Analyse
Chapitre 3 : Analyse de Fourier
Lucie Le Briquer 9 novembre 2018
Table des matières
1 Séries de Fourier 2
2 Classe de Schwartz 8
2.1 Introduction deS(Rn) . . . 8 2.2 Topologie surS(Rn) . . . 9
1 Séries de Fourier
Soitf:Rn −→ C2π−périodique par rapport à chaque variable et de carré intégrable sur [−π, π]n (f ∈L2(Tn),T=R/2πZ). On a :
f = X
k∈Zn
fˆkeik·x
au sens où :
lim
N−→+∞kf−SNfkL2(Tn)= 0 avec
fˆk = 1 (2π)n
Z
[−π,π]n
f(x)e−ik·xdx SNf = X
|k|6N
fˆkeik·x
De plus,
kfk2L2= X
k∈Zn
|fˆk|2 Théorème 1(théorieL2)
Rappel.Une démonstration repose sur :
1. ek:x7→ (2π)eik·xn est une famille orthonormée dansL2(Tn)pour le produit scalaire :
(f, g) = Z
[−π,π]n
f(x)g(x)dx
2. Cette famille est totale car Vect(ek)est dense par Stone-Weierstrass.
Regardons plusieurs corollaires de Plancherel.
soitu∈C2(R,C),T−périodique (T >0). Alors, siRT
0 u(t)dt= 0, on a : Z T
0
|u(t)|2dt6 T2 4π2
Z T 0
|u0(t)|2dt Lemme 1(Poincaré-Wirtinger)
Remarque.Siuest une constante, cette inégalité est fausse, d’où la nécessité deRT
0 u(t)dt= 0.
Preuve.
Décomposition de Fourier d’une fonction T−périodique. On introduit sur L2(0, T) le produit scalaire :
(f, g) = Z T
0
f(t)g(t)dt
et on introduit la famille orthonormée(ek)k∈Z où ek(t) =Ckexp
i2π
T kt
avecCk de sorte quekekkL2(0,T)= 1. On trouveCk= √1
T. Alorsu=P
Zuˆkek oùuˆk = (u, ek).
Donc :
ˆ uk= 1
√ T
Z T 0
u(t)e−i2πTktdt et Z T
0
|u(t)|2dt=X
Z
|ˆuk|2
De même,
ku0k2L2(0,T)=X
Z
|(uˆ0)k|2
Or,
(uˆ0)k = 1
√T Z T
0
u0(t)e−i2πTktdt
= 1
√ T
Z T 0
∂t(. . .)dt+ 2iπ T√
Tk Z T
0
u(t)e−i2πTktdt
Donc(uˆ0)k =2iπT kˆuk. Par ailleursRT
0 u(t)dt= 0⇒uˆ0= 0. On peut alors conclure : Z T
0
|u(t)|2dt=X
Z
|ˆuk|2=X
Z∗
|ˆuk|2
6X
Z
|k|2|uˆk|2
6 T2 4π2
X
Z
2iπ T kˆuk
2
6 T2 4π2
X
Z
|(uˆ0)k|2= T2 4π2
Z T 0
|u0|2dt
Soitγ:R−→[1,+∞[ 2π−périodique etC∞. Soitu∈C2π-per∞ x(R+×R;R)solution de :
∂u
∂t − ∂
∂x
γ(x)∂u
∂x
= 0 (équation de la chaleur)
SiR2π
0 u(0, x)dx= 0, alors : Z 2π
0
u(t, x)2dx6e−2t Z 2π
0
u(0, x)2dx Propriété 1
Preuve.
• γ= 1⇒séries de Fourier (exercice)
• γ générale. On utilise une estimation d’énergie.
1 2
d dt
Z 2π 0
u(t, x)2dx= Z 2π
0
u∂tudx
= Z 2π
0
u∂x(γ∂xu)dx
= Z 2π
0
∂x(uγ∂xu)dx
| {z }
0par per
− Z 2π
0
γ(∂xu)2dx
=− Z 2π
0
γ(∂xu)2dx
6− Z 2π
0
(∂xu)2dx carγ>1
Or R2π
0 (∂xu)2dx>R2π
0 u2dxpar Poincaré-Wirtinger avecT = 2πcarR2π
0 u(t, x)dx= 0∀t, en effet :
d dt
Z 2π 0
udx= Z 2π
0
∂x(γ∂xu)dx= 0 et Z 2π
0
u(0, x)dx= 0
On conclut :
1 2
d dt
Z 2π 0
u(t, x)2dx+ Z 2π
0
u(t, x)2dx60 Par le lemme de Gronwall, on obtient :
Z 2π 0
u(t, x)2dx6e−2t Z 2π
0
u(0, x)2dx
Soitf:R−→C2π−périodique etα−Hölderienne (α∈]0,1]) i.e. :
∃K >0tel que∀(x, y)∈R2, |f(y)−f(x)|6K|y, x|α Siα > 12, la série de Fourier de f converge normalement versf.
Propriété 2
Preuve.
Soith∈[0,1]. On pose :
fh(x) =f(x+h)−f(x−h) Alors,
fˆh(n) = 1
√2π Z 2π
0
f(x+h)e−inxdx− 1
√2π Z 2π
0
f(x−h)einxdx
= 1
√2π Z 2π+h
h
f(y)e−inyeinhdy− 1
√2π Z 2π+h
h
f(y)e−inye−inhdy
=einhf(n)ˆ −e−inhfˆ(n)
= 2isin(nh) ˆf(n)
Donc,
X
n∈Z
4 sin2(nh)|fˆ(n)|2= Z 2π
0
|f(x+h)−f(x−h)|2dx6 Z 2π
0
((2h)α)2dx
Donc,∃A >0 tel que∀h∈[0,1], X
Z
sin(nh)2|fˆ(n)|26Ah2α
Digression.Si h=N1π2 on en déduit : X
Z
sin(nh)2|fˆ(n)|2> X
n=N
sin(nh)2|fˆ(n)|2=|f(Nˆ )|2
D’où,
|fˆ(N)|6√ Aπ
2 α 1
Nα DoncP |fˆ(N)|<+∞siα >1(cas qui ne nous intéresse pas).
Il faut en fait exploiter le fait quesin(nh)2∼1pour “beaucoup” d’indicesn. On va effectuer une décomposition dyadique. Prenonsh= 2−N avecN ∈N. Alors,
X
Z
sin(nh)2|fˆ(n)|26A2−2N α Ainsi,
2N
X
|n|>2N−1
sin(nh)2|fˆ(n)|26A2−2N α
Or si2N−1<|n|62N on a 12 <|nh|61, doncsin(nh)2>sin(1/2)2>0. D’où,
2N
X
|n|>2N−1
|fˆ(n)|26A02−2N α
Alors,
2N
X
|n|>2N−1
|fˆ(n)|6
2N
X
2N−1<|n|
1
1/2
2N
X
2N−1<|n|
|fˆ(n)|2
1/2
6A00(2N)1/22−2N α Siα > 12, on a :
2N
X
2N−1<|n|
|fˆ(n)|6A002−N ε avecε >0
CommeP+∞
N=02−N ε<+∞on a bien : X
Z
|fˆ(n)|<+∞
Sif ∈C1, la série de Fourier converge uniformément et donc ponctuellement.
Corollaire 1
SoitΩun ouvert borné connexe régulier. Alors, l(∂Ω)2>4π|Ω|
oùl(∂Ω)est la longueur du bord et|Ω|son volume.
Théorème 2(inégalité iso-périmétrique)
Preuve.
On noteX le champ de vecteursX:
R2 −→ R2
(x, y) 7−→ (x, y) .Ωest régulier donc : Z
Ω
divXdxdy= Z
∂Ω
X·ndσ Or,
Z
Ω
divXdxdy= Z
Ω
∇ ·X = Z
Ω
∂X1
∂x +∂X2
∂y dxdy= Z
Ω
∂x
∂x+∂y
∂ydxdy= 2|Ω|
D’où2|Ω|=R
∂ΩX·ndσ.
2|Ω|= Z
∂Ω
X·ndσ6 Z
∂Ω
|X·n|dσ 6
Z
∂Ω
|X||n|dσ6 Z
∂Ω
|X|dσ 6
Z
∂Ω
1dσ
1/2Z
∂Ω
|X|2dσ 1/2
6 l(∂Ω)1/2 Z
∂Ω
|X|2dσ 1/2
Quitte à translater le problème, on peut supposer que R
∂ΩXds = 0. On paramètre le contour paru, qui est donc T =l(∂Ω)périodique. Ainsi, par Poincaré-Wirtinger,
Z
∂Ω
|X|2ds6 T
2π 2Z
∂Ω
|X0|2ds
| {z }
c.f. notes
= T2 4π2T
Ainsi,
2|Ω|6√ T
T3 4π2
1/2 6 T2
2π
D’où,T2>4π|Ω|.
Soitf:Rn−→CC∞à support compact. Alors on a :
f(x) = 1 (2π)n
Z
Rn
eix·ξ Z
Rn
e−iy·ξf(y)dy
dξ Propriété 3
Preuve.
Les séries de Fourier correspondent à une décomposition d’une fonction périodique sur une base Hilbertienne. Pour f: Rn −→ C, pas forcément périodique, on voit f comme une limite de fonctionT−périodiques avecT −→+∞.
Soit T suffisamment grand pour que suppf ⊂]−T, T[n= QT. On muni L2(QT) du produit scalaire :
(f, g) = Z
QT
f(x)g(x)dx
et on poseek(x) = (2T)1n/2e−iTπk·x. Alors (convergence normale⇒ponctuelle)
f(x) =X
Zn
fˆkek= X
k∈Zn
1 (2T)n
Z
QT
g(y)e−iTπk·ydy
eiπTk·x
= X
k∈Zn
1 T
n F
1 Tk
où,
F(ξ) = 1 2n
Z
Rn
f(y)e−iπξ·ydy
eiπξ·x
Alors (série de Riemann) :
X
k∈Zn
1 TnF
k T
−−−−−→
T→+∞
Z F dξ
d’où,
f(x) = Z
Rn
1 2n
Z
Rn
f(y)e−iπξ·y
eiπξ·xdξ
où plutôt :
f(x) = Z
Rn
1 (2π)n
Z
Rn
f(y)e−iξ·y
eiξ·xdξ
Soitf ∈L1(Rn,C). On appelle transformée de Fourier def la fonction notéefˆouF(f)est définie par :
∀ ξ∈R, f(ξ) =ˆ Z
Rn
f(x)e−iξ·xdx Définition 1(transformée de Fourier)
But.Justifier dans un cadre général la formule : f(x) = 1
(2π)n Z
Rn
fˆ(ξ)eix·ξdξ
puis étudier certains espaces de fonctions.
2 Classe de Schwartz
Cadre très général : le dual topologique d’un espace très petit. Quel est le bon espace ?
2.1 Introduction de S( R
n)
Il n’existe pas de fonctionsf ∈L1(R,C)à support compact, non nulle dont la transformée de Fourier est à support compact.
Propriété 4
Preuve.
Soitf ∈L1(Rn,C)à support compact. Pourz∈Con pose : F(z) =
Z
e−izxf(x)dx
On peut dériver sous le signe somme et vérifier que F est holomorphe sur C. F est entière et s’annule là oùfˆs’annule. Sifˆs’annule sur un intervalle⇒F = 0.
Remarque.L’espace des fonctions à support compact ne convient donc pas.
1. On dit quef est à décroissance rapide si∀N ∈N, ∃K >0tel que ∀x∈Rn,
|f(x)|6 K (1 +|x|)N
2. On dit quef ∈ S(Rn)la classe de Schwartz si∂xβf est à décroissance rapide pour tout β∈Nn.
3. On pose :
Np(f) = X
|α|+|β|6p
sup
Rn
xα∂xβf
oùxα=xα11. . . xαnn et ∂xβ=∂xβ11. . . ∂xβnn.
Définition 2(décroissance rapide et classe de Schwartz)
Exemples.
1. C0∞(Rn)⊂ S(Rn)
2. x7→e−|x|2 ∈ S(Rn)n’est pas à support compact
Nous démontrerons que :
1. ∀f ∈ S(Rnx),fˆ∈ S(Rnξ) 2. Sif ∈ S(Rn), alors :
f(x) = 1 (2π)n
Z
Rn
fˆ(ξ)eix·ξdξ Propriété 5
Remarque.DoncS(Rn)est le bon espace.
2.2 Topologie sur S( R
n)
Une famille graduée de semi-normes est une famille dénombrables(ρn)n∈N de semi-normes telle que :
ρ0(f)6ρ1(f)6. . . Définition 3(famille graduée)
(ρn)n∈N est séparante ssi :
x= 0 ⇔ ∀n∈N, ρn(x) = 0 Définition 4(famille séparante)
Exemples.
1. (E,k.kE)e.v.n. etρn(x) =kxkE ∀n∈N.
2. K⊂Rd,K compact, on définit surCK∞(Rd) ={f ∈C∞:suppf ⊂K} : ρn(f) = max
|α|6n
sup
K
|∂αxf(x)|
3. Ωouvert⊂Rd quelconque.
Kn=
x∈Ω :dist(x, ∂Ω)> 1 n
∩ B(0, n) Kn est compact et Ω =S
n∈NKn (on dit que(Kn)est une suite exhaustive de compacts).
On définit :
ρn(f) = max
|α|61sup
Kn
|∂xαf(x)|
surC1(Ω).
4. SurLploc(Ω)on définit :
ρn(f) = Z
Kn
|f(x)|pdx 1/p
5. SurS(Rn), ρp(f) =Np(f).
1. Best une base de voisinages d’une topologieT si tout ouvert U ∈ T est une réunion d’intersections finies d’éléments deB.
2. Bx0est une base de voisinage dex0ssi∀voisinageV dex0,∃B∈ Bx0 tel quex∈B ⊂ V.
Définition 5(bases de voisinages)
Soit E un espace vectoriel muni d’une famille graduée de semi-normes (ρn)n∈N qui est séparante. On pose :
B={Bn(x, ε);n∈N, x∈E, ε >0}
oùBn(x, ε) ={y∈E:ρn(x−y)< ε}.
Il existe une unique topologie dont B est une base de voisinage. On munit E de cette topologie. Alors :
1. {Bn(x0, ε);n∈N, ε >0}est une base de voisinage dex0∀x0∈E 2. E est un espace vectoriel topologie
3. (xj)j∈Nc.v. versxssiρn(xj−x)−−−−→
j→+∞ 0∀n∈N 4. Cette topologie est métrisable, induite par la distance :
d(x, y) =X
n∈N
2−n ρn(x−y) 1 +ρn(x−y) Propriété 6