Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Le Temps (Paris. 1861). 06/05/1892.
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attaque vivement la politique générale du gouver- 1 nement.Il est impossible,dit-il, de disjoindre la po-litique et l'économie;elles sont inséparables mau-vaise politique, mauvaises finances.
M di Rudini prend de nouveau la parole.
Il
ne veutpas, dit-il, laisser la Chambresous 1 impression des discoursde MM. Marinuzzi, Imbriani et Bovio.L'éauilibrodu budget n'a pas été obtenu parce que
lesdépensesextraordinaires ontétéincorporéesdans
le budget ordinaire.
Il
repousseéhergtquementlaccu-sation d'incohérenceportée contrele gouvernement.
Iliustifie lademandequ'ilafaite à la Chambrede lui
accorderles pouvoirs nécessaires pour réaliser des
réformes organiqueset des économiesdans les
ser-vices administratifs.
Les adversaires du gouvernement, continue M.
di Rudini, repoussent ce qu'il propose à la
Cham-bre; maisque ne proposent-ils eux-mêmes quelque
chose pour remplacer ce qu'ils blâment si sévère-ment ? Il ne suffitpasde démolir ilfautsavoir aussi
édifier.
M1 Biancheri,président de la Chambre,annonce
cm'il a reçu un grand nombre de demandesd inter-pellation.
Il
en' donne lecture au milieu d'un bruit assourdissant. La suite de la discussion est ren-voyée àaujourd'hui."bulletin
DEl'étranger
{dépêchesHAVASETRENSEIGNEMENTSparticuliers)
La dynamite
en
BelgiqueLes anarchistes arrêtés à Liège sont au nombre de sept. Ils ontété mis au secret dans la prisonde
Saint-Léonard. On met en doute l'exactitudedes dé-clarationsdeLacroix,qui acherché à assumer toute
laresponsabilitédes attentats surlui.
On saitmaintenantque les attentatsont été com-mis à l'aidede 21 kilogrammes de fortite volés à
Baneux. Une très petite quantité a été employée
pourles quatre explosions.La police s'est mise en quêtedu receleur, et a arrêtéà Jemeppe un icune homme,Aimé Matheysen,fils d'un industriel, qui
est accusé d'avoircaché le restant des cartouches de fortite.
L'administrationde la sûreté publique de Gand a
prévenu le socialiste hollandais Van der Vier qu'il ait à quitter la ville dans les vingt-quatre heures.
Cetindividu avait prononcédes discours subversifs
dans un meeting organiséparles progressistes. L'échevin Bruneel, faisant fonctions de bourg-mestrede Gand, ainsi que le commissairede police en chef, ont reçu des lettres où il est dit qu onfera
sauter le palais de justice, la Banque nationale et
l'hôtel de ville. Le gouverneur de la provincea
égalementreçuune lettre de menaces.
v'-lJ:-
Allemagne.;rw.c-
iJLa Chambre des députés du Landtag prussien a
adopté sans débat, en troisième lecture,le budget
supplémentaire concernant la présidencedu conseil
des ministresde Prusse.
Un incendie, qui s'est étendu avecune
extraordi-naire rapidité, a éclaté, hier après-midi, dans la grande plumasserie Strauss et Cie, de Cannstadt (Wurtemberg).
Un grand nombre d'ouvriers et d'ouvrières n'ont pas pu s'échapper et ont péri dans les flammes.
Le nombre des morts n'estpas connujusqu'ici.
Autriche-Hongrie
On nous télégraphe deBudapest
Un membre de l'extrême gauche a Jinterpellé, au cours de la séance d'hier,le ministrede la guerre sur an fait qui s'estpassé à Debreczin.
Un officier a souffleté à trois reprises, en pleine rue,un honwed, parce quece réserviste avaitomisde le saluer.
Le sous-secrétaire d'Etat au ministère de la guerre, remplaçant le ministre Fejervary,malade, a répondu
que l'officiera été puni de dix jours d'arrêts; mais il a refusé de le nommer, parce que ce serait aggraver
sa peine que de le mettre ainsi moralement au pilori.
Plusieursmembres de l'extrême gauche ont vaine-ment insisté pour connaître ce nom. Entre autres, M.
Horvath s'estlevé et s'estécrié
Moi, je déclare que cetofficier, qui se permetde souffleter un soldat hongrois, est un manant et;un srredin! Je suppose qu'à présentil se nommera!
Le présidenta rappelé M.Horvath à l'ordre eta
dé-claré l'incident clos.
Angleterre
Un incident s'est produit pendant la dernière
séance de la Chambre des communes au cours de
la discussion d'unbill dontM. Haldane, député
libé-ral, demandait la secondelecture, et qui a pourbut deconférer aux conseilsde comtésle droit d'expro-prierpour cause d'utilité publiqueles propriétaires deterresen payant àces propriétaires toute la
va-leur deleurs terrains, mêmecellerésultantdansles
villesde la plus-value provenant dece quela popu-lation urbaines'estdéveloppée.
Cette question du remboursementdes plus-values acquises passivementparles terrains sans que les propriétaires y aient contribué personnellement,a motivé l'intervention violente du député socialiste
M. Cuninghame Graham, au milieu d'un discours que prononçaitM. Asquith en faveur du bill de M. Haldane. Le bouillant députéduLanarkshire accuse
l'orateur de se rendre compliced'une escroquerieen
soutenantcebill, et prétendassimiler les plus-values passivement acquisesparles propriétaires de ter-rains avecles profitsillicites réalisésparles action-nairesd'entreprises financièresvéreuses.Lespeaker, après avoir rappelé à l'ordre l'interrupteur, se voit
obligé de le nommer.
Sil'on m'applique la censure, s'écrie M.
Cu-ninghame Graham, c'£st parce que je parle au nom desdoctrines socialistes etque je proteste contreun
acte de véritable filouterie
Lesecrétaire d'Etat pourl'intérieur,M. Matthews, requiert alors la suspension temporaire de M.
Gra-ham, qui, toujours plus furieux, hurle à pleins
pou-mons Suspendez-moi,celam'estégal,filous, etc.
Ses amis essayent en vain de le calmer Je
m'en.
soucie comme d'une guigne, leur répond-il, et finalement la Chambre scandaliséevote àl'una-taimité la suspension.
Le speaker intime alors au coupable l'ordre de se retirer.
M. Graham se lève et crie detoute la forcede
ses poumons:
Monsieur le président, en me retirant,je dé-sire m'excuserde tout manquede courtoisie envers
vous, mais je tiens àdéclarer encore unefois qu'on m'a suspendu parce quo je défendais la cause du
socialisme1 P
En arrivant au bas des bancs, M. Cuninghame-Graham ajoutesur lemêmeton
Je voudrais bien discuter cette question dans
Hyde park, devant une réunionde centmille hom-mes car, en de pareilles affaires, la Chambre des
communesne sait queprendrele partides escrocs1 L'incidentest clos,l'émotionse calme,M.Asquith
reprend sondiscours et, finalement,lebill de M.
Hal-dane est repoussé en secondelecture par223 voix contre148.
Hier, mercredi,la chambrede commerce de Man-chester a voté, par 164 voix contre156,-l'ordre du joursuivant
Considérant que le mauvais état des affaires qui
dure depuis si longtemps et dont onn'entrevoitpas la fin, est du pour une large part aux fluctuations
fré-quentes et violentes du taux du change avec les Indes, la Chine, et en général avec les pays qui emploient
l'argentcomme base de leur système monétaire, La Chambre estime que le gouvernement devrait
prendre immédiatement des mesurespour arriver à
un accord international, afin d'établir légalementun rapportfixe et permanententre les monnaies d'or et
d'argent.
On mandede Swanseaque la grève dos porteurs des docks s'estterminée par la victoiredes
arma-teurs,qui ont maintenu leur refus d'augmenterles
salaires des ouvriers.Ceux-ci doiventavoir reprisle
travailaujourd'hui,jeudi.
Le Truth croit savoir que le grand-duc Ernest de
Hesse sera prochainement fiancé à la princesse
Marie d'Edimbourg, avec la pleine approbationde
la reine Victoria, du tsar et del'empereur
d'Alle-magne.
Belgique
--••l•
Leconseil supérieurdu commerceetde l'industrie s'est réuni hier, à Bruxelles, pour discuter, à la
de-mandedu gouvernement,la conduite à tenir parles
négociateursbelgeschargésdelaconclusiondu traité
de commerceavec l'Espagne.
Il a été donnélecture du rapport général sur la
question, faiteparM.Strauss.Cerapport estime que 1 Espagne n'estpas de force àsoutenu'la guerre de
tarifsqu'elle a entreprise. b Le rapporten arrive auxconclusions suivantes
1° Demanderdes réductions sur le nouveau tarif espagnoln° 2 pouren rapprocher les taxations des
droits minima du tarif 1882;
2° Demander surtout l'inscription dans le nouveau traitédela clause du traitementde la nation la plus
favorisée
3° Que lerégime douanierdes coloniessoit discuté parles négociateurs en même temps que celui de la
mère-patrie.
Russie
La commissiondes céréales présidée parM. Abasa s'estprononcéeà l'unanimité en faveurde la liberté de l'exportationde l'avoineet du maïs des portsde
Riga, de Libau et de
Reval.
Un bal a eu lieu au club de la marine de Sébasto-pol, en l'honneur des officiersduvaisseau français
lePétrel.
Un déjeuner a été servi dans les casernesdo la marine aux matelots.
Les officiers français ont organisé une réceptionà
bord. Les officiers russeset des damesdela colonie
française y assistaient.
Le tribunal du district de Vilna a condamné six
juives et unjuif, prévenus d'avoiropéré des
avorte-ments avec circonstances aggravantes, à des peines variant de sixàvingt ans de travauxforcés.
Egypte
Le correspondant du Neiv-York Merald au Caire
mande
à ce journalqïï?la campagneentreprise parla Dresseradicale contrele marquisde Reverseaux,
à^occasion de la présencede ce ministre., et du
per-sonnel de la légationà la messe du jource Pâques, a causé un grand étonnement en Egypte, attendu que, comme chacunle sait,l'influence de la France en Afrique est inséparablede la protectiondesInté'
rêts catholiques et que, dans ce cas particulier, il
s'agissait d'un usage immémorial.
Lemême correspondant donne des événements
qui se sont passés enjuillet et août1891une
version
qui peut se résumer ainsi Le sultan, voulant
for-cer l'Angleterre à évacuer l'Egypte, aurait enjoint au défunt khédive Tewfik-Paeha de saisir la pre-mièreoccasion pour demander l'évacuation et de
menacer au besoin de donner sa démission si l'An-gleterre ne tenaitpas ses promesses.Leplan fut
ré-vélé à l'Angleterre, qui envoya à l'improviste une flotte devantAlexandrie seul, un personnage,
fai-santpartie de l'entourage ministériel immédiat du sultan, était à même de connaître l'affaire et de la révéler, et c'est pourquoi, au mois d'août, Djewad-Pachafutappelé à remplacer le grand-vizir subite-ment tombéen disgrâce.L'occupation de l'ile de Si-gri par les Anglais,qui eût lieu au mois de septem-bresuivant, n'aurait été que la conséquencede la mauvaise humeur encore inapaisée de lord Salis-bury.
Une dépêche duCaire porte qu'une violente épi-démiede variole sévit à
Suez.
i
États-Unis
La Chambre des représentants a approuvé l'a-mendement au bill d'appropriation diplomatiqueet consulaire, rejetant le crédit de65,000dollars pour les études du chemin de fer continental américain qui doit mettre en communicationtous les pays
d'A-mérique.
Le Sénat a votépar trente voix contrequinze le
bill prorogeant pourdix ans la loi sur l'immigration chinoise tel qu'il avaitété voté par la Chambredes
représentants. Le sénateur Sherman a protesté contre la nouvelle dispositionde laloi qui exige des
Chinois venantaux Etats-Unis qu'ils se fassent
in-scrire, dans le délai d'un an, sous peine d'empri-sonnement, puis d'expulsion. M. Sherman
consi-dèrece dispositif comme une violation des traités
existant avec la Chine.
Ona trouvé, à Chicago, le cadavre d'une femme mariée, ElisabethWalsh, sur lequel on a constaté toutes les mêmes mutilations horribles que
présen-taientles victimesde Jacques l'Eventreur à
White-chapel. Cette découverte a causé une grande
émo-tion dans la ville.
Canada
Les réclamations d'indemnité des pécheurs de
phoquesde la Colombiebritannique,provoquéespar
le moclusvivendiontété réduites,par les
commissai-res britanniques,à385,000dollars au lieude 650,000.
Unedélégationde damess'estprésentée hier chez le premier ministre du Dominion pour demander
l'extension aux femmes du droit de voterdans les élections législatives.
Le ministre s'est empressé de répondre que les
femmes jouiraient bientôt au Canada de tous les
droits électoiaux, mais que cependant
il
ne pouvaitpromettre qu'uneloi à cet effet serait votée pendant la session parlementaire actuelle.
AFFAIRES MILITAIRES
MARINE
Pour donner à l'instruction du personneldes dé-fenses mobiles, au pointde vue du tir des torpilles automobiles à bord des torpilleurs, un
développe-mentplus considérableetpour en assurer, en même
temps, la complète uniformité dans les cinq ports militaires,le ministre de la marine vient de
réorga-niser le servicedes défenses sous-marinesde la
ma-nière suivante
Chaquebateau torpilleur lance-torpilles armé exé-cute au moins trois lancements par mois avec des torpilles automobilesd'exercice.
Cestirs sont faits en marche, et deux d'entre eux à grande vitesse, sur butmobile.
Chaque semestre, deux des tirs prévus ci-dessus ontlieu, autantque possible, au cours d'un voyage des torpilleurs hors du port chef-lieu d'arrondisse-ment, dans une baie convenablementchoisie et
voi-sine d'un port de stationnement.
Les torpilles sont préparées par les moyens dont disposele poste. Des précautions sont prises pour
diminuerles chancesdeperte de ces engins.
En outre, les commandants des bateaux-torpil-leurs sont fréquemment exercésàl'attaque d'un but mobile en exécutant les exercices dits de «tirs si-mulés».
Les sorties d'exercicesde chaque torpilleur armé ont lieu au moins deux fois parsemaine.Aucours de la navigation, les commandants s'attachent à pratiquerle pilotage des parages qu'ils visitent et à exercer les patrons et les pilotes. La défensemobile
de chaque port exécute parmois au moins deux sorties denuit, soit d'ensemble, soit pargroupes. Enfin, une fois au moins par trimestre, chaque défensemobile procède àunexerdice sur un thème combiné; un bâtiment du port (remorqueur ou
autre) est mis àla dispositiondu commandantpour
permettre aux torpilleursde passer parles diverses opérationsdela guerremaritime
découverte,pour-suite, attaque, etc.
Cesmanoeuvresauront pour résultatde familia-riserles commandantsde torpilleurs avec les
éven-tualitésdu temps de guerre.
On télégraphie de Bordeaux qu'un accident s'est
produitsurle torpilleur 158, qui faisait un essai en route libre. Au cours de cet essai, un des tubes des chaudièress'estfendusur une longueur de douze
cen-timètres,et trois ouvriers ont été atteints par la va-peur. Un d'eux est presque rétabli; le second est en
bonnevoie de guérison; le troisième est plus sérieu-sement brûlé, mais son état ne donne pas
d'inquié-tude.
Après épuisement des vestes en drap existant
en-magasin, les quartiers-maîtres et les musiciens des équipages de la flotte seront dorénavantpourvus d'un veston en drap bleu foncéde même modèle que celui adopté en 1890pour les seconds maîtres. Toutefois,les
boutons dorés seront remplacés par des boutons en cuivre.
Par décision présidentielle, le capitaine de
vais-seau Huguet est nommé chef d'état-majordu 3e
ar-rondissementmaritime
Le capitainede frégate de Chauliac a été nommé au commandementde l'aviso-transportleScorff,àLorient.
(
ARMÉE
Par suite de la difficultéd'assurer le logement des
troupesde l'armée territoriale,le droit de réquisition
sera exercé, du 16au 29 mai, dans les villes d'Evreux,
Rodez et Corte.
LE
SALON DU CHAMP DE
MARS
Le niveau d'art au Champ de Mars et aux Champs-Elysées n'est pas le même il est in-contestablement plus élevé au Champde Mars. La cohue, d'abord, y est moindre; ony voitplus d'unité dans l'effort, moins de banalité dansle concept et, en dépit de l'infériorité numérique,
plusd'œuvres. Est-ce à dire qu'onn'y rencontre
riende médiocre?Non pas; mais la médiocrité absolue y estrare. Tousles genres y sont repré-sentés, en peinture, avec une abondance, une richesse et une vitalité qui ne s'étaientpas
en-core manifestées à ce degré dansles deux expo-sitions précédentes les sculptures, peu nom-breuses, n'y constituent pas sans doute un en-semble comparable à celui des Champs-Elysées, mais on y compte desœuvres distinguées,etl'art décoratif y estremarquablementreprésenté.
LA PEINTURE
Nous n'adopteronspas, pour passer la revue des peintures, le même ordre qu'au Salon des Champs-Elysées.Les salles, ici, sont énormes,
très variées dans leur composition, et la
no-menclature par genre s'y impose.Nous y étu-dierons tour à tour la grande décoration, les toiles symboliques ou religieuses, le nu, le
por-trait,les tableaux d'intérieur,le plein air, la
ma-rine et les paysages, les animaux, la nature
morte, les fleurs; nous termineronspar l'aqua-relle et le pastel, les dessins et la gravure.
'
La grande décorationUn chef-d'œuvrede M. Puvis de Chavannes,
I
YHiver,destinéà l'Hôtel de Ville.Dans une enceinte continue de collines, une plaine, dont les plans successifs, étagés avec une admirable justesse, rendent d'autantplus sensible l'étendue. De hautes futaies, décou-ronnées parla bise, percent la neige; des bû-cherons, donton voit au loin la hutte ronde, y
portentla cognée, les démembrent, ou, sapant
les troncs parle pied, fixant au sommetdes
cor-dages, les jettentun à un surle sol. Des bran-ches, on a fait des fagots dont les plus robustes se chargent. Quant aux menues brindilles, en-tassées, on lesbrûle, et un père, à leur flamme,
réchauffe
les petits pieds engourdis de sonen-fant,
tandis qu'un vieillard, derrière lui. encoi-gné sous une arcade en ruines, s'enveloppede son manteau et qu'un des travailleurspartage avec une vieille le pain qu'il vient de tirer de son bissac. Sur le calme grandiose de cette scène,les lueurs rosées du couchantjettent une note attendrieet composent,avoc lesblancheurs atténuées de la neige,les lointains violacésde la forêt, une gamme de tons aussi douce que le paysage, imposantpar ses lignes, est sévère. 1 Effet de soir, aussi,effet de nuitplutôt dans latoile, également destinée à l'Hôtelde Ville, où M. Adolphe Binet représente, au petitjour,
l'at-taque d'unposte
eni^nii
pendant le siège. A lapâle clarté des étoiles, cfc-rté augmentée par la neige, et qui noiedans une
bru^e
ardoisée toutes les formes, un officier demarine
avec mille précautions, mène ses hommes et dissimule samarcheen pleins champs. La note est harmo-nieuse, maislécadre est démesurépourlà scène, et l'artiste, quelquetalent quïl y aitmis,
retrou-vera difficilement, cette année, le succès qui
avait accueilli, l'an passé, sa Sortie desgardes
nationaux pendantle siège.
De MM. Simas etDelance, deuxpanneaux de M.Victor Prouvé, un fragment de plafond qui ne manquentnid'intérêtni de valeur. Ici, dans
uncielbleu turquoise, deux formes féminines
montent doucement,et, d'une couped'orqu'elles
tiennentà la main,versentdans d'autrescoupes, avidement tendues
par
des couples enlacésde jeunes mortels, l'âme joyeuse et claire des
raisins. La, sur le flot mouvant de la grande mer, aux lueurs rougeoyantes d'un falot, un
pê-cheur ramèneavec effort un filet: déjà,
sur
leplancherde la barque, les anguilles de mer se tortillent, les raies s'aplatissent, visqueuses, les rougets agonisent.Si le second coup de filet
vautlepremier, la pêcheserafructueuse. Hardi,
l'homme
tSont-ce des Muses que M. Prouvé met en
scène dans sonquart de plafond ?Peu importe elles sont décoratives, et Rubens ne
désavoue-rait ni leurs formes, ni l'opulence charnue de leurs poitrines.Onles voit, par malheur,de trop
près la brutalité de leur facture s'en affirmeet
la crudité de leurs colorations s'y étale avec une liberté quipourraitbien choquer.
Terminonspar un plafondde M. Weerts,
exé-cuté pourle musée de laMonnaie.Au bas d'un
pont,
celui d'Iéna, si l'on veut, d'unpont que le dôme central du Champ de Mars domine de sa silhouette, le vaisseau de Paris, sur une Seineidéale, s'avance, chargé d'atroces dorures et d'une armée de génies symboliques.Les arts, les sciences, toute la lyre1 Et dans les airs, leCommerce et l'Industrie réunis font pleuvoir
sur le toutune pluie d'or. Allégorie allégorie
Excès d'allégorie1
Sujets symboliques et religi&ux
«Ence temps-là, Jésusquittasonroyaume
cé-lesteet redescendit surla terre;
«Caril trouvaitles hommes plus quejamais
menteurset déloyaux, fourbes et criminels, et
il voulaitracheterà nouveau leurs péchés.
» Etil redevint, commejadis, tout enfant.
» Or, tandis qu'un jour il dormait, en son
rustiqueberceau, dans le jardin de Marie, sous la treille que deblanches colonnes supportaient,
samère le laissa seul
» Et quand elle revintsous la treille, elle fut toute surprise de voir que des anges, penchés
sur
le berceau, étendaient sur le petit Enfantleurs grandesailes
» Et un peintrede talent, M. Dubufe, trouva
le motif à son goût, et il en fit, sur l'heure, un
tableau.
» Une autre fois, pendantla fuite en Egypte, Joseph et Marie s'arrêtèrent, à la chaleur du
jour, sous une roche. Tandis que Joseph et
l'ânonse reposaient, laVierge nourrissait
l'En-fant-Dieu
Et
un peintredetalent,
M. Montenard, vit la scène et il en fit, à sontour, untableau.» Et tout le temps que Jésus passasur la terre,
les peintres, acharnés, le poursuivirentet ils en
firentdes quantitésde tableaux un jour, au
bord d'une fontaine,qu'unolivier, de son feuil-lage grêle, ombrageait, l'Homme-Dieu
rencon-trait
la femme adultère et lui remettaitsespé-chés unautrejour, dans Paris, sur la terrasse
des Tuileries,ausoleil, Jésus, voyantvenirà lui les enfants des écolesprimaires, caressait leurs têtes blondes, etM. Laurent-Gsellen faisait sur
l'heure un tableau; puis M. La Touche, et M.
Blanche, et M. Lhermitte s'y essayaient. Ils le
représentaient rompant le pain, soit avec ses disciples, soit avec des hôtes inconnus, qu'il évangélisait. Enfin, quand recommençait le
drame du Calvaire, M. Deschamps montrait
Jésus épuisé, pleurant, sous le rude fardeau
de la croix, des larmes rouges et lorsque l'heure fatale était venue, lorsque le fils de Dieu, supplicié, les pieds et les mains percés de clous expirait entre deux larrons, deux
pein-tresencore s'efforçaient d'exprimertoute
l'hor-reur
de cette scène. Mais l'un d'eux, M. Dinet, la plaçait sur un coteau caillouteux dontilpeu-plait les pentes d'Arabes en burnous, de vieux
juifsà la barbe tressée, de femmes des
Ouled-Naïl auxjoues peintes; le second,M. Jean
Bé-raud,la reportait sur la butte Montmartre, et,
pendantque Jésus rendaitl'âme,pendantqu'une
Vierge en robe noire eten bonnet blanc tuyauté, sanglotait, soutenue par un saint Jean et un
Joseph d'Arimathie en bourgerons, un ouvrier, en blouse bleue, debout, penché sur la ville,
montraitle poing aux cheminéesde ses usines,
auxmaisons à compartimentsde sesbourgeois, etluijetaitsa malédiction à la face. »
C'est une épidémie que ces sujets: plairont-ils ? Est-il possible aujourd'huide renouveler, en transposantainsi l'Evangile, en le plaçant dans un décor tout moderne, l'anachronisme
ingénu qui nous charme dans les primitifs ita-liensou flamands? Il esthorsde doute que oui
les tableaux du peintre saxon, M. de Uhde,si goûtés à nos expositions, l'ont prouvé. Mais il
y faut une foi profonde, commechez lui, ou, à défaut de cette foi, beaucoup de tact et il ne
nous paraît pas que nosartistesen témoignent
tous également. Il en est un surtout, M. Blan-che, dont la tentative est singulièrement
péril-leuse un Christ en robe japonaise, à grands dessins bleus sur fond blanc, un Christ qui se détache sur un buffet de forme anglaise, entre
deux chandeliers, comme un sujetde pendule,
un Christ assis à une table qu'entourentnon seulement des jeunes filles, des jeunes gens,
mais devieux modèles à figures de concierges, en blouse blanche, coiffés d'unecalotte rouge,
un
Christ auquel une bonne, sur la droite, offre un platde jambond'York; unChrist pareil, j'enai peur, sera difficilementaccepté croyants et
incroyantss'en gausseront.
Le Calvaire, de M. Dinet, inspirera des ré-flexions moins cruelles, mais d'une nature
ana-logue on sera plusindulgentpourlaCène,
beau-coup
plus
acceptable, inspirée des primitifs italiens, de M. La Touche; dansle
Christ en croix, de M. Jean Béraud, ontrouverale tableau combinéavec une sobriété, une vigueuret une convictionauxquelslestableauxsi éminemment parisiens de l'artiste ne nous avaient pashabi-tués et qui n'étaient, d'ailleurs, pas nécessaires
pource genre de sujets.
C'est la toile de M Lhermitte qui arrêtera le plus les visiteurs. Le Christ est assis à une table, à une table carrée en bois
brut;
la lumière, à la quelleiltournele dos,frappeenplein visagedeuxhommes
qui l'écoutent avec un geste de sur-prise, des hommes du peuple dontla face, sim-ple et pensive, fait songer àcelle des apôtres, les Pierre, les Thomas, les André, tous gens sim-ples et de vulgaire origine. Et l'on nes'aper-çoitqu'à lalongue du modernisme dont le décor estempreint on ne détourne les yeuxqu'après coup du motif principal pour les reporter sur
cette femme qui prend des mains d'un enfant,
d'ungarçonnet de douze à quatorze ans, un plat deterreoù reposeun quartierde viande on ne
découvre enfin que fort tard les ustensiles de ménage pendus dans l'embrasurede la fenêtre, la salièreen verre côtelé posée sur la table, les giletsà manches de toile, les gibecières et les pantalons de treillis de ces braves gens.
L'oeu-vre est parfaitement une, harmonieuse, et,
comme l'exécution en est forte, comme la lu-mière y esttransparente,commel'air y circule,
limpide, comme les morceaux y sont peints
d'une main robuste et très sûre, ellecharmera.
Passons au symbole, qui est une manière de
religion,
et dont MM. Ary Renan, Frédéric et Hodler sont les prêtres. L'Epave que' M. Ary Renan nous faitvoir est un crâne foulé par lepied blanc d'une bellefille,dont le style rappelle l'idéale pureté de lignes, si chère à ceux de
la
Renaissance. Au bord de l'Océan, bleui par un ciel d'été, un ciel bleu, elle parcourt uneplage isolée. Devant elle, la lugubre carcasse
d'une barque, enlisée dans le sable; à ses pieds,
une tête qui fut humaine, et, tandis qu'elle la regarde, il s'éveille en elle tout un monde de rêveries douloureuses.
Le titre seul du triptyque de M. Frédéric le
Peuple vetratinjour
le
soleil se lever, faitcon-naîtretoute la penséede l'auteur. L'âme de tous ceux qui souffrent est son âme il compatit à
l'amertumede leurs peines et il partage leurs
espoirs. Il les voit, courbés sousl'orage, grim-pant, petits enfants, hommes et femmes, une côte abrupte et rocheuse sans pouvoir atteindre
au sommet;
puis,
sous un ciel toujoursef-frayant,strié de feu, les petits enfants sont
ve-nus
au sommet; à traversles ronces,toutnus, ils s'avancent, et sur leurs tendres corps, que les épines déchirent, le sang coule. Enfin, lazone
fatale est franchie couronnés defeuilla-ges, vêtusde blanc, la main dans la main, sous le ciel bleu,ilss'élancent,et un chant de joie
s'é-chappe de leurs lèvres. Le nu
Ilyatrois sortes de nus en peinture le nu poétique, l'étude de nu pure et simple et le nu égrillard. Cestrois catégories ont leurs
repré-sentants au Champde Mars.
Rien de plus poétique, en fait de nu, que le morceau intituléparM.Dinet Suzanneaubain.
Dans une piscine en pierres brutes, protégée
par un mur en pierres sèches, la jeune femme descend, toute timide; quoique deux vieillards édentés,d'unœil lascif la poursuivent, elle se croit seule, et pourtant on lit sur ses traits une pudeur craintive;elle a peine à se débarrasser
du voile blanc qui cache en partie son corps chaste. Le soleil, doucement,
la
caresse,commes'il craignait, lui aussi, de la frapperd'unrayon trop brutal illa frôle avec respect,illa veloute, et le jeu de cette lumière doréesur son bras, sur
ses cheveux blonds, sur sa joueest d'un charme
dont les plus délicats seront ravis.
La note de M. Harrison est tout autre.La joie
de vivre estle seul sentiment qui s'exprime dans ce groupeheureuxdenudités folâtrant, au déclin du jour, surune plage oùla vague vientfranger
d'écume leurs contours. C'est là l'œuvre
maî-tresse que nous attendions depuis des annéesde cet' artiste,une œuvre aussi gracieuse qu'étudiée, unepeintureaussi solide qu'ellle est claire.Il y
a joint,dans un autrecadre, deux petits garçons
qui s'ébattent, au sortirde l'eau, sur la grève, et dont le mérite est égal, si le charme en est moindre.
De M. Point, dans un paysage algérien piqué
de lauriersroses, unescènedebain dontlanote, quoique fort juste,passera pourcriarde, et une
Visionnocturne séduisante. De M. Armand Ber-ton, un corps de jeune femme, aupastel, plus
attrayantencore de M. Gallén, un triptyque,
dontle sujet, emprunté aux légendes Scandina-ves, s'explique assez mal pour nous autres, et
qui
représente une jeune nymphe poursuivie,dans
les eaux froides d'un lac, parun vieillardentreprenantà longue barbe.
Onclassera dans les pures études de nu un excellent morceau deM. Sargent, les étudesde
jeunes filles de M. Picard, uneDormeuse, de M.
Aublet, vue de .dos et délicatement peinte, une
mauresqueaccroupie surun divan, de M.
Bré-tégnier, la Leçon deflûte, de M. Trotter, une vi-goureuse ébauchede M. Carolus-Duran, et une
jeunefemme à sa toilette,de Mlle Lee-Robbins. Labelle filleauxcheveux roux, étendue
par
M.Albert Fourié dans un pré, entredesarbresverts, et sous laquelleilfaitjouerle soleil, oscilleentre les confinsde l'étudeet de lapeintureégrillarde.
Le Printemps, de M. Callot, n'oscille pas; ses deux corps nus déjeunes femmes sont des nus
pleinement savoureux, des nus dont lachair est superbe, frémissante; une lumière vaporeuse
les enveloppe, mais la pose est plus que de
rai-son tourmentée,elle inquiète, et le ragoût, tout
artistiquequ'il est, sentle picrate. Le portrait '•
Les portraits sont nombreux, et il en est
beaucoup d'excellents, à commencer
par
la char-mante symphonie de gris et de roses, exposéepar M. Whistler sous le titre de
Portrait
deladyMeir. La sémillante jeunefemmeen robe
jaune et la fillette en gris perle et blanc de M.
Boldini ont toujours lesmêmes poses inédites, le même charmetroublantet pervers, très
per-vers la Carmencitade M. Sargent est campée
avec une crânerie qui n'a rien pour déplaire les portraits de M. Carolus Duran, très variés,
inteprétant tous les types, depuis M. Challe-mel-Lacour, sénateur, et M. Henner,
maître-peintre, jusqu'à celui, éminemment suggestif, d'une dame en robe de velours lie de vin et manteau de peluche violacée, trouveront leur habituel contingent d'amateurs on
ai-mera les robustes morceaux, si librement
peints, de M. Zorn;on sera partagé, devantles envois de M. Besnard, entre la franchise et la soliditédecertaines toiles et la brutalité inatten-duede certaines
autres;
on jugera MM. Cour-tois et Dagnan-Bouveret délicats, M.Gan-dara
heureux dans l'emploi des demi-teintes,M. Rixens un peu édulcoré M. Rondel
vraiment supérieur dans son
Portrait
de M.Gordon-Bennett
et
de MmeR.
l'un ferme et précis, sans sécheresse,l'autremélancoliqueetcharmant.M. Gervex a toujours les dons de facilité et de charme qu'on lui sait; il y
ajoute, en un petit portrait de jeune femme
brune, une note nouvelle et plus forte. M.
Aman-Jean est toujours épris de notes sour-des et de recherches d'âme. On nous
per-mettrade signaler seulement le joli
Portrait
deM. Jacques Saint-Cère,parM. Blanche, et celui
de
MmeJacques Saint-Cère, par M. FritzBiir-ger les envois enfin de MM. Point, Sinet,
Pietschmann,Josef Block, Desboutins, Vos, Rœderstein, Béraud, Briggs-Potter, Tournès, Iiaumont, Jarraud, Rippl Ronai, Emile Breton, Ribarz, GustaveColin, Renouf-Whelpley, Sain, GeorgesClaude, Aublet,Weerts, Girardot,
Eu-gène Vidal, et de Mme Chadwick. Une mention spéciale au portrait de jeune femme dans un
intérieurun peu sombre, exposé par M. Jean-niot, et à une étude de jeune femme en robe
verte, sobre et ferme d'un artiste anglais, M. Guthrie.
Les intérieurs
Dans les intérieurs,M. Stevens est unmaître,
et il y a beautemps qu'il s'est affirmé comme
tel. Ceux qui ont suivi le mouvement des arts
sous l'empire ont dû garder le souvenir d'une
jeunefemme assise dans sa baignoire et rêvant.
Ce fut un succès d'enthousiasme que les succès
qui suivirent justifièrent. Par une coquetterie qui n'estpas à la portée de toutle monde, M.
Stevens a tenu à montrer, en exposant à nou-veau cettebelle pièce, accompagnéede quelques autres, également anciennes, et en leur oppo-sant ses derniers travaux, le Reposdumodèle, le Portrait de Mme Waldeck-Rousseau,en robe rose
sur
fond rose, etc., qu'il n'a rien perdude sa maîtrise et qu'il étalela couleur, aujourd'hui commejadis,en virtuose.Lemêmeintérêts'attache aux envois de son fils. M. Léopold Stevensade qui tenir. Peintre
robuste, héritier des qualités paternelles, il y
joint
unepersonnalité, personnalité qui se dé-gage, dans une série d'études bretonnes, avec une incontestable vigueur. Aremarquer,entre autres,une femme qui coudet deux femmes qui raccommodent un drap. A remarquer aussi deux très intéressantesmarines.M. Raffaëlli ne nous avait pas donnéjusqu'ici
d'intérieur aussi satisfaisant comme lumière,
aussi réconfortant commepeintureque cet
ate-lier de sculptureoù il assied un artiste à longue
barbegrisonnante, et d'une expression àla fois
énergique
et rêveuse. M. Osterlind, en nous donnant sa Lecturede la Bible, n'a pas eu pour butuniquement de réussirun effet d'éclairage quand il a groupé, à la rougeâtre lueur d'unelanterne,
ces deux femmes, dont l'une lit, sans penser, dontl'autreécoute et médite, il a songé,j'en suissûr,à faire œuvre de philosophecomme de peintre, et la gravité attendrie de ce mor-ceau retiendralonguement le visiteur.
Dans la même note, un peu grave, les
inté-rieurs familiaux de Mme Elisabeth Nourse, de
MM. Marius Michel et Salmson offriront quel-que intérêt; ceux de MM. Vos, Israëls et
Mel-chers plairont sans aucune restriction. M. Vos a deux intérieurs, l'un breton, et 4'autre hollan-dais. Dans le premier, le logis parle seul, et il
parle d'une façon touchante, avec son âtre
en-fermé
où dorment quelques braises, et le dos-sier en arcades sculptéesde sesbancsde bois;le second est la prière en famille, Y angélus dans unesalle basse habitée parde braves pêcheurs. L'enfant a cessé dejouer, la grand'mèrea laissé retomberdans son écuelle d'étain la pomme deterre qu'elle pelait; elle élève son âme, humble-ment,vers le créateur, etl'impression que laisse ce tableau esttrèsforte. Il est peint, d'ailleurs, fortement, sans lourdeur, dans une gamme très
harmonieuse de tons
sombres.
M. Israëls a éclairci sa palette,'cetteannée
les pauvres gens qu'il nous montrene nagent
plus dans une brumeépaisse,et c'est à la clarté
d'unvrai jourque cette pauvre femme dont il
nous entretient surveille, en causant à sa table, sonmarmotquijouedevant elle. Nous arrivons enfin, avec un artiste américain, M. Melchers, à
des notes absolument fraîches, d'une gaieté qui flattel'œil et le ravit, sansparler de la lumière, qui est d'une qualité peu commune, etdessujets,
dontla simplicité n'est ni vulgaire pourtant, ni banale. Ici, dans une grande toile, une jeune
Hollandaise, corsage mauve et jupe réséda, les
deuxmains croiséessur un livre, mélange à sa
prière un peude rêve. Ailleurs, unefillette
réflé-chit plus loin, morceau encore plus délicat,
deuxfiancés,côte à côte, debout dans l'église,
attendent le pasteur qui les bénira et livrent leursjouesfraîchesau soleilqui les duvète et lesnimbe. <i
Redescendonsdu Nord au Midi des[Septen trionaux, plus recueillis et plus graves, passons
auxraces latines, qui aiment l'esprit, dontle
so-leil colore les lèvres et gagne au [sourireles âmes. Nous n'y rencontrerons que
par
hasardla notegrave parfois, le tableau de genre s'agran-dit; l'anecdote se hausse à l'épopée rustique et la scène qui eût été, ende plus petites dimen-sions, familière, tourne au tableau d'histoire. C'est untableau d'histoire, en effet,quela. Soupe, une page d'épopée rustique,une pagepresquegrandiose, tellement elle estsimple. M. David Nillet, unjeunepeintre, y a groupéautourdela tableen bois fruste une maisonnéede paysans avec plaisir, mais sans hâte, ils tendent leurs
assiettes à la mère qui puise dans la soupière et
leurverse avec satisfaction leur bonne part à chacun. Ily a plus que de la simplicité dans ce .morceau,ily a du style.
Ce n'est pas un Méridional queM. Kuehl il
est Bavarois, simplement;mais le Bavarois est
le Méridional de l'Allemagne d'où l'espritet la gaieté de sa touche. C'est toujours en Hollande qu'il nous mène, dans de vastes pièces qu'une
demi-pénombre envahit et qui ne s'éclairent
vraiment qu'à la fenêtre, sousle jourfrisantde laquellese profilentlesvisages et s'allume le co-loris vivace des fleurs. Sile jour est insuffisant
par la fenêtre, ou si le soleil donne, la porte s'ouvrira,et ce sera une réussite de plus, une flambée d'étincelles plus joyeuse queM. Kuehl
fera courir sur l'émail bleu foncé des faïences oules saillies irisées des verres.
M. Lobre, qui est un délicat, dont lafacture n'a pas les rugosités de M. Kuehl, obtient, par des moyensdifférents, deseffetsanalogues, mais plus minutieusement caressés, plus moelleux. Qu'onregardesa Bibliothèquebleue et blanche,
avec cetteporte ouverte, danslefond,sur lesors et les rouges d'unsalon; ce sera un régalet une délectationpourles yeux.
Des blancs aussi, mais plus chauds, dans les deux intérieurs agrémentés de jeunesfemmes en robes blanches, d'un artisteespagnol,M.
Ca-sas; Desblancs encore, et des bleus, des verts délicieux et chantants dans les cabarets, les les cours intérieures, les portiques de M.
Rusi-nol, un secondfilsdes Espagnes.Desblancs
tou-jours,et non moins habiles, non moinsjustes,
avec des notes d'un vert tendre, chezun troi-sième Espagnol,M. Barrau.
Nous rentrons,avec M. Perrandeau, dans le calme.Ses bravesfemmes assoupies dans leur
fauteuil ou à table, près d'une tasse où l'on a si-roté le fin moka, sont d'une jolie qualité;nous
constatons plusde vigueurencore dansles toiles de MlleLouise Breslau, qui s'entend de mieux en mieux aux effets de lumière un peu
brus-ques. Nous rentrons, avec la Maternité'de M. EugèneCarrière, Maternité commandéepar
l'E-tat pour le musée du Luxembourg, dans de pré-cieuxeffets de demi-teinte, où les formes
s'es-tompentsansyrienperdreenmodelé,sans yrien perdreen lumière. M.Armand Berton, M. Tour-nés font flotter, dans les mêmes atmosphères nébuleuses, des figures d'enfants et de jeunes
femmes qui ont du charme, mais qui sont loin
d'atteindreau même style.
'''
"'•'
Le plein airDansle plein air, comme dans les intérieurs,
ungrandchoix: effets de nuitet de jour, d'aube et de crépuscule. A noter, dans la première sé-rie, unexcellent motifde M. Adolphe Binet. Sur
les bords d'uncanal, dans l'ombre grandissante,
mais une ombre que les clartésde la lune font fluide et dont la note générale est bleu pâle, un
charretier,au bord d'uncanal, guideaveclenteur
deux chevaux blancs. Et
le
mouvementrégulierdes bonnes bêtes, halantau bout d'une corde un
bateau,
rend plussensible encore la sérénitédoucede cebeau soir.
Effet dejour, dans les deux tableaux de M.
RogerJourdain,et degrandjour. Des eaux cal-mes, un rivage ensoleillé dans le lointain, et, dans une barque d'acajou, deux jeunes
femmes. Au mouvement léger de la barquette,
.es tailles souples ondulent avec un doux
non-chaloir. Jolis décors et bonnes toiles. Effet de soir, derechef, chez M. Jean Béraud, dont la petite toile, A Zermatt, estla meilleure peut-être qu'il ait jamaisfignolée. Fignolée,ici, n'a qu'un
sens nettement élogieux, car les ombres du soir, en dépitde l'oragequi menace, n'ont rien
de lourd, les personnages y sont plantés discrè-tement, et l'enveloppey est excellente.
Onen dira tout autant du plus petit des ta-bleaux envoyés par M. Friant,des enfants en
promenade, aulong d'une rivière, sur la berge, avec un pont de pierre
sur
la droite, et d'un mendiantqui entre-bâille une porte avechumi-lité pour apitoyer son prochain. On discutera sûrement tous les autres, entachésd'un
soup-çon de sécheresse, avec des lumières factices
surles eaux et des personnagesau premierplan,
en trompe-l'œil.
Trompe-l'œil aussi, le gamin hissé par M. Muenier sur un chevalde labour, un bai brun, buvant à même l'eau du gué, une eau
métalli-que et pâteuse. Le portrait du peintre par lui-même et son mendiant sur une berge plairont
certainement davantage.
A qui donnerons-nous maintenantla parole ?
A M. Aublet, dontles petits baigneurssontjolis et d'une fine lumière. A M. Eliot, possesseur
d'unsystème où le jaune et le bleu dominent, avec le rose et l'orangé comme soutien. A M. Eliot, dontle grand paysage est plein de soleil, bien fuyant, avec des plans bien marquéset des
terrainssolides, mais où les visages du
grand-père, de la fillette de huit ou neuf ans, de la
grand'mère
ont identiquement le même ton,chose
difficilementadmissible. Aux Algériensaux
collines cuites et recuites de M. Dinet, aux effets de soir et de jour harmonieux que MM.Girardot,
Chudant, Girardet, nous rapportentdes
pays du soleil.Moinsde lumière, mais unebelle lumière en-core et du relief, dans lajeune mèreavecun
en-fant sur ses genoux,deMme DoraHitz une lu-mière atténuée, unagréable ton de vieillepierre
dans
le portail et l'intérieur d'église de M.Du-lac une lumière éclatante, par contre, dans les nefs de Reimset de Saint-Denis, où M. Helleu faitflambertoute la gamme des roses et des bleussur le marbre blanc des tombeaux, surla
pierreverdie des piliers; un ragoûttoutspécial, enfin, dans l'esquisse où le même peintre fait
naviguerunejeunefemme vêtue de blanc
sur
une mer aux flots blancs teintés, à leur crête, d'azur.
Paysage, marine, fleurs, animaux, nature morte Nous ne nous appesantirons pas sur les paysages il en est de légers, avec des arbres
fins, des verdures languissantes et frêles, des
cielsd'unbleuprintanier,d'un bleu pâle, comme
ce coin de village noté par M. Victor Binet; il en est de grands, aux vigueurs éteintes, aux
tièdes harmonies, comme dans les deux
pan-neauxdestinéspar M. Cazin à la décorationde la Sorbonne il en est de tout petits, qui n'en
sont
pas moins bons, comme ce pré balafréd'arbresblancs et oùM. Goethals s'est souvenu, avec un rarebonheur, de Corot;ilen estde déco-ratifs et desobres, comme ceux de MM. Alfred Smith et Costeau, de vibrants comme les bouts de Provence où M. Montenard fait
tenir tantde soleil, de neigeux comme ceux de MM. Emile Claus et Thaulow, d'alpestres, commeles morceaux de montagnes suisses où
MM.
Baud-Bovyet Burnandmettent leur âme,de
frais commeces coins de jardin oùM. JulienHavet sème la fleur et répand le parfum des pommiers, d'austèrescommeceux de M. Davis, qui paraphrasent la Bible, de mélancoliques, commeles levers de lune de M. Jeanniot, de
très fins, comme ceuxde MM. Pranishnikof et Rohmann, d'exquisement délicats comme les Conder, lesGabriel,lesTenCate;de plantureux, commeles Cabritet l'eau dormante, entre deux rangées deverdure,de M.Harrison.
Ailleurs, on jette dans le paysage des bes-tiaux M. Lunois,' dans ce genre, est un robuste
évocateurdes formes rousses et des charpentes
arrondiesde lavache;M. Guignardles ramène
poétiquement, vers le soir, enveloppéesdé
bru-meset de mystère.
D'autresy sèment des fleurs,y fontmûrirdes fruits demandez-enla recette àMme Madeleine Lemaire, à M. Kreyder, à M. Muenier, dontles passe-roses sont superbes; à M. Schuller, dont les tournesols, lourds en graines, infléchissent
etcourbentlahautetaille,dans un morceau d'une adresse et d'un goûtdont on le louera sans
ré-serve.
D'autres en ont assez de la .campagne etse confinent dans Paris tels MM.BillotteetPujol, celui-ci avecsa Vue de l'Institut,grasse de
tou-che,
et dontl'architectureest si ferme; celui-là, dans ses coins de banlieue et dans son Quai d'Orsay, que l'Hôtel de Ville se destine.Dirai-jeles marines? Les symphoniesengris, si opulentes et si belles, de M. James Whistler?`t
lesvaguesd'un, jaune sale, frangées de blanc,
ju'a
empruntéesà
la mer du Nord M.Vers-traete ?lesdélicatessesd'un Kroyeret cellesd'un Thegerstrœm? les lourdeurs puissantes d'un
Mesdag? les lumineuses Méditerranées d'un Dauphin?les magnifiquesbrutalitésd'un
Baert-soon ?
Il suffira certainement de les citer, ainsi que les naturesmortes de MM.Zacharian et Griveau D'ailleurs,
L'aquarelle et le pastel, la gravure et le dessin nous réclament.Oh! que le pastelestdoncfaible au Champde Mars Mettez à part les quelques morceaux, déjà nommés dans le nu, de MM. Armand Berton, Armand.Point, combien peu de choses à noter1 Les fillettes de Mlle Breslau.
pleinesde grâce, celles dë MM.Bourdelle et
Vi-dal, celle de M. Raffaëlli qui est en chemise el qui est vraiment si drôlette. Les portraits dE femmesde MM. Errazuriz, Béthune et Ginnis;
la femmeen jaune de M. Frazier, les natures
mortes, trèsartistes, de Mme Art, le Café-Con-cert etlaManieur
e,
de M. Engelhart.Peude choses à l'aquarelle. A partMme Ruth Mercier, qui s'attaqueaux narcisses et aux ro-sesavec une habileté supérieure,à partles aqua-relles estampées, d'unenote d'artsi spéciale, de
M. Roche, àpart les deux officiers de M. Myr-bach, les illustrations en couleurs de M. Schwa-be, l'amusantpastichedesminiaturesanciennes exécutéparM. Coffinières, rienà voir.
Le dessin se relève avec les beaux crayons, les petits portraits, modelés sans ombres, de
jeunesfemmes,les lettres ornées du maître
an-glais M. Burne-Jones; avecles caractéristiques
portraits de M. Briggs-Potter, les dessins en demi-teintede M. Gandara. les petits portraits
de M. Baud-Bovy.
A la gravure, les fantaisies brodées sur
Ve-niseparM. Whistler sont le morceau de
résis-tance des gourmets. MM. Valloton et Michel Cazin, M. AndréProust,MM. Zilcken, Besnard,' Decisy viennent ensuite, sans parler des mor-ceaux déjà vus, et vantés, que l'exposition des
peintres-graveursa contenus.
Avant de descendre aux sculptures,uncoup d'œil, jevous prie, à
••'<>
••L'art décoratif
Un maître s'y révèle et s'y révèle avecéclat M. Carriès. Connu depuis longtemps comme
sculpteur, il s'était, depuis plusieurs années,
éclipsé, sans qu'on en sût les raisons. Il nous
les donne aujourd'hui, à sa gloire: il expose
non seulement une douzaine de bustes fondus à cire perdue et de cires originales, dont une, entre autres,le représente,en tablierde travail,
modelant du pouce unestatuette,mais une
cen-taine de grès comparables auxplus parfaitsdu Japon.
Voyez d'abord ces beaux bustes, où le moin-dretrait du visage, le moindre détail du
vête-ment est renduavec une si libreassuranceet un sens décoratif aussi juste, ces Velasquez, ce& Franz Hais,cetype siheureusementépanoui de Hollandaise, ce beau portrait de M Auguste Vacquerie,cestêtes debébéssiexpressives dans dans leurvéridique manque d'accent.
Arrêtez-vous ensuite devantla double vitrine des grès
vous admirerez la richesse et la beauté des émaux, vases pareils à des fruits étranges dont lapulpe se seraitvitrifiée, masques souriantsou
grognons,ricanantsou terribles, élégantes sta-tuettesde jeunesfemmes,bustes de fillettes aus-tères, au visage d'un charme ineffable, coupés
parle béguin, encadréspar la cornette des reli-gieuses.Puisles fantaisiesles plus folles, hom-mes-crapauds, batraciens et sauriens, hommes-singes. Représentez-vousensuite l'ensembledont tous ces morceaux, au nombre de 500, feront partie, la porte monumentale tout en grès, à
l'ar-cade surbaissée, aux frêles colonnettes accou-plées, dont la ligne rigideserarompue et brisée, de placeen place, par ces grotesques, ces figu-res inspirées des gargouilles gothiques,ces mas-ques dont la multiplicité yjetteraune chaleur
de vie continue.
A nommer, maintenant, le vase d'étain,
orné, à l'orifice supérieur, de deux figures d'homme et de femme en costume rustique,et qui est l'œuvre du statuaire Baffier, les plats d'étain du statuaireDesbois, le broc d'étain
dé-coré, surfondde feuillesde vigne, d'une danse bachique, en un relief à peine accentué, par le
statuaire Charpentier, les jolis bas-reliefs du même, la commode en marqueterie, ornée de
mourants hortensias,œuvre de l'artiste Gallé, les vases de JosephChéret, peuplés de figuri-nes en relief,les faïencesrevêtues parLachenaJ de décors si ingénieux et si chauds.
Tout cecinous mène directement à is
LA
SCULPTURE AUnDalou robustey triomphe. Sousle cintre géométrique d'une arcade entièrement fermée,
unjeunehomme enlève dans sesbrasunejeune fille et du pied enjambe une figure symbolique defleuve, dontl'urnelaisse échapper l'eau d'une fontaine.
Deux figures de femmes agenouillées, l'une couverte des plis d'une longue mante et dontles
mains, jointes avec ferveur, symbolisent la
Prière, l'autredontles mains sont torduesdans
ungeste d'angoisse et symbolisent laDouleur, sont deux pièces magistrales, destinées à une tombe, et d'un grand et beau caractère. Elles sont dues au statuaireLenoir.
Puis un groupe exubérant de vie, groupe modelé par un sculpteur belge trois jeunes
filles se tiennent par la main, et, toutes nues, entraînées dans un mouvementde ronde, elles gambadent. C'est le Bonheur, à ce que le
li-vret nous assure; le titre est discutable, mais qu'importe, si le groupea de l'allure?
Nous avons loué, l'an dernier, des morceaux modelés parle statuaire Barthélemy pour une
tombe ces morceaux ont une suite, cette
an-née, une suite au moins égale en valeur. Dans une niche rectangulaire, béante, qui semble l'entrée d'une sépultureégyptienne, deux figu-res vues de dos, l'une de femme et l'autre d'homme, s'enfoncent, réciproquement soute-nues
par
les bras. Elles vontpénétrerle grandmystère;le symbole est auguste, l'idéesimple
saluons.
Un Caïn, deM. Vallgrén,colossal, Caïn après le crime, accroupi, rongé par le remords, nous
attend. Il est d'une belle vaillance de métier ce n'estpas là une œuvre banale.
Saluons M. Meunier, lui aussi; M. Meunier
qui, dans ses figurines de bronze, YEnfant
pro-1 digue,
le
Faucheur, les Haleurs, construitavectantde sûreté, modèle dans un mouvement si
heureux, combine avec tant d'art ses petits
groupes; M. Meunier, enfin, dont le fragment
A la gloirede l'industrie est beau comme un an-tique etrappellejene sais quel morceau de la
colonne Trajane.
M. Injalberta du souffle son buste en plâtre, de Puget, mériteraitune redite en marbre,com.
mandéepar l'Etat et ses petits bronzes l'Eve et la Tête coupée, ne sont pas d'un statuaire quel-conque. La Femmecouchée, de M.de Saint-Mar-ceaux, intéresse par la composition et le mou-.
vement, maisle modeléen est bien sommaire.
A regarder,du même auteur,un
très
joli bustede M. Tirard; notons encorele farouche Rodin de bronze, exécutéparMlle Claudel, sonélève
unestatueen plâtre teinté de
Pelletan;
les bus-tes parlants de M. Francis Magnard et duchansonnierJules Jouy, œuvres du maître
Da-lou, et nous aurons tout dit sur la sculpture au Champ de Mars.
ÉLECTIONS
MUNICIPALES
`Charente-Inférieure. Deux chefs-lieux de can-ton ont été gagnés parles républicains.Aucunn'est perdu. En outre, une vingtaine de gains au- moina sont déjà assurés.
Corrèze. Lepartirépublicaina gagné dimanche
plusieurs communes qui, depuis longtemps, sem-blaient acquisesàla réaction.Lamajorité du conseil
municipal sera désormais républicaine dans les
chefs-lieux de canton de Vigeois et d'Argentat. A Brive, vingt-six républicains ont été élus au
premier tour. Les républicainsde cette ville
gagne-rontcertainement dimanchele second des deuxsiè-ges occupésparla réaction au précédentconseil.
A Tulle enfin, malgré l'élection de trois boulan-gistes au premier tour, les républicains unis comp-tentfaire élire vingt-quatredes leurs au scrutin do
ballottage.
Ille-et-Vilaine. On connaît les résultatsdes élec-tions municipales dans les340communesdu
dépar-tement. Les républicains gagnent 22communes.Ils en perdent 2.
La commissiond'organisationdu lor mai vient de
déciderd'envoyerà Fourmies250affichesdontvoie! le texte
Electeurs de Fourmies,
Lecomité général del'organisationdu 1er mai,
com-prenant les délégués de toutes les organisations
so-cialisteset groupes corporatifs de Paris, vous engage
à voter pour le socialiste révolutionnaireCuline,
can-didat de protestation contreles massacres de l'ander<
nier. Vive la RéDubliQuesociale 1