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Monument international de la Réformation à Genève

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(1)

l ' .,

(2)

M ONUMENT INTERNATIONAL DE

LA RÉFORMATION A GENÈVE

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(4)

TABLE D ES MATIÈRES

Table des illustration s . Introduction.

Ir e

PARTIE. -

Historiqu e du Monum ent.

L' id ée d'un monum ent.

Asso cia tio n du monum ent Emplacement du monument.

Concours artistique int e rna t io nal Le projet adopté et ses auteurs .

Personn ages représentés dan s le monument

IIme

PARTIE. -

Ceremonie du [ubil é de Cal vin.

Séance solennelle du 6 juillet Ig Oj . Pose de la première pierre du monument.

Conclusion .

IIIme

PARTIE. -

Comites de l'Association .

l'ages

4 5

7

10

' 7

25 31 39

(5)

TABLE DES 1LLUSTRATIONS

Pages Groupe central: les quatre Réformateurs 39et 41 Joh n Knox prêc ha n t dansla cathédralede Saint-Giles . 43

Statue de Gas pa rd de Co lig ny , 44

» Guillaume leTaciturne . 45

Portrait d'Olivier Cromwell 46et 58

Les Pères Pèler ins 47

Portraitd'Etienn e Bocskay , 48

» de Frédéric-Guillaumede Brandebourg 49 Les Réfug iés fra nç ais accueillis par leGra nd Electeu r, 50

Co llège de Cal vin . 51

Eglise de Saint-Gervais , 53

Entrée de l'églisede Saint-G erva is, 55

Cathédralede Saint-Pi erre . 57

Le MaJ:f.olver . 60

La Révo cati on de l'Ed it de Na n tes 62

Les Protestants aux galères . 64

Restes de l'enceinte burgonde, près de la maison de

Calvin 66

Intérieur de la cathédrale de Saint-Pierre 67

Le Mont-Blanc, vu deFerney , 69

Lac de Genè ve 71

Armoiries de Berne 72

Hôtel de Ville: la TourBaudet 73

Pose de la première pierre du monument 79

Premi ère pierre du monument. 81

Monumentde Jean-Jacques Rou ss eau 83

Monum ent deMic he lServet 85

Genevoi s du XVIesièc le 87

Armoirie sd' Ec os se . 92

5 6 7 8 9

II 10

12

13

2(

23 24 25

Pages 1

26 27 29 30 30 bis 31 et 33 35 36 et 37 38

»

»

»

»

Médail lede Calvin

Vue de Genève au XVIesiècle

Portrait deM, Au g us te Cha n t re, pro fesseu r

» M. EugèneChoisy. past eu r . Armoiriesde Genève

Statue de David,aux Bas tio ns,et bâtimentsuniver sitaires Portraitde M, Cha rles Bo rgeaud , professe u r

» M. Luci en Gautier, présidentdu Comi té .

» M . , Weiss, secr étaire de la Sociét é de l'Histoire du Protestantismefrança is.

E. Doumergu e, doyen de la Faculté lib re de théo log ie de Montauba n. 14 Entrée dela Promenad edes Bastions 17 Prome nad edesBastions: Emplacement du monument 19

Lesbast ion s du XVIe siècle. 20

Promenadedes Bastions , étatact uel . Plan desquatreenceintes fort ifiées de Genè ve Prom en ade des Bastio ns : l'Ora ng er ie Portrai t de Guill a u me Farel

» Jean Ca lvi n .

» John Knox .

Le Jury du Conco u rs in te rn ational Portraitde Théod o rede Bèze ,

Le projet adopté, vu de face (pla nc he horstexte)

» » vu de profil ,

Auteursdu monument: les Arc hi tectes ,

» » IesSculpteurs

Monogramme 1H~ et sole il

(6)

INTROD UCTION

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GEt'È\'E AU XYI' SIÈCLE

L'Album du Monuinent international dont la pre- m ière pierre a pu être posée àGenève ,en ju illet190 9,

pourle 400"anniversaire de la naissance de Calvin,

est destiné à renseignertous ceux que cette entreprise peut intéresser à u n ti trequel conqu e,et spécialement les personnesdu dehorsqu i désirent avoir à sonsujet des informations précises.

Les efforts faits pour se procurer les ressources nécessaires à l'érection de ce monument on t été couronnés de succès en ce qui concer ne Genève, où une somme de 20 0. 0 0 0

f

rancs environ a déjà été recueillie. L'importance de ce ch iff r e est sou-

lign éepar le

f

ait qu'il représente l'effor], non pas de toutela population actu elledu canton de Genève, mais d'uneminorité numériqu e,et quil a été atte in t au mom ent mêm e où lebudg et de l'antique Eglise de Calvin, séparée del'Etat. éta i t mis en t iè re me n t à la cha rge des fidè les. Cettesom me eût permis auComité dt!su bve n ir au

xf

rais d'u n monument localqui n'e û t déparéaucunedes places publiqu es de la cité, Le Com ité a est imé que sa tâche était plus haute et qu 'il luifaltait,étenda n t son appel à tous les pay s qui doivent quelqu e chose de leurgr a nde u r historiqu e à la Réf orm e calv in ie n ne, env isager l'ér ection d'un monument international. Les témoignages de sympa- thie et d'approbation qui lui son t pan /enu s tour à tour, non seulement des ca n to ns confédé rés, mais d'Allema gne ,deFrance , d'Angleterre, d'E cosse, de Hongrie,des Etats- Unis d'Am ériqu e,et que lui on t apportés ,pendantles mém orables jou r nées du Jubilé, les représentants les plus autorisés de ces diver s pays , on t éta bli aux yeux les plus scep tiq ues qu'il allaiteu raison, queson initiative éla rgie ,jus te me n t ambitieu se,rép ondait à un vœu génér a l desprot es- tants du mondeentier .

A l'appui de ce vœu, les com ités succ ess ive m en t for més au loin on t apportél'assuran cequ'ils s'éta ien t

- 5 -

(7)

misau travailpour réunir ,auprèsde leurs comp a- triotes ,la quete-partqu'unerègledejuste proportion permettait d'attendre de leurs pay s resp ectif s . L'Eglis e réf ormée de Hongrie, prenant généreuse- ment la tête de ce mouv em ent de soli darité protes.

tante,a ouvert, dans sesparoisses, une sousc r ip tion nationale qui lui a déjà permis d'ann oncer comm e cer taine une cont r ibutio n de 40.000 couronn es, et, à son ex emple, nos cor elig ionnaires de Bohême et de Moravie ont réuni une somme, également consi- dérable pour leursfaibles mo.rens .

Si les protest ants des autres pa)'s témoign ent

avec le même élan de leur intér êt pour l'œu vre qu'on peut désormais sans hésitation qualifier de commune, le succès définitif répondra aux espé- rances des promoteurs . Mais ceux-ci ont besoin , pour que letravail artistiqu e puisse êtr e continué, sans interruption , qu'une cer ti t ude leur soit donn ée dans le plus bref délai possible .

D'aprèslesdevis établis pourl'ex écutiondu projet couro nné par le Jury international, une som me de plus d'un demi-million est nécessaire , et il faut obser ver que lesfrais des concours ont absorb éen- viron letiersdes fondsréunis à Gen ève.

GEJ'\È\"E AU xx' SIÈCLE

(8)

Ire

PARTIE HISTORIQUE DU MONUMENT

L 'I DÉE D ' U N M ON U MEN T

11

'!"i'

_

Co 'IDÉEnève un monumentd'éle ver à Ge-

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de la Réformenedate

~ u- pas d'hier : déjà en 1835, à l'occasion du trois ième centenaire de la Réformation à Genève, et lors du trois cen tième anniversaire de la mort deCal- vin, en 1864, on avait songé à faire quelque chose qui rappel àt son souven ir, à fonder, sous so n nom, une institution ou, à défaut,à construire un bàtiment dans lequel on groupera it les livres, les sou venirs se rap por- tant à son œuvre et où l'on donnerait des conférences d'or- dre religieux et moral. Ainsi est néce qu'on a appelé un mo- ment le Calvinium,etqu is'ap- pelle aujo ur d'h ui la Salle de la R éforniation ,

L'idéeétait intéress a nte, Mais, il faut l'avouer, le but qu'elle se proposait , à savoir de rappeler

M.AUG USTE CHANTRE

Professeur d'histoire ecclésiastique à la Faculté de Théologie de Genève.

au peuplela personneetl'œuvre de Calvi n, n'a pas été com plè- tem ent attei nt, et aujourd' hu i, quand la foule se presse aux portes de la aile de la Réfor- mat io n , c'est, la plupart du tem ps , dan s un mou vem ent d'ent ho usiasm e très relevé sans doute, mais à la naissance du- quel Calvin et,d'une façon géné- ra le, la Réformesontabsolu ment étra ngers . Le Museehist or iqu e dela Reformation , qui s'abrite dans les comb lesdel'éd ifi ce,est lui-même peu connu, sinon des histo riens et des spécialistes.

C'est pou rq uoi, à l'approche ducentenairedeIgOg,on recom- men ça à parlerd'unmonument, etla première allusion publique qui y ait été faite récemmentcl Genève est, sauf erreu r, un ar- ticle du Progr ès religieux, en datedu 5 juillet '902.Cetart icle, dû à la plumeautorisée deM,le

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la haine non moins aveugle des autres, tels que nous les avons vus aux prises, il y a un demi- siècle, ont fait placeàune appré- ciation pl us juste, grâce aux tra- vaux des Amédée Roget, Henri Fazy , Charles Borgeaud, Eugène Choisy, Emile Doumergue, ct autres. La seconde conclusion est que Cal vin est sorti grandi des études des historiens mo- dernes, de la constatation des mérites de son génie et aussi des graves erreurs, des fautes, des injustices qui lui sont à bon droit imputées.

« Cal vi n n'a pas été le fonda- teur d'une secte, il a joué un rôle mondial; c'est sur sa doctrine et ses principes ecclésiastiquesque se sont fondées les Eglises de Genève, de France, des Pays- Bas, d'Ecosse, des Ltats-Unis, et,par réAexe,l'action de Cal vin s'est fait fortement sentir sur le développement économique et cette discussion, nous tirons une double conclusion.

La première, c'est que l'apaisement s'est fait autour de cet homme, qui a marqué si fortement son em- preinte sur nous et sur tant d'autres: l'engouement aveugle des uns,

M. EUGÎ:NF. CHO I SY

Pasteur

D'en théologie, Présidentde la Société du Muséehistoriquede la Réformation. professeur Auguste Chantre, actuellement vice-pré-

sident du Comité de l'Association du Monument de la Réformation, offre, à cette heure où le problème est théoriquement résolu, un intérêt rétrospectif.

ont chacun

«Luther et Zwingli, écrivait l'auteur, des monuments de marbre ct

d'airain érigés par la reconnais- sance des ham mes et des peuples qui se réclament de leur nom, Calvin n'en a pas. Nous savons que ce spiritualiste a voulu que rien ne désignâtàl'attention des visiteurs de notre modeste ci mc- tière de PJainpalais l'emplace- ment de S1 sépulture; il a voulu être grand seulement par son esprit et par son œuvre. Mais les raisons qui lui ont dicté ses dernières volontés Ont perdu de leur valeur; elles ne nous lient plus, après plus de trois siècles, et nOLIs avons le droit de faire parler le marbre et l'airain en son honneur et en celui de la Réformation.

«Cal vin a été de nou veau dis- cuté, à Genève, l'hi ver dernier ( - ail usion à la con lérence de Brunetière sur l'œuvre de Cal- vin, en décembre 1901 - ) ; de

-~ -

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politiquede ces nati on s. N'est- il pas, en définitive, si J'on remonte aux origi nes, le fon da te u r de cette puis- sa n ce immense, qui s'apprêt eàjouer le pre m ier rôl e, et qui a nom les Etats- Uni sde l'Amérique du Nord ?

«Le ra yonnementde l'œu vreet del'es pritde Cal vin a été co ns id érable , bien plus éte n d u que cel ui de Zwingli et de Luther, malgré leur mérite de prem ier ord re, que nous ne son geo ns pas à contest er.»

L'id ée du monument était lancée. Reprise pa r des historiens , par des professeurs et desartiste s , réun is

dès '904 en un comi té d'ét udes, puis d'initia tive, elle prit cor ps, se précisa etdonna finalement naissance, le 25 juin 1906, à Genève, à l'A ssociat iondu Mo- nument international de la Réform ation,qui a pour bu t«l'érection d'u nmo n u m ent public élevéàl'œuvre de Calvin, envisagée au la rge point de vue de l'h is- toire ». par lequel la mém oire de Calvi n et de ses collaborateu rs, l'i n fluen ce exercée sur le mon d emo- derne parla Ré form e calvinien ne seron t rappelées d'unemani èr edura bl e etpopula ire.

Ec ussox DE GE NÈVE

(11)

AssocrA~rIO N D U MONUMENT

CONSTIT UTION DES DIVERS COMITÉS EN SUISSE ET A L'ÉTR ANGER

STATUEOE DA V IO AUX BAS TI O N S ET BA T I~IE N TS UNIVE RSIT A IRES

...~__~-=-~,~ ENÈ VE, on le sait, n'est pas seule à avo ir

moissonné là où les Réformateurs on t

~'''~>!&I.M semé. D'autres villes,degra n ds Etat srelè- ve nt plus ou moins directement de la Réforma tion de Calvin et ont contracté envers elle une dette de reconnaissance. Il y a les Etats-Uni s

d'Amérique, la Grande-Bre tagne, la France pro tes- tante,une partiede l'Allemagne, la Hollande,la Hon - grie, un peu de la Belgiq ue et de la Bohême. Fallait-il leur laisser le soin et l'honneur d'entreprendre et d'organiser cette commémoration? C'e ùt été humi- liantpour Genève. Et les autresnationsréforméesl'ont si bien senti,que, bien qu'ayant son gé elles-mêmes qu'il y avait quelque chose à faire, elles n'ontpa s vo u l u en ôter le pri vilège à Genève etont trouvétout naturel, plutôt que de la prévenir, de la suivre dans cettevoie et de répondreàso n invitation .

C'est ainsi qu'en avril Ig07, une assemblée a été tenueà New-Yo r k pour assurer la participation des Etats-Un is àl'œu vregenevoise;un comité dinitiati ve a été formé, à la tête duquel le premier magistrat de lagra n d e répu bliq ue, 1\1.Roosevelt, a acceptéde figu- rer comme président d'honneur. Nous relevo n s le passage sui vant dans le pre mier appel du Comité d'initiativeaméricain: «Ce mou vem e nt ,tel que l'ont conçu et esquissé ses promoteurs genevois, doit être non pas purement th éologiq u e ou local, ma is inter- nationa let d'une portéegé n éra le; le monument pro- jeté doit commémorer d'une manière durable 1 in- fluence,considéréedu large pointde vue de l'histoi re, qu'ont eue sur le monde moderne le gra nd réforma-

- 10 -

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Belgiqu e ne leur perm ettent pas une partic ipa tion d'ensemble, de petits gro upements protestants ont apport éde vivessym pathies et de fermesconvicti on s ,

Professeurà l'Univ e rs ité de Genève.

Auteur del'Acadé m ie de Calvi n, 1\'1.CH ARLES BO HGE AUD

·r:

*

Ig06, après deux ans d'études et de tra- vaux préliminaires, qui -lui ont permi sdemesurerlesdiffi cultés deJ'entrepri se ct,dan sla mesure du possibl e, d'en assurer éven- tuellement le succès, le Comité d'initiativ eadressaitàla popula- tion genevo ise l'Appel su ivant :

«En 19o9.1emond eprotestant célébrera lequatri èm e centc na ire de Calv in.En plusieurspays,de ceux qui sont au prem ier ran g par lacultu re, des u x ontété formul és , des résoluti on s ont été votées. des mesu res ont été prises à cet cfle t . Not re cité ne sa ura it se désintéresser de cette com mém or ati on . Elle doit y pren dre la part que son nom , son glorieuxpassélui assign ent.

La famille genev oise s'y sentira doublement portée par le fait que cette date sera aussi celle du 350ean n iversaire de la fondation de l'Acad émie et du Collège.

En juin teur et ses collaborateurs. Partout où est allé le Cal-

vinisrne, il a porté avec lui les semences de la loi et de la liberté, et l'Angleterre, l'Ecosse, la Hollande , l'Allemagne et la France se joindront àla Suisse pour célébrer cet anniversaire. Aucune nation ne saurait participer avec plus de sérieux et de reconnaissanc e àlacornmémoration de l'œuvre

de Calvin, que le peuple améri- cain, dont il fut à un si haut degré l'inspirateur et le guide en religion et en politique».

Deux comitésinfluents ont été créés dans le Royaurne- Uni,l'un en Angleterre,l'autre en Ecosse.

La Sociétéde l'Histoire du pro- testantisme français a affecté au monument de Genève le pro- duit de sa collecte annuelle dans les églises; un comité général français s'est consti tué,cornptant une quarantaine de membres appartenantàtoutes les nuances de J'opinion. En Allemagne, le Hugenotten- Verein et le Refor- mierter Bun d ont donné leur concours. Le Convent général de l'Eglise réformée hongroise a entrepris une collecte nationale.

Et si les circonstances spéciales où se trouvent la Hollande et la

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M.le profes se u rLU CI ENGAUTIER

Pré s id en tdu Comi té du

Monu m e nt inte rnational de la Réformation.

«Quelqu escitoyen s se sont dem an dé com men t la citéde Calvin pourra satisfaireàcette échéa nce,qui n'est plus élo ig héc,comment elle répondraàce qu'on attend d'elle à cette occas ion. Après avoir mûrement examiné la quest ion sou s ses divers aspects, ils sont arrivés à cette conclusion quelagra nde date de 1909 ne saurait être mieux marquée ,

à Genève, que p2r l'érection d'un monument public élevéà l'œuvrede Calvin etpar lequel la mém oir e des Réform ateurs et lïnt1uencequïls ont exercée sur le monde moderne seraient rap pelées d'une manière dura- bleet populaire.

« Toutes les personnes dis- poséesàadhérer il uneassocia- tion en vue d'ass u rer la réali- sation dece projet sontinvitées àse réunir le lundi25juin,à 4/z.

1 /2 ,

à IAula de l'Univer- sité,»

Cet ..4ppel était suivi de 231 signatures, représentant tou s lespartis politiques , toutes les opinions philosophiques et re- ligieuses,touteslesprofession s, presque toutes les classes so- ciales.

Et le lundi 25 juin 1906, à

4 h 1/2, dans l'Aul a de l' niversitéde Genève, en présence d'une nombreuse assemblée, M. le profes- seur Lucien Gautier,président du Comitédinitiati ve, déclarait ouverte la séa nce constitutive de l'Associa- tion du Monument internationalde la Réf or mation, et pron onçaitune allocuti on très écoutée, fort applau- die,dans laquelle il disait,entre autres choses , à propos de la meilleure manièred'honorerla mém oire des Réformateurs du

XVIesiècle :

« On a suggéré différente s méthodes, On a parlé d'une fondation, d'u n édifice, d'une bibliothèque, de beaucoup d'autreschosesencore. Mais il nou sa sem blé que la façon la plus claire,la plus parlante, la pl us générale de célébrer cette mémoire, c'était d'ériger un monument. En effet, un mo nument parle un langage que chacun peut comprendre , mê- me celui qui n'est pas initié, qui n'estqu'un nouveau venu.

Il nous a paru qu'en voyant un monument élevé par la gén é- ration présente à la mémoire d'une génération si lointaine, même des nouveaux ven us,

- 12-

(14)

M.N. WEI SS

Prot-esta nti sme Fran ça is.

Secr ét airede la Société de l'Hist oiredu

chacune à une catég orie diff érente, plus ou mo in s nombreuse , plus ou moins exte ns ible, mai s touj ours catégorie d'intére ssés. Les unes se rai e nt pour ceu x qui travaill ent de leur cer vea u, les au tres pou rceu x qui tra vaillent de leurs main s ;cell e-ci sera itàl'u sage de ceux qui habitent tel quartier; celle-là n'intéres- sera it que les Genevoi s, cl. l'exclusion des étrangers ; l'une est trop intellectuelle ,l'autre ne l'est pasassez.

«Ce n'est pas à ceu x-c i ouil ceux-l à , c'es t il tou squ'on ve u t ra ppel er le souv e n ir évoq ué par 1909.Seul un monumentpublic peut le faire... - Pouratteindre ce but,disait le rapport que j'ai présenté,en 1905,ùuneréunion prép aratoire , il faut faire appel à l'interventi on de l'arti st e,dont l'œu vre s'ad ress e à la fo is aux yeu x du sav a nt et de l'ignorant , et qui fra ppe, d'une impressi on inst antanée , celui qui pa sse commecelui qui demeure. Voilà pourquoi nous nous som m es ar rêtés àl'idéed'un monument.

Ce monument doit être public au se ns le pluscompl et du mot, c'est-à-dire accessibleàchacun , saisissable et saisissant pour tous. --

«De ce que la Réforme calvi- même des non initiés comprendraient que, si nou s

avons faitceteffort etdresséce mémorial,cela répo n- daitàun besoin intensede reconnaissance, que c'éta it un hommage, etun hommage mérité.»

Dans le ra p port qu'il présenta, après J'allocution de M. le pro fesseu r Gautier, au nom du Comité d'initiative, _M. le professeur Charles Borgeaud, par- lant, lui aussi, de la solution «monument », exami- nait en ces termes celles qu'on

pouvait lui opposer:

« Pourquoi s'arrêter àun mo- nument?Une fondationuniver- sitaire ou d'utilitépublique, une publication grandiose,et, si l'on tien t à construire, une biblio- thèque, un musée historique de la Réformation, une maison du peuple, un temple ou un asile, ne seraient-ils pas plus con for- mes aux vues de nos Réfo r m a- teurs eux-mêmes, plus dignes de J'effort qu'on veut faire, plus susceptib les enfi n d'é voq u er le grand souvenir qu'o n désirera p- peler ?

«Chacune de ces diverses so- lutions a été envisagée, chacune a eu ses pa rtisans. i\ucune n'a prévalu, parce que les créatio ns qu'elles supposent s'adressent

-13-

(15)

nienne a dû briser des ima- ges dont le culte grossier éga- rait les consciences,défigurait le christianisme,on a conclu qu'elle avait proscrit l'art du peintre et l'art du statuaire.

De ce que le protestantisme huguenot a déclaré la guerre au luxe inutile et consacré) pendant plus d'unsiècle,tou- tes ses ressources à la lutte gigantesq ue qu'il a dû soute- nir contre toutes les puissan- ces de ce monde,vivant, pour ainsi dire, en un perpétuel état de siège,on a conclu qu'il était hostile aux arts de la paix. Ses adversaires ont su propager cette thèse, aujour- d'hui réfutée, qui, aux yeux de beaucoup, devait le mettre hors la loi de la civilisation ...

«Calvin s'e st défendu for- mellement du reproche qu'on pouvait lui faire de proscrire l'i mage, pour elle-même,lors- qu'il a fait cette déclaration, que M. le professeur Dou- mergue a rappelée: - Je ne suis pas tant scrupuleux de

M. EMIL EDOUMERGUE, Profes s eur.

Doyen de la Facu lté libre dethéo lo g ieprot est a nte deMontauban ,

Au te u r de

Jean Calvi n,leshommes et les cho ses desontemps.

-14 -

juger qu'on ne doive endu- rer,ni souffrir, telles images.

Mais, d'autant que l'art de peindre et de tailler sont dons de Dieu, je requiers que l'usage en soit garanti pur et légitime. -

«QuantàThéodore de Bèze, il était si peu ennemi de l'art, qu'il est l'auteur de la pre- mière galerie de portraitsdes hommes de la Réforme que nous possédions, que c'est à lui que nous devons d'avoir conservé l'imagede ses con- temporains et que, si un monument des réformateurs peut encore être fait de nos jours avec quelque chance de vérité iconographique: c'està la peine qu'il a prise que nous en sommes redevables.

« Bèze, qui avait orné son cabinet de travail des portraits de ses maîtres et de ses amis, en dédiant ses Icones de 1580 au roi d'Ecosse , Jacques VI, a soin de lui dire, dans sa préfaceàcet album d'images vraies, «verœ imagines »,

(16)

que, si quelqu'un lui fait un repr oche d'avoir voulu lessa uv er de l'oubli , parceque l'adversaire s'en fera une arm e pour rétorqu er l'accu sati on d'idol âtrie, il répondra que ni la peinture . ni la grav ure, ni les autres arts de cette sorte n'ont rien par eux-mê mes de répréhensible, qu'au contra ire leur utilité est grande, multiple, Ce n'est point l'art, mais l'abu s auquel il a donn é lieu dans les temples, que les réformateurs ont entendu bannir. Et Bèze ajo ute :

« Quant à moi , jepu is affirmer que ce n'est pas seu- lement en lisant les livres de tels hommes,ma is en considéra nt leurs visages, que je me sens ému et portéàde saintes méditations. C'est com m esi je me trouvais en leur présenc e et si je les entend aisme parler eux-mêmes,m'instru ire et m'exh orter. »

.:~

Maissi un monument est la meilleure« manière » d'h onorerleshommesde la Réformecal vin ienn e, ily a encor emanièreet manière de conce voir un monu- ment. On peut l'asseoir , pourainsi dire, sur une base plusou moins large,qui en assure plusou moin s la durée, et on peut lui donner une signification, une portéeplus ou moins générale,qui atteigne plu s ou moins de consciences et de sympathies. Les homm es de la Réforme , pris individ uelleme nt, peu ven t être inégalem ent sym path iq ues aux hom mes d'aujour- d'hui , et leurs opinions particulièrespeuventne s'ac- corder point avec lesnôtres. Il y aeu les hommes, et il y a eu l'œuvre .Celle-ciet ceu x-là sont disc utab les

assuréme nt; ma is si l'on veut tomber d'accord il leur suje t.il faut les tran sporter, les uns et les autres, ou plutô t les laisser, sur leter ra in neutre de l'histoire, et non pas mêm e de l'h isto ire subjective, à la mode de jadis, de cette histo ire qui, sœur de l'éloquence et dela poésie, se passionnait pou r ou contre son objet etse pro posa ittoutau mon de, sauf la véri té, - ma is de l'histo ire scicnti fique, dési ntércsséc, im person- nelle en ce qu'elle ne fait nulle acception de per- sonnes, en ce que , pour les mieux voir et les mieux comprend re, elle laisse leshomm es sur la scène où ils on t agi, et les événe me nts da ns le milieu où ils se sont passés .

Ce n'éta ient donc point les person nes des Réfor- mat eur sàqui il s'agissai t d'élever un monument, qui eùtété pér issable commeces personnes mêm es ; mais c'éta it leur œuv re, tou jo ur s vi vante, éternelle sans doute, du moin s plus dura ble que nous. C'estce que ma rq ua it bien, déjà, l' Appel de 1906, C'estce que disait 1. le conseiller national Gustave Ador , dans unelett re adresséeàM. le professeur Lucien Gautie r:

«C'est à la Réform e, c'est au protestantis me plus qu'à Calvin seul qu'il fautélever unmonum ent. Si la chose abo utit,com me je l'espère, ce n'est pas sur quel- que place excentriq ue, mais en plein Genève,ouverte- men tetàla vue detou s, qu'ilfautéleverce mon ument.

Ren don s un tém oign age lar ge, non exclusif, mais courageu x et ferme.»

« On a parfaitem ent com pris, ajo utait M. Henr i Fazy, président du Conseil d'Etat de Genève. dans

- 15-

(17)

le discours qu'il a prononcé à la séance const itu- tivede l'A ssociati on , que l'œuvre de la Réforme, et l'œuvre, notamment, de la Réforme calviniste, avait un caractère plus général , qui permettait à tou s ceux qui, de près ou de loin , se rattachent à ce mouvement de ve n ir prendre part à la cérémonie d'aujourd'hui... On peut aussi l'envisager au point de vue moral. A ce pointde vue, je tiens à le décla- rer, la Réforme a été le plus grand mou vementd'é- mancipat ion spir itu elle et mor ale qui se soit jamais produit dans le monde. Ne fû t-ce qu'à ce titre, tous ceux qui sont pro fond ément attachés à l'affranchi sse- ment spirituel et moral des consc iences pourraient sa n s réserve donn er leur adhési on au mou vement que vous entre prenez aujourd'hui. Mais ce n'e st pas tout. La Réforme a eu des con séquencesinca1cul ables au point de vue politique , au point de vue soc ia l.

Elle a été avant tout un mouvement libérateur, un mouvementqui a éma nci pé les population s du des- poti sme espagn ol. Si la Réforme ne s'éta it pas ma- nifestée au seizième siècle , l'Europe entière aurait succo m bé sous le joug de Charles-Quint et de Phi- lippe II. C'est pour cela que, nous pouvons le dire sans aucune réser ve, la Réformea sauvé la liberté en Europe. »

Michelet n'a-t-il pas écrit, dans le chapitre de son Histoire de France intitulé L'Europe sauvée par Genève:

« Contre l'immense et ténébreux filet où l'Europe tombait par l'abandon de la France, il ne fallait pas moins que ce séminaire héroïque. A tout peuple en péril, Sparte pour armée en voya it un Spartiate Il en fut ainsi de Genève . A l'Angleterre, elle donna Pierre Martyr, Knox à l'Ecosse , Marnix aux Pays-Bas; trois hommes et trois révolutions.»

Sur quoi, M. le professeur Borgeaud remarquait déjà dans son rapport de 1905 : « A ces disciples immédiats du réformateur de Genève , Michelet, s'il eùt voulu reculer les limites de son évocation historique. eût pu ajouter Coligny, Guillaume le Taciturne, Olivier Cromwell, les hommes d'épée , les hommes d'Etat qui ont préparé ou assuré à l'Europele triomphe des libertés modernes sur l'ab- solutisme des temps passés, et, au delà de J'Atlan- tiq ue, les«Pères pèlerins»,fondatcursde la démocratie américaine. Tous sont les fils de Calvin, et leurœuvre d émancipation, - quiconque veut se donner la peine de remonter à ses origines sans parti pris, eten histo- rien vra i m en t impartial, doit le reconnaître , - leur œuv re a eu Genève pour berceau, »

(18)

t NTR Ér. OF. LA PRNI ENA DE DES BAST IO NS

EMPLACEMENT D U MON UM ENT

Il . . '..

7... ... E Monument de la Réformati on décidé,

,' '''' c. il fallait savoir oùle mettre.

\ ~J I~

f l; · Le 21 novembre 1906 , le Comité choi -

~. - sissa it, à cet effet. l'Esplanade de la Pro- menade des Bastions,en face de la rue de Candolle.

: Ce choix rencontradans l'opi n ion et dan sla presse

genevoises u ne vive oppos itio n. Dison stout de suite qu' ilne con st itua it , d'ailleurs, qu'un pis-all er , et que le Comité avait d'ab ord choisi l'em placem ent de l'ancien Jardin bot anique ,au pied de la mur a ille de la Treille et en face de l' Uni ver sité , celui-là mêm e où,en fin de compte,le monument doit être étab li.

- li -

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Mai s alors les autorités municipales navaient pas approuvé cette solution, et le Comité avait dù se replier sur l'Esplanade, Et maintenant, c'était la presse et l'opinion qui n'en voulaient pas,

Le Conseil administratif de la Ville de Genève ayant donc présenté au Co nseil municipal un projet d'arrêté accordant à l'Association l'emplacement dit

« Esplanade des Bastion s», cette proposition fut ren- voyée à l'examen d'une Commission, Et, q uoiq ue celle-ci s'y Iùt montrée favorable, le Conse ilmunici- pal, dans sa séa nce du 22 riovernbre 'gOï, la repoussa,parce qu'il estimait que l'Esplanade ne mettrait pasle Mon u ment assez en évidence, Alors le Comité de se replier sur le Jardin botanique.. .

Sur une nouvelle démarche dans ce sens, leCou- seil administratif soumit au Conseil municipal un nouveau projetd'arrêté ,qui fut adopté, le 6 décembre, dans les termes su iva nts :

Le Conseil municipal,

Sur la proposition du Conseil administratif,

ARRlo:n~ :

ARTICLE PRE:'llER, - L'emplacement de l'ancien Jardin botanique, situe entre l'alignement futur de la rue de la Cr oix - Ro ug e et l'avenue centrale de la Promenade des Bastions, est mis cl la dispo- sition du Comité général du Monument de la Reformation, pour .'- eriger un monument.

ART. 2. - Le plan de situation, ainsi que le projet définitif du monument et de l'aménagement

de ses abords, seront SOUIll/S à l'approbation du Con seil municipal.

Enfin, pour rassurer ceux qUI pouvaient craindre que le monument ne fût pJS en harmonie avec la Promenade des Bastions et que celle ci nefùt atteinte dans son double caractère pittoresque et historique, on eut soin d'insérer dans le programme du concours la phrase suivante :

«La concession d'unepromenadefrequentee, par- ticulièrement chère au public, impose l'obligation d'en respectercl la lois le site pittoresque et le cachet historique. Le monument,dont les di[jërentes par- ties pourront être soit groupées, soit distribuées sur tout le terrain disponible,devra être conçu de

f

açon

àformer un tout harmonique avec la promenade»

:1: :1:

Il se peut que, aux yeux des étrangers, il y ait à Genève de plus belles promenades que la Promenade des Bastions ; il n'yen a pas, aux yeux des Genevois, de plus genevoise. Au Jardin anglais (pro m e nade du Lac),au parc de Mon-Repos,au parc des Eaux-Vi ves, promenades cosmopol ites, ad usum externoruin, le Genevois est un peu chez les autres ; aux Bastions, il se sent chez lui. Partout ailleurs. le cadre est hétéro clite ; aux Bastions, il est essentiellement familier et national. De là-bas, on voit le Jura, les Voirons, le Môle, le Mont-Blanc,qui sont montagnes extérieures, et françaises ou savoisiennes, avec, en perspecti ve fuyante, le canton de Vaud; d'ici, on ne voit que

- 11)-

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L..- PROMt'NAOE Ob.S BASTIONS: EMPLACE.\IE:-OT DU MO ;';L'.\IDi T. - A:-O C1E N.I A R[) I :-O 1l0 TA N1l.1U t' ET Ü.lANGERlE

maisons, pierres et arbres de Genève, et l'arne gene- voise s'y concentre à son aise, sans que sa songerie se puisse distraire sur des objets étrangers. Là-haut, c'est la Treille et ses marronniers, les maisons cossues des familles patriciennes, et la Tour Baudet,

et l'Hôtel de Ville, et les cloch ers de Saint-Pi erre , qu'on ne distingue point , mais dont on ente nd la voix solennelle ; en bas, c'est le Mur des Réforma- teurs, le Calabri , le palai s Eynard , l' niver sité, le petit David de Chaponnière, la place Neuve et le

- I~I-

(21)

LES IlASTIONS DU xvr'"SIÈCLE. - LE MVR DE LA CO U RT I N EEX I ST E ENCORE ET SER\'IRA D'APPUI AU .\\ O NUM ENT

gestepacificate ur du général Dufo ur. En vérité, il n'y a rien de plus expressivement genevois.

NIais, dira-t-on,qu'est-ceque ce mur des Réforma- teurs?

Au cours des siècles, Genève a eu quatre ceintures ou enceintes. La plus ancienne est l'enceinte bur- gonde, édifiée au Vie siècle, par Gondebaud, et dont quelques vestiges sont encore aujourd'hui très appa -

rent s. Puis, auXIVesiècle, l'agr an d issem ent dela ville, les guer res fréq uen tesdontsesenvironsétaient le théâ- tre et les déprédations incessantes des tro u pes étran - gères obligèrent les Genevoisàélever de nouvelles for- tifications, qui devaient être flanquées de vingt-deux to u rs. Ces fortifications n'éta ien t pas composées de murailles partou t ini n te rrompues;là où ilyavaitrue ou ran gée de ma iso n s, on se borna à bâtir des tou rs

- :.!()-

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PROMENADE DES BASTIONS . - LACOURTI NE SOUS LA TREI L L Eta t actu e l)

pour les protéger. Ainsi fut construite 1'«enceinte des Evêques » ou «de Guillaume de Marcossey»,du nom d'un des évêques de Genève, qui en avait fait édifier la plus grande partie.

En septe m b re 1534.les grands faubourgs de Saint- Léger, de Saint-Victor, de la Corraterie (o u Plain-

palais) ,et de Rive - qui abritaient le tiers de la po- pulatien gene voise - étant devenu s dan ger public, parce qu'ils étaient ouverts de toutesparts et offraient un accès facile aux surprisesde l'ennemi ,le Conseil résolut de les raser et de tran sp orter en ville leurs six mille habitants. C'estalorsqu'on comm en ça d'édifier

- 21 -

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la tro is ièm e enceinte dont Genève fut ento u rée, dite

« des Boul e va rd s du seiziè me siècle », ou «dela Ré- form ati on », ou «des Ré form at eurs». C'étai e nt de longu es murailles oucou rt ines, coupées par des bas- tion s ou boulevard s. La gra n d e courtine: ou gran d parapet, allait du Rhône jusqu 'au pied des Crê ts Baudet , du côté dela Tertasse, et enfe r m ai t la Cor ra- terie. Al'extrémité de ce long mur, on con struisit le bastiondel'Oie (la Place Neuve act ue lle) . A l'endroit où cette cou rti ne incl in a it vers Saint-Léger , on bâtit le petit bastion Mirond,qui sup porte enco re aujou r- d'hui la ma ison du Cal abri , et, plus loin , le bast ion deSaint-Lég er ,dont la face su r le ja rd in du pala is Eyn ard existe to u jou rs .

n fra;:;me nt de cette longue mura ille ,qui allait du Rhôn e à Sa int-L éger , forme act uelle m e n t le mur de srutènernent de la ruede la Cro ix-Ro ug e, du côt éde la promen ade des Basti on s. C'es t le « m ur des Ré- formateurs», auquel sera adossé leMonument inter- national de la Ré form at ion. Elle fut, au XVIe siècl e, garnie de tourelles de pierre, et précédée de pro fond s fossés rempli s d'eau .

Enfin,au XVII Csiècle, l'Escal ade ayant montré que les fortificati ons de Genève n'étaient point parfaites . on en entreprit de nouvelles. Quatre nouve aux bastions furent constru its, en avant des anciens , entre le Rhône et Saint-Léger. Le premier fut dit bastion de Hollande, en reconnaissance du don de cent mille livre s tourno is qu'a vaient fait à Genève les Etats-Généraux. Le deuxième fut

appelé bastion souverain, parce quïl avait été payé par une sousc r ipt io n des citoyens de Genève.

Le troisième,dénommé bastion d' Yvoi,occupaitrem- placement de la promenade des Bastions où se dresse le chef-d'œuvre de Chapon n ière. Le quatrième, au- devant du petit boulevard Mi rond et d'une partie de celui de Saint-Léger, fut appelé bastion bourg eoi s , en l'honneurdes bourgeoisqui yavaient travaillé.

Et c'est pourq uoi la promenade actuelle, comprise entre la muraille des Réformateurs et l'enceinte bas- tionnéedu XVII Csiècle, porte le nom de « Bastions». D'après ce qui précède , on comprend qu'elle soit la promenade genevoise par excellence , et qu'elle ait un caractère, une couleur, une save u r, un relief, une éloquence, une « âm e » que les autres prome- nades genevoises n'ont point et jamai s n'auront.

Mais , toute ge n ev o ise qu'elle est déjà , et depuis si longtemps, la Promenade des Bastions le sera bien davantage encore ,quand elleaura reçu le Monument de la Réformation.Et partoutailleurs, ce monument, si genevois, lui aussi, quoique interna tional, eùt paru l'être moins, parce que nulle part il n'eût été encadré d'une ambiance si genevoise. Là, il Y aura accord parfait entre le tableau et le cadre, entre le poème et l'illustrati on. Si les Réformateurs pou vaient revenir de l'au-delà, ils seraient réjouis en leurs âmes fortes ,en leurs cœurs ardents, et ils jugeraient que nous , leurs petits-fils, tout modernes' que nous sommes , avons bien compris, conservé et interprété leur pensée.

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, BASTIONS

PRO,\t E N A DE DES (XVI' siècle)

GEKJ.:VE ET LA Réformateurs

Enceintesdes, (XVII' siècl e).

III

~

Dernièrecnc cm tc "

IV. _

(25)

De nos jours, l'emplacement des ancien nes forti- fications est devenu une pro menade publique, et la partie adosséeil la muraille de l'époque des Réfor- mateursaservi de jardin botanique . n gracieux édi- fice, servant d'o rangerie, et un jet d'eau, constituent

un motif de fond quele mo n u ment obligera àdépla- cer, ma is qui sera sans do ute conservéaille urs, en souvenir de l'Ecole scientifique genevoise du début du XIXC siècle, et plus particulière men t de son chef, le célèb rebotaniste De Ca ndolle,

PRO.\IE/;ADE DES BASTI ONS, - ORA NG ERI E ADOSS ÉE AU,\\UR DES HÉFOR,\I A TEliRS

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CONCO URS ARTISTIQ UE INTERNATIONAL

' 1

GV ILLEL M vs FARELL vs.

GUILLAUME FAREL

Portrait tiré des Icones de Bèze.

N Concours internotional ïu i ou vert par l'As-

"" sociation du Mon unient de la Réforniation.

Un programme historique et artistique très

!:7\" précis définissait d'abord le caractère général

du monument, «élevé moins il un homme quà une idée ... et dont la valeur commémorative sera demandée àl'histoire, c'est-à -dire àla représentation de figures et de faits précis, concrets, aussi expressive que possible dc la réalité», monument «populaire... compréhensible pour tous,et dontl'explication puisse être rattachée aux données que l'instruct ion générale tournit dans l'éc ole publique.»

En conséquence ,comme l'allégorie , vu Ic caractère de l'œuvre, peut donner lieu àdes interprétations erronées, elle n'aura dans cc monument «que peu ou pas de place», et «Tévocation des figures historiques y sera l'essentiel. »

Ces figures seront celles de Calvin, de Farel, de Kn ox et de Bèze. disposée s de telle sorte que celle du premier soit mise en évidence. On y ajoutera celles « des grands hommes qui, dans l'Etat, ont été les chefs ou les protec- teurs déclarés du calvinisme: Coligny, Guillaume le Taciturne, Olivier Cromwell, un ou deux des fondateurs des coloniesde la Nouvelle-Angleterre,Frédéric-Guillaume de Brandebourg, le Grand Electeur.» Ces dernières statues, destinées à rep rése n te r l'inlluence politique et sociale de la réforme calvinienne. seront disposées dans l'espace prévu, de telle façon que chacune, gardant une

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JEAN CALVIN

D'après le portrait de Rotterdam.

importance propre, constitue un hommage particulier rendu à la mémoire du grand homme d'Etat dont elle rappelle les traits.

Les artistes devront rappeler « le fait capital de la

diffusion de la Bible, traduite en langue vulgaire, par les lettrés, interprétée par les ministres de la Pa ro le, et mise à la portée du peuple, instruit par l'Ecole publique. »

S'ils désirent introduire dans leur œuvre une série de bas-reliefs, les artistes devront en choisir les sujets dans l'histoire des x\"le et XVIIe siècles:

Prédication de la R éforme à Genève devant le peuple;

Prédicationde Knox en Ecosse devant la Cour de Marie Stuart:

Départ ou arrivée à la côte américaine du May- flower portant les premiers colons de la Nouvelle- Angleterre:

Présentation à Guillaume d'Orange et à Marie, proclamés roi et reine d'A ngleterre par le Parle- ment, de la Déclaration des droits de 1689;

Accueil des victimes de la révocation de l'Edit de Nantes, dans les Etats de Frédéric-Guillaume de Brandebourg.

«Ainsi - ajoute le programme - sera réalisé le désir très général et très justifié J'un monument impersonnel. Le groupement n'évoquera le souvenir des individus que dominé par celui de l'idée. Et plus ce groupement sera comprehensif et représentatif,au sens anglais de cemot, plus il contribuera il la com- mémorati on de l'œuvre, »

Donc , - et enfin, - le monumentdoit être inter- national. Il doit « faire une place importante,autour ouàcôtédes réformateurs, au sou ve n ir des hommes

- :lt ) -

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d'Etat. des hommesd'é pée, qui ont ete,au prèset au loin, les grands pionniers de leur pen sée, rappeler le plu s clairemen t possible ce fait capital de l'histoire modern e: la com m u na uté d'aspirati ons , l'unité du développem ent social et pol itiqu e des peu ples qui ont subi l'influence de la Réfo rm e calv inie n ne.

[1 aura ainsi, et ainsi seulem ent, toutesa port ée.»

Le Jury, chargé d'examiner les pro jets présent és au Con- coursinternational ,était composéde MM.

A. BA ~THOLOMÉ , sculpteur ,àPar is ;

CH.GIRAULT,architecte, membrede l'Institut,àParis;

le professeurTUAILLOr-; ,sculpteur,àBerlin;

leprofesseur BRUNO SCHMITZ , architecte, à Berli n ;

Sir GEORGEJ. FRAMPTON ,R.A.,sculpteur, associé honorai re du «Royal lnstitute of British Architects», ÙLond res ;

le professeur GULL , de l'Ecole polytechnique fédérale, il Zurich ;

ALFJ{~D CARTIE R, administrateur des Mus ée s de la Ville de Genève;

HORACEDESAUSS UR E,peintre,représentant de la Fédératio n des Sociétés artistiques de Genève ;

le président de l'Associatioll du Monument de la Ré/ or.

mation,à Genève.

Réuni,les 2, 3 et 4 octobre 1908, dans la gran de salle du Bàtimentélecto ra l, sous laprésid en cedeM. le professeur Gull, de Zurich,le Jurya con staté qu' il avait été présen té au con- cours 71 projets. àpropos desqu els il faut rappeler quecette première étape dans la réalisati on de J'œ uvr e entrepriseconsis - tait en un concours d'idées , pour lequel les artis tes avaient

--~7 -

JOHN KNOX

d'après lasta t u e de Pittendrigh MacGilli vrav R.S,A.

dans la Ca t h édra le de S'-Gi les, üEdimbourg .

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à fournir des maquettesàpetite échelle et des plan s d'ensemble. Seraient choisis le ou les projets qui mériteraient d'être ét ud iés et poussés plus avant en vue de l'exécution définitive .

Les projets présentés au Concours pouv ai ent se diviser en trois gro u pes principau x : monum ents massifs élevés sur un point du jardin , monum ents répartis et composés dans 1'ensern ble de la prome- nade,monuments adossés et reliés au mur des Réfor- mateurs.

A l'unanimité et en principe,le Jury a été d'a vis que l'utilisati on monumentale du mur éta it la solu- tion préférableàtoute autre.

Le J urya accordé le premier prix de 10.000 fra ncs au projet portant ladevise: LeMur, deMM. Monod , Laverrière, Taillens et Dubois, architectes à Lau- sanne,et Reym ond , sculpteur à Pari s. Le.1ury du concours a con staté, dans son Rapport, que, de son avisunanime, ce projet «offre la meilleure solutio n quant au caractère de dignité et de sévérité que doit présenter le monument,quant à sa disposit ion su r l'emplacement donné et quant à la répartition de la sculpture.D'autre part, leJury ne reconnaît pasdans les maquettes de ce projet des qualités de sculpture suffisantes, qualités qui se rencontrent à un degré très supérieur dans d'autres projet s.» Le .1 ury n'a donc couronné les auteurs du projet que parce qu'il lui donne satisfaction entière uniquement au point de vue architectural, et parce qu'il s'agissa it «d 'un concours d'idéeset (j'esquisses ». Le Jury dit que le

pro jetreçoit sa récompense « en raison de sa concep- tion générale ».

Avant de connaître le pron oncé du Jury,M, Paul Seipp el , professeur à l'Ecole polytechnique fédérale, rendantcompte,dansleJournal de Genève, de l'ex- position des pro jets , plans et maquettes,organisée au Bât iment électoral , s'exprimait le premier en ces termescaractéri stiquesau sujet du dit projet:

« La mêmequalité(expression simple et claire de l'idée essentiell e du programm e) se trouve,dans le nv 52 (devise : Le A/ur). avec pl us de puissance, d'or iginalité et de styl e; un style énergique,austère, sobre, très mo numental en même temps, Iaisant son - ger .par la con stru ction carrée,par la sym étrie des ligne s perpendicul a ire s,au«parallélisme» hodlérien , avecun accent rude qui est bien l'écho de la voix dont retentirent les voûtes de Saint-Pierre. Rigides, alig nés, dressés contre le mur, les Réformateurs regardentdroit devanteux,prêts,semble-t-il, à mar- cher à la conqu ête du monde avec une assurance calme. C'est bien une foi inflexible qui érige ces sta- turesd'une si redoutable certitude. On s'écarte invo- lonta irem ent pourles laisserpasser... D'autres projets plus brilla n ts peuvent sédu ire da vantage au premier aspect. Celui-ci retient lauenti on , parce qu'il dit ce qu'il faut dire et com meil faut le dire. Il répond à la doubl e cond ition de bien exprimer l' idéeetde s'ha rmo- niser avec le cadre. On le voit en place. II ne détonne en rien , il parle le même lar-gage que les vieilles

- ~H -

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LE JCHY INTERNATl O;\l A L Dl' CONCOURS OUV E R T PAil L'AsS OCI A 1 IO;>; DU Mu ;>; u .'.n:w r DE LA Rf:FJHMATIO N

Au premier /'..1Ils , degaucheà droite: 1. .\1.Gull. Zurich, - 2. ,\1.L.Gautier ,Genève. - 3.M. Barth ol om é,Paris.- 4.M. Frampron ,Londres. tiu deu xièmeranu ,de gauche à droite: 1 • .\1. l'uaillon,Berlin,- 2. M.Gi ra.ilt, Paris.- 3. M. de Sa uss u r e, Genè ve, - 4. M. B. Schmit z ,Berlin,

Aufond: M.A. Ca rt ier,Geni've.

29 -

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THÉO DORE DE BÈn

pierres qui doi vent l'en cadrer. San s doute , il peut êtreamélior é , étudiéde plus près dan s le dét a il.San s doute aussi il faudrait savoir si le scu lpte u r qui indiquesi bien ses intention s est capable de les réali- ser. Nous ne vou lo ns en rien pré jug er le ve rd ict du jury international ,qui n'e st pas rendu au mom ent où nous écrivons ces lignes. »

Deson côt é, M. Philippe Monnier , écr iva it ce qui suit:

«Ce qu' il y a de très intéressantdan sle monum ent de MM. Monod et La verri ère, c'est que ce n'est pas un monument. Au fond ,rien n'e st plus ennuyeux, rien n'est plus faux encore qu'un

monument.

« Il y ava it là un mur, un vieux mur, datant de l'ép oquehéroïquede la Genèvedu XVIesiècl e . Ce mur, on l'avaitdommagé. On l'av a it masqué d'une orangerie qui, sa n s être vi- laine en elle-même, en détrui sait la ligne. On y ava it adossé des serres.

On y avait pla n té des buisson s. M.

Laver rière le rétablit.

« Dégagé et nettoyé, il le rest itue à son état primitif; il le rend à sa signification originale; il le réintègre dans son rôle.Aujourd'hui ,ainsique jadis, sa grande ligne simple, unie, tranquille,va servir de base, comme de socle et de piédestal ,auxsup er bes

ma sse s de la Treille, couronnées d'arbres et de mai- sons. Voilàqui est infiniment original.

« Ce qui ne l'est pas moins,c'estque M. Laverrière, ayant dégagé l'importance de ce mur dans ce coinde paysage urbain, se garde bien de le couvrir entière- ment. Il ne porte pas attei nte à sa nature. 11 en con- serve, si je peux m'exprimer de la sorte, l'esprit.Au lieu de l'accabler et de l'affubler d'ornements , il en respecte la substance;il Ylaisse autant de vide qu'il convient pour qu'il continue à montrer son élément et à exprimer sa fonction. Seulement, de temps à autre, très sobrement,avec une réserve infinie, il le décore,l'inscrit,le sculpte; il l'illus- tre. 11 y tai Ile des figures en relief.

Il y dispose des cartouches épigra- phiques. Et au milieu, devant, il y dresse les quatre réformateurs, côte à côte, debout. Les quatre réforma- teurs sont au pied du rempart,qu'ils gardent, face à face, front à l'en- nemi. »

On peut ainsis'ass u rer que le Mo- nument de la Réformation, en par- faite harmonieavecl'idée historique qu'il doit symboliseret avec le cadre pittoresque qui doit l'entourer, sera une grande et belle chose, « un des plus beauxmonuments du monde», comme l'a dit un des membres du .1ury.

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MON UJVIENT INTERNATIONAL DE LA RÉFORMATIO:

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1. - Proj et de .1\'\M. M01'\ O D, L\VERI~ I ÈIŒ , T AIL L E NS et DUBO IS.

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LE PROJET ADOPTÉ

ET SES AUTE URS

~Ii~~.~~.<& ENÈVE, forteresse de la Réforme calvinienne, au

~(~Ir ~.~~~' XVIe ct au XVIIe siècles, telle est l'idée que doit

§1

0' ;;) ~~ I~ symboliser l'œuvre de Messieurs Monod. Laver-

\:'I! ~~) ., ~ . . '

,-~.)~ nere, 1 aillens et DubOIS.

Dressé contre les murailles authentiques de la cité du

XVIe siècle, incorporé à cc qui reste de sa physion omie, le Monument de la Réformation dira le lien séculaire qui, depuis Cal vi n, rattache Genève au monde protestant. Sur le rempart symbolique court , en lettres monumentales à l'antique, l'inscription: Post Tenebr as Lux. Cette devise, la devise de Genève, détermine le caractère que la sculpture devra don ner au groupe central des Réformateurs . A gauche etàdroite, les dates, également genevoi se s, de 1536ct de 1602, avec ces inscriptions significatives: « Le 21 mai 1536, le peuple de Genève assemblé en conseil général a ratifié les édits de réformation et décrété l'instruction publique obli- gaioire,» - «Le 12 décembre 1602, le peup le de Genève a repo ussé victorie usement l'escalade du Duc de Savoie el mainten u son indépenda nce politiqu e et religieuse,»

Au centre, les statues de Calv in et de ses collaborateurs, rep rése n tés dans leur force, la petite Bible du peuple à la main, évoquent le souvenir de leur activité collective, du rayonnement de leu r influence, àl'époque où ils ont agi de concert. Cette époq ue est précisée par la date de 1559et les légendes qui l'expliquent. C'est l'année où Farel, précurseur

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de Calvin à Genève, pasteur à Neuchâtel , chargé d'une mission auprès des princes allemands,organise l'Eglise réformée de Nassau -Saarbruck; où Knox, pasteur, àGenève, de la première congrégation puri- taine, rappelé en Ecosse, prêche la Réforme à Edim- bourg; où Calvin provoque la réunion du premier Synode général, à Paris, et fonde son Académie, dont Bè;e devient le premier recteur. qualité qui le désignera bientôt pour porter la parole. au nom des protestants, devant le roi de France, au colloque de Poissy.

Sur le socle qui relie les statues accolées des Réfor- mateurs, le monogramme de Jésus, IH~, ct le soleil de la Réforme, tel qu'on le trouve dans les armesde la République de Genève, de son Eglise et de son Ecole, et, plus tard, dans celles des UIliversit és d'Utrecht et d'Oxford.

Les bas-reliefs,situés immédiatementàgauche et à droite du motif central, seront consacrésàrappeler les premières prédications de Farel, Froment et Viret, à Genève, et de Knox, à Edimbourg. Les armoiries, exécutées en mosaïque et en couleur, sur le dallage, sont celles de Genève au centre, de Berne devant Farel, et de l'Ecosse devant Knox.

A droite et à gauche, sur le fond du rempart,dis- posées en contreforts, les statues des grands hommes qui, dans l'Etat, ont protégé, propagé ou continué l'œuvre des Réformateurs. Ces statues, entourées de bas-reliefs coordonnés, constitueront à la fois un en- seignement populai re et un hommage person nel rend u

aux représentants des diverses nations qui ont subi lïnfluence du calvinisme.

Ces statues, nécessairement en nombre pair, sont disposées de telle sorte qu'on trouve d'un côté Coli- gn.'-, Guillaume le Taciturne et le Grand Electeur Frédéric-Guillaume de Brandebourg, de l'autre Roger

\Villiams. Olivier Cromwell et Etienne Bocskay, prince de Transvlvanie. La suite des bas-rel iefs et la série des inscriptions, sur lesquelles se détachent ces grandes figures du calvinisme, seront consacrées à l'histoire de leurs divers pays, France, Allemagne, Provinces-U nies, Colon ies américaines, Angleterre, Hongrie, dans sa relation avec l'histoire générale du monde protestant.

Le monument est relié à la promenade, dont il re- hausse le cachet historique,par un léger dénivellement et quelques gradins, qui permettent de donner plus de hauteur au motif central et àtoute la façade du mur de cent mètres de longueur,àlaquelle une pièce d'eau, exactement à la place de l'ancien fossé des fortifica- tions, sert de repoussoir et de protection.

Deux blocs de pierre taillée, servant d'appui et de raccord aux gradins, permettent dévoquer la mémoire des réformateurs du continent qui ont accompli leur œuvre en dehors du calvinisme :Luther, Zwingli, et de rappeler le souvenir des précurseurs de la Réforme:

Valdo, \Viclej, Jean Huss.

Les illustrations ci-jointes donnent du reste, mieux que nos descriptions , une idée du projet primé.

'1: '1:

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PHOJ Er DU MON U.IIENT I:" TERNATIO NAL IH: LA RÉt' ûRMATl O:"

d'après une aquarelle de J'l'lM.Mon od , Laverriere, Taillens et Duboi s.

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Voici quelques notes biograp hiq uessur les auteurs du projet pri mé, Messieurs Mon od, Laverrière, Taillens et Dubois, architectes,à Laus ann e.

M.EugèneMonod est néen 187 1,àM orges . lia étudié à l'Ec ole des Beaux-Art s de Genè ve, pu is à l'Ecole des Beaux-Artsde Paris(atelier Pascal).

M. Alphonse Laverriere, né en 1S72, à Caro uge (Genève), a fait les mêmes études que 1\'1. Mon od et dans les mêmesécoles. Il a été diplôm é en 190 1.

En 1903, il estdevenu associ éde la Société nat ion ale des Beaux-Arts de Paris, et, en 19°4, sociéta ire de cette même société.

M. Jean T'aillens est né à Lausann e,le 17septem- bre 1872. En 1901,ila obtenu lediplôme du Gouv er- nement fran çai set la médailled'ordu Sal on de Paris.

De 1902à 1906, ila pratiqu é au Cap et à Johanne s- bourg. En 1904, il a remportéle premier prixau con- cours de la Banque du Transvaal.

M. Charles Dubois est né à Lausanne,le 9 octob re 1874, Il a été diplômé ,en 1896, à l'Ecole d'architec- ture de Bienne. De (902à 1906, il a étéarchitec teaux Cheminsde fer fédéraux.

Ces quatre artistes ont déjà remporté de nombreux prix dans descon cours publics.

La décision du J ury prononcée,unequestion com- plexe et délicate restait à trancher,car, si le problème architectural était définitivernen t résolu, le problème sculptural restaitentier, et le Comité conservait pleine

libert épourle résoudrede la manièrequ'il jugerait la meilleure.

II décida de procéder, pour l'étude des maquettes défin iti ves. à des commandes direct es et de les adresse r aux trois sculpteurs (ou grou pes de sculp- teurs) que le jury lui avait spécialement désignés , MM. Landowskiet Bouchard, Horvaï, et de Niedcrhâ u- sern-Rod o. En outre , il prit en considérati on la demande expresseque luiavaient adresséeles archi- tectesdu pro jet primé, d'autori ser leur col laborate ur , M. Maurice Reym ond , sculpteur à Paris, à présenter , ainsi qu'i l s'était offert à le faire, à ses risques et péril s, une maquette du même genre que celles qui étaient demandées aux troi s sculpteurs sus no m més.

Lesinstruction s rédigées en vue de ces com m a nd es conten aient des ind ication s précises touchant le ca- ractère historique de chacun des réformateurs et les documents iconographiques à consulter pour l'étude du gro upe central.On doit y relever ce qui suit :

«Le caractère du groupe centra l - statues des quatre réformateurs- estdéterm iné par l'inscripti on monumentale sur laquelle il doit s'enlever et qui dominera tout l'cnsern ble de I'œu vre corn mérnora- tive : Post Tenebras Lux. Cette devise, qui est il la fois la devise et, pour les réformés, l'expression figu- réedu résu ltat de la Réform e, doit être perso n nifiée par lesquatre statu es. II en résulte que les hommes dont elles rappelleront les traits seront représentés non dans leur vieillesse, mais dans leur force, et à l'époqueoù ils ont agi simultanément et d'accord. »

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Jean TAILLENS Eugène MON OD AI phonse LAYERRIERE Ch a r les DUIlOIS LES AHCIIITEC TES. AUTEUR S IHI j\ \ONU,\I E N T

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