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Contrôle de soi : influence de la perception des ressources cognitives disponibles dans un paradigme de tâches séquentielles

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Master

Reference

Contrôle de soi : influence de la perception des ressources cognitives disponibles dans un paradigme de tâches séquentielles

VUIGNIER, Elodie

Abstract

De nombreuses études démontrent que le fait d'initier un premier acte de contrôle de soi a pour effet d'amoindrir la capacité à exercer du contrôle de soi dans un deuxième acte. Pour l'expliquer, une part de la recherche suggère une motivation de l'individu à conserver ses ressources et précise que la perception des ressources cognitives disponibles, plus que l'état d'épuisement, est un facteur déterminant. Dans le but de tester cette hypothèse, 81 participants ont été assignés à un plan expérimental inter-sujets 2 (première tâche : déplétion, neutre) x 2 (perception ressources : indice, sans indice). Les participants ont réalisé une première tâche impliquant du contrôle de soi ou neutre, suivie d'un indice suggérant des ressources optimales ou sans indice, et ont ensuite effectué une deuxième tâche impliquant du contrôle de soi...

VUIGNIER, Elodie. Contrôle de soi : influence de la perception des ressources cognitives disponibles dans un paradigme de tâches séquentielles. Master : Univ.

Genève, 2017

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95607

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Contrôle de soi : influence de la perception des ressources cognitives disponibles dans un paradigme de tâches

séquentielles

MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAITRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE

ORIENTATIONS PSYCHOLOGIE CLINIQUE PSYCHOLOGIE AFFECTIVE

PAR Elodie Vuignier

DIRECTEUR DU MEMOIRE Nicolas Silvestrini

JURY

Nicolas Silvestrini Guido Gendolla Julie Péron

GENEVE, MAI 2017

UNIVERSITE DE GENEVE

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION SECTION PSYCHOLOGIE

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RESUME

De nombreuses études démontrent que le fait d’initier un premier acte de contrôle de soi a pour effet d’amoindrir la capacité à exercer du contrôle de soi dans un deuxième acte. Pour l’expliquer, une part de la recherche suggère une motivation de l’individu à conserver ses ressources et précise que la perception des ressources cognitives disponibles, plus que l’état d’épuisement, est un facteur déterminant. Dans le but de tester cette hypothèse, 81 participants ont été assignés à un plan expérimental inter-sujets 2 (première tâche : déplétion, neutre) x 2 (perception ressources : indice, sans indice). Les participants ont réalisé une première tâche impliquant du contrôle de soi ou neutre, suivie d'un indice suggérant des ressources optimales ou sans indice, et ont ensuite effectué une deuxième tâche impliquant du contrôle de soi. Comme prédit, les résultats ont montré que les participants de la condition déplétion/sans-indice ont effectué davantage d’erreurs et ont nécessité d’un temps de réaction plus élevé, lors de la deuxième tâche, que les trois autres groupes (neutre/sans-indice, neutre/indice, déplétion/indice). Ces résultats soutiennent l'idée que la perception des ressources joue un rôle déterminant dans la modulation du contrôle de soi.

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TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION ... 4

2. ETAT DE LA QUESTION ... 5

2.1 Contrôle de soi ... 5

2.2 Le modèle de la force du contrôle de soi ... 5

2.3 Pistes explicatives : deux axes potentiels ... 7

2.3.1 L’aspect physiologique ... 7

2.3.2 L’aspect psychologique ... 8

2.4 Conservation des ressources ... 9

2.5 La perception de l’état de ses ressources ... 10

3. PRESENTATION DE L'ETUDE ... 10

3.1 Objectifs ... 10

3.2 Plan expérimental ... 11

3.3 Hypothèse ... 11

4. METHODE ... 12

4.1 Participants ... 12

4.2 Appareils et matériel ... 12

4.2.1 Appareils ... 12

4.2.2 Tâche de Stroop ... 13

4.2.3 Tâche d2 ... 14

4.3 Procédure ... 16

4.9 Analyse des données ... 17

5. RESULTATS ... 19

5.1 Performances dans la tâche de Stroop numérique ... 19

5.2 Performances dans la tâche d2 ... 19

5.3 Mesure des questions manipulation check ... 21

5.4 Mesure de l’humeur ... 22

6. DISCUSSION ... 22

6.1 Discussion générale ... 22

6.2 Limites ... 25

6.3 Conclusion et perspectives futures ... 25

7. BIBLIOGRAPHIE ... 27

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1. INTRODUCTION

Le contrôle de soi est au cœur de notre capacité à réguler nos comportements, nos pensées et nos émotions. Avoir une conduite automobile adéquate, ne pas se laisser distraire dans la préparation d’examens, garder son sang-froid dans un échange conflictuel, tout cela ne se fait pas sans plus ou moins d’efforts en matière de contrôle de soi. Toutefois, il n’est pas rare d’observer, comme l’indique un grand nombre d’études (Hagger, Wood, Stiff

& Chatzisarantis, 2010), un phénomène de réduction momentanée des capacités à exercer du contrôle de soi, suite à une première situation demandant également du contrôle de soi.

Par exemple, des personnes qui doivent fournir un effort mental pour arrêter de fumer, pourraient avoir du mal, ensuite, à dominer leurs émotions. Ainsi, ayant compris que le contrôle de soi est indispensable au bien-être et à la vie en société, certains chercheurs tentent de comprendre les processus psychologiques et biologiques de ce phénomène. Par exemple, le modèle de la force du contrôle de soi postule que le fait d’exercer du contrôle de soi puise dans une ressource unique et limitée pour chaque situation l’exigeant et que celle- ci s’épuise (Baumeister, Vohs & Tice, 2007). Toutefois, les notions de ressource et d’épuisement du modèle sont questionnées et demandent à être affinées. Ainsi, l’approche de Gailliot et collaborateurs (2007) tente de les expliquer à la lumière de facteurs biologiques (glucose), mais sans que celle-ci ne soit tout à fait satisfaisante (Beedie & Lane, 2012).

D’autres recherches (Muraven & Slessareva, 2003; Muraven, Shmueli & Burkley, 2006) ont montré qu’il est possible d’éliminer, voire même d’amplifier le phénomène, en manipulant des variables psychologiques. En lien avec le fait qu’exercer du contrôle de soi soit coûteux (Muraven et al., 2006) et concernant ces différentes observations, il semblerait justifié d’ajuster le modèle de la force de contrôle de soi, en y intégrant la motivation de l’individu à gérer ses ressources. Mais encore, plus qu’un réel état d’épuisement, la perception qu’a l’individu de ses ressources, semble être un indicateur et un aspect pertinent influençant la gestion qu’il en fait. En effet, des études ont indiqué qu’un indice, donnant des informations à l’individu sur ses ressources mentales, modifie également l’intensité du contrôle de soi, suite à un premier acte demandant du contrôle de soi (Clarkson, Hirt, Jia, & Alexander 2010; Job, Dweck & Walton, 2010). Ainsi, cette présente étude a pour objectif d’investiguer et d’appuyer que la perte d’efficacité du contrôle de soi se joue dans un contexte de perception et de motivation à gérer ses ressources. Il est effectivement nécessaire d’approfondir cet angle de vue, afin d’élaborer, par la suite, un modèle plus précis comprenant toutes ces variables d’influence. En effet, la compréhension de comment et pourquoi le contrôle de soi engendre une période réfractaire apparente aidera à guider l’élaboration d’outils permettant à l’individu d’aiguiser son contrôle de soi et ainsi à amoindrir les effets néfastes d’un point de vue individuel et sociétal qui peuvent se présenter lorsque celui-ci est diminué.

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2. ETAT DE LA QUESTION 2.1 Contrôle de soi

Dans la littérature, il n’est pas rare de rencontrer les termes de volonté ou d’autorégulation, pour faire référence au contrôle de soi (Mischel, 2014). Toutefois, dans sa définition, le contrôle de soi se caractérise par un mécanisme d’efforts délibérés et conscients (Baumeister et al., 2007) et fait principalement mention du contrôle cognitif d’inhibition (Fujita, 2011). Il se définit, en effet, par la capacité qu’a l’individu de réguler ou de passer outre ses émotions, mais aussi ses pensées ou ses comportements tels que des impulsions ou des réponses automatiques (Vohs, 2006, cité dans Hagger et al., 2010). De plus, il a une importance centrale dans la vie quotidienne de l’individu, car il permet également, outre ces aspects, de développer la capacité de différer une gratification, en vue d’un bienfait futur (Fujita, 2011). C’est notamment de cette manière que l’individu peut atteindre ses buts, tels qu’arrêter de fumer pour sa santé, économiser de l’argent pour des projets, faire du sport pour améliorer sa condition physique, etc. D’ailleurs, de manière générale, un bon contrôle de soi est lié à des résultats positifs et adaptatifs dans des domaines comme la formation, la performance, le travail, les relations sociales ou la santé (Tangney et al., 2004, cités dans Hagger et al., 2010). D’un autre côté, moins réjouissant, un défaut du contrôle de soi amène à des conséquences négatives personnelles, relationnelles ou publiques, telles que l’abus de drogues ou d’alcool, des comportements sexuels impulsifs, des problèmes d’obésité ou encore une conduite automobile dangereuse (Schroeder, 2007).

À partir de ces observations, il va de soi qu’il est intéressant d’identifier les points forts ou les points faibles du contrôle de soi, afin d’obtenir les clés permettant d’aider ceux qui éprouvent des difficultés à se maîtriser. Dans un contexte expérimental, la capacité d’exercer du contrôle de soi a été étudiée par de nombreuses études (Hagger et al., 2010), à l’aide d’un paradigme bien défini. Celui-ci a permis de déceler une faille spécifique du contrôle de soi, connue habituellement sous le nom d’ego depletion (Baumeister et al., 2007).

2.2 Le modèle de la force du contrôle de soi

La notion d’ego depletion (épuisement de soi) a été proposée dans le cadre du modèle de la force du contrôle de soi (strength model of self control, Baumeister et al., 2007) et suite à des recherches et à des découvertes sur la thématique du contrôle de soi réalisées à la fin des années 90 (Baumeister, Bratslavsky, Muraven & Tice, 1998). Le terme d’ego

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depletion se réfère à l’état diminué des ressources, suite à un exercice du contrôle de soi précédemment amorcé (Baumeister et al., 2007).

À plusieurs reprises et dans des nombreuses études, ce phénomène a été observé.

Une méta-analyse indique une taille d’effet (d = .62) modéré à large, à travers 83 études (Hagger et al., 2010). Il a été illustré en se basant principalement sur un paradigme de tâches séquentielles (Figure 1). Dans un premier temps, deux groupes participent à une situation similaire, mais qui diffère sur un point : l’une nécessite du contrôle de soi (groupe déplétion), l’autre non (groupe contrôle, neutre). Dans un deuxième temps, les deux groupes se retrouvent dans une même situation dans laquelle ils doivent exercer du contrôle de soi.

Dans cette seconde partie de l’expérience, il est observé si une différence d’investissement du contrôle de soi existe entre les groupes (mesurée en termes de performance ou de persistance à une tâche, par exemple). L’hypothèse, selon le modèle de la force du contrôle de soi, suppose que le groupe déplétion, ayant déjà effectué du contrôle de soi dans la première situation, se retrouve dans un état - d’épuisement des ressources – constaté grâce à une performance significativement moins bonne, comparativement au groupe neutre. Voici un exemple de ce paradigme, dans deux des premières expériences ayant investigué ce sujet (Baumeister et al., 1998) : les participants devaient s’astreindre à manger du radis, à la place des chocolats avec lesquels ils avaient été tentés dans la première phase de l’expérience demandant du contrôle de soi. Par la suite, ils ont montré moins de persistance dans la résolution d’une tâche insolvable (deuxième phase demandant du contrôle de soi) que le groupe qui avait pu bénéficier de la consommation des chocolats. Dans une autre étude qui implique une situation différente demandant du contrôle de soi, les mêmes auteurs ont soumis les participants à une tâche de suppression émotionnelle, lors du visionnement d’un film (première situation demandant du contrôle de soi), avant de leur faire résoudre une série d’anagrammes (deuxième situation demandant du contrôle de soi). Ils ont remarqué que ces participants (groupe déplétion) avaient une persistance plus faible à la résolution d’anagramme que les autres participants qui avaient visionné le film sans consigne particulière (groupe neutre). Les auteurs du modèle de la force du contrôle de soi en ont conclu que la première situation impliquant du contrôle de soi consomme et épuise une

« ressource » psychophysiologique limitée qui sera, par la suite, moins disponible voire consumée, ne permettant plus à la personne d’effectuer de bonnes performances dans d’autres situations nécessitant du contrôle de soi (Baumeister et al., 2007). Ce phénomène a été constaté, par la suite, dans des situations très diverses exigeant du contrôle de soi telles qu’éviter de penser à un ours blanc, résoudre une tâche demandant d’inhiber une réponse dominante ou même d’effectuer un choix important (Baumeister et al., 2007). Ainsi, le modèle de la force du contrôle de soi stipule également qu’un quelconque exercice de contrôle de soi puise dans une ressource globale et unique (Baumeister et al., 2007).

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L’effet d’ego déplétion, comme le nomme le modèle de la force du contrôle de soi, est un phénomène fortement étudié qui implique une taille d’effet modéré, bien qu’un récent projet de réplication suggère que la taille de l’effet puisse être plus faible (Hagger &

Chatzisarantis, 2016). Cependant, les mécanismes qui sous-tendent cet effet, notamment la notion de ressource, restent encore peu compris (Inzlicht & Schmeichel, 2012) et demandent à être éclaircis. Pour quelles raisons, concrètement, l’individu, après avoir exercé une tâche de contrôle de soi, pendant quelques minutes seulement, s’investirait moins bien dans une deuxième tâche ? Est-il vraiment épuisé au point d’irrémédiablement ne plus pouvoir exercer de contrôle de soi ? Dans l’optique de répondre à ces questions, la recherche s'est focalisée sur deux pistes d’explication possibles. Bien qu’elles ne soient pas tout à fait scindées l’une de l’autre, l’une des pistes est axée sur des aspects physiologiques, tandis que l’autre sur des aspects psychologiques.

2.3 Pistes explicatives : deux axes potentiels

2.3.1 L’aspect physiologique

Dans un premier temps, Gailliot et collaborateurs (2007) se sont demandé si la

« ressource » du contrôle de soi était plus qu’une simple métaphore, en axant leur recherche sur une explication physiologique de celle-ci. Ils se sont penchés sur le rôle du glucose, puisque celui-ci est une source d’énergie indispensable pour l’organisme et pour le fonctionnement de l’activité cérébrale, et, potentiellement, pour la réalisation de contrôle de

Figure 1. Représentation schématique du paradigme des tâches séquentielles.

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soi. Ils ont constaté que le fait d’absorber du glucose (milkshake), contrairement à un équivalent placebo, entre la situation une et la situation deux de contrôle de soi, permettait de faire table rase de la perte d'efficacité à la situation deux. Ils ont alors conclu que l’énergie apportée par le glucose restaurait la « ressource » de l’individu, capable alors d’exercer un contrôle de soi optimal. Cette explication de la « ressource » en termes de glucose a cependant été remise en question : sans réfuter le fait que l’individu ait besoin d’une ressource glycémique pour fonctionner et effectuer, par exemple, une tâche cognitive, Beedie et Lane (2012) soulignent que le corps humain dispose d’un stock très important de celle-ci et ne risque pas d’en manquer si facilement. De plus, l’idée que le contrôle de soi consomme une quantité trop excessive de glucose, dans ce type d’expérience, semble invraisemblable (Kurzban, 2010). Ainsi, la perte d'efficacité du contrôle de soi, lorsqu'il est sollicité à des reprises successives, pourrait difficilement être expliquée par un manque concret de glucose dans la « ressource », notamment dans des tâches expérimentales aussi courtes que celles proposées dans le paradigme des tâches séquentielles. Ces arguments ont été soutenus par une recherche de Molden et collaborateurs (2012) qui ont découvert, d’une manière surprenante, que le phénomène peut être contrecarré également en se rinçant simplement la bouche avec du glucose, contrairement à du placebo. Au même titre que les observations de Gailliot et collaborateurs (2007), ils ont remarqué que le phénomène s’estompe, après une manipulation expérimentale faisant appel au glucose. Ainsi, une action effective du glucose sur le contrôle de soi ne peut pas être niée. Toutefois, cette action peut s’effectuer sans une ingestion concrète et ainsi sans une augmentation du taux de glucose dans la circulation sanguine, nécessaire à la distribution d’énergie cérébrale. Ainsi, à la vue de ces observations, il est possible que cette action puisse reposer sur des facteurs subjectifs. Il semblerait, selon certains auteurs (Carter, Jeukendrup & Jones, 2004;

Chambers, Bridge & Jones, 2009, cités dans Kurzban, 2010; Kurzban, Duckworth, Kable &

Myers, 2013) que la sensation d’obtenir du glucose active des systèmes de récompense, entraînant ainsi un rehaussement de l’effort sur la tâche. Une variable psychologique semble donc rentrer en jeu dans les mécanismes sous-jacents à l'effet de la diminution du contrôle de soi, dans un paradigme en tâches séquentielles. Un autre créneau de la recherche soutient cette piste. Effectivement, certaines études, décrites dans le sous-chapitre suivant, indiquent qu’il est possible de manipuler l’effet, à l’aide de variables concernant la motivation et la perception de l’individu et qui ont comme conséquence de l’annuler ou de l’amplifier.

L'effet ne semble donc pas être une fatalité réduite à un aspect physiologique.

2.3.2 L’aspect psychologique

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Des recherches suggèrent également que le contrôle de soi ne diminue pas invariablement, après avoir été mis à contribution. Dans un paradigme de tâches séquentielles, Muraven et Slessareva (2003) ont démontré qu’il était possible de ne plus constater cet effet, grâce à une incitation motivationnelle. En effet, ils ont observé que les participants parviennent à maintenir un haut niveau de contrôle, dans la deuxième situation de contrôle de soi, s’il leur était annoncé qu’ils allaient recevoir une récompense. Les résultats de Muraven et collaborateurs (2006) montrent qu’il est aussi possible de manipuler des variables qui amplifient cet effet, en utilisant ce même paradigme et en manipulant la croyance du participant concernant les consignes de l’expérience. Ils ont effectivement remarqué que, lorsque le groupe déplétion se retrouve face à l’anticipation d’effectuer encore une troisième tâche, les participants affaiblissent davantage leurs performances durant la deuxième tâche que le groupe déplétion sans attente à ce sujet.

À la suite de ces observations, il est constaté que lorsque l’individu est suffisamment motivé ou lorsqu’un défi important surgit, le contrôle de soi se module. Toutefois, ces éléments expliquent difficilement la perspective d’une perte concrète de ressource, par exemple celle du glucose, dans laquelle l’individu ne pourrait plus puiser. Il s’agirait plus d’un phénomène de réduction d’effort momentané ou d’urgence à conserver une ressource précieuse, dont le manque se fait puissamment sentir, lorsque celle-ci est partiellement épuisée. De ce fait, une nouvelle piste d’explication semble émerger de la littérature (Muraven et al., 2006) : un sentiment d’épuisement motiverait l’individu à conserver ses ressources.

2.4 Conservation des ressources

La notion de ressource biologique n’est pas à exclure, car il ne peut pas être nié qu’une tâche cognitive consomme effectivement du glucose (Gailliot et al., 2007), mais elle ne suffit pas pour expliquer l’effet à elle-seule. Au vu des résultats cités ci-dessus, cette notion semblerait très clairement entrer en interaction avec des variables psychologiques. En effet, ayant observé que l’individu réduit davantage ses performances, lorsqu’il est dans l’optique de devoir réaliser une tâche future, Muraven et collaborateurs (2006) évoquent que cette réduction du contrôle de soi serait le signe d’une motivation de l’individu à vouloir conserver ses ressources. D’autres auteurs ajoutent que l’effet tiendrait à une décision consciente ou non qu’a l’individu d’allouer son énergie ou non à la tâche en cours (Beedie &

Lane, 2012). Effectivement, puisque le contrôle de soi est essentiel et épuisable sur le long terme, il est tout à fait justifié de penser que le fait de tenter de le conserver soit quelque peu adaptatif. L’individu, qui sent avoir puisé dans ses réserves pour un projet dont la priorité est

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faible, agirait de façon à ne pas « gaspiller » davantage, dans l’objectif de conserver ses ressources pour le cas où un événement plus conséquent se produisait (Muraven et al., 2006). Muraven et collaborateurs (2006, p. 525) mentionnent plusieurs raisons qui expliquent pourquoi les individus seraient moins enclins à exercer suffisamment de contrôle de soi :

« [...] ça requiert plus d’effort, ce n’est pas plaisant ou c’est trop coûteux ». De ce fait, la perception qu’a l’individu de ses ressources est peut-être un critère déterminant dans l’activation de la conservation de celles-ci, et c’est précisément sur ce point qu’une partie de la littérature spécifique à ce domaine a commencé à investiguer.

2.5 La perception de l’état de ses ressources

Job et collaborateurs, en 2010, ont montré que le phénomène de la diminution du contrôle de soi dans un paradigme de tâches séquentielles pouvait être modéré par les croyances des individus sur leur capacité de contrôle de soi. En effet, dans leur étude, les participants soumis à une croyance de contrôle de soi comme étant illimité ne manifestent pas de signe d’épuisement, contrairement au groupe qui le perçoit comme limité. D’après leur expérience, ce phénomène ne serait qu’une illusion, car le fait de croire que le contrôle de soi est une ressource limitée aurait un impact sur la capacité à se contrôler, après avoir accompli des efforts à ce niveau lors d’une première tâche. Clarkson et collaborateurs (2010) ont aussi commencé à approfondir cette piste. Dans un même paradigme, ils ont remarqué que la perception qu’a l’individu de l’épuisement de ses ressources prédit mieux ses performances que son état actuel d’épuisement. Pour manipuler la perception des individus, avant la seconde situation de contrôle de soi, les participants ont reçu un feedback indiquant que les aspects de la tâche qu’ils venaient d’effectuer étaient reconnus, dans la recherche, comme capables de rehausser leurs ressources mentales.

Suite aux observations mentionnées ci-dessus, il est justifié d’orienter la notion de

« ressource » du modèle de la force du contrôle de soi (Baumeister et al., 2007), comme étant la perception subjective qu’a l’individu de son état actuel à pouvoir exercer du contrôle de soi. Il semblerait que s’il la perçoit comme optimale, il continue de performer correctement, tandis que s’il la perçoit comme affaiblie, il amoindrit ses efforts, probablement dans une perspective de conservation des ressources (Muraven et al., 2006).

3. PRESENTATION DE L'ETUDE

3.1 Objectifs

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Cette recherche a également investigué la notion de perception des ressources disponibles. En effet, le but de ce travail est de répliquer son effet sur le contrôle de soi avec un autre type de manipulation expérimentale, afin de mieux comprendre les mécanismes modulant une baisse de performance dans le paradigme des tâches séquentielles.

3.2 Plan expérimental

Les participants, répartis en deux groupes, réalisent, dans la première partie de l’expérience, soit une tâche cognitive exigeant du contrôle de soi (déplétion), soit une tâche cognitive similaire, mais n’exigeant pas de contrôle de soi (neutre). Puis, au sein des deux groupes, afin d’opérationnaliser la perception qu’ont les participants de leurs ressources, ils reçoivent soit un indice positif concernant leur performance et leur capacité, soit ils ne reçoivent pas d’indice (sans indice). Pour terminer, afin d’avoir accès aux conséquences de ces manipulations, tous les participants effectuent une deuxième tâche cognitive exigeant du contrôle de soi, dans laquelle le nombre de réponses correctes et le temps de réponse sont enregistrés. Cette présente étude comporte ainsi deux variables indépendantes dont chacune requiert deux conditions. Le plan de celle-ci est expérimental factoriel à groupe indépendant : 2 (neutre vs déplétion) x 2 (indice vs sans indice). Les deux variables dépendantes se basent sur la performance moyenne des participants : le pourcentage de réponses correctes et le temps de réaction.

3.3 Hypothèse

En l'absence de l'indice, il est attendu que les participants de la condition déplétion effectuent moins bien une deuxième tâche de contrôle de soi que les participants de la condition neutre. Cette observation s’expliquerait par un phénomène de réduction du contrôle de soi, comme démontré par des études antérieures (Hagger et al., 2010). Dans un deuxième temps, les participants du groupe déplétion qui ont reçu un indice (déplétion/indice) positif sur leur capacité et leur performance, devraient percevoir leurs ressources comme optimales, comparativement aux participants n’ayant pas reçu d’indice.

Ainsi, ils ne devraient pas activer le principe de conservation des ressources, dans une deuxième tâche de contrôle de soi, et rester engagés pleinement dans cette dernière, au même titre que les groupes neutres non épuisés. De ce fait, l’hypothèse principale de cette étude prédit un effet d’interaction. En effet, il est attendu que les participants avec la condition déplétion/sans-indice présentent de moins bonnes performances (moins de

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réponses correctes et des temps de réaction plus longs) que les participants avec les trois autres conditions (déplétion/indice, neutre/sans-indice et neutre/indice).

4. METHODE

4.1 Participants

La taille de l’échantillon de participants a été déterminée selon une analyse de puissance, en prédisant un effet de taille modérée (d = .62) (Hagger et al., 2010) pour un alpha de .05 et une puissance de .80. Un nombre de 81 participants a pris part à l’étude.

Tous étaient des étudiants en Bachelor de psychologie de l’Université de Genève. Leur participation leur a permis d’obtenir un crédit de validation pour un cours. L’ensemble de l’échantillon est composé de 63 femmes (77.8%) et de 18 hommes (22.2%), âgés entre 17 et 35 ans (M = 20.30, ET = 2.78). Les 81 participants ont été répartis, de manière aléatoire, dans l’un des quatre groupes expérimentaux. Le premier groupe neutre/indice a été constitué de 23 personnes (6 hommes), le deuxième groupe neutre/sans-indice de 20 personnes (4 hommes), le troisième groupe déplétion/indice de 19 personnes (4 hommes) et le quatrième groupe déplétion/sans-indice de 19 personnes (4 hommes). Le critère d’inclusion était de maîtriser le français, afin de bien comprendre l’ensemble des consignes et de réaliser la tâche de manière optimale. Finalement, l’étude a été approuvée par le département du comité éthique de psychologie de Genève.

4.2 Appareils et matériel

4.2.1 Appareils

La totalité de l’expérience a été créée et présentée sur ordinateur, en utilisant le logiciel E-Prime 2.0. Standard (Psychology Software Tools, Pittsburgh, PA). Toutes les instructions, les questions et les stimuli figuraient à l’écran, en police Verdana 18, de couleur noir, sur fond gris. Uniquement l'écran indice apparaissait sur fond blanc, pour capter l'attention du participant. Les temps de réaction ainsi que l’exactitude des réponses des participants durant les tâches cognitives ont été enregistrés au moyen d’un clavier que les participants pouvaient bouger à leur guise, afin de bénéficier d’un confort maximal.

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4.2.2 Tâche de Stroop

La première tâche cognitive s’est basée sur une tâche de Stroop numérique (Bush et al., 1998) qui consiste à dénombrer le plus rapidement possible le nombre de mots présentés à l’écran, en ignorant son contenu. Ces mots, dans la condition incongruente de la tâche, sont numériques (un, deux, trois et quatre) dont la valeur ne correspond pas au nombre de fois qu’ils sont affichés (par exemple, le mot un est affiché quatre fois). Puisque, la lecture du mot est effectuée de manière automatique, le sujet qui exerce cette tâche doit accomplir un effort d’inhibition (Job et al., 2010). Comme énoncé précédemment, l’inhibition étant un processus de contrôle de soi (Fujita, 2011), cette tâche est pertinente dans le contexte de l’étude. De plus, elle s’adapte très bien à un groupe contrôle. En effet, dans la condition congruente, les mots sont neutres (an, drap, table, quille) et ne créent pas d’interférence avec la réponse que le sujet doit donner. Une recherche précédente a montré un état diminué du contrôle de soi dans le groupe ayant effectué des essais incongruents mais pas dans le groupe ayant réalisé des essais congruents pour une tâche tout à fait similaire, un Stroop couleur (Inzlicht & Gutsell, 2007, cités dans Job et al., 2010).

Dans cette étude, la variable manipulée se divisait en deux conditions : déplétion (effectuer la tâche sous sa forme incongruente) et neutre (effectuer la tâche sous sa forme congruente).

Pour les conditions déplétion, les essais pouvaient être constitués du/des mots numériques : UN, DEUX, TROIS, QUATRE. Pour la condition neutre, des mots de longueur et de fréquence équivalentes aux mots numériques ont été choisis : AN, DRAP, TABLE, QUILLE.

Un à quatre mêmes mots ont été présentés horizontalement dans l’espace central de l’écran, mais disposés de manière verticale les uns par rapport aux autres. Afin que la présentation ne soit pas redondante, ceux-ci pouvaient apparaître en haut, en bas ou au milieu.

L’entraînement comportait 8 essais. Pour chacun d’entre eux, une croix de fixation de 750 ms apparaissait d’abord, pour que chaque participant porte son regard sur le centre de l’écran. Puis, l’écran stimulus était visible durant 1250 ms. Simultanément, le participant pouvait donner sa réponse à l’aide des touches 1, 2, 3, 4 du clavier principal. Puis, apparaissait un feedback (1300 ms) relatif à cette dernière. Les feedbacks étaient : réponse correcte – réponse incorrecte – veuillez répondre plus rapidement (si le participant ne répondait pas dans le temps imparti). À la fin, s’affichait un écran d’intervalle avec un temps de présentation de 50 ou de 200 ms. Le fait de varier la durée de cet écran empêchait le participant d’anticiper l’essai suivant (Figure 2).

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La phase test a été construite de la même manière, à deux différences près.

Premièrement, elle comportait 3 cycles de 36 essais (108 essais au total). Deuxièmement, le feedback apparaissait uniquement si le participant ne répondait pas assez rapidement.

Pour éviter que le sujet ne commence à s’ennuyer et qu’il se désengage de la tâche, il a été estimé que le temps de passation adéquat était de 5 minutes. D’autant plus qu’un temps similaire avait été défini pour d’autres recherches (Clarkson et al., 2010; Job et al., 2010).

4.2.3 Tâche d2

La deuxième tâche cognitive s’est basée sur un test d’attention et de concentration, le d2 (Brickenkamp, 1981). La tâche du sujet a été de choisir comme correct uniquement le stimulus d2 parmi des distracteurs et de répondre le plus rapidement possible sans erreur.

Ainsi, le sujet devait inhiber l’impulsion de sélectionner les stimuli distracteurs très ressemblants à d2. Comme énoncé dans l’introduction, l’inhibition étant un processus de contrôle de soi, cette tâche est pertinente dans le contexte de cette recherche.

De manière similaire à la tâche originale, il s’agissait, dans cette présente étude, de sélectionner comme correct le stimulus d2. Celui-ci était composé de la lettre d avec soit une apostrophe en haut/en bas, soit deux apostrophes en haut, soit deux apostrophes en bas.

Parmi les essais, des stimuli distracteurs apparaissent : un d avec uniquement une apostrophe en haut ou en bas, ou un d sans apostrophe, ou la lettre p au lieu du d. Afin de ne pas atteindre un effet plafond qui ne permettrait pas de distinguer la performance des participants dans les différentes conditions, la tâche a été complexifiée. La lettre p, entourée

Figure 2. Le Sroop numérique adapté (Bush et al., 1998) : déroulement d’un essai.

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d’un carré avec une apostrophe en haut et une apostrophe en bas, devait également être considéré comme stimulus cible. Les p sans carré ou avec une ou deux apostrophes en haut ou en bas constituaient des stimuli distracteurs. Tous les stimuli distracteurs devaient être considérés comme incorrects. Ainsi, le sujet devait appuyer sur la touche verte (touche 4 du pavé numérique) pour les stimuli cibles et sur la touche rouge (touche 6 du pavé numérique) pour tous les autres stimuli distracteurs.

L’entraînement à la tâche comportait 9 essais aléatoires dont 5 stimuli cibles contre 4 stimuli distracteurs. Pour que chaque participant commence par fixer son regard sur le centre de l’écran, chaque essai débutait avec une croix de fixation de 750 ms. Puis, l’écran stimulus durait 1400 ms. Simultanément, le participant pouvait donner sa réponse. Ensuite, apparaissait un feedback (1500 ms) relatif à cette dernière. Les feedbacks étaient : réponse correcte – réponse incorrecte – veuillez répondre plus rapidement (si le participant ne répondait pas dans le temps imparti). À la fin, s’affichait un écran d’intervalle avec un temps de présentation de 50, 750 ou 1000 ms. Le fait de varier la durée de cet écranempêchait le participant d’anticiper l’essai suivant(Figure 3).

La phase test a été élaborée de la même manière, à trois différences près.

Premièrement, elle comportait 6 cycles de 15 essais (90 essais au total). Deuxièmement, un cycle comprenait 5 stimuli cibles contre 10 stimuli distracteurs. Troisièmement, le feedback apparaissait uniquement si le participant ne répondait pas assez rapidement.

Pour éviter que le sujet ne commence à s’ennuyer et ne se désengage de la tâche, il a été estimé que le temps de passation adéquat était de 5 minutes. D’autant plus, qu’un temps similaire avait été défini dans d’autres recherches (Clarkson et al., 2010; Job et al., 2010).

Figure 3. Le d2 adapté (Brickenkamp, 1981) : déroulement d’un

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4.3 Procédure

L'étude s'est déroulée dans un laboratoire de la faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, à l’Université de Genève et les passations étaient individuelles.

Pour commencer, le participant était accueilli par l’expérimentateur et invité à s’asseoir devant l’ordinateur pour lire et signer le formulaire de consentement. La recherche était présentée sous la forme de deux tâches cognitives à réaliser, avec une durée totale de l’expérience d’environ 25 minutes. L’expérimentateur expliquait au participant le déroulement de celle-ci, en précisant quelques consignes en rapport avec la manipulation du clavier. Il avait été précisé au participant qu’il serait important qu’il trouve une position pour ses doigts avec laquelle il se sente à l’aise pour donner la réponse lors des deux tâches. L’objectif était que ses doigts ne quittent pas le clavier durant toute la tâche, afin qu’il réponde le plus rapidement possible. Si le sujet n’avait pas de question, l’expérimentateur quittait la pièce en leur souhaitant un bon travail et en mentionnant qu’il était disponible durant l’expérience au besoin. La suite de la procédure est présentée de façon schématisée dans la Figure 4. Une fois seul devant l'ordinateur, le participant devait d’abord répondre à quatre questions concernant son humeur, tirées de l’UWIST Mood Adjective Checklist (UMACL ; Matthews, Jones & Chamberlain, 1990). Il y répondait sur une échelle de Likert en 7 points, de 1 (pas du tout) à 7 (fortement). Deux questions visaient à mesurer un affect positif : là maintenant, je me sens gai ; là maintenant, je me sens joyeux. Deux autres questions avaient pour but de mesurer un affect négatif : là maintenant, je me sens triste ; là maintenant, je me sens abattu. Des mesures de l’humeur ont été effectuées, au début et à la fin de l’étude, pour évaluer si la manipulation expérimentale avait eu un effet sur l’état affectif des participants.

Puis, les consignes et un entrainement étaient proposés pour commencer la première tâche, le Stroop numérique, durant environ 5 minutes. Selon le groupe auquel il était assigné (en aveugle), le participant se trouvait soit en condition neutre, soit en condition déplétion.

Immédiatement après la fin de la tâche, soit le texte indice, soit le texte sans indice apparaissait à l’écran durant 20 secondes, pour laisser un temps de lecture suffisant au participant. Le texte de l’indice était le suivant : « La première tâche est maintenant terminée.

Vos performances dans cette première tâche indiquent que votre capacité de travailler sur une autre tâche est encore à son niveau maximal. Vous allez maintenant travailler sur une tâche similaire, vos performances seront probablement au même niveau que lors de la première tâche. » Le texte sans indice était le suivant : « La première tâche est maintenant terminée. Vos performances dans cette première tâche ont été enregistrées. Vous allez maintenant travailler sur une tâche similaire, vos performances seront à nouveau enregistrées. » Puis, les consignes étaient données et un entraînement proposé pour la deuxième tâche, le d2. Le participant exerçait la partie test du d2 pendant environ 5 minutes.

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À la fin de cette tâche, il devait répondre à des questions (manipulation check) sur son sentiment de capacité dans la deuxième tâche, sur l’évaluation de sa performance s’il devait exercer une troisième tâche, et sur sa sensation de fatigue par rapport à l’expérience.

Ces questions ont permis de reporter indirectement dans quelle mesure le participant sentait que ses ressources étaient épuisées. Le participant répondait sur une échelle de Likert en 7 points : Dans quelle mesure vous êtes-vous senti capable de réaliser la deuxième tâche ? (de 1, pas du tout, à 7, fortement). Si vous deviez travailler maintenant sur une autre tâche similaire, comment évalueriez-vous vos performances ? (de 1, plutôt mauvaises, à 7, plutôt bonnes). Vous sentez-vous fatigué de vous être concentré pendant cette étude ? (de 1, pas du tout, à 7, fortement).

Pour terminer, le participant évaluait les mêmes questions sur l’humeur qu’au début de l’expérience. Une fois cette dernière étape terminée, un texte de remerciement apparaissait à l’écran et l’expérience prenait fin.

4.9 Analyse des données

Pour les analyses, aucun sujet n’a été exclu des résultats. Concernant les temps de réaction, les analyses ont été réalisées uniquement sur les réponses correctes, car, d’une part, l’intérêt a été porté sur les processus mis en place lorsque le participant réussit la tâche et, d’autre part, il s’agissait d’éviter de prendre en compte les temps de réponse lorsque les participants auraient appuyé « par erreur », sans le vouloir, sur une touche. Pour la tâche de Stroop numérique ainsi que pour la tâche d2, les scores moyens des temps de réaction par

Figure 4. Procédure schématisée et plan expérimental.

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groupe se basent sur les moyennes de chaque participant, créées sur la base de leur score à l’ensemble des essais. La même procédure a été utilisée pour établir la moyenne de réponses correctes, mais celle-ci a été transformée en pourcentage de réponses correctes.

Dans le but d'enlever la variabilité interindividuelle liée aux temps de réaction, les temps de réaction moyens lors la tâche d2 ont été ajustés par rapport aux temps de réaction durant les essais d'entraînement.

Tout d’abord, les performances lors de la tâche du Stroop numérique ont été analysées, pour vérifier si la condition déplétion était associée à de moins bonnes performances que la condition neutre. Dans l’optique que la condition déplétion nécessite du contrôle de soi par un processus d’inhibition, les résultats devraient montrer que les participants du groupe déplétion ont eu un temps de réaction moyen, significativement plus élevé et un moins bon pourcentage de réponses correctes que les participants neutres. Afin de vérifier une différence de moyennes entre les groupes, un test t pour échantillons indépendants a été effectué sur chacune des deux mesures.

Afin de vérifier l’hypothèse principale de cette recherche sur les performances durant la tâche d2, une analyse de contraste a été effectuée, puisque celle-ci constitue l’analyse la plus adéquate statistiquement pour tester l’interaction spécifique prévue entre les conditions (Rosenthal & Rosnow, 1985). De moins bonnes performances étaient attendues dans les deux mesures (temps de réaction en [ms] et pourcentage de réponses correctes) pour le groupe déplétion/sans-indice (poids du contraste -3), comparativement aux trois autres groupes, déplétion/indice (poids du contraste +1), neutre/sans-indice (poids du contraste +1) et neutre/indice (poids du contraste +1). Dans le cas d’un contraste significatif, des comparaisons de cellules ont été effectuées pour approfondir les analyses.

Puis, les scores auto-rapportés liés aux questions de contrôle de la manipulation (manipulation check), concernant la capacité, la performance et la fatigue subjective, ont été examinés, afin de tester si un feedback positif (indice) affectait réellement l’expérience d’épuisement du participant. Les poids de contrastes, pour les 4 groupes, ont été les mêmes que ceux attribués précédemment. En effet, il était attendu que les scores moyens du groupe déplétion/sans-indice soient plus faibles en termes de capacité et de performances perçues et plus hauts en termes de fatigue que les scores moyens des trois autres groupes. Avant l’analyse de contraste, la consistance interne avait été testée avec un Alpha de Cronbach, afin de vérifier si les questions relevaient de la même dimension, c’est-à-dire « la ressource », ou si elles captaient des aspects différents. Avant cela, l’échelle de la question concernant la fatigue avait été inversée (seulement pour l’analyse de la consistance interne), pour que les échelles de mesure des trois questions aillent dans le même sens. Dans le cas d’un indice de consistance interne faible, chaque score aux questions était analysé de

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manière indépendante. Dans le cas d’un contraste significatif, des comparaisons de cellules ont été effectuées pour approfondir les analyses.

Concernant les questions sur l’humeur, l’échelle (de 1, pas du tout, à 7, fortement) des deux questions sur l’affect négatif a été inversée, afin qu’elle soit dans le même sens que l’échelle d’humeur positive. Ainsi, les scores ont pu être additionnés, pour obtenir un score humeur positive (28 = maximum sur ce score). Dans le but de tester si les effets de l’indice pouvaient être causés par une induction d’affects positifs (voir Tice, Baumeister, Shmueli & Muraven, 2007), les scores d’humeur ont été analysés avec une ANOVA mixte 2 (déplétion) x 2 (indice) x 2 (temps) avec des mesures répétées pour le dernier facteur.

5. RESULTATS

5.1 Performances dans la tâche de Stroop numérique

En moyenne, les participants de la condition déplétion ont obtenu un pourcentage de réponses correctes significativement moins élevé (M = 94.45, ES = 0.54) que les participants de la condition neutre (M = 95.76, ES = 0.52), t(79) = -1.76, p = .041, r = .19.

Les participants de la condition déplétion n’ont pas eu un temps de réaction [ms]

significativement plus élevé (M = 594.65, ES = 12.24) que les participants de la condition neutre (M = 591.45, ES = 10.95), t(79) = 0.20, p = .422, r = .022.

5.2 Performances dans la tâche d2

Le contraste défini a priori s’est révélé significatif pour le pourcentage de réponses correctes, F(1,77) = 7.81, p = .004, r = .30. Comme prédit, les participants du groupe déplétion/sans-indice ont effectué davantage d’erreurs (M = 87.48, ES = 3.15) que les participants des groupes déplétion/indice (M = 93.39, ES = 1.38), neutre/sans-indice (M = 94.55, ES = .73) et neutre/indice (M = 92.37, ES = 1.28) (Figure 5).

Pour tester les différences entre les groupes, d’autres contrastes ont été effectués, en comparant les groupes deux par deux. Ces analyses ont révélé une différence significative entre le groupe déplétion/sans-indice et le groupe neutre/sans-indice, t(77) = 2.72, p = .004, r = .09, ainsi qu’entre les groupes déplétion/sans-indice et déplétion/indice, t(77) = 2.24, p = .014, r = .25. Les autres différences n’étaient pas significatives (ps > .19).

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Le contraste défini a priori s’est révélé significatif pour les temps de réaction, F(1,77)

= 5.95, p = .008, r = .27. Comme prédit, les participants du groupe déplétion/sans-indice étaient significativement plus lents (M = 724.46, ES = 21.25) que les participants des groupes déplétion/indice (M = 667.89, ES = 13.31), neutre/sans-indice (M = 662.88, ES = 10.67) et neutre/indice (M = 701.42, ES = 17.69) (Figure 6).

Pour tester les différences entre les groupes, d’autres contrastes ont été effectués, en comparant les groupes deux par deux. Ces analyses ont révélé une différence significative entre le groupe déplétion/sans-indice et le groupe neutre/sans-indice, t(77) = 2.61, p = .002, r = .29, entre le groupe déplétion/sans-indice et le groupe déplétion/indice, t(77) = 2.37, p = .010, r = .25, ainsi qu’entre les groupes neutre/sans-indice et neutre/indice t(77) = 1.71, p = .046, r = .19. Les autres différences n’étaient pas significatives (ps > .07).

Figure 5. Moyennes et erreurs standard du nombre de réponses correctes [%] à la tâche d2 selon la condition assignée.

Figure 6. Moyennes et erreurs standard du temps de réaction ajusté [ms] à la tâche d2 selon la condition assignée.

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5.3 Mesure des questions manipulation check

Une analyse de consistance interne entre les 3 questions manipulation check indique une consistance interne moyenne, de Cronbach = .058. À la vue de la trop faible valeur de cette mesure, il a été décidé d’analyser les questions de manière séparée.

Le contraste défini a priori s’est révélé significatif pour l’évaluation de la perception des capacités F(1,77) = 4.01, p = .024, r = .22. Comme prédit, les participants du groupe déplétion/sans-indice ont évalué leurs capacités comme moins bonnes (M = 4.58, ES = 0.40), que les participants des groupes déplétion/indice (M = 5.37, ES = 0.27), neutre/sans- indice (M = 5.35, ES = 0.20) et neutre/indice (M = 5.13, ES = 0.30) (Figure 7).

Pour tester les différences entre ces groupes, d’autres contrastes ont été effectués, en comparant les groupes deux par deux. Ces analyses ont révélé une différence significative entre le groupe neutre/sans-indice et le groupe déplétion/sans-indice t(1,77) = 1.80, p = .038, r = .20 ainsi qu’entre le groupe déplétion/sans-indice et déplétion/indice t(1,77) = 1.81, p = .036, r = .20. Les autres différences n’étaient pas significatives (ps > .07).

Le contraste défini a priori ne s’est pas révélé significatif concernant l’évaluation de la perception de performances futures, F(1,77) = .99, p = .161, r = .11. Les moyennes et les erreurs standard obtenues pour les différentes conditions sont les suivantes : déplétion/sans- indice (M = 4.58, ES = 0.26), déplétion/indice (M = 4.73, ES = 0.25), neutre/sans-indice (M = 5.20, ES = 0.25) et neutre/indice (M = 4.70, ES = 0.24).

Figure 7. Moyennes et erreurs standard du score de la perception des capacités sur une échelle de Likert de 1, pas du tout, à 7, fortement, selon la condition assignée.

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Finalement, le contraste défini a priori ne s’est pas révélé significatif concernant l’évaluation de la fatigue, F(1,77) = .87, p = .176, r = .10. Les moyennes et les erreurs standard obtenues pour les différentes conditions sont les suivantes : déplétion/sans-indice (M = 3.53, ES = 0.37), déplétion/indice (M = 4.00, ES = 0.37), neutre/sans-indice (M = 3.8, ES = 0.36) et neutre/indice (M = 3.96, ES = 0.33).

5.4 Mesure de l’humeur

L’ANOVA 2 (déplétion) x 2 (indice) x 2 (temps) a uniquement révélé un effet principal du temps, F(1,77) = 7.55, p = .007, r = .30, indiquant que les participants étaient significativement de moins bonne humeur à la fin de l’expérience qu’au début (Tableau 1).

Les autres effets principaux et interactions n’étaient pas significatifs (ps > .36).

Tableau 1

Moyennes et erreurs standard associées au score humeur, en début et à la fin de l’expérience, obtenues sur la base de 4 questions tirées de UMACL (Matthews et al., 1990).

GROUPES N DEBUT FIN

M ES

M ES

Neutre/indice 23 21.66 1.14

21.04

1.14 Neutre/sans-indice 20 23.00 1.22 22.00 1.22 Déplétion/indice 19 20.90 1.26 19.58 1.26 Déplétion/sans-indice 19 20.69 1.26 18.79 1.26

Note. 28 = maximum du score humeur positive.

6. DISCUSSION

6.1 Discussion générale

Il a été clairement établi, par la littérature, que le contrôle de soi peut momentanément faire défaut. Après avoir observé que le contrôle de soi s’affaiblit, à la suite de l’exercice d’une tâche nécessitant du contrôle de soi, le modèle de la force du contrôle de soi (Baumeister et al., 2007) suppose que le fait de le mettre à l’épreuve puise dans une

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ressource unique limitée. Toutefois, cette notion de ressource épuisée reste vague et la recherche tentant de l’affiner dénote, sans nier qu’un épuisement énergétique entre en jeu, que des variables psychologiques, notamment motivationnelles et perceptuelles, ont toute leur importance dans la présence et les modulations possibles du contrôle de soi (Hagger et al., 2010). Le but de cette recherche était d’approfondir les connaissances au sujet de la source de ces modulations, en postulant que la baisse du contrôle de soi, dans un paradigme de tâches séquentielles, tient plus à une motivation de l’individu à conserver ses ressources (Muraven et al., 2006). Cette étude précise également que l’activation de cette conservation est liée à une perception subjective de l’état de capacité à exercer du contrôle de soi, plutôt qu’à un état d’épuisement concret (Clarkson et al., 2010; Job et al., 2010).

Plus précisément, il a été testé qu’une perception de ses ressources comme optimales permet de compenser le manque de « ressources » précédemment amorcé par une tâche nécessitant du contrôle de soi. Pour ce faire, un indice positif des capacités et des performances de l’individu a été introduit entre deux tâches impliquant du contrôle de soi, un Stroop numérique et un d2 (paradigme en tâches séquentielles). Il avait été suggéré que l’indice serait un indicateur pour l’individu, lui permettant de se percevoir en pleine possession de ses capacités. Ainsi, malgré qu’il ait effectué une tâche lui demandant un certain effort de contrôle de soi, le mettant dans un état d’épuisement plus prononcé qu’un groupe qui n’avait pas effectué de tâche réclamant du contrôle de soi, le participant n’activerait pas une motivation à conserver ses ressources et aurait de bonnes performances à la seconde tâche.

Concernant l’analyse des résultats, le fait que les participants de la condition déplétion aient eu des moyennes plus basses, en termes de pourcentage de réponses correctes et plus hautes en temps de réaction que les participants de la condition neutre, semble indiquer que la tâche de Stroop, dans sa forme incongruente (déplétion), était effectivement plus difficile que la forme congruente (neutre).

En ce qui concerne la performance lors de la tâche d2, un effet d’interaction a pu être observé, comme prédit par l’hypothèse : « Les participants de la condition déplétion/sans- indice ont effectué plus d’erreurs et ont répondu plus lentement que les trois autres groupes (neutre/sans-indice, neutre/indice, déplétion/indice) ». La comparaison entre les groupes neutre et déplétion sans l’indice permet de supposer que la tâche Stroop numérique a été une tâche adaptée pour « épuiser » ou non des participants, puisque, comme l’explique la littérature, seules les performances du groupe déplétion sont amoindries durant la tâche d2.

Cette observation unique mènerait à penser qu’il y a réellement une ressource qui s’épuise et qui affaiblit l’individu, comme le propose le modèle de la force du contrôle de soi

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(Baumeister et al., 2007). Mais, au contraire, si les groupes neutre et déplétion avec indice sont comparés, les résultats n’indiquent plus de différence. De plus, le groupe déplétion/avec indice a des performances significativement meilleures que le groupe déplétion/sans indice.

Au vu de ces résultats, il peut en être déduit que le groupe déplétion/sans-indice s’est retrouvé dans un état diminué d’exercice de contrôle de soi, alors que le groupe déplétion/indice a pu bénéficier de l’indice, tel qu’il a été construit, pour remettre ses performances à un niveau non différent que celui des groupes neutres non épuisés.

Ces résultats appuient la piste d’une explication psychologique de motivation de conservation des ressources (Beedie & Lane, 2012; Muraven et al., 2006) comme acteur de la modulation du contrôle de soi dans un paradigme en tâches séquentielles. Ils montrent également que la perception qu’a l’individu de l’état de ses ressources a toute son importance (Clarkson et al., 2010; Job et al., 2010).

Puis, des questions de contrôle de la manipulation (manipulation check) avaient pour but de capter la perception du participant concernant ses capacités, ses performances et sa fatigue. Le même pattern de différences de moyennes que celui utilisé pour les performances (pourcentage de réponses correctes) à la tâche d2 a été observé entre les groupes, mais uniquement pour les scores moyens de la question traitant du concept de capacité. Le groupe déplétion/sans-indice s’est senti significativement moins capable que les trois autres groupes. Ainsi, il peut être supposé que l’indice, au même titre qu’il influence la performance des participants, conditionne également la perception de leurs capacités à effectuer la deuxième tâche. Cet aspect indique que l’indice a bien touché la perception que l’individu avait de sa capacité à réaliser une tâche.

En conclusion, ces résultats semblent indiquer que la manipulation a influencé l’évaluation des capacités perçues, mais pas celle de la performance ou de la fatigue qui semblent être des concepts moins liés à la manipulation. Toutefois, puisque les questions ont été placées à la fin du test, elles ont pu capter des effets sur l’expérience vécue durant la tâche d2, mais pas les effets de l’indice. Mais encore, les trois questions font référence à des aspects différents : la première concerne les capacités et questionne le participant sur la deuxième tâche, la deuxième est liée à la performance sur une tâche future et la troisième à la fatigue de l’expérience de manière générale. Elles varient donc sur deux points dans leur formulation : sur le concept et sur le moment de l’expérience. Ces deux aspects rendent tangible l’interprétation des résultats observés, car l’aspect du concept n’est peut-être pas uniquement réellement représentatif du jugement du ressenti du participant.

Pour finir, puisqu’une humeur positive est potentiellement capable de restaurer la baisse de performance observée dans une tâche séquentielle (Tice et al., 2007), il était

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important de contrôler si cette variable entrait en jeu à travers la manipulation. Un effet principal de l’humeur a été observé, à travers le temps pour tous les groupes, mais pas d’effet d’interaction. Le fait que les différentes conditions ne semblent pas avoir eu d’effet sur la perception d’humeur des participants rend difficile d’expliquer que l’humeur ait pu jouer un rôle dans la disparité de performances des participants à la tâche d2.

6.2 Limites

Dans cette étude, des limites modèrent l’interprétation des résultats sur la performance à la tâche d2. Premièrement, les notions de capacités et de performances dans l’indice semblaient être une bonne manière d’activer le concept des ressources, puisque les résultats ont montré des différences significatives entre les groupes déplétion/indice ou déplétion/sans-indice. Seulement, le fait d’activer le concept de performances et de capacités ne permet pas de distinguer lequel des deux permet au sujet d’atteindre une perception de ses ressources comme « pleines ». Est-ce qu’ils se renforcent l’un l’autre, sont-ils complémentaires ou l’un ou l’autre n’a pas d’effet ? Deuxièmement, il aurait été judicieux de choisir également un indice qui soit l’exact contraire de l’indice positif, c’est-à- dire qu’il aurait indiqué que les capacités sont épuisées. Si les performances avaient été plus faibles dans cette condition que pour le groupe déplétion/sans-indice lors de la tâche d2, cela aurait certes pu renforcer l’idée que le participant module son contrôle de soi suivant la perception qu’il a de ses ressources, mais aussi qu’il le fait effectivement dans une possible dynamique de motivation à conserver ses ressources.

6.3 Conclusion et perspectives futures

Cette présente recherche a permis de mieux comprendre et de soutenir un mécanisme psychologique qui joue un rôle clé dans l’observation d’un effet de baisse de performances dans un paradigme en tâches séquentielles. En effet, travailler 5 minutes sur une tâche a, semble-t-il, peu de chance d’épuiser les ressources de l’individu, comme le propose le modèle du contrôle de soi (Baumeister et al., 2007), mais il pourrait plutôt perturber la représentation qu’a l’individu de celles-ci. Cette recherche montre également qu’il peut être facile de rehausser cette perception et ainsi de permettre à l’individu de maintenir son niveau de performance, au même titre que des personnes qui ne se sont pas senties épuisées dans un premier temps. En effet, comme des études précédentes l’ont montré et comme expliqué dans ce travail, les principaux facteurs de maintien de la

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2003), la perception de ses ressources mentales comme illimitées (Job et al., 2010), un feedback sur la tâche qui vient d’être effectuée capable de rehausser les ressources de la personne (Clarkson et al., 2010) ainsi qu’un indice positif sur ses capacités et performances entre deux tâches (comme c’est le cas dans cette étude). Au vu de ces résultats, il semblerait que l’individu ait le pouvoir de décider, consciemment ou non, à quel point il va s’investir dans une deuxième tâche cognitive demandant du contrôle de soi. Pour des recherches futures, il serait intéressant d’analyser jusqu'à quel point il est possible d’agir sur cet effet, à l’aide de variables psychologiques, car il peut exister un point de rupture qui compromet la volonté d’exécuter la tâche en raison d’un épuisement réel (Baumeister &

Vohs, 2007).

Finalement, il serait également intéressant de continuer à investiguer quels éléments pèsent dans la décision de s’investir ou non en matière de contrôle de soi. Dans ce travail, une piste a été mentionnée, en termes de motivation à conserver ses ressources (Muraven et al., 2006). Toutefois, un équilibre doit être trouvé entre celle-ci et la motivation d’atteindre un objectif (Hagger et al., 2010; Kahneman, 2012). Par exemple, partant du principe que l’individu ne désire pas gaspiller son énergie, le participant qui se présente à l’étude avec le devoir de se mobiliser à la tâche de manière plus ou moins consciencieuse pour obtenir ses crédits, le fera selon la difficulté subjective associée à la tâche et tant que le succès est possible et justifié. Si l’un de ces deux facteurs est compromis, la théorie de l’intensité de la motivation prédit qu’il va réduire son effort pour conserver ses ressources (Brehm & Self, 1989). De plus, Wright (1998) a souligné que la capacité perçue va jouer un rôle sur ces facteurs et désengager plus ou moins rapidement le participant à la tâche. Ainsi, il serait nécessaire d’intégrer entre autres ces aspects, dans un modèle élaboré qui permette d’être plus précis et d’effectuer de meilleures prédictions de réussite ou non du contrôle de soi dans un certain contexte donné. Ce type de travail a déjà commencé à être investigué (Inzlicht & Schmeichel, 2012; Kotabe & Hofmann, 2015), ce qui donne un bon espoir d’obtenir une compréhension globale du fonctionnement du contrôle de soi. Parallèlement, sachant que la motivation à appliquer du contrôle de soi oscille en fonction de l’utilité du but (Baumeister & Vohs, 2007), il serait indiqué d’enquêter sur ces aspects dans des expériences plus appliquées. Par exemple, en introduisant des tâches réellement pertinentes pour l’individu, faisant parties de sa vie quotidienne, et en évaluant sa réaction. Ainsi, le modèle de compréhension pourrait s’étendre à un contexte plus écologique et permettrait, par la suite, d’avoir de meilleures méthodes et stratégies à prescrire à la population.

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7. BIBLIOGRAPHIE

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