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La médiation : une idée qui fait école!

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Academic year: 2022

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La médiation : une idée qui fait école !

Persuadée de la nécessité d’un travail de prévention de la violence et de la promotion d’une culture de paix, « Génération Médiateurs» forme depuis 1993, des élèves et des éducateurs à la gestion des conflits et à la médiation par les pairs. Rencontre avec Brigitte LIATARD, co-fondatrice de l’association « MédiActeurs Nouvelle Génération »

Point KT : Génération MédiActeurs existe depuis 1993. Quels sont vos objectifs ?

La spécificité de notre association est de former des éducateurs à la lutte contre les incivilités et la gestion non-violente des conflits. Enseignants, CPE, surveillants, assistantes sociales, médecins scolaires, infirmières, emplois jeunes, parents d’élèves passeront, au cours de trois journées de stage, par des étapes qu’ils feront ensuite franchir aux jeunes de tous âges : collèges, lycées, écoles. Car, l’objectif premier de notre travail est de rendre les jeunes eux-mêmes acteurs et responsables auprès de leurs pairs. Par leur présence et leur attitude d’écoute, ils renoueront le dialogue et aideront leurs camarades « médiés » à redevenir acteurs.

Point KT : Quelles sont ces étapes ?

Un élément important dans nos stages est le travail sur soi : connaître ses qualités, développer l’estime de soi, observer la violence au quotidien et sa propre façon de réagir, être attentif à d’autres points de vue dans des situations différentes.

L’investissement personnel de chaque participant est crucial pour qu’il puisse, aussi par sa manière d’être, communiquer aux jeunes les outils de la médiation. Comme le disait Gandhi : « Nous devons être le changement que nous voulons pour le monde. »

D’ailleurs, nous proposons des formations avec un matériel très ludique, varié et adapté aux différentes tranches d’âge, puisqu’il s’agit de stimuler la créativité des participants, afin qu’ils trouvent ensemble des moyens pour dépasser les conflits.

C’est pourquoi nos équipes de GM qui interviennent dans les formations travaillent de façon très souple en s’appropriant le matériel éducatif et en fixant les objectifs en fonction du nombre d’adultes impliqués, du public, de l’ambiance, de l’implantation géographique.

Point KT : Quelles sont les conditions de réussite du projet de la médiation dans un établissement ? De la façon dont les éducateurs ont été formés va dépendre l’implication des jeunes. Pour qu’un changement dans l’approche des conflits puisse avoir lieu, la transformation des relations éducateurs-jeunes est indispensable.

Un autre facteur important de réussite est la coopération entre le chef d’établissement et les autres acteurs évoqués.

L’initiative du contact peut venir d’un chef d’établissement, mais souvent un enseignant est à l’origine d’une demande. Si ce dernier est bien intégré et sait convaincre le chef d’établissement, les chances de succès sont réelles.

Aujourd’hui, le contact est pris le plus souvent par une infirmière, un médecin scolaire ou une assistante sociale dont le rôle s’oriente toujours davantage vers la prévention.

L’aspect matériel dans la réussite d’un projet de formation est évidemment fondamental. Les obstacles sont d’abord souvent d’ordre financier et, si les établissements privés peuvent obtenir une prise en charge par FORMIRIS, les établissements publics pourront s’adresser à la municipalité, au conseil général ou régional, parfois réaliser un montage grâce à l’appui du CESC, du rectorat, ou de l’inspection académique.

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Fresque de la Réconciliation, Claude BRAUN

Il est prudent de procéder par étapes et la mise en place de la médiation scolaire, opération trop délicate pour être brusquée, peut s’étaler sur toute une année, voire deux. La première partie de la formation consacrée au développement des compétences psycho-sociales peut s’adresser à tout un niveau de jeunes. La seconde partie qui est la formation aux techniques de la médiation et particulièrement à la reformulation s’adresse à des jeunes qui sont volontaires.Point KT : Comment le travail auprès des jeunes se met-il en place, une fois que les éducateurs sont formés à la médiation ?

Point KT : A quelle occasion cette formation des jeunes a-t-elle lieu et comment ses contenus et valeurs s’articulent-ils avec les programmes scolaires ?

La question des horaires trouve réponse dans les dernières réformes : l’instruction civique en primaire, l’heure de vie de classe , l’accompagnement éducatif en collèges et la formation des élèves délégués sont des moments privilégiés.

C’est au fil des séances qui ont lieu dans ce cadre que les jeunes vont réfléchir et décider s’ils veulent aider les autres comme ils l’ont été eux-mêmes. Ils seront, en moyenne, les 3/4 à faire ce choix, puis à témoigner de l’enrichissement personnel de cette expérience !

Quant aux contenus et aux valeurs enseignés, nous constatons que les objectifs des instructions officielles ressemblent de plus en plus aux nôtres.

Brigitte LIATARD a enseigné l’histoire, géographie, éducation civique avec une expérience auprès d’élèves en difficulté.

Persuadée de la nécessité d’un travail de prévention de la violence et de la promotion d’une culture de paix, elle forme depuis 1993, des élèves et des éducateurs à la gestion des conflits et à la médiation par les pairs. Elle anime de nombreux stages et intervient dans les établissements scolaires ou autres structures. Elle a contribué à la rédaction de plusieurs livres dont : « École, changer de cap », paru en 2008 aux éditions Chroniques Sociales et « 100 questions autour de l’éducation à la Non Violence » paru fin 2010. Elle a participé à de nombreux colloques et conférences.

Pour plus d’infos : mediActeurs nouvelle génération Propos recueillis par Nicole VERNET – Point KT

Vous trouverez les nouveaux articles en lien avec le thème traité actuellement dans la partie « Articles du moment » dans le menu « Naviguer », ou en cliquant directement ici

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Dieu est il narcissique ?

Le journal, « Le nouveau Messager » propose chaque semaine une rubrique jeunesse placée sous le titre : « Dis-moi-Dieu » .Il y a quelques semaines, la question de la jalousie de Dieu a jailli. Voici une réponse de Jean Matthieu Thallinger, pasteur, dynamique jeunesse de l’UEPAL.

Question de Frédéric (25 ans) : Dieu est-il narcissique et jaloux quand il dit  : « Tu n’auras pas d’autres dieux face à moi » ? ”

François Cavanna ira plus loin que toi. Pour lui « Dieu est un névrosé narcissique : il a créé les hommes tout spécialement pour se faire adorer ». Pour sa défense, René Barjavel objectera que « si Dieu avait eu besoin d’être adoré, il n’eut créé que des chiens. Le chien est bien plus apte que l’homme à l’amour. »

Tu vas beaucoup plus loin que moi dans ta lecture à la lettre de la Bible. Je n’ai pas pour ma part l’autorité pour pouvoir avec certitude définir Dieu.

La Bible va beaucoup plus loin que toi. Dieu confirme lui-même quelques lignes après le commandement que tu cites : « Je suis un dieu jaloux » (Exode 20, 5). Ailleurs, il est montré cruel, guerrier, macho, génocidaire, parricide, colérique. C’est le

« dieu obscur » dont parle le théologien Thomas Römer. Mais d’autres passages nous le montrent maternel, pacifiste, soucieux de l’immigré, compatissant, aimant, fragile. Il nous demeure en fait grandement insaisissable et inattendu.

On serait tenté d’arracher ces pages choquantes de la Bible pour en faire un livre parfait, un conte de fée pour enfants politiquement correct. D’y ajouter ses propres pages, pour se bricoler son bon dieu à soi, devant lequel tous s’agenouilleraient avec pamoison. Cela a déjà été tenté par un certain Marcion.

La Bible n’est pas un livre révélé surnaturellement mais une lente construction qui a accompagné la conversation de l’humanité avec Dieu. Les discours sur Dieu ont évolué avec les époques. Aujourd’hui, on n’en parle plus comme il y a à peine vingt ans, même dans les églises. Dieu a une histoire. Hier, sa jalousie a protégé la foi et l’identité d’Israël ; aujourd’hui, elle nous rappelle que nous n’avons à nous agenouiller devant rien ni personne. »

Vous pouvez retrouver plus de cent questions regroupées audacieusement dans un petit livret intitulé « dismoidieu ». Il rassemble une année de questions importantes et délicates posées tous azimuts par des jeunes : vie scolaire, familiale, amoureuse, ecclésiale…Dix pasteurs des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine engagés dans un travail auprès des jeunes et six illustrateurs y répondent. Sans tabou ni langue de bois, mais avec une simplicité, un humour et une audace qui dépoussièrent bien des clichés sur Dieu, la foi, la Bible et la vie quotidienne du chrétien. Ces chroniques sont des débuts de réponses : elles invitent au partage et au débat avec les jeunes qui courent moins après les traités de théologie qu’après une e conversation à cœur ouvert. À mettre entre toutes les mains.

À commander auprès du Messager, 1 bis quai saint Thomas 67000 Strasbourg

Sage comme une image !

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La catéchèse n’a pas le privilège de l’enfant « sage comme une image », fort heureusement d’ailleurs ! Les pulsions s’expriment partout où grouille la vie et c’est cette vie que nous, catéchètes, avons justement la chance d’accompagner dans des moments parfois étonnants de vérité, forts en sentiments, que ceux-ci soient l’expression d’une colère, d’une jalousie, d’une joie démesurée, d’une tristesse parfois difficile à nommer. Que celui ou celle d’entre nous qui n’aurait jamais été confronté à une colère, à une crise de jalousie, à une immense frustration d’amour, ou à un chagrin irrépressible et parfois incompréhensible donne l’alerte… par Evelyne Schaller

Ces ressentis et leurs multiples expressions sont autant d’énergies positives ou négatives. S’ils engendrent parfois le mal être, des maladies, ils ouvrent aussi au sens de nos existences. Alors ne les cachons pas, ne les banalisons pas, ne les effaçons pas d’un geste léger mais sachons écouter, recueillir et construire avec ces matériaux de la vie.

L’équipe de point kT s’est donnée pour mission de développer cette thématique des sentiments. L’amour quasi maternel de Dieu ou sa jalousie, les colères de Jésus, ses coups d’éclat et ses accès de tristesse sont autant de miroirs, de passages et d’ouvertures propices pour oser regarder et déposer ces énergies qui tourmentent et animent l’être humain, qu’il soit adulte ou enfant.

S’ils nous remplissent de désarroi lorsque nous sommes les témoins de ces explosions de colère, ou de ces joies subites, de ces pleurs réfrénés ou de ces larmes qui coulent en cascade, ils témoignent simplement de ce que tous les humains ont en commun. Oser les accepter, les entendre, sans cataloguer ceux qui se risquent à les exprimer est une des vertus les plus importantes pour notre humanité.

Il n’y a parfois pas besoin de beaucoup de temps pour permettre à l’enfant de poser à l’extérieur de lui ce qui le ronge à l’intérieur. Juste un adulte qui l’écoute, qui offre simplement une présence, une écoute attentive, sans fausse consolation, ni reproche, … C’est parfois le meilleur témoignage que le catéchète puisse offrir à un enfant.

Auteur Evelyne Schaller

Découverte des psaumes avec les enfants

Le psautier est un trésor dans notre Bible car riche en expressions et images pour exprimer les sentiments humains et confiant en la présence de Dieu pour les

accueillir. Mais comment découvrir ces psaumes avec des enfants ? Dans les années 80 le théologien et pédagogue Ingo Baldermann a beaucoup expérimenté

sur ce terrain et a partagé ses expériences dans une quantité de livres. Son approche catéchétique se situe dans le domaine de l’éducation émotionnel. Voici

quelques idées en résumant certains de ses réflexions.

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Les psaumes permettent de s’exprimer quand des mots nous manquent.

Pour certains sujets, surtout quand ils concernent nos émotions, nous avons du mal pour trouver des mots. Ils manquent pour être en claire avec nous-mêmes. Que m’arrive-t-il ?

Comme ils manquent également pour rendre transparents à notre entourage ce que nous ressentons.

S’approprier des psaumes, veut dire apprendre à s’exprimer et à clarifier ses propres émotions.

• Les paumes permettent de clarifier pour quoi et comment nous parlons de Dieu et avec Dieu.

Ils s’adressent à Dieu et parlent de lui d’une manière directe et élémentaire comme peu d’autres passages de la Bible.

Travailler avec des enfants sur des psaumes est une manière sans pareille de permettre la confrontation de Dieu avec leur existence concrète. Sa présence dans leur vie fait du sens.

• Un sentiment central des psaumes est la peur et l’angoisse. Tout doit être évité pour s’en servir pour faire aux enfants, mais au contraire : Découvrir que dans les psaumes on ose s’adresser avec ses angoisses à Dieu veut dire les encourager à pouvoir maitriser et surmonter leurs propres inquiétudes.

• Un autre phénomène qui soutient cette approche : La dynamique des psaumes passe souvent par un temps de la lamentation pour arriver finalement dans une louange. Les exégètes nous disent que très semblablement ces deux parties étaient d’abord des moments prières différentes. Mais au temps de l’édition du psautier on a songé à ce qu’ils soient un, à ce qu’ils aillent ensemble. Découverte qui peut nous encourager dans les deux sens :

1. De mettre en valeur ce qui nous chagrine d’un côté et notre reconnaissance de l’autre.

2. De trouver dans les psaumes des paroles d’opposition à la misère pour arriver à la louange.

Mais comment faire ?

Quelques astuces techniques pour travailler sur les psaumes : Mettre le point fort sur un temps de libre expression des enfants ! A) Débat associatif : Ecrire un verset sur un tableau

par exemple : « Je me fatigue à force de crier, mon gosier est brûlant, mes yeux s’épuisent à attendre …. » (psaume 69, 4)

Sans y ajouter la fin « ….à attendre mon Dieu » et sans mentionner qu’il s’agit d’un texte biblique.

Laisser associer les enfants. « Peut-être c’est un enfant qui s’est perdu dans un supermarché … ? » « A moi aussi, cela est arrivé une fois que …. »

B) Ecrire plusieurs versets sur différents cartons. Chaque enfant choisit un pour en dire à quoi cela lui fait penser.

C) Ecrire plusieurs versets sur des cartons. Tirer l’un après l’autre. Les enfants se placent à chaque fois près ou loin du texte par rapport à si il leur parle plus ou moins. Ils expliquent leur choix.

D) Trouver des mimes qui vont avec des parties des psaumes.

E) Trouver des images qui vont avec : Couper des photos des magazines pour les coller autour d’un texte ou faire des propres dessins.

F) Trouver des titres pour des passages des psaumes.

G) Chercher des couleurs qui vont avec différentes parties d’un psaume.

H) Ecrire un psaume/ cantique de louange en utilisant une mélodie connue.

I) Rédiger des Psaumes de Noms:

C’est une technique qu’on avait utilisé dans une paroisse pour terminer d’une manière individuelle le temps de la catéchèse avant la confirmation ou le baptême. Chaque catéchumène rédigeait son propre psaume à partir de son nom (prénom et nom de famille) qui était compris comme confession de foi personnelle. Pour le culte tous les psaumes étaient collectionnés dans un petit livre et étaient mis à disposition pour les participants au culte. C’est un joli souvenir de cette journée.

Un exemple en prenant mon prénom à moi :

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C haos, tout est chaos au fond de moi.

H eureusement que tu es là.

R ien ne te perturbe.

I ci, auprès de toi, je retrouve la paix.

S ans toi, je me perdrais.

T u es le phare dans l’orage, I ssue de mes problèmes,

N acelle pour m’élever du bas vers ta hauteur.

A men

Essayez vous-même !

Bonne découverte des psaumes…

Dieu vit et pleure avec nous

Vivre le deuil avec les enfants. L’histoire de Guillaume qui vient de perdre son chien, Toby, tué par une voiture. Autour de ce d e u i l , l u i e t s e s a m i s d e d i f f é r e n t e s c o n f e s s i o n s religieuses posent des questions aux parents et aux adultes sur la mort. Un livre pour les enfants de 7 à 11 ans. Une partie du livre est destinée à l’accompagnateur adulte.

Ici nous donnons un bref extrait du livre : un aperçu des principales doctrines et pratiques religieuses relatives à la mort.

La présentation suit l’ordre chronologique d’apparition des religions. Qui croit quoi ? Quels rites ?

L’hindouisme a beaucoup changé depuis l’époque védique (2000 ans av. J.C.) jusqu’à nos jours.

L’idée générale est que les êtres sont condamnés à se réincarner indéfiniment tant qu’ils n’auront pas trouvé leur propre libération. Le cosmos et les êtres sont composés des mêmes éléments. La mort ne détruit pas l’individu qui reprendra le moment venu un autre corps. Dans l’hindouisme, la notion de Karma ne correspond pas à l’âme des Occidentaux, elle ne comporte en particulier pas la dimension d’une identité au sens où nous l’entendons. La vie terrestre est comprise comme une prison. La mort n’a pas le caractère ultime qu’elle a en Occident. Si l’Homme n’a pas découvert l’absolu divin pendant son existence, une autre chance lui sera donnée pour y parvenir.

Généralement, les corps sont brûlés en plein air, au bord d’un cours d’eau. La cérémonie se déroule selon un rituel strict

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où ne participe que la famille proche. Le mort est enveloppé dans un suaire blanc s’il s’agit d’un homme, rouge si c’est une femme. Le bûcher doit être en bois, pur de tout autre combustible. Le fils du mort met une pièce de monnaie dans la bouche du mort, brise le crâne du défunt avec un marteau pour éviter l’explosion de la tête au feu. Si la mort a été causée par une maladie contagieuse ou un empoisonnement, le cadavre est directement descendu dans l’eau. La crémation achevée, les restes sont rassemblés, tamisés et déposés dans une urne en terre. L’urne à bout pointu est enterrée dans un cimetière. Une simple stèle rappelle le lieu de la crémation. Dans certaines provinces de l’Inde, les corps sont inhumés sans crémation, ailleurs ils sont exposés en plein air jusqu’à ce que les oiseaux de proie aient dévoré les chairs. Une tradition, disparue au XXe siècle grâce à l’opposition des autorités indiennes religieuses et civiles, imposait aux veuves de se sacrifier sur le bûcher de leur époux. Cette tradition vient de la mythologie hindoue.

Le bouddhisme est lui aussi multiforme. Né dans l’hindouisme, au VIe siècle avant Jésus-Christ, il s’en distingue radicalement sur de nombreux points. En particulier au sujet de la doctrine de la réincarnation. Dans le bouddhisme, il n’y a pas d’âme personnelle et permanente puisqu’il n’y a pas d’âme du tout. Ce qui se réincarne, c’est un principe de vie, un principe impersonnel qui n’assure certainement pas la continuité de l’être. Aujourd’hui, la pensée bouddhique répandue en Occident est fortement teintée de doctrine réincarnationiste.

Les religions traditionnelles de l’Afrique Dans les religions traditionnelles de l’Afrique, vivre c’est avant tout exister dans une continuité généalogique qui remonte aux premiers ancêtres et qui se poursuit dans les générations à venir. Tous les morts survivent dans la mémoire des vivants. On peut leur parler. Il n’y a pas de rupture radicale entre la mort et la vie. La vie tout entière est faite de changements. La conception, la grossesse, l’enfance, la puberté, la maturité, la mort sont tous des passages difficiles d’un état à un autre qu’il faut ritualiser en société pour les franchir le mieux possible.

Lorsque la mort est survenue, le défunt a encore besoin des vivants pour accéder à un nouveau statut social supérieur. Le rôle d’un mort est d’aider les vivants. Un rituel complexe se met en place pour le dissuader de devenir un ennemi des vivants. Il faut empêcher le mort de revenir comme un démon. En même temps, il faut que les vivants soient irréprochables. Les rites qui entourent la mort ont alors comme fonction de montrer l’innocence du groupe dans la mort qui est arrivée. Il faut également chasser tous les germes de mort qui peuvent exister dans la société : on règle les affaires en suspens, on se réconcilie.

Enfin, il faut préparer le mort à son nouveau statut dans la famille. Les soins apportés à la toilette et aux funérailles ont comme fonction de bien montrer que désormais le mort est un être exceptionnel : il est devenu un ancêtre. Il est donc très important de l’enterrer dans la terre des ancêtres, souvent en position fœtale.

Quand tout s’est passé correctement, le défunt aide les vivants à vivre. Il protège, conseille et est le garant de la continuité de la vie. Longtemps après sa mort, il a une véritable utilité sociale.

Dans le cas de mort suspecte ou prématurée ou dans le cas de la mort de personnes socialement marginales, un rituel contraire se met en place. Le cadavre est l’objet d’agression et de mépris pour empêcher sa renaissance comme ancêtre.

Le judaïsme a lui aussi évolué. On trouve dans la Bible des passages qui parlent d’une conception bipartite de l’Homme : corps et âme. On trouve aussi d’autres passages qui envisagent une conception tripartite : corps, âme et esprit. Néanmoins, le judaïsme, en général, ignore la distinction entre l’âme et le corps. Un corps est une âme vivante. Un corps mort est une âme morte. La mort n’est pas un« passage », c’est un état définitif.

Le judaïsme prévoit un rituel funèbre élaboré. La mort est considérée comme impure. Ce rituel consiste en soins apportés au cadavre : toilette, ensevelissement. L’embaumement n’est jamais pratiqué. Le deuil est traditionnellement assez démonstratif : jeûnes, lamentations. Il dure onze mois. Une prière pour le repos des défunts est prononcée une fois par an.

Il y a dans le judaïsme un rejet viscéral de toute sacralisation de la mort. Les rites n’ont pas de valeur religieuse. C’est ce que signifiait en particulier dans le judaïsme sacerdotal l’interdiction pour les prêtres de toucher un cadavre. Toute consultation des morts, dans le but de connaître l’avenir, est proscrite.La Bible ne fait jamais de l’au-delà un sujet d’enseignement et de connaissance. Ce qui compte c’est la vie d’ici-bas. C’est au second et au premier siècle avant notre ère que l’idée de résurrection est née dans certaines tendances du judaïsme, d’abord pour les martyrs de la foi, puis de façon plus démocratisée pour tous. Dans la Bible comme dans la foi juive, être mort, c’est être loin de Dieu même en bonne santé. Être vivant, c’est être près de Dieu, même menacé dans son intégrité physique et mentale.

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La cabale juive, courant mystique très ancien, développe un corps de doctrine souvent très original par rapport au judaïsme classique. En particulier à propos de la mort. L’idée de réincarnation est admise. Elle semble intervenir comme une réponse compensatoire à l’injustice qui frappe alors un peuple persécuté cruellement.

L’Islam connaît des pratiques très variables selon les pays et les cultures où il est implanté.

Pourtant, d’une manière assez générale, la mort y est très intégrée à la vie sociale. Des manifestations publiques très démonstratives accompagnent le deuil. Les soins apportés au corps du défunt sont très importants. C’est un grand honneur de faire la toilette du mort. Celle-ci accomplie, le corps est enveloppé dans un linceul sans couture et orienté vers la Mecque sur le côté droit. Au moment de l’inhumation, un cortège se forme avec des cris et des pleurs. En se dirigeant vers la tombe, on récite le Coran. Ce sont des amis qui portent le cadavre. C’est un honneur et une œuvre pieuse. Parfois le tombeau est très décoré, parfois une simple stèle le surmonte, d’autres fois, rien ne signale la tombe.

Dans son tombeau, le mort est interrogé par des anges sur sa foi et sur ses œuvres. Selon ses réponses, il sera destiné à l’enfer ou récompensé par le paradis. La sentence prononcée, le défunt retombe dans le sommeil de la mort en attendant la résurrection finale qui coïncidera avec la fin du monde et le retour de Jésus. C’est à ce moment-là que les impies iront en enfer et les justes au paradis, lieu de joie parfaite et éternelle. Le deuil dure un an. Les tombes sont visitées le vendredi après-midi, le jour de la prière.

Edition : Société des Ecoles du Dimanche, Paris 1995 Crédit Point KT

Les familles aux cent visages

Évolutions familiales, crises et nouvelles chances. La famille est la première nommée dans les structures sociales et dans le cœur des gens. Elle est un refuge, le lieu d’expression de l’amour, le lien entre les générations. Aujourd’hui, la remise en cause de la famille traditionnelle a-t-elle bouleversé le fondement de cette institution vieille comme l’humanité ?

Le propos populaire constate, pour le regretter bien des fois, que « la famille n’est plus ce qu’elle était ». Et si nous regardons autour de nous, nous nous rendons bien compte que le paysage conjugal et familial est devenu très composite. Y coexistent en effet des célibataires de tous âges, des couples mariés ou concubins, des personnes divorcées ou parfois veuves, vivant seules ou avec enfants, ou bien remariées et formant des familles complexes, dites recomposées, et même des couples homosexuels qui revendiquent de vivre « comme tout le monde ».

Si (presque) tout cela a toujours existé, on est aujourd’hui frappé par la fréquence et la quasi « normalité » de ces situations de vie : le modèle dominant et normatif que constituaient le mariage et la famille traditionnelle durant des siècles n’est plus reconnu comme allant de soi. Que s’est-il passé ?

Depuis 1970, tous les chiffres statistiques décrivant la vie conjugale et familiale se sont emballés. On assiste à la fois à une

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baisse constante du nombre de mariages, à un taux élevé de divorces et à une augmentation du nombre d’unions libres. Il en résulte une conjugalité fragilisée et, paradoxalement, une parentalité valorisée. La fête du mariage n’a plus le même sens qu’auparavant : le mariage ne fonde plus le couple, ni la famille, ni ne cadre la sexualité. Il pose publiquement un acte civil, exprime un désir de durer dans une relation choisie et donne l’occasion de faire une belle et romantique fête avec familles et amis.

Il faut ajouter que l’allongement de l’espérance de vie des individus, et donc potentiellement de la vie commune d’un couple, fait apparaître des problèmes d’un nouveau type qui sont autant de défis, non seulement aux individus et à la société, mais également aux Églises. Ce défi se pose autour de la question qui travaille les jeunes adultes : « Comment vivre et durer en couple pour un demi-siècle ? ! » et celle qui travaille les anciens : « Comment développer la solidarité entre les générations et maintenir une cohésion familiale ? »

Du divorce ou des ruptures de concubinage, il découle deux conséquences : une augmentation du nombre des familles dites monoparentales où les enfants vivent avec un seul de leurs parents, et une augmentation des familles appelées recomposées qui se constituent souvent suite au divorce, après une période plus ou moins longue de situation monoparentale.

Les familles recomposées sont les structures familiales les plus complexes et les plus difficiles à vivre, que ce soit pour les enfants ou pour les parents à cause de la complexité des places à tenir. D’ailleurs la difficulté de nommer les liens en est un signe… Entre père, papa, copain de maman, demi-frère, quasi-sœur ou même « faux-frère », il faut (ré) inventer les cours de généalogie !

Ces bouleversements dans la vie conjugale, familiale et sociale sont considérables, et ont imposé au gouvernement de mettre en route une réforme importante du droit de la famille : autorité parentale, filiation, transmission du nom, accouchement sous X et, le dernier en date, la réforme du divorce.

La nouveauté essentielle de cette réforme est qu’elle donne une place centrale à l’enfant : on tient désormais compte du fait que c’est l’enfant, c’est-à-dire le plus faible car le plus dépendant, qui pâtit le plus des déstructurations familiales : il s’agit donc de le protéger au mieux, notamment en essayant de conserver en aussi bon état que possible le lien de l’enfant avec chacun de ses parents séparés.

Rappelons que la famille classique reposait sur le triangle père-mère-enfant, basé sur un mariage déclaré indissoluble par l’Église. Aujourd’hui nous avons sûrement un besoin urgent de réfléchir à la question de la conjugalité et de sa signification renouvelée. Le lien du couple n’étant plus une nécessité sociale, il peut s’inscrire dans le registre de l’alliance choisie. Il peut être un acte libre émanant d’une confiance qui construit une fidélité active nourrie d’une Parole vivante.

Aujourd’hui, cette foi et cette figure géométrique du « triangle familial » se sont brouillées avec la fragilisation des unions et la multiplication des séparations et des recompositions. On ne peut plus ignorer que ces bouleversements ont des effets problématiques sur les adultes et sur les enfants :

– Sur les adultes par des blessures affectives, de l’insécurisation et de l’agressivité, de l’appauvrissement matériel, des problèmes de santé (dépressions, somatisations…)

– Sur les enfants, par la mise à mal de leur équilibre et leur besoin de grandir auprès d’un père et d’une mère qui s’aiment, qui s’engagent dans la durée et qui prennent soin de leurs besoins de présence, de repère, de sécurité matérielle et affective.

C’est pourquoi les familles recomposées sont à la fois riches et compliquées et leur « réussite » est un défi pour tous les membres concernés.

En effet, dans ces familles toutes les relations sont à inventer et il est nécessaire que les questions soient ouvertement posées et discutées : l’autorité de chaque parent, la place de chacun, les fêtes de famille, les grands-parents des deux côtés, les animaux domestiques, les habitudes alimentaires, la nomination des liens entre les différents membres (qui est qui pour qui ?) .

La famille recomposée oblige à mettre de la parole là où il y avait de l’évidence dans une famille initiale : c’est à la fois sa grande exigence et sa grande richesse. C’est là qu’il faut gérer le « t’as rien à me dire, t’es pas mon père ! »

Enfin, la question que beaucoup de chrétiens se posent : la Bible peut-elle nous aider dans cette réflexion ? Je crois que nous pouvons nous appuyer au moins sur deux convictions :

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– La première est que la Bible ne nous donne pas de recettes pour une famille idéale, mais qu’elle pose un socle à toute famille en Genèse 2, 24 : L’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Séparation claire des générations, attachement et engagement mutuel pour un avenir commun constituent le fondement du couple et de la famille.

– La seconde c’est que la Bible nous parle d’amour, d’engagement, de pardon, de confiance, de partage et de solidarité, de fidélité renouvelée, d’espérance.

Voilà sûrement des ingrédients vitaux dans un menu familial, quelle que soit sa composition.

Une tasse ébréchée

« Une famille recomposée, confie Alice, divorcée puis remariée avec un veuf, c’est un peu comme un tasse ébréchée à laquelle on tient beaucoup et dont on a recollé patiemment les morceaux. Il faut la manipuler avec précaution… » Alice et Marc forment aujourd’hui une famille de quatre enfants. Les deux enfants d’Alice voient encore régulièrement leur père et leurs grands-parents paternels. La fille unique de Marc est très attachée à ses grands-parents maternels. Et Benjamin, le petit dernier, l’enfant qu’ils ont eu tous les deux, a été « adopté » par tous avec plus ou moins de facilité. « Nous avons mis du temps à trouver notre rythme et notre équilibre. Il a fallu composer avec la jalousie naissante de mes enfants quand Benjamin est né. Comme nous restons en contact avec quatre familles et donc, avec huit grands-parents, nous avons dû expliquer que nous ne pouvions pas assister à toutes les fêtes de famille, par exemple. Qu’il était important que nous ayons des temps à nous. Heureusement, après quelques mois et quelques frustrations, ils ont compris. »

Ce qu’Alice et Marc attendent de leurs parents, de leurs beaux-parents et de leur famille élargie (frères et sœurs, oncles et tantes, etc.) ? « De l’affection, de la disponibilité, de la discrétion, mais surtout pas trop de conseils, sauf quand nous les demandons expressément. Mais il faut qu’ils sachent que nous tenons beaucoup à eux. »

Repères en France

● En 2002, 120 000 divorces pour 286 000 mariages.

● Moyenne nationale des divorces en France : 40 %

● En 2003, sur 30 millions de personnes vivant en couple, près de 5 millions vivaient en union libre.

● Jusqu’à l’âge de 27 ans en moyenne, les couples vivant en union libre sont plus nombreux que les couples mariés.

● La proportion des enfants nés hors mariage atteint les 40 % des naissances, voire 55 % pour les enfants premiers nés. 95

% d’entre eux sont reconnus par leur père.

● 95 % des couples mariés ont cohabité avant leur mariage.

● L’âge moyen des gens qui se marient (pour la première fois) est de 28 ans pour les femmes et de 30 ans pour les hommes.

● 32 % des couples ont un ou plusieurs enfants quand ils se marient.

● 20 % des mariés et 16 % des mariées sont des divorcés.

● Près de 2 millions de familles sont monoparentales : 2 millions d’enfants mineurs vivent avec un seul de leurs parents, la mère dans 85 % des cas.

● Environ 700 000 familles recomposées élèvent plus de 1,5 million d’enfants mineurs.

● 100 000 PACS ont été conclu depuis sa création en novembre 1999.

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