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il s'agit de savoir pourquoi l'enfant écrit

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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LA PAR'I' DU MAITRQ

11 s'agit de savoir

pourquoi l'enfant écrit

par G. Béruti

un correspondant

~a sert â rêver

Eh! bien, Le Bohec, j'ai crié d la lecture de tes premiers articles •Le Texte Libre, vraiment Libre», j'ai crié et j'ai dit mon désaccord à une réunion passionnée des camarades de la Loire. C'est Renée Goure du CEG de Roche-la-Molière - elle n'a découvert le mouvement Freinet que depuis deux ans pour- tant - qui a défendu le plus énergiquement ta pensée et je sup- pose même que mon attitude /'a déçue.

Et voici que je suis presque d'accord avec ton dernier ar- ticle «<l s'agit de savoir pourquoi l'enfant écrit •, ne serait-ce que pour ces phrases : « •.. et pourtant lorsque l'enfant écrit son iexte libre, il y a tout' de même message, c'est-à-dire écriture pour une communication d autrui ... », - « .. ~Pour nous, le corres- pondant, c'est le double possible, c'est soi-même dans un autre pays. Un correspondant ça sert à rêver ... » · « •.• il faut corres- pondre en profondeur ... "

J'ai toujours pensé que la correspon- dance était le nerf moteur de nos classes Freinet, depuis le CP jusqu'en FEP.

J'entends par correspondance, cet ensem- ble : lettres manuscrites, bandes magné- tiques mais aussi et surtout textes libres lus en classe, imprimés et expédiés sous forme de journal. C'est une interprétation restrictive que penser correspondance

=

échange de lettres manuscrites.

Certains collègues qui scolarisent le texte libre et n'impriment pas, ne s'aper- çoivent-ils pas de ceci :

Première période : engouement des enfants pour Je texte libre qui vient de remplacer la traditionnelle rédaction.

Deuxième période : perte de vitesse du texte libre, les enfants ne savent plus quoi dire paraît-il?

Bien sûr, la roue tourne à vide 1

Eerire,. e'est: eommuniquer Comment peut-on connaître quelle est la parr de communication destinée à la seule classe et quelle est celle destinée à un, à des correspondants plus lointains?

Il y a écriture pour une communication à autrui, c'est tout, je crois. Cet enfant écrit un beau poème, un beau texte parce que tout cela a mijoté en lui et il aimera le lire à ses camarades, à son maître pour les sentir émus, pour voir briller les yeux.

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Celui-là aime surtout la chaleur du contact direct - cet autre, redoute peut-être ces réactions à chaud et préfère que poème ou texte soit lu et apprécié à froid ; Freddo de l'Ecole Freinet ne va-t-il pas jusqu'à demander à IYiadame Blanche ~e lire son poème, tant tl redoute de le hre lui-même et pourtant il voudrait qu'il soit lu il savoure même cette lecture - et la pl~part de nos enfants, ne souhaitent-ils pas conjuguer les deux chaînes de ces réactions?

Je m'insurge un peu, Le Bohec, contre cette affirmation que ce texte libre écrit pour le correspondant, pour la classe, n'est pas vraiment libre. D'ailleurs ne dis-tu pas : «Non, pour nous, le corres- pondant, c'est le double possible, c'est soi- même dans un autre pays. Un correspon- dant, ça sert à rêver ».

La lettre, comme le souligne Freinet, dans laBEM Méthode Naturelle de Lecture(') est pour l'enfant qui apprend à lire, une première étape sur une voie nouvelle, la première antenne dirigée vers la vie des autres.

Je ne m'y connais pas beaucoup dans toutes ces histoires d'égocentrisme, de psychothérapie, d'âge propice à ceci, à cela ... je suis un praticien et j'ai, comme toi, regardé vivre les enfants. On m'a appris à l'EN les différents besoins natu- rels de l'homme, on les classait même, et je ne me souviens plus guère d'ailleurs de cette classification, mais ce que j'ai bien appris en côtoyant les humains, à l'école-pension, au régiment, pendant la guerre, c'est qu'un des premiers besoins de l'homme est bien de livrer sa pensée à autrui : femme, fiancée, ami, et de connaître leur pensée.

"e•est pour mon corres ... "

Comment connaître chez l'enfant, che% l'homme quelle. est la part qui est

{1) N° 8·9 de la Collection « Bibliothèque de 1' Ecole Moderne ».

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le besoin de projeter à l'extérieur son moi le plus profond, pour se libérer, comme dit Michèle Le Guillou, et quelle est la part qui est besoin de communiquer à d'autres ses propres pensées, ce qui libère aussi drôlement, soit dit en passant.

Et dans notre pratique pédagogique, est-il tellement nécessaire de le savoir? Allons- nous aller jusqu'à dire que nous aussi, nous traumatisons l'enfant?

Je pensais à tout cela récemment après avoir entendu le grand poète es- pagnol, Marcos Anna. Resté 23 ans au secret, dans les prisons franquistes, conduit deux fois au peloton d'exécution, il n'avait donc aucun espoir d'en sortir quand il a écrit ses poèmes. Et pourtant, ces magnifiques poèmes étaient un message, une communication aux antifascistes du monde, à l'Espagne démocratique de demain. Et le sachant, Marcos Anna se libérait, avait la force de tenir le coup.

Revenons à notre enfant qu'il soit du CP ou du CM. Bien sûr, il écrit pour sa classe, bien sûr il se récrie si on oublie de lire les textes, bien sûr il aime avoir son texte choisi et imprimé, pourtant voici une anecdote :

... A René, dont le texte n'était pas choisi, un ou deux camarades taquins, disaient avec geste à l'appui : «Dans l'os!, et René d'exploser: «je m'en fous, c'est pour mon corres ... » Il y avait peut-être du dépit dans la voix, mais il avait deviné à coup sûr que l'élection en classe n'était qu'une occasion de magnifier une tranche de vie destinée à son correspondant.

Tu as parfaitement raison de t'in- surger contre cette correspondance sans vie qui n'est qu'échange de phrases creuses, d'échantillons ... échantillons que l'on s'échine parfois à découvrir puis- qu'il en faut. Mais existe-t-elle donc vraiment cette sorte de correspondance dans nos classes Freinet? Peut-être n'a- t-on pas asse% dit tout l'intérêt qu'il y a à faire se connaître les correspondants.

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Dès que J'enfant a vu le visa~e, les yeux, ces yeux qui l'ont regardé mtensément, l'ami vaut bien la masse des camarades de la classe. Chaque fois que nous Je pouvons, voyons nos correspondants au début de l'année ou continuons la cor- respondance une deuxième année après le voyage-échange, ou en cas d'impossi- bilité échangeons au moins photos et bandes magnétiques.

Et alors, Le Bohec, tel de tes élèves qui vit à q_uelques mètres de la mer et ne l'a jamrus vue, la verra avec d'autres yeux, il la découvrira pour la faire conna!tre à son correspondant et le bout de goémon qu'il enverra ne sera pas n'importe quel bout de goémon, et la crêpe dégustée par le correspondant ne sera pas n'importe quelle crêpe.

G. BERon

Un remarquable exemple de travail ooop~ratlf :

La commission du dictionnaire de sens

Cette commission n'a guère fait parler d'elle l'an dernier, bien qu'elle travaille depuis plus de dix ans.

En somme, presque une commission clandestine et, si passionnée de son travail qu'elle l'a entrepris à une époque où il semblait impossible que le dictionnaire puisse être édité par la CEL.

Il est impossible de donner même un aperçu de ce travail depuis le début. Rien que pendant la dernière période, exacte- ment trente-sept camarades ont participé au travail.

Chacun a fait tout ce qu'il a pu. Certains ont dO abandonner pour des raisons de travail impérieuses (par exemple pour de- venir inspecteurs). C'est pourquoi je ne citerai pas la douzaine de noms de ceux qui ont fourni une tranche importante. Parmi ceux-ci figurent naturellement les retraités. Ils étaient quatre.

Deux d'entre eux sont décédés récemment : Dechambe et Lefèvre.

L'importance du travail des équipes de travail est à noter : elles ont fourni plus du tiers de l'ouvrage, malgré le travail considérable de certains isolés. Ce sont les équipes de l'Aube, du Calvados, de la Sarthe, et surtout l'équipe première des Deux-Sèvres. C'est le gros travail individuel de Touchard qui donne à la Sarthe la première place.

Je m'excuse auprès certains auteurs de signaler le mérite particulier des camarades délégués départementaux qui trou- vaient le moyen de cumuler avec le travail du dictionnaire.

Freinet fait souvent remarquer que nous sommes la seule organisation où un nombre important de camarades fournissent bénévolement un travail aussi considérable.

Il m'a semblé que l'exemple du dictionnaire simple dont I'ICEM va disposer valait d'être donné. . .

La plus belle coopération, la plus vra1e est celle du travail.

R. Lallemand 11

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