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Comment définir l’éthique ?

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Éthique : un mot à la mode

L'emploi du mot « éthique » dont la fréquence ne cesse de croître au détriment d'ailleurs du terme « morale » constitue un phénomène majeur de société qui ne peut manquer d'interpeller.

Depuis la fin des années 80, tout le monde commence à s'intéresser à l'éthique:

la télévision,

les journaux,

au travail,

à l'école,

… un peu partout.

(2)

Comment définir l’éthique ?

C’est une branche de la philosophie qui s’intéresse aux comportements humains

et, plus précisément, à la conduite des individus en société

L’éthique fait l’examen de la justification rationnelle de nos jugements moraux,

elle étudie ce qui est moralement bien ou mal, juste ou injuste

L’éthique peut être définie comme étant l’étude philosophique du comportement moral, de la prise de décision morale ou du bien-être (Brincat

& Wike 2000)*

*: (Morality and the Professional Life: Values at Work)

(3)
(4)

« Plusieurs enquêtes ont révélé la présence de corruption dans certaines villes du Pays.

Le monde de la politique fait face à de sérieux problèmes éthiques. »

« Nous sommes à la recherche de sujets pour tester ce nouveau médicament. Cette étude est sécuritaire et elle a été approuvée par notre comité d'éthique. »

« Cette entreprise rejette ses déchets polluants dans le fleuve! Ce n'est pas très éthique de sa part! »

On a déjà lu ou entendu des affirmations de ce genre

(5)

Dans ce genre de situation, on utilise aussi le mot « morale » :

Un élu corrompu peut être blâmé moralement : on va dire qu'il a mal agi, ou qu'il a agi de façon immorale.

Il serait moralement inacceptable qu'une compagnie pharmaceutique utilise des humains pour tester un médicament dangereux.

Pour certains, l'environnement est précieux et tous devraient le respecter du mieux possible.

Ceux qui le négligent font quelque chose de moralement répréhensible.

Aujourd'hui, le mot « morale » tend à être remplacé par le terme « éthique ».

(6)

L'éthique ou la morale?

Les mots « éthique » et « morale » renvoient à une dimension importante des actions humaines, visible dans des situations de la vie courante.

Par exemple, on est souvent confrontés à des problèmes moraux ou éthiques :

« Ma collègue et amie commet souvent de petits vols dans la réserve des fournitures de bureau. Devrais-je la dénoncer? »

« Devrais-je donner de la monnaie à ce mendiant ou non? » Dans ce genre de situation, on se pose des questions comme : Que dois-je faire pour bien agir et pour éviter de mal agir?

Quelle est la bonne action à poser?

(7)

Est-ce que toutes les questions à propos des actions sont forcément morales ou éthiques?? NON.

Par exemple, je peux me demander quel est le meilleur trajet d’autobus pour me rendre rapidement à mon rendez-vous, ou quel repas commander sur le menu du restaurant.

Ces problèmes sont simplement pratiques.

Pour qu’un problème soit moral ou éthique, il doit mettre en jeu des idéaux qui donnent du sens à notre vie ou des règles qu’on se sent obligé de respecter.

(8)

« Il serait injuste envers mon employeur que je ne dénonce pas ma collègue;

par contre, ma collègue est aussi mon amie et je ne veux pas lui être déloyale.

De plus,

il ne faut pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent.

»

« Je devrais faire preuve de générosité et donner de la monnaie à ce mendiant;

mais d’un autre côté, ce n’est pas ma responsabilité de subvenir à ses besoins.

Chacun est responsable de lui-même! »

(9)

La justice, la loyauté, la générosité et la responsabilité individuelle sont des idéaux supérieurs auxquels on croit important d’obéir : ce sont des valeurs morales.

De même, « ne pas faire aux autres ce qu'on ne veut pas qu’ils nous fassent » est une règle que plusieurs trouvent fondamentale.

C’est pour eux un principe moral.

En général, un principe moral découle d'une ou de plusieurs valeurs morales.

Ces valeurs et principes sont aussi au cœur des jugements moraux qu'on porte.

En résumé, quand on parle de morale et d’éthique, on touche à la sphère des valeurs et des principes moraux.

(10)

Quelle est la différence entre éthique et morale?

Les mots « morale » et « éthique » se rapportent à la sphère des valeurs et des principes moraux.

 Sont-ils synonymes?

 Ont-ils des significations distinctes?

 Différentes écoles de pensée existent sur cette question.

Pour certains penseurs, « morale » et « éthique » ont la même signification : le premier provient du mot latin mores et le second du mot grec êthos qui, tous les deux, signifient « mœurs ».

(11)
(12)

ُمـ َم ُ

لأا اـ َم َّ

ُ نِإو قلاـ ْ

خ َ لأا ا َم

ْ تـ َي ِق َ

ب

ْ ن ِإـ َ ف اوـ ُب َ

ه َ

ذ ْم ُ ه ُ

قلاـ ْ خ َ

أ ْ تـ َب َ

ه َ

ذ ُم ُ ( ه

ي قوش دمحأ

)

َ كِرـ ْم َ

أ حلاـ َص ُ ِقلاـ ْ

خ َ لأ ِل

ُ هـ ُع ِج ْر َم ِم ِّوـ َق َ ِمـ ِق َ ف

ت ْس َ

ت ِقلاـ ْ خ َ

لأاِب َسـ ْ ف َّ

( نلا

ي قوش دمحأ

)

يـ ِف ُم ْوـ َقلا َبـي ِص ُ أ ا َ

ذِإ َو ْم ِه ِقلاـ ْ

خ َ أ ْمـ ِق َ

أ َ

َ ف لاـي ِوـ َ

ع َو ً اـم َ

ت ْ

أـ َم ْمـ ِه ْيَل َع ي قوش دمحأ (

)

(13)

Pour d'autres, ces termes prennent des sens différents et ne sont pas équivalents. Une distinction pourrait s’imposer :

La morale réfère à un ensemble de valeurs et de principes qui permettent de différencier le bien du mal, le juste de l'injuste, l'acceptable de l'inacceptable, et auxquels il faudrait se conformer.

« Ce que j'ai fait en dénonçant le harcèlement dont j'ai été témoin est conforme à la morale. »

« La morale demande de redonner à chacun ce qui lui revient de droit. »

(14)

À travers les époques et les cultures, des individus et des groupes ont défendu différentes conceptions de ces principes et valeurs. Ces conceptions de la morale sont appelées des «morales».

Par exemple, les religions proposent un ensemble de valeurs (la charité, le pardon) et de principes (« Aime ton prochain comme toi-même ») devant guider l'agir humain.

Pour y référer, on parle par exemple de la « morale chrétienne ».

« La morale est un système de règles d'action qui prédéterminent la conduite. Elles disent comment il faut obéir dans des cas donnés; et bien agir, c'est bien obéir. »

[Durkheim (E.) : L'éducation morale, 1903, p. 21]

(15)

L'éthique, quant à elle, n'est pas un ensemble de valeurs ni de principes en particulier.

Il s'agit d'une réflexion argumentée en vue du bien-agir.

Elle propose de s'interroger sur les valeurs morales et les principes moraux qui devraient orienter nos actions, dans différentes situations, dans le but d'agir conformément à ceux-ci.

La réflexion éthique peut se faire à différents niveaux, certains plus fondamentaux et d'autres plus pratiques.

Elle se divise ainsi en différents champs.

(16)

Les champs de l'éthique

Comme la médecine, la psychologie ou la chimie, l'éthique est une discipline complexe comprenant différents champs.

Les principaux sont l'éthique appliquée, l'éthique normative et la méta- éthique (ou éthique fondamentale).

L'éthique normative et la méta-éthique appartiennent à la philosophie et s'intéressent aux fondements de la morale. On les regroupe donc sous l'expression « philosophie morale ».

(17)

L'éthique appliquée est un champ que se partagent des spécialistes de plusieurs disciplines : médecins, juristes, biologistes, philosophes, théologiens, gestionnaires,… etc.

Cela ne porte pas sur les fondements de la morale, mais sur des situations concrètes soulevant des enjeux éthiques.

En éthique appliquée, l'accent est souvent mis sur le soutien à la prise de décision face à des enjeux concrets, tant du point de vue de la forme et du processus décisionnel que du point de vue substantiel, c'est-à-dire des valeurs et principes en jeu et de leurs rapports entre eux.

(18)

La déontologie

Le terme « déontologie » vient du grec deontos, qui veut dire « devoir ».

La valeur morale de l’action humaine doit être jugée selon sa conformité à certains devoirs, qui sont rationnellement reconnus et respectés.

Dans son sens courant, ce seraient les obligations que des personnes sont tenues de respecter dans leur travail.

Il pourrait s'agir de

travailleurs d’une même profession, comme les enseignants ou les ingénieurs;

de personnes au service d’un même employeur, comme les employés de la fonction publique dans un pays donné;

de gens exerçant des fonctions professionnelles semblables, comme les élus municipaux;

ou encore de travailleurs d’un même secteur, comme le milieu des affaires…

(19)

Les obligations partagées par un groupe reflètent des valeurs ou des principes jugés fondamentaux.

On les consigne parfois dans un code de déontologie, aussi appelé « morale professionnelle ». ةنهملا تايقلاخأ

Bien que la déontologie soit très présente dans divers milieux professionnels, beaucoup de travailleurs ne sont pas encadrés par des codes (...).

Les codes, généralement fixés par les ordres professionnels, exercent deux fonctions principales :

protéger le public et

préserver la réputation des travailleurs.

Ces deux valeurs sont menacées lors d’une infraction à un code.

(20)

Un premier exemple :

la confiance entre le banquier (conseiller financier) et son client

Une cliente a un peu d'argent de côté.

Elle consulte un planificateur financier et représentant en épargne collective.

Elle l’informe qu'elle ne connaît rien du tout en matière de placements.

Celui-ci lui vante sans ménagement sa stratégie de gestion de portefeuilles.

(21)

Il lui assure que les fonds de placement qu'il lui propose lui donneront un bon rendement et qu'elle n’a rien à craindre en lui confiant son argent.

Il omet toutefois de l’informer que le capital investi dans ces fonds n’est pas garanti, et qu’en cas de fluctuation des marchés il est possible qu'elle perde de l'argent.

(22)

Le représentant en épargne contrevient à une de ses obligations professionnelles, énoncée dans le Code de déontologie de la Chambre de la sécurité financière.

Celui-ci stipule qu'il doit exposer à sa cliente de façon complète et objective la nature, les avantages et les inconvénients de ce qu'il lui propose et s'abstenir de donner des renseignements incomplets.

En commettant une infraction à son code de déontologie, le conseiller s'expose à des sanctions.

POURQUOI??????

(23)

Un second exemple :

les rapports intimes entre médecin et patient

Un patient souffre de problèmes cardiaques et vit une grande détresse.

Il se confie à sa cardiologue, et trouve réconfort auprès de celle-ci, à qui il lui plaît beaucoup.

Elle lui propose d'ailleurs de le fréquenter à l'extérieur de l’hôpital.

Il refuse poliment, car il n'a pas envie de développer une relation personnelle avec son médecin.

(24)

Mais elle insiste et il finit par accepter, de peur qu'un refus nuise à la qualité de son suivi médical.

Après un souper au restaurant lors duquel le patient est visiblement mal à l’aise, elle lui fait comprendre qu'elle désire qu’ils deviennent plus intimes.

La docteure en question contrevient ici au Code de déontologie des médecins.

Ce code prévoit que le médecin doit s'abstenir d’abuser de la relation professionnelle pour avoir des rapports sexuels avec son patient.

(25)

Dans les deux exemples précédents, nos personnages ne semblent pas se rendre compte qu'ils font chacun face à un dilemme éthique.

Dans leur cas, ce dilemme est d'emblée tranché par leur

code de déontologie; mais ce n'est pas toujours le cas!!!!!

(26)

Dilemme éthique

Dans les débats contemporains, il est souvent question de dilemmes éthiques ou moraux, qu'on appelle aussi «conflits de valeurs ».

Il s'agit de situations où les valeurs et les principes entrent en opposition et rendent les décisions difficiles.

Exemples:

1. Si je cache à ma femme que j'ai eu une aventure, j'agirai de façon malhonnête; mais si je le lui avoue, elle risque de me quitter et le divorce brisera notre famille.

(27)

2. Le médecin de madame Fatima diagnostique un cancer terminal chez sa patiente, qu'il connaît depuis longtemps.

Compte tenu de l’état dépressif de celle-ci, il estime qu’elle ne supporterait pas de se savoir atteinte de cette maladie.

Son devoir d'informer sa patiente de son état entre en conflit avec celui de ne pas détruire ce qui lui reste d'espoir dans la vie.

Doit-il lui dire la vérité ou lui

cacher sa condition?

(28)

Dans le premier exemple:

les valeurs d’honnêteté et de solidarité familiale entrent en conflit parce qu'elles suggèrent d’agir de deux façons différentes :

si l'époux agit en fonction de la valeur d'honnêteté, il avouera son adultère;

 mais s'il agit en fonction de la valeur de solidarité familiale, il ne l'avouera pas.

(29)

Dans le deuxième exemple:

un principe et un devoir moraux suggèrent d'adopter des comportements opposés: le devoir du médecin de ne pas mentir s'oppose au principe de bienfaisance à l'égard de sa patiente.

Ces cas sont des dilemmes éthiques, car l'individu se trouve divisé entre des principes ou des valeurs auxquels il accorde de l'importance.

On dit de telles situations, qu'elles comportent des

enjeux éthiques.

(30)

Aborder un dilemme éthique

Une chose qui a de la

valeur est supérieure à d'autres sous certains

aspects, elle est désirable, elle a de l'importance.

Dire qu'une chose a de la valeur suppose donc de

l'évaluer et de la comparer avec d'autres choses.

Ce n’est pas une question de prix...

(31)

La carte d'anniversaire reçue de mon grand père, il y a plusieurs années, a beaucoup de valeur à mes yeux, quoique je ne puisse pas la mesurer.

Et elle en a davantage que celle reçue de mon meilleur ami, même si j'accorde aussi de la valeur à celle-ci.

Je peux donc évaluer et comparer la valeur sentimentale de ces cartes.

(32)

De la même manière, les

valeurs morales

peuvent être

comparées et classées selon leur importance.

Par exemple, même si les valeurs de générosité et de justice sont

primordiales pour bien des gens, plusieurs considèrent la justice plus fondamentale que la générosité.

En présence d'un

dilemme éthique

où des

valeurs s'opposent, on essaie

d'ordonner celles-ci en fonction de leur importance.

Cet exercice s’appelle la hiérarchisation des valeurs.

Il s'agit d'une étape essentielle pour tenter d'identifier la bonne action à

poser :

la meilleure solution au dilemme cherchera à concilier les valeurs selon leur ordre de priorité.

(33)

Dans l'exemple de l'adultère, si l'honnêteté l'emporte sur la solidarité familiale, la bonne chose à faire sera d'avouer celui-ci;

par contre, si la solidarité familiale prime l'honnêteté, ne pas avouer sera la conduite à adopter.

C'est la même chose pour le médecin à l'égard de sa patiente: la bonne

action à poser (l'informer ou non de sa condition) dépendra de ce qui

importe le plus entre le principe de bienfaisance et le devoir de ne

pas mentir.

(34)

Dans la solution d'un dilemme, la valeur ou le principe primordial occupe la place centrale.

Mais la ou les autres valeurs ne sont pas mises de côté pour autant: on cherche aussi à les promouvoir dans la mesure du possible.

Il arrive toutefois que l'on ait affaire à un choix binaire où la conciliation est irréalisable.

Dans ce cas, seule la valeur primordiale sera retenue.

(35)

Il arrive également qu'on ne parvienne pas à hiérarchiser les valeurs : il s'agit alors de négocier un compromis entre celles-ci.

L'éthique conduit donc à se demander :

« Quels sont les valeurs et les principes les plus importants? Et pourquoi le sont-ils? »

Répondre à ces questions permettra de faire face aux dilemmes

éthiques que l'on rencontre, et de les résoudre probablement.

(36)

La société a besoin de l'éthique

Comme les individus, les sociétés font face à des problèmes moraux ou éthiques.

Un premier exemple: le cas de l'aide médicale à mourir

Une patiente souffre d'un cancer des os en phase terminale et ses souffrances sont si importantes qu'elles ne peuvent plus être soulagées par les médicaments.

(37)

Jusqu'à récemment, dans la majorité des pays européens, si elle avait demandé à son médecin de mettre fin à ses jours par l'injection d'une substance létale, la loi aurait interdit à celui-ci d'accéder à sa demande, sous peine d'être accusé de meurtre.

En effet, toutes les sociétés ont longtemps rejeté ce geste, assimilé à un meurtre, et l‘ont interdit en l'inscrivant au Code criminel.

Or, cette position a fait l'objet d’un débat de société important en Occident.

(38)

Le gouvernement du Canada par exemple a adopté la Loi sur les soins de fin de vie, qui est entrée en vigueur le 10 décembre 2015.

Cette loi encadre un nouvel acte médical - l'aide médicale à mourir - par lequel un médecin peut administrer une substance létale à un patient, dans certaines circonstances strictement définies.

L'interdiction d'aider une personne à se donner la mort demeurait néanmoins inscrite au Code criminel jusqu'à ce que la Cour suprême du Canada l’invalide en février 2015, dans certaines circonstances strictement définies.

En réponse à ce jugement, le gouvernement canadien a adopté sa propre loi sur l'aide médicale à mourir, qui est entrée en vigueur le 17 juin 2016.

(39)

Derrière ces interventions juridiques et légales se cache un dilemme éthique.

Certains trouvent moralement inacceptable d'interdire à une personne mourante de choisir quand et comment sa vie va se terminer.

Selon eux, il était éthiquement acceptable, voire nécessaire, d'autoriser l'aide médicale à mourir et le suicide assisté en vertu de la valeur d'autodétermination de la personne.

Par contre, d'autres ont voulu maintenir la loi telle qu'elle est, parce que selon eux la vie est sacrée; il serait donc moralement inacceptable de permettre quelque forme d'aide à mourir que ce soit.

(40)

Le débat autour du suicide assisté est complexe et fait intervenir plusieurs autres arguments et valeurs.

Cette question soulève des enjeux éthiques et a donc généré un dilemme pour la société :

 Doit-elle permettre l'aide médicale à mourir et le suicide assisté dans certaines circonstances?

 Quelles sont ces circonstances?

(41)

La réflexion éthique est ici nécessaire pour guider l'action collective.

Les enjeux éthiques touchant la vie et la mort ne sont pas les seuls que rencontre la société.

Des enjeux surgissent dans différents domaines, comme l'environnement.

C'est le cas, par exemple, du débat sur l’exploration, l'exploitation et le transport des hydrocarbures dans certains pays.

(42)

Un second exemple :

le cas des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel)

Ces dernières années, plusieurs projets d'exploration, d'exploitation ou de transport des hydrocarbures ont suscité des réactions au Canada:

L'exploration du potentiel pétrolier à l'île d'Anticosti ou l'exploitation des gaz de schiste par la méthode de la fracturation hydraulique.

Les différents projets d'oléoduc, comme le projet Energie Est, ou de port pétrolier, (comme le projet de Cacouna).

(43)

Les

citoyens sont divisés quant à l'attitude à adopter

en matière d'hydrocarbures.

Ils oscillent entre

l'enthousiasme, la résignation et l'opposition franche.

Des citoyens ont dénoncé notamment les

risques pour l'environnement et la sécurité, en raison des possibles déversements

qui pourraient affecter l'approvisionnement en eau potable, de même que l'impact de ces projets sur les

émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ces gaz sont les principales causes des changements

climatiques.

(44)

La

protection de l'environnement et la sécurité sont pour eux des valeurs

qui devraient être prioritaires lors de la prise de décision collective.

Ils s'opposent donc aux projets en question.

D'autres estiment toutefois que ces menaces sont faibles comparativement

aux retombées économiques anticipées, pour la population québécoise.

Pour eux, la

prospérité économique est la valeur à favoriser, ce qui devrait

nous conduire à aller de l'avant avec cette entreprise.

(45)

Enfin, certains jugent qu’il faudrait tendre vers une économie sans hydrocarbures et plus écologique, mais que nous n'avons pas encore les moyens de nous passer de pétrole.

Pour l'instant, exploiter et transporter le pétrole et le gaz, de manière

à générer des revenus pour faire la transition vers les énergies

alternatives, est donc un mal nécessaire, un compromis entre les

valeurs de prospérité et de protection de l'environnement.

(46)

Évidemment, le débat ne se réduit pas à la simple opposition entre environnement et économie.

Bien au contraire : il fait intervenir plusieurs autres valeurs et considérations pratiques.

Pour résoudre les dilemmes éthiques posés par les hydrocarbures et les

changements climatiques, il faudra d'abord s’appliquer à mieux

comprendre les options qui s'offrent à chacun et les conséquences

précises de chacune de ces options.

(47)

Les dilemmes éthiques de société

Que ce soit sur le financement des soins de santé ou sur les mesures de surveillance antiterroristes, les citoyens ne s'entendent pas.

Chacun a sa propre opinion quant aux valeurs qui devraient guider les individus et la collectivité, et chacun est libre de défendre celles auxquelles il tient.

Différentes conceptions du bien commun, donc de la morale, se côtoient.

En contexte de pluralisme des valeurs, il n'est pas toujours facile de prendre des décisions collectives qui soient acceptables à tout un chacun.

(48)

Dans une société confrontée à des enjeux de plus en plus complexes, l'éthique n'est pas une garantie qu'un consensus social émergera.

Il s'agit plutôt d'une démarche pour prendre une décision éclairée en évaluant les arguments opposés.

Cela s'incarne généralement dans des pratiques de délibération éthique.

La principale difficulté reste souvent de déterminer, entre plusieurs valeurs importantes, laquelle ou lesquelles reflètent le mieux la société dans laquelle on veut vivre.

L'éthique ne propose pas de solutions toutes faites à ce problème.

Pour parvenir à une décision, la démarche éthique s'alimente d'arguments philosophiques, de consultations publiques, d'études scientifiques, d'avis d'experts, d'écrits d'intellectuels… etc.

(49)

Exemples d'enjeux éthiques soulevés par la technologie

Malgré les nombreuses retombées positives du progrès technoscientifique, plusieurs applications soulèvent des enjeux éthiques :

La procréation assistée

Lors de la fécondation in vitro, il est possible d’identifier les caractéristiques des embryons, comme les maladies génétiques qu’ils peuvent porter.

On peut ensuite sélectionner celui qui sera implanté dans l'utérus de la mère. Pour certains, cette technologie est formidable : grâce à elle, on évitera à l'enfant d'être porteur d’une maladie génétique.

(50)

Par contre, d'autres y voient une forme d'eugénisme :

il s'agit de décider qui est digne de vivre et qui ne l'est pas.

Eugénisme: Ensemble des recherches (biologiques, génétiques) et des pratiques (morales, sociales) qui ont pour but de déterminer les conditions les plus favorables à la procréation de sujets sains et, par là même, d'améliorer la race humaine.

(l’Homme se prend pour DIEU????)

Est-ce à dire que les gens porteurs de cette maladie n'auraient pas dû vivre?

Cette technologie met en jeu des valeurs et des principes : le caractère

sacré de la vie, l'égalité, le respect de la personne, la santé humaine,

l'autonomie parentale… etc.

(51)

Exemple 1: Les usages non conventionnels des médicaments

Les bêtabloquants sont utilisés dans le traitement des problèmes cardiaques pour contrôler la tension artérielle.

(Les béta-bloquants constituent une famille hétérogène d’antagonistes compétitifs spécifiques des récepteurs ß- adrénergiques, d’utilité majeure dans le traitement des maladies cardio-vasculaires. )

Or, par exemple, des musiciens ou autres artistes en consomment avant les représentations pour contrer les effets du trac.

D'autres médicaments, comme les psychotropes (médicaments qui modifient l'activité mentale), sont aussi utilisés à des fins non conventionnelles :

* pour optimiser la performance au travail ou dans les sports,

* améliorer les capacités mentales,

* augmenter la résistance à la fatigue,

* « rester jeune »,

* gérer des situations personnelles difficiles.

(52)

Ces usages ont des conséquences positives, mais ils posent aussi des questions importantes.

 Par exemple, cette banalisation de l'usage des médicaments contribue à accroître la pression sociale à l'égard de la quête de la performance à tout prix.

Jusqu'à quel point est-il acceptable de recourir aux médicaments sans être malade pour répondre aux attentes sociales, et ce, au risque de mettre sa santé en péril?

 Cette pratique met en jeu plusieurs valeurs : l'authenticité, la réalisation de soi, le respect de la personne, la liberté de choix, la santé humaine… etc.

(53)

Exemple 2: La géo-ingénierie

La géo-ingénierie porte sur la manipulation du climat terrestre dans le but de contrer les effets du réchauffement climatique.

Par exemple, envoyer des milliards de petits écrans dans l'espace à plus d'un million de kilomètres permettrait, selon certains, de dévier une partie du rayonnement solaire, comme un parasol.

Ou encore, projeter des masses de particules de dioxyde de soufre en suspension dans l'atmosphère diminuerait possiblement le rayonnement solaire à la surface de la Terre, ce qui aiderait à la refroidir.

(54)
(55)

Toutefois, la recherche n'est pas assez avancée pour savoir quels sont les effets réels de ces stratégies.

La géo-ingénierie soulève des questions éthiques : par exemple, on peut se demander qui aurait la légitimité d'intervenir sur le climat à l'échelle terrestre?.

Cette question est d'autant plus difficile que les modifications climatiques n'affectent pas toutes les régions de la planète de la même manière.

De plus, malgré l'incertitude qui l'entoure, la géo-ingénierie risque de déresponsabiliser les collectivités et les industriels sous prétexte qu'il existerait des solutions au réchauffement climatique.

(56)

Différentes valeurs entrent en jeu :

 la légitimité démocratique,

 l'équité,

 l'acceptabilité sociale,

 la responsabilité sociale,

 la protection de l'environnement,

 la solidarité envers les générations futures… etc.

Ces exemples montrent que le progrès technoscientifique, même s'il apporterait de nombreux bienfaits, aurait aussi des conséquences négatives d'un genre nouveau qui sont susceptibles de menacer différentes valeurs.

C'est pourquoi le développement de la science et de la technique appelle une nouvelle manière de faire de l'éthique

(57)

Analyse d'enjeux : la part de la science et de l'éthique

Analyser une situation qui soulève des enjeux éthiques met plusieurs disciplines à contribution.

Par exemple, plusieurs sciences peuvent apporter un éclairage sur les usages non conventionnels des médicaments :

 La psychologie peut informer sur certains facteurs qui poussent les individus à recourir aux psychotropes ou aux bêtabloquants : leurs motivations, leurs émotions, leurs perceptions, leur estime de soi, les éléments de leur histoire personnelle, etc.

(58)

 La sociologie peut aider à comprendre l'émergence de l'usage non conventionnel des médicaments comme phénomène lié à des facteurs sociaux, par exemple le culte de la performance et de la jeunesse.

 La pharmacologie peut expliquer le mode d'action de ces médicaments, leurs effets sur le corps ainsi que les risques qu'ils posent à court ou à long terme pour la santé humaine.

L'économie peut clarifier les coûts et les bénéfices de l'usage non conventionnel des médicaments : le coût de ceux-ci et de la prise en charge médicale, les bénéfices économiques liés à l’augmentation de la productivité des consommateurs, etc.

(59)

Ces sciences peuvent décrire, expliquer et prédire les faits, mais ceux-ci ne permettent pas à eux seuls de déterminer quelle action serait la bonne.

Bien entendu, la connaissance des faits influencera beaucoup l’évaluation de la situation.

Toutefois, se prononcer sur les valeurs morales à privilégier dans l'agir est un aspect qui relève de l'éthique.

Alors que les sciences s’intéressent à ce qui est ou sera, l'éthique se prononce sur ce qui doit être en matière d'action humaine.

(60)

Les jugements moraux

Dans la vie quotidienne, on porte constamment des jugements moraux : Exemple:

« C'est tout à votre honneur d'avoir refusé le pot-de-vin qu'on vous a proposé. »

« Cette compagnie exploite des enfants dans ses manufactures en Inde! C'est tout à fait honteux! » (au Maroc????)

« Ce n'était vraiment pas correct de sa part de trahir la confiance de ses collègues. »

Dans chacun de ces cas, on exprime que l'action est moralement inacceptable ou répréhensible, ou encore moralement juste ou méritoire.

Ces actions suscitent des jugements de nature morale, parce qu'elles actualisent ou vont à l'encontre de valeurs ou de principes moraux.

(61)

On peut aussi le faire parce qu'on croit qu'il ne faut pas faire aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'ils nous fassent. Ce principe moral motive alors notre jugement.

Les valeurs et les principes moraux permettent donc à chacun d'évaluer ses propres actions et celles des autres d'un point de vue moral.

On peut féliciter quelqu'un qui a refusé un pot-de-vin parce que cette action est honnête; dans ce cas, la valeur d'honnêteté motive notre jugement.

On peut condamner une entreprise qui profite du travail des enfants parce qu'il s'agit d'une atteinte portée à l'égard de personnes vulnérables; notre jugement se base alors sur la valeur de protection des plus vulnérables.

On peut blâmer quelqu'un qui a trahi ses collègues parce que cette action est déloyale; c'est ici la valeur de loyauté qui fonde notre jugement.

(62)

Les enjeux éthiques

On est en présence d'un enjeu éthique lorsqu'une valeur ou un principe moral est mis en jeu dans une question ou une situation.

Par exemple, on dira que la liberté de choix est un enjeu éthique soulevé par l'avortement; ou encore que l'avortement soulève ou comporte des enjeux éthiques.

Parfois, on utilise le terme « enjeu éthique » pour parler, par extension, de la question ou de la situation elle-même : par exemple, on pourrait dire que l'

avortement est un enjeu éthique

.

(63)

La délibération éthique

L’éthique est une réflexion argumentée en vue du bien-agir.

Elle propose ainsi une démarche réflexive, critique et rationnelle (fondée sur les arguments) dans le but que soit posée une action éthiquement acceptable dans des situations où différentes valeurs ou différents principes sont en conflit, lorsqu’il est difficile ou impossible de satisfaire tout le monde.

La délibération éthique est une manière de structurer notre réflexion par rapport à un problème éthique.

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Elle repose sur une approche collaborative, où des participants recherchent ensemble une solution au problème.

Elle vise l’atteinte du consensus, c’est-à-dire une position avec laquelle chacun est suffisamment à l’aise, même si elle peut encore contenir des éléments mineurs de désaccord.

Les participants cherchent d'abord à s’entendre sur une même compréhension des faits pertinents ainsi que des valeurs et des principes en jeu dans la situation problématique.

Ils cherchent ensuite à s’entendre sur les critères qui leur permettront de favoriser une valeur plutôt qu’une autre lorsqu’il y a conflit entre ces valeurs.

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Enfin, ils cherchent à formuler des recommandations qui pourront orienter l’action des personnes concernées par cette situation

La délibération éthique n’est pas seulement une procédure d’analyse et de prise de décision.

C’est une démarche éthique proprement dite, car elle s’inscrit elle-même dans un ensemble de valeurs que les participants doivent adopter et mettre en œuvre.

De plus, elle requiert certaines compétences spécifiques (connaissances, habiletés et attitudes).

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1. Le refus de l’intimidation en tant que façon d’écarter la participation de l’autre. Elle peut prendre des formes plus ou moins subtiles, telles que le jeu d’autorité d’un leader de la discussion ou l’utilisation d’un jargon technique;

2. Le refus de la manipulation par la séduction;

3. Le refus du mensonge, même dans ses formes subtiles, comme l’exagération d’un élément, la non-divulgation de certaines informations;

4. L’écoute et l’ouverture d’esprit, qui exigent une prise en considération des arguments de l’autre;

Cela peut se traduire par des règles concrètes de toute discussion à prétention éthique :

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5. Le droit de s’exprimer, de dire son opinion. Il faut encourager les plus timides et les moins articulés à exprimer leur opinion;

6. La considération de tous les facteurs, avec l’aide éventuelle d’une grille d’analyse de cas visant à l’exhaustivité dans l’identification des données pertinentes à une discussion de cas;

7. L'interpellation des exclus, « c’est-à-dire le fait de s’interroger sur le point de vue de ceux qui ne sont pas présents à la discussion »;

8. La mise en relief des divergences et la nécessité de prendre le temps d’analyser la nature et les causes des désaccords;

9. L'aide apportée au groupe en vue de faire progresser. L’animateur travaille alors à dégager les convergences et les divergences, les conflits de valeurs en jeu, les dilemmes éventuels, « et à ramasser les éléments susceptibles de faire consensus et d’entrer dans la rédaction d’un éventuel avis ».

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Crise des valeurs et pluralisme des valeurs

La religion catholique faisait autrefois office d'autorité en matière de morale dans la majorité des pays occidentaux.

Ses préceptes fondaient la conception de la morale de la majorité des gens.

Elle servait de ciment social et fournissait un ensemble de valeurs communes partagées.

Avec l'effritement de l'emprise de la religion dans les années 1960, beaucoup de sociétés occidentales ont «en quelque sorte » perdu leurs repères moraux.

(69)

La Révolution tranquille a permis l'émergence de nouveaux mouvements sociaux et politiques qui ont conduit à poser un regard critique à la fois sur les legs de la religion catholique et sur les idéaux mis de l'avant par les courants de pensée naissants.

À la cohésion morale permise par le partage d'une religion a donc succédé une pluralité de styles de vie et d'idéaux où, pour ainsi dire, aucune valeur ni aucun principe n’est plus « sacré » ou « intouchable ».

Les idées changent rapidement et tout semble pouvoir être remis en question : en ce sens, certains parlent de crise des valeurs pour décrire la condition morale de la société.

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Cette expression évoque deux problèmes distincts :

Pour l'individu, l'expression « crise des valeurs » traduit une dimension importante de la vie d'aujourd'hui liée à la perte des repères et du sens.

Les repères moraux sont essentiels à l'agir humain, et dans la société contemporaine où l'agir précède souvent la réflexion, on a parfois l'impression que les actions perdent leur sens et ne servent pas les bonnes fins.

La crise des valeurs appelle donc chacun à se questionner sur les valeurs et les principes qui doivent le guider.

Pour la société, l'idée de crise renvoie à la rupture d'un équilibre précieux.

Le consensus social sur la morale est rompu : une diversité de valeurs sont librement véhiculées.

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Face à ce nouvel état de choses, le retour à une idéologie (religieuse ou autre) n'est pas nécessairement souhaitable.

Le pluralisme des valeurs semble aujourd'hui inévitable.

Toutefois, il force les populations à repenser le vivre-ensemble.

En effet, comment résoudre les conflits opposant des individus qui partagent des valeurs différentes, voire opposées?

Lorsqu'on doit prendre une décision collective, comment choisir les valeurs qui fonderont cette décision?

S'agit-il d'imposer à la minorité les valeurs de la majorité sans que celles-ci soient nécessairement « meilleures » ou « plus légitimes » au point de vue moral?

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Dans ce cas, la réflexion éthique n'est-elle pas vouée à l'impasse?

Pour éviter une telle impasse, on doit trouver les moyens de permettre à chacun, dans la mesure du possible, de vivre selon les idéaux qui sont les siens, tout en préservant l'idée que certaines valeurs ou certains principes devraient être respectés par tous.

C'est ce à quoi se sont appliqués bon nombre de penseurs, qui ont tenté de trouver un fondement philosophique à la primauté de certaines valeurs ou encore à certaines manières de prendre des décisions en matière de morale.

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Par ailleurs, si on ne peut pas parler de consensus social sur la morale, il serait faux de croire qu'aucune valeur ou aucun principe ne puisse être largement admis comme fondamental dans notre société.

Les chartes occidentales des droits et libertés de l’Homme sont de bons exemples : les valeurs et les principes qui y sont enchâssés font office de base commune lors de la réflexion éthique, parce que la plupart les estiment fondamentaux.

Bien sûr, cela ne règle pas toutes les difficultés, puisque deux valeurs posées comme fondamentales peuvent aussi entrer en conflit.

L'éthique fait donc face à un défi de taille qui demande une réflexion à la fois individuelle et collective.

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L'éthique normative

L'éthique normative, ou éthique substantielle, regroupe les travaux philosophiques qui développent, analysent ou évaluent de manière critique différentes conceptions de la morale.

On la nomme ainsi du fait que ses travaux portent sur le contenu – donc sur la

«substance» – de la morale, et prennent position sur des questions normatives, c'est- à-dire sur ce qui « doit être » en matière d'action humaine.

Depuis plus de deux mille ans, les philosophes ont défendu de nombreuses conceptions de la morale.

Toutefois, trois approches dominent en éthique normative :

l'éthique conséquentialiste (ou conséquentialisme),

l'éthique déontologique (ou déontologisme) et

l'éthique de la vertu.

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L'éthique conséquentialiste

Le conséquentialisme met l'accent sur les conséquences de nos actions : pour déterminer le caractère moral d'une action, il faut s'intéresser à l'ensemble de ses conséquences.

Une action est moralement bonne du fait qu'elle a des conséquences qui sont bonnes (ou, dans un dilemme, meilleures que celles des autres actions possibles).

Par exemple, Omar pourrait juger moralement préférable d'avouer un adultère à sa conjointe parce que le secret aurait des conséquences désastreuses sur sa relation de couple (sa dissimulation minerait l'intimité et l'harmonie de la relation).

Ou bien, Omar pourrait juger moralement préférable de ne pas avouer l'adultère parce que l'aveu aurait des conséquences désastreuses sur sa famille.

Omar adopterait alors l'approche conséquentialiste.

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L'éthique déontologique

Le déontologisme met plutôt l'accent sur les notions de devoir, d'obligation et d'impératif moral : pour déterminer la moralité d'une action, il faut se référer au devoir moral de l'agent.

Un acte est moralement bon du fait qu'il satisfait à certains devoirs ou à certaines obligations morales, et ce, peu importe ses conséquences.

Par exemple, Omar pourrait juger moralement préférable d'avouer l'adultère à sa conjointe parce que son devoir est d'être honnête envers elle.

Il pourrait aussi juger moralement préférable de ne pas avouer l'adultère parce que son devoir de père est de protéger sa famille.

Dans les deux cas, Omar adopterait l'approche déontologique.

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L'éthique de la vertu ةليضفلا

(Vertu : Disposition habituelle, comportement permanent, force avec laquelle l'individu

se porte volontairement vers le bien, vers son devoir, se conforme à un idéal moral, religieux, en dépit des obstacles qu'il rencontre.)

L'éthique de la vertu se penche sur les qualités d'une personne, qui influent sur les décisions et les actions de celle-ci, dans la perspective de la réalisation de soi.

Elle met l'accent sur les traits de caractère dont témoignent les actions : pour déterminer la moralité d'une action, il faut regarder le trait de caractère qui est généralement associé à un tel acte.

Est-ce une vertu ou un vice?

Un acte est moralement bon du fait qu'il correspond à ce que ferait quelqu'un de vertueux.

Par exemple, Omar pourrait juger moralement préférable d'avouer l'adultère à sa conjointe parce que c'est ce que ferait un homme honnête.

Omar pourrait aussi juger moralement préférable de ne pas avouer l'adultère parce que c'est ce que ferait un père de famille bienveillant.

Omar adopterait ainsi l'approche de l'éthique de la vertu.

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Une conception du bien

Le conséquentialisme, le déontologisme et l'éthique de la vertu proposent des règles pour évaluer une action d'un point de vue moral.

Mais ces approches en tant que telles ne permettent pas de déterminer, entre deux actions, laquelle est moralement meilleure.

Par exemple, même si le conséquentialisme me dit que l'action moralement bonne est celle qui a les meilleures conséquences, il ne me dit pas comment déterminer quelles conséquences sont meilleures : quel type de conséquences dois-je privilégier?

De même, le déontologisme me dit que l'action moralement bonne est celle qui satisfait à mes obligations morales; mais quelles sont mes obligations morales?

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L'éthique de la vertu me dit que l'action moralement bonne est celle qui correspond à ce que ferait quelqu'un de vertueux, mais comment savoir quelles vertus primeraient chez cette personne?

Pour répondre à ces questions, il faut quelque chose de plus, que l'on pourrait appeler une conception du bien.

En effet, que l'on adopte une approche conséquentialiste, déontologique ou de l'éthique de la vertu, il faut s’appuyer sur une conception des bonnes conséquences, des devoirs moraux fondamentaux, ou des vertus à privilégier, selon le cas.

C’est là qu'interviennent différentes théories morales incluses dans ces trois grandes approches.

(80)

La méta-éthique

La méta-éthique, ou éthique théorique, porte sur des questions beaucoup plus abstraites que l'éthique appliquée et l'éthique normative.

Le préfixe « méta » signifie « au-delà de ».

Il est souvent utilisé pour désigner des discours de second ordre, comme dans « métalangage » (langage permettant de décrire d'autres langages) ou

« méta-analyse » (analyse portant sur des résultats d'analyses de données).

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De la même façon, l'expression « méta-éthique » renvoie entre autres à une analyse philosophique du discours éthique et de ses présupposés épistémologiques et métaphysiques.

Alors que l'éthique normative s'intéresse aux théories sur l'agir moral, la méta- éthique porte sur la nature même des jugements moraux et des propriétés morales que l'on prête aux actions, aux personnes et aux traits de caractère.

Par exemple, on peut se demander si les propriétés morales sont des propriétés naturelles, et par quel moyen on peut les connaître, etc…

(82)

L'éthique appliquée

Dans les années 1960, le développement de certains champs de recherche et de pratique professionnelle a généré de nouveaux problèmes moraux.

L'étude de ceux-ci a donné naissance à un nouveau champ, l'éthique « appliquée».

On le désigne ainsi pour traduire l'importance accordée aux situations concrètes, et non parce qu'il s'agirait « d'appliquer » des théories morales à des problèmes particuliers.

Il regroupe des écrits théoriques sur les problèmes en question, mais inclut aussi une pratique, qui s'exerce principalement au sein de

comités d'éthique

.

Les comités d'éthique sont généralement créés par des institutions (universitaires, gouvernementales, médicales, professionnelles, etc.) et sont des lieux de délibération à caractère décisionnel ou consultatif.

(83)

Souvent, la démarche en éthique appliquée consiste à documenter et à préciser la situation problématique au moyen d’informations factuelles :

 Quels sont les acteurs susceptibles d’être touchés par cette situation?

 Quelles sont les lois qui s'appliquent?

 Quelles sont les options qui s'offrent?

 Quels sont les risques et les conséquences possibles de chacune sur les acteurs impliqués?.

Bien entendu, l'objectif est de préparer le terrain pour évaluer les différentes options du point de vue des valeurs et des principes moraux.

L'éthique appliquée comprend des sous-champs de plus en plus interconnectés, dont voici des exemples.

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L'éthique de l'environnement

L'éthique de l'environnement regroupe les réflexions sur le rapport entre l'humain et la nature, notamment en matière de :

développement durable / responsabilité envers les générations futures;

 gestion des ressources naturelles (eau, forêts, sous-sols…);

 gestion des déchets;

pollution industrielle et agricole;

 droits des animaux;

 organismes génétiquement modifiés (OGM);

biodiversité / conservation des écosystèmes;

 Etc.

(85)

L'éthique professionnelle

L'éthique professionnelle regroupe les réflexions sur différents domaines professionnels.

On parle plus spécifiquement, par exemple, d'éthique des affaires, d'éthique journalistique, d'éthique de la psychologie, etc. L'éthique professionnelle se penche sur :

 les problèmes pratiques rencontrés par les membres d’une profession;

 le rôle et les responsabilités sociales liés à celle-ci;

 etc.

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La bioéthique

La bioéthique regroupe les réflexions sur les avancées techniques dans le domaine des sciences de la vie, notamment en matière de :

procréation humaine (procréation assistée, avortement, don de gamètes, diagnostic prénatal, clonage...);

fin de vie (soins palliatifs, acharnement thérapeutique, euthanasie...);

génomique;

santé publique;

neuroscience et neuropsychiatrie;

etc.

La bioéthique peut s'intéresser aux enjeux soulevés par les sciences de la vie sous différents angles.

Certains proposent donc une distinction entre bioéthique théorique, bioéthique clinique, bioéthique réglementaire et des politiques, ainsi que bioéthique culturelle

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