographique).

Dans le cas d’insécurité linguistique, le locuteur considère que la langue qu’il utilise comme une langue basse (dévalorisée) par rapport à l’autre qui est pratiquement haute et considérée comme la norme (valorisée).

(29)

28

Chapitre II

Situation sociolinguistique

de l'Algérie

(30)

29 1- Le paysage linguistique algérien

L’Algérie est un pays plurilingue, ce pays a une diversité de langues et plusieurs variétés linguistiques l’arabe classique, le tamazight et la langue française d’une part, et l’arabe dialectal et le kabyle d’autre part.

L’arabe classique :

CALVET.L-J a distingué entre l’arabe classique et l’arabe moderne. Il précise à ce propos que l’arabe classique (du Coran): «est une langue essentiellement écrite, qui peut aussi être utilisée pour les prêches ou pour certains enseignements Par contre l’arabe moderne arabe médian, ou comme je préfère, arabe officiel, qui procède de la précédente par enrichissement et modernisation du vocabulaire, est plus largement utilisée dans les médias et la vie publique» (1999 : 53). Autrement dit, l’arabe classique est donc la langue de la religion, elle n’est plus utilisée dans l’usage orale, c’est une langue sacrée qui est utilisée uniquement dans les prêches. Or l’arabe moderne est la langue de scolarisation et d’administration.

Selon TALEB IBRAHIMI KH l’arabe classique attient de certain prestige du fait qu’elle est la langue du Coran «c’est cette variété choisie par ALLAH pour s’adresser à ses fidèles» (1997 : 30). C’est la langue de l’instruction, de l’enseignement religieux, c’est la référence et l’outil symbolique de l’identité arabo-musulmane, alors que l’arabe moderne est : «dans le sens où ce serait la langue arabe des temps modernes qui doit exprimer la technologie et de la modernité du vingtième siècle» Ibid. C’est la langue de la littérature, elle est vulgarisée par les mass médias écrits et parlés.

Le tamazight :

Du point de vue historique, la langue tamazight est la première langue en Algérie, elle est définie par CHAKER.S comme: « un ensemble d’idiomes qui présentent entre eux suffisamment de ressemblances phonologiques, morphologiques, syntaxiques et lexicales pour qu’on les considère comme constituant une seule langue, et ce, indépendamment de tout critère externe comme le sentiment d’une communauté où l’intercompréhension qui au demeurant, sont des données trop floues et trop subjectives pour être opératoires», cité par (SI

(31)

30

HAMIDI, 2014 : 50). C’est-à-dire, la langue tamazight est une langue maternelle qui contient plusieurs variétés linguistiques telles que : le kabyle et le chaoui…etc. Elle englobe ces variétés pour unifier la communication entre les individus et faciliter l’intercompréhension dans la société algérienne.

Le kabyle :

Le kabyle est une variété ou un dialecte qui s’emploie au nord de l’Algérie, plus précisément à Tizi-Ouzou, Bejaia et Bouira. Beaucoup de gens ont confondu entre le tamazight et le kabyle qui sont considérés comme synonyme : le tamazight est une langue, alors que le kabyle est un dialecte qui se diffère d'une région à une autre.

Le chaoui : cette variété s’emploie par les Chaouis qui habitent à l’Aurès (l’Est de l’Algérie), plus précisément à Batna, Sétif, Khenchela…etc.

Le m’zab : pratiqué par les mozabits qui vivent dans le nord du Sahara algérien, plus précisément dans la ville de Ghardaïa.

Le targui : parlé par les touaregs qui vivent dans le Sahara algérien.

L’arabe dialectal :

D'après TALEB IBRAHIMI.KH l’arabe dialectal est une langue essentiellement orale «l’arabe natal spontané de la vie pratique, (...) est uniquement parlé» (1997 : 33). Il n’a pas une grammaire donc il n’est pas intégré dans toutes les institutions (d’enseignement et d’administration). Cette langue est utilisée dans les situations purement informelles (familiales et/ou amicales), c’est la langue de quotidien. Le même auteur ajoute ainsi: «les dialectales arabes constituent la langue maternelle de la majorité du peuple algérien» (1997 : 28) c’est-à-dire, l’arabe dialectal est le moyen par excellence de communication pour la majorité de peuple Algériens.

Le français :

Pour TALEB IBRAHIMI.KH le français est un héritage de colonialisme, c’est une langue «imposée au peuple algérien par le fer et le sang, par une violence rarement égalée dans l’histoire de l’humanité a constitué un des éléments

(32)

31

fondamentaux de la France vis-à-vis de l’Algérie» (1997: 35). En ce sens la langue française est une langue étrangère intériorisée par le colon pour franciser le peuple Algérien et l’Algérie devenu française. Dans ce contexte, la langue française a été introduite par la colonisation. Si elle fut la langue des colons, des Algériens acculturés, de la minorité scolarisée, elle s’imposa surtout comme une langue officielle, langue de l’administration et de la gestion du pays dans la perspective d’une Algérie française6.

2- Le statut des langues en Algérie Le statut de l’arabe classique :

Selon CHACHOU.I l’arabe institutionnel: «est aussi dit (littéraire), (moderne), (littéral), (standard), (coranique), (classique) et (scolaire) occupe le statut nationale et officielle de la république Algérienne». (2015 : 71). C’est-à-dire, l’arabe classique a un statut de langue nationale officielle. D’après ZABOOT.T : «cette langue étant perçue et considérée comme composante essentielle de l'identité du peuple algérien est en quelque sorte le ciment de national, aussi son espace d'utilisation s'élargit sans cesse et s'ouvre sur multiples domaines, tels que l'informatique, l'enseignement des matières scientifiques, univers autrefois réservé exclusivement à la langue française» cité par (HARBI, 2011 : 20). Autrement dit, l’Etat algérien a planifié l’arabe classique pour généraliser son utilisation dans toutes les institutions et dans la communication quotidienne des Algériens.

Le statut du tamazight:

Après l’indépendance le tamazight a subi l’influence de la politique de l’arabisation, l’Etat Algérien a imposé l’arabe classique comme seule langue officielle dans le but d’une unification nationale. Selon ZABOOT.T : «le berbère n’a jamais bénéficié ni de mesure administratives ou politiques, ni de conditions matérielles pouvant favoriser son développement» cité par (HARBI, 2011 : 18). Les évènements de 1988 aideront à une relative ouverture démocratique, MORSLY dit à ce propos : « Tamazight, langue nationale et officielle, ce slogan qui s’était

6

GRANDGUILLAUME G., Langues et représentations identitaires en Algérie :

(33)

32

déjà exprimé lors des manifestations du printemps berbère» cité par (CHACHOU, 2015: 91).

Selon CHACHOU.I, « suite à des émeutes qui ont ensanglanté à la Kabylie en 2001, «tamazight» a été institutionnalisée langue nationale de l’Etat Algérien. Des structures ont été créées pour œuvrer à sa promotion, on peut citer le Haut Commissariat de l’Amazighité (H.C.A) et Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de tamazight (C.N.P.L.E.T)» (2015 :90).

En 2016, l’Etat Algérien a adopté le tamazight comme langue nationale et officielle mais, il n’est pas encore appliqué dans toutes les institutions d’enseignements et surtout dans l’administration.

Le statut de l’arabe dialectal :

Dans la réalité sociale l’arabe dialectal est le vecteur de la communication par la plus part des locuteurs algériens, l’arabe algérien est considéré par les linguistes comme étant : «la langue imposée par la force dynamique sociale historique comme langue commune des Algériens» (CHACHOU, 2015: 99). A l’inverse, le pouvoir politique a dévalorisé cette variété car, elle se caractérise par une diversité syntaxique, phonétique et morphosyntaxique unique. Ainsi elle est indissociable de la langue institutionnelle, c’est la raison par laquelle l’arabe dialectal n’a aucun statut juridique.

D’après CHIBANE.R : «malgré l’importance numérique de ses locuteurs, et son utilisation dans les différentes formes d’expression culturelle (théâtre et la chanson), l’arabe dialectal n’a subi aucun processus de codification ni de normalisation» cité par (HARBI, 2011 : 21). Cela explique que l’arabe dialectal est ni planifié, ni codifié, ainsi son usage est réservé à l'oral uniquement.

Le statut du français :

Le français a été considéré comme étant une langue officielle pendant la période de colonisation française en Algérie, après l’indépendance du pays en 1962, CHACHOU.I affirme que «l’arabe institutionnel a été substitué au français, une décision qu’il a fallu appliquer en procédant à la promulgation de décrets et de

(34)

33

textes de lois visant à généraliser l’emploi de la langue arabe à tous les secteurs de la vie économique et politique» (2015: 110). En ce sens, le pouvoir algérien a changé le statut de la langue française dans le but de l’arabisation (imposé la langue arabe comme seule langue officielle), c'est-à-dire l’Algérie ne reconnaît pas le français comme langue officielle.

Par ailleurs, ZABOOT.T explique davantage le changement statutaire de la langue française, il affirme que: «la langue française a connu un changement d’ordre statutaire de ce fait, elle a quelque peu perdu du terrain dans certains des secteurs où elle était employée seule, à l’exclusion des autres langues présentes dans le pays, y compris la langue arabe, dans sa variété codifiée» cité par (HARBI, 2011 : 22).

En effet, la langue française était imposée par l’Etat colonial comme seule langue officielle et légitime en Algérie dans toutes les institutions, à partir 1962 le pouvoir Algérien a considéré la langue française comme une langue étrangère mais, l’usage de cette langue reste cependant dans différents domaines, ainsi beaucoup de locuteurs Algériens utilisent cette langue dans leur vie quotidienne.

3- La politique linguistique en Algérie

D’après BOYER.H «l’expression «politique linguistique» et le plus souvent utilisée en relation avec celle de «planification linguistique» : tantôt elles sont considérées comme des variantes d’une même désignation, tantôt elles permettent de distinguer deux niveaux de l’action du politique sur la/les langues en usage dans une société donnée» (1991: 100-101).

Pour CALVET.L-J la politique linguistique se définit comme: «un ensemble des choix conscients concernant les rapports entre langue(s) et vie sociale» et la planification linguistique comme étant: «la mise en pratique concrète d’une politique linguistique, le passage à l’acte en quelque sorte» (1993: 110).

En d’autres termes, la politique linguistique est donc le statut des langues par l’Etat ou par l’individu mais, la planification linguistique est la mise en œuvre des moyens nécessaires à l’application d’une politique linguistique, c'est-à-dire on ne

(35)

34

peut pas appliquer la politique linguistique sans appliquer la planification linguistique.

La politique d'arabisation en Algérie se réalise par plusieurs étapes. Dès 1962, l'Algérie, marque son adhésion et son intégration à la sphère civilisationnelle et culturelle qui est celle de Nation Arabe (Oumma) et de la communauté musulmane. La langue arabe est introduite dans l’enseignement et enseigné parmi toutes lois promulgués sur l’arabisation, celle du 16-01-1991, la loi 91-05, est considérée comme la plus coercitive de toutes, elle stipule :

- Article 01 : « les administrations publiques, les institutions, les entreprises et les associations, quelle que soit leur nature, sont tenues d’utilises la seule langue arabes dans l’ensemble de leurs activités telles que la communication, la gestion, administrative, financière, technique et artistique ».

- Article 05 : « l’utilisation de toute langue étrangère (…) est interdite ».

- Article 30 : « toute violation des dispositions de la présence loi constitue une faute grave entraînant des sanctions disciplinaire » (TALEB IBRAHIMI, 1997 : 185-186).

(36)

35 Conclusion

De ce qui précède, nous pouvons constater que le plurilinguisme et l’insécurité linguistique sont indissociables, ces deux phénomènes sont le noyau de plusieurs phénomènes socio- langagiers. Ainsi, l'hétérogénéité linguistique du contexte algérien favorise le phénomène d’insécurité linguistique, cette dernière à une relation directe avec la notion de la norme.

En outre, nous avons remarqué qu'il ya un paradoxe entre le statut des langues fait par le pouvoir algérien et la réalité sociale, d'une part les textes officiels confirment que l'arabe classique a un statut de langue officielle, mais la réalité infirme ce statut parce que son usage est très limité. D'autre part, la langue française a un statut de langue étrangère, mais dans la réalité elle est présente dans l'enseignement et dans la communication quotidienne des Algériens.

(37)

36

(38)

37 Introduction

Toute recherche scientifique se réalise à l’aide d’une ou de plusieurs méthodes et des modes d’investigations.

Dans le premier chapitre, nous allons exposer la démarche que nous avons adoptée pour réaliser notre étude, en basant sur trois points essentiels. En premier, nous allons présenter le protocole d’enquête que nous avons mené par le biais d’un questionnaire, ainsi la dictée que nous avons choisi comme une technique d’enquête. En deuxième, nous allons justifier le choix de la technique d’enquête. En dernier, nous allons exposer le déroulement de l’enquête et la présentation des variables.

Dans le deuxième chapitre, nous allons analyser les résultats obtenus à l'aide de notre questionnaire et de notre dictée destinés aux étudiants de département de français cycle licence université de Bouira, dans le but d'étudier: en premier lieu les raisons qui favorisent le phénomène de sécurité/insécurité linguistique, en second lieu le phénomène d'insécurité linguistique dans le domaine lexique et syntaxique.

(39)

38

Chapitre I

Considérations

méthodologiques

(40)

38 1- Le protocole d’enquête

Nous avons opté par une enquête de terrain qui nous permet de faire une interrogation sur une situation sociale à partir d'un cas particulier pour le généraliser, cette enquête se fait soit par un questionnaire, soit par des entretiens, il s'agit bel et bien des méthodes hypothético-déductives, elles consistent: «à proposer au départ de la recherche, à titre d’hypothèse, une réponse à une question, en la confrontant par expérimentation en situation contrôlée à des données sélectionnées» (BLANCHET, 2000 : 29). C'est-à-dire, nous proposons au début de la recherche une réponse à une question pour valider ou invalider cette réponse à la fin de la recherche.

Pour la réalisation de ce mémoire, nous avons choisi l'enquête comme une méthode de travail, le questionnaire comme une technique d'enquête et la dictée.

1-1- Le questionnaire

Selon GHIGLIONE.R et MATALON.B un questionnaire: «est un instrument rigoureusement standardisé à la fois dans le texte des questions et dans leur ordre. Toujours pour assurer la comparabilité des réponses de tous les sujets, il est absolument indispensable que chaque question soit posée à chaque sujet de la même façon, sans adaptation ni explication complémentaire laissées à l'initiative de l'enquêteur » cité par (HARBI, 2011: 51). Il s'git d'un ensemble des questions cohérentes et pertinentes destiné à plusieurs sujets sans aucune orientation, pour avoir différentes réponses, c'est un moyen adéquat pour questionner un nombre indéfini des informateurs.

Notre questionnaire7 se compose de quatorze questions, ouvertes, fermées et semi-fermées pour retirer plusieurs et différentes réponses, en cherchant les raisons qui favorisent le phénomène d'insécurité linguistique. Il contient trois parties, la première partie est une introduction pour faire comprendre les étudiants qu'il s'agit

(41)

39

d'un travail scientifique universitaire, la deuxième partie est une identification de l'informateur portée sur les variables sexe et région, en vue de savoir le milieu socioculturel des étudiants et la dernière partie contient un ensemble des questions: les deux premières questions se sont des questions ouvertes concernant la langue maternelle des étudiants et la profession de leurs parents.

La troisième question est ouverte concerne les pratiques langagières des étudiants dans ces différentes situations: chez eux, avec leurs amis, avec leurs camarades, avec leurs enseignants et dans leur quartier, cette question va nous servir à valider ou invalider notre hypothèse: les étudiants emploient d'autres langues que leur langue maternelle, elle sert aussi à répondre à notre question de recherche: quelles sont la ou les langues employées par les étudiants dans les différentes situations de communications?

La quatrième question est semi-fermée se compose de deux parties, la première partie sert à répondre par oui/non, la deuxième est une justification de la réponse, elle centre sur l'emploie de la langue maternelle dans toutes les circonstances, dans le but de vérifier le sentiment de sécurité/insécurité chez les étudiants.

La cinquième question concerne le choix de la langue française comme spécialité d'étude, pour savoir s'il s'agit d'un libre choix ou bien d'un choix imposé et pour connaitre leur représentation envers cette langue. La sixième question se déroule sur la satisfaction de la production langagière de nos informateurs, elle nous permet de savoir leurs attitudes envers leur pratique langagière.

La septième question a pour but de savoir les différentes représentations des langues (tamazight, arabe, français). La huitième et la neuvième question sont semi-fermée elles nous permettent d'examiner dans quelle langue les étudiants se sentent plus en sécurité.

La dixième question concerne la classification des langues par ordre de préférence, elle sert à confirmer ou infirmer notre hypothèse: la langue française est la plus valorisée/valorisante chez les étudiants.

(42)

40

La onzième question est une question fermée: qui parle mieux le français les garçons ou les filles? Elle est pour but de savoir qui utilisent beaucoup plus la langue française selon les deux sexes. La douzième question s'articule sur l'imitation des accents de la langue française, elle contient deux parties par laquelle la réponse sera oui/non, ainsi la justification et l'identification des accents.

La treizième question traite les langues utilisées dans la ville de Bouira, cette question a pour but de connaitre les variétés dominées dans cette ville et de répondre à notre question de recherche: Est-ce-que la pluralité des langues dans la ville de Bouira qui favorisent l'insécurité linguistique chez les étudiants?

La dernière question s'articule sur le parler ordinaire des Algériens, pour savoir si la réalité sociale reflète le statut des langues de l'Algérie.

1-2- La dictée

Selon LABOV.W le phénomène d'insécurité linguistique ne se manifeste que dans le domaine de la prononciation, alors que pour BOURDIEU.P ce phénomène peut également se manifester au niveau lexique et syntaxique, BOURDIEU affirme que: «elle n'est jamais manifeste que dans toutes les corrections, ponctuelles ou durables auxquelles les dominés, par un effort désespéré vers la correction, soumettent, consciemment ou inconsciemment, les aspects stigmatisé de leur prononciation, de leur lexique et de leur syntaxe » (1982: 43).

Nous avons choisi la dictée comme une technique d'enquête, pour montrer et étudier le phénomène d'insécurité linguistique dans le domaine de la syntaxe et du lexique chez nos informateurs. Elle sert à confirmer ou infirmer notre hypothèse: le phénomène d'insécurité linguistique se manifeste beaucoup à l'écrit que à l'orale De plus, cette enquête va nous servir pour rassembler un nombre plus au moins satisfaisant des mots et des phrases pour les analyser.

(43)

41

Nous avons choisi des extraits8 de quelques romans des écrivains célèbres:

Noms et prénoms Titres des romans

DIB Mohammed - La grande maison

FERAOUN Mouloud - Le fils du pauvre

- Les chemins qui mentent - Jours de Kabylie

KATEB Yacine - Nedjma

CAMUS Albert - L'été

Tableau n°1 récapitule les noms des écrivains et les titres de leurs romans.

2- Le déroulement de l'enquête 2-1- Le questionnaire:

- La pré-enquête:

Nous avons testé notre questionnaire sur le terrain, on a utilisé dix exemplaires comme un échantillon représentatif, cette étape nous permet d'avoir une idée sur la faisabilité des questions pour les assurer ou les reformuler avant l'enquête finale.

- L'enquête:

Nous avons réalisé notre enquête à la fin de mois d'avril de l'année 2017, on a ciblé les étudiants de département de français cycle licence, université de Bouira. Nous avons distribué cinquante exemplaires, et nous avons récupéré que quarante et un questionnaires. La duré du temps était entre quinze et vingt minutes pour que les étudiants peuvent répondre à toutes les questions.

2-2- La dictée:

Nous avons choisi des extraits des romans, que les étudiants vont écrire, nous avons dicté chaque extrait à trois étudiants ou plus.

8

(44)

42 3- Présentation des variables

3-1- La variable sexe:

Le sexe Le nombre des étudiants Pourcentage

Masculin 13 31,70%

Féminin 28 68,29%

Totale 41 100%

Tableau n°2 présente le nombre des étudiants selon le sexe.

D'après le tableau ci-dessus, nous avons remarqué que le nombre des filles et plus élevé à celui des garçons, le choix de cette variable a pour but de vérifier l'influence de la variable sexe sur le phénomène d'insécurité linguistique.

3-2- La variable région:

Région Nombre des étudiants Pourcentage

Urbaine 34 82,92%

Rurale 7 17,07%

Tableau n°3 présente le nombre des étudiants urbains et ruraux.

Conformément au tableau, le nombre des étudiants qui habitent dans les régions rurales est inférieur à celui des étudiants qui habitent dans les régions urbaines, ceci explique que les urbains sont plus intéressés à cette filière.

(45)

43 3-3- La variable langue maternelle:

La langue maternelle Nombre des étudiants Pourcentage

Kabyle 21 51,21%

Arabe 20 48,78%

Tableau n°4 présente la langue maternelle des étudiants.

D'après ce tableau, nous remarquons que le pourcentage des étudiants kabylophones est un peu supérieur 51,21% à celui des étudiants arabophones 48,78%.

3-4- Le milieu professionnel des parents:

professions Nombre Pourcentage

L'enseignement 11 26,82% Médecine 2 4,87% commerce 3 7,31% Entrepreneur 5 12,19% Retraité 8 19,51% Autres 7 17,07% Aucune réponse 5 12,19%

Tableau n°5 présente la situation socioprofessionnelle des parents.

D'après le tableau ci-dessus, nous remarquons que le pourcentage des locuteurs dont les parents exercent dans le secteur d'enseignement est le plus élevé

26,82% par rapport aux autres professions, ceci explique que nos informateurs sont influencés par le domaine professionnel de leurs parents.

(46)

44

Chapitre II

(47)

45

1- Analyse du premier corpus (le questionnaire)

1-1- Présentation des résultats obtenus

- Etude de la pluralité des langues chez les étudiants :

A partir des réponses de nos informateurs, nous avons obtenu le tableau suivant:

Langue En famille Avec amis Avec

camarades Avec enseignants Dans le quartier Le français 4 5 9 41 1 L'arabe 9 13 7 0 19 Le kabyle 20 4 3 0 14 Mélange 8 19 22 0 7

Tableau n°6 récapitule les langues utilisées dans les différents contextes.

Graphe n°1 L'utilisation des langues dans les différents contextes.

Ces pourcentages renvoient à un ensemble de langues utilisées par les étudiants dans différentes situations formelles et informelles.

9,75% 12,19% 21,91% 100% 2,43% 21,95% 31,70% 17,07% 46,34% 48,78% 9,75% 7,31% 34,14% 19,51% 46,34% 53,65% 17,07% 0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 80,00% 100,00% 120,00%

En famille Avec amis Avec

camarades enseignantsAvec Dans lequarier

Français Arabe Kabyle Mélange

(48)

46

D'après le tableau et le graphe, nous observons que les étudiants pratiquent plusieurs langues dans différents contextes, cela explique bel et bien que nos enquêtés sont plurilingues.

D'abord, ce qui nous attire dès la première lecture du tableau et le graphe, les étudiants utilisent uniquement la langue française avec leurs enseignants (100 ), d'une part parce qu'il s'agit d'un contexte plus professionnel, d'autre part parce qu'elle est la langue de leur spécialité, donc les autres langues sont totalement absentes dans ce contexte. En revanche, la langue française est moins utilisée dans d'autres situations.

En suite, à propos de l'arabe dialectal, pour 46.34 les étudiants pratiquent cette variété dans leur quartier, pour 31.70 l'utilisent avec leurs amis, pour 21.95 la pratiquent avec leur famille et pour 17.07 l'emploient avec leurs camarades, il s'agit des situations informelles.

Ce qui concerne encore le kabyle, il est beaucoup plus présent dans les conversations familiales, avec un pourcentage de 48.78 , pour 34.14 les étudiants l'utilisent dans leur quartier, pour 9.75 le pratiquent avec leurs amis.

Enfin, on arrive au mélange de code ou ce que les sociolinguistes appellent l'alternance codique, cette dernière est plus utilisée par nos enquêtés, on remarque le pourcentage le plus élevé 53.65 avec leurs camarades, suivi de 46.34 dans leurs conversations amicales, pour 19.51 dans leurs conversations familiales et pour 17.07 dans leur quartier.

De ce qui précède, nous pouvons constater que: dans les situations formelles les étudiants sont obligés d'utiliser une langue normée, alors que dans les situations informelles ils utilisent différentes variétés. Ainsi ils font souvent recours à l'alternance codique afin d'assurer l'intercompréhension entre eux.

(49)

47

- L'utilisation de la langue maternelle par les étudiants:

A travers l'analyse de ce point, nous allons découvrir si les étudiants utilisent leur langue maternelle dans tous les échanges.

Graphe n°2: l'emploi de la langue maternelle dans les différentes situations

D'après le Graphe n°2, nous remarquons que le pourcentage de la réponse non est plus élevé que celle de oui, cela explique clairement que l'emploie de la langue maternelle est moins utilisée par la majorité des étudiants. En ce sens, les étudiants défavorisent l'utilisation de la langue native dans divers situations.

En effet, la majorité des étudiants pour 70.73 sont en situation d'insécurité linguistique car, ils font appel aux autres langues pour arriver à des communications réussites entre eux, alors que le reste 29.26 représente les étudiants qui sont en situation de sécurité linguistique.

29,26%

70,73%

oui non

Figure

Tableau n°1 récapitule les noms des écrivains et les titres de leurs romans.
Tableau n°2 présente le nombre des étudiants selon le sexe.
Tableau n°4 présente la langue maternelle des étudiants.
Tableau n°6 récapitule les langues utilisées dans les différents contextes.
+3

Références

Documents relatifs

En sécurité routière, comme dans beaucoup d’autres domaines, l’outil statistique sert, rarement à dénombrer (les tués sur nos routes), le plus souvent à estimer un nombre

Tout d’abord, des compétences langagières à l’oral, en interaction, puisque les salariés doivent être capables de comprendre des consignes, de se présenter aux clients,

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

First experience indicates that DSCT coronary angiography provides high diagnostic accuracy for assessment of CAD in a high pre-test probability population with extensive

The extreme male brain theory of autism is well-known and we conceptualized the hypothesis that our patient, based on a male cognitive pattern, devel- oped collaterally GID. On

DARES • Portraits statistiques des métiers 1982 - 2014 • 1 présents sur l’ensemble du territoire, mais leur part est plus faible en Ile-de-France, et plus élevée dans

Par ailleurs, un important effort de recherche doit être accompli, au plan national et européen, pour rester dans la « course » à la sécurité infor- matique et, là, les

Les jeunes d’origine maghrébine sont presque deux fois plus nombreux que les Français autochtones à commettre plus de dix actes peu graves.. Les jeunes d’origine maghrébine