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L'évolution du marché suisse de l'audit : La transformation du marché en Suisse de 1992 à 2002

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L'évolution du marché suisse de l'audit : La transformation du marché en Suisse de 1992 à 2002

LULA-VALLAT, Entela, RAFFOURNIER, Bernard

LULA-VALLAT, Entela, RAFFOURNIER, Bernard. L'évolution du marché suisse de l'audit : La transformation du marché en Suisse de 1992 à 2002. Der Schweizer Treuhänder =

L'expert-comptable suisse , 2004, vol. 5, no. 4, p. 366-372

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:41539

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Les auteurs retracent les transformations de la profes- sion en Suisse durant la dernière décennie en mesurant l’évolution des parts de marché des principaux cabinets. Les données utilisées sont extraites de la base de données Worldscope et couvrent la période 1992–2002. Pour des raisons évidentes de disponibi- lité des informations, l’étude est limitée aux sociétés co- tées. Ses résultats ne prétendent donc pas être repré- sentatifs de l’ensemble du marché suisse de la révision comptable.

L’évolution du marché suisse de l’audit

La transformation du marché en Suisse de 1992 à 2002

Le marché de l’audit a connu ces der- nières années des bouleversements im- portants dus à la conjonction de divers phénomènes. Du côté des clients, on a assisté à une mise en concurrence crois- sante des cabinets, qui a provoqué une érosion des marges des activités tradi- tionnelles d’audit. Les professionnels ont réagi, d’une part en développant les activités de conseil, plus rémuné- ratrices car moins standardisées, et d’autre part en se regroupant. C’est ainsi que les Big 8 sont successivement passés à 6 puis 5 pour (provisoire- ment?) finir à 4.

Dans le même temps, les scandales fi- nanciers se sont multipliés, entraînant de plus en plus souvent la mise en cause de l’organe de révision et provoquant même la disparition d’un des plus grands réseaux mondiaux d’auditeurs.

Ces crises ont également persuadé les autorités politiques qu’il était néces- saire de davantage réglementer l’acti- vité d’audit pour redonner confiance dans l’information comptable des en- treprises.

Même si ces événements ont essentiel- lement touché les Etats-Unis et, à un degré moindre, certains pays d’Europe (affaire Parmalat), la Suisse n’est pas restée à l’abri de ces bouleversements, d’une part, parce qu’en Suisse aussi, la responsabilité des réviseurs a été évo-

quée dans certaines affaires (banques cantonales) et, d’autre part, parce que les grands cabinets présents en Suisse sont également concernés par les dis- positions prises aux Etats-Unis (loi Sar- banes-Oxley) ou qui pourraient l’être dans l’Union européenne.

1. L’évolution des parts de marché

Les parts de marché des auditeurs de- vraient normalement être mesurées à partir des honoraires d’audit payés par chaque société. Malheureusement, en Suisse, la divulgation de ces informa- tions n’est obligatoire que depuis 2002, année d’entrée en vigueur de la Direc- tive de la SWX sur les informations concernant la corporate governance.

Toute comparaison de l’évolution des parts de marché avant cette date im- plique donc l’utilisation de mesures in- directes.

La solution la plus simple est d’utiliser le nombre de mandats détenus par chaque cabinet. On obtient alors le ta- bleau 1qui montre qu’en 2002 Price- waterhouseCoopers était le cabinet le plus important avec 43,4% des man- dats des sociétés suisses cotées en bourse. Arrivent ensuite Ernst &

Young (28,5 %), KPMG (18,1%) et Deloitte & Touche (3,0%).

Mesurer l’importance d’un cabinet simplement à partir du nombre de mandats détenus présente l’inconvé- nient de mettre sur le même plan l’au- dit d’une entreprise moyenne et celui d’une multinationale. Une meilleure appréciation des parts de marché im- plique de tenir compte de la taille de l’entreprise auditée, par exemple en pondérant le nombre de mandats par le

Entela Lula, Titulaire d’un Diplôme d’Etudes Supérieures en Economie et Finance, Assistante/Doctorante à l’Université de Genève, HEC, Genève

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Entela Lula, Bernard Raffournier, L’évolution du marché suisse de l’audit

chiffre d’affaires des clients, comme dans le tableau 2.

L’audit des sociétés cotées apparaît alors presque totalement entre les mains des Big 4, puisque la part de mar- ché de ceux-ci s’élève à 99,3%. La com- paraison des tableaux 1 et 2 permet également quelques observations inté- ressantes. On constate notamment que la pondération a pour effet d’augmen- ter très nettement la part de marché de KPMG (qui passe de 18,1 à 32,7%) et de réduire celles d’Ernst & Young (28,5 à 23,6%) et de Deloitte & Touche (3,0 à 0,6%). On peut en conclure que les clients de KPMG sont plus gros que ceux des autres cabinets. Cette hypo- thèse est confirmée par le tableau 3,qui montre le chiffre d’affaires moyen des clients de chaque auditeur. Le tableau 2 souligne également la faible part de marché détenue par Deloitte & Touche (0,6%), au point qu’en ce qui concerne le marché suisse, on devrait davantage parler de Big 3 que de Big 4.

L’importance de la part des Big 4 n’est pas une particularité helvétique. Plu- sieurs études ont en effet montré que dans la plupart des pays, la révision des sociétés cotées en bourse est concen- trée entre les mains d’un petit nombre de grands cabinets [1]. Il semble toute- fois que le degré de concentration du marché soit plus élevé en Suisse que dans les pays voisins. Dans une re- cherche portant sur l’ensemble de l’Union européenne, Raffournier et

Walton (1999) ont en effet constaté qu’en 1997, les Big 6 ne détenaient que 83,8% du marché en Allemagne, 62,1% en France et 57,2% en Autriche.

On peut penser que l’extrême concen- tration du marché suisse est due à l’im- portance des multinationales dans ce pays. On sait en effet que, pour ces en- treprises, le choix d’un Big 4 est une né- cessité car seul un auditeur bénéficiant d’une implantation internationale est à même d’assurer un contrôle homogène des filiales, où qu’elles se trouvent dans le monde, et de conférer aux états fi- nanciers de l’entreprise la crédibilité nécessaire aux yeux des investisseurs étrangers. Mais si cette explication était la bonne, les entreprises de taille plus

réduite devraient plus largement utili- ser les services d’auditeurs locaux. Or, seules 7% des sociétés cotées ont un auditeur n’appartenant pas aux Big 4 (tableau 1), alors qu’il existe en Suisse plus de 200 sociétés cotées dont l’im- mense majorité ne peuvent être consi- dérées comme des multinationales. Les raisons de cette concentration doivent donc plutôt être recherchées dans l’his- toire de la profession comptable en Suisse.

La comparaison des parts de marché en 1992 et 2002 montre en tout cas que la concentration du marché n’est pas un phénomène nouveau puisque l’aug- mentation de la part des Big 4 entre ces deux dates n’a été que de 1,9 point si l’on se réfère au nombre de mandats (tableau 1) et 0,4 point après pondéra- tion par la taille des clients (tableau 2).

Une analyse plus détaillée montre une augmentation assez nette de la part de marché d’Ernst & Young durant la pé- riode. Cette évolution ne provient pas uniquement de l’absorption d’Arthur Andersen puisque même en ajoutant les parts de marché de ces deux cabi- nets en 1992, on constate une augmen- tation de 3,6 points en termes de nombre de mandats (tableau 1). Cette crois- sance d’Ernst & Young semble s’être effectuée au détriment des petits cabi- nets dont la part de marché passe de 8,9 à 4,8%. Cette dernière baisse est ce- pendant à relativiser compte tenu de l’apparition dans le classement de BDO et Grant Thornton, due probablement à l’affiliation de cabinets antérieure- ment indépendants.

L’examen des variations de parts de marché pondérées par la taille des clients (tableau 2) confirme la crois- sance en volume d’Ernst & Young, in- dépendamment du regroupement avec Arthur Andersen. Elle révèle égale- ment une augmentation substantielle de KPMG, dont la part de marché passe de 25,6 à 32,7%. Cette évolution est à rapprocher de l’érosion subie par l’en- semble (C&L + PW) qui, en 1992, pe- sait 52,3% contre 42,4% pour Pricewa- terhouseCoopers en 2002. Étant donné que la perte en nombre de mandats n’est que de 0,9 point, on pourrait pen- ser que KPMG a récupéré quelques gros clients de Coopers & Lybrand ou

Bernard Raffournier, Professeur à l’Université de Genève, Genève bernard.raffournier@hec.unige.ch Tableau 1

Evolution des parts de marché mesurées par le nombre de mandats

Auditeur 1992 2002 Variation

Arthur Andersen 3,0

Ernst & Young 21,9 24,9 28,5 +3,6

Deloitte & Touche 3,6 3,6 3,0 –0,6

KPMG 18,3 18,3 18,1 –0,2

Coopers & Lybrand 26,0

44,3 43,4* –0,9

Price Waterhouse 18,3

Total Big 6/Big 4 91,1 91,1 93,0 +1,9

BDO 0,0 0,0 1,5 +1,5

Grant Thornton 0,0 0,0 0,7 +0,7

Autres 8,9 8,9 4,8 –4,1

Total 100,0 100,0 100,0 0,0

*PricewaterhouseCoopers

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de Price Waterhouse. L’examen des changements d’auditeurs intervenus durant la période ne confirme toutefois pas cette hypothèse [2]. Il est donc pos- sible que l’évolution constatée pro- vienne d’un biais lié à des variations dans l’importance relative des sociétés de l’échantillon [3].

2. L’évolution du marché de la révision bancaire

Les observations précédentes portent sur l’ensemble des sociétés cotées, tous secteurs confondus. Or, la littérature académique suggère que les cabinets d’audit devraient avoir tendance à se spécialiser par secteur d’activité. Plu- sieurs raisons ont été avancées pour cela.

La première est l’existence d’écono- mies d’échelle. Lorsqu’un auditeur acquiert un client appartenant à un sec- teur qu’il connaît mal, il doit se familia- riser avec le secteur, étudier l’éven- tuelle réglementation propre à celui-ci et identifier les risques spécifiques liés à l’audit de cette activité. Tout cela a un coût qui, pour l’essentiel, n’est supporté qu’une fois, lors de l’obtention du pre- mier client. Plus ces dépenses peuvent être réparties entre un nombre élevé de clients, plus la rentabilité de l’auditeur sera grande (Johnson et Lys 1990, An- derson et Zeghal 1994). L’existence de

ces coûts d’entrée constitue donc une incitation à la spécialisation sectorielle des auditeurs.

Cette dernière peut aussi résulter de l’approche méthodologique de l’audi- teur. Certains considèrent en effet que les cabinets se différencient les uns des autres par l’utilisation d’une méthodo- logie d’audit plus ou moins structurée.

Pour Kinney (1986) par exemple, les cabinets les plus structurés sont ceux qui emploient de manière systématique les techniques statistiques, qui procè- dent à des évaluations rigoureuses du contrôle interne des clients et qui utili-

sent des règles formelles pour traiter les résultats des tests, alors que les cabinets moins structurés laissent plus de place au jugement de leurs collaborateurs.

Selon Kaplan et al. (1990), la perti- nence de chaque approche dépend de la stabilité de l’environnement du client: une approche structurée de l’au- dit conviendrait bien à des secteurs plu- tôt stables alors que pour ceux soumis à des évolutions rapides (haute techno- logie p.ex.), une approche moins struc- turée serait préférable. Les cabinets de- vraient donc se spécialiser dans l’un ou l’autre de ces grands types de secteurs en fonction de leur orientation métho- dologique.

Quant à savoir si les clients sont ou non favorables à une spécialisation secto- rielle des auditeurs, la question reste Tableau 2

Evolution des parts de marché mesurées par le chiffre d’affaires des clients

Auditeur 1992 2002 Variation

Arthur Andersen 2,4

Ernst & Young 18,1 20,5 23,6 +3,1

Deloitte & Touche 0,5 0,5 0,6 +0,1

KPMG 25,6 25,6 32,7 +7,1

Coopers & Lybrand 35,7

52,3 42,4* -9,9

Price Waterhouse 16,6

Total Big 6/Big 4 98,9 98,9 99,3 +0,4

BDO 0,0 0,0 0,2 +0,2

Grant Thornton 0,0 0,0 0,2 +0,2

Autres 1,1 1,1 0,3 -0,8

Total 100,0 100,0 100,0 0,0

*PricewaterhouseCoopers

Tableau 3

Chiffre d’affaires moyen 2002 des clients des auditeurs Auditeur Chiffre d’affaires

moyen des clients (millions de CHF) Ernst & Young 2 219 Deloitte & Touche 581

KPMG 4 833

PricewaterhouseCoopers 2 619

BDO 149

Grant Thornton 837

Autres 193

Tableau 4

Evolution des parts de marché de la révision bancaire mesurées par le nombre de mandats

Auditeur 1992 2002 Variation

Arthur Andersen 3,4

Ernst & Young 27,7 31,1 30,9 –0,2

Deloitte & Touche 3,4 3,4 3,8 +0,4

KPMG 13,8 13,8 3,8 –10,0

Coopers & Lybrand 10,3

31,0 61,5* +30,5

Price Waterhouse 20,7

Total Big 6/Big 4 79,3 79,3 100,0 +20,7

Autres 20,7 20,7 0,0 – 20,7

Total 100,0 100,0 100,0 0,0

*PricewaterhouseCoopers

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Entela Lula, Bernard Raffournier, L’évolution du marché suisse de l’audit

ouverte. D’un côte, Craswell et al.

(1995) ont montré que les cabinets fac- turent, dans leurs secteurs de spéciali- sation, des honoraires supérieurs à ceux de leurs confrères généralistes, ce qui tend à prouver que les clients sont prêts à payer davantage pour bénéfi- cier des services de professionnels spé- cialisés. Pour d’autres auteurs par contre, la spécialisation sectorielle des auditeurs serait contraire à l’intérêt des clients. Moizer et Turley (1989) notam- ment estiment que certaines entre- prises répugneraient à choisir le même cabinet que leurs principaux concur- rents, de crainte que des informations confidentielles collectées lors des tra- vaux d’audit soient accidentellement transmises à la concurrence. Plus un secteur est concentré, plus les dom- mages potentiels résultant de telles fuites sont élevés. On devrait donc s’at- tendre à ce que le degré de concentra- tion des auditeurs dans un secteur soit inversement proportionnel à celui des entreprises de ce secteur. Une étude de Known (1996) confirme cette hypo- thèse.

Le nombre de sociétés cotées en Suisse n’est pas suffisant pour que l’on puisse procéder à une analyse sectorielle du marché. Nous avons néanmoins isolé un secteur particulier: le secteur ban- caire. Les raisons de ce choix sont mul- tiples:

– c’est le seul secteur qui, en Suisse, re- groupe suffisamment d’entreprises pour permettre une étude séparée;

– c’est une activité dont le contrôle exige des connaissances particulières (technique des opérations bancaires et législation spécifique);

– ces activités génèrent pour l’audit des risques particuliers, dus notamment à l’importance des instruments finan- ciers dérivés;

– l’audit des établissements bancaires est généralement exercé par des pro- fessionnels spécialisés.

Comme pour l’ensemble de l’échantil- lon, nous avons procédé à une double mesure des parts de marché: en nom-

bre de mandats et par rapport au chiffre d’affaires des entreprises clientes.

La première mesure (tableau 4) montre qu’en 2002, le marché de la révision bancaire était dominé par Pricewater- houseCoopers (61,5% des mandats) et Ernst & Young (30,9%), Deloitte &

Touche et KPMG n’occupant que des positions marginales. On constate éga- lement qu’en une décennie, Price- waterhouseCoopers a doublé sa part de marché, essentiellement, semble-t- il, au détriment des petits cabinets qui détenaient encore 20,7% des mandats en 1992 contre aucun en 2002.

En réalité, raisonner sur le nombre de mandats est trompeur car chacun sait que le secteur bancaire suisse n’est pas du tout homogène, avec d’un côté deux géants (Credit Suisse et UBS) et, de l’autre, plusieurs petits établissements (banques cantonales notamment).

Dans un tel marché, l’appréciation de l’importance relative des cabinets passe obligatoirement par la prise en compte de la taille des clients, comme dans le tableau 5.

La part de PricewaterhouseCoopers apparaît beaucoup plus modeste (6,3%) alors que celle de KPMG augmente nettement (38,9%). La différence entre les deux tableaux provient du fait que Tableau 5

Evolution des parts du marché de la révision bancaire mesurées par le chiffre d’affaires des clients

Auditeur 1992 2002 Variation

Arthur Andersen 1,2

Ernst & Young 54,8 56,0 54,3 –1,7

Deloitte & Touche 0,7 0,7 0,5 –0.2

KPMG 34,2 34,2 38,9 +4,7

Coopers & Lybrand 0,7

6,3 6,3* 0,0

Price Waterhouse 5,6

Total Big 6/Big 4 97,2 97,2 100,0 +2,8

Autres 2,8 2,8 0,0 –2,8

Total 100,0 100,0 100,0 0,0

*PricewaterhouseCoopers

Tableau 6

Parts de marché de la révision bancaire en 2002 selon différentes mesures en %

0 20 40 60 80 100

Honoraires d'audit Chiffre

d'affaires des clients Nombre de

mandats

PricewaterhouseCoopers KPMG

Ernst & Young Deloitte & Touche

(6)

les clients de PricewaterhouseCoopers sont essentiellement des petites banques alors que KPMG a, parmi ses clients, le Credit Suisse. Ceci montre que les parts de marché peuvent varier considéra-

blement selon l’indicateur retenu, sur- tout lorsque, comme ici, la structure du marché est très déséquilibrée. L’appli- cation de la directive de la SWX sur les

informations concernant la corporate governance nous a permis de calculer, pour 2002, une troisième mesure des parts de marché, basée sur les hono- raires payés par les banques pour les

travaux de révision. On constate que les montants obtenus sont assez proches des parts de marché calculées par rap- port au chiffre d’affaires des clients.

Ceci n’a rien d’étonnant dans la mesure où l’on peut effectivement supposer que l’étendue et la complexité de l’au- dit sont positivement corrélées avec la taille de l’entreprise (tableau 6).

Pour une bonne analyse des résultats précédents, il convient toutefois de rap- peler que l’étude est limitée aux ban- ques cotées en bourse, ce qui exclut de fait les établissements privés pourtant très actifs en Suisse. D’autre part, nous ne nous sommes intéressés qu’aux mandats légaux confiés par l’assemblée générale des actionnaires et non aux missions de révision effectuées pour le compte de la Commission fédérale des banques. Une analyse étendue à l’en- semble des banques, cotées ou non, et aux mandats confiés par la CFB aurait peut-être conduit à des résultats diffé- rents.

«Mesurer l’importance d’un cabinet simplement à partir du nombre de mandats détenus

présente l’inconvénient de mettre

sur le même plan l’audit d’une entreprise moyenne

et celui d’une multinationale.»

(7)

Entela Lula, Bernard Raffournier, L’évolution du marché suisse de l’audit

3. Conclusion

L’analyse effectuée a montré qu’en Suisse, l’audit des sociétés cotées est concentré entre les mains de 3 cabinets, PricewaterhouseCoopers, KPMG et Ernst & Young, qui détiennent à eux seuls plus de 98% du marché, soit un pourcentage largement supérieur à ceux relevés dans les pays voisins. Cette extrême concentration n’est pas un phé- nomène récent puisqu’une analyse de l’évolution des parts de marché depuis 1992 a mis en évidence une grande cons- tance de ce pourcentage dans le temps.

L’hypothèse d’une spécialisation de certains cabinets dans la révision ban- caire n’est pas vérifiée puisque ce sont ces trois mêmes cabinets qui auditent la plupart des banques. Une analyse plus fine permet néanmoins de cons- tater que la clientèle de Pricewater- houseCoopers est essentiellement cons- tituée de petits établissements alors qu’Ernst & Young et KPMG se parta- gent les deux géants du secteur.

Notes

1 Voir notamment Peel (1997) pour le Royaume-Uni, Christiansen et Loft (1992) pour le Danemark, Loft et Sjöfors (1993) pour la Suède et Weets et Jegers (1997) pour la Belgique.

2 Le seul «transfert» important entre les deux cabinets porte sur Swissair qui était audité par PwC alors que Swiss l’est par KPMG.

3 Il suffit en effet que le chiffre d’affaires d’une grande entreprise augmente ou diminue dans des proportions importantes pour que la pon- dération des parts de marché soit modifiée, surtout lorsque, comme en Suisse, le marché est dominé par quelques grandes sociétés.

Références

Anderson T. et D. Zéghal (1994), «The pricing of audit services: further evidence from the Cana- dian market», Accounting and Business Re- search, vol. 24, pp. 195–207.

Christiansen M. et A. Loft (1992), «Big players and small players: a study of increasing concen- tration in the Danish market for auditing ser- vices», The European Accounting Review, vol. 1, pp. 277–301.

Craswell A., J. Francis et S. Taylor (1995), «Audi- tor brand name reputations and industry specia- lizations», Journal of Accounting and Econo- mics, vol. 20, pp. 297–322.

Johnson W. et T. Lys (1990), «The market for audit services: evidence from voluntary auditor

changes», Journal of Accounting and Economics, vol. 12, pp. 281–308.

Kaplan S., K. Menon et D. Williams (1990), «The effect of audit structure on the audit market», Journal of Accounting and Public Policy, vol. 9, pp. 197–215.

Kinney W. (1986), «Audit technology and prefe- rences for auditing standards», Journal of Ac- counting and Economics, vol. 8, pp. 73–89.

Known S. (1996), «The impact of competition wi- thin the client’s industry on the auditor selection decision», Auditing: A Journal of Practice and Theory, vol. 15., pp. 53–70.

Loft A. et A. Sjöfors (1993), «Audit concentra- tion in Sweden and Denmark: a comparative ana- lysis», Accounting Research in Lund, Lund Uni- versity Press, pp. 155–175.

Moizer P. et S. Turley (1989), «Changes in the UK market for audit services: 1972–1982», Journal of Business Finance and Accounting, vol. 16, pp. 41–53.

Peel M.J. (1997), «UK auditor concentration: a descriptive note», Accounting and Business Re- search, vol. 27, pp. 311–322.

Raffournier B. et P. Walton (1999), «An empiri- cal investigation of concentration, country seg- mentation and industry specialisation in the European audit market», papier présenté au congrès de l’European Accounting Association, Bordeaux, 1999.

Weets V. et M. Jegers (1997), «Are the ‹Big Six›

‹Big› in Belgium?», The European Accounting Review, vol. 6, pp. 773–789.

Die Entwicklung des schweizerischen Wirtschaftsprüfungsmarkts

die Revisionsstellen zusehends in die Schusslinie gerieten und sogar eines der weltweit grössten Netzwerke von Wirtschaftsprüfern vollends von der Bildfläche verschwand. Es bedurfte dieser Krisen, um die politischen Ent- scheidungsträger davon zu überzeu- gen, dass zur Wiederherstellung des Vertrauens in die Unternehmensab- schlüsse die Wirtschaftsprüfung stär- ker reglementiert werden muss.

Die Untersuchung der Autoren zeigt auf, dass sich in der Schweiz drei Wirtschaftsprüfungsunternehmen den Löwenanteil der Revision börsenko- tierter Unternehmen teilen. Es sind dies PricewaterhouseCoopers, KPMG und Ernst & Young, die mit 98% der Marktanteile weit über den Anteilen in den Nachbarländern liegen. Diese Der schweizerische Wirtschaftsprü-

fungsmarkt war zwischen 1992 und 2002 von einem tiefgreifendem Wan- del geprägt, der auf das Zusammen- spiel mehrerer Faktoren zurückzu- führen ist. Die Kunden förderten den Wettbewerb unter den Gesellschaften mit der Folge einer Gewinnmargen- erosion traditioneller Wirtschaftsprü- fungsaufgaben. Darauf reagierte der Berufsstand einerseits mit der Ent- wicklung der Beratungstätigkeit, die, da weniger standardisiert, gewinn- trächtiger ist, und andererseits mit Zusammenschlüssen. Im Zuge dieser Entwicklung schrumpften die Big 8 nach und nach auf 6, dann 5, um sich (provisorisch ?) bei 4 einzupendeln.

Im gleichen Zeitraum vervielfachten sich die Finanzskandale, woraufhin

extreme Konzentration ist keineswegs jüngeren Datums, denn die Marktana- lyse seit 1992 zeigt, dass die Prozent- sätze über die Jahre hinweg sehr kon- stant blieben.

Die Hypothese einer Spezialisierung der Wirtschaftsprüfer auf die Banken- revision konnte nicht bestätigt wer- den, da die Banken fast ausschliesslich von den besagten drei Unternehmen geprüft werden. Eine weitergehende Analyse lässt jedoch den Schluss zu, dass sich die Kundschaft von Price- waterhouseCoopers hauptsächlich aus kleinen Finanzinstituten zusammen- setzt, während die beiden Marktrie- sen (Credit Suisse, UBS) von Ernst &

Young und KPMG betreut werden.

EL/BR/CHW

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