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Un revenant de 1802

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Un revenant de 1802.

Naturalisé valaisan p a r la Diète de fin octobre à Sion (Grenat, page 573), Raymond de Verninac-Saint-Maur fait une réapparition grâce à sa parenté avec un plus grand que lui.

C'est dans un travail de M. André Joubin (Revue des Deux-Mondes, Paris, 15 avril) sur des « Lettres inédites d'Eugène Delacroix », qu'on entre- voit au second plan celui qui fut en 1801 et 1802 ministre plénipotentiaire de la République française à Berne, comme époux d'Henriette Delacroix, sœur aînée du grand peintre français.

« Petit hobereau du Quercy, il nageait avec habileté dans les eaux de la Révolution », dit l'auteur. Né en 1762 à Gourdon (Lot), il est en mission spéciale dans le Comtat d'Avignon en 1791, puis ministre de France à Stockholm de 1793 à 1794, ambassadeur de 1795 à 1796 à Constantinople où il eut du succès, ensuite préfet du Rhône en 1800-1801. Il avait été question pour lui d'épouser la propre fille de Beaumarchais, mais il trouva plus avantageux en 1797 de devenir le gendre de son chef, Charles Delacroix, alors ministre des relations extérieures sous le Directoire. Ce Delacroix avait été secrétaire de Turgot, le malchanceux ministre des finances de Louis X V I et mis à la retraite en 1779, mais n'en fit pas moins une éton- nante carrière sous la Révolution : député de la Marne à la Convention en 1792, il y vota la mort du roi, fut ensuite ministre à la Haye, membre de la commission d'aliénation des biens nationaux. Aux Relations extérieures il fit bien place à Tallyrand, mais sans que sa carrière fût terminée, ni celle de Verninac qui, grâce à son succès en Turquie se vit confier le poste de Berne en septembre 1801.

Le rôle de Verninac dans les affaires du Valais entre Bonaparte et Tur- reau n'est pas à rappeler ici, mais le cas du Fricktal, dont Verninac eut aussi à s'occuper, peut être effleuré. La réunion de ce petit territoire autri- chien à l'Helvétie était discutée depuis quelques années et les gens ne man- quaient pas à l'entour du gâteau, les gros bonnets y allaient gaîment aux frais du petit pays. E n t r e autres, on décida de récompenser l'activité de Verninac par un cadeau d'argenterie d'une valeur de 48.000 livres françaises et un banquier Cateau de Paris fut chargé d'y pourvoir. E n réalité, le mi- nistre toucha d'abord la moitié de la valeur en espèces, mais lorsqu'il y eut changement de décor dans les coulisses du Fricktal, on éplucha les comptes et finalement Cateau et Verninac eurent à s'expliquer entre eux pour la seconde moitié. D'où procès que le banquier perdit en première instance et en appel, à Paris en 1807 et 1808.

Le général Ney (maréchal en 1804) ayant remplacé Verninac en Helvétie, en octobre 1802, celui-ci ne reparaît plus guère comme diplomate. Son beau- pere fut encore préfet à Marseille sous le Consulat en 1800, puis à Bordeaux

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où il mourut en 1805 e t Verninac tomba dans le néant. Il eut à débrouiller le chaos de la succession du défunt qui n'avait pas occupé tant de postes éle- vés sans en tirer quelque chose. De maigre fortune avant la Révolution, il en laissa une assez belle à ses héritiers : terres dans la Beauce et l'Oise, maisons à P a r i s et environs, provenant des biens nationaux, d'une valeur totale d'environ 800.000 francs, soit aujourd'hui environ 8 millions. Mais cette fortune périclita, grâce à un fondé de pouvoirs du père D., marchand de biens sans scrupules, et les héritiers se trouvèrent gros créanciers de cet individu qui finit à Ste-Pélagie ; c'était pour eux la ruine.

Après l'Empire, en 1815, V. chercha bien à se remettre en selle dans le monde officiel, mais sans y parvenir. Harcelé par ses créanciers, il mourut subitement en 1822, lorsque son jeune beau-frère Eugène (1799-1863) per- çait enfin glorieusement avec son tableau « La barque du Dante ». Henriette avait dû se placer comme gouvernante et m o u r u t en 1827, le jour même où Victor H u g o invitait le peintre à la lecture de son drame Cromwell. Il existe d'elle un gracieux buste, cheveux bouclés, nez à la Roxelane, du statuaire Chinard, auteur de ceux de Madame Recamier, de Joséphine et autres. Le couple Verninac eut un fils Charles qui entra dans les consulats et mourut à New-York en 1834, tandis qu'un cousin homonyme du naturalisé valai- san fit une belle carrière dans la marine de guerre sous Louis-Philippe.

Z. Schoch.

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