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Relire “La Mauvaise Conscience” de Suzanne Allen

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Relire La mauvaise conscience de Suzanne Allen (1955)

Vivre, vivre, jetait son cri par-dessus les murailles qui m’entouraient dans cette nuit profonde.

1 En 1955 paraît chez Gallimard La mauvaise conscience d’une jeune auteure dont c’est le premier roman, Suzanne Allen. A l’époque, ses contemporaines capitales Beauvoir, Duras, Yourcenar ont déjà fait paraître certaines de leurs œuvres majeures, en l’occurrence respectivement : Les mandarins (1954)1, Un barrage contre le Pacifique (1950), Mémoires d’Hadrien (1951). Les citer n’est pas céder au mirage de l’écriture féminine mais replacer le roman dans un contexte où la condition des femmes est encore si incertaine qu’on ne saurait omettre une lecture genrée des faits, même dans les choix éditoriaux. Aujourd’hui, La mauvaise conscience n’est plus édité. On le relit donc dans une version d’occasion, couverture ivoire aux pages jaunies et piquées d’humidité. A la fin du volume que je me suis procuré, une petite lettre d’époque, signée d’une certaine Suzanne, justement, en date du 5 juillet 1956.

Mise en abîme dont seul le hasard des greniers a le secret. A peine sait-on qui est cet écrivain, dont le pseudonyme – elle se nomme en réalité Suzanne Bouron, patronyme non euphonique s’il en est – évoque une héroïne durassienne. Disparition de l’auteure, comme si elle n’avait jamais existé ailleurs que dans une fiction… Née en 1920 et morte en 2001, engagée dans le mouvement féministe des années 1960, romancière, philosophe, peintre, poétesse, Allen n’a pas les honneurs de la postérité.

Elle fait figure de fantôme, hante la correspondance de Paulhan, les pages de la revue La Table Ronde. Pour qui veut la trouver, elle a la rémanence de certains spectres, fait retour sur les pages d’un blog, celui de sa nièce, qui ne l’aura rencontrée à son grand regret qu’une seule fois. Relire Allen, c’est poursuivre une fulgurance.

Le genre : roman, autobiographie, autofiction

2 Si la couverture ivoire fait état de la mention générique roman, qu’en est-il exacte- ment ? Une jeune femme fait le récit de son histoire. Les premières pages du chapitre initial sont une captatio benevolentiae classique et s’inscrivent dans un projet de connaissance de soi également assez courant :

L’histoire que je vais conter n’a point d’originalité par elle-même mais par l’enseigne- ment qu’on en peut tirer. Histoire banale de Français moyen, sans aventures héroïques ou merveilleuses, de celles qui provoquent et travaillent l’imagination, j’écrirai ce journal du passé pour m’aider à mettre au net une évidence que le foisonnement du quotidien surimpressionne et brouille. En racontant ce que fut mon enfance, ce que fut mon adolescence, j’essaierai de me trouver adulte.

On n’écrit guère que pour se justifier. […] cette étude risque d’être assez longue.

Qu’on ne se rebute pas de la naïveté du propos ni du projet. Tout du moins apercevons-nous ici l’aube d’une quête de soi, les prémices d’un récit-témoignage, dont la valeur littéraire fut telle que Paulhan et Queneau choisirent de l’établir à leur catalogue. Et du reste, cette nécessité de se justifier, en tant que femme au sortir de la seconde Guerre mondiale – l’histoire s’achève en 1945 – mérite sans doute qu’on s’y

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attarde, tant est pauvre notre connaissance de ce que l’on pourrait nommer le premier féminisme littéraire.

3 Un roman ? On lit ici et là que Suzanne Allen retrace en fait son histoire personnelle.

Ce serait donc un roman où une dame dirait Je et dont l’héroïne ressemblerait terriblement à l’auteure. En l’occurrence, l’onomastique est assez éloquente : l’héroïne se nomme France Boulon – conjonction du patriotisme paternel et d’un patronyme identique à une lettre près à celui de l’écrivain. Dépassant le cadre inconfortable de l’autobiographie, que la censure familiale guette toujours, Allen peut ainsi aborder dans la forme autofictionnelle ses rapports avec un père violent et incestueux, son émancipation d’un cadre familial étouffant, son refus de la mise sous tutelle conjugale, son horreur de la maternité, sa conception de la sexualité – les scènes de sexe y sont d’une crudité assez rare –, son expérience de l’avortement. A cette liste sans complaisance s’ajoute le douloureux sentiment de la conscience malheureuse à l’égard de l’Histoire, plus exactement, la cécité de l’auteure à propos de l’horreur du nazisme. On comprend aisément que l’autofiction, qui ne se dit pas comme telle à l’époque, est le recours idéal pour celle qui veut, ainsi qu’Allen l’énonce dans l’incipit de son œuvre, “se trouver”, “se justifier”, voire “écrire la condition d’homme”, sans la gêne du regard d’autrui. La phrase mise en exergue au début du roman est une citation de Claude Roy, contemporain immédiat et habitué de la Rue Saint-Benoît : “Un roman est l’histoire des jours où une vérité se fait jour”. Cette définition peut à juste titre déplaire aux puristes, tant elle évoque plutôt le travail du diariste et non celui du romancier : l’écriture au fil de la chronologie, dont émergerait le sens d’une vie n’est pas la construction romanesque, qui suppose, entre autres, des vitesses de narration, des choix de discours et l’élaboration de personnages. Mais le travail d’Allen procède d’un entre-deux : les introspections y côtoient les portraits de protagonistes, les récits font place aux dialogues, l’essai s’y déploie aussi. C’est moins

“l’histoire des jours” que le récit de vingt-cinq années d’une vie, maintenue sous tension, jusqu’à une prise de conscience radicale, dans les années fatidiques de la fin de la guerre.

Miroitements d’un titre

4 Le titre choisi par Allen ne laisse pas indifférent. Qui n’a pas sa part de remords ? Le sien a l’originalité de se décliner selon une dimension à la fois personnelle et politique, comme si femme inscrite dans une époque climatérique – elle a vingt-cinq ans en 1945 –, elle ne pouvait que conjuguer individualité et existence historique.

Qu’en est-il exactement ? Le titre revient à de très nombreuses reprises dans le texte, il n’est en rien une acmé. En d’autres termes, la mauvaise conscience fait retour.

Mauvaise conscience et inceste

5 La culpabilité mine le père de l’héroïne : désagréable jusqu’à la tyrannie, cédant à la boisson, ne tolérant aucune discussion, il tourmente sa famille2 et notamment son épouse qu’il finit par battre sous les yeux horrifiés de France. Ses dérèglements prennent notamment la forme de l’inceste sur sa fille aînée. Le récit des attouche- ments sur l’enfant révèle l’horreur ainsi que la parade enfantine, qui permet sans doute la résilience :

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Mon bras abandonné traînait entre nous dans la moiteur des draps. Mon père se rapprocha de moi et je sentis quelque chose de dur et de brûlant se poser contre ma main allongée. […] Laisse ta main, ma chérie, ma chérie, et n’aie pas peur ! Il faut bien que tu saches comment c’est fait, un homme. […] Donc, il ne fallait pas prendre cela au sérieux. Il ne fallait pas dramatiser, donner une consistance à un geste que je refusais radicalement.3

Mais l’héroïne n’est pas non plus exemptée de ce remords ; il la concerne même au premier chef. Parce qu’elle a placé son père sur un piédestal, elle éprouve la culpabilité des enfants à l’en voir chuter. Toute à son enfantine admiration mêlée d’effroi, l’héroïne-narratrice s’exprime ainsi : “Ce monstre m’emplissait d’une terreur sacrée”. A plusieurs reprises, elle évoque l’amour pour le père qui lui fait pardonner et les colères paternelles voire les gestes de l’inceste : “Malgré tout, il était celui que j’avais tant aimé, tant admiré. Pour assumer pleinement ma révolte et me durcir en elle, il m’aurait fallu renier toute une partie de moi”4. Conjugués, terreur et amour suscitent chez l’enfant, chez la jeune fille livrée à l’inceste, un profond sentiment de culpabilité, sorte de défense contre l’irréparable que représente la faute de l’adulte.

Le récit d’une autonomie

6 S’affranchir de l’autorité paternelle, tuer le père, telle est bien la volonté de France.

Ce qui suppose quitter le foyer car la figure maternelle n’offre guère de modèle. La mère incarne cette mauvaise conscience qui trouve refuge dans la religion et la soumission volontaire face au mari. A cette mauvaise conscience maternelle, autant opposer celle de la mauvaise fille qui s’affirme comme telle en refusant la servitude imposée à la femme de son époque. Ce combat fait justement sa grandeur, sa modernité, son indépendance d’esprit, toutes choses dont la mère de l’héroïne semble dépourvue, elle dont la “bonne conscience épaisse”5 – l’adjectif leste ici l’expression de toute sa pesanteur bourgeoise – repose sur une adhérence complète aux préceptes de sa religion. Au nom du mariage, de la foi et de sa condition de femme des années 40, France devrait donc accepter le viol conjugal6, “le service du lit”7 et les maternités successives, autant d’asservissements quotidiens qui font de la femme la “vassale”8 de l’homme. Les revendications de France vont jusqu’au refus de la maternité, discours susceptible de faire d’elle une mauvaise femme à double titre : d’une part, parce qu’elle rejette, ce faisant, ce qui participe de l’essence même du féminin, selon le discours prédominant de l’époque9 ; d’autre part, parce que dans une période de pré- guerre et de guerre, ne pas adhérer au discours nataliste peut être considéré comme une trahison. Or, rien n’est trop fort pour dire le dégoût de l’héroïne à propos de l’enfantement : “Abomination !” est l’expression qu’elle emploie à ce sujet, par deux fois. Ainsi, avant de perdre sa virginité symbolique avec un jeune homme qu’elle a choisi, France tente de se déflorer elle-même physiologiquement, épisode surprenant s’il en est :

J’essayais, chaque soir, en me couchant, d’élargir avec toutes sortes d’objets, les chairs contractées par la peur, avec l’espoir d’arriver à crever l’hymen et de dégager le passage avant le coup brutal de boutoir du sexe viril.10

Anecdotes et déclarations se succèdent, que l’on a pu reprocher à Allen pour leur crudité :

Renversée en arrière, coupée en deux par le rebord du talus, je m’offris, impatiente, les mains crispées, à la recherche du plaisir cruel. […] J’avais fait l’amour comme une bête,

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sans que ma réflexion participât à l’événement, sans qu’un semblant d’affection vînt donner à l’amour physique sa justification, son alibi poétique, sa dimension romanes- que, sans même avoir eu le temps de ressentir la magnifique efflorescence du désir.11 C’est que la libération de soi passe par celle du corps et par la connaissance du désir.

Sans doute se choque-t-on en 1955 d’une telle vérité de discours mais cela participe justement d’une rupture avec la culpabilité et l’hypocrisie dont l’héroïne se défait avec violence.

Mauvaise conscience et Histoire

7 Néanmoins, cette vérité des corps, il faut toute la progression du livre pour que France la perçoive dans son rapport aux événements de son époque. Car la mauvaise conscience, c’est aussi celle qu’éprouve l’héroïne devant l’Histoire. Pétrie de droite maurrassienne, lectrice de Gringoire et de L’Action française – les journaux du père –, la jeune fille, qui ne prend que très difficilement ses distances avec la culture familiale, fait preuve d’une quasi-cécité devant les horreurs nazies. Comme dans la mythologie médiévale telle que l’écrit Chrétien dans Perceval, où le jeune chevalier ne pose pas les questions susceptibles de faire aboutir sa quête, l’héroïne confrontée aux signes de cette barbarie dans le Paris de l’Occupation ne les interroge pas ; sans céder à la collaboration pour autant, elle rejoint ce que l’on pourrait nommer “un ventre mou” de l’opinion publique à l’égard de l’Allemagne nazie. Opinion évidem- ment condamnable s’il en est mais dont on peut imaginer qu’elle n’était peut-être pas si peu répandue qu’on peut le croire et qui nous interpelle encore soixante-dix ans plus tard : et moi, qu’aurais-je fait à l’époque ? Ce qu’elle nomme sans ambages : “la trouille des petits-bourgeois devant une réalité qui les dépasse”12. Employée à la Préfecture de Police de Paris, la jeune France continue de clamer son amour d’un

“ordre nouveau”, et récuse toutes les informations qui lui parviennent sur des juifs emmenés dans des “wagons plombés”, comme émanant de terroristes – les Résis- tants. Si elle pressent que l’antisémitisme nazi confine au fanatisme – son amitié avec la jeune juive Mona montre qu’elle est prête à lutter contre les rafles –, seul le cri d’un prisonnier torturé dans les bureaux de la Préfecture de Police lui fera quitter définitivement son emploi. Néanmoins, il faudra qu’elle entende à plusieurs reprises, de sources différentes, le récit du massacre d’Oradour-sur-Glane pour qu’elle accepte d’y croire, et qu’elle assiste à une projection de la libération des camps de concen- tration pour prendre toute la mesure de son erreur et de sa prise de conscience, trop tardive. Rendue chaque jour devant l’hôtel Lutétia, sa compassion pour les anciens détenus n’est plus d’actualité : “je leur demandais égoïstement de me donner bonne conscience !”13. Pour tout cela, le livre de Suzanne Allen est d’une puissante modernité car il dit non pas l’épique glorieux des vainqueurs ni les dessous puants des vaincus mais les recoins amers des médiocres. “Histoire banale de Français moyen”, écrit-elle dans l’incipit. Nous, peut-être ?

Roman féminin, roman féministe ?

8 En racontant l’émancipation d’une femme, à la première personne du singulier, ainsi qu’en s’inspirant de sa propre vie, Suzanne Allen cède-t-elle à un tropisme souvent vu comme une faiblesse dans la littérature dite féminine ? C’est ce que dénoncent les critiques hommes depuis Gustave Lanson jusqu’à Jean Larnac14 et cette idée a la vie

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longue : la femme de plume ne créerait pas autre chose que ce qu’elle est elle- même. L’angle d’attaque – le cas de conscience dans une dimension à la fois individuelle et historique – est suffisamment intéressant pour qu’on écarte ces débats. Livre féministe ? Il apparaît d’une façon évidente que l’auteur pose la question du féminisme en des années où le roman ne l’aborde pas de façon aussi directe. Le deuxième sexe paraît en 1949, soit six ans plus tôt. Suzanne Allen l’a-t-elle lu ? On ne saurait dire. Néanmoins, en de nombreux endroits, tout se passe comme si elle écrivait la fiction de l’essai de Beauvoir. Et sa démarche est d’autant plus intéressante qu’engoncée dans son individualisme, son affranchissement ne revêt en fait initialement aucun caractère revendicatif féministe. Cette conscience de femme connaît une construction très progressive. Du reste, ce sont les deux conditions, d’homme et de femme, qui sont soumises à sa réflexion car l’une ne saurait aller sans l’autre. En cela, on s’étonne des propos de Georges Piroué, critiquant ainsi le roman d’Allen dans La Table Ronde de mars 1956, comme un “roman revendicatif féminin” :

Etrange spectacle que celui-ci : la prise de conscience que nous étudions est une prise de mauvaise conscience : l’aveu d’un passé détestable, le déchirement intérieur, le dégoût, l’impuissance. Pas la moindre trace d’affirmation de soi, point de projection de soi dans l’avenir. Se montrer sous son plus mauvais jour pour persuader les autres de son bon droit, prêcher une révolution sans illusions pour celles qui la feront, sans promesse, sans modèles à suivre, quelle bizarre tactique !

Jamais l’œuvre d’Allen ne relève de la tactique mais de l’étude humble et patiente de son rapport à autrui. Tout autrui. Beau, sexué, meurtri, torturé, différent. Piroué regrette Colette et son “amour panthéiste de la nature”. Or, Allen, nous semble-t-il, trouve sa place dans la fin du roman existentialiste, “le roman de l’accablement et de la prostration”, selon Michel Raimond15. A cela près qu’émergent aussi dans La mauvaise conscience des épiphanies devant la beauté de paysages, proches de celles de Beauvoir dans L’invitée ou dans Les mandarins.

Trahison des mots et poétique

9 L’intelligence, la complexité du propos de Suzanne Allen sont telles que, retraçant le parcours de son héroïne, elle montre que s’affranchissant de l’autorité paternelle et se construisant comme femme libre16, France demeure aliénée à la culture paternelle, transmission sous-jacente et donc plus mal aisée à remettre en cause :

S’il est un mal dont je devais souffrir par la suite, c’est bien de cette foi aveugle en la civilisation, dont fut responsable l’idéalisme paternel. Le romantisme national, la mystique de la France, me conduiraient un jour aux pires reniements, aux pires désillu- sions.17

Car c’est bien par les livres que se noue cette première complicité avec le père, cet amour initial qu’il sera si complexe de détruire. Une culture que l’héroïne considère comme partielle et partiale mais avec tant de peine et si difficilement : “C’était celui [le patrimoine] de l’homme blanc, européen et, plutôt français, avec en arrière-fond la civilisation gréco-latine”18. On songe à Poulou dans Les mots. Comme si Sartre n’avait pas remis en cause la culture livresque, la grandiloquente idée de littérature transmise par le grand-père Schweitzer. Imaginons : point d’ironie sartrienne, point de “petit bain d’acide critique”. Sans ironie, l’amour pour le père, chez Suzanne Allen,

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sera longtemps resté aveugle. Mais le rejet n’en est pas moins violent et s’opère par une réappropriation du langage dans sa vérité. D’où cette poétique de la crudité qui caractérise le roman. Appeler les choses par leur nom, refuser l’hypocrisie, l’idéalisme qui usent du “voile pudibond des mots peu francs”, ne plus trahir le langage à force de lâcheté. L’héroïne découvrant le journal intime de son père est frappée de stupeur : “ce fut le contraste entre le lyrisme grandiloquent au sujet de la femme, à qui il vouait une vénération éperdue, et sa conduite vis-à-vis de ma mère” et s’interroge : “Quelle différence entre les mots et la conduite ? La poésie est-elle donc mensonge, illusion ?”19. C’est ainsi qu’elle déclare une foi, salvatrice bien que portant ses effets tardivement : “Je préférais le réel à toutes les fictions du monde”. On comprend mieux ainsi l’usage de la première personne du singulier dans ce roman, laquelle préserve une part de vérité du témoignage. Si l’on considère que cette confiance dans le réel se conjugue à une découverte de la fraternité, même à la faveur des atrocités de la guerre, on comprend que l’antidote à cette mauvaise conscience est ce projet d’existence, énoncé aux dernières lignes du roman : “vivre avec les hommes”, “vivre parmi les hommes”20. Et l’écho de ce souhait continue de résonner en nous, d’appeler à la relecture de Suzanne Allen.

Elisabeth Russo Agrégée de lettres modernes Doctorante à Paris IV

NOTES

1 Roman pour lequel Beauvoir obtient le prix Goncourt.

2 Suzanne Allen, La mauvaise conscience, Ed. Gallimard, 1955 (Toutes les références renvoient à cette édition, désormais abrégée en MC) : “Il la [son épouse] provoquait, comme poussé par sa mauvaise conscience” p. 44.

3 MC, p. 62-63.

4 MC, p. 204.

5 MC, p. 48.

6 MC, p. 229 : “Combien de femmes avaient été violées ainsi légalement ?”

7 L’expression est de Beauvoir dans Le deuxième sexe.

8 Idem.

9 Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe déconstruit l’idée d’une essence féminine mais son essai ne paraît qu’en 1949 et vivement attaqué, il ne représente encore qu’un discours minoritaire dans l’opinion.

10 MC, p. 230.

11 MC, p. 312-313

12 MC, p. 494.

13 MC, p. 497.

14 Jean Larnac, Histoire de la littérature féminine en France, Éditions Kra, <Les documentaires>, 1929.

15 Michel Raimond, Le roman depuis la Révolution, Armand Colin Poche, Armand Colin éditeurs, 1967 [2013], p. 320 : “Le temps des héros était passé ; on était entré dans une ère du désarroi.”

16 MC, p. 87. : “[…] devenir en somme ce que le monde appelle une jeune fille accomplie. La destinée de la femme n’est-elle pas fixée une fois pour toutes : servir l’homme et élever ses enfants ? L’homme en échange devait lui assurer le pain quotidien. Mon père ne s’était jamais demandé qui avait la meilleure part.”

17 MC, p. 40.

18 MC, p. 103.

19 MC, p. 94.

20 MC, p. 497.

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