EPFL
Algèbre linéaire 1ère année 2009-2010
Corrigé de la série 19
Exercice 1. 1. Supposons qu’il existe v 6= 0 et λ ∈ F tels que T1v = λv. Puisque T1 est nilpotent, T1k = 0 pour un certain k ≥ 1. Donc 0 = T1kv = λkv. Il s’ensuit que λ = 0.
Donc0 est l’unique valeur propre possible de T1.
Déterminons maintenant s’il existe un vecteur propre pour cette valeur propre. Comme T1k = 0, T1 n’est pas inversible et il existe 0 6= w ∈ ker(T1). Ce vecteur est un vecteur propre de T1 pour la valeur propre 0.
2. On remarque que T22(w, z) =T2(z,0) = (0,0), donc T2 est nilpotent. D’après la question précédente,0est l’unique valeur propre deT2. Le vecteure1 = (1,0)est un vecteur propre deT2 pour la valeur propre0.
3. On a T3(w, z) = (−z, w) = λ(w, z) avec (w, z) 6= 0 et λ ∈ R si et seulement si −z = λw = λ2z, donc si et seulement si z = 0 ou λ2 = −1, λ ∈ R. Dans le premier cas, on a w=λz = 0, donc(w, z) = 0, ce qui n’est pas permis, et le deuxième cas n’est pas possible non plus carλ ∈R.T3 n’a donc pas de valeurs propres.
4. On a T4(w, z) = (−z, w) =λ(w, z) avec (w, z)6= 0, λ∈C, si et seulement si −z =λw= λ2z, donc si et seulement si z = 0 ou λ2 = −1. Dans le premier cas, on a w = λz = 0, donc (w, z) = 0, ce qui n’est pas permis.
Les valeurs propres sont donc iet −i. Pour la valeur i,
(T4−i·IdC2)(w, z) = (−z−iw, w−iz) = (0,0)
si et seulement si w=iz. Donc les vecteurs propres pour la valeur proprei sont ker(T4−i·IdC2) ={(iz, z)|z∈C}.
On montre de la même manière que les vecteurs propres pour la valeur propre −i sont ker(T4+i·IdC2) = {(w, iw)|w∈C}.
5. On a T5(w, z) = (5w+z,5z) =λ(w, z) avec(w, z)6= 0si et seulement si (5−λ)z = 0et (5−λ)w+z = 0. On a donc 0 = (5−λ)2w+ (5−λ)z = (5−λ)2w+ 0 = (5−λ)2w. Si w= 0, on obtientz = 0 par(5−λ)w+z = 0, et donc(w, z) = 0. Doncw6= 0etλ= 5,w est arbitraire etz = 0. La seule valeur propre deT5 est donc5, etV5 = ker(T5−5·IdC2) = {(w,0)|w∈C}.
6. Supposons qu’il existe λ ∈ F et (x1, . . . , xn) ∈ Fn non-nul, tels que T6(x1, . . . , xn) = λ(x1, . . . , xn). Alors pour touti,λxi =x1+· · ·+xn. Donc, pour touti6= 1,λ(x1−xi) = 0.
Siλ = 0, alors xn=−x1− · · · −xn−1. Donc 0∈Spec(T6), d’espace propre associé V0 ={(x1, . . . , xn−1,−x1− · · · −xn−1)|x1, . . . , xn−1 ∈F}.
Autrement, λ 6= 0, et donc xi = x1 pour tout i, et T6(x, . . . , x) = (nx, . . . , nx) = n(x, . . . , x). Donc forcément λ=n, et n est une autre valeur propre, avec
Vn={(x, . . . , x)|x∈F}.
Comme il n’y pas d’autre possibilité, Spec(T6) ={0, n}.
1
Exercice 2. 1. On aL(fk) =fk00. On calculefk0(x) = −ksin(kx)et doncfk00(x) =−k2cos(kx) =
−k2fk(x). On obtient donc L(fk) = −k2fk pour tout k ∈ N. La fonction fk est donc un vecteur propre deL pour la valeur propre λk =−k2, k ∈N.
2. On cherche λ∈F et06=a ∈FN tels que T(a) = λa, donc si a= (a0, a1, a2, . . .), tels que (a1, a2, . . .) = (λa0, λa1, . . .).
Cela implique automatiquement a1 =λa0, a2 =λa1 =λ2a0, et récursivement an=λna0. Chaque élément deFest donc une valeur propre deT, et on aVλ = span((1, λ, λ2, λ3, . . .)) pour toutλ ∈F.
Exercice 3. 1. D’après le cours, λ ∈ F est une valeur propre de TA ssi ker(A −λIn) = ker(TA −λIdFn) 6= {0}. Ceci est vrai si et seulement si la matrice A −λIn n’est pas inversible, donc ssi det(A−λIn) = 0.
2. D’après la question précédente, λ ∈Spec(TA) si et seulement si pA(λ) = 0, d’où l’égalité des deux ensembles.
3. On calcule tout d’abord pA etpB. On a
pA= det
4 0 0 0 3 0 0 0 −1
−
X 0 0
0 X 0
0 0 X
= det
4−X 0 0
0 3−X 0
0 0 −1−X
= (4−X)(3−X)(−1−X) =−(4−X)(3−X)(1 +X)
et
pB = det
5 0 1 1 1 0
−7 1 0
−
X 0 0
0 X 0
0 0 X
5−X 0 1
1 1−X 0
−7 1 −X
=−X(5−X)(1−X) + 1 + 0 + 7(1−X) + 0 + 0 =−X3+ 6X2−12X+ 8
=−(X−2)3.
On trouve donc Spec(TA) ={−1,3,4} etSpec(TB) = {2}.
D’après la définition de l’applicationTAassociée à la matrice A, on peut dire directement queTA(e1) = 4e1+ 0e2+ 0e3 = 4e1, TA(e2) = 3e2 etTA(e3) =−e3. On a doncspan(e1)⊆ V4, span(e2)⊆V3 etspan(e3)⊆ V−1. Comme d’après le cours,V4, V3, V−1 sont en somme directe et F3 = span(e1)⊕span(e2)⊕span(e3)⊆ V4⊕V3⊕V−1 ⊆ F3, on trouve égalité partout et donc span(e1) =V4,span(e2) =V3 et span(e3) = V−1.
Pour trouver les vecteurs propres de TB, on résoud le système TB(x, y, z) = 2(x, y, z), ou bien (TB−2 Id)(x, y, z) = 0. On a
3 0 1 0
1 −1 0 0
−7 1 −2 0
I1,2
→
1 −1 0 0
3 0 1 0
−7 1 −2 0
III3,1,7
III→2,1,−3
1 −1 0 0
0 3 1 0
0 −6 −2 0
III3,2,2
→
1 −1 0 0 0 3 1 0 0 0 0 0
.
On trouve donc 3y+z = 0 et x−y = 0, donc y = x et z = −3y = −3x. On a donc V2 = span((1,1,−3)).
2
Exercice 4. 1. Soit w ∈ L2(U), alors il existe u ∈ U tel que w = L2(u), et on a L1(w) = L1(L2(u)) =L1◦L2(u) =L2◦L1(u) =L2(L1(u)). Mais commeL1(u)∈U par hypothèse, on obtientL1(w)∈L2(U)et L2(U) est L1-invariant.
2. Soit λ une valeur propre de L1. Pour tout v ∈Vλ, on a L1(v) =λv. On doit montrer que L2(v) ∈ Vλ. On a L1(L2(v)) = L2(L1(v)) = L2(λv) = λL2(v), donc le vecteur L2(v) est bien un élément de Vλ.
3. Puisque L1◦L2 est nilpotent, il existe k ≥1 tel que (L1 ◦L2)k = 0. Alors 0 =L2◦(L1◦ L2)k◦L1 = (L2◦L1)k+1. Donc L2◦L1 est nilpotent.
(Preuve queL2◦(L1◦L2)k◦L1 = (L2◦L1)k+1par récurrence. Pourk = 1,L2◦(L1◦L2)◦L1 = (L2◦L1)◦(L2◦L1) = (L2◦L1)2. Supposons vrai pour k−1. AlorsL2◦(L1◦L2)k◦L1 = L2◦(L1◦L2)k−1◦(L1◦L2)◦L1 = (L2◦(L1◦L2)k−1◦L1)◦(L2◦L1) = (L2◦L1)k◦(L2◦L1) = (L2◦L1)k+1.)
Exercice 5. 1. On fait une preuve par récurrence sur m. Si m= 1, alors on a v =T0v 6= 0 etT v = 0. En particulier, (v)est linéairement indépendante.
Supposons maintenant que le résultat est vrai pour m, et soit v ∈ V tel que Tmv 6= 0 mais Tm+1v = 0. On pose w = T v. Donc Tm−1w = Tmv 6= 0 mais Tmw = Tm+1v = 0.
Par l’hypothèse de récurrence,(w, T w, . . . , Tm−1w) = (T v, T2v, . . . , Tmv)est linéairement indépendante. Or, supposons que
a0v+a1T v+· · ·+amTmv = 0.
On applique Tm pour trouver que a0Tmv = 0. Or, on a supposé que Tmv 6= 0. Par conséquent, a0 = 0. Donc
a1T v+· · ·+amTmv = 0.
Mais on a montré que (T v, . . . , Tmv) est linéairement indépendante. Donc a1 = · · · = am = 0. Par conséquent, (v, T v, . . . , Tmv) est linéairement indépendante, ce qui termine la récurrence.
2. Soit (v1, . . . , vn)une base de V. Comme vi ∈V pour i= 1, . . . , n, il existe λi ∈F tel que T(vi) =λivi. Soitv =Pn
i=1vi ∈V. Alors on a d’une part T(v) =Pn
i=1λivi par linéarité, et d’autre part, il existe par hypothèseλ ∈F tel que T(v) =λv =λPn
i=1vi. On obtient donc Pn
i=1λvi = Pn
i=1λivi et donc Pn
i=1(λi −λ)vi = 0. Comme la liste (v1, . . . , vn) est libre, on trouve donc λ = λ1 = . . . = λn. Soit maintenant w ∈ V, alors w = Pn
i=1αivi avec α1, . . . , αn ∈ F, et donc T(w) = Pn
i=1αiT(vi) = Pn
i=1αiλvi = λw, ce qui montre que T =λIdV.
3. On fait une induction sur n = dimV. Si n = 0, alors V = {0} et la seule application linéaire T ∈ L(V) est l’application nulle. Il n’y a donc rien à démontrer. Si n = 1, alors on peut choisir 0 6= v ∈ V. On a alors V = span((v)) et T(v) ∈ V car T ∈ L(V). Il existe donc λ ∈ F tel que T(v) = λv et par extension linéaire, T = λIdV : en effet, si w∈V, alors il existe a∈F tel que w=av. On calcule alorsT(w) =aT(v) =aλv =λw.
Notons que ceci est toujours vrai car nous n’avons utilisé que la linéarité de T et le fait que dimV = 1.
Si dimV = 2, alors l’hypothèse est la même que dans la question précédente car si tout sous-espace de dimension1deV estT-invariant, alors chaque élément deV est un vecteur propre de T. Il n’y a donc rien à faire non plus ici.
SidimV =n+ 1 pour un n ≥2, alors on peut choisir deux sous-espaces vectorielsU, W de V tels que V = U +W, dimU = dimW = n et donc dim(U ∩W) = n−1. (Par
3
exemple, si (v1, . . . , vn+1) est une base de V, on peut prendre U = span(v1, . . . , vn) et W = span(v2, . . . , vn+1).)
Comme chaque sous-espace de V de dimension n est T-invariant, on peut considérer S := T|U ∈ L(U). Soit U¯ un sous espace de U de dimension n−1, alors il existe un sous-espace vectoriel U0 de V tel que U ∩U0 = ¯U. (En effet, si (u1, . . . , un−1) est une base de U¯, alors on peut la compléter en une base (u1, . . . , un) de U, puis en une base (u1, . . . , un+1) deV. Ensuite, on peut choisirU0 = span(u1, . . . , un−1, un+1).)
On montre que U¯ est invariant par S. Si u ∈ U¯, alors u ∈ U ∩U0 et comme U et U0 sont de dimension n, on a par hypothèse que T(u)∈U et T(u)∈U0. Cela implique que S(u) =T(u)∈U∩U0 = ¯U. CommeU¯ était un sous-espace quelconque de dimensionn−1 deU, on sait donc que S est tel que S( ¯U)⊆U¯ pour tout sous-espace de U de dimension dimU −1. Par hypothèse de récurrence, on trouve donc λU ∈ F tel que S =λUIdU. De même, on trouveλW ∈F tel que T|W =λW IdW.
Commen≥2, on an−1≥1et on trouve06=w∈W∩U. On a alorsT(w) =T|W(w) = λWw d’une part et T(w) = S(w) = λUw d’autre part. Cela implique λU = λW =: λ.
Comme V = U +W, on peut écrire chaque v ∈ V sous la forme v = u +w avec u ∈U et w ∈W et on obtient finalement par la linéarité de T : T(v) = T(u) +T(w) = S(u) +T|W(w) = λu+λw =λ(u+w) =λv, ce qui montre queT =λIdV.
Il y a une autre manière de résoudre ce problème, cette fois de manière directe mais en utilisant la question 2 :
Soit v 6=∈ V. On complète v =: v1 en une base (v1, . . . , vn) de V. On pose U2 = span(v1, v3, . . . , vn), U3 = span(v1, v2, v4, . . . , vn), . . . , Un = span(v1, . . . , vn−1). On a alors span(v1)) = U2 ∩. . . Un, et comme Ui est de dimension n −1 pour i = 2, . . . , n, on a T(Ui)⊆Uipar hypothèse. On obtient doncT(v1)∈T(U2∩. . . Un)⊆T(U1)∩. . .∩T(Un)⊆ U2∩. . . Un = span(v1). Cela implique que T(v1) =λv1 pour un λ ∈ F, et donc, comme v = v1 était arbitraire, chaque vecteur de v est un vecteur propre de T. (Le vecteur nul satisfaisantT(0) =λ0pour toutλ∈F, on peut dire par abus de notation que tout élément de V (en n’excluant pas le vecteur nul) est un vecteur propre de T, mais attention : un nombre λ∈F n’est une valeur propre de T que s’il existe v 6= 0 tel que T(v) = λv.) On utilise ensuite la question 2 pour conclure.
Il y a une dernière manière de résoudre ce problème en utilisant la question 2, cette fois par l’absurde :
Admettons que T ∈ L(V) est tel que T(W) ⊆ W pour tout sous-espace vectoriel W de V de dimension dimV −1. On va montrer par l’absurde que tout vecteur v ∈ V est un vecteur propre deT. Ensuite on pourra conclure en utilisant la question 2.
Admettons qu’il existe 0 6= v ∈ V qui ne soit pas un vecteur propre de T. Alors la liste (v, T(v)) est libre. En effet, si elle ne l’était pas, alors il existerait α, β ∈ F pas tous les deux nuls tels que αv+βT(v) = 0. Mais alors on trouverait T(v) = αβv si β 6= 0, une contradiction, ou alors αv = 0 si β = 0. Cela impliquerait α = 0 car v 6= 0, une contradiction.
On peut donc compléter (v, T(v)) en une base (v, T(v), v3, . . . , vn) de V, n := dimV. Considérons le sous-espace vectoriel W := span(v, v3, . . . , vn) de V. Si T(v) était un élément de W, on aurait T(v) = αv + α3v3 + . . .+ αnvn avec α, α3, . . . , αn ∈ F, ce qui impliquerait αv+ (−1)·T(v) +α3v3 +. . .+αnvn = 0. Mais ceci n’est pas possible puisque (v, T(v), v3, . . . , vn) est libre. On a donc T(W) 6⊆ W mais dimW = n−1, une contradiction.
Par conséquent, tout élément de V doit être un vecteur propre de T. 4